Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BON

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(1p. 954-959).
BONA  ►

☞ BON, ONNE. adj. C’est encore un de ces mots qui vont à tout, & qui peut s’appliquer à tous les êtres spirituels & corporels, hommes, animaux, minéraux, en un mot à toutes les productions de la nature, & à tout ce qui résulte de l’art. Comme il peut servir d’épithète à tous les substantifs de la langue, il est évident qu’il doit avoir des sens différens, selon la différente nature des substantifs auxquels il se trouve joint. Nous ne ferons que parcourir ces différentes acceptions, & les distinguer par des exemples.

Bon, dans sa signification générale, dit quelque chose de parfait. En parlant de Dieu, il présente l’idée d’une perfection infinie. Dieu est bon. Il n’y a que Dieu seul qui soit bon, dit Jesus-Christ en Saint Mathieu.

☞ En parlant des choses créées, l’on désigne ce qui a les qualités convenables à sa nature. Dieu créa la lumière, & il vit que la lumière étoit bonne. Tout ce que Dieu a créé est bon, parce que tout ce qu’il a créé est comme il doit être, & ce qu’il doit être.

☞ Dans ce sens on le dit des choses mêmes qui sont nuisibles. Ainsi l’on dit de bon Arsenic, de bon Poison ; pour dire, que ces choses ont les qualités qu’elles doivent avoir pour produire leur effet. Ici ce mot désigne simplement l’ensemble des qualités, l’intégrité du tout, l’état de la chose qui a tout ce qu’elle doit avoir.

Bon, sert aussi à exprimer les qualités louables des choses : en ce sens il s’applique aux ouvrages de la nature & de l’art, & aux qualités de l’esprit. Bon vin, bon blé, bon air, bonne terre, bon fruit, bon cheval, bon ouvrage, bonnes qualités.

☞ Dans un sens à-peu-près semblable, il s’applique aux personnes qui réussissent en quelque art, en quelque profession. Bon Capitaine, bon Soldat, bon Cavalier, bon Ouvrier, bon Poëte, bon Grammairien, bon Orateur, bon Prédicateur.

☞ Ici il désigne l’assemblée des qualités, des connoissances nécessaires, pour s’acquitter comme il faut de quelque chose. Cet Ecrivain a une bonne main ; pour dire, qu’il peint bien. Cette chose me vient de bonne main, c’est-à-dire, de bonne part. Cette affaire est en bonne main, c’est-à-dire confiée à un homme capable de la conduire. Ce jeune homme est en bonne main, c’est-à-dire, sous la conduite d’un homme qui saura le contenir, le moriginer.

Bon, dans le sens miséricordieux. Dieu est bon ; il nous pardonnera nos offenses. Populairement, aimer, prier le bon Dieu. Bon Dieu ! Exclamation par laquelle on marque de la surprise.

Bon, appliqué aux personnes, signifie encore, humain, bienfaisant. La plus belle qualité qui ait été jamais donnée à un Prince, est celle de très-bon Prince, qui se voit sur tant de médailles de Trajan, & que le Sénat & le Peuple lui déférerent à l’envi. S. P. Q. R. Optimo Principi.

☞ Quelquefois cette épithète désigne un homme traitable, qui a les mœurs douces & faciles, qui est commode pour le commerce ordinaire de la vie, facilis, commodus. C’est un bon homme, une bonne femme, d’un naturel doux & facile. Il n’est bon que pour soi. Sibi uni commodus.

☞ Cette vertu portée à l’excès n’est pas une trop bonne qualité. On dit d’un homme simple & de peu d’esprit, que c’est un bon homme, qui n’y entend point de finesse. Les personnes excessivement bonnes, qui approuvent tout, sont un peu ennuyeuses en conversation. Ces personnes bonnes, sans esprit & sans savoir, ne sont pas d’un grand usage dans le monde. M. Scud. Il est dangereux d’être trop bon : ceux qui ne se font point appréhender, sont trop exposés à la médisance. S. Evr. On dit proverbialement & familièrement, c’est un bon Prince, en parlant de quelqu’un qui ne prend pas garde de si près à ce qu’on dit & à ce qu’on fait.

☞ On appelle encore familièrement bon homme, bonne femme, bonnes gens, des personnes qui sont déjà dans un âge avancé.

☞ Dans l’acception dont on vient de parler, le mot de bon se joint à quantité de substantifs, pour désigner un homme complaisant, ou d’une humeur agréable. C’est ici qu’on dit un bon vivant, un bon enfant, un bon diable ; un bon compagnon.

☞ Dans le sens de fin & rusé, on dit c’est un bon apôtre : & quelquefois par plaisanterie, ou par injure, c’est un bon coquin, un bon vaurien, une bonne pièce, une bonne ame : & par exclamation, la bonne ame ! La bonne pièce !

Bon, dans la signification de grand, se joint à certains substantifs dont il augmente l’énergie. C’est ainsi qu’on dit une bonne lieue, une bonne heure, un bon coup de poing. Donner un bon soufflet, un bon coup d’épée.

bon, dans la signification d’avantageux, favorable, convenable. Cet événement ne présage rien de bon. Ce contrat est bon pour le mari, avantageux. Le temps est bon pour les voyageurs. Voici le bon moment pour lui parler, favorable. Voilà un bon temps pour planter, pour semer, convenable. Prendre une chose en bonne part, dans un sens favorable. In bonam partem accipere.

Bon, dans le commerce, en parlant d’un Marchand, synonyme de riche & solvable. Vous pouvez confier votre marchandise à cet homme, je vous garantis qu’il est bon.

