Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/351-360

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Fascicules du tome 1
pages 341 à 350

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 351 à 360

pages 361 à 370



substance intérieure est blanche, molle, piquante au goût, âcre, un peu amère & fort aromatique. Ses feuilles sont fort amples, & comme composées de plusieurs petites feuilles rangées sur une côte branchue terminée par une seule feuille, crénelées sur les bords, molles, vert gai en dessus, plus pâles en dessous, & d’une odeur & d’un goût un peu forts & ambrés. Ces feuilles sont portées par des pédicules branchus, teints d’un peu de pourpre. La tige qui s’élève d’entre ces pédicules est haute de cinq à six pieds, creuse, légère, noueuse, branchue, cannelée, rouge à sa naissance, d’un vert pâle & cendré à son extrémité, & garnie de quelques feuilles beaucoup moindres que celles du bas : elle se termine en des ombelles de fleurs blanchâtres. Ses semences sont aplaties, presque ovales, légérement rayées sur le dos, & comme bordées par une aile très-mince. Ses feuilles, ses tiges & ses semences, ont une odeur fort agréable. On confit les pédicules de ses feuilles & de ses tiges ; elles sont stomachiques & alexitères ; ses racines entrent dans plusieurs compositions alexipharmaques. L’Angélique de Bohème est rangée parmi les impératoires, à cause que ses semences sont semblables à celles de l’impératoire ordinaire. On cultive l’angélique de Bohème, & elle périt aussitôt après qu’elle a donné des graines.

Angélique proprement dite, suivant M. Tournefort, est un genre de plante ombellifère, dont les semences sont longues, étroites, arrondies, & cannelées sur leur dos. Elle a comme l’impératoire, ses feuilles assez grandes, rangées sur une côte branchue, terminée par une seule feuille. Il y a plusieurs plantes qui se rangent sous ce genre, quoiqu’elles n’aient ni l’odeur de l’angélique de Bohème, ni même tout le port.

L’angélique a été ainsi appelée à cause des grandes propriétés qu’on lui attribuoit. C’est pour la même raison qu’on l’appelle encore Racine du Saint Esprit. La forme de ses fleurs s’appelle Ombelle. Umbella. Les Anglois usent des feuilles & de la racine d’angélique dans leurs sauces, parce qu’elle corrige les humeurs grossières, & l’haleine puante, & qu’elle aide beaucoup à la digestion.

Il y a une angélique d’Acadie nouvellement décrite dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, qui a la fleur jaune, la racine noire & touffue, plusieurs tiges creuses, anguleuses, & hautes d’un pied & demi, avec des branches qui naissent des aisselles des feuilles. Chaque branche porte en son extrémité une petite ombelle composée de plusieurs bouquets de fleurs jaunes très-petites qui ont cinq feuilles, qui naissent d’un péricarde vert, gros comme la tête d’une épingle. Sa graine est brune, cannelée & semblable à celle du carvi. Cette plante est âcre, amère & aromatique, & a l’odeur fort différente de l’angélique ordinaire.

Eau d’angélique. C’est une essence qui se fait en prenant demi-once d’angélique, autant de cannelle, un quart d’once de girofle, autant de mastic, de coriandre & d’anis vert, & demi-once de bois de cèdre. On concasse tout cela dans un mortier. On le fait infuser pendant une nuit dans un pot d’eau de vie ; on la distille ensuite au bain-marie, & l’on met de cette essence sur un pot d’eau de vie, depuis une jusqu’à deux ou trois once ; on y met aussi de l’ambre, du musc & de la civette. Chom.

Angélique. s. f. Sorte d’anémone blanche à peluche gris de lin.

Angélique. Espèce de figue. L’angélique est violette & longue, peu grosse, la chair rouge, & passablement bonne. La Quint.

ANGÉLIQUEMENT. adv. D’une manière angélique. Il est peu d’usage. Acad. Fr.

ANGÉLITES. s. m. pl. Angelitæ. Hérétiques sectateurs de Sabellius, ainsi nommés à Aléxandrie du lieu où ils s’assembloient, qu’on appeloit Agellio, ou Angelio. C’est Nicéphore qui le dit, Liv. XVIII. ch. 49. Voyez le Glossaire de M. du Cange.

ANGÉLOLÂTRIE. s. f. Culte des Anges. Angelolatria. Terme dont se servent les Hérétiques, pour exprimer le respect que nous avons pour les Anges, que nous regardons comme des Médiateurs entre Dieu, & nous.

ANGELOT. s. m. Espèce de monnoie qui étoit en usage vers l’an 1240, & qui valoit un écu d’or fin. Il y en a eu de divers poids & de divers prix. Ils portoient l’image de Saint Michel, qui tenoit une épée à la main droite, & à la gauche un écu chargé de trois fleurs-de-lis, ayant à ses pieds un serpent. On en voyoit du temps de Louis XI. Il y en a eu d’autres qui avoient la figure d’un ange, lequel portoit les écus de France & d’Angleterre, battus du temps de Henri VI Roi d’Angleterre. Ils valoient quinze sols. Ils furent frappés pendant que les Anglois étoient maîtres de Paris. Le traité entre Henri VII, Roi d’Angleterre, & Anne, Duchesse de Bretagne, portent que les monnoies d’Angleterre auroient cours en Bretagne ; que le denier anglois y seroit mis pour la valeur qu’il avoit en Angleterre, qui étoit la 80e partie d’un Noble ou Angelot. Lobineau. Il y a encore dans ce traité, viginti grossi Angliæ valeant unum nobile vocatum Angelot ; par où il paroît que l’Angelot s’appeloit aussi Noble.

