Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/331-340

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Fascicules du tome 1
pages 321 à 330

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 331 à 340

pages 341 à 350



hommes que des femmes ; Lower, du mouvement du cœur ; Thruston, de la respiration ; Peyer, des glandes des intestins ; Drelincourt, de la conception des œufs des femmes, du placenta, des membranes du fœtus, &c. Malpighi, qui est mort premier Médecin du Pape Innocent XII, en 1694, est un de ceux à qui on est le plus obligé, par un grand nombre de nouvelles découvertes qu’il a faites sur les poumons, sur le cerveau, sur le foie, sur la rate, sur les reins, sur les glandes & sur les vaisseaux lymphatiques. Il a fait aussi une excellente Anatomie des plantes, & de très-belles observations sur la génération, sur les œufs, sur les vers à soie, & sur plusieurs autres choses qui regardent l’Histoire naturelle. Grew a aussi fait une Anatomie des plantes. Manget & le Clerc, deux Médecins de Genève, ont fait une Bibliothèque Anatomique, qui est un recueil de toutes les nouvelles découvertes faites dans cet art. Ce mot vient du grec ἀνατομὴ, section.

Anatomie en cire. L’invention en est due à M. Gaëtano Giulo Zumbo, de Syracuse, qui apporta à l’Académie des Sciences en 1701, une tête d’une certaine composition de cire, qui représentoit parfaitement une tête préparée pour une démonstration anatomique. Acad. des Sc. 1701. Hist. p. 57.

☞ On dit dans le même sens, faire l’Anatomie d’une plante, la disséquer, afin de connoître de quelles parties elle est composée.

Anatomie, se dit aussi figurément, de la discussion exacte, de l’examen particulier qui se fait de quelque chose, de quelque discours, de quelque affaire. Circumspectio, accurata consideratio. J’ai examiné cette doctrine, j’en ai fait l’anatomie. On a fait l’anatomie de cet ouvrage dramatique. Il faut un peu savoir faire l’anatomie du cœur. Vall. Cet Auteur charge trop ses descriptions, s’appesantit sur les détails ; il fait une anatomie. La Bruy.

On dit proverbialement, qu’une personne est devenue une vraie Anatomie, lorsqu’elle est devenue si maigre par une longue maladie, qu’on la prendroit pour un squelette.

ANATOMIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’anatomie. Anatomicus. Discours, dissection anatomique. On appelle Théâtre anatomique, un lieu destiné pour y faire des anatomies.

ANATOMIQUEMENT. adv. D’une manière anatomique. Pour un Historien, vous décrivez ces blessures trop anatomiquement. Acad. Fr..

ANATOMISER. v. a. Faire l’anatomie. Insidere corpora, dissecare. Il se dit tant au propre qu’au figuré, d’un corps, d’une affaire, d’un ouvrage dont on examine en détail toutes les parties. Anatomiser un corps, un serpent, un livre.

Vous dont l’éloquence hardie,
Sait compiler la tragédie,
Et dans ses ouvrages divers,
Anatomiser les beaux vers. Divert. de Seaux.

ANATOMISÉ, ÉE. part.

ANATOMISTE. s. m. Qui est habile en anatomie, qui en a la science, qui raisonne sur chacune des parties, dont il fait la dissection. Anatomicus.

Ces mots sont tirés du grec ἀνατέμνω, disseco, je coupe.

ANATORIE. Ville de Grèce. {lang|la|Anatoria}}. C’est l’ancienne Tonagra. Elle est dans l’Achaïe, sur le fleuve Asopo ou Asopus, à quelques lieues au midi de Négrepont.

☞ ANATRON. s. m. On le nomme aussi Natron & Halinatron. Espèce de sel naturel, qui est le seul alcali minéral. Le natron n’est point une soude blanche, ou un sel blanc tiré du nitre. Ce sel est différent du nitre. Son goût est amer, & sa figure est faite en piliers à quatre côtés. Linnæus en distingue quatre sortes.

☞ L’anatron des murs : Aphronatron, ou Aphronitron, ou écume de cuivre, se trouve dans les vieux murs voûtés, en morceaux de différente grandeur & de figure irrégulière.

☞ L’anatron des fontaines est aigrelet & purgatif, tel que l’Epson d’Angleterre, le Seidlitz de Bohème, & l’Umon de Suède.

☞ L’anatron plein de spath se voit en plusieurs endroits de l’Allemagne, & sert à orner les grottes des jardons. Ce sont la plûpart des cristaux à quatre faces.

☞ L’anatron du marbre de nature calcaire est dans les roches de pierres à chaux.

☞ Il y a un anatron artificiel, nommé Anatrum factitium, composé de dix parties de salpêtre, quatre de chaux vive, avec du sel commun, de l’alun de roche, & un peu de vitriol dissous dans du vin. Quand cet anatron est évaporé, il devient du salpêtre propre à mettre en fusion les métaux, comme le borax.

ANAVINGA. s. m. Arbre d’une grandeur moyenne, qui croît dans le Malabar, aux Indes Orientales, particulièrement aux environs de Cochin. Il est toujours vert, & son fruit ou sa graine est mûr en Août. Le suc de ce fruit ou de cette graine, pris en boisson, excite la sueur, est bon dans les maladies qui ont de la malignité, & tient le ventre libre. On fait de la décoction des feuilles de l’arbre dans de l’eau, un bain salutaire pour ceux qui ont des douleurs dans les articulations.

☞ ANAXAGORE. Nom d’un ancien Philosophe né à Clazomène, & qui enseigna la Philosophie à Athènes. Voyez sa doctrine au mot Homéomérie.

ANAXARÉTE. s. f. Nom d’une Nymphe. Anaxarete. Elle fut aimée d’Iphis, Prince de Chypre, qui désespéré de ne pouvoir plus lui plaire, se pendit à sa porte. Vénus, pour la punir de cet excès de cruauté, la métamorphosa en rocher.

☞ ANAXIMANDRE. Nom d’un ancien Philosophe, disciple de Thalès. Il inventa, dit-on, la Sphère, enseigna la Géographie, & l’art de faire des Horloges.

ANAZARBE. Anazarbus. Ville de Cilicie, sur le Pyrame, avec Archevêché. Anazarbe étoit Métropole de la seconde Cilicie. Elle s’appela depuis Diocésarée¸Césarée Auguste, & Justinianopolis, en l’honneur de César, d’Auguste, & de Justinien. Elle s’appelle aujourd’hui Axar, ou Acsari, ou Acserai, ou Ainzarba. Cette ville avoit pris le nom de son Fondateur Anazarbe, ou bien d’une montagne voisine qui portoit ce nom. Quiconque écrit de l’antiquité, dit toujours & doit toujours dire Anazarbe.

ANAZARBÉEN, ENNE. adj. m. & f. Qui est d’Anazarbe. Anazarbeus, Anazarbensis. Asclepiade, Auteur de plusieurs volumes, que nous n’avons plus, & entr’autres d’un livre sur les fleuves, étoit d’Anazarbe, & s’appelle Asclépiade l’Anazarbéen. Voyez Etienne de Bysance au mot Anazarbe. Le célébre Dioscoride, le chef des Botanistes, & le Poëte Oppien, étoient Anazarbéens.

ANAZÉ. s. m. Arbre de l’île de Madagascar. Sa tige s’éleve en diminuant en forme de pyramide. Son fruit renferme une moelle blanche. On ne lui connoît aucunes propriétés médicinales.

ANAZZO. Tour d’Anazzao. C’est une tour qui subsiste au milieu des ruines de l’ancienne Egnatia, & non pas Gnatia, ville autrefois de la Peucétie, en Italie. Elle est aujourd’hui dans la Terre de Bari, au royaume de Naples, entre Bari & Brindes. Nicod dit Nazo. L’Evêché d’Anazzo a été transféré à Montpoli.

ANB.

ANBAR. Ville très-ancienne d’Asie. Anbara. Samson écrit Embar. L’Euphrate passe au milieu d’Anbar, & le coupe en deux parties, dont l’une, qui est sur la rivière orientale de ce fleuve, est dans le Diarbeck, & l’autre, qui est sur la rive occidentale, est dans l’Yrack Arabique.

ANBATUM. s. m. Plante d’Angleterre qui fleurit sur la fin du mois d’Avril, & au commencement de Mai. On la trouve dans les haies.

ANBOUTOU. s. m. Petite plante de l’île de Madagascar. On la mâche. Elle est corroborative, & un peu stiptique.

ANC.

☞ ANCA, ou ANCA MEGAREB. C’est-à-dire, occident. Nom que les Arabes donnent à un oiseau extraordinaire, qui est, disent-ils, si gros & si grand, qu’il pond des œufs aussi gros que des montagnes. Ils assurent qu’il prend des éléphans aussi facilement qu’un épervier prend des moineaux, ou qu’un chat prend des souris ; que lorsqu’il se met à voler, ses ailes font autant de bruit & de fracas qu’un torrent impétueux ; qu’il vit mille ans, & qu’il s’accouple avec sa fémelle à l’âge de cinq cens ans : que l’on a vû autrefois cet oiseau parmi les hommes ; mais qu’ayant enlevé un jour une nouvelle mariée avec ses brasselets & tous ses atours de noces, le Prophète Handala, fils de Saphuane, célébre en son temps, en fut si indigné, qu’il maudit cet oiseau ; & Dieu ayant égard à son imprécation & à sa prière, relegua l’oiseau Anca Megareb dans une île inaccessible aux hommes, où il n’y a que des éléphans, des rinoceros, des bufles, des tigres & d’autres bêtes féroces. On voit assez que c’est-là un oiseau fabuleux, & un conte arabe, qui peut être fondé sur ce qu’on a vû en Egypte un oiseau de même nom, qui est une espèce d’aigle beaucoup plus gros & plus fort que les autres aigles. Mor.

ANCAMARE, ANOAMARE. s. m. & f. Peuple de l’Amérique méridionale. Ancamarus, a. Anoamarus, a.. Les Anacamares habitent le pays des Amazones autour de la rivière de Cayane, vers l’endroit où elle se mêle à celle des Amazones.

ANÇAN. s. m. Lieu de la Chine. Anzana. Il est sur la côte de Quantong, province de la Chine, à l’orient de Sélie. Il faut écrire & prononcer Ançan. C’est ainsi qu’écrivent les relations venues de la Chine & du Tonkin, & non pas Ancam. Ces relations ne parlent que de la ville d’Ançan, port de mer, & ne disent rien de l’île d’Ançan. Savoir si Ançan est dans une île à laquelle elle donne son nom, ou dont elle prend le sien, c’est ce qu’elles ne nous donnent point à entendre. Voyez la relation du martyre de quatre Jésuites, imprimée dans le XXIVe Recueil des Lettres édifiantes & curieuses, pag. 92. Enfin, après bien des mouvemens qu’on se donna, on trouva dans la petite ville d’Ançan un Maître de Barque, qui s’offrit de mener les Missionnaires au Tonkin. Ib. pag. 103. Le Chinois se rendit à Ançan, où il eut bientôt loué une barque sur laquelle les Missionnaires s’embarquerent le 10 de Mars de l’année 1736. Ib. p. 109.

