Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CADMIE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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CADMIE. s. f. Terme de pharmacie. Cadmia. C’est une espèce de minéral qui est de deux sortes. Il y a la cadmie naturelle & de l’artificielle. La cadmie naturelle est encore de deux sortes : l’une contient des parties métalliques, & l’autre n’en contient point. La première, qu’on appelle cobaltum, est un minéral terrestre, de couleur presque noire, & qui contient quelques parties de cuivre ou d’argent. On en tire beaucoup d’Allemagne : elle est fort caustique & corrosive, de sorte qu’on la met au rang des poisons. La cadmie naturelle, qui est privée des parties métalliques, est autrement appelée calamine, ou pierre calaminaire. Voyez Calamine. La cadmie artificielle se fait dans les fournaises de cuivre, dont il y a de cinq sortes. La première est appelée botrytis, parce qu’elle a la forme d’une grappe de raison ; la seconde ostracitis, qui est faite comme un test ou coquille : la troisième placitis, parce qu’elle ressemble à de la croute ; la quatrième capnitis : la cinquième calamitis ; celle-ci s’attache autour des perches de fer, avec lesquelles on remue la matière de cuivre dans la fournaise, laquelle étant secouée, a la figure d’une plume, qu’on nomme en latin calamus. La cadmie botrytis se trouve à la partie moyenne de la fournaise ; l’ostracitis dans la partie basse ; la placitis dans la partie la plus brute, & la capnitis à la bouche de la fournaise. La cadmie est dessicative & détersive : on s’en sert dans les ulcères humides & puants, qui se cicatrisent par son moyen. La botrytis & la placitis sont aussi très-bonnes dans les maladies des yeux.

☞ La cadmie, disent les Encyclopédistes, est une substance semi-métallique, arsénicale, sulfureuse & alcaline, qui s’attache comme une croûte aux parois des fourneaux où l’on fait la première fonte des minéraux. On la nomme cadmia fornacum. Cadmie des fourneaux, pour la distinguer de la pierre calaminaire qu’on appelle quelquefois cadmia fossilis, cadmie fossile, parce qu’elle a toutes les propriétés de la cadmie, avec cette différence que la pierre calaminaire est une production de la nature, au lieu que la cadmie des fourneaux est une production de l’art.

☞ La différence des cadmies vient de la diversité des minéraux dont les vapeurs les produisent.

☞ Il semble que les Auteurs qui ont écrit sur la cadmie aient cherché à la défigurer par les différens noms grecs que nous avons rapportés dans le premier article, qui ne marquent dans leur étymologie que la figure différente qu’elle prend, & la place qu’elle occupe dans le fourneau. C’est un plus grand mal encore de la confondre avec d’autres substances avec lesquelles elle n’a que quelques points de conformité, comme la Tutie, le Pompholie, &c. La Tutie est un bon remède pour les maux d’yeux ; la Pompholie pour dessécher les plaies. Où en seroit-on si on employoit pour ces usages la cadmie, qui est presque toujours mêlée de parties arsénicales ?