Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARME

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(1p. 505-507).
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ARME. s. f. Tout ce qui sert dans le combat, soit pour attaquer, soit pour le défendre. Arma. Arme offensive, comme épée, pistolet, Arma ad nocendum. Arme défensive, comme bouclier, cuirasse. Arma ad tegendum. Arme à feu, le mousquet. Arme de trait, l’arc, l’arbalète. Arme à hampe, la hallebarde, la pique, la lance, &c. Un trophée d’armes. Des armes enchantées.

On s’en sert au pluriel en une plus étroite signification, pour marquer seulement les armes défensives d’un homme de guerre, comme la cuirasse & le pot. Il est allé à la tranchée, tout nu, & sans armes. Il avoit des armes à l’épreuve. Il reçut un coup dans ses armes.

☞ ARME, ARMURE, synonymes. Arme, dit M l’Abbé Girard, est tout ce qui sert au soldat dans le combat, soit pour attaquer, soit pour se défendre. Armure n’est d’usage que pour ce qui sert à le défendre des atteintes ou des effets du coup, & seulement dans le détail, en nommant quelque partie du corps. On dit, par exemple, une armure de tête, une armure de cuisse. Mais on ne dit pas en général les armures, on se sert alors du mot armes.

☞ On n’alloit autrefois au combat qu’après avoir revêtu de son armure particulière chaque partie de son corps, pour empêcher ou diminuer l’effet de l’arme offensive : aujourd’hui on y va sans toutes ces précautions. Est-ce valeur ? Etoit-ce poltronnerie ? Je ne le crois pas ; le goût & la mode ont décidé de ces usages ainsi que de tous les autres, Voyez Armure.

☞ On dit, être bien sous les armes ; pour dire, avoir bonne grâce quand on est armé, quand on a la pique à la main, ou le mousquet sur l’épaule.

Aux Armes. Cri par lequel on avertit une troupe de gens de guerre de prendre les armes. Crier aux armes. Ad arma conclamare.

☞ Faire passer un soldat par les armes, c’est le faire mourir à coups de fusil, par le Jugement du conseil de guerre. Plombeis glandibus necare.

Procope fait une description des armes de l’ancienne Infanterie Françoise, & de leur manière de combattre, qui a assez de rapport à celle que Sidoine Apollinaire en avoit faite plusieurs années auparavant. Ils n’ont, dit Procope, ni arc, ni flèche ; mais un bouclier à une main, & une hache dans l’autre, dont le fer est fort gros & a deux tranchans ; le manche est de bois & fort court ; au premier signal du combat, dès qu’ils sont à portée, chacun lance sa hache contre le bouclier de celui qu’il attaque, le casse, & alors mettant l’épée à la main, il se jette sur lui & le tue. P. Dan. Les armes des anciens François étoient la hallebarde, la massue, la fronde, le maillet, l’angon, la hache, l’épée. Les François étoient si agiles qu’ils tomboient sur leur ennemi aussitôt, pour ainsi parler, que le trait qu’ils lançoient sur lui. Leurs épées étoient si larges, & l’acier en étoit si fin, qu’elles coupoient un homme en deux. Pour armes défensives ils n’avoient que le bouclier, fait d’un bois léger & poli, & couvert d’un bon cuir bouilli. Le Gendre. Jean V, Duc de Bretagne, dans un édit du 20 Mars 1424, fait ainsi le dénombrement des armes en usage en ce temps-là : ceux qui sauroient tirer de l’arc, qu’ils aient arc, trousse, cappeline, coustille, hache ou mail de plomb, & soient armés de fortes Jacques, garnies de laisches, chaînes, ou mailles, pour couvrir les bras ; & ceux qui ne savent tirer de l’arc, qu’ils soient armés de Jacques, & aient cappelines, coustilles, haches, ou bouges ; & avec ce aient paniers de tremble, ou autre bois plus convenable, qu’ils pourront trouver, & soient les paniers longs à couvrir haut & bas. Louis XI, en 1480, ou 1481, introduisit en France les armes des Suisses, c’est-à-dire, la hallebarde, la pique, & les larges épées, qui lui parurent plus propres pour la guerre, avec les arquebuses ; & il commença à abolir l’usage de l’arc & de la flèche. P. Dan. Jusque bien avant dans le XIe siècle, il n’étoit point permis d’entrer dans l’église avec des armes ; on les laissoit à la porte, quand on en avoit.

