Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOULEVART

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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BOULEVART. s. m. (Quelques-uns écrivent Boulevard) terme d’ancienne fortification, synonyme avec bastion, qui est seul en usage aujourd’hui dans l’art militaire. Voyez Bastion.

À Paris on appelle Boulevart, le terrein du grand Bastion de la Porte saint Antoine ; & cette partie a donné le nom à tout le rempart, c’est-à-dire à cette promenade plantée d’arbres autour de la Ville. Se promener sur le Boulevart. C’est là que les Bâteleurs, les Farceurs, les Histrions de toute espèce, amusent ce qu’on appelle la bonne companie, & la populace.

Nicot dérive ce mot de boule, & waer mot flamand, ou du picard ward, qui signifie garder, comme qui diroit défense contre les boulets. Turnebe croit qu’il vient de boules vertes. D’autres le dérivent de l’Italien balaordo, ou de l’Espagnol balvartè, qu’on a dit aussi dans la basse latinité. Mais Ménage croit qu’il vient de l’Allemand bolverk, qui signifie ouvrage de poutre ; bol signifiant poutre, & werk, ouvrage : ce qu’il a dit d’après Hotman. Du Cange le dérive de burgwart, quod burgum servat & tuetur. Les Grecs modernes ont fait de ce mot leur Βολερος.

☞ Ne pourroit-on pas dire que Boulevart vient des mots boule, corps sphérique avec lequel on joue, & vert, verdure, gazon. Boulevart, gazon où l’on joue à la boule. On a dit dans la suite Boulevart ; mais le peuple a conservé l’ancien mot, et prononce encore Boulevert. Je crois avoir vu cette étymologie quelque part.

Boulevart, se dit figurément des places fortes qui couvrent tout un pays, & qui en défendent l’entrée aux enemis. Propugnacula. Rhodes étoit autrefois le boulevart de la Chrétienté. Le Tygre et l’Euphrate sont les deux puissans boulevarts de ce Royaume. Vaug.