Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONFORME

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 796).

CONFORME. adj. m. & f. ☞ Qui a la même forme, ou plutôt qui a les mêmes qualités qu’une autre chose. Il ne faut point confondre ce mot avec ressemblant, comme on le fait dans l’usage ordinaire. Conformité dit plus que ressemblance. Une seule qualité qui est la même dans deux sujets différens, suffit pour la ressemblance ; il en faut plusieurs pour la conformité. De plus, conformité ne se dit que des objets intellectuels, ressemblance se dit de tout. Voyez ce mot. Conformis, consentaneus, consentiens. Humeurs, caracteres conformes. Ces deux amis ne vivront pas longtemps ensemble ; leurs humeurs ne sont pas conformes. Toute doctrine qui n’est pas conforme à celle de l’église, est condamnable.

☞ C’est dans le même sens qu’on se sert de ce mot pour marquer le rapport exact, la convenance d’une chose avec nos goûts, notre façon de penser, &c. César choisit la secte d’Epicure, comme la plus douce & la plus conforme à son naturel & à ses plaisirs. S. Evr. Cette femme a fait une action plus conforme à son désespoir qu’à son sexe. Vill. Hécube fait de trop belles réflexions dans Sénèque : elles sont plus dignes de la tranquillité d’un Philosophe, que conformes à l’état douloureux où ses malheurs l’avoient réduite. P. le Bossu. Les hommes ne souffrent qu’avec peine qu’on leur arrache l’estime pour ceux dont l’état est conforme aux désirs de leur cœur. Port R.

☞ On dit au Palais que la copie d’un acte est conforme à son original.

Conforme, en termes de Logique, se dit de la convenance, de la ressemblance exacte d’une idée, ou d’une opération de l’ame à son objet. Conformis, e. Une idée, un jugement n’est vrai qu’autant qu’il est conforme à son objet, c’est-à-dire, autant qu’il le représente tel qu’il est.