Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARMOISE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 513).
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ARMOISE. s. f. Artemisia. Plante appelée par le vulgaire Herbe de la S. Jean. Sa racine est de la grosseur du doigt, branchue, & fibreuse, un peu douce & aromatique au goût. De son collet naissent plusieurs tiges hautes de quatre à cinq pieds, rondes, cannelées, velues, moelleuses, moins grosses que le petit doigt, le plus souvent lavées de pourpre, d’autres fois vertes, & garnies de feuilles, quelquefois pâles ou blanchâtres, assez semblables à celles de l’absinthe ordinaire ; mais leurs segmens sont plus larges dans le bas, & plus longs & plus étroits à leurs extrémités : elles sont outre cela vertes en dessus & blanchâtres en dessous ; ses tiges sont branchues & terminées par des épis de fleurs. Chaque fleur est un amas de petits fleurons de couleur de pourpre, ou blanchâtres, renfermés dans des calices écailleux, arrondis, & d’une ligne de diamètre environ. Ces fleurs ont une odeur foible, aromatique, cependant agréable & approchante de celle de la lavande. Ses semences sont menues comme celle de l’absinthe & succédent aux fleurons. Le peuple croit mal-à-propos qu’on trouve sous la racine de l’armoise un charbon ; qu’il faut l’y chercher la nuit de la veille de S. Jean Baptiste ; & que ce charbon est un souverain remède pour l’épilepsie. L’armoise est recommandée pour les maladies des femmes. On l’emploie en décoction & en syrop. On assure que le moxa des Chinois est un coton qui se ramasse sur une espèce d’armoise de la Chine. On fait brûler ce moxa sur les parties attaquées de la goutte. L’armoise se trouve assez communément par-tout. Elle a pris son nom d’une racine de Carie, appelée Artemisia, d’Artémise femme de Mausole. On croit qu’elle a été la première qui l’a mise en usage. Voyez le Dictionnaire Economique sur les propriétés de l’armoise.