Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONDUIT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 784-785).
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CONDUIT, UITE. Il a les significations du verbe. Voilà un buisson, un espalier conduit avec beaucoup d’art. La Quintinie se sert aussi très-souvent de ce mot. L’attachement du peuple à l’erreur n’est qu’un amour de la vérité mal conduit. Bayl. Une femme se décrie plus par des apparences mal ménagées, que par une intrigue conduite prudemment. S. Evr.

Conduit, en termes de peinture, signifie dirigé, ménagé, distribué. Des jours & des ombres conduits judicieusement. Félibien a dit : un tableau bien conduit de couleurs, c’est-à-dire, où les couleurs sont ménagées & distribuées avec art.

Conduit. s. m. Canal ou tuyau par où coulent les eaux ou autres choses fluides. Meatus, aquæ ductus. La terre a plusieurs conduits souterrains, par où passent les vapeurs qui forment les métaux & les minéraux. Les conduits artificiels, pour conduire les eaux, sont de pierre, de plomb, de fer fondu, d’aune, de poterie, &c. On dit qu’en la province de Mexique, il y a un conduit souterrain en forme de grotte qui dure 200 lieues.

Conduits à vent, terme d’Architecture. Soupiraux ou lieux souterrains, dans lesquels les vents se conservent frais, & sont communiqués par des tuyaux dans les appartemens d’une maison, pour les rafraîchir dans les grandes chaleurs.

Ce mot conduit vient de conduire, parce qu’un canal conduit les eaux, ou les autres choses fluides, dans le lieu où l’on veut qu’elles se rendent. On trouve conductus au même sens dans la plus basse latinité, comme dans la vie de sainte Françoise. Act. Sanct. Mart. T. II, p. 104. A.

En termes de Médecine, on appelle conduits, les veines, artères, & autres vaisseaux par où les humeurs, les esprits, &c. se communiquent dans le corps. La gravelle bouche les conduits de l’urine. On a découvert les conduits salivaires. L’esquinancie bouche les conduits de la respiration. Les maladies viennent souvent d’obstruction, parce que les conduits sont bouchés. On découvre toujours en anatomie de nouveaux conduits. Les conduits biliaires qui sont en fort grand nombre dans le foie & servent à porter la bile dans le vésicule du fiel, ou dans le duodenum. M. Anel a fait une description nouvelle & très-exacte du conduit lacrimal dans son étendue, depuis les points lacrimaux jusques dans le lieu où il s’ouvre dans l’intérieur du nez.

Conduit (Le) de Pecquet, qu’on appelle aussi canal thorachique, est une nouvelle découverte qui a été faite en l’année 1651, par Jean Pecquet, Médecin de Dieppe. C’est un canal de la grosseur d’une petite plume d’oie, qui commence au réservoir du chile, situé sous le diaphragme, entre les muscles psoas. Il monte le long des vertèbres du dos, entre les côtes & la plèvre, & va aboutir à la veine souclavière gauche. Cette belle découverte renverse le sentiment des anciens, qui croyoient que le chile étoit porté par les veines mésaraïques au foie pour y être converti en sang. On fait voir clairement, & personne n’en doute aujourd’hui, que le chile est porté par le moyen du conduit de Pécquet dans la veine souclavière gauche, où il se mêle avec le sang, & de-la dans le ventricule droit du cœur par la veine cave descendante. Canalis Pecqueti ou Peccetti.

Conduit de la pudeur. C’est le nom que les Médecins donnent au cou de la matrice de la femme. Il s’appelle autrement vagin. M. Venette se sert toujours du terme de conduit de la pudeur, & notamment au chap. 3, art. 2 du premier livre de son Tableau de l’amour conjugal, où il dit que la nature toujours admirable dans ce qu’elle fait, a composé de membranes charnues le conduit de la pudeur.

Conduit. Vieux mot. Conduite. Ductus.

Son cri fini, se fit mener par l’air
Dedans son char avec ses graces belles
Sous le conduit de douze colombelles. Marot.