Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVERSION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 633-634).
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AVERSION. s. f. ☞ Haine conçue contre les personnes, ou contre les choses, & qui a sa source dans le tempérament ou dans le goût naturel. Aversatio, alienus animus, aversus. Témoigner une aversion étrange contre quelqu’un. Rochef. Prendre quelqu’un en aversion. Arn. Je ne saurois souffrir cet homme-là ; j’ai trop d’aversion pour lui, il m’a trop offensé. Le crime trouve moins d’aversion quand il est conduit avec adresse. S. Evr. Ceux que la passion d’être aimés rend si sensibles à l’aversion, l’attirent d’ordinaire par cette délicatesse incommode. Nicol. Il ne faut par proposer la vérité d’une manière chagrine, qui attire sur elle la haine & l’aversion des hommes. Port-R. Il n’y a point d’animaux plus farouches, que ceux qui font profession de mépris & d’aversion pour tout le genre humain. S. Evr.

Aversion, signifie aussi antipathie. Naturalis repugnantia. Il y a des gens qui ont une aversion naturelle pour les roses. On pardonne l’aversion qu’on a pour les serpens, pour les choses nuisibles. ☞ Antipathie conviendroit mieux dans ces phrases.

☞ L’aversion & l’antipathie, dit M. l’Abbé Girard, sont moins dépendantes de la liberté que la haine, & paroissent avoir leur source dans le tempérament & dans le goût naturel ; mais avec cette différence que l’’aversion a des causes plus connues.

☞ Les défauts que nous avons en horreur, & les façons d’agir opposées aux nôtres, nous donnent de l’aversion pour les personnes qui les ont ; elle ne cesse que lorsque ces personnes changent & s’accommodent à notre esprit & à nos mœurs, ou que nous changeons nous-mêmes, en prenant leurs inclinations.

☞ L’aversion fait qu’on évite les gens, & qu’on en regarde la société comme quelque chose de fort désagréable. Voyez Antipathie.

Aversion, en Médecine, action de détourner les humeurs vers une partie opposée, voit par révulsion, dérivation, ou répulsion. Aversio.