☞ ANCARANO. Petite ville de l’Etat Ecclésiastique, en Italie, dans la Marche d’Ancone, sur une rivière, à six mille d’Ascoli.

ANCARIE. s. f. Ancaria. Terme de Mythologie. Déesse du Paganisme qui étoit adorée à Asculum, ville de l’Apouille. C’est Tertullien qui nous l’apprend, dans son Apolog. ch. 24. On y lisoit, Æsculanorum Ancariam. Turnébe, Adv. Liv. XVIII. c. 24. a lû Asculanorum, & Pamélius l’a suivi. Quelques-uns de nos Dictionnaires écrivent Ancharie ; Rhodigin l’a fait aussi ; mais toutes les éditions de Tertullien portent Ancariam.

ANCASTER. Prononcer Ancastre. Village d’Angleterre, Ancastera. On le prend pour l’ancienne Croco-calana des Coritains. Il est dans le Comté de Lincoln, près de la ville de ce nom.

ANCAUSE. Lieu du Comté de Comminges, dans les monts Pyrénées. Voyez le Dict. de James au mot Thermæ, au sujet des eaux d’Ancause.

ANCE, ou ANSE. Petite ville de France. Assa-Paulini, Ansa. Elle est dans le Lyonnois, sur la Saone, à quelques lieues au-dessus de Lyon. Elle est à l’endroit où étoit Antium, camp d’Auguste, & c’est probablement de-là qu’on a formé son nom, en donnant au t le son du c. Quoiqu’il en soit, on y voit encore les restes du prétoire de l’Empereur, & les murailles du camp.

La grande Anse, la petite Anse. Ce sont deux golfes de l’île de S. Domingue, qu’on nomme aussi le grand & le petit Goave. La grande Anse est sur la côte occidentale de l’île, & la petite Anse sur la septentrionale. On donne aussi les mêmes noms à deux Colonies Françoises qui sont sur ces golfes. Les François se servent peu du mot de Goave.

ANCÉE. s. m. Fils de Neptune & d’Astipalée, fille de Phœnis, fut un des Argonautes : on le fait fils de Neptune, parce qu’il étoit un très-bon pilote.

ANCELLE. s. f. Ancilla. C’est un vieux mot qui signifioit autrefois Servante. Il est formé du nom latin. Il semble par la Thaumassière, Hist. de Berry, Liv. II. ch. 29, que les Religieuses de l’Annonciade, fondées par Jeanne Reine de France, femme de Louis XII, appellent leur Supérieure Ancelle ; car voici comme il parle à l’endroit que j’ai marqué : pour l’entretien des mere Ancelle, & Religieuses, leur bienheureuse Fondatrice leur délaissa le lieu de Mazières, &c.

Si prient Dieu, & sa très-douce Ancelle.

ANCENIS. Petite ville de France. Ancenisium. Elle est en Bretagne, sur la Loire, entre Nantes & Angers. Dans la branche de Charost, Maison de Béthune, on porte le titre de Duc d’Ancenis.

ANCESSORIE. s. f. Vieux mot, qui veut dire ancienneté. Borel.

ANCESSORS. s. m. pl. Vieux mot. Ancêtres, par syncope du latin antecessores.

Pour remembrer des Ancessors
Les faits, & les dits & les morts.

ANCÊTRES. s. m. plur. Aïeuls, prédécesseurs ; ceux de qui l’on descend enligne droite, le pere & la mere non compris. Majores, Patres. Si vous vivez dans la mollesse & dans l’oisiveté, la gloire de vos ancêtres n’empêchera pas qu’on ne vous méprise. Bell. L’entêtement de ceux qui veulent passer pour gens de qualité, fait qu’on va déterrer leurs ancêtres qu’on laisseroit pourrir en repos sans cela. Id. Il marche sur les pas de ses ancêtres. Il ne se dit dans l’usage le plus ordinaire, que des gens de qualité, d’épée, ou de robe. Les autres doivent dire mes peres. Ancêtres fameux. Ancêtres glorieux. Ancêtres augustes. Cette action redonne aux Rois vos ancêtres autant de lustre que vous en avez reçu d’eux. Voit. Le nom de ces glorieux ancêtres vivra à jamais dans vos annales. Patr. Tant qu’on se peut parer de son propre mérite, on n’emprunte point celui de ses ancêtres. S. Evr. La Princesse fondoit plutôt sa grandeur sur les exemples, que sur les titres de ses ancêtres. Flech. On le dit aussi de tous ceux qui nous ont précédé, encore que nous ne soyons pas de leur race, particulièrement de ceux d’une même nation. Nos ancêtres étoient plus sages, & par conséquent plus heureux que nous. Nos ancêtres nous ont laissé de beaux exemples. Acad. Franc.

Ménage dérive ce mot de ancessore, ablatif de ancessor, qu’on a dit par contraction pour antecessor. On disoit en vieux françois ancessors, pour dire, ancêtres.

Au reste, le mot d’Ancêtres ne se dit bien qu’au pluriel, quoiqu’on le trouve quelquefois employé au singulier.

Or quant à mon ancêtre, il a tiré sa race,
D’où le glacé Danube est voisin de la Thrace.

Rons.

☞ On dit ancêtres des personnes dans l’ordre naturel. Un homme & ses ancêtres. On dit prédécesseurs dans l’ordre politique. Un Evêque & ses prédécesseurs.

ANCETTES, ou Cobes de boulines. Terme de Marine. Nom que l’on donne à des bouts de cordes qui sont jointes à la ralingue de la voile, dont le plus long n’excède par un pied & demi : leur usage est d’y passer d’autres cordes que l’on appelle pattes boulines.

ANCHE. s. f. Petite languette ou tuyau plat par lequel on donne le vent au haut-bois, ou bassons, à quelques tuyaux de l’orgue, & à d’autres instrumens de musique. Lingula. La plus simple des anches est faite d’un chalumeau ou tuyau de blé avec une petite entaille ou fente en longueur. Celle de roseau se fait d’une ou de deux pièces aussi déliées qu’une feuille de papier, qui sont tellement jointes ensembles, qu’elles ne laissent qu’une petite fente par où passe le vent. On fait aussi des anches de haut-bois avec des feuilles de palmiers. Il y a dans l’orgue des jeux d’anches faits en forme de demi-cylindre, dont la partie concave est couverte d’une languette, ou lame de laiton plate, mobile & tremblante, qu’on appelle échalotte. On la fait entrer dans le noyau du tuyau qu’on perce exprès de la même grosseur. Elle sert à baisser, ou à hausser le ton des tuyaux par le moyen d’un fil de fer, qui fait le même effet que les chevilles avec le marteau à tendre les cordes, parce qu’on l’ouvre, ou on la ferme par le moyen d’un fil de fer qu’on nomme rasette, le mouvement, le ressort, ou le gouvernail, lequel selon qu’il presse plus ou moins la languette, fait faire au tuyau des sons plus graves, ou plus aigus. On fait les anches des tuyaux d’orgues, de cuivre ou de métal. L’anche dans les orgues est appelée régale, quand elle joue seule & sans être enfermée dans un tuyau. L’anche des haut-bois & des orgues sont différentes, en ce que l’anche des haut-bois est faite de feuilles de palmier, & celles des orgues est de cuivre. Elles ont cela de commun, que le son qu’elles rendent est produit par le mouvement frémissant des deux parties dont elles sont composées, & que l’air secoue en passant entre deux. Perraut.

Ce mot vient du grec ἄγχω, qui signifie, suffocare, parce que l’anche fait une espèce de suffocation de voix.

Anche, terme de Meunier, se dit du conduit de bois par où tombe la farine dans la huche d’un moulin.

Anche & Ancheau, se disoient autrefois pour cuve. Borel.

ANCHÉ. adj. m. Terme de Blason, qui se dit d’un cimeterre recourbé. Recurvus.

ANCHE. s. f. C’est en Champagne la même chose que Champeleure en Normandie. Voyez Champeleure.

ANCHEDIVE, ou ANGADIVE. Petite île de l’océan Indien. Angediva, Angadica. Elle est à dix ou douze lieues au midi de Goa, sur la côte du royaume de Décan.

ANCHER. v. a. Terme de Musique. Garnir un instrument de ses anches. Lingulis instruere. Il y avoit autrefois à Mâcon un nommé Ponthus, qui a été un des plus rares ouvriers de son temps, & qui avoit un talent tout particulier, & que je n’ai point remarqué en aucun autre, pour ancher proprement & délicatement une musette. Anonyme, Traité de la Musette, P. I. C. 14.

ANCHIALE. s. m. Anchialus. Est-ce, ou n’est-ce pas le nom d’un Dieu ? Martial donne occasion à ce doute, dans la 95e Epigr. de son Liv. XI, où parlant à un Juif, il dit :

Ecce negas, jurasque mihi per Templa tonantis.
Non credo : jura, verpe, per Anchialum.

« Tu nies le fait, & tu jures par les Temples du Dieu du tonnerre. je ne te crois point : jures par Anchiale. »

I°. Anchiale est le nom de deux guerriers dans Homère. Mais ni l’un ni l’autre ne peuvent avoir rapport au sujet dont il s’agit.

II°. Anchiale est le nom de trois villes dans l’antiquité, & de villes maritimes, selon la signification de ce nom, qui est composé de ἄγχι, propè, & ἅλς, mare. Il y en avoit une dans l’Epire, une dans la Thrace, & une dans la Cilicie. Ovide, I. Trist. appelle la seconde, Ville d’Apollon. Mais il ne s’ensuit pas qu’on l’ait jamais prise à témoin de la vérité des faits qu’on avançoit, & on ne voit point pourquoi Martial voudroit que son Juif jurât par cette ville, plutôt que par Jupiter. Il n’en est pas de même de l’Anchiale de Cilicie. Athénodore dit qu’elle avoit été bâtie par Anchiale, fils de Japhet ; ce qui pouvoit lui attirer quelque respect de la part des Juifs, si cela étoit vrai. Mais Diodore de Sicile, Strabon, Pline, Clément Alexandrin, Athénée, disent que cette ville fut bâtie par Sardanapale, & que son tombeau y étoit.

III°. Scaliger, Proleg. ad Emendat. Temp. p. 4, est le premier qui ait tiré ce mot de l’hébreu. Il prétend que c’est חי אלה Chi-alah, c’est-à-dire, vive Dieu. D’autres y ajoutent אם Iim, si, אם חי אלה, si Dieu vit, formule de jurement parmi les Juifs, à ce qu’ils prétendent. D’autres mettent la négation אן au lieu de אם, non au lieu de si, & עליון Elion, c’est-à-dire, le Très-haut, au lieu de אלה, alah, Dieu, & prétendent que de-là Martial a fait Anchialus.