Bon, en parlant des choses & des personnes, signifie aussi, qui est propre à certain usage. On dit que du vin est bon à boire ; qu’un homme est bon à mille choses, à tout, qu’il n’est bon à rien ; qu’un remède est bon à la fièvre, contre la fièvre ; qu’une chose est bonne à toute sauce.

☞ On dit proverbialement d’un homme qui n’est propre à rien, qu’il n’est bon ni à rotir ni à bouilir.

Ceci s’adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui n’étant bons à rien, cherchez sur tout à mordre,

La Font.

On dit aussi, à quelque chose malheur est bon, & le même M. de la Fontaine s’est heureusement servi de ce tour dans une de ses fables.

Quand le malheur ne seroit bon
Qu’à mettre le sor à raison,
Toujours seroit-ce à juste cause,
Qu’on le dit bon à quelque chose.

Bon, dans la signification de robuste, sain. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme a le corps bon, que c’est un bon corps d’homme. On dit aussi d’un malade, qu’il a le cœur bon, qu’il n’a pas perdu toutes ses forces. Un homme qui a bon pied, qui marche bien, qui a bon pied, bon œil, agissant & léger.

☞ Galopper sur le bon pied, en parlant d’un chveal, galopper en levant le pied droit le premier.

☞ Au figuré, mettre une personne sur le bon pied, le réduire à faire ce qu’il doit. Etre sur un bon pied dans le monde, y avoir du crédit, jouir d’une certaine considération.

Bon visage d’hôte, accueil gracieux. Faire bon visage, bon accueil, bonne mine. Recevoir d’une manière honnête & gracieuse. On dit de même, avoir bonne grâce à faire quelque chose, s’en acquitter comme il faut.

☞ En parlant d’une chose qui laisse un goût agréable à la bouche, on dit qu’elle fait bonne bouche. Garder une chose pour la bonne bouche, c’est la réserver pour la dernière comme la plus agréable : & ironiquement on le dit de quelquun qui, après avoir joué plusieurs tours à quelquun, lui en joue un plus sanglant que les autres.

☞ Jouer bon jeu bon argent, c’est-à-dire, sérieusement & avec obligation de payer ce qu’on aura perdu. Un homme de bon compte, qui est fidèle, juste dans ses comptes. Rendre bon compte de sa conduite, faire connoître qu’on a tenu une conduite louable.

☞ A bonnes enseignes, avec une connoissance suffisante de ce qu’on doit faire, ou avec un pouvoir suffisant. Je ne payerai qu’à bonnes enseignes. Je ne veux y aller qu’à bonnes enseignes.

Bon, joint avec les mots de temps, de jour, d’année, &c. prend des significations assez différentes les unes des autres.

Bonne année, signifie année fertile, abondante. Nous aurions eu une bonne année, si la grêle n’eût gâté la moisson.

☞ Souhaiter la bonne année à quelqu’un, en terme de civilité, lui souhaiter une année heureuse. Faustum annum precari. On dit familièrement, bon jour, bon an.

☞ Pour marquer le revenu fixe d’une terre, d’un héritage, &c. on dit, cette terre rapporte tant, bon an, mal an, c’est-à-dire, ’années communes, la bonne compensant la mauvaise, la fort portant la foible.

Bonne aventure. Evénement heureux, soit que la chose vienne impunément, ou qu’elle soit la suite d’une intrigue. Dire la bonne aventure à quelqu’un, c’est prédire, de quelque façon que ce soit, principalement par la chiromancie, ce qui doit lui arriver. Voyez Prédire, Aventure, &c.

bon bord. Courir le bon bord, c’est pirater, piraticam exercere. On le dit aussi des femmes publiques qui fréquentent les mauvais lieux. Ils buvoient, se battoient, juroient, prenoient du tabac, & couroient le bon bord. Conte du tonneau.

Bon Chrétien, se dit de ceux qui s’acquittent bien des devoirs du Christianisme. C’est un bon Chrétien, signifie aussi, c’est un homme simple, ou un homme bon, franc, aisé.

Bon-chrétien, se dit aussi de certaines poires fort grosses, qu’on appelle en latin Pyra panchresta, ou boni christiani. Le bon-chrétien est admirable cuit, quoique sa compote péche en couleur. La Quint.

Bien des gens prétendent que le bon-chrétien ne sauroit réussir en buisson. Il est certain qu’il vient plus beau & plus coloré en espalier. On peut cependant dans les jardins bien exposés élever en buisson des poires de bon-chrétien très-belles, c’est-à-dire, fort grosses, bien faites, avec une peau assez fine, un peu colorée à l’endroit où le soleil donne, & d’un vert propre à jaunir en maturité. La Quint.

Ce mot bon-chrétien, s’est fait par corruption du latin, ou plutôt du grec panchresta, qui signifie, tout-à-fait bon, ou tout-à-fait utile, & composé de πᾶν, tout, & χρηστὸς, bon, utile, de χράομαι, utor.

