Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CADMUS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 142).
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CADMUS. s. m. Nom d’homme. Cadmus. C’est un Dieu des habitans de Gortyne, ville de Créte, où Europe sa sœur fut aussi honorée comme une Divinité. Ce Cadmus, est ce Phénicien fils d’Agenor, Roi de Tyr, selon quelques-uns, & selon d’autres, Roi de Sidon. Les Sidoniens disent encore dans Euhemère de Cos, cité par Athénée, que Cadmus n’étoit pas fils du Roi, mais cuisinier du Roi de Sidon, c’est-à-dire, chef, Prince des Cuisiniers, שר הטבחים, tels qu’étoient dans l’Ecriture Putiphar, Arioch & Nabuzardan. C’étoit un de ces Cedmonéens, dont parle Moïse, Gén. XV, 19, c’est-à-dire un de ces Phéniciens Orientaux, ou de ceux qui habitoient la partie orientale de la terre de Chanaan, apparemment proche du mont Hermon : car on dit que sa femme s’appeloit Hermione, ou Harmonie, probablement du Phénicien, חרומני, habitant du mont Hermon. Tout le reste de l’histoire de Cadmus s’explique de même par le moyen du Phénicien. Car 1°, il fit, il produisit des soldats : c’est une expression Phénicienne, pour dire, il leva, il assembla. 2°. Ces soldats devinrent serpens : c’est qu’ils étoient Hévéens, היוים, & qu’en Phénicien, aussi-bien qu’en Chaldéen, ce mot signifie un serpent. 3°. Ils furent produits des dents d’un serpent ; c’est, dit Bochart, qu’en Phénicien שני נבש, dents de serpens, signifie aussi lances d’airain ; c’étoient les armes dont Cadmus arma ses gens, car il passe pour être l’inventeur de l’airain, dit Hygin, ch. 274 ; vraisemblablement parce qu’il en apporta en Grèce de Phénicie, ou peut-être de Chypre, & l’y fit connoître. 4°. Enfin, on dit que ces soldats s’entretuerent, de sorte qu’ils furent réduits à cinq ; c’est une mauvaise explication du mot חמש, qui signifie cinq, & encore expeditus, accinctus, &c. prêt au combat, déterminé, alerte. Ainsi, au-lieu de dire qu’il avoit une troupe de cinq hommes seulement, il falloit dire une troupe de gens fort aguerris, déterminés, alertes au combat, comme Exode XIII, 18. C’est ce Cadmus qui apporta les lettres en Grèce, au moins seize, α, ϐ, γ, δ, ε, ι, κ, λ, μ, ν, ο, π, ρ, σ, τ, υ.