IV°. Selden soutient que per ne doit point se prendre pour une préposition latine ; que c’est un mot hébreu, יפרע חי עלם, que יפרע en hébreu signifiant Venger, iphrah Chi olam, veut dire ; Que celui qui vit éternellement tire vengeance. Mais les Romains en général, & en particulier Martial, n’étoient point assez instruits de la langue & des usages des Juifs, & ils les méprisoient trop, pour avoir pu tirer de-là Anchialus.

V°. Je connois un savant qui le tire de חנקי אל Chanahi el, c’est-à-dire, que Dieu m’étrangle : mais il faut encore trop d’érudition hébraïque pour cela.

VI°. Le Moine, dans ses Varia sacra, prétend que ce mot signifie Temple de Dieu, & que Martial compare le Temple du Dieu des Juifs à celui de Jupiter, par lequel ce Juif juroit. Le point est de savoir comment Anchiale peut signifier Temple de Dieu ; & sur cela Le Moine donne deux conjonctures. La première est que les Juifs avoient des oratoires ou espèces de petits temples proche des rivières, pour pouvoir faire leur purifications ; αἰγιαλός, qui signifie rivage, aura été pris pour un temple situé sur le rivage, & d’αἰγιαλός Martial aura fait Anchialus. La seconde conjecture est tirée de moins loin. היכל יה Hecal ia en hébreu signifie Temple du Seigneur. De-là Martial a forgé Anchialus. Mais tout cela suppose dans les Romains des connoissances qu’ils n’avoient pas, & que leur mépris pour les Juifs ne leur permettoit pas d’avoir.

VII°. Les anciens Commentateurs de Martial disent sans tant de façon, que le jeune homme qui étoit le sujet du différent entre Martial & le Juif, s’appeloit Anchialus. M. Morin, de l’Académie des Belles-Lettres, dans une Dissertation sur ce mot, & qui se trouve au Tome II. des Mémoires de cette Académie, pages 266 & suivantes, préfére ce sentiment à tous les autres, & y trouve beaucoup plus de sel.

VIII°. Je crois néanmoins qu’il faut le tirer de l’hébreu החי אלה Hachai eloah. Je ne fais point de חי un verbe, comme Scaliger, j’en fais un nom. Jamais il n’est verbe dans l’Ecriture, mais toujours nom. J’y joins le ה ou héémantique, c’est-à-dire, l’article ; ce double la lettre suivante. Il est vrai qu’il ne double pas les lettres aspirées ; telle qu’est le ח hhet qui suit ; au lieu de le doubler, il prend un point ou voyelle longue. Mais ce he passant dans les autres langues, reprend ses droits, & y double la lettre suivante, même aspirée. En syriac, au lieu de la doubler, on met quelquefois un נ n, ce qui montre que dans la prononciation cela revient à peu près au même, hacchai ou hanchai. Quoiqu’il en soit, cette lettre doublée, selon l’usage grec, la première a dû se prononcer comme un v ou n, de même que ἄγχι se prononce anghi & non pas agchi. En un mot ces prononciations étant fort connues des Romains, & la prononciation de ces mots hébreux étant presque la même, ou en approchant beaucoup, ils ont pu les confondre ; leur ignorance même de la langue des Juifs a pu leur servir à cela. Je suis donc persuadé que les Romains entendoient souvent prononcer aux Juifs החי אל ou החי אלה, selon le nouvel hébreu mêlé de chaldéen, & que les Juifs, quand on leur demandoit quel étoit leur Dieu, répondoient החי אל Hachai el, le Dieu vivant, par opposition aux Dieux des Romains, qui n’étoient que des idoles, des Dieux de pierre & de métal. Les Romains leur entendoient dire sans cesse, Notre Dieu est Hacchai el. Nous adorons Hacchai el, Hacchai el, le Dieu vivant. De-là Martial fit Anchialus, & il dit au Juif : « Malheureux, tu me fais des sermens qui ne sauroient t’obliger, puisque tu ne crois point Jupiter. Si tu veux que je te croie, jure par cet Hacchai el, ce Dieu vivant dont tu nous parles si souvent, & que tu opposes aux nôtres. Alors le serment t’obligera, & je serai sûr de toi ».

ANCHIALO ou ANCHÉLO. Ville de la Turquie, en Europe. Anchialus. Elle est sur la côte de la Mer-Noire, à l’embouchure de l’Ergino, au midi de Sisopoli.

☞ ANCHIFLURE. s. f. C’est, en termes de Tonnellerie, le trou qu’un ver a fait à une douve de tonneau, à l’endroit où elle est couverte du cerceau.

☞ ANCHILOPS. s. m. Voyez Anchylops.

ANCHIN. Abbaye du Hainaut, dans les Pays-Bas. Aquicinctium. Elle est dans une petite île que forme la Scarpe, au-dessous de Douai. C’est ce qui lui a donné son nom d’Aquicinctium, qui signifie lieu entouré d’eau, & de-là par corruption s’est fait Anchin.

☞ ANCHISE. Nom d’un prince Troyen, aimé de Vénus, pere d’Énée. Son histoire est assez connue.

ANCHOIS. s. m. C’est, selon Scaliger, une espèce de hareng, ou un petit poisson de mer de la longueur d’un doigt, sans écailles, ayant le museau pointu, la bouche grande, & sans dents, mais les mâchoires rudes comme une scie. On lui ôte la tête avant que de le saler ; après quoi il est d’un goût agréable. Enchrasicholus, Lycostomus. Les Anchois ressemblent aux petites sardines, & se mangent salés, avec huile, vinaigre & poivre, pour exciter l’appétit. On en fait des salades & des sauces. On les mange crus. Le peuple dit des anchoyes, & Maynard l’a ainsi employé dans son Epigramme, où il dit des écrits d’un Poëte, qu’ils serviront de simarre aux anchoyes. Quelques-uns font ce nom féminin ; anchoie, anchoies ; mais il est masculin, & s’écrit avec un s, ou un x à la fin. Anchois bien salé.

Ce mot vient de l’espagnol anchora, ou plutôt de l’italien anchoia. Ménage. D’autres le dérivent de apua, comme ache de apium. On l’appelle en grec ἐγϰρασίϰολος, parce qu’il a le fiel en la tête, ou λυϰόστομος, pour avoir la gueule fendue comme le loup.

ANCHOLIE. s. f. Aquilegia. Herbe, ou fleur qui fleurit au mois de Mai. D’autres écrivent Ancolies sans h : l’Auteur du Traité de la culture des fleurs écrit ainsi avec un h. Voyez Ancolie.

ANCHUE. s. f. Terme de Manufactures de lainage, qui signifie ce que l’on nomme plus communément la Trame d’une étoffe. Le terme d’anchue est particulièrement en usage parmi les ouvriers de la fayetterie d’Amiens. Du côté d’Aumale, on dit enflure. Subtegmen.

ANCHYLOPS. s. f. Terme d’Oculiste. Maladie de l’œil, tumeur ou abcès au grand angle de l’œil. Enchylopia. L’Anchylops est une tumeur phlegmoneuse, située au grand angle de l’œil, presque toujours au-dessous de l’union des paupières, qui dégénère en abcès. Il en est de deux sortes, l’une avec douleur, l’autre sans douleur. Celui qui est avec douleur est souvent accompagné de fièvre très-violente, qui continue jusqu’à ce que la matière ait trouvé issue. L’anchylops où il y a peu de douleur est ordinairement sans fièvre ; l’élévation du grand angle est petite, la couleur de la peau n’est même que peu changée. S. Yves.

Je ne sais qui a mis ce mot dans notre langue, il ne me paroît pas qu’il soit fort entendu. Certainement Anchylops est le nom du malade, plutôt que de la maladie, de même que myops. Et comme on dit μυωπία pour la maladie, on doit aussi dire, ἀγϰυλωπία, Anchylopie, pour signifier cette maladie. De plus, ce mot ne semble pas exprimer la maladie qu’il signifie ; car on a prétendu apparemment le composer d’ἀγϰυλὸς, courbe, recourbe, & de ὄπτομαι, je vois. Mais qu’est-ce que voir courbe ? & quel rapport cela a-t-il à la maladie qu’on vient de décrire, & à une tumeur ou un abcès au grand angle de l’œil ? Enfin il faudroit écrire Ancylops ou Ankilops, & non pas Anchylops. Mais ce seroit trop en demander aux Oculistes. Quand l’abcès s’ouvre, il prend le nom d’Ægilops, & se change souvent en fistule lacrymale. Quelques-uns écrivent en grec ἀγϰίλοψ, & prétendent qu’il est composé de ἄγχι, propè, & de ὤψ, oculus, parce que cette tumeur naît proche le globe de l’œil.

ANCHYLOSE. Voyez Ankylose.

ANCIEN, ENNE. adj. Ce qui est depuis long-temps, ou qui a été autrefois. Antiquus, vetus, vetustus. L’ancien Testament, l’ancienne Loi. Anciens monumens. Anciens Auteurs. L’ancien Droit. L’ancienne Coutume de Paris, par opposition à la nouvelle. Nous applaudissons à mille erreurs grossières, seulement parce qu’elles sont anciennes. Perr. Si les anciens Ecrivains revenoient au monde, ils seroient bien étonnés de voir dans leurs livres tant de choses auxquelles ils ne songèrent jamais. Bayle. Il est d’une ancienne noblesse, d’une ancienne famille. Ce mot semble s’être formé d’antiquus ; peut-être d’antiquus, antique, & annus, an, année. Quoiqu’il en soit, Guichard dérive antiquus de l’hébreu עתק, atak, qui signifie veterascere, senescere, devenir vieux.

Ancien, se dit pas opposition à nouveau. Vieux, ancien & antique, dit M. l’Abbé Girard, enchérissent l’un sur l’autre. Antique sur ancien, & ancien sur vieux. Une mode est vieille quand elle cesse d’être en usage. Elle est ancienne lorsque l’usage en est entièrement passé. Elle est antique lorsqu’il y a déjà long-temps qu’elle est ancienne. La vieillesse regarde particulièrement l’âge. L’ancienneté est plus propre à l’égard de l’origine des familles. L’antiquité convient mieux à ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. On dit : vieillesse décrépite, ancienneté immémoriale, antiquité reculée.

☞ La vieillesse diminue les forces du corps, & augmente les lumières de l’esprit. L’ancienneté fait perdre aux modes leurs agrémens, & donne de l’état à la noblesse. L’antiquité faisant périr les preuves de l’histoire, en affoiblit la vérité, & fait valoir les monumens qui se conservent.

Quand on dit absolument, les Anciens, on entend les Grecs & les Romains, Prisci, Veteres. Les Anciens avoient accoutumé de brûler les corps. Quand on cite un vieux Auteur dont on a oublié le nom, on se sert de cette expression : un Ancien a dit une belle parole. Il ne faut pas décider légèrement sur les ouvrages des Anciens. Racin. Les esprits se sont fort échauffés depuis quelque temps sur la préférence que les uns donnent aux Anciens, et les autres aux Modernes. Il ne faut lire les Anciens ni servilement, ni avec mépris, mais avec un juste discernement. Vali. L’affectation de louer les Anciens, est quelquefois une manière détournée pour censurer les Modernes, Beli.