Angelot. Ce mot signifie aussi une espèce de petits fromages qui se font particulièrement en Normandie. On dit, les angelots du Pont-l’Evêque, les angelots du pays de Bray. Jacques Cahagne, dans ses Eloges des Citoyens de Caen, cité par M. Ménage, dans son Dictionnaire Etymologique, croit que ce fromage a été ainsi appelé, parce qu’il avoit la figure d’une monnoie d’Angleterre nommée Angelot ; pontem Episcopi illustrat, dit Cahagne, caseus, qui angelotus appellatur, quòd figuram nummi angelici cognominis exhibeat. Il y a de l’apparence que les Normans du pays de Bray & du Pont-l’Evêque auront pris ce mot des Anglois. M. de Bras croit qu’on dit angelot, pour augelot, & qu’on appelle ainsi cette espèce de fromage, parce qu’il se fait dans le pays d’Auge.

ANGELUS. s. m. Prière à la Sainte Vierge qui commence par le mot Angelus, & qui se fait trois fois le jour, lorsqu’on sonne trois petits coups de la cloche, & par trois fois, pour avertir de la faire. Salutatio Angelica. On appelle cela autrement le pardon, parce qu’on gagne des indulgences en la récitant : les petits coups que l’on sonne s’appellent aussi l’angelus. pulsus campanæ ad salutationem Angelicam. Voilà l’Angélus qui sonne ; disons notre Angelus. S. Ignace établit en son pays la prière qu’on nomme communément Angelus. Bouh. Louis XI ordonna dans son Royaume la Salutation Angélique, qui se dit le matin, à midi & le soir, au son de trois coups de cloche. C’est ce que nous appelons l’Angelus. Ce fut le premier de Mai 1472. Mezer. en la vie de Charles VIII. En 1316 Jean XXII avoit institué cette dévotion à la Sainte Vierge. De Roch. Ce fut lui (Louis XI) qui établit en France la coutume de sonner l’Angelus à midi. P. Dan. On commença vers l’an 1330 à sonner l’Angelus le soir avant que l’on couvrît le feu dans les familles, & il y avoit deux jours d’indulgence à gagner en disant trois Ave. Lobineau. Voyez les Statuts synodaux de Tréguier, de l’an 1329. La Faille dans ses Annales de la ville de Toulouse, p. 247 à l’an 1475, dit : la prière de l’Ave Maria fut instituée cette année. Le Pape, à la prière du Roi, accorde trois cens jours d’indulgence à tous les fidèles qui, aux trois coups de cloche qu’on sonnera à midi, diront trois fois à genoux l’Ave Maria pour la conservation de la personne du Roi & de son Royaume. Cette bulle fut suivie d’un édit du Roi : l’un & l’autre furent enregistrés dans toutes les Cours du royaume.

ANGEMME, ANGÈNE. s. f. ou ANGENIN. s. m. Terme de Blason, qui se dit d’une fleur factice & imaginaire, qui a six feuilles, qui ressemble à la quinte-feuille, à la réserve que ses feuilles sont arrondies, au lieu d’être pointues, comme celles de la quinte-feuille. Elles sont quelquefois percées ; ce qu’il faut expliquer en blasonnant. Plusieurs croient que ce sont des roses d’atour ou d’ornement, faite de rubans, de broderies ou de perles : & ce mot vient de ingemmare, italien, c’est-à dire, adornar di gemme. On les a encore nommées Achesmes, de azimare, coiffer. On dit encore en picard, Achesmer ; pour dire, Coiffer. Achesmes, se disoit autrefois pour toutes sortes d’ornemens.

ANGENE. Voyez ANGEMME.

ANGENIN. Voyez ANGEMME.

ANGÉOGRAPHIE, Voyez ANGEIOGRAPHIE.

ANGER. v. a. Quelques-uns disent que ce verbe est en usage, au moins en parlant familièrement, en raillant, ou en témoignant quelque colère. Il signifie embarrasser, incommoder. Vexare, angere. Votre pere le mocque-t-il, de vouloir vous anger de l’Avocat ? Mol. ☞ Ce mot a vieilli, & n’est plus en usage.

ANGERBOURG. Ville de la Prusse Ducale. Angerburgum. Elle est dans la Bartonie, aux confins de la Sudavie, près d’un lac d’où sort la rivière d’Angerap.

ANGERMANFLODT. Rivière de Suède. Angermanus fluvius. Elle sort de la Laponie, traverse l’Angermanie du couchant au levant, & va se décharger dans le golfe de Bothnie, vers les confins de la Médelpadie.

