Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BELLONAIRES

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 845-846).
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BELLONAIRES. s. m. pl. Bellonarii. Prêtres de Bellone. C’est du Grammairien Acron que nous apprenons ce nom, & l’ancien Scholiaste de Juvénal s’en sert aussi. Ces Prêtres recevoient leur sacerdoce en se faisant faire des incisions à la cuisse & au bras, dont ils recevoient le sang dans la paume de la main, pour en faire un sacrifice à leur Déesse ; mais dans la suite cette cruauté ne fut plus que simulée : car Lampridus, dans Commode, C. 9, dit que cet Empereur, par un esprit de cruauté, les obligea de se déchirer effectivement les bras, preuve que d’ordinaire ils ne le faisoient pas véritablement. On peut voir ce que disent des Bellonaires Tertullien, Apolog. C. 9. Lactance, L. I, C. 1, le Scoliaste de Juvenal sur la Satyre VI, v. 105. Jacob Oizelius sur Minutius Felix, pag. 196. Ces Prêtres étoient des fanatiques, qui dans leurs enthousiasmes prédisoient la prise des villes, la défaite des ennemis, & n’annonçoient que meurtre & que carnage.

BELLONE. s. f. Bellona. Déesse de la guerre, sœur ou compagne de Mars. Si l’on en croit Varron, elle se nomma d’abord Duellone, Duellona, d’où se forma Bellonne. Hygin, Fab. 274, dit qu’elle fut l’inventrice de l’aiguille, qui en grec s’appelle Βελόνη, & que c’est delà que lui vint son nom. On la dépeint les cheveux épars, couverte de sang, une pique ou une faulx d’une main & une torche ardente, ou quelquefois un bouclier, ou un fouet de l’autre, & vêtue d’un casque & d’une cuirasse. Bellone avoit un temple a Rome, dans lequel le Sénat donnoit audience aux Ambassadeurs étrangers, & aux Généraux qui revenoient de commander les armées. ☞ Il y avoit dans ce temple une petite colonne nommée bellica, par-dessus laquelle les Consuls ou les Féciaux lançoient un javelot, pour marquer qu’ils déclaroient la guerre. La Divinité contraire à Bellone étoit le Dieu Pause, Pausus, c’est-à-dire, repos, comme l’a remarqué Turnébe. Adv. L. XV, C. 21. Rosin, Antiq. Rom. L. IV, C. 10. Casaubon sur Lampridius, C. 9 de la vie de Commode Tertullien. Apolog. C. 9, Pallio, C. 4, & Lactance, Instit. L. I, C. 21 parlent de Bellone.

Bientôt avec Grammont courent Mars & Bellone,
Le Rhin à leur aspect d’épouvante frissonne. Boil.

Bellone. Maculata cauda trapezia. Nom d’un poisson très-menu, long d’un pied, & large de deux pouces & demi, diminuant de largeur dans les deux derniers pouces vers la queue. La tête est très-longue, & l’œil qui est bleu bordé de rouge, est placé dans la distance de la quatrième partie de la longueur de la tête. La bouche forme un ample museau, avec une petite pointe crochue dans la lèvre inférieure. On voit deux nageoires à côté de ses ouies en forme d’éventail, de couleur jaune ; & plus bas, deux autres plus petites de la même couleur. Deux grandes nageoires jaunes & canelées accompagnent ses côtés vers la queue, avec dix à douze pointes le long du dos. Sa queue qui forme un trapèze de couleur jaune & rouge, lui a fait donner le nom de cette figure. Sa couleur générale imite l’arc-en-ciel, celle du corps est d’un rouge clair semé de petites taches brunes. La couleur du dos est grise, tout le ventre rouge,& les nageoires argentées.

☞ On ne trouve ces sortes de poissons que dans l’île de la Tortue en Amérique. Ce poisson a été dessiné sur le lieu par le P. Plumier.

Bellone. s. f. Bellonia. Gente de plante ainsi nommée de P. Bellon Médecin de Caen, à fleur monopétale, rayonnée & découpée. Le calice devient un fruit dur, d’une figure pointue, rempli de petites semences.