Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOÎTE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 950-951).
◄  BOISSON
BOITE  ►

BOÎTE. s. f. Petit vaisseau qui se ferme avec un couvercle. Pyxis. Une boîte à portrait. Une boîte à diamans, boîte à confitures. Une boîte à poudre. Des boîtes d’Apothicaire.

Ce mot vient de buxuletta, diminutif de buxula, qui a été fait de buxus, à cause que les boîtes se font ordinairement de buis. Ménage. Buxula, buxtula, se trouvent dans la basse latinité. Voyez Act. Sanct. Janu. Tom. I, 1056, 1057, Feb. Tom. III, p. 535. C’est ainsi qu’en grec de πυξίος, ou πύξος, buis, s’est fait πυξίς, boîte. Du Cange le dérive de buxis, buxida, bossida, & bustula, qu’on a dit dans le même sens dans la basse latinité, ou du grec πυξίς.

Boîte, se dit aussi communément de ce qui est contenu dans une boîte. Une boîte de prunes, boîte d’abricots, boîte d’onguent.

On appelle la boîte des pauvres, des prisonniers, celle où l’on reçoit les charités. La boîte de Confrérie, certain petit tronc portatif, & fermé à clef, dans lequel on reçoit les aumônes pour les pauvres, pour la Confrérie. Le peuple appeloit par dérision. Boîte à Perrette, la boîte des aumônes dans les temples des Réformés. Depuis on a appliqué cette expression aux Appelans.

BOÎTE, en termes de Monnoies, se dit de petits coffres, où l’on enferme les monnoies, qu’on a essayées, pour les envoyer à la Cour des Monnaies, & en faire un nouvel essai. Les boîtes se font par les Gardes des Monnoies : ils y doivent mettre sans choix de vingt pièces d’or une, & de dix-huit marcs de pièces d’argent une autre, qui servent d’échantillon pour le faire juger.

On appelle aussi boîte à la Monnoie, l’endroit où l’on met le carré des médailles, quand on les marque. Cette boîte est d’acier, & l’on y fait tenir fermes les carrés qu’on met dedans par le moyen des vis qui les serrent.

On appelle, boîte de la poste, la boîte où l’on va porter les lettres pour la poste ; & la boîte de la lanterne, la boîte où est enfermée la corde qui sert à hausser & à abaisser chaque lanterne.

Boîte. Terme d’Imprimeur en Taille-douce ; c’est un morceau de bois qui est en forme d’arc, & qui par dedans est garni de fer blanc pour faire tourner le rouleau.

Boîte de montre. Terme de Gaînier. Petite boîte où l’on met une montre de poche.

☞ On appelle plus particulièrement boîte d’une montre, la partie de la montre où le mouvement est renfermé, & le verre ajusté.

Boîte à Foret. C’est où les Serruriers & les Couteliers mettent le foret quand ils veulent percer. ☞ C’est une espèce de bobine où tient le foret, qu’ils font mouvoir par le moyen de la corde de l’archet pour percer des trous.

Boîte de navette. Terme de Tisserand. C’est la partie de la navette où l’on met la trame.

Boîte à poivre. Terme de Taillandier. C’est d’ordinaire une espèce de vase de fer blanc partagé en petits carrés, pour mettre le poivre, les clous de girofle & la muscade. Les Vitriers ont aussi une boîte parmi leurs outils, & c’est où ils mettent la poix résine en poudre.

Boîte à savonnette. C’est une boîte qui est faite en boule, & qui s’ouvre en travers en deux hémisphères ; les Barbiers s’en servent pour porter une savonnette.

On se sert de ce terme en Botanique, pour exprimer la figure de plusieurs fruits qui ressemblent à une boîte à savonnette.

Boîte à moutarde. Vase de bois, où les Vinaigriers mettent la moutarde.

Boîte, en termes d’Anatomie, est le lieu où les os sont enclavés & emboîtés l’un dans l’autre.

Boîte, est aussi la partie du vilbrequin où l’on attache sa mèche.

Boîte, chez les Fontainiers, sont des coffres de fer ou de tôle, percés de trous, que l’on met à la superficie des pièces d’eau pour arrêter les ordures, & empêcher l’engorgement d’une conduite.

En général, chez les Artisans on appelle boîte, les ais qui servent à revêtir d’autres pièces de bois, comme poutres ou solives ; ou les trous où entrent d’autres pièces. Boîte de roue, où entre l’essieu. Ils appellent aussi en Architecture boîte ce qu’on nomme autrement hoches, amarres, & que les Charpentiers de Paris appellent jouières. Voyez Amarres.

En termes de Marine, on appelle la boîte du gouvernail, la pièce de bois percée, à travers de laquelle passe la barre, ou le timon.

Boîte, en termes d’Artillerie, est un petit mortier de fer, haut de sept à huit pouces, qu’on charge de poudre jusqu’au haut, & qu’on bouche avec un fort tampon de bois pour le tirer dans des feux & réjouissances publiques. Æneum crepitaculum. On appelle aussi boîte, le bouton qui est au bout de la hampe des écouvillons qui servent à nettoyer, à rafraîchir le canon. La tête d’un refouloir s’appelle aussi boîte.

Boîte pour allezer le canon. Cette boîte est de cuivre, ou de fonte, & armée d’un couteau bien acéré. On suspend la pièce en l’air, ayant la bouche en bas, ensorte que le couteau enchâssé dans la boîte, coupe & unie le dedans de l’ame de la pièce, à mesure qu’un cheval tourne une roue placée horizontalement sous cette machine.

Boîte, est aussi une emboîture de fer, ou de fonte, dans laquelle entre le bout d’un essieu d’affût, ou autre.

Boîte à pierrier. C’est un corps cylindrique & concave, fait de bronze ou de fer, rempli de poudre, avec une anse & une lumière, qui répond à cette poudre. On met cette boîte ainsi chargée dans le pierrier par la culasse, derrière le reste de la charge, qu’elle chasse aussitôt qu’elle a pris feu.

Boîte, chez les Facteurs d’orgue, se dit des tuyaux de forme cylindrique, par le moyen desquels le vent du sommier passe dans le corps de la trompette, ou autre jeu d’anche.

On dit proverbialement, que dans les petites boîtes sont les bons onguens ; pour dire, que les choses précieuses ne tiennent pas beaucoup de place. On dit aussi d’une chambre chaude & bien fermé, qu’elle est close comme une boîte. On dit aussi d’une personne qui est très-propre, qu’il semble toujours qu’elle sorte d’une boîte. On dit aussi, mais fort bassement d’un homme qu’on a mis prisonnier, qu’on l’a mis dans la boîte aux cailloux.