Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COQ

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 896-897).
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☞ COQ, s. m. sorte d’oiseau domestique, qui est le mâle de la poule. Gallus. Un peu avant la pointe du jour on entend le coq chanter. Notre-Seigneur prédit à S. Pierre qu’il le renieroit trois fois avant que le coq eut chanté. Les poules pondent des œufs sans avoir vu le coq, mais ils sont inféconds. Voyez Œuf.

☞ Que les coqs pondent quelquefois des œufs, on n’en sauroit douter après tout ce que l’on rapporte sur cela. Borel, Observ. Physico-Medic. Cent. III. obs. 43, p. 230 & Cent. IV, obs. 1, p. 280, en parle, & dit avoir vu un œuf de coq, dans lequel au lieu de poulet il y avoit un serpent formé. Dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, Decad. I. A. III. Obs. 177, p. 332, il est parlé d’un coq qui en treize jours pondit dix œufs. Au même ouvrage, Decad. II. A. I. Obs. 145, p. 359, d’un autre qui dans l’espace d’un mois en pondit six. Et Obs. 211, p. 435, d’un autre qui avoit pondu trois fois, & p. 437, d’un oie mâle qui pondit aussi. On trouve encore de pareils exemples, Decad. III. A. V & VI. Obs. 138, p. 178 & Obsv. 164, p. 374. On rapporte plusieurs raisons de ces productions, qu’on peut voir dans une Dissertation de M. Stolterfoht insérée dans ses Nouv. Lit. de la Mer Balt. 1702, p. 210 & suiv. M. Stolterfoht a soupçonné que les animaux auxquels cela arrivoit étoient hermaphrodites, mais il n’en a aucune preuve ; & un habile Médecin de Copenhague qui fit la dissection d’un de ces animaux n’en put trouver. Quant à l’autre point, savoir, que de l’œuf d’un coq, il en naît un basilic, Solin, c. 49. Ælien, L. I, de l’Hist. des Anim. c. 1. Pline, L. VIII, c. 21, & d’autres l’assurent. M. Stolterfoht en doute fort, & dit qu’il n’a pu encore en avoir de preuve. Il avoue cependant que de la matière corrompue de ces œufs, il en peut naître plusieurs sortes de vermine, ou de reptiles ; que cela doit arriver sur-tout dans les poules, & par conséquent aussi dans les coqs, parce que ces animaux mangent plus d’ordures & d’insectes qu’aucun autre ; que le germe de ces insectes peut passer dans l’œuf de la poule, ou du coq, & y éclore ensuite ; qu’on a remarqué dans les œufs différentes sortes de vers ; & que c’est un axiome parmi les Médecins, qu’il n’est rien de plus sujet à la corruption que les œufs, qu’ils sont bons quand ils sont très-frais, mais que plus ils sont vieux, plus ils sont mauvais ; & qu’il s’en faut abstenir comme d’un poison.

Coq. On dit proverbialement ; mauvaise maison ou le coq se tait & la poule chante ; pour dire, que c’est un mauvais ménage où la femme est la maîtresse. On dit autrement qu’il ne faut pas que la poule chante devant le coq. On dit que bon coq ne fut jamais gras.

Ménage croit, après Guyet, que coq a est fait de cloccus, & de clocitare. D’autres croient que c’est un ancien mot gaulois, comme assure Borel, aussi bien que le mot de coquart, qui est souvent dans Villon, qui signifie un glorieux sans sujet, comme les enfans qui mettent des plumes de coq sur leurs bonnets, & qui pour cela s’estiment bien braves. On disoit aussi autrefois un bonnet à la coquarde. Il dit aussi que ce mot pourroit venir de coccus, ou cochenille, à cause de sa crête rouge. Et enfin il dit que ce mot vient du Breton coq, qui signifie rouge. Bêçe a remarqué que c’est le seul terme de la langue francoise qui se termine en q. Coq, selon le P. Pezron, est un mot celtique, duquel est dérivé non-seulement le François coq, mais encore le nom grec κικκὸς.

Il est certain que le mot coq est celtique aussi bien que bec : dans Suétone un capitaine est nommé Beco, & il le traduit en latin par Rostrum galli.

Le coq est le symbole de la vigilance. On le donne sur les médailles au Dieu Janus & à Mercure, quelquefois à Bacchus, parce qu’on le lui sacrifioit pour la conservation des vignes. Il marque aussi les combats, la victoire. P. Jombert.

