Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLÂMER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 918).
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BLÂMER. v. a. Reprendre, condamner quelque mauvaise action, témoigner par des paroles qu’on désapprouve quelque chose. Vituperare, reprehendere, culpare. Je l’ai fort blâmé de son emportement. Tout le monde blâme sa conduite. Je vous blâme d’avoir attendu si tard à me découvrir vos peines & vos ennuis. Souvent ceux qui blâment les autres, tombent dans les mêmes défauts.

Mais pour Cotin & moi qui rimons au hasard ;
Que l’amour de blâmer fit Poëtes par art. Boil.

Blâmer, ☞ en matière criminelle se dit de la correction verbale que fait le Juge à un coupable, ordonnée par le jugement. Etre blâmé en Justice, porte note infamante.

Nicot prétend que ce mot vient de blasphemere, ou du grec βλάπτειν, qui signifie famam lœdere, médire. D’autres croient au contraire que le mot de blasphémer vient du mot de blâmer, qui ne signifie autre chose que reprendre, condamner, diffamer. On trouve blasphemium dans le sens de blâme dans la vie de saint Gunthram Roi de France, p. IV, n. 24 tirée de Grégoire de Tours, Liv. VII, Hist. Eccl. C. 28.

Blâmer, en Juridiction féodale, signifie contredire ou débattre l’aveu & dénombrement qui est donné à un Seigneur par ses vassaux. Improbare, contradicere. A faute de blâmer par le Seigneur dans le temps de la coutume, l’aveu est reçu. Par la Coutume de Paris, un aveu & dénombrement doit être blâmé dans les 40 jours après qu’il est donné, autrement il est reçu. Dans celle de Normandie, le Seigneur a trente ans pour blâmer l’aveu ou dénombrement.

BLAMÉ, ÉE, part. Vituperatus, reprehensus, culpatus.