Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COQUETTERIE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 900).
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COQUETTERIE. s. f. Affectation de plaire à plusieurs personnes à la fois ; dessein général de paroître aimable, & de traîner après soi une foule d’amans. Immoderatum placendi studium. La coquetterie est le fond de l’humeur des femmes ; mais toutes ne la mettent pas en pratique, parce que la coquetterie de quelques-unes est retenue par la crainte ou par la raison. Roch. Après tout, la coquetterie n’aboutit qu’à des manières engageantes qui semblent dire tout, & qui ne disent rien. M. Scud. Toute la vertu des femmes n’est qu’une habileté à cacher leur coquetterie. S. Evr. Un cœur usé par mille coquetteries n’est pas capable d’une grande passion. M. Scud.

☞ Le manège de la coquetterie exige un discernement plus fin que celui de la politesse ; car pourvû qu’une femme polie le soit envers tout le monde, elle a toujours assez bien fait ; mais la coquette perdroit bientôt son empire par cette uniformité mal adroite. A force de vouloir obliger tous ses amans, elle les rebuteroit tous. Dans la société, les manières qu’on prend avec tous les hommes, ne laissent pas de plaire à chacun : pourvu qu’on soit bien traité, l’on n’y regarde pas de si près sur les préférences ; mais en amour, une faveur qui n’est pas exclusive est une injure. Un homme sensible aimeroit cent fois mieux être seul maltraité, que caressé avec tous les autres, & ce qui peut arriver de pis, est de n’être point distingué.