Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÂILLER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 705).
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BÂILLER. v. n. Ce mot a la première syllabe longue, & l’i ne sert qu’à mouiller les deux ll. On écrivoit autrefois baailler. Oscitare. Faire des bâillemens, ☞ respirer en ouvrant la bouche extraordinairement & involontairement : ce qui marque de l’ennui, de la fatigue ou du sommeil. On bâille souvent en voyant bâiller les autres. Bâiller d’ennui. Vous êtes si dégoûté, que les plus belle comédies vous font bâiller, & vous endorment. Bell. Boileau a dit de la Pucelle.

Sans mentir, la Pucelle est un Œuvre charmant ;
Et je ne sais pourquoi je bâille en la lisant.

Faire quelque chose en bâillant ; c’est en style populaire, la faire avec négligence & sans aucune application. Oscitanter, negligenter.

Ce mot vient de balare, qui a été dit par onomatopée du cri des brebis. Ménage.

Bâiller, signifie figurement, s’entr’ouvrir, & se dit des ouvertures ou crevasses qui se font dans les murs, ou bâtimens. Hiare. Il est moins en usage que son composé, entrebâiller. Une porte, une fenêtre qui bâille.

Bâiller, se dit aussi dans le style figuré & populaire, pour aspirer avec ardeur, Inhiare. Il bâille après les richesses. Il bâille après cet emploi.