Ancien, se dit aussi de celui qui est le premier reçu dans un Corps, ou de ceux qui ont passé par les charges Primus ætate, gesto munere ; ou prior, si l’on ne parle que de deux personnes. Il faut lui céder le pas, c’est votre ancien. En ce sens le premier de tous s’appelle l’Ancien, ou le Doyen d’une compagnie. On appelle l’ancien échevin ou marguillier, celui qui fait sa seconde année. On appelle aussi anciens échevins ou marguilliers, ceux dont le temps est fait. Il en faut passer par l’avis des anciens Avocats. On dit, les anciens, en parlant des vétérans dans un corps.

On dit aussi d’un vieillard, que c’est un homme fort ancien, qu’il faut lui porter du respect. Senior. On dit l’ancien Évêque d’une telle ville, lorsqu’il a quitté son Eglise, & qu’il y en a un nouveau à sa place. Cet homme est ancien dans la robe ; il y a vieilli.

On dit aussi au Palais, le plus ancien en hypothèque ; pour dire, le premier en date, & qui doit venir le premier en ordre sur le prix d’un héritage.

L’Ecriture-Sainte, en parlant de Dieu, l’appelle quelquefois l’Ancien des jours.

Anciens, se dit aussi en parlant de l’ancien Peuple de Dieu : c’étoient les plus considérables d’entre ce Peuple, par leur âge & par leurs mœurs. Primores, Seniores. Moyse fit assembler les anciens du Peuple, & leur exposa ce que le Seigneur lui avoit commandé. Port-Royal. Il se dit aussi quelquefois absolument : vous irez, vous & les anciens, vers le Roi d’Égypte. Port-Royal.

Le mot de Presbyteri, qui est si souvent dans le nouveau Testament, & qui comprend également les Prêtres & les Evêques, signifie ancien. Voici ce qu’a remarqué là-dessus M. Simon, dans son supplément aux Ceremonies des Juifs, imprimé à Paris en 1681. Ceux qui tenoient les premiers rangs dans les synagogues, étoient ordinairement appelés Zekémin, Anciens, à l’imitation des 70 Anciens, que Moyse établit pour être les Juges du Sanédrin. Celui même qui présidoit aux autres, prenoit le nom d’Ancien, étant seulement comme le Doyen des Anciens. Dans les premières assemblées des Chrétiens, ceux qui y tenoient le premier rang, prirent aussi le nom de Presbyteri, Anciens ou Prêtres. Le Président, ou Evêque, qui étoit le chef des Anciens, prenoit la qualité d’Ancien ; & c’est pour cette raison que dans le nouveau Testament, le nom d’Evêque est quelquefois confondu avec celui de Prêtre ou Ancien. Ceux qui n’ont pas lu cette origine du nom de Prêtre, ont cru mal-à-propos qu’il n’y avoit au commencement du Christianisme, aucune différence entre les Evêques & les Prêtres.

Pour cette même raison, le conseil des premières assemblées des Chrétiens étoit appelé Presbyterium, ou conseil des Anciens. L’Evêque y présidoit en qualité de premier Ancien, & de chef, étant assis au milieu des autres Anciens. Les Prêtres ou Anciens qui étoient à ses côtés, avoient chacun leur chaire de Juge, & c’est à cause de cela qu’ils sont appelés assessores Episcoporum par les Peres de l’Eglise. Il ne s’exécutoit rien de considérable qui n’eût été auparavant délibéré dans cette assemblée, où l’Evêque ne composoit qu’un corps avec les autres Anciens ou Prêtres, parce que la Juridiction qu’on nomme aujourd’hui Episcopale, ne dépendoit point de l’Evêque seul, mais de tous les Anciens, dont l’Evêque étoit le Président.

Anciens. s. m. C’est le nom que les Calvinistes autrefois, lorsqu’ils étoient tolérés en France, donnoient à un certain nombre de personnes, qui conjointement avec les Pasteurs composoient leurs consistoires, pour prendre garde aux intérêts de leur religion, & pour faire observer leur discipline. On le choisissoit d’entre le peuple, & on les recevoit publiquement avec quelque sorte de cérémonie. Le nombre des Anciens étoit réglé. Le Roi défendoit aux Anciens des consistoires, de souffrir aucun Catholique Romain dan leur prêche. Voyez l’Edit de Louis XIV de 1680.

Anciens. s. m. plu. Terme de Coutume usité en Lorraine, pour signifier propre. Aliéner ses anciens, disposer de ses anciens, c’est-à-dire, aliéner ses propres, disposer de ses propres.

ANCIENNEMENT. adv. Autrefois, dans les siècles passés. Priscè, antiquè, olim. Anciennement on vivoit dans le monde avec plus de franchise.

ANCIENNES. s. f. Religieuses qui sont depuis long-temps au couvent, & dont on prend les suffrages pour les choses qui regardent le bien de la maison. Il faut consulter les Anciennes sur cette affaire.

ANCIENNETÉ. s. f. Ce qui fait qu’une chose est ancienne, le long-temps, la longue durée qu’une chose a subsisté, ou qu’il y a qu’elle est passée, qu’il y a entre elle & nous. Antiquitas, vetustas. Cela est établi de toute ancienneté. L’ancienneté des maisons est une marque de leur noblesse.

On le dit aussi de ce qui est plus ancien, & par priorité de temps ; & en ce sens, c’est le temps qu’il y a qu’une personne est reçûe dans une charge, ou dans une compagnie, ou qu’elle a droit à quelque chose, avant que d’autres fussent entrés dans ces corps, ou eussent ce même droit. Jus antiquitatis. L’ancienneté de son hypothèque le fera payer devant vous. L’ancienneté de sa réception le fera monter le premier à la Grand’Chambre. C’est l’ancienneté qui règle les rangs.

ANCILE. s. m. Ancile. C’est le nom d’un petit bouclier qui tomba, dit-on, du ciel sous Numa Pompilius. En même-temps une voix se fit entendre, qui dit que Rome seroit la maîtresse du monde, tant qu’elle conserveroit ce bouclier. Ainsi ce fut le Palladium de Rome. Denys d’Halycarnasse, Lactance, Ovide, Fast. Liv. III. v. 373, rapportent cette fable. Les Anciles se gardoient dans le temple de Mars, & tous les ans au mois de Mars on les portoit en procession autour de Rome, & le trentième jour de ce mois on les renfermoit.

On donne différentes origines à ce nom. Camérarius & Muret croient qu’il est grec, & qu’il s’est formé d’ἀγϰύλος, qui signifie, courbé. De-là vient que quelques Auteurs qui les suivent, écrivent ancyle & ancylia, par un y. Plutarque, dans la vie de Numa, écrit ἀγϰύλια, & dit que Juba, dans son Histoire, vouloit à toute force que ce mot eût été tiré du grec. Mais les médailles & les manuscrits condamnent cette orthographe. Dans Antonin Pie ANTONIUS AUG. PIUS P. P. TR. P. COS. III. & au revers IMPERATOR. II. SC. ANCILIA, avec deux anciles. Varon, au Liv. VI. De ling. lat. dit que ces boucliers étoient appelés ancilia ab ancisu, parce qu’ils étoient coupés, ou échancrés des deux côtés, de même que les boucliers des Thraces, qu’on nommoit pelta. Plutarque, dans la vie de Numa, dit la même chose de la figure des anciles ; mais il différe de Varon, en ce qu’il prétend que ce n’étoit point la figure des peltes, qui étoient toutes rondes & sans échancrures. Ovide, au Liv. III. de ses Fastes, v. 377 semble dire que la figure de l’ancile étoit toute ronde, & que c’étoit pour cela qu’il étoit appelé ancile, comme si l’on avoit dit ancisum, de am & cæde, coupé tout autour egalement ; desorte, dit ce Poëte, qu’on n’y remarque aucun angle de part ni d’autre. Plutarque dit encore après Juba, qu’ancile pourroit bien venir d’ancon, ἀγϰὼν, coude, parce qu’on porte ces armes au coude. Une autre étymologie, qui n’est que de lui & non pas de Juba, comme les deux autres qui sont grecques, est que ce mot vient d’ἀνέϰαθεν, qui signifie, d’en haut, pour marquer que l’ancile étoit tombé du ciel. Il ajoute encore de son chef deux ou trois autres étymologies grecques, si peu vraisemblables, que je ne les rapporterai point. L’opinion de Varon paroît la plus vraie. Au reste, quoiqu’il ne fût tombé du ciel qu’un ancile, il y en avoit pourtant douze, parce que pour conserver plus sûrement celui-là, Numa par le conseil, dit-on, de la Nymphe Egérie, en fit faire onze autres tout semblables à celui-ci, afin que si quelqu’un vouloit entreprendre de l’enlever, comme Ulysse enleva le Palladium, il ne pût distinguer l’ancile véritable des faux anciles. Il institua de plus les douze Saliens pour la garde de ces boucliers. M. Béger, rapporte, Tom. II. p. 560, une médaille d’Auguste, au revers de laquelle il y a deux boucliers, qu’il prétend être des anciles.

ANCILLARIOLE. s. m. Mot forgé du latin Ancillariolus. Il se trouve dans la Bibliothèque des Gens de Cour, encore y est-il en italique : il signifie, selon le Dictionnaire de Boudot, un homme qui se plaît à caresser les servantes, qui en est amoureux. Guillaume Colletet avoit épousé trois servantes. Il étoit Ancillariolus. C’est un mot qui se trouve dans Martial, Liv. 12, épig. 58.

Ancillariolum tua te vocat uxor, & ipsa
Liecticariola est : estis Alauda pares.

Menagiana.

Ta femme, à des porteurs, osant bien s’attacher,
A tort de te nommer un Ancillariole :
Allez, vivez en paix tous deux sur ma parole :
Vous n’avez entre vous rien à vous reprocher.

ANCLAM. Ville du duché de Stérin, dans la Poméranie royale. Anclamum. Elle est sur la rivière du Péne, à quelques lieues au midi de Volgast.

☞ ANCOBER. Rivière d’Afrique, dans la Guinée, sur la côte d’or, environ à 16 lieues de la rivière de Chama.

Ancober, Royaume de la Côte d’Or, en Guinée, auprès de la rivière du même nom. Il y a dans ce pays, des femmes qui ne se marient jamais, & qui se dévouent à une prostitution publique ; & ce qu’il y a de plus infâme, c’est qu’on les installe dans ce métier avec des cérémonies que la pudeur ne permet pas de rapporter.

ANCOIS. Vieux adverbe. Plutôt.