Il y a une apologie pour M de la Rocheposay Évêque de Poitiers, contre ceux qui disent qu’il est défendu aux Ecclésiastiques de porter les armes. L’Auteur de ce Livre qui parut Sans nom, in-8o, l’an 1615, & que quelqu’un a appelé l’Alcoran de l’Evêque de Poitiers, est le fameux Jean Du Vergier de Haurane, Abbé de S. Cyran. C’est le premier de ses ouvrages. De Vig. Mar.

Nicod dérive ce mot d’une phrase latine, quòd operiant armos, parce qu’elles couvrent les épaules, ou les flancs. Mais il est plus naturel de le dériver du latin arma, que Varron dérive ab arcendo, eò quòd arceant hostes. Et le P. Pezron enchérissant sur Nicod dit, si qu’arme vient du celtique arm, qui signifie la même chose, & que tout cela vient du mot celtique armm, qui signifie toute l’épaule jusqu’au poignet de la main, & d’où est venu armilla, bracelet, qu’on met sur le poignet, & qui étoit beaucoup en usage chez les Celtes & les anciens Peuples ; que d’armm, épaule, s’est fait arme, parce qu’anciennement les armes ordinaires, telles qu’étoient le bouclier, le carquois & les flèches, se portoient sur les épaules. Pezr. Ant. des Celt. Guichard tire ce nom arme, de l’hébreu הרם haram, qui signifie, tuer, perdre, détruire, ravager.

Voyez dans Du Cange un inventaire tiré des registres de la Chambre des Comptes de l’an 1316, où est fait un dénombrement fort curieux de plusieurs armes anciennes du Roi, maintenant inconnues, & hors d’usage. On tient que les premières armes étoient de bois, & qu’on s’en servoit seulement contre les bêtes ; que Nembroth, le premier tyran du monde, les employa contre les hommes ; & que son fils Bélus fut le premier qui fit la guerre, d’où, selon quelques-uns, elle a été appelée bellum. Diodore croit que Bélus est le même que Mars, qui le premier dressa des soldats. Et Josephe dit que Moyse fut le premier qui arma les troupes avec du fer, leur donnant en Egypte le bouclier, & le pot en tête. On s’est servi autrefois d’armes d’airain & même de pierre, avant que les armes de fer fussent en usage.

Armes doubles. s. f. pl. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on fait des armes doubles. On en voit dans des cabinets d’armes, gardées par curiosité, comme des pistolets ajustés avec une épée, d’autres avec un sabre, d’autres avec une hache d’armes. A la hache d’armes le manche creux fait le canon du pistolet, & à l’épée, ou au plan de la lame, est appliqué le canon ou pistolet vers la garde.

Armes courtoises. Les armes dont on se servait autrefois dans les tournois. C’étaient ordinairement des lances sans fer, des épées sans taillant ni pointe ; souvent des épées de bois, quelquefois des cannes. Le Gendre. Sur la fin du tournoi se faisoient les joutes sans annonce, sans prix, sans défi, & avec des armes courtoises, c’est-à-dire, qui ne blessoient point. Le Gendre.

Armes à outrance. C’étoit un duel, comme les joutes ; mais un duel de six contre six, quelquefois de plus ou de moins, presque jamais de seul à seul. Duel fait sans permission, avec des armes offensives entre gens de parti contraire, ou de différente nation, sans querelle qui eut précédé, mais seulement pour faire parade de ses forces & de son adresse. Un héraut d’armes en alloit porter le cartel, dans lequel était marqué le jour & le lieu du rendez-vous, combien de coups on devoit donner, & de quelles armes on se devoit servir. Le défi accepté, les parties convenoient des juges. On ne pouvoit remporter la victoire qu’en frappant son antagoniste dans le ventre, ou dans la poitrine. Qui frappoit aux bras & aux cuisses, perdoit ses armes, & son cheval, & étoit blâmé par les Juges. Le prix de la victoire étoit la lance, la cotte d’armes, l’épée, ou le casque du vaincu. Ce duel se faisoit en guerre & en paix. A la guerre, avant une action, c’en étoit comme le prélude. On en voit quantité d’exemples, tant dans l’Histoire de S. Louis, que dans celle de ses successeurs, jusqu’au règne de Henri II. Le Gendre.

