Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCAPITER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 130).

DÉCAPITER, v. a Couper la tête à quelqu’un par ordre de Justice. Aliquem securi ferire, alicujus caput à cervicibus abscindere ; à cervicibus revellere, decollare. En France on décapite les Nobles qui ont mérité la mort, & c’est un supplice qui ne déroge point à la Noblesse. Il fit pendre les uns, & décapiter les autres. Ablanc. La raison pourquoi les Saints qui ont été décapités, sont représentés portant leurs têtes dans leurs mains, n’est pas qu’ils les y aient reçues, comme le peuple mal instruit se l’imagine ; c’est qu’on a voulu marquer par-là le genre de mort qu’ils avoient souffert, & que le tronc seul d’un corps auroit trop choqué la vue. Ménage. Un Ambassadeur de France à Constantinople fit voir à l’Empereur des Turcs, Mahomet II, un chef de S. Jean très-bien représenté. Le Grand Seigneur n’y trouvoit d’autre défaut, sinon que le Peintre n’avoit pas observé que quand un homme est décapité, la peau se retire un peu en arrière ; & afin d’en convaincre l’Ambassadeur, il fit sur le champ décapiter un homme, & apporter la tête ; voilà une barbare exactitude, & une cruelle autopsie. Catherinot, Traité de Peinture. Décapiter n’est pas si usité que couper le cou, du moins en parlant de choses qui se sont passées de notre temps, mais en fait d’antiquité, en parlant des martyrs, &c. décapiter se dit tout autant que couper le cou.

Décapité, ée. part. Capite truncatus.