ANCOLIE. s. f. Aquilegia. On se sert peu du mot d’Aquilina. Plante dont la racine est vivace, blanche, douce au goût, branchue, épaisse à son collet d’environ un pouce. Ses feuilles sont portées par des pédicules divisés en trois branches : chacune de ces trois branches est encore partagée en trois autres plus petites, qui portent à leurs extrémités des feuilles larges d’un pouce environ, obtuses, échancrées le plus souvent en trois, & crénelées sur leurs bords. Elles sont d’abord d’un vert assez gai, qui brunit ensuite, & devient plus foncé en-dessus, & beaucoup plus pâle en-dessous. Les tiges qui s’élevent d’entre ces feuilles, sont assez minces, quoique roides & fermes, branchues, & hautes de trois à quatre pieds, garnies de quelques feuilles qui diminuent dans leur volume, à mesure qu’elles approchent de l’extrémité des tiges. Ces branches portent des fleurs à plusieurs pétales ; dont les unes sont roulées en cornets, & les autres sont aplaties. La couleur de ces fleurs varie beaucoup ; l’arrangement & le nombre des pétales des fleurs de l’Ancolie ne sont pas constans ; on en trouve dont les fleurs sont à cinq rayons en manière d’étoile ; on les a nommées Ancolies étoilées, Aquilegiæ stellatæ. Il y en a aussi à fleurs plus ou moins doubles. Le pistil de la fleur de l’Ancolie devient un fruit composé de plusieurs gaines ramassées, longues d’un pouce environ, & qui renferment de petites semences un peu aplaties, noires & luisantes. La semence d’Ancolie est apéritive, bonne pour la jaunisse, & antiscorbutique. On appelle l’Ancolie en latin Aquilegia, ab Aquila, parce qu’on a comparé les cornets des fleurs de l’Ancolie aux serres d’un aigle. On la nommait autrefois Colombine, à cause d’une prétendue ressemblance de ces cornets avec le bec d’un pigeon ; mais ce mot n’est plus guère usité que chez les Anglois.

☞ ANCON. s. m. Mot purement grec, qui, en Anatomie, signifie la courbure du bras en dehors, ou la pointe du bras sur laquelle on s’appuie. Voyez Cubitus & Anconé.

ANÇON. C’est une sorte d’arme ancienne, que Borel prétend être la même chose que la Francisque.

ANCONE. Ancon, ou Ancona. Ville d’Italie, dans l’ancien Picenum, que nous appelons aujourd’hui Marche d’Ancone, sur la côte de la mer Adriatique. Elle fut bâtie par les Siciliens. Pline, Liv. III, ch. 13. Trajan y fit construire le port, & c’est à cela que l’on rapporte une médaille de cet Empereur, qui porte au revers Por. Aug. C’est-à-dire, portus augusti. Le type est un port, avec une navire au milieu. Elle a pris son nom de la figure de son port ; ἀγϰὼν, en grec, signifie le coude. De-là vient que dans ses médailles elle a pour symbole un bras, avec ce mot ΑΓΚΩΝ. Elle est voisine du promontoire appelé autrefois Crumerum, & aujourd’hui Monte S. Ciriaco, ou Monte Guasco. Sa longitude est de 37d, 16’, & sa latitude 43d, 48’. Ancone a un évêché. Elle étoit libre, mais en 1532 Clément VII y mit garnison, pour la défendre des courses des Turcs ; depuis ce temps-là, elle est de l’Etat Ecclésiastique. Il y a à Ancone un bel arc de triomphe de l’Empereur Trajan.

La Marche d’Ancone, c’est-à-dire, le Marquisat d’Ancone, Marchia-Anconitana, province de l’Etat Ecclésiastique, entre le golfe de Venise au nord, l’Abruzze au levant, le duché de Spolète au midi, & celui d’Urbin au couchant.

Ancone, est aussi le nom d’une petite ville de Dauphiné, en France. Acunum, Ancona. Elle est sur le Rhône, près de Montelimart. Quelques Géographes la prennent pour la colonie nommée Acusio, ville des anciens Vocontiens.

ANCONÉ. s. m. Terme d’Anatomie. C’est le sixième muscle du coude, ainsi nommé, parce qu’il est situé derrière le pli du coude, que les Grecs appellent Ancon, ἀγϰὼν, & nous l’Olécrâne. Anconæus. L’Anconé est le plus petit des six muscles du coude : il prend son origine de la partie inférieure du coude externe de l’humerus, & va s’insérer en descendant entre le cubitus & le radius, par un tendon, à la partie postérieure & latérale du coude, trois ou quatre doigts au-dessous de l’olécrâne. Il aide à faire l’extension de l’avant-bras. Dionis. C’est Riolan qui a donné ce nom à ce muscle, à cause de sa situation. Harris. M. Winslow dit toujours Anconé. Le grand Anconé. L’Anconé externe ; l’Anconé interne ; le petit Anconé. Ainsi, puisque ce mot est reçu dans notre langue par les plus grands Maîtres de l’art, il ne faut plus se servir du mot latin Anconæus.

ANCONITAN. Phœnix. 1° C’est le nom d’une montagne de l’Anatolie ; elle est sur la côte méridionale, vis-à-vis de l’île de Rhodes. 2° C’est un bourg au pied de cette montagne. 3° C’est une petite rivière de la même contrée.

ANCRAGE. s. m. Lieu propre à jeter l’ancre. Opportunus Ancoræ jaciendæ locus, statio. Cette côte est de bon ancrage. Il signifie encore ce qui appartient à l’ancre. Ancorarius. Il y a certains Officiers qui ont soin de l’ancrage, comme les Bosmans. Il signifie aussi un droit qu’on paye en plusieurs lieux, ou au Roi, ou à l’Amiral, pour avoir permission d’ancrer. Vectigal pro jactu ancoræ. Le droit d’ancrage a aussi appartenu autrefois à quelques Seigneurs particuliers, comme on le voit pas l’Histoire de Bretagne, T. II, p. 1201. Ce mot vient du latin ancora qui est tiré du grec ἄγϰυρα, qui signifie une ancre.

ANCRE. s. f. Terme de Marine. Ancora. Les gens de mer le font souvent masculin. À peine l’ancre a-t-il été levé, que le vent est tombé. Abbé de Choisy. C’est une grosse pièce de fer, qui par un bout est courbée, & forme deux pointes ou pattes, ou crochets, ou qui aboutissent de deux côtés en arc, & sont semblables à un hameçon. ☞ À l’extrémité de la verge opposé au bras, est un anneau qu’on appelle l’organeau, auquel on amarre le cable, & tout auprès de l’organeau, est une pièce de bois qui croise les bras à angle droit, & qu’on nomme le Jas. Elle sert à arrêter toutes sortes de vaisseaux sur la mer, & sur les rivières, & à les tenir en état dans leur mouillage. Il y en a de quatre sortes. La plus grande qu’on nomme maîtresse, ne sert jamais que dans le danger, pour empêcher que le navire ne tombe en côte. La seconde sert à tenir le vaisseau à la rade. La troisième est l’ancre d’affourche, que l’on mouille après en avoir mouillé une autre à la partie opposée : c’est pour enfourcher le navire & l’empêcher de s’éloigner, de se tourmenter, ou de chasser sur son ancre. La quatrième s’appelle ancre à touer, dont on se sert pour haler un navire, & pour le faire avancer avec le cabestan, ou virevaux, quand il faut changer de place dans les rades, ou entrer dans un havre, ou en sortir. On appelle encore Ancre de toue, les ancres qui servent à rappeler le vaisseau à la mer, quand le vent le jette à la côte. On appelle Ancre à la veille, celle qui est prête à être mouillée ; & l’ancre du large, celle qui est mouillée vers la mer, lorsqu’il y en a une autre mouillée vers la terre, & qu’on nomme Ancre de terre. Les ancres qui sont mouillées à l’opposite l’une de l’autre, s’appellent Ancres de flot, & de jusant : l’une pour tenir contre le flux, & l’autre contre le reflux de la mer. Le cable dont on se sert dans cette occasion, s’appelle Hansière. Les parties d’une ancre sont l’anneau, la verge, les bras, ou la croisée, & les pattes. L’anneau qu’on appelle Arganeau, ou Organeau, est entortillé de certaines cordelettes qu’on nomme Bodinure. Talinguer le cable, c’est l’ajuster dans l’anneau. Les pièces de bois qui sortent en saillie à l’avant du vaisseau pour poser l’ancre, s’appellent Bosseurs. L’orin est une grosse corde, qui accole les deux bras de l’ancre, & aboutit à un liége, ou à un baril qui flotte sur l’eau, & montre l’endroit où est l’ancre. On appelle aussi la tige droite d’une ancre, Stangue, ou Scape. On dit, jeter l’ancre, mouiller l’ancre. Ancoras jacere. Lever l’ancre. Tollere, vellere. Être à l’ancre. Stare, Consistere in ancoris. Donner fond, mettre le vaisseau sur le fer, sur son ancre. On dit que l’ancre est dérapée, ou qu’elle a quitté, lorsqu’étant au fond de l’eau, elle ne tient plus à terre. Capponner l’ancre, c’est crocher à l’orin l’arganeau de l’ancre avec le cappon. Enjauler, ou enjaler une ancre, c’est attacher deux pièces de bois vers l’arganeau, pour contrebalancer les pattes de l’ancre dans l’eau, & la faire tomber d’une manière que l’une des pattes s’enfourche dans le terrain, & qu’elle morde le fond, afin de soutenir, & de faciliter le mouillage. Ces deux pièces de bois s’appellent le jas, l’aissieu ou le jouet de l’ancre. On dit aussi, qu’un vaisseau chasse sur ses ancres ; ou que l’ancre a chassé, lorsqu’elle laboure le fond, ou lorsqu’il s’éloigne du lieu où il a mouillé, soit par la violence des coups de mer, soit parce que le fond est de mauvaise tenue. On dit, gouverner sur l’ancre, quand on vire le vaisseau pour désancrer plus facilement. Faire venir l’ancre a pic ; pour dire, venir sur l’endroit où l’ancre est mouillée ; c’est lorsqu’on a retiré le cable, & qu’il n’en reste plus précisément que pour aller perpendiculairement droit à l’ancre. Brider l’ancre, c’est empêcher que le fer ne creuse, & n’élargisse le sable, par le moyen des planches qu’on met à ces pattes, & dont on les enveloppe. Bosser l’ancre, c’est la mettre sur les bosseurs, ou bossoirs. Il y a des peuples dans les Indes, qui se servent dans la navigation d’ancres de bois.

Il est clair que ce mot vient d’ancora, qui vient d’ἄγϰυρα ; mais selon le P. Pezron, il a été formé sur le celtique angor. Quelles preuves qu’angor soit un mot celtique, & qu’il signifie ancre ?

Ancre, ou Tirant, en Architecture & en termes de Serrurier, c’est une grosse barre, ou pièce de fer droite, ou faite en S, ou ayant la figure de deux ancres adossées, qui se met aux encoignures des murs, & au bout des poutres, & qui sert à affermir les murailles & à tenir tout le bâtiment plus ferme & plus lié. On s’en sert aussi aux cheminées, quand elles sont sur les croupes, pour les garantir de l’effort des vents.

Ancre, est aussi un terme de Blason ; mais en cet art ses parties y sont nommées différemment. Le bois traversant qui est au-dessus s’appelle Trabe. Trabes, Transversarius ancoræ stipes, ancoræ brachia. Le fer droit qui entre dans la trabe, s’appelle Stangue. Scapus, Truncus ancoræ. Et le cable est appelé Gumene. Funis ancorarius. L’ancre est le symbole de l’espérance.