Il y a le bon-chrétien d’été, & le bon-chrétien d’hiver. Le bon-chrétien d’été est un fruit du mois d’Août. Chomel, Dict. Œconom. dit qu’on l’appelle autrement Graccioli. Le bon-chrétien d’hiver est un fruit cultivé depuis long-temps. L’ancienne Rome l’a connu sous le nom de Crustumium, & de Volemum. C’est encore un des plus beaux fruits qui se voient. Sa figure est longue & pyramidale, sa grosseur est surprenante, de trois ou quatre pouces dans sa largeur, & de cinq à six dans sa hauteur, si bien qu’on en voit fort communément qui pesent plus d’une livre. Il s’en trouve qui en pesent jusqu’à deux. Son coloris naturel est jaune ; il est relevé par un bel incarnat, quand il est dans une belle exposition. Il demeure long-temps sur l’arbre, c’est-à-dire, depuis le mois de Mai jusqu’à la fin d’Octobre, & se conserve ensuite quatre ou cinq mois dans la serre. La poire de bon-chrétien d’hiver est très-bonne cuité, quand on la veut manger un peu avant sa maturité ; & très-excellente crue, quand on lui veut donner le temps d’y parvenir. A la vérité elle n’est pas beurrée, mais elle a la chair cassante, & souvent assez tendre, avec un goût agréable, & une eau douce & sucrée assez abondante, & même un peu parfumée. Son défaut est d’avoir la chair coriace & pierreuse, ou tout au moins peu fine. En Poitou on l’appelle simplement poire de Chrétien. La Quint.

Les poires de bon-chrétien d’hiver en buisson, ou en espalier, ne peuvent que difficilement acquérir sur franc la couleur jaune & incarnate qu’on y souhaite ; il faut de celles-ci sur cognassiers. La Quint. Les buissons de bon-chrétien sur franc font ordinairement leur fruit tavellé, petit, raboteux, &c. Id.

Le bon-chrétien musqué est une des principales poires d’été. La Quint. Il l’appelle ailleurs bon-chrétien d’été musqué. Le bon-chrétien d’été musqué ne vient guère bien que sur franc. La poire est excellente ; elle est bien faite en poire, d’une grosseur raisonnable, & à peu près comme celle des belles Bergamottes : son coloris est blanc d’un côté, & rouge de l’autre ; sa chair est entre cassante & tendre, ayant beaucoup d’eau, accompagnée d’un très-agréable parfum. Il mûrit au mois d’Août. La Quint.

Certains curieux distinguent différentes espèces de bon-chrétien ; le long, le rond, le vert, le doré, le brun, le satiné, celui d’Auche, celui d’Angleterre, celui qui est sans pepin, &c. Mais La Quintinie s’en moque, & dit que tout cela souvent se trouve sur le même arbre, & ne vient que de la différence du fonds, des expositions, des années, de la vigueur ou de la foiblesse de l’arbre ; a qu’au reste la ressemblance non-seulement du bois, des feuilles & des fleurs, qui se trouvent en tous les poiriers de ces sortes de bon-chrétiens, mais sur-tout de la figure de la poire, du temps de sa maturité, de sa chair cassante, & de l’eau sucrée, &c. montrent visiblement que c’est toujours la même espèce. Voyez plusieurs choses curieuses & utiles sur ce fruit dans cet Auteur, T. I, P. III, ch. 1.

Le bon-chrétien d’Espagne est une poire grosse, longue, & bien faite en pyramide, ressemblant tout-à-fait par-là un bon-chrétien d’hiver, d’où lui est venu le nom qu’elle porte ; elle a d’un côté un beau rouge éclatant tout piqué de petits points noirs, & de l’autre côté elle est blanche, jaunâtre : sa chair est cassante : elle a d’ordinaire une eau douce, sucrée, & assez bonne, quand elle est venue dans un bon fonds, & qu’elle est en parfaite maturité ; mais elle a la chair dure, grossière & pierreuse, particulièrement dans les terroirs & les années un peu humides. La Quint.

BONS CORPS. s. m. pl. Milice levée par François II, Duc de Bretagne, dans la guerre qu’il eut en 1468 contre Louis XI. Le Duc en attendant le secours d’Angleterre, fit assembler les forces du pays par l’Amiral de Quenelec, & mit sur pied une nouvelle milice composée de gens du commun les plus robustes que l’on pouvoit trouver, qui fur depuis appelé les Bons corps. La commission de les lever, & de les armer, fut donnée à Rolland de Brefeillac, Maître d’Hôtel, & à Jean de Montbourcher. Lobineau. Il donna ordre qu’on levât parmi les roturiers 10000 hommes effectifs de cette nouvelle milice que l’on appeloit les Bons corps ; gens robustes & de service. Idem.

BONNE-DAME. s. f. Terme de Botanique. Plante que quelques-uns appellent autrement Arrocke & Folette. Atriplex, Blitum. La bonne-dame ne vient que de graines ; on la seme des premières du printemps : elle est des plus promtes à lever, & des plus promtes aussi à monter en graine dès le mois de Juin : on la seme assez claire ; & pour en avoir de belles graines, il est bon d’en replanter quelques pieds à part. La feuille de cette plante est fort bonne en portage & en farce: on s’en sert presque d’abord qu’elle est sortie de terre ; car elle passe fort promptement. La Quint. Chomel.