Le Pas d’Armes. Autre combat qui se faisoit avec plus de cérémonie que celui des armes à outrance. Un Roi d’armes & ses hérauts alloient en faire les annonces à la Cour, dans les grandes villes, & dans les pays étrangers, longtemps avant qu’il fût ouvert. Ce Pas étoit un passage, d’ordinaire en rase campagne ; quelquefois un Chevalier seul, souvent deux ou trois ensemble, entreprenoient par vanité de le défendre contre tous venans. Le Pas étoit formé par une barricade. A la tête de ces barricades étoit l’Ecu des Tenans, & à côté six autres Ecus de couleurs toutes différentes, qui marquoient les divers combats à la lance, à l’épée, au poignard, à la demi pique, à pied, ou à cheval, qu’on étoit prêt de soutenir. Le Gendre. Le Pas de l’arc triomphal fut entrepris ainsi à Paris dans la rue S. Antoine en 1514, aux secondes noces de Louis XII. Id.

Armes. On appelle aussi armes, les défenses naturelles des animaux, les griffes, les dents, les aiguillons, les cornes, les défenses des éléphans, le bec des oiseaux.

Armes. Selon leur signification, en droit, s’entend de tout ce qu’un homme en colère prend dans sa main, pour jeter à quelqu’un, ou pour le frapper. Bâton, pierre, &c.

Armes, signifie aussi la profession, le métier d’un homme de guerre. Militia. C’est le devoir d’un gentil’homme de suivre, de porter les armes.’Veut on qu’un homme né parmi les armes n’ait rien de soldat que quand il voit les ennemis ? Le Ch. de M. Cet homme est né pour les armes. Faire ses premières armes, c’est faire sa première campagne. ☞ Brantôme est le premier Ecrivain qui ait fait usage de cette expression. Après bien des contradictions elle a passé en usage.

Il faut cependant observer que faire ses premières armes, ne se dit que dans un style un peu élevé ; & qu’en parlant de quelqu’un dans un discours familier on devroit plutôt dire, il fit ses premières campagnes dous M. de Turenne. Bouhours.

Armes, se prend encore pour les exploits de guerre, pour les actions éclatantes que l’on fait par le moyen des armes. Facta bellica. C’est uniquement à ses armes qu’il est redevable de sa fortune, & de son élévation.

Achille au sang d’Hector doit l’éclat de ses armes,
Et vous n’êtes tous deux connus que par mes larmes.

Racin.

Armes, se dit aussi pour courage, valeur ; pour cette espèce de vertu qui n’est d’usage que dans la guerre. Il n’y a point de lieu où vous n’ayez signalé vos armes. Ablanc. C’est-à-dire, où vous n’ayez donné des marques éclatantes de bravoure.

☞ On appelle suspension d’armes, la cessation de toutes sortes d’actes d’hostilités entre deux partis opposés. Induci. Voyez Trêve.

On appeloit autrefois, hommes d’armes, des cavaliers nobles, dont on faisoit des compagnies d’ordonnance. Ils portoient des lances, & étoient pésamment armés : leurs chevaux l’étoient aussi.

Héraut d’armes, ou Roi d’armes, &c Poursuivant d’armes. Voyez Héraut, Roi, & Poursuivant, à leur ordre, où ces mots sont amplement expliqués.

Armes, en termes d’Escrime. Maître d’armes, ou Maître en fait d’armes ; celui qui montre à faire des armes, Maître d’Escrime. Lanista. Faire des armes, tirer des armes, s’exercer à l’Escrime. Gladiis præpilatis batuere. Gladiatoriam umbratilem exercere. Avoir les armes belles, faire des armes de bonne grâce.

☞ Le mot d’armes, se dit dans un sens figuré de tout ce qui sert à attaquer, à combattre, à détruire un parti, une opinion, une erreur, une passion. Voilà un habile homme, qui fournit des armes à son ennemi contre soi même. Ablanc. Vous vous servez des armes des hérétiques, que l’Eglise a brisées tant de fois. Nicol. Ces hérétiques ont tant d’erreurs, qu’ils fournissent eux-mêmes des armes pour les combattre. Les bons exemples sont les meilleures armes pour combattre les pécheurs. L’innocence de la vie, la constance dans les tourmens, étoient les seules armes que les martyrs opposoient aux tyrans. Contre un pareil malheur la constance est sans armes.

