Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BEAU-PERE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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BEAU-PERE. s. m. Terme relatif à l’égard des enfans d’un premier lit. Il se dit d’un mari qui a épousé leur mère en seconde noces. Vitricus. Et belle-mere est la femme que leur père a épousée de la même manière. Comme un beau-pere n’est que l’ombre d’un vrai père, de même son affection n’est que l’ombre de la paternelle. Le Mait. Un beau-pere est un faux père. Id.

Beau-pere, se dit aussi pour le père du mari d’une femme, & pour le pere de la femme du mari. Socer. C’est mon beau-pere ; pour dire, c’est le père de ma femme, ou de mon mari. Porphyrion, sur l’Art Poëtique d’Horace, au vers Perfidus Ixion, dit qu’anciennement la coutume étoit que les gendres donnassent une dot à leur beau-pere, ce qu’il appelle dotem, ou nuptialia munera, c’est-à-dire, qu’on achetoit les femmes, comme on fait encore en quelques endroits des Indes.

Beau-pere, est un titre que l’on donnoit autrefois aux religieux, & qui se disoit encore du temps de Pasquier.

Mes Beaux-Peres Religieux,
Vous dînez pour un grand merci :
O Gens heureux ! ô Demi-Dieux !
Plût à Dieu que je fusse ainsi.


Disoit Victor de Brodeau en ce huictain qui fut tant solennisé sous le règne de François I. Pasq. Rech. III, 50.

Ce nom, selon Pasquier, vient de Béat Pere, qu’on donnoit aux Religieux, parce qu’ils ont épousé une vie sainte ; & aux peres, parce qu’en mariant leurs enfans ils semblent se procurer une vie immortelle. Rabelais, en son troisième Livre de Pentagruel, appelle Béats Peres, les Moines que nous appelons Beaux Peres. Pasq. Ménage prétend qu’on a dit beau-pere, comme on a dit Beau Sire, par une épithète d’honneur. Mais toutes ces qualités avoient autrefois leurs noms propres, & on appeloit parâtre, marâtre, filiâtre, les beau-pere, belle-mere, & beau-fils ; & 'serourge, ou sereur, celui qui avoit épousé notre sœur, dont les exemples sont fréquens dans les coutumes, & dans Boutiliers.