BONNE DÉESSE. s. f. Terme de Mythologie. Bona Dea. Nom propre d’une Déesse, que les Anciens ont aussi appelée Fauna, & Fatua. Elle avoit été si chaste, que nul homme ne l’avoit jamais vûe, ni su son nom ; aussi les hommes ne pouvoient-ils assister à ses sacrifices, qui ne se faisoient que la nuit, & par les seules femmes. Tibul. L. I, Eleg. VI, v. 22. Juven. Sat. VI, v. 314. Quelques-uns croient que la Bonne Déesse étoit Proserpine, & que c’est pour cela qu’on lui sacrifioit une truie ; parce qu’elle gâte les blés de sa mere Cérès. Les Romains, au rapport de Plutarque, dans la vie de César, la prenoient pour une Nymphe Dryade, femme de Faune. Lactance rapporte, d’après Sext. Clodius, que cette Nymphe ayant bû du vin, contre la coutume des femmes de ce temps-là, Faune son mari la fouetta de verges de myrte jusqu’à la mort ; que dans la suite regrettant son épouse, il la plaça entre les Dieux ; qu’en mémoire de ces faits, la bouteille de vin qui servoit aux libations dans ses sacrifices, étoit enveloppée & couverte, & ne s’appeloit point bouteilles de vin, mais bouteilles de miel ; & que l’on n’admettoit point de myrte dans ces cérémonies. D’autres disent que c’est parce que le myrte est consacré à Venus, & que la Bonne Déesse avoit été très-chaste. Les Vestales étoient les principales de ces Prêtresses. Ce sont elles maintenant qui se rendent propice la Bonne Déesse, par l’effusion de leurs grandes coupes de vin, & par le sacrifice de ce qu’il y a de plus tendre & de plus délicat dans les jeunes truies. P. Tart. Juven. Les secrets qui se pratiquent aux cérémonies de la Bonne Déesse, sont assez connus, quand la flûte incite à danser, & que les Ménades de Priape, transportées hors d’elles-mêmes par le vin & par le bruit du cornet à bouquin, portent leurs cheveux épars, & font ouir des hurlemens. An. de Marolles. Juven.

Les Mythologues prennent la Bonne Déesse pour laterre. Cette Déesse a eu plusieurs noms, & on l’a confondue avec d’autres Divinités : on la trouve nommée Opis, ou Ops, Proserpine, l’ancinnet Vesta, la Grande Mere, la Grande Mere des Dieux, Mere Idéenne, Déesse Phrygienne & Palatine, Mere Bérécynthienne.

Les sacrifices de la Bonne Déesse s’appeloient Mystères, ou Mystères Romais, & se faisoient le 4 Décembre. Voyez Gronovius, Obser. L. IV, c. 9. Il s’y passoit bien des infamies affreuses, comme il paroît par les anciens qui en ont parlé. Lucrece, L. II, v. 598, nous apprend qu’on la dépeignoit en l’air dans un char traîné par des lions, & portant en tête une couronne murale. C’est en effet ainsi qu’elle est représentée sur des médailles de l’Empereur Philippe. Outre les Auteurs cités, Properce, L. IV. Eleg. 10. v. 25 ; Ovide, de Arte, L. III, v. 637, & V. Fast. v. 148 & 153 ; & Joan. Rosin. Antiq. Rom. L. II, C. 19 ; L. III, C. 26, & L. IV, C. 9 ; Struvius, Antiq. Rom. Syntag. p. 122 ; Vossius, de Idol. L. I, C. 12 ; L. II, C. 61, parlent de cette Déesse, ou des sacrifices, &c. Trois inscriptions dans Gruter, p. LXXXI, 11 ; CCXXVII, 1 ; CCXXXVIII, 8', l’appellent Bona Ded. Une autre, p. LXXXII, n. I, lui donne aussi la qualité de Sainte.

B O N Æ D E Æ
S A N C T Æ
S A C R. &c.

BONNE ENTE. s. f. Sorte de poire. Voyez Doyenné. C’est son nom plus ordinaire.

Bonne Espérance. s. f. Terme de Mythologie. Divinité païenne. Bona Spes. Une inscription antique dans Gruter, p. MLXXV, n. 1, porte :

B O N Æ S P E I
A U G. V O T.
P P. T R

Soit que ce fut la même Déesse que l’Espérance, à laquelle ils donnoient quelquefois l’épithète de bonne ; ou plutôt qu’ils distinguassent ces deux Divinités.

BONNE ESPÉRANCE, (le Cap de) est la pointe méridionale de l’Afrique. Il fut découvert en 1498 par Vasquez de Gama, Portugais. On le nomma la Tête d’Afrique, le Cap des tourmentes, le Lion de la mer, parce qu’il est le plus dangereux & le plus long qu’on connoisse. Emmanuel Roi de Portugal, lui donna le nom de Bonne-Espérance, parce qu’après l’avoir doublé, on peut espérer de continuer heureusement sa navigation. Les Hollandois y ont un fort qu’ils appellent le Fort de Bonne-Espérance.

Bon Evénement. Terme de Mythologie. Les Anciens en avoient fait un Dieu, à l’honneur duquel il nous reste encore quelques inscriptions dans Gruter, p. CL, v. 7 & 8. Euphranor avoit fait une statue du Bon Evénement, que Pline décrit, L. XXXIV, C. 8. De la main droite il tenoit une patère, ou coupe, & de la gauche un épi & un pavot. On le voit aussi gravé sur quelques médailles. Varron, De Re Rust. L. I, C. I, met le Bon Evénement au nombre des douze Dieux Consentes, de la campagne, qui passoient pour les conducteurs & les Patrons des laboureurs. Le Bon Evénement est le dernier. On l’invoquoit au commencement des entreprises & des actions plus considérables. Voyez Struvius, Ant. Rom. Syntagma, C. I, p. 149.

Bonne-Fête. Fête solennelle, grande fête. Aller à l’Office les bonnes-fêtes. Il est familier.

Bonne fois. Une bonne fois, c’est-à-dire, sérieusement, absolument, définitivement, à n’y plus revenir. Il lui a dit une bonne fois, c’est-à-dire, définitivement. On dit aussi, une bonne fois pour toutes. Je vous prie une bonne fois pour toutes, ne me parlez plus de cette affaire.