Armes, se dit dans le même sens de tout ce qui est capable de nous engager, de nous charmer, de nous séduire. Les caresses d’une jolie femme sont des armes bien puissantes.

Ce n’est que par des pleurs que vous me répondez
Vous fiez-vous encore à de si foibles armes ?

Racine.

☞ On dit en ce sens, faire tomber les armes des mains à quelqu’un, le fléchir, l’apaiser. Les soumissions qu’on lui a faites, lui ont fait tomber les armes des mains.

☞ On dit d’une femme extrêmement parée, qu’elle est sous les armes.

☞ On dit proverbialement, faire armes de tout, c’est-à-dire, se servir de toutes sortes de moyens pour réussir dans ses desseins. Les armes sont journalières ; peur dire, que tantôt on bat, & que tantôt on est battu : ce qui se dit aussi figurément de ceux qui ne font pas toujours heureux, ou qui ne réussissent pas toujours également bien. Mettre les armes entre les mains d’un furieux ; pour dire, lui donner quelque chose dont il abuse. C’est le sort des armes ; pour dire, c’est un malheur, un hasard de la guerre. On dit aussi populairement s’escrimer des armes de Samson, c’est-à-dire, jouer des mâchoires, parce que Samson défit les Philistins avec une mâchoire d’âne : on le dit aussi avec les armes de Caïn, par la même raison, à cause, que Caïn tua son frère, à ce que l’on prétend, avec une semblable mâchoire.

Armes. Terme de Blason qui n’a point de singulier. Ce sont des marques d’honneur qui se mettent sur les écus, & sur les enseignes, pour distinguer les états, & les familles nobles. Gentilitii scuti insignia, Gentis symholum, Gentis insigne, Gentis tessera, ou Gentile symbolum, &c. Gentilitia tessera, &c. Scutum tesserarium, hieroglyphicum, ou symbolicum Gentis parma symbolica, scutaria imago, icon, tessera. Scutarium insigne. Le blason est la science qui apprend à connoitre, & à bien parler des armes. Trois fleurs-de-lis d’or en champ d’azur, sont les armes de France. Les aigles sont les armes de l’Empire. Il a fait un tel son héritier, à la charge de porter son nom & ses armes. Un tel est chef du nom & des armes d’une telle maison. Armes pleines, ce sont celles qui sont entières, nettes & nues, d’une pièce, & d’un tenant, qui n’ont aucunes brisures, divisions, altérations, ni mélanges. Insignia pura, integra, plena. Les armes de France sont armes pleines, pures, entières. Armes brisées, infractæ, violatæ, temeratæ imaginis symbolum scutarium, oblisæ superficiei typus tesserarius. Les armes des Princes du Sang, comme Anjou, Orléans, Bourbon, ne sont pas pures & pleines, mais brisées du bâton, qui autrefois, pour exprimer mieux la brisure, portoit de biais sur les lys. Monet. Dans l’ancienne coutume de Normandie, on trouve que les armes pleines d’un chevalier ou de celui qui possédoit un fief de haubert, étoit le cheval, le haubert, l’écu, l’épée, & le heaume : & pour celui qui n’étoit point chevalier, ou qui n’avoit point de fief de haubert, c’étoit le roucin, le gamboison, le chapel & la lance. Armes chargées, sont celles qui sont pures & pleines, & auxquelles on a ajouté de nouvelles pièces pour marque d’honneur, & en vue de quelque belle action. Insignia adjectione distincta. Il y a aussi des armes parties, partita. Ecartelées, Quadripartita. Coupées, Transversè bipartita, &c. expliquées à leur ordre. Armes fausses, sont celles qui ne sont pas selon les règles du blason. comme lorsqu’on met métal sur métal, & couleur sur couleur. Adulterina, adulterinum, spurium, improbum, vitiosum, insolens scutum tesserarium. Les armes seroient fausses en France, qui auroient au champ, ou au blason, autres métaux, pannes, couleurs, que les coutumiers de cette nation, ou bien si les matériaux d’armes étoient autrement alliés & composés entre eux que ne porte notre usage. Les cas privilégiés exemptent de fausseté les armes de certains grands personnages composées de métal sur métal, couleur sur couleur, ès pièces notables de l’écu. Monet. On les appelle aussi des armes à enquerre. Insignia de quibus inquirendum. Armes vraies, légitimes, pures. Gentilis scuti symbolum genuinum, germanum, legitimum. Les armes les plus simples & les moins diversifiées sont les plus nettes & les plus nobles. C’est par cette raison que Garcias Ximenés, premier Roi de Navarre, & ses successeurs portèrent quelques siècles, de gueules simplement sans aucune figure ; & la maison d’Albret, issue de ces Rois, continua les mêmes armes jusqu’à Charles VI, qui les leur écartela de semé de France. Monet.

