Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLANQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 923).
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BLANQUE. s. f. Espèce de loterie, ou jeu de hasard, où l’on achète certain nombre de billets, dans lesquels, s’il y en a quelqu’un noir, ou marqué de quelque meuble qui est à l’étalage, ou en profite. Ludicræ sortes, ludicra sortitio. S’il n’y en a point, on perd son argent ; & alors on dit qu’on a trouvé blanque, d’où ce jeu a tiré ce nom. Il vient de l’italien bianca. Ce jeu selon Pasquier, Rech. L. VIII, c. 49, a été introduit en France par les Italiens. Voyez dans cet Auteur comment il se pratiquoit d’abord. Ce mot blanque, se dit pour blanche, de même que l’on dit en quelques Provinces quien pour chien, queval pour cheval, en changeant ch en qu. Et ce nom se donne à ce jeu de hasard, parce que dans l’origine, & souvent encore à présent, on tire au sort dans un livre dont la plupart des feuilles sont blanches, & les autres chiffrées, & quand en tirant l’on tombe entre deux feuilles blanches, l’on dit blanque, & l’on n’amène rien : au lieu que quand on rencontre une feuille chiffrée, on a le lot marqué au chiffre que l’on a tiré.

On dit figurément, qu’on a trouvé blanque en quelque lieu, quand on n’y trouve pas ce qu’on y cherchoit. J’ai fouillé dans ma poche pour tirer ma montre, mais j’y ai trouvé blanque, on me l’avoit prise. Expression populaire.

On dit proverbialement, hasard à la blanque ; pour dire, entreprendre quelque chose dont le succès est incertain : il en arrivera ce qu’il pourra.