Bonne foi. de bonne foi, en bonne foi, sont des phrases adverbiales qui équivalent à des adverbes affrimatifs ; sincèrement, véritablement, en conscience. Certè, verè, sincerè. De bonne foi le croyez-vous ? En bonne foi lui avez-vous dit cela ? De bonne foi, ou, en bonne foi, je l’ai fait, comme j’ai l’honneur de vous le dire.

Bonne fortune. Evénement heureux où le hasard a beaucoup de part. On le dit de tout ce qui arrive d’avantageux. On peut regarder ce qui vous arrive là comme une bonne fortune.

☞ En matière de galanterie, bonne fortune & faveurs sont des termes synonymes. C’est un hommes à bonnes fortunes. Savoir couper à table & servir ses convives avec dextérité ; mener une intrigue avec adresse ; avoir quelque habileté dans les jeux de commerce & dans la musique ; voilà avec un peu de jargon, ce qui procure tant de bonnes fortunes à nos aimables gens.

Bonne Grâce, se dit de l’agrément d’une personne qui a bonne mine, bonne façon. Corporis venustas, dignitas. Et on dit, se recommander aux bonnes grâces de quelquun ; pour dire, lui demander la continuation de son amitié. Gratia, benevolentia. On dit aussi, vous avez bonne grâce de vous mêler de cette affaire ; tant en parlant sérieusement, qu’ironiquement.

☞ On appelle aussi bonne grâce un lez d’étoffe qu’on attache vers le chevet & les pieds du lit, pour accompagner les grands rideaux.

BONS-FIEUX. Freres Pénitens du Tiers Ordre de Saint François, appelés communément les Bons-Fieux. C’est une Congrégation de cet Ordre qui commença à Armentière, petite ville de Flandre, l’an 1615, par cinq Artisans fort pieux, qui ne pouvant être reçus chez les Capucins, firent une petite Communauté qui subsista ainsi jusqu’en 1626, qu’ayant pris la Règle du Tiers Ordre de Saint François, ils se soumirent au Provincial des Récollets de la Province de Saint André, & au Directeur du Tiers Ordre du Couvent d’Arras. En 1670, ils soumirent leur Congrégation aux Evêques des lieux où leurs maisons étoient situées. En 1679, Louis XIV leur donna la direction de ses hôpitaux de terre & de marine à Dunkerque, à Bergue, & à Ypres. Chaque famille ou maison est gouvernée par un Supérieur, un Vicaire & trois Conseillers. Chaque famille a aussi un Directeur ecclésiastique de la part de l’Evêque, pour y faire la visite. Le peuple a toujours appelé ces Tertiaires Bon-Fieux, ou Bons Fils. Ils suivent la Règle de Leon X, pour le Tiers Ordre de Saint François, excepté qu’ils commencent leur Avent à la Toussaint, au lieu de la S. Martin. Ils ne portent point de linge, & couchent tout habillés sur des paillasses. Voyez le P. Héliot, T. VII, C. 44.

Bon henri. Bonus henricus. Chenopodium folio triangulo, Inst. R. Herb. Sa racine est vivace, grosse, épaisse, chargée de quelques fibres, jaunâtre, amère & âcre au goût. Elle pousse plusieurs feuilles triangulaires, assez semblables à celles des épinars, ou du pied de veau. Elle donne aussi plusieurs tiges hautes d’un pied, en partie droites, en partie couchées sur terre, cannelées, creuses, succulentes, & garnies de feuilles plus petites que celles du bas, également charnues, & pareillement triangulaires, vertes en dessus, & quelquefois couvertes en dessous d’une poussière blanche, & d’un goût nitreux. Ses fleurs naissent en épis à l’extrémité des tiges, comme l’amaranthe : chaque fleur est à cinq étamines soutenues par un calice verdâtre découpé en cinq parties ; le pistil devient une semence noire, taillée en rein, & renfermée dans une enveloppe qui a servi de calice à la fleur. On mange les fleurs de bon henri, de même que celles des épinars ; c’est pourquoi on les a pris pour des épinars sauvages. Il est bien émollient, & par cette raison anodyn : on s’en sert en cataplasme pour soumager les oduleurs de la goutte. Appliqué extérieurement, il est vulnéraire & détersid, préservant les plaies des vers & de la pourriture.

Bon homme, se dit d’un vrai homme de bien, qui ne peut faire de mal. Vir probus, vir frugis ; & d’un homme simple, qui ne songe à aucune malice, qui a peu d’esprit, ou de pénétration, qui n’entend point de finesse, qui croit légérement. Vir simplex. On le dit tout de même d’une femme, ou d’une fille. Que vous êtes bonne  ! est-ce qu’on épouse un homme riche pour l’aimer ? On se marie simplement pour se mettre à son aise. On dit, les soldats pillent le bon homme ; c’est-à-dire le paysan. On appelle un vieillard, un bon homme. Senex. Une vieille femme, une bonne femme. Vetula.

Bons-Hommes. C’est le nom de certains Religieux que le Prince Edmond établit en Angleterre en 1259. Ils portoient un habit bleu, & professoient la règle de S. Augustin. Quelques-uns croient que leur institut étoit celui du bienheureux Jean le Bon, qui vivoit en ce temps-là, & qui les faisoit appeler Bons-Hommes. On appeloit aussi Bons-Hommes les Religieux de l’Ordre de Grandmont. Ils furent établis dans le bois de Vincennes, près de Paris, & les Minimes qui leur succéderent dans cette maison, en prirent le nom de Bons-Hommes. Cependant aujourd’hui on appelle Bons-Hommes les Minimes d’un autre Couvent, que ces Religieux ont à Chaillot au-dessous de Paris ; & ceux de Vincennes ne s’appellent plus guère que les Minimes de Vincennes. Quelques-uns disent que les Minimes en général ont été appelés Bons-Hommes, à cause que le Roi Louis XI appeloit S. François de Paule leur fondateur le bon homme. Voyez l’Hist. de Sablé de Ménage.