Justin, Liv. XV. ch. 4, & Appien, in Syriacis, rapportent que tous les Séleucides naissoient marqués d’une ancre à la cuisse. M. Spanheim, pag. 404 & 405 de la dernière édition, c’est-à-dire, celle de Londres, & d’habiles Antiquaires, ont cru que c’étoit la raison pour laquelle non-seulement Séleucus I, mais d’autres encore de ses successeurs ont une ancre sur leurs médailles ; & que Séleucus l’avoit gravée sur son cachet, ainsi que le dit Clément Alexandrin, Padag. Liv. III, ch. II. Pour les médailles, outre celles de Séleucus, il y en a d’Antiochus Soter, d’Antiochus surnommé θεός, Dieu, & de Demétrius Nicanor, qui ont des ancres, ou seules, ou avec d’autres figures. Il est surprenant que des gens qui se piquent d’érudition, aient dit : Ancora, marque de la famille de Séleucides, que ceux de ce nom apportoient en venant au monde ; comme s’ils n’avoient pas entendu ce que signifie ancora, & que tous les Séleucides se fussent appelés Séleucus, ou qu’il n’y eût eu que ceux qui se nommoient Séleucus qui eussent été marqués d’une ancre, quoique Justin, qu’ils citent apparemment sans l’avoir lû, dise que tous ceux de la race de Séleucus apportoient cette marque en naissant.

Ancre, se prend figurément & moralement pour recours, refuge, asyle. Refugium, azilus. La paroisse n’est que comme une dernière ancre. Patru, Plaid. S.

Ancre. Liqueur servant à écrire. Voyez Encre.

Ancre. Petit ville de France. Anchora. Elle est en Picardie, sur une rivière de même nom, entre Corbie & Bapaume. On nomme aussi cette ville, Albert.

☞ Cette ville avec le titre de Marquisat, fut achetée par Conchini, qui devenu plus puissant par les gouvernemens de Peronne, de Roye & de Montdidier, & par toutes les dignités qu’il réunit en sa personne, devint l’objet de l’exécration publique. Le Marquis d’Ancre, nouveau Séjan, sous un Prince, dont le caractère ne ressembloit en rien à celui de Tibère, après avoir long-temps bravé la patience de la nation Françoise, eut le destin que méritent tous les favoris qui abusent insolemment de la bonté & de la confiance du Souverain. Il fut déchiré par le peuple, comme le Séjan de Rome.

ANCRER. v. n. C’est jeter l’ancre, mouiller l’ancre, arrêter le vaissau par l’effort de l’ancre. Ancormen jacere. ☞ Il faut choisir un bon mouillage pour ancrer.

Ancrer, se dit aussi figurément avec le pronom réciproque, & signifie s’établir, s’affermir dans une maison, dans un emploi, dans une condition. Adherescere firmiter, duabus niti ancoris. Il s’est bien ancré dans cette maison, auprès de ce Prince. Il n’est que du style familier.

Ancrer. v. a. Terme d’Imprimerie en taille-douce. Voy. Encrer.

Ancrer. v. a. Terme d’Imprimeur en lettres. Voyez Encrer.

ANCRÉ, ÉE. part. Les vaisseaux sont ancrés à quatre cables, ayant des flottes à leurs cables, crainte des rochers qui sont au fond. Denys, P. I. C. 9.

Ancré, ée. Au figuré. Bien établi, bien affermi. La vanité est si ancrée dans le cœur de l’homme, qu’un goujat, un marmiton, un crocheteur se vante, & veut avoir des admirateurs. M. Paschal.

Ancré, au figuré, s’emploie quelquefois absolument, sans y rien ajouter. M. de la Châtre a dit : comme le Cardinal n’étoit pas encore entièrement ancré, il fallut qu’il cédât à ce coup.

Ancré, ée. Terme de Blason, qui se dit des croix & sautoirs, dont les bouts se divisent en deux, & son tournés comme les pattes d’une ancre. Ancoratus.

ANCRIER. Voyez Encrier.

ANCRURE. s. f. Pannu rugo. Terme de Tondeur de draps, qui signifie, un petit rendouble ou pli qui se fait à l’étoffe que l’on tond, parce qu’elle n’a pas été bien tendue ou arrêté avec les crochets par hietes sur la table ou coussin à tondre. Diction. Economique.

☞ ANCUAH. Ville d’Afrique, dans la province d’Alocahat, dans la quatrième partie du premier climat, selon Edrisi.

ANCUD. Pays de l’Amérique méridionale, que l’on nomme aussi AGUALAY. Ancudia, aguaha. Il est dans l’Impériale, province du Chili. Il a au couchant l’Archipel d’Ancud, les Andes au levant, le pays d’Oforno au nord, & les terres Magellaniques au sud.

L’Archipel d’Ancud, ou de Chiloe. Ancudoranus, ou Chiloensis Archipelagus. C’est une partie de la mer Pacifique, ou mer du sud, renfermée entre la côte d’Ancud, & l’île de Chiloe. Elle est pleine d’îles, ce qui lui fait donner le nom d’Archipel.

☞ ANCULI & ANCULÆ. Dieux & Déesses des Esclaves, qu’ils invoquoient dans les misères de la servitude. Antiq. Rom.

ANCVOISINAL, ALE. adj. qui se dit en Chirurgie d’une espèce de bandage pour les plaies. On peut éviter ce désordre, ou en liant le vaisseau quand il est possible, ou en se servant du bandage ancvoisinal, qui est une espèce de brayer. Duverney, fils, Acad. 1702. Mém. p. 205.

ANCYCOMÉLE. s. m. Instrument de Chirurgie qu’on appelle sonde courbe ou sondé avec un crochet. Ce mot vient d’ἀγϰύλος, crochu, & de μήλη, sonde.

☞ ANCY-LE-FRANC. Petite ville de France, en Champagne, dans le Comté de Tonnerre, à quatre lieues de la ville de ce nom, à trois de Noyers, & à une de Bavières, sur la rivière d’Armançon.

ANCYLOBLÉPHARON, ou ANKYLOBLÉPHARON. s. m. Maladie des yeux, dans laquelle les paupières sont jointes ensemble, ou adhérentes à la conjonctive ou à la cornée ; ensorte qu’elles n’ont pas la liberté de se mouvoir, & ne peuvent découvrir le globe de l’œil. Ce vice vient ou de naissance, ou par accident, en conséquence de quelques ulcères, d’une brûlure, d’une callosité des paupières, ou d’un épaississement de la lymphe qui sort des tuyaux excrétoires placés sur le bord des paupières, & qui les colle ensemble. Ce mot qui est tout grec, est composé de ἀγϰύλος, courbé, contracté, & de βλέφαρον, paupière.

ANCYLOTOME. s. m. Espèce de bistouri courbe, dont on se sert pour couper le ligament de la langue. D’ἀγϰύλος, courbe, & de τέμνω, couper. P. Eginéte comprend sous ce terme tout instrument en général courbe & tranchant.

ANCYRE. Ville de Galatie, dans l’Asie mineure, ou Anatolie, située sur les confins de la grande Phrygie ; ce qui fait que quelques Auteurs l’ont mise dans la Phrygie. Pline, Liv. V. ch. 32. en distingue deux ; l’une en Phrygie, & l’autre en Galatie, qu’il dit avoir été une ville des Gaulois Tectosage. Tite-Live en place encore une autre dans la Macédoine, ou l’Illyrie. La plus célèbre est Ancyre de Galatie. C’est dans les campagnes d’Ancyre que Pompée défit Mithridate, & que Tamerlan vainquit & prit Bazajet en 1402 ou 1403. Libanus, orat. 26. dit qu’elle étoit métropole de la Galatie. Il y a deux conciles d’Ancyre, l’un de l’an 314, & l’autre de 357.

Ancyre, est un nom grec, ἀγϰύρα, qui signifie ancre. Si l’on en croit le Géographe Etienne, ce nom lui fut donné des ancres des navires que Ptolomée envoyoit au secours des Galates, & que Mithridate prit. Ancyre s’appelle aujourd’hui Angouri, Anguri, Angori, & Angar. Elle est au Turc, & est un sangaciat, ou petit gouvernement. Sa longitude est 62 d. 10’, sa latitude 42 d. 30’. Il y a encore eu une Ancyre en Sicile, dont parle Diodore de Sicile, Liv. XIV. & Cluvier dans son ancienne Sicile, Liv. II. p. 273.

ANCYROÏDE. s. f. Terme d’Anatomie. C’est une éminence de l’omoplate en forme de bec, que l’on nomme aussi Caracoïde. Anchoralis, & Cornicularis. Harris. Ce mot vient d’ἀγϰύρα, ancre, & εἶδος, forme, ressemblance, parce qu’elle ressemble à un bec d’ancre.

ANCZACRICH. Rivière de Pologne. Anczacricus. Elle vient de la basse Polodie, & se jette dans la mer Noire, non loin d’Oczakou.

AND.

ANDA. s. m. Grand arbre qui croît dans le Brésil, & dont le bois est utile à plusieurs choses. Le fruit qu’il porte, rend une huile dont les Sauvages ont accoutumé de s’oindre le corps. Ils se servent de son écorce quand ils veulent prendre du poisson. Sa vertu est telle, que l’eau dans laquelle elle a trempé, endort toutes sortes d’animaux.

ANDABATE. s. m. Gladiateur qui combattoit les yeux fermés. Andabatæ. Quelques-uns prétendent que c’étoient ceux qui se bandoient les yeux à un jeu qui étoit en usage parmi les Romains.

Tel jadis l’Andabate armé de son poingnard
Combattoit à l’aveugle, & vainquoit au hasard.

Sanlec

ANDAGUILAS. s. m. Peuple de l’Amérique méridionale. Andaguili ou Andaguilæ. C’est un peuple du Pérou, qui habite entre le rivières de Xauna & d’Abançay, vers le nord-ouest de Cusco.

ANDAILLOTS. s. m. pl. Terme de Marine. Ce sont des anneaux qui servent à amarrer la voile qu’on met de beau temps sur le grand étai.

ANDAIN. s. m. Etendue en longueur d’un pré qu’on fauche, sur la largeur de ce qu’un faucheur peut couper d’herbe à chaque coup de faux. Nudatus herbâ trames fenisecæ manu. Il y a tant d’andains dans la largeur de ce pré. La plûpart des Meuniers prétendent avoir droit de faucher un andain de pré le long du biez de leur moulin. Quelques-uns disent ondain, mais abusivement : car ce mot vient de andare, aller, parce que l’andain se fait en marchant. D’autres dérivent ce mot de antes, antium, qui signifie, les sillons & rangs de vignes ressemblans à des andains de pré. Du Cange dit qu’il vient du latin andena, mot de la basse latinité, qui signifie, l’espace compris entre les jambes d’un homme écarquillées.

ANDALOUS, OUSE. s. & adj. m. & f. Qui est d’Andalousie. Andalusius. Les chevaux Andalous sont les chevaux d’Espagne les plus estimés pour leur beauté. Maty.