ANGERMANIE. s. f. Angermania. Province de Suède, qui est entre la Bothnie, la Laponie, la Jemptie, la Médelpadie, & le Golfe Bothnique. Il n’y a dans toute l’Angermanie que quelques bourgs de peu de considération. Maty. L’Angermanie a vingt milles & demi de long & autant de large. Un Auteur d’Angermanie remarque, que parmi les monumens de l’antiquité qu’on y trouve, il n’y a point de pierres Runiques. Presque toutes les Paroisses de cette province ont chacune leur dialecte particulier. Si l’on en croit ce même Auteur, le nom d’Angermanie vient de anger, qui signifie se repentir, & man, hommes ; & veut dire que c’est une terre dont les habitans se repentent de s’y être établis, à cause des lieux escarpés & incultes dont elle est pleine. Quelques-uns la nomment Ingermanie.

☞ ANGERMANLAND, en Suédois & en Allemand, province du Royaume de Suède, l’une de celles appelées Nordelles, à cause qu’elle s’étend fort vers le nord, bornée au septentrion par la Bothnie & la Laponie ; à l’orient, par le golfe de Bothnie ; au midi, par le Médelpar ; & à l’occident, par le Jemptland, & une partie de la Norwege. Baudrance.

☞ ANGERMANLAND-LAPMARCK. Angermanica Laponica. C’est une des six parties de la Laponie Suédoise, & la plus méridionale, entre l’Angermanland au midi, qui lui donne son nom, & l’Una-Lapmark, au septentrion.

ANGERMUND. Ville du Duché de Courlande, en Pologne. Angermunda. Elle est sur la mer Baltique, au nord de Windau.

New Angermund, ou le nouvel Angermund. Ville de l’Electorat de Brandebourg, en Allemagne. Angermunda nova. Elle est dans l’Ucker Mark, aux confins de la moyenne Marche, sur la rivière de Welse, au sud-ouest de Stétin.

ANGÉRONALES. s. f. pl. Fête d’Angérone, Déesse du silence. Voyez Angérone.

ANGÉRONE. s. f. Angerona, Angeronia. Nom d’une Déesse des anciens Romains. Festus & Julius Modestus, cités par Macrobe, Saturn. Liv. I. ch. 10. dérivent ce nom de angina, esquinancie, & veulent que cette Déesse fût ainsi nommée, parce qu’elle guérissoit de ce mal, dans l’opinion des Payens. D’autres ont prétendu qu’elle étoit ainsi nommée du mot angor, douleur, peine ; ou du verbe angor, je souffre, j’ai du chagrin ; parce que cette Déesse délivroit des peines & des chagrins. C’est ainsi, dit-on, que de pello on a fait pellonia ; & de populor, populonia, qui se trouvent le premier dans Arnobe, Liv. IV, & le second dans S. Augustin de la Cité de Dieu, Liv.VI, ch. 10. D’autres veulent que ce nom ait été fait d’angeo, je presse, je serre, parce que cette Déesse étoit la Divinité du silence, & qu’elle serroit ou fermoit la bouche ; c’est-à-dire, qu’elle faisoit garder le silence. Enfin quelques Auteurs doutent s’il ne faut point lire Agerona au lieu d’Angerona, & si ce nom ne vient point de agere, ago, j’agis ; parce qu’elle excitoit à agir fortement, comme dit S. Augustin, Liv. VI de la Cité de Dieu. Ango est l’étymologie de ce nom la plus vraie & la mieux fondée ; car Angerone étoit effectivement & la Déesse de la patience dans les maux, & la Déesse du silence, qui présidoit aux conseils, parce qu’il y faut du secret. D’ailleurs l’usage de lire Angeronia est ancien & constant ; il n’y a nul lieu de douter de cette leçon.

La fête d’Angerone, Angéronalia. Les Angéronales se célébroient à Rome le 21 Décembre. C’est Varron & Festus qui nous apprennent le nom de cette fête ; & Pline, Solin, & Macrobe qui nous disent le temps qu’on la célébroit, Voyez Saumaise, Exercit. Plin.p. 9.

ANGERS. Andegavum, Juliomagus Andium, ou Andegavorum Andegava, ou Andigarum Andigava. Ville de France, capitale d’Anjou, sur la rivière de Mayenne, entre l’endroit où elle reçoit la Sarte & le Loir, & celui où elle se jette dans la Loire. Angers s’appelle la Ville noire, parce qu’avant tout proche des carrières d’ardoises, elle en est toute couverte. Angers est l’ancienne Juliomagus. Elle a un Evêque suffragant de Tours. L’Académie d’Angers fut érigée en 1685, par Lettres Patentes du Roi. Cette ville est à 22°, 57’, 48” de longitude, & 47°, 26’, 0” de latitude. De la Hire, Tables astron. Il y a dans cette ville une Université, une Académie à monter à cheval, un Présidial, &c.

☞ ANGERVILLE. Petite ville de France, dans la Beauce, à trois ou quatre lieues d’Estampes, sur le chemin d’Estampes à Janville.

