Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CLÉMATITE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 632-633).
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CLÉMATITE. s. f. Clematitis. Plante ordinairement sarmenteuse, & dont on cultive dans les jardins certaines espèces à cause de la couleur de leurs fleurs. Celles-ci sont vivaces, & grimpent sur les corps voisins. Leurs sarmens sont menus, garnis de feuilles qui sont au nombre de trois, portées sur une même queue. Elles sont arrondies, lisses, d’un vert-gai, & âcres au goût, quelquefois échancrées, quelquefois entières, sans aucune dentelure sur leurs bords. Leurs fleurs, quoique sans odeur, ne laissent pas d’être agréables ; elles sont composées de quatre pétales, longs d’un pouce, disposées en croix, & bleuâtres dans certaines espèces, purpurines ou violettes dans d’autres. Ce nombre de pétales venant à augmenter, la fleur devient double, plus agréable & plus recherchée ; ce n’est cependant qu’une monstruosité. Le milieu de ces fleurs est garni d’un nombre considérable d’étamines. Le pistil, après la chûte des étamines & des pétales, devient un fruit chargé de plusieurs semences, ramassées en tête, & terminées chacune par une barbe fine, pareille à celle d’une plume. Cette plante est nommés par la Botanistes Clematitis cærulea, vel purpurea repens, flore simplici, vel multiplici. Elle croît en Italie & en Espagne dans les haies.

On pourroit joindre à celle-ci la Clématite qui a été observée en Hongrie par Clusius. Clematitis Pannonica. Elle diffère de la précédente 1°. par ses sarmens, qui se tiennent droits ; 2°. par ses feuilles, qui sont seules sur une queue, & toujours opposées deux à deux le long des tiges ; 3°. par sa fleur, qui est plus grande, & bleuâtre cependant, & qui donne pareillement des semences barbues.

La plante qu’on pourroit appeler Clématite ordinaire, Clematitis silvestris, latifolia, est connue sous le nom d’herbe aux gueux, parce qu’étant fort âcre & fort brûlante, elle sert à ces sortes de gens pour entretenir ou augmenter les ulcères de leurs corps, & exciter par-là la compassion. On trouve cette Clématite dans les haies, & dans les bois du Royaume. Ses tiges sont sarmenteuses, s’étendent beaucoup, & sont chargées de feuilles au nombre de trois ou de cinq, portées sur une queue ; les feuilles sont dentelées, & même échancrées assez profondément sur leurs bords : leur couleur est foncée : & elles sont brûlantes au goût. Leurs fleurs naissent par bouquets, elle sont blanchâtres, à quatre pétales, petites à proportion des précédentes, de bonne odeur, & donnent des semences barbues ramassées en tête, de manière qu’on diroit de loin que ce sont des flocons de laine.

Il vient en Languedoc une autre espèce de Clématite qui est plus petite que celle-ci dans toutes ses parties, qui rampe ordinairement, & qui a ses feuilles plus menues, d’un vert plus gai. On la nomme Clematitis tenuifolia, sive flammula repens. On auroit peine à trouver une plante plus brûlante au goût que cette dernière espèce.

Ce mot vient de κλῆμα, Verge.