☞ ANDALOUS, est un nom général que les Ecrivains Arabes donnent à l’Espagne.

ANDALOUSIE. s. f. Andalusia, Vandalicia. Province d’Espagne qui comprend presque toute l’ancienne Bétique. L’Andalousie a à l’orient le royaume de Grenade ; à l’occident la Guadiane, rivière qui la sépare de l’Algarve, province de Portugal ; au midi l’Océan & la Méditerrannée ; au septentrion l’Estramadoure & la Castille neuve. La capitale d’Andalousie est Séville. Ce pays est le plus fertile d’Espagne ; c’est pour cela qu’on le nomme le grenier & la cave du Royaume.

L’Andalousie nouvelle, Andalusia nova, est une province de l’Amérique méridionale, dans la Castille d’or. Son nom est Paria ; sa capitale Comana, ou la nouvelle Cordoue.

ANDANAGER, ou AMÉDANAGER. Ville de la presqu’île de l’Inde, en deçà du Gange, en Asie. Andenagarum, Amenagara. Elle est dans le Décan, aux confins de la province de Balaguate, & à la source de la Maudoua.

ANDANCE. Bourg du Vivarais, en France. Andamia. Il est sur le Rhône, entre les deux bras de la rivière du Cance, ou de Deume, au-dessous d’Anonay.

☞ ANDANTE. adj. pris. subs. terme de Musique, qui se met à la tête d’un air, pour marquer que cet air doit être joué d’un mouvement modéré qui n’est ni lent ni vîte, qui tient le milieu entre l’adagio & l’allegro. Le diminutif andantino indique un peu plus de gaité dans la mesure, ce qu’il faut bien remarquer. Le diminutif allegretto, signifiant tout le contraire.

Andante, s’emploie aussi substantivement en parlant de l’air même. Jouer un andante. Ce mot Italien signifie allant, qui va.

☞ ANDARGE. Rivière de France, dans le Nivernois, qui a sa source dans les vallées d’Unflan, passe sous Langy & Aubigny, & se perd dans l’Arron, près de Verneuil.

ANDATE. s. f. Déesse de la Victoire, honorée d’un culte particulier chez les anciens peuples de la Grande Bretagne.

ANDAYE, ou ENDAYE. Bourg de France. Andaya. Il est en Gascogne, sur la côte de Biscaye, & n’est séparé de Fontarabie que par la rivière d’Andaye ou de Bidasse.

ANDE. s. f. En quelques provinces ce mot se dit pour Belle-mere, marâtre. Noverca.

☞ ANDECAN. Ville d’Asie, dans le Zagatai, sur les frontières du Turquestan. On trouve aussi Andocan & Andokan.

☞ ANDECOUD. Ville d’Asie, dans la Coressane, près de Balck. L’His. Françoise de Timur-bec lui donne 100. d. 30’ de long. & 36 d. 30’ de lat. Dans le même ouvrage elle est nommée Andcoud.

ANDELI. Andelium, Andeliacum, ou plutôt Andilegum. C’est le nom de deux lieux de Normandie qu’on nomme communément les Andelis. Le grand Andeli est une petite ville située entre deux montagnes sur le Gambon, à un quart de lieue de la Seine ; & le petit Andeli est un bourg sur la Seine, à l’embouchure du Gambon. Le grand Andeli est la patrie du Poussin, de Turnèbe, & des deux Corneilles. Il y avoit dans ce lieu une abbaye célébre de filles, fondée par sainte Clotilde, & détruite vers l’an 900, à laquelle a succédé une collégiale de Chanoines séculiers. Dom Duplessis s’étend fort au long sur l’étymologie d’Andeli dans sa Descript. Géogr. & Hist. de la haute Norm. tom. 2 ; pag. 218, & suiv.

ANDELLE. s. f. Bois à brûler, presque tout de hêtre, plus court d’un pied que le bois ordinaire, qui prend son nom de la rivière d’Andelle qui tombe dans la Seine.

Andelle. Rivière du pays de Caux, en Normandie. ' Andeleius. Elle a sa source à la Ferté, & se mêle à la Seine, à une petite lieue au-dessus du pont de l’arche, & un quart de lieue au-dessous des deux amans. On fait flotter sur cette rivière du bois à brûler que l’on coupe dans la forêt de Lions, depuis Noleval jusqu’à Charleval. On charge ce bois à Pitre sur de grands bateaux pour lui faire remonter la Seine jusqu’à Paris.

ANDELOTS. Petite ville de France. Andelous. Elle est dans le Bassigny, en Champagne, sur la rivière de Rougnon, au nord-est de Chaumon. Il y a des ruines qui marquent qu’Andelot étoit autrefois grand & considérable.

ANDELS. Vieux mot qui veut dire, avec eux. Borel

ANDÉMAON, prononcez ANDÉMAN, ADÉMAN. Île du golfe de Bengale, en Asie. Andemana. Elle donne son nom à cinq ou six autres petites îles, qui sont entre les côtes du Pégu & l’île de Sumatra. On les appelle les Îles d’Andemaon.

ANDENES, ou ANÉNAS. Île de l’Océan septentrional. Andenesiæ. Elle est sur la côte de Norwége, vis-à-vis du gouvernement de Troudhen, entre l’île de Trounne & celle de Sanien. Il y a dans cette île un bourg de même nom.

ANDÉOL. s. m. Nom d’homme. Andeolus S. Andéol, ou S. Andiol, que quelques provinciaux appellent encore S. Andeux, & S. Anduel, est un des illustres martyrs que fit la persécution de l’Empereur Sevère dans les Gaules. Bail. Andéole, disciple de S. Polycarpe Evêque de Smyrne, enseignoit la foi dans le pays des Helviens. Chorier.

ANDERNACH. Ville d’Allemagne. Antenacum, Antonacum, Antunnacum. Elle est dans le diocèse de Cologne, aux confins de celui de Trèves, entre les villes de Bonne & de Coblentz.

ANDERSCHOU. Bourg de Dannemark. Anderschovia. Il est dans la partie méridionale de l’île de Zéelande, & au midi de la ville d’Holbeck.

ANDES. s. m. pl. Andes. Anciens Gaulois habitans de l’Anjou. Plusieurs croient qu’entre les peuples qui suivirent Ségovèze, il y eut des Bituriges, des Volsces, des Toectosages, des Boïens, des Sénonois, des Andes, & des Bellovaciens ; c’est-à-dire, des peuples du Berri, des environs de Toulouse, & de Carcassonne, du Cap de Buch en Guyenne, de Sens, d’Anjou & de Beauvais. Cordemoy. Les Andes, c’est-à-dire, ceux d’Angers. La capitale des Andes étoit Juliomagus, ou Andegavi, Angers. Les Andes étoient voisins des Carnutes & des Turonois, & du côté de l’occident ils touchoient l’Océan. Voyez César à la fin du II Liv. & Liv. III de la Guerre des Gaules

Andes. s. f. Grande chaîne de montagnes de l’Amérique méridionale. Andes, ium. On appelle aussi cette chaîne de montagnes la Cordillère, Cordirella en Espagnol, ou la Montagne de neige, Sierra nivo. Mons nivonus Les Andes en général sont situés du midi au nord, depuis le détroit de Magellan, jusqu’à la mer du Nord, dans l’espace de plus de 60 degrés de latitude de long : en particulier elles suivent la position de la côte occidentale de cette partie de l’Amérique ; depuis le détroit de Magellan au midi, jusques vis-à-vis d’Arica, elles courrent au nord ; de-là jusqu’à la hauteur de Truxillo, elles se détournent au nord nord-ouest, ensuite elles reprennent la route du nord jusqu’à l’Isthme de Panama. On leur donne plus de douze cens lieues de long, & jusqu’à 1400. Elles séparent le Pérou & le Chili qui leur restent à l’occident, de tout le reste de l’Amérique méridionale qui est à l’orient de ces montagnes. Nos cartes étendent cependant l’un & l’autre de ces royaumes au-delà des Andes, à l’occident. Elle sont excessivement hautes, ensorte qu’elles sont toujours couvertes de neige, & que bien avant dans la zone torride, au temps des plus grandes chaleurs de l’année, on y essuie des neiges abondantes & des gelées affreuses ; c’est ce qu’éprouverent en 1734 des missionnaires Jésuites, qui voyageoient dans celles qui sont entre S. Michel du Tucuman & Tarija, aux confins du Pérou. Il y a dans ces montagnes une vingtaine de volcans, qui tous sont dans la zone tempérée, aucun dans la zone torride. Ces montagnes sont très-fertiles, & habitées par un nombre prodigieux d’Indiens très-féroces, & dont la plupart n’ont pu jusqu’ici être domptés par les Espagnols. Voyez le XXIV Recueil des Lettres édif & cur. p. 167 & suiv.

ANDEVALLO. Campo d’Andevallo. Petit pays de l’Andalousie, province d’Espagne. Andevallensis ager. Il est vers les frontières du Portugal, & de l’Estramadure espagnole.

ANDEUX. Voyez ANDÉOL.

ANDIATOROQUE. s. m. Lac de l’Amérique septentrionale. Andiatorocus. Il est aux confins de la nouvelle France & de la nouvelle Angleterre.

ANDILLY. La Blanche d’Andilly. s. f. Espèce de pêche d’un grand rapport, grosse, ronde, plate, se colorant au soleil, sans rouge au dedans, sujète à avoir la chair molle. Il ne faut pas la laisser trop mûrir.

ANDIOL. Voyez Andéol.

ANDIRA, ou ANGELIN. s. m. C’est un arbre du Brésil, dont le bois est dur & propre aux bâtimens ; son écore est cendrée ; les feuilles ressemblent à celles du laurier & sont plus petites. Il a des boutons noirâtres, d’où sortent beaucoup de fleurs ramassées, odorantes, de couleur purpurine & bleue ; son fruit a la grosseur & la figure d’un œuf, vert au commencement, & noircissant peu à peu. Il est couvert d’une écorce dure ; il renferme une amande jaune, d’un goût amer. On pulvérise ce noyau, & on en donne dix grains pour les vers.

ANDIRA, ou ANDIRA GUACU. s. m. Espèce de chauve-souris du Brésil. Les plus grandes égalent nos pigeons. Elles ont une excroissance, ou corps pliant sur le nez, ce qui les fait appeler cornues ; leurs ailes sont longues de demi-pied, de couleur cendrée ; elles ont des oreilles larges, & des dents blanches. Leurs pieds ont chacun cinq doigt armés d’ongles aigus ; elles courent après toutes sortes d’animaux, & elles en sucent le sang si elles les attrapent. Quelques-unes se glissent dans les lits & ouvrent les veines des pieds. La langue & le cœur de ces animaux est, à ce que l’on croit, un poison.

☞ ANDOKAN, ANDECAN & ANDUGIAN. Ville d’Asie, dans la province de Transoxane, qui est des dépendances de celle de Ferganah. Quand le nom de Ferganah est donné à cette province, Andokan en est la capitale, & c’est la même que Ferganah pris pour le nom d’une ville.

