Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARROSOIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 531).
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ARROSOIR. s. m. Vaisseau dont se servent les Jardiniers pour arroser les arbres & les fleurs. Vas inspergendis aquis idoneum. Il est fait de cuivre, ou de fer blanc, ou de terre, & il a une branche qui se termine par une espèce de pompe percée de plusieurs petits trous, par où l’eau s’écoule, & se distribue en plusieurs menus filets, & en forme de pluie, afin d’humecter doucement la terre. Il y en a d’autres dont le fond est percée de plusieurs petits trous, & dont la partie supérieure est un cou un peu alongé, au haut duquel est un petit trou ; on les emplit d’eau, en les enfonçant dans l’eau sans boucher le trou d’en haut ; quand ils sont pleins, on les retire en mettant le pouce sur ce trou ; ce qui empêche l’air qui est au-dessus de faire couler l’eau en la pressant, tandis que l’air qui est au-dessous la retient dans le vase, par la résistance qu’il fait à tous les trous : quand on veut arroser, on lève le pouce, & l’eau pressée de l’air par en haut, coule par les trous d’en bas, jusqu’à ce que l’on referme le trou qui est en haut, en remettant le pouce dessus.

☞ Il y a une autre sorte d’arrosoir à goulot. Comme celui-ci ne forme qu’un seul jet, on s’en sert pour arroser les fleurs, parce qu’il ne mouille que le pied & épargne les feuilles qui se fanneroient dans les grandes chaleurs, si elles étoient mouillées.

Arrosoir. Terme de Conchyliologie. Nom d’une espèce de coquillage marin. Un arrosoir ou brandon d’amour. C’est un morceau des plus rares. Il est gravé dans le Supplément du Recreatio mentis & oculi, au numéro 45. Le P. Bonnani rapporte qu’il ne connoît aucun Auteur qui en ait parlé, & qu’il ne se trouve que dans le fameux cabinet du Grand Duc de Toscane. Il est de l’île d’Amboine. Il l’appelle Testaceum anonymum, & paroit pencher à le mettre dans la classe des Tubes. Gersaint. L’arrosoir ou le pinceau de mer, est l’espèce parmi les tuyaux la plus distinguée ; on ne peut cependant la regarder que comme ayant un caractère spécifique, soit par sa forme toute droite, soit par la singularité de sa tête percée en arrosoir. Des Auteurs l’appellent Phallus, c’est-à-dire, un Priape.