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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATTENTION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 607).
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☞ ATTENTION. s. f. Application de l’ame à un objet dont elle est tellement occupée que rien ne lui échappe. Attentio. Avoir attention à ce qu’on dit, à ce qu’on fait. Prêter une attention favorable. Attirer, réveiller l’attention. L’Orateur doit réveiller, ne doit jamais faire languir l’attention des spectateurs. Les Savans uniquement occupés des siècles passés, ne font nulle attention aux mœurs de ceux qui les environnent, & avec qui ils sont obligés de vivre. La Bruy. Rien n’est plus digne d’occuper toute l’attention de l’esprit, que la recherche de la religion. Nic.

Attention, signifie aussi soin officieux, Officiosa sedulitas, qui fait qu’on se conduit dans le commerce du monde d’une manière propre à contribuer à la satisfaction des autres, & qu’on ne manque à rien de ce que la politesse ou la bienséance exige. Un tel m’a donné mille preuves de son attention pendant ma maladie. On a eu pour lui des attentions infinies, toutes les attentions possibles.

Attention, exactitude, vigilance. Synonymes. L’attention fait que rien n’échappe. L’exactitude empêche qu’on n’omette la moindre chose. La vigilance fait qu’on ne néglige rien. Syn. Fr. Un sage Ministre a de l’attention à ne former ou à n’adopter que des projets avantageux à l’état ; de l’exactitude pour en prévenir tous les inconvéniens ; & de la vigilance pour en procurer le succès. Il est du devoir des Pasteurs d’avoir de l’attention à procurer l’avantage spirituel de leur troupeau ; de l’exactitude à les instruire des vérités salutaires de l’évangile ; & de la vigilance pour les préserver du crime & de l’erreur. Nous devons avoir de l’attention à ce qu’on nous dit ; de l’exactitude dans ce que nous promettons ; & de la vigilance sur ce qui nous est confié.

Attention, en Philosophie. Considération d’un objet. Application de l’ame qui continue à considérer un objet pour en avoir une connoissance exacte. Objecti consideratio. Perception, attention, examen. La perception ou la vue & la connoissance des choses, se forment, pour l’ordinaire, du concours de deux actions ; l’une de la part de l’objet, & qui n’est autre chose que l’impression que cet objet fait sur nous ; l’autre de la part de l’esprit, & qui est proprement un regard de l’ame sur l’objet qu’elle veut connoitre. Voyez Perception. Mais comme un premier regard ne suffit pas toujours, il est nécessaire pour acquérir une connoissance exacte des choses, & pour s’en faire de justes idées, que l’esprit s’applique quelque temps à considérer son objet. Cette application avec laquelle l’ame continue à regarder un objet pour le bien connoître, s’appelle attention : & si elle se tourne de divers côtés, pour envisager l’objet par toutes ses faces, cela s’appelle examen.