Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCRIER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 155).
◄  DÉCRI
DÉCRIRE  ►

DÉCRIER. v. a. Défendre par ordonnance ou cri public une monnoie, des marchandises, des dentelles, des étoffes, l’usage, le cours de quelque chose. Rei alicujus usum interdicere. On a décrié les manufactures étrangères pour mieux débiter les marchandises du pays. On a décrié cette monnoie, parce qu’il s’y en étoit mêlé de fausse.

Décrier, signifie figurément, décréditer, ôter l’honneur, la gloire, la réputation. De alicujus famâ, existimatione detrahere, maledicere. Il se dit des personnes & des choses. Cet homme a bien des ennemis qui le décrient. Les mécontens tâchent toujours de décrier le gouvernement. Les dévots s’attribuent l’autorisé de censurer le prochain, & de le décrier, sous prétexte de ne haïr que le vice. S. Evr. La flatterie corrompt la vertu, & la médisance la décrie. Flech. Décrier la bonne vie d’une personne. Ab. Décrier quelqu’un dans l’esprit du Peuple. Pasc. Ce seroit assez pour décrier le plus beau Roman du monde. Mol. Le véritable emploi de la Comédie, c’est de recommander la vertu, & de décrier le vice. Evr.

On dit proverbialement, qu’un homme est décrié comme la vieille monnoie, pour dire, qu’il est perdu de réputation, qu’il n’a ni crédit, ni estime dans le monde.

Décrié, ée. part. Existimatione, famâ damnatus.