On appelle le chant du coq, Galli cantus, le point du jour, parce que les coqs chantent en ce temps-là, & réveillent ceux qui dorment.

Coq de Bruyere, est un coq sauvage qui vole bas, & se prend à la passée comme les beccasses. Il se nourrit dans les bruyeres. Gallus silvestris.

Il y a des Auteurs qui distinguent entre coq sauvage & coq de bois. Ils appellent coq sauvage une espèce de faisan particulier qu’ils disent se trouver dans les pays septentrionaux. Et Belon appelle coq de bois un oiseau plus gros que le faisan, qui a les plumes noirâtres, luisantes & changeantes, & les sourcils très-rouges.

Coq signifie aussi le mâle de la perdrix. Perdix mascula, perdix mas.

Coq d’Inde, prononcez Co-d’Inde, est un gros oiseau aussi domestique, qui a les qualités d’un coq, & qui a été apporté depuis quelque temps des Indes Occidentales. Gallus Indicus. Il y a un coq Indien qui est différent de celui qu’on nomme coq d’Inde, qui a été apporté d’Afrique, où il est appelé ano. Jonston l’apelle Gallus Persicus, & Gesner & Aldrovandus, Gallus Indicus. Son plumage est noir, & il a un œil verdâtre, à la réserve du dos, dont les plumes vers la racine sont de couleur de gris de noyer, & quelques unes blanches. Sa taille est d’un médiocre poulet d’Inde. Markgravius décrit un coq du Brésil qui est tout vert, & qui a sur la tête une crête ou panache de plumes noires. Quelques uns croient que le meleagris des Anciens est notre coq d’Inde. Le coq d’Inde est fort goûtu, il croît & s’engraisse beaucoup, & quelquefois il s’en trouve qui pèsent plus de vingt livres. Ses petits sont fort difficiles à élever, & le temps un peu rude les fait mourir. Quand le coq d’Inde se carre & se pavanne en étendant sa queue & en étalant ses aîles, on dit qu’il fait la roue. Cet oiseau hait le rouge, & se met en colère quand il en voit. Il a le cou, la tête & un grand lambeau qui lui tombe sur le bec, fort rouges, quand il se carre, mais quand il est dans sa posture ordinaire, ces parties deviennent entièrement pâles. Il y en a qui ont tout le champ du pennage noir, avec un peu de blanc à l’extrémité des grandes pennes. D’autres sont grisâtres ; d’autres d’un gris un peu rougeâtre. Ils ont une grosse touffe de poils rudes comme des crins au milieu de la poitrine. Quelques-uns l’appellent la barbe du Coq d’Inde. Sa femelle s’appelle Poule d’Inde. Voyez Poule.

Aldrovand fait mention d’un Coq d’Inde, qui a plutôt la ressemblance d’un Dragon que d’un Coq. Son bec a beaucoup de rapport à celui des Perroquets ; il est tout-à-fait courbé par le dessus, & entièrement rouge. Sa tête, sa poitrine & son ventre sont de couleur de rose fort clair, sa poitrine est semée de taches de couleur de rose encore plus lavée que le fonds ; & au ventre elles sont plus grandes, & traversées d’une ligne blanche. Il a deux crêtes, la première est de chair, & placée proche du bec, entre cette tache & le bec il y a une tache longue qui est bleue. L’autre crête est composée de plumes jaunes très-petites, qui sont proche de la première crête, & s’élèvent sur le sommet de la tête, puis vont finir sur le haut du cou. Ses yeux disposés en long, comme ceux de l’homme ; leur prunelle est noire, le cercle qui l’environne jaune, & les sourcis noirs. Il a des oreilles grandes & droites. Ses plumes sont fort diversifiées de vert, de bleu, de blanc, de couleur de rose, & de rouille de rouge. Il a deux queues, une petite, & une grande, composée de neuf grandes pennes inégales, & différentes en couleurs, & sur lesquelles on voit des yeux en ovale, qui sont rouges, ou blancs, toujours bordés ou environnés de bleu : ses piés sont rouges, & ornés de taches brunes. Il n’a que trois doigts, dont les ongles & l’éperon sont blancs. Le dos est presque tout rouge, & marqué de taches noires en forme de croissant, & ; traversée par le milieu de taches blanches.

Coq de bois, en général, c’est un faisan. Voyez Faisan.

