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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISCRET

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 373).

☞ DISCRET, ÉTE. adj. Qui est prudent & modéré dans ses paroles & dans ses actions. On suit ici la foule & l’autorité de l’Académie, en définissant ainsi l’homme discret, quoique ce terme ne paroisse signifier que celui qui est tempérant dans le discours, qui a l’art de conserver au dedans de soi-même, les choses sur lesquelles il est à propos de se taire. Voyez Discrétion. Consideratus, prudens. L’honnête homme est discret : il remarque les défauts d’autrui ; mais il n’en parle jamais. S. Evr. Les gens discrets sont bien venus par tout.

Discret, se dit, particulièrement, de ceux qui savent garder un secret. Les femmes aiment les Amans discrets.

L’amour le plus discret
Laisse par quelque marque échaper son secret. Racine.

Discret, est aussi une formule de Notaires, un titre d’honneur qu’ils donnent aux Curés & aux Gradués, & principalement aux Supérieurs des Couvens. Vénérable & discret M. tel, Curé d’un tel lieu, Prieur d’un tel Couvent.

Discret. Terme en usage dans plusieurs Maisons Religieuses, telles que celles des Capucins, des Augustins, des Recolets, &c. C’est celui, qui, dans un Chapitre, représente le Corps du Couvent, & en est comme l’Avocat, & proprement le Député. Consultor. Sorte d’avocat envoyé à un Chapitre Provincial, pour représenter les intérêts de la Maison. Il y a dans l’Ordre des Frères Mineurs-Franciscains des Pères discrets perpétuels. Si le Général meurt avant que d’avoir fini son temps, ou qu’il soit élevé à quelque dignité d’Eglise, on lui substitue un Vicaire-Général, qui est élu par les Pères Discrets perpétuels de l’Ordre, qui sont ceux qui ont exercé l’Office de Général, ou qui ont été Vicaires-Généraux pendant deux ans. P. Hélyot Tom. VII. c. 2.

On appelle, aussi, Sœur discrète, une Religieuse ancienne, qu’on donne pour Assistante à une Supérieure pour la conduite de la Communauté. Consultrix. Les Mères Discrètes sont le Conseil de l’Abbesse. Patru. Le 27e chapitre des Statuts de Fontévraud, fait en 1474. est des discrètes.

On distingue, en Phiiosophie, la quantité continue, de la quantité discrète. Discreta quantitas. La continue est celle des lignes, des superficies & des solides, qui est l’objet de la Géométrie. Voyez Continue. La quantité discrète est celle des nombres, qui est l’objet de l’Arithmétique. On l’appelle discrète ou disjointe, parce qu’elle est composée de parties qui ne sont point jointes ensemble, & ne peuvent former un seul continu.