Les Hérétiques Albigeois se faisoient aussi appeler Bons-Hommes ; ou du moins des Hérétiques qui étoient dans la Province de Toulouse, lesquelles furent condamnés par un Concile, ou plutôt Sentence arbitrale donnée en l’an 1176, entre les Catholiques & les gens de guerre qui les soutenoient, & qui étoient dans Lombers, ville aujourd’hui détruite, à cause de la rébellion de ses habitans. C’est tout ce qu’en dit Catel, Hist. de Langued. Liv. II, pag. 350. Homines boni. Ces prétendus Bons-Hommes, interrogés par Gaucelin, Evêque de Lodève, l’un des Juges qui avoient été choisis, répondirent qu’ils ne recevoient point la loi de Moyse, ni les autres livres de l’ancien Testament, mais seulement le nouveau ; qu’ils n’exposeroient point leur foi, s’ils n’étoient forcés, mais qu’on ne devoit point y être contraints. Ils refuserent de répondre sur le Baptême des enfans, & sur l’état du mariage. Ils dirent que tout homme de bien, tant clerc que laïque, consacroit le Corps de Notre Seigneur ; qu’il suffisoit aux malades de se confesser à qui ils voudroient ; que la confession seule suffisoit ; que S. Jacques ne parloit que de cela, & nullement de contrition du cœur, ni de satisfaction & d’œuvres de pénitence ; qu’ils ne vouloient pas être meilleurs que cet Apôtre, ni rien ajouter du leur ; qu’on ne doit jamais faire aucun serment ; que si les Evêques & les Prêtres semblables à ceux qui livrerent Jésus-Christ à la mort ; & qu’il ne faut point leur obéir. Tous ces points montrent que c’étoit des Albigeois, c’est-à-dire, des vrais Manichéens. Les Conciles donnerent à ces hérétiques différens noms. Ils les appelerent les hérétiques Toulousains, les Ariens, les nouveaux manichéens de Toulouse, les hérétiques provinciaux, les Bulgares, & en langue gascone, vulgaris. Mais ayant comparu dans le Concile d’Albi en 1176, après y avoir soutenu les dogmes dont parle S. Bernard, & quelques-autres, ils y prirent eux-mêmes le nom de Bons-Hommes, & depuis la sentence que l’on prononça contre eux dans cette assemblée, ils furent nommés Albigeois. P. Benoît. Ils continuerent à donner le nom de Bons-Hommes aux plus parfaits d’entr’eux. Voyez le mot Parfait; Les autres s’appelerent Croyans. Voyez ce mot.

Les Bons-Hommes de Caria. C’est le nom que l’on donne aux Religieux du Tiers Ordre de S. François, établis en 1443 à Caria, bourg du diocèse de Laméga, en Portugal. P. Hélyot, T. VII. C. 36.

Les Bons-Hommes de Villar de Fradez, sont des Chanoines séculiers fondés en Portugal par Jean de Vicenze, célèbre Médecin, & Professeur des Belles-Lettres à Lisbonne. Ils furent mis en possession du Monastère de Saint Sauveur de Villar de Fradez en 1425. Ils prirent les Constitutions de S. Georges in Alga de Venise, & furent approuvés par Martin V, sous le titre de Bons-Hommes de Villar de Fradez. On les appela aussi du nom de leur Monastère, les Bons-Hommes de Villar de Fradez. Isabelles, femme du Roi Alfonse V, leur a bâti un Monastère hors des murs de Lisbonne, sous le titre de Saint Jean l’Evangéliste ; & cette Princesse, qui avoit beaucoup de dévotion à ce saint Apôtre, obtint d’Eugène IV, que cette Congrégation ne s’appelleroit plus à l’avenir du nom de Saint Sauveur de Villar de Fradez, mais de Saint Jean l’Evangéliste. Ils ne font point de vœux en Portugal. Pie V les y a obligés en Italie. Il y a aussi des Chanoinesses de cet Institut.

Bon-Hommes. Ce nom est aussi donné aux Grandmontains, ou Religieux de l’Ordre de Grandmont. P. Hélyot, T. VII. p. 414.

Bon Jour, est une fête solennelle. Dies solemnis. Faire son bon jour, c’est recevoir le S. Sacrement de l’Eucharistie. Sacro Christi corpore refici. Donner le bon jour, c’est faire un compliment à une personne pour lui souhaiter une heureuse journée. Salutem dicere. Et on dit absolument, bonjour ; pour dire, Dieu vous garde. On dit aussi, bon jour & bon an, le premier jour de l’année. Faustum diem & annim apprecari.

Quand on parle de quelque action mauvaise faite en un jour solennel, on dit, bon jour, bonne œuvre.

Bonne-heure. Dans le sens dont nous avons parlé, on dit, il y a une bonne-heure.

☞ On dit adverbialement de bonne-heure, tôt. Venez de bonne-heure. Il est de bonne-heure, par apposition à tard. Vous arrivez à la bonne-heure, à propos.

☞ On dit aussi à la bonne-heure, pour marquer une espèce d’approbation. Cela est fait, à la bonne-heure.

Bonne maison. Famille noble. Clara, illustris domus. Être de bonne maison, être d’une ancienne famille.

