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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHANCE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 419).

CHANCE. s. m. Premier coup de dez qu’on jette pour en faire jouer un autre. Primi tesserarum jactus, fortuita puncta. Ainsi on dit, livrer chance à quelqu’un, pour lui donner lieu de jouer un coup ensuite.

Chance, se dit non seulement pour le point qu’on livre à celui contre lequel on joue aux dez, mais encore de celui qu’on amène pour soi-même. On livre chance à quelqu’un ; & l’on amène sa chance.

On dit figurément, livrer chance à quelqu’un ; pour dire, défier, provoquer quelqu’un à la dispute.

Ce mot vient du latin cadentia, selon quelques-uns ; mais il y a plus d’apparence qu’il vient de chance, vieux mot celtique, ou bas-breton, qui signifie cas fortuit.

Chance, est aussi un jeu particulier de dez qui se joue avec certaines règles, & qui ne tombe que sur certains points. Certus tesserarum jactus.

Chance, signifie figurément coup heureux, ☞ un événement heureux, qui dépend du pur hasard. En quoi le mot chance est distingué du bonheur qui s’étend à tous les événemens. On peut, par une sage conduite, contribuer à son bonheur. On ne peut augmenter sa chance.

Votre arrivée m’a porté chance. On dit que la chance a tourné, lorsque d’heureux au jeu qu’on étoit, on devient mal heureux. Fortuna vertit. J’ai gagné au commencement ; mais la chance a tourné.

L’an passé, qu’un dessein quelque peu hasardeux
Vous avait fait sortir de France,
A tel jour qu’aujourd’hui je fis pour vous des vœux,
Et mes vœux vous ont porté chance, R.

On dit proverbialement, chance vaut mieux que bien jouer. Fi du jeu qui n’a chance ; pour dire que quelque précaution que l’on prenne, rien ne réussit quand on est malheureux.

On dit proverbialement, qu’un homme a conté sa chance ; pour dire, son histoire, sa bonne ou mauvaise fortune.