Angerville-le-Martel. Gros bourg de France, en Normandie, au pays de Caux, entre Gasni & Fécamp. Il s’y tient une foire considérable à la S. Mathieu.

ANGES. s. m. Angelus, ou de Angelis. Nom propre d’homme & de famille.

ANGEVIN, INE. s. m. & f. Andes, au pl. Andegavus, Andegavensis. On trouve quelquefois Andecavus. qui est de la province d’Anjou. M. Ménage, dont il est parlé si souvent dans cet ouvrage, étoit angevin. C’est aussi un adjectif : une famille angevine. Noblesse angevine. Dans le Parlement de Bretagne les charges françoises, c’est-à-dire, qui ne peuvent être possédées par des Bretons, mais seulement par des François, s’appellent aussi, Charges angevines, parce que la plus grande partie est possédée par les angevins, à cause du voisinage des deux provinces.

Angevine. s. f. Dans l’Anjou on donne ce nom à la fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Le vrai mot est Angeine, mais les Angevins disent toujours Angevine, & ils prétendent que cette fête est ainsi appelée parce qu’elle fut d’abord célébrée en Anjou. Il faudroit de bonnes preuves de ce fait. On a donné au mot Angeine la vraie étymologie de ce mot. Voyez Angeine.

ANGHIÉRA. Ville du duché de Milan, en Italie. Angleria. Elle est sur le bord occidental du lac Majeur, près de l’endroit où le Tésin sort de ce lac. Elle est capitale d’un comté auquel elle donne son nom, borné au nord par le gouvernement des Suisses en Italie & le Valais ; par la vallée d’Aoust au couchant ; au midi, par le Vercellois & le Novarrois ; & à l’orient, par le territoire de Milan. Angleriæ, ou Angerianus comitatus.

ANGHIVE. s. m. Arbre de l’ile de Madagascar. La décoction de ses racines diminue l’ardeur de l’urine, & guérit de la gravelle.

☞ ANGIMI. Ville d’Afrique, dans la troisième partie du premier climat. Elle appartient à la province de Canem, au pays des Négres, voisine de la Nubie qu’elle a au midi.

ANGINE. Angina, æ. Maladie de la gorge qui rétrécit le larynx & le pharynx, & empêche de respirer & d’avaler. Voyez Esquinancie. Ce mot vient du latin Angere, suffoquer, étrangler. Col. de Villars.

ANGIOLOGIE. s. f. C’est une partie de l’Anatomie qui traite des vaisseaux du corps humain. Ce mot est grec, ἀγγειολογία, composé de ἀγγεῖον, vaisseau, & λόγος, discours. Voyez Angeiologie.

ANGIOSPERME. adj. de t. g. C’est l’épithète des plantes dont la graine est enveloppée dans deux membranes qu’on ne sépare pas aisément du noyau, pour les distinguer de celles qu’on appelle Gymnospermes, qui est un mot dérivé de γυμνὸς, nu, &c. & qui ont la plus grande partie de leur graine entourée de trois tégumens. Angiosperme vient d’ἀγγεῖον, vaisseau, & de σπερμα, semence. Ἀγγειόσπερμος, Le mufle de veau est Angiosperme.

ANGIOTOMIE. s. f. Dissection des vaisseaux. De ἀγγεῖον, vaisseau, & τομὴ, dissection.

ANGISCOPE. s. m. Voyez Microscope ; c’est la même chose.

ANGITOLA. (La Rocca d’) c’est-à-dire, la Roche d’Angitola. Bourg de la Calabre ultérieure, au royaume de Naples. Angitula. Il est au nord de la ville de Monteleone, sur une rivière aussi nommée Angitula, qui se jette peu après dans le golfe de Sainte Euphémie. Angitola est la Crissa des Brutiens.