Faire bonne maison, en parlant de quelqu’un qui a famille, c’est mettre ses affaires en bon état. On l’a traité en enfant de bonne maison ; pour dire, on l’a bien châtié. On dit, un bon logis, en parlant d’une hôtellerie où on est bien traité.

Bonne de nage. Terme de Marine. On dit qu’une chaloupe est bonne de nage, lorsqu’elle est facile à manier, & qu’elle passe ou avance bien à l’aide des seuls avirons.

Bonne-voglie. Terme emprunté de l’italien, buona voglia, bonne volonté. On prononce comme dans olle, en mouillant les ll. Galérien volontaire ; celui qui se loue volontairement pour ramer sur une gaère, & qu’on appelle communément Marinier de rame. Ramex voluntarius. Il y avoit vingt bonnes-voglies sur cette galère.

☞ On dit adverbialement, de bonne-voglie, faire quelque chose de bonne-voglie ; pour dire, de bonne volonté. Ménage a tort d’écrire bonne vouille.

Bon mot, se dit de quelque trait sententieux, ou plaisant, d’une bonne rencontre. Acutè, ingeniosè dictum. Il y a des gens qui se piquent d’être diseurs de bons mots. M. Pascal dit que le caractère de diseurs de bons mots est un mauvais caractère. Un bon mot, dit un Auteur récent, est un sentiment vivement & finement exprimé sur les choses qui se présentent, ou une repartie prompte & ingénieuse sur ce qui a été dit auparavant. Un bon mot ne doit point rouler sur un jeu de mots, ou sur une équivoque, il faut qu’un bon mot puisse être traduit en toutes sortes de langues sans rien perdre de sa justesse. Bon mot, selon le P. Bouhours, est ce que les Anciens nommoient apophthegme, ce que les Italiens appellent motto, & les Espagnols agudeza : c’est un mot spirituel à quoi on ne s’attendoit pas, & qui renferme d’ordinaire une raillerie fine ; par exemple, une Dame Espagnole se confessant à un Prêtre qui voulut savoir qui elle étoit, & qui lui demanda son nom, elle lui répondit, Padre, mi nombre no es pecado ; c’est-à-dire, mon Pere, mon nom n’est pas un péché. L’auteur du Traité des bons mots, croit que le bon mot est différent de l’apophthegme, parce que l’apophthegme est d’ordinaire grave & instructif, & le propre du bon mot est de réjouir en instruisant, comme ce que dit Vespasien en mourant à ses courtisans, je sens bien que je deviens Dieu.

Et Martial est-il un sot ?
Non, & ses traits ont de quoi plaire ;
Mais il court après un bon mot :
Horace attend tout au contraire
Que le bon mot vienne s’offrir,
Et sans qu’il s’en fasse une affaire,
Il sait l’attirer sans courir. P. du Cerc.

Bon succès. Nom d’un faux Dieu. Voyez Bon événement.

Bon visage, signifie nom seulement un visage sain, mais aussi un accueil favorable, doux, riant, un témoignage qu’on donne à ses amis, qu’ils sont les bienvenus. Vultus hilaris, læta front as placida.

Bon, sert quelquefois d’interjection, tant pour faire une exclamation, Bon Dieu ! Bone Deus ! Donne Vierge ! que pour faire une ironie, en se moquant d’une proposition. Vous me menacez, bon, je ne vous crains pas ; ou pour exciter à poursuivre, bon, courage ; bon, suivez. Euge, fortiter, bellè.

Bon, est quelquefois substantif, & désigne la qualité louable de la personne ou de la chose dont on parle. Cet homme a du bon et du mauvais. Le bon de l’affaire, veut dire l’avantage qu’on y trouve. Le bon du conte, c’est le trait plaisant, le sel qui s’y rencontre. Le bon & le beau sont les objets de nos affections. Dans cet ouvrage il y a du bon & du mauvais. On dit aussi, qu’un homme a du bon, du revenant bon dans une affaire ; pour dire, qu’il y a profité. On dit aussi, qu’une armée a eu du bon ; pour dire, qu’elle a eu la victoire, ou quelque avantage sur ses ennemis. On dit aussi, qu’un homme est en ses bonnes ; pour dire, qu’on l’a trouvé dans une disposition favorable d’accorder une demande. On dit aussi, il la lui a gardé bonne ; pour dire, il a conservé son ressentiment jusqu’à une occasion de se vanger. Et on dit, du bon du cœur ; pour dire, sincèrement & avec affection. Trouver son bon, c’est, trouver un parti plus avantageur que celui qu’on avoit auparavant. On dit aussi, cela ne présage rien de bon ; pour dire, c’est l’avant-coureur de quelque mal. On dit encore, faire bon ; pour dire, répondre de quelque chose, assurer qu’elle est. Vous pourrez demeurer méchant garant de tout le mérite dont vous leur avez fait bon en moi. Comtesse de B.

Le bon est toujours fort aimable ;
Il est l’objet de notre cœur,
Rien au monde n’est si flatteur ;
Sous ce nom tout est désirable.

☞ Quand on dit le bon du Roi, le bon du Ministre, le bon d’un Banquier, &c. on entent l’agrément du Roi, le consentement du Ministre, l’acceptation du Banquier. Voyez ces mots.

Bon s. m. Terme de Jardinage. Nom qu’on donne à deux espèces de pommes assez mauvaises. Il y a le gros bon & le petit bon.

Bon. s. m. C’est, suivant Prosper Alpin, dans son Traité des Plantes d’Egypte, le nom qu’on donne en ce pays-là au fruit du café.

