Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BEGUARD

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 836).

BEGUARD. s. m. Nom de Secte. Beguardus. Les Beguards, ou, comme quelques-uns écrivent, Berguards, ou Begghars & Beguins, sont des Hérétiques qui s’éleverent en Allemagne vers la fin du XIIIe siècle. Le chef de cette secte fut un certain Dulcinus. Leurs principales erreurs étoient que l’homme en cette vie pouvoit être impeccable, & acquérir un degré de perfection si élevé qu’il ne pourroit plus croître ; qu’en cet état il n’étoit plus obligé ni aux jeûnes de l’Eglise, ni à obéir aux supérieurs ; qu’il étoit heureux comme dans le Ciel ; que toute créature intellectuelle est de soi heureuse ; qu’elle n’a que faire de la lumière de gloire pour l’élever à la vision & à la possession de Dieu ; qu’il n’y avoit que les imparfaits qui s’exerçassent à pratiquer des actes de vertu ; qu’on ne devoit point adorer Jesus-Christ quand on élevoit l’Hostie, ni s’occuper des mystères de son humanité sainte. Ils blâmoient les bonnes œuvres, & débitoient des maximes d’impuretés. Ces fanatiques, qui portoient l’habit monastique sans garder aucune règle, & sans observer le célibat, furent condamnés sous Clément V. au Concile de Vienne, l’an 1311. Pratéole, Sanderus, hæres. 160 & 161. Antonin, Chron. P. iii. T. 21. c. 3. §. 2. Turre-Crem. Summ. de Eccles. P. ii. L. 14. c. 36. Sponde, Bzovius & Rainaldi à l’an 1310, & 1311 ont parlé des Begguars. Pierre Coëns en a fait l’histoire, intitulée, De origine Begauradorum. Alex. Rossæus in Πανσεβεία, Christ. Urstisius, dans son Histoire de Bale, d’où ils furent chassés en 1411. & Phil. de Limborh, en ont aussi parlé. Voyez BEGUIN.