ANGLE. s. m. Terme de Géométrie. C’est l’inclinaison de deux lignes l’une vers l’autre, qui enfin se coupent en se rencontrant, & font l’angle au point de leur intersection ; l’ouverture que forment deux lignes ou deux plans qui se rencontrent. Angulus. L’angle droit se forme, quand une ligne tombe perpendiculairement sur une autre. Rectus, normalis. Mais quand elle tombe obliquement, & qu’elle ne s’approche pas beaucoup, elle forme un angle qui s’appelle obtus. Obtusus. Et si elle est fort inclinée, elle forme un angle aigu. Acutus. La grandeur des angles se mesure, non par la longueur des lignes qui les font, mais par leur inclinaison. Un angle rectiligne, est celui qui se fait par la rencontre de deux lignes droites inclinées sur le même plan. Rectilineus. Il est d’un plus grand usage que les autres. Ainsi quand on dit un angle simplement, cela s’entend d’un angle rectiligne. Le curviligne est celui qui se fait de deux lignes courbes. Curvilineus. Angle mixte, ou mixtiligne, est un angle formé d’une ligne droite & d’une ligne courbe. Angulus mixtus. Angle plan, est celui qui se fait sur une superficie plane. Angulus planus. Celui-ci se fait en plusieurs manières, qui ont des noms différens chez les anciens Géomètres. On appelle, Angle cornu, celui qui se fait d’une ligne droite qui touche ou qui coupe un cercle, Angulus cornutus. Angle lunulaire, qui est en forme d’un croissant, qui se fait de deux lignes courbes qui se coupent, dont l’une est convexe, & l’autre concave. Angulus lunularis. Angle dans un segment, est celui qui se fait par deux lignes droites tirées de deux extrémités du segment par quelque point de sa circonférence. Angulus in segmento. L’angle d’un segment est l’angle que fait la circonférence d’un cercle avec une ligne droite. Angulus segmenti. Angle cissoïde, est l’angle intérieur qui se fait de deux lignes circulaires convexes qui se coupent. Angulus cissoides. Angle sistroïde, qui a la figure d’un sistre. Angulus sistroides. Pelecoïde, qui a la figure d’une hache, ou d’une cognée, &c. Angulus pelecoïdes. Angle sphérique, est celui qui se fait sur la surface d’un globe par l’intersection de deux grands cercles. Angulus sphæricus. Angle solide, qui se fait par plus de deux angles plans, qui ne sont point dans la même superficie plane, & qui aboutissent à un même point. Angulus solidus. Angle de position. Angulus positionis. Les angles se mesurent par les degrés d’un cercle divisé en 360 degrés, dont le centre est dans l’intersection de leurs lignes. Ainsi on dit, un angle de 60, de 90, de 120 degrés, &c. L’angle se désigne ordinairement par trois lettres, dont celle du milieu marque le point où les deux lignes se touchent. Le point où les deux lignes se coupent, s’appelle point de l’angle. Apex anguli. Angle au sommet, est celui qui est opposé à la base d’un triangle.

☞ En Physique & en Méchanique on appelle angle d’incidence, celui que forme la direction d’un corps avec le plan sur lequel il tombe. Il est droit, aigu, obtus. Angulus incidentiæ.

Angle de direction, celui que forment les lignes deux forces ou puissances conspirantes, c’est-à-dire, qui concourent au même effet.

Angle visuel. C’est celui sous lequel l’œil voit les deux extrémités d’un objet.

Angle de réflexion, de réfraction. Voyez ces mots.

M. de Lagny a donné une nouvelle méthode pour mesurer les angles. Voyez l’Hist. de l’Acad. des Sc., 1724, & les Mémoires de la même année, p. 241. Il juge cette méthode assez importante pour en faire une science nouvelle qu’il nomme Goniométrie. Voyez ce mot.

Angle, en termes de Fortifications, se dit de celui que forment les diverses lignes qui servent à fortifier. L’angle du centre est formé dans le centre du polygone par deux demi diamètres, qui de-là vont aux deux extrémités les plus proches du polygone. Angulus centri polygoni. L’angle du polygone, est celui qui se fait à la pointe du bastion par la rencontre des deux bases, ou des deux côtés du polygone. Angulus polygonus. L’angle du flanc, ou de la courtine, est celui qui a pour ses côtés le flanc, & la courtine, sur laquelle il tombe à plomb ordinairement. Angulus alæ & cortinæ. L’angle flanqué est la pointe du bastion, ou le concours des deux faces du bastion. Angulus propugnaculi. L’angle flanquant extérieur, on l’angle de tenaille, est celui qui seroit fait des deux faces des bastions, si elles étoient prolongées. Angulus decussationis. L’angle flanquant intérieur, est celui que fait la ligne rasante sur la courtine. Angulus defensionis interior. Angle de l’épaule, est celui qui est formé par le flanc & la face du bastion. Angulus humeri. Angle diminué, est l’angle que fait la face du bastion avec le côté extérieur du polygone. Angulus imminutus. Angle saillant, que quelques-uns appellent, Angle vif, est celui dont la pointe est en dehors de la place, ou qui présente la pointe vers la campagne. Angulus prominens. Angle rentrant, ou Angle mort, autrement Angle de tenaille, est celui dont la pointe rentre dans le corps de la place, comme ceux des petits forts, qui ont la figure d’une étoile. Angulus recedens.

Angle. Terme d’Astrologie judiciaire, qui se dit de l’ascendant du milieu du ciel, de l’occident & du bas du ciel, c’est-à-dire, de la première, de la dixième, de la septième & de la quatrième maison. Les planètes qui sont sur la pointe des angles dans une figure de nativité, ont toujours beaucoup de force, principalement celles qui sont sur la pointe du milieu du ciel & de l’ascendant.

Angle, terme d’Anatomie, se dit des coins des yeux, qui sont les endroits où la paupière de dessus s’assemble avec celle de dessous. Ils sont deux, l’un auprès du nez, nommé le grand angle, ou l’interne ; & l’autre vers les temples, appelé le petit angle, ou l’externe. Dionis.

En Architecture, l’angle d’un mur, est le point, où l’encoignure, ou ses deux faces, ou ses deux côtés, viennent à s’unir, & à se terminer ensemble. En général, les ouvriers appellent angles, les pièces d’encoignure qui servent dans les compartimens. Angle de paveur, est la jonction de deux revers de pavé, laquelle forme un ruisseau en ligne diagonale dans l’angle rentrant d’une cour. Daviler.