Bon. s. m. Terme de relation. C’est le nom d’une fête que les Japonnois célèbrent tous les ans à l’honneur des morts. Ce jour-là on voit à chaque porte des chandelles allumées, & chacun courir aux tombeaux chargé de plats pleins de mets exquis qu’ils offrent aux morts. Ambass. des Holl. au Jap. 1. pag. 114.

Bon, se dit quelquefois absolument & adverbialement. Boire du bon, on sous-entend, vin. Il fait bon vivre en ce pays-là ; pour dire, on y vit à bon marché. On dit aussi, il fait bon vivre, & ne rien savoir, on apprend toujours. Il fait bon battre glorieux, il ne s’en vante pas. Il fait bon être en la compagnie des honnêtes gens. Tenir bon, c’est se défendre avec courage, disputer avec opiniâtreté. Faire bon, promettre de payer pour soi, ou pour autrui. A quoi bon tant de soins, pour dire, que sert-il ? sentir bon, pour dire, exhaler, ou ressentir une odeur agréable. Couter bon, ou bonne ; pour dire, faire quelque grande perte en acquérant quelque chose peu considérable. On dit aussi, tout de bon, à bon essient ; pour dire, sérieusement, & sans jeu ni fiction. On dit aussi qu’un homme trouve bon quelque chose, lorsqu’il l’approuve, qu’il la goûte bien, tant au propre qu’au figuré. Et on dit absolument, bon bon cela, quand il demeure d’accord. On dit aussi, il y fait bon ; pour dire, l’occasion est favorable. Il fait bon avec ce Seigneur ; pour dire, on fait fortune avec lui. On dit aussi, il y fait bon ; pour dire, il y fait sûr, ou pour dire, le temps, l’occasion est favorable pour faire une telle chose. Il fait bon passer le rivière à ce gué. Il fait bon se fier aux gens d’honneur. Ce drap est d’un bon user. On dit au Palais, comme il avisera bon être, comme bon lui semblera.

Bon, se dit proverbialement en ces phrases. Les bons pâtissent pour les mauvais, quand on fait un mauvais jugement de plusieurs personnes du même genre, quoiqu’il y en ait parmi de fort innocens. On dit, que les bons maîtres font les bons valets ; pour dire, qu’il faut qu’il y ait de la douceur & de l’amitié réciproque entre les maître & les valets. Les bons comptes font les bons amis. A tout bon compte revenir. Recevoir une somme à bon compte. On dit aussi, jouer bon jeu, bon argent ; pour dire, qu’il faut bien payer quand on joue sérieusement. On dit aussi, bonne mine & mauvais jeu ; pour dire, ne pas faire paroître tous les chagrins qu’on a dans l’ame, ou cacher ses méchantes affaires. Contre fortune bon cœur, pour dire, qu’il faut de la constance dans les adversités. On dit aussi, à bon entendeur salut, quand on fait quelque reproche ou réprimande à quelquun en paroles couvertes. On dit, avoir bon pied & bon œil ; pour dire, être alerte, avoir l’esprit présent pour ne se pas laisser surprendre, prendre garde à tout. On dit, bon jour, bonne œuvre ; pour, dire que les méchans prennent l’occasion des bonnes Fêtes pour faire leurs crimes, lorsqu’on s’en défie le moins. On dit, à bon chat, bon rat, de ceux qui se battent avec forces égales. On dit aussi d’un homme doux & simple, que c’est un bon Prince. On dit aussi, mettre quelqu’un sur le bon pied, non-seulement pour établir sa fortune, & le faire paroître avec éclat, mais encore pour le mettre en disposition d’obéir, de ne point contredire. On dit aussi, à quelque chose malheur est bon ; pour dire, qu’un habile homme peut profiter des malheurs qui lui arrivent. On dit aussi à un homme qui fait trop de cérémonie pour se couvrir, couvrez-vous, la chaleur vous est bonne. On dit aussi, qu’un homme n’est bon à rien, n’est bon qu’à noyer, n’est bon ni à rôtir, ni à bouillir, n’est bon à aucune sauce ; pour dire, que c’est un homme inutile, qui n’est propre à quoi que ce soit. On dit aussi, qu’on ne seroit pas bon à jeter aux chiens, si on avoit fait une telle chose ; pour dire, qu’on attireroit l’indignation publique sur soi. On dit aussi, que ce qui est bon à prendre est bon à rendre, de ceux qui s’emparent du bien d’autrui injustément, & par provision. On dit encore, un bon averti en vaut deux ; pour dire, un homme est bien plus fort quand il a pris ses précautions. On dit qu’un valet est allé à la bonne eau, quand il est long-temps à revenir. On dit aussi, qu’un homme ne tirera rien d’un autre par le bon bout ; pour dire, qu’il n’en aura rien que par la force, par la voie de la Justice. On dit aussi, qui bon l’achete, bon le boit ; pour dire, qu’on ne trouve de l’avantage qu’à acheter de bonnes denrées. On dit aussi, tout cela est bel & bon, mais l’argent vaut mieux, à ceux qui apportent des raisons & des excuses pour ne point payer. On dit aussi, qu’un homme est un bon Gaulois ; pour dire, qu’il est à la vieille mode ; qu’il est bon françois ; pou dire, fort affectionné à sa patrie ; &, en bon françois ; pour dire, s’expliquer franchement, & sans rien déguiser. Une bonne suite vaut mieux qu’une mauvaise attente. On disoit autrefois, bon prou vous fasse, je souhaite que cela vous profite.