ANDORIA. Le lac d’Andoria, ou Lago falso. Lac du royaume de Naples. Andoria, ou Lacus falsus. Il est dans la Capitanate, entre le rivières de Candalaro & de Coropello, peu éloigné de la mer Adriatique, & plus près encore de la ville de Manfrédonia.

ANDORRE. Bourg de Catalogne, en Espagne. Andorra. Il est dans le comté de Cerdagne, au nord d’Urgel. La vallée d’Andorre est une vallée voisine très-fertile, à laquelle ce bourg donne son nom. Andorrana vallis.

ANDOVER. Bourg du comte de Hant, en Angleterre. Andovera. Il est sur les confins du comté de Wilt, au nord de Winchester.

ANDOUILLE. s. f. Mets que les Charcutiers préparent avec des boyaux de cochon enfermés dans un autre boyau, qui s’appelle, pour cet effet, la robe de l’andouille. Hilla. Il s’en fait aussi avec de la chair hachée, & assaisonnée d’oignon & d’épices. Il y a aussi des andouilles de veau. M. Chomel donne deux manières de les faire, dans son Dictionnaire économique, au mot Andouille. Les andouilles de Troies & de Blois sont les plus renommées. ☞ Il y a aussi des andouilles de Carême que l’on fait avec de la chair de quelques poissons, comme anguilles, tanches, carpes, morue fraîche, brochets, le tout bien pilé dans un mortier avec des assaisonnemens convenables, & enfermé dans des peaux d’anguilles. On marine ensuite ces andouilles, on les fume ; & pour les manger, on les fait cuire dans du vin blanc avec de fines herbes. Ce mot vient du latin indusiola, selon quelques-uns ; mais il y a plus d’apparence qu’il vient d’anduiller, vieux mot celtique, ou bas-breton, signifiant la même chose. M. Huet le fait venir d’edulium.

Andouilles de tabac. Ce sont des feuilles de tabac préparées & mises ensemble, de manière que pour leur longueur & leur figure, elles ont assez de ressemblance avec les andouilles des Charcutiers, avec cette différence pourtant, qu’elles sont plus enflées au milieu qu’aux extrémités. Les plus grosses andouilles de tabac ne passent pas dix livres, & les plus petites n’en ont pas moins de cinq.

ANDOUILLERS. s. m. ou ANTOILLIERS. s. m. Terme de Vénerie. Cornua cervina. Premiers cors ou ramures du bois de la tête du cerf joignant la meule, ou chevilles les plus basses de chaque perche, ou du merrain du cerf. Les surandouillers sont les second cors.

ANDOUILLETTE. s. f. Petit ragoût que font les cuisiniers avec de la chair de veau hachée & des œufs, qu’ils roulent ordinairement en forme de petite andouille, & dont ils garnissent les potages & les pâtés, & dont ils font des entrées de table. Farcimen ovatum.

ANDRACHNE. s. m. Est un arbre semblable à l’arboisier. C’est aussi la plante appelée Portucala, Pourpier.

ANDRAGIRI. Ville, rivière & royaume dans Sumatra, île de l’Océan indien. Andragiri est sur la rivière d’Andragiri, & capitale du royaume de même nom, qui a son Roi particulier, quoiqu’il soit très-petit.

ANDRAMITI. Ville de Turquie, en Asie. Andrimitum. Elle est sur la côte occidentale de l’Anatolie, sur le golfe d’Andramiti, vis-à-vis de l’île de Mételin. Le golde d’Andramiti est dans l’Archipel, entre l’île de Mételin & l’Anatolie ou Asie mineure. Sinus Andramitinus. On dit aussi Andrimiti, Landrimiti, & San-Dimitri, & il paroît que c’est de ce dernier nom San-Dimitri que les autres ont été faits par corruption.

ANDRAPODOCAPÈLE. s. m. C’est une espèce de trafiquant dont Galien fait mention en plusieurs endroits. On donnoit jadis ce nom à des gens qui logeoient des jeunes gens, des filles, des eunuques, & d’autres personnes de cette espèce. Il n’étoit point question de débauche dans leur commerce. Ils le faisoient valoir le plus qu’ils pouvoient, en se chargeant de soigner & d’embellir le corps de ceux qu’on mettoit entre leurs mains. Ἀνδραποδοκάπηλος, d’ἀνδράποδος, esclave, & κάπηλος, marchand.

ANDRATOMIE. s. f. Andratomia. Dissection du corps humain, comme la Zootomie est la dissection du corps des bêtes. Harris. Anatomie est le genre, qui signifie en général toute dissection, d’hommes, de bêtes, de plantes. Andratomie & Zootomie sont les espèces.

☞ ANDRE. Les Auteurs du grand Vocabulaire supposent, après M. Corneille, une rivière de ce nom, qui a sa source à Loroux, en Anjou, & son embouchure dans la Loire, à Nantes, après un cours de quinze lieues. S’ils avoient consulté la carte du Diocèse de Nantes, par le Pere de Lambilly, Professeur d’Hydrographie, ils auroient vû que Corneille s’est trompé, & que cette rivière s’appelle l’Erdre.

ANDRÉ. s. m. Andreas. Nom d’homme. S. André étoit disciple de S. Jean-Baptiste ; il fut le premier appelé par Jésus-Christ à l’apostolat. Il prêcha aux Scythes, aux Sogdiens, aux Thraces, dans l’Epire, dans le Péloponnèse, dans l’Achaïe, où il fut crucifié par ordre du Proconsul Egée. Les actes du martyre de S. André, sont une relation du martyre de ce Saint Apôtre, attribuée faussement aux Prêtres & aux Diacres de l’Achaïe, & que quelques Critiques croient supposée par d’anciens hérétiques. S. André est le Patron d’Ecosse. Le jour de sa fête, la plupart des gentilshommes, & presque généralement tout le monde, portent une croix de ruban, bleue & blanche au chapeau. Ce mot est fait du grec Ἀνδρεῖος, qui signifie courageux.

Croix de S. André, c’est une croix en sautoir, comme si celle où ce Saint fut attaché, avoit eu cette figure ; ce que néanmoins l’on ignore. Crux decussata.

S. ANDRÉ DU CHARDON. Ordre Militaire en Ecosse, institué, à ce que quelques-uns croient, par Hungus ou Hungo, Roi des Pictes, après la victoire qu’il remporta sur Athelstadam. Il lui étoit apparu, dit-on, une croix de S. André, patron de l’Ecosse ; il voulut, à la gloire de ce S. Protecteur, à qui il devoit cette victoire, que l’on mît dans ses étendarts une croix de S. André, & il institua l’Ordre dont nous parlons, & dont le collier est d’or, tissu de fleurs de chardons. De ce collier pend une médaille qui représente S. André tenant sa croix de la main droite, avec ce mot, Nemo me impunè lacesset ; c’est-à-dire, On ne m’attaquera point impunément. Voilà ce qui se dit de l’origine de cet Ordre. D’autres prétendent que cet Ordre fut institué après la conclusion de la paix, entre Charles VII Roi de France, & le Roi d’Ecosse. Justiniani, dans sa seconde édition, remonte plus haut, & veut qu’il ait été institué par Achaïus I Roi d’Ecosse, en 809. Ce Prince gouvernoit les Ecossois, au même temps que Hugues étoit Roi des Pictes, c’est-à-dire, au commencement du IX siècle, après qu’ayant fait alliance avec Charlemagne, il eut pris pour sa devise le Chardon de la Rue, avec ces mots, Nemo me impunè lacesset, qui est en effet celle de cet Ordre. Jacques IV le renouvela, ou peut-être l’établit, & prit S. André pour son protecteur. Il n’y a que douze Chevaliers, dont le Roi est le chef. Ils portent un cordon vert, avec une médaille d’or émaillée, sur laquelle est d’un côté l’image de S. André, & de l’autre la devise que j’ai dite. Ils portent encore sur le justaucorps, & sur le manteau, au côté gauche, une croix de S. André, cantonnée de feuilles de rue, avec le charon & la devise au milieu. Voyez Le Mire, Orig. Ord. Equest. Liv. II. ch. 10. & Justiniani, Hist. de Gli Gordini Milit. &c. Buchanam, Hist. Scot. Liv. V. & XI. & Boëthius Devananus, Liv. X. dans leur Histoire d’Ecosse, ne parlent point de cet Ordre.

S. André. Ordre militaire établi en 1608, par Vincent de Gonzague, Duc de Mantoue. Les Chevaliers de S. André s’appellent autrement les Chevaliers du Rédempteur. Voyez Rédempteur.

S. André, Ordre de Chevalerie en Moscovie. Cet Ordre militaire a été établi depuis peu par le Czar Pierre dit le Grand, au retour des voyages qu’il a fait en Angleterre, en Allemagne & dans les Pays-Bas. Ce Prince, immédiatement après l’institution de cet Ordre, créa quatre Chevaliers. M. Printz, Ambassadeur extraordinaire du Roi de Prusse, étoit du nombre. La croix de cet Ordre où est l’image de S. André, est enrichie de diamans.

S. André. Ville d’Ecosse. Andreapolis. Elle est sur la côte orientale de ce Royaume, au 17 degrés 28’ de longitude, & au 57 degrés 46’ de latitude, si l’on en croit la dernière édition d’Hoffman. Les cartes de Samson la font beaucoup plus méridionale & plus occidentale. Les Ecossois l’appellent S. Androws. Elle a une Université & un Archevêché. On place sa fondation un peu après le milieu du quatrième siècle, que S. Reule, ou Regulus Albatus, Moine Grec, apporta au Roi des Pictes, des reliques de S. André : ce qui donna le nom à la ville qui fut bâtie près du lieu où il aborda ; & qui devint la capitale du Royaume. Larr. L’Evêché de cette ville fut fondé par Kenneth Roi d’Ecosse, après qu’il eut conquis & réuni à sa couronne le Royaume des Pictes, au milieu du neuvième siècle : & en 1474 il fut érigé en Archevêché ; & Grahan, qui en fut le premier Archevêque, prit le titre de Primat d’Ecosse, qu’il a transmis à ses successeurs. Id..

S. André. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’une anemone. Anemone, à Sancto Andrea dicta.

ANDRÉASBERG. Ville de la Basse Saxe, en Allemagne. Andreæberga, Andreæ mons. Elle est dans la Principauté de Grubenhagen, proche de celle d’Anhalt, entre Goslar & Northausen. Les mines de fer d’Andréasberg sont fort bonnes. Ce mot signifie montagne d’André.

ANDRES. Ville de l’Anatolie propre. Andresia. Elle est vers l’Amasie, près d’Ancyre ou Angouri.

ANDRI ou ANDRIA. Ville de la terre de Barri au Royaume de Naples. Andria. Elle est au couchant de Barri. Son terroir est très-fertile, & l’on y fait de très-belle faïence.

ANDRIAGUE. s. m. Animal fabuleux, sur lequel les Auteurs des anciens Romans ont monté leurs Héros, au lieu de chevaux. C’est des montures fabuleuses des