Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRUTAL

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 99).
◄  BRUT

☞ BRUTAL, ALE, adj. On désigne par cette épithète, un caractère féroce & emporté, un homme qui tient de la bête brute. Ferox, belluinus, ferinus. Homme brutal. Valeur, passion brutale ; employé substantivement, il désigne un homme féroce & grossier. C’est un brutal, un franc brutal. Ce repos brutal contre la crainte de l’enfer, semble si beau, que ceux qui sont dans ce doute malheureux s’en glorifient. Pasc. Un débauché n’a que des appétits brutaux. Un franc brutal contestant comme un diable. Scar. Il n’y a point d’homme si brutal, ou si sauvage, qui ne voie avec plaisir son nom immortalisé. Pat. Je ne suis pas surpris de la vaillance d’un brutal, qui ne sait ce que c’est d’être vivant ou mort. Le Ch. de Mer. Ces esprits brutaux étoient rendus plus farouches par la guerre, & par le désespoir du pardon. Vaug. Il va aussi à la dissolution & à la corruption des mœurs. La licence effrénée de ces brutaux avoit rendu le nom des Macédoniens odieux. Vaug.

L’homme seul, l’homme seul en sa fureur extrême,
Met un brutal honneur à s’égorger soi-même. Boil.

Brutal, se dit aussi d’un homme qui ne sait pas vivre, qui ne ménage personne, & qui brusque tout le monde. La fortune avec toute sa puissance, ne pourra jamais apprivoiser un brutal & polir la rudesse de ses mœurs. Balz. On dit, il m’a fait une réponse fort brutale ; c’est-à-dire, fort incivile, fort mal-honnête. Brutal emporte plus que grossier, & y ajoute quelque chose de dur & de choquant. Bouh. La valeur naturelle est brutale. M. Scud.