On appelle en termes de guerre, les angles d’un bataillon, les soldats qui terminent les rangs & les files, ou qui sont sur les ailes d’un corps rangé en bataille ; les coins d’un bataillon : & on appelle, émousser les angles d’un bataillon, quand on retranche les hommes qui sont aux quatre encoignures, ensorte que d’un bataillon carré on en fasse un octogone, qui présente par-tout des piques, sans laisser aucun intervalle vide.

Ce mot angle vient du mot latin angulus.

☞ ANGLE, ou ANGLES. Angla. Petite ville de France, en Poitou, sur la rivière d’Anglin, sur les confins de la Touraine, à neuf lieues de Poitiers.

Angle, ou Angles. Petite ville de France, dans le Languedoc, près de la rivière d’Agout, au diocèse de Castres, environ à quatre lieues de Saint-Amand de Valtoret.

Angles, peuples venus du septentrion de l’Allemagne, d’où il passa en Angleterre, à laquelle il donna son nom. Il se divisa ensuite en Angles orientaux, East Angles, & occidentaux, Westangles.

ANGLÉ. adj. Terme de Blason, qui se dit d’une croix, ou sautoir, quand il y a des figures mouvantes qui sortent de ses angles : comme la Croix de Malte des François est anglée de quatre fleurs-de-lis. Crux cujus ex angulis lilia prodeunt.

ANGLEN. Contrée du duché de Sleswick, dans la basse Allemagne. Anglia. Il est entre la ville de Sleswick, celle de Fleusbourg, & la mer Baltique. Ce sont les habitans de ce pays qui conquirent au Ve siècle la partie méridionale de l’île Britannique, & lui donnèrent leur nom.

☞ ANGLER. v. a. En termes d’Orfévre en tabatières. C’est former exactement les moulures dans les plus petits angles du contour, à l’aide du marteau & d’un ciselet gravé en creux de la même manière que la moulure en relief, ou gravé en relief de la même manière que la moulure en creux. Cet ouvrier angle bien une tabatière.

☞ ANGLÉ, ÉE, part.

ANGLESEY. Île de la mer d’Irlande. Mona. L’île d’Anglesey est sur la côte du comté de Caërnarvan, dans la principauté de Galles, & n’en est séparée que par un petit détroit, qu’on appelle le Détroit de Menay. Les anciens Bretons appeloient cette île Mon ; les Anglo-Saxons s’en étant rendus maîtres, lui donnèrent le nom d’Anglesey.

ANGLET. s. m. Terme d’Architecture. Petite cavité feuillée en angle droit, comme sont celles qui séparent les bossages, ou pierres de refend.

ANGLETERRE. s. f. Anglia. Nom de la partie méridionale de l’île de la grande Bretagne, depuis les côtes de la Manche jusqu’au mont Chériot, & aux rivières de Solwai & de Twede qui la séparent de l’Ecosse. Les Anglois la nomment Engleland, qui est la même chose qu’en François Angleterre ; c’est-à-dire, terre des Anglois. Elle a pris ce nom des Saxons-Anglois, qui la conquirent au Ve siècle. Avant cela on avoit appelé Angleterre, Engleland, Anglia, le pays que possédoient ces Anglois, le Holstein & le Jutland ; & quelques Auteurs prétendent qu’il fut ainsi nommé du mot allemand, ou teutonique, Eng, qui signifie Angulus, angle, coin, ou Angustiæ, lieu étroit ou serré, & de land, terre, parce que ce pays étoit très-étroit. Ils veulent encore que l’Angleterre ait été appelée du même nom à cause du peu de largeur de l’île ; mais cela ne paroît pas vraisemblable ; car les Saxons durent s’y trouver fort au large, en comparaison de cette Angleterre, dont les Danois les avoient chassés : ainsi il est plus probable qu’on appela la Bretagne Angleterre, parce qu’elle étoit devenue la terre des Anglois. Ce fut Egbert, premier Roi Saxon, qui monta sur le trône en 801, qui lui donna le nom d’Angleterre. Il le préféra, dit-on, à celui de Saxe, à cause de l’allusion que S. Grégoire a faite du nom d’Anglois à celui d’Ange, en disant, Anglos esse Angelicos. Car en Saxon Engel signifie Ange, & Engelsck, Angélique. Quelques Auteurs ont cependant appelé l’Angleterre, la Saxe d’outremer, ou Saxonia ultramarina ; la nouvelle Saxe, Saxonia nova. Elle avoit été nommée d’abord Albion, & puis Bretagne, pour les raisons que nous avons rapportées en leur place. La capitale est Londres. Depuis la réunion que la Reine Anne a faite de l’Angleterre & de l’Ecosse en un seul royaume, on ne distingue plus dans ces royaumes Angleterre, ni Ecosse, on dit simplement, Grande-Bretagne. Mais les lois du Parlement n’ont point changé notre usage en France, & nous parlons encore comme auparavant. L’Angleterre a la forme d’un triangle dont la base est au midi & la pointe au nord. Elle est baignée au midi par la mer Britannique, ou la Manche ; à l’orient, par la mer d’Allemagne ; & à l’occident par celle d’Irlande ; au nord, par celle d’Ecosse. L’Angleterre est un pays fertile, commode, & dont l’air est extrêmement tempéré. Les laines d’Angleterre sont fines & précieuses. Les chevaux & les dogues d’Angleterre sont estimés. On n’y voit point d’ânes, de mulets, ni de loups, soit qu’on les ait exterminés par la chasse, ou en faisant grâce à tous les coupables condamnés à l’exil, s’ils rapportoient une certaine quantité de têtes de loups. L’Angleterre a des mines d’étain, de plomb, & de fer. Les Sciences & les Arts y fleurissent. Cambden croit que l’Angleterre fut autrefois jointe à la France ; sa raison est que la mer est fort basse entre Calais & Douvres. L’Angleterre est une Monarchie, à laquelle les femmes succedent au défaut des mâles. Sur un passage de Corneille Tacite, qui dans la vie d’Agricola son beau-pere, parle de Voadica, femme du Sang royal, on prétend que les Anglois n’ont jamais mis de différence entre les hommes & les femmes, pour ce qui regarde l’Empire. On dit même que 800 ans avant cette Voadica, qui vivoit sous l’Empereur Claude, la Reine Cordeille avoit glorieusement rempli le trône. Larr. Tout cela sent bien la fable. Tacite ne dit pas même que Voadica régnât ; mais qu’elle se mit à la tête de ceux qui se révolterent contre les Romains. Quoiqu’il en soit de ces premiers siècles, depuis long-temps les lois d’Angleterre appellent les femmes à la succession du royaume au défaut des mâles.

