Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAPTISER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 747-748).
◄  BAPTEURE
BAPTISMAL  ►

BAPTISER. v. a. Prononcez batiser. Conférer le Baptême. Baptisare, Sacro Baptismi fonte aliquem tingere. Notre-Seigneur fut baptisé par S. Jean avec les eaux du Jourdain. On baptise aujourd’hui les enfans dès qu’ils sont nés. On baptise au nom du Pere, & du Fils & du Saint-Esprit.

Baptiser, se dit aussi de certaines ecclésiastiques qui ne sont que des bénédictions. Ainsi on dit, baptiser des cloches. Un Capitulaire de Charlemagne de l’an 789, défend de baptiser les cloches. Cependant on continua encore après de les baptiser, & le Roi Robert faisant faire en 1029, la dédicace de l’Eglise de S. Agnan d’Orléans, avec plusieurs autres présens magnifiques, y donna cinq cloches, qu’il avoit fait baptiser, & dont la plus grosse fut nommée Robert comme lui ; ce qui montre que le Capitulaire de Charlemagne n’eut pas de suite, & que la bénédiction des cloches s’appeloit Baptême ; & le Moine Helgand, qui rapporte ceci, remarque qu’on y employoit l’huile & le chrême.

☞ On dit aussi, baptiser un enfant ; pour dire, faire les seules cérémonies ordinaires du Baptême, quand l’enfant n’a été qu’ondoyé. Cet enfant n’est qu’ondoyé, il faut le porter à l’Eglise pour le baptiser.

Baptiser, signifie dans l’Ecriture, affliger, plonger dans la douleur. Les eaux sont dans le langage des Ecrivains sacrés le symbole des afflictions & des peines, & s’emploient métaphoriquement en ce sens, à peu-près comme orage, tempête, flots, inondation, abyme, dans notre langue ; témoin ces endroits des Pseaumes. Assumpsit me de aquis multis ; eripuit me de inimicis meis fortissimis, que M. Coquelon a fort bien traduit. Il m’a tiré du milieu de tous ces orages ; il m’a délivré de mes ennemis, dont la puissance étoit redoutable ; & au Pseaume LXVIII, 1, 2. Salvum me fac, Domine, quoniam intraverunt aquæ usque ad animam meam ; infixus sum in limo profundi… Veni in altutudinem maris, &c. Sauvez-moi, Seigneur, parce que les eaux sont entrées jusqu’à mon ame, je suis plongé dans la vase… Je suis abymé dans la profondeur d’une vaste mer ; & mille autres pareils. Voyez ce qui a été dit au mot Baptême.

Baptiser, se dit figurément & abusivement en ces phrases : baptiser son vin ; pour dire, mettre beaucoup d’eau dedant ; vinum aquâ diluere. Baptiser quelqu’un dans la rue, se dit en parlant de ceux sur qui on a jeté de l’eau imprudemment par les fenêtres ; aliquem gelidâ aquâ perfundere. On dit aussi, qu’on baptise quelqu’un, quand on lui donne quelque sobriquet. Ludicrum agnomen indere. En tous ces sens le mot de baptiser est burlesque.

Tout beau l’Ami, ceci passe sottise,
Me direz-vous ; & ta plume baptise
De noms trop doux gens de tel accabit. R.

En termes de Palais, on dit baptiser possession contraire ; pour dire, soutenir chacun de son côté qu’on est en possession. On disoit aussi autrefois, baptiser son appel ; pour dire, en déclarer les griefs apparens, & par-devant quels Juges on prétendoit les relever. Car autrefois le mot de baptiser ne signifioit autre chose que énoncer, déclarer, comme on voit dans Masuet, Joannes Galli, & autres vieux Praticiens.

BAPTISÉ, ÉE, part. Sacro Baptismi fonte tinctus. Celui qui croira, & sera baptisée, entrera dans le Royaume des cieux.