Coq de bois d’Ecosse. Hector Boëtius rapporte que l’on trouve en Ecosse une espèce de Coq de bois, dont la chair est approchante de celle du faisan, & qui est de pareille grandeur. Il a le pennage noir, & les paupières extrêmement rouges ; il vit de blé. La Poule est plus petite, & son pennage est brun. Le mâle a le cou, la poitrine, les aîles & les cuisses semées de points rouges. La femelle est d’un gris cendré & diversifié de taches noires. Ils ont l’un & l’autre les paupières & les sourcils garnis d’une membrane rouge. Ces animaux se retirent dans les broussailles.

Coq de Marais d’Ecosse, c’est un oiseau que les Ecossois & les Anglois appellent Coq de Marais. Ils en font grand cas à cause de la délicatesse de sa chair. Il cherche pour l’ordinaire sa pâture dans les lieux marécageux. Son pennage est roussâtre, ou plutôt jaunâtre, semé de points noirâtres, généralement par toutes les parties du corps. Ses sourcils & les barbes qui lui tombent au dessous du bec, sont composés d’une membrane rouge, comme celle de la plupart des Coqs de Bois. Il a les jambes & les doigts robustes & faits comme ceux des Faisans, ou des Coqs, excepté qu’il n’a point d’ergot.

Coq signifie figurément, en style familier, un notable bourgeois, ou habitant d’une Paroisse, qui est distingué par son crédit, par ses richesses. Vir primarum inter suos partium. Un tel est le Coq de la Paroisse.

Coq signifie aussi une figure de Coq qui est ordinairement doré, & qui se met sur la pointe d’un clocher, ou d’une flèche d’Eglise, pour servir de girouette, & faire connoître le changement des vents. Inaurata galli figura ; gallus.

Coq en termes d’Horloger, est un petit treillis de cuivre doré & fort délicat, qui est sur la platine de dessous d’une montre, & sert de base à l’un des pivots du balancier & en même temps à le couvrir en entier, & empêcher que rien n’y puisse toucher, parce que la moindre chose, en y touchant, est capable d’arrêter la montre.

Coq, en termes de Marine, est le cuisinier d’un vaisseau. Coquus.

Coq-à-l’âne. s. m. indéclinable, terme du style familier qui signifie un discours sans suite, sans liaison ; propos rompu dont la suite n’a aucun rapport au commencement : comme si quelqu’un, au lieu de suivre un discours qu’il auroit commencé de son Coq, parloit soudain de son âne, dont il n’étoit point question. Aliquid alienum ab reproposita dicere. Ménage dit que Marot a été le parrain de cette façon de parler, & qu’il fit une Epitre qu’il nomma du coq-à-l’âne, ensuite de laquelle plusieurs Poëtes ont fait des Satyres qu’ils ont intitulées de ce nom, où ils disoient plusieurs vérités qui n’avoient ni ordre, ni suite. Je ne puis mieux comparer les Sonnets del Burchiello, qu’à nos coqs-à-l’âne, puisque chaque vers contient un sens séparé de tous les autres, sans aucune liaison aussi-bien que le Commentaire sur iceux de Fr. Maria Doni, qui a voulu enrichir par ses extravagances sur le texte, ubique enim arena sine calce est. Mascur. p. 217.

Coq, ou Coq des Jardins, terme de Botanique. Costus hortensis, costum hortense, menta græca. Plante dont les racines sent semblables à celles de la mente, rondes & chevelues. Ses tiges sont hautes d’une coudée ou d’une coudée & demie, branchues, d’un vert-pâle. Ses feuilles sont de la même couleur, découpées sur les bords, d’une odeur forte, d’un goût très-amer : elles ressemblent à celles de la bétoine. Aux extrémités des branches viennent les fleurs, qui sont jaunes & radiées. Ses semences sont petites, oblongues & aplaties. Cette plante est bonne pour les crudités de l’estomac, pour le vomissement, pour la colique, pour la cardinalgie & pour la puanteur de la bouche.

Coq, Ordre de Chevalerie. Il fus institué en 1214, par un Dauphin de Viennois, qui fut tiré par Claude Polier d’un grand danger où il se trouva en combattant contre les Anglois. Le Seigneur de Polier fut le premier Chevalier de l’Ordre du Coq, que le Dauphin nomma ainsi, parce que les Poliers portent d’argent à un Coq de sable dans leurs armes. L’Abbé Bernardo Justinani, T. I, c. 8, de son Hist. des Ordres de Chevalerie, parle encore d’un Ordre du Coq institué par un Pierre de Montmorency. Voyez L’Ordre du chien.