L’Angleterre a été soumise à cinq peuples différens. D’abord les Bretons, nation Gauloise, y passerent, & s’y établirent ; on ne sait pas en quel temps. Il y a sur cela, & sur le nombre des Rois Bretons, mille contes dans les histoires anciennes d’Angleterre. Il est étonnant que le nouvel Historien (Larrey) ait adopté toutes ces fables. Jules-César soumit les Bretons aux Romains, dont ils furent tributaires jusques vers l’an 446. Pour se délivrer de ces maîtres, ils appellerent les Pictes d’Ecosse, qui après avoir chassé les Romains, dominerent dans la Bretagne. Pour chasser les Pictes, on appela les Saxons, qui au VIIIe siècle se rendirent maîtres de la Bretagne. Aux Saxons succéderent les Danois, que Guillaume le Conquérant subjugua à son tour, l’an 1066. Sa postérité règne encore en Angleterre, qui malgré la conquête des Normands, a toujours conservé jusqu’ici le nom que les Saxons lui avoient donné.

Les principaux Historiens d’Angleterre sont Béde, Guillaume de Malmesbury, Roger Hoveden, Henri Huistington, Ethelvard, Indulphe, Jean Asser, Matthieu Paris, Thomas Walsinghan, Thomas Morus, Matthieu de Westminster, Ranulphe de Chester, Froissard, Polydore Virgile, Cambden, Speed & Hume. Pour bien connoître ceux qui ont écrit de l’Angleterre, il faut voir l’excellent ouvrage de M. Nicolson, Evêque de Carlisle, intitulé, The English Historical Library ; c’est-à-dire, Bibliothèque historique d’Angleterre, en deux volumes, dans lesquels il fait le dénombrement & la critique de tous les Auteurs qui ont écrit sur l’Angleterre. Nous avons en notre langue une Histoire d’Angleterre, d’Ecosse & d’Irlande par Du Chesne, & une par Du Verdier. Les Révolutions d’Angleterre, par le P. d’Orléans, ouvrage estimé, même des Protestans, & une Histoire générale d’Angleterre, par Larrey, en quatre volumes in-folio ; mais il y a tant de fables, tant de passion, non-seulement dans les matières de religion, mais en tout, & principalement contre la France, qu’elle n’est pas supportable. L’histoire des derniers règnes n’est qu’une compilation des Gazettes & des Satyres écrites en Hollande.

Nouvelle Angleterre. Anglia nova. C’est une contrée de l’Amérique méridionale. Elle est bornée au nord & au couchant par la nouvelle France ; au midi, par la nouvelle Yorck, ou les nouveaux Pays-bas ; & au levant, par la mer du Nord, ou l’Océan. Les habitans naturels de la Nouvelle Angleterre, sont les Almouchiquois. La capitale est Baston.

☞ ANGLEUX, EUSE. adj. Il ne se dit guère que des noix dont la substance est tellement enfermée dans de petits angles ou coins, qu’il est difficile de l’en tirer. Nux lignosa, angulosa. Angleux vient d’angle, & signifie, qui a beaucoup d’angles, de coins & de recoins.

