Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTRÉE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 868).

CONTRÉE. s. f. ☞ Ce mot se prend dans une acceptation générale pour une étendue de pays indéterminée. Regio. On dit en ce sens qu’un homme a parcouru plusieurs contrées, qu’il a voyagé dans toutes les contrées de l’Europe. Chaque contrée a ses mœurs & façons de faire particulières. La Zone Torride est inhabitable, à cause des ardeurs du soleil qui brûlent & qui dessèchent ces vastes contrées. S. Ev.

Fils du puissant Atrée,
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée.

Racine.

☞ Le mot contrée se prend plus souvent pour un petit pays faisant partie d’un plus grand, & qui a ses bornes & ses limites. C’est ainsi que l’on dit que le pays de Caux, le Vexin, &c. sont des contrées de Normandie. Tractus.

☞ On dit à peu près, dans le même sens, ce gentilhomme a le plus beau château de la contrée,c’est-à-dire, du voisinage, des environs. Vicinia, circimjecta locta.

Ce mot vient de la préposition contra. S. Odéric, qui mourut en 1331, dit contrata, une contrée. C. 2, de son Voyage des Indes, imprimé par Bollandus, Jan. T. I, p. 986, & Mart. T. II, p. 241, C. Les Bollandistes disent que ce mot s’est formé de conterrata, & qu’il signifie un territoire, un district où il y a plusieurs bourgs & villages que l’on appelle terres, terræ ; de même que commarca, s’est dit de l’assemblage de plusieurs bourgs & villes qui sont dans les mêmes marches, {{lang|la|marcas} c’est-à-dire, dans les mêmes limites. Ils disent encore à l’endroit cité, & au IIIe T. de Mars, p. 209, E, que contrata se prend dans un sens plus étroit pour une rue, ou un quartier, dans une ville.