On appelle armes parlantes, celles où il y a quelques figures qui font allusion avec le nom de la famille. Vocalia insignia, tesseræ eponymæ, loquentes, paronymæ, loquaces, synonymæ. Comme De la Tour d’Auvergne, qui a une tour ; de Créqui, qui a un créquier, de la maison de Prado en Espagne, qui a pour champ un pré ; de la maison de Mailli, qui a des maillets. La plupart des Auteurs tiennent que ce sont les plus nobles & les plus légitimes, comme il se prouve par une infinité d’exemples rapportés par les Pères de Varenne & Menestrier. Mais elles sont moins nobles quand elles tiennent du Rébus de Picardie, comme il y en a plusieurs ; c’est-à-dire, lorsqu’il y a une multiplicité de pièces qui composent le nom de celui qui les porte ; parce que les anciens Seigneurs croyoient que leurs noms étoient assez illustres pour se faire connoître par eux-mêmes, au lieu de les expliquer par une multiplicité de figures & de blasons. Guillot Lymare Charbonnier, portoit de sable à la coquille de pourpre, avec cette devise, De charbon chevance ; c’est-à-dire, bien, richesse, Ex carbone res, ou opes.

Armes a enquerre, sont celles où il y a quelque chose qui est contre les règles ordinaires du blason, & qui donne curiosité de s’enquérir pourquoi on les a faites ainsi. Tesseræ, ou symbolæ, ou scutariæ imagines postulatitiæ, ou postulatoriæ ; extraordinarii nexùs metallici symbolum, scutarium ; inusitatæ commissionis pigmentaria tessera, scutaria. Godefroy de Bouillon porta d’argent à la grande croix potencée d’or : ce furent des armes à enquerre, qui lui furent données par les Seigneurs François qui l’accompagnoient, pour marque de sa valeur incomparable à la conquête du royaume de Jérusalem, & pour donner sujet de la connoître à ceux qui s’enquerroient de la nouveauté de ces armes. Monet. Les armes de la maison de Montmorenci furent aussi des armes à enquerre : jusqu’à Matthieu II, c’étoit une grande croix d’argent dans un champ d’or. Elles étoient fondées sur la prérogative de cette illustre famille, qui est d’avoir donné à la Gaule les premiers Chevaliers chrétiens.

Armes d’une pièce d’un tenant de blason ; ce sont celles qui ne sont point parties ni en long, ni en large, unius paginæ, unius & continentis plagulæ, haud intercisi laterculi scutarium hieroglyphicum.

Armes parties, armes tiercées, armes écartelées, armes coupées, taillées, armes tranchées. Voyez ces mots en leur place ; & en général Armoiries.

Armes, ou Armoiries diffamées, ou déchargées. Ce sont des armes auxquelles on a retranché quelque chose, pour marque de honte & par punition. Telles furent celles de Jean d’Avénes, qui en présence de saint Louis, avoit injurié sa mere Marguerite, Comtesse de Flandre. Il fut condamné à porter le lion de ses armes morné, c’est-à-dire, sans ongles & sans langue.

Le Cap des Armes, capo delli armi. Cap du royaume de Naples, en Italie. Leucopatra, regium ou armorum promontorium. Il est sur la côte méridionale de la Calabre Ultérieure, précisément au point qui regarde la Sicile. ☞ Nombre considérable de troupes d’infanterie & de cavalerie jointes ensemble sous la conduite d’un général, pour agir contre l’ennemi.