Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BELGE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 841).
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BELGE. s. m. & f. Belga&&. Anciens peuples des Gaules. Ils habitoient au nord des Celtes, desquels ils étoient séparés par la Marne & la Seine, comme dit César au commencement de ses Commentaires. Il ajoute que les Belges étoient les plus braves des trois nations qui occupoient la Gaule. Les Belges étoient les inventeurs du char nommé Essedum, à moins que Virgile dans ce vers, Liv. III. Georg. vers. 204.

Belgica vel molli meliùs feret esseda collo,

n’ait mis Belgica pour Gallica, comme Servius l’interprete.

Quelques Auteurs, au rapport d’Hoffman, sont venir ce nom du mot allemand Wahlen, ou Walgen, qui est le nom que les Allemands donnent aux François & aux Italiens ; mais ce mot ne paroît pas si ancien que celui de Belga, & est formé sur lui, ou sur celui de Gallus. La partie de l’Italie qui touche l’Allemagne, étoit la Gaule Cisalpine. D’autres font venir ce nom du mot Balgen, qui selon Junius, signifie combattre, & venir aux mains, & ils disent qu’il fut donné aux Belges, à cause de leur férocité naturelle dans les combats, ou de leur humeur guerrière. D’autres croient que ce nom est un mot celtique ; que dans cette langue, qui venoit de l’hébreu, on disoit, comme en hébreu, בלג, balag, que Buxtorf traduit confortare se ; que de-là se forma le mot Belga, qui fut donné à ces peuples, parce que, comme dit César, horum omnium (Celtarum & Aquitanorum) fortissimi sunt Belgæ. Comment. de ballo Gall. Liv. I. c. 1. Guillaume Breton, auteur de la Philippide, le tire de Berg S. Vinoch, comme si le mot Belga n’étoit pas plus ancien que celui de ce fort. Le Moine Robert, dans sa Chronique, à l’an 1210, dit qu’il vient de Belgis, ancien nom de la ville de Trèves. D’autres le dérivent aussi d’une ville nommée Belgis ; mais ils la placent en Bourgogne, & disent que c’est Baugey proche de Mâcon ; mais les Belges n’habitoient point là. Dom Du Plessis le dérive de bel, qui selon lui, doit signifier un bélier, ou un mouton, comme belch ou belg a du signifier un berger. Encore aujourd’hui, dit-il, Belec en bas-breton veut dire un Prêtre, sans doute dans le sens de Pasteur. En effet, les anciens Belges étoient adonnés à la vie pastorale : Pascat Belga pecus, dit Claudien. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. II. pag. 2.

On appelle aujourd’hui Belges en poësie françoise, & en latin, tant en prose qu’en vers, les habitans des XVII Provinces des Pais-Bas.