Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COURTINE
COURTINE. s. f. terme de Fortifications. C’est la partie de la muraille ou du rempart qui est entre deux bastions, & qui en joint les flancs. Aggeris inter duo propugnacula frons, facies, vulgo cortina. Quand l’ennemi attaque les dehors, il faut faire un grand feu sur la courtine ; c’est-à-dire, tirer par toute l’étendue de la courtine.
Du Cange dérive ce mot du latin cortina ; quasi minor cortis, ou petite cour de paysan entourée de murs : & il dit que par imitation on a ainsi appelé les murs & parapets des villes qui les renferment comme des cours. Il dit aussi que les courtines ou rideaux de lit & les voiles qui renferment les autels, ont pris leur nom de la même origine : il assure qu’on a appelé cortis, la tente du Prince ou du Général d’armée ; & que les gens qui la gardoient ont été appelés Cortinarii, Cortilini & Curtisani, d’où l’on a fait le mot de Courtisans. Voyez aussi Meursius dans son Glossaire, au mot Κορτίνα, & le Père Poussine, Jésuite, dans son Glossaire sur l’Alexiade d’Anne Comnene qui se sert de ce mot que les Grecs ont pris des Latins,
On appelle aussi le feu de la courtine, la ligne de défense qui commence à une partie de la courtine, lorsque cette partie, qui va jusqu’au flanc, sert aussi de flanc pour défendre la place du bastion opposé.
Courtine, dans l’Architecture civile, se prend pour une des façades d’un bâtiment, comprise entre deux pavillons. Muri duas inter turres frons, facies.
Courtine signifie aussi des rideaux de lit. Lecti velum. Mais en ce sens il est vieux. On le dit seulement à l’Eglise, des rideaux qui sont des deux côtés de l’autel.
Courtine, en termes de Marine, est un filet qui se tend sur les sables que la mer couvre & découvre par son flux & reflux. Retis genus. Il est fort en usage sur les côtes de Normandie.