ANGLICAN, ANE. adj. D’Angleterre, qui appartient à l’Angleterre. Il ne se dit que de la Religion & de l’Eglise. En d’autres matières il faut dire Anglois, Angloise. La Religion Anglicane, c’est la prétendue Réforme introduite par Henri VIII. Depuis que l’Angleterre avoit été convertie par le Moine S. Augustin qui y fut envoyé par S. Grégoire, & qu’il eut chassé l’idolâtrie, que les Saxons ou Anglois y avoient rappelée, l’Angleterre avoit été Catholique, jusqu’à se faire tributaire du S. Siége. Mais Henri VIII ayant fait dissoudre son mariage avec Catherine d’Arragon, pour épouser Anne de Boulen, & le Pape l’ayant excommunié, ce Prince changea la Religion, & premièrement il défendit, sous peine d’être traité de criminel de lèse-Majesté, de reconnoître l’autorité du Pape, & ordonna qu’on le reconnût lui-même chef de l’Eglise Anglicane, qu’on lui payât les annates & les décimes des bénéfices ; qu’on s’adressât à lui pour la décision des procès & la réforme des abus, & que le Pape ne fût plus appelé que l’Evêque de Rome simplement. Il se créa un Vicaire-général dans les affaires spirituelles & ecclésiastiques. Ce Vicaire, quoique laïque, fit des ordonnances qu’il appela Injonctions, auxquelles il assujettit les Prélats & tout le Clergé. Il présida au nom du Roi au synode que ce Prince assembla ; il n’y fut rien décidé contre la foi. Jusques-là ce n’étoit que schisme ; mais bientôt après l’hérésie s’y mêla. Le nouveau chef de l’Eglise soutint qu’il y avoit sept Sacremens, mais qu’il n’y en avoit que trois institués par Jésus-Christ ; le Baptême, l’Eucharistie, & la Pénitence ; que les autres avoient été ajoutés par l’Eglise. Il changea beaucoup de choses dans la Liturgie. Il ôta le nom du Pape du canon de la Messe, & y mit le sien. Il nia que la confession fût d’institution divine, quoiqu’il la crût nécessaire. Il laissa les prières pour les morts, & nia le purgatoire. Il prescrivit une nouvelle forme pour l’ordination des Evêques. Il défendit le mariage aux Prêtres, & le permit aux Religieux qui n’étoient pas Prêtres. Tel fut l’origine & le commencement de la Religion Anglicane. Sous le règne d’Edouard VI, fils de Henri VIII. Edouard Seimer, son oncle & son tuteur, hérétique Zuinglien, introduisit en Angleterre les Luthériens, les Zuingliens, & leurs erreurs. Elisabeth fit aussi différens réglemens, sur-tout pour la conservation de tout l’extérieur de la Religion, aussi-bien que Jacques I & Charles son fils ; desorte qu’en général on peut dire que les principaux points de la Religion Anglicane sont, 1.o De ne reconnoître point le Pape pour chef de l’Eglise ; de reconnoître au contraire le Souverain, quel qu’il soit, homme, femme, ou enfant, pour chef de l’Eglise d’Angleterre : 2.o De conserver la hiérarchie & les différens ordres de Ministres : 3.o De conserver la liturgie & le culte extérieur de Religion, quoique différemment des Catholiques : 4.o Outre les erreurs dont j’ai parlé, de rejeter le culte des Saints, la présence réelle, & de ne croire sur cela que ce qu’enseigne Zuingle, ou Calvin.

L’Eglise Anglicane, c’est la société des Anglois qui professent la Religion dont je viens de parler. L’Eglise Anglicane est composée du Roi, qui en est le chef, du clergé & du peuple. Le clergé comprend les Archevêques & Evêques, les Prêtres & les Diacres. Elisabeth n’admit aucun ordre inférieur au Diaconat. Il y a dans l’Eglise Anglicane différens bénéfices, des cures ou paroisses, des chapitres, des dignités dans ces chapitres, des canonicats, des chanoines, &c. Mais il n’y a point de religieux, quelque chose qu’Elisabeth ait fait pour tâcher d’en conserver. Cette Reine se vantoit d’avoir un clergé honorable, & non pas des Ministres affamés comme ceux de Genève. Jovet.

On dit encore le mot Anglican en toutes les autres choses qui concernent la Religion. La Liturgie Anglicane, un Rituel Anglican, un Prêtre de l’Eglise Anglicane, les Eglises Anglicanes, la doctrine de l’Eglise Anglicane.

ANGLICAN, ANE. s. m. & f. Celui ou celle qui professe la Religion établie en Angleterre par les lois. Les Anglicans se sont moins éloignés des Catholiques, que la plupart des autres Protestans. Tout ce qui n’est pas Anglican, s’appelle Non-Conformiste en Angleterre. Les Anglicans se nomment autrement Toris. Les partisans de l’Eglise Anglicane avoient conseillé au Roi Guillaume, de reconnoître le Duc d’Anjou ; & on assure que le Comte Godolfin, qui étoit alors dans les intérêts de l’Eglise Anglicane, dit au Roi en Novembre 1701, que si sa Majesté entreprenoit cette guerre, il seroit obligé de quitter son emploi, & de se retirer, ce qu’il exécuta peu de temps après. De la Chapelle. Le meilleur Historien que nous ayons sur le schisme de l’Eglise Anglicane, est Sanderus, de Schismate Anglicano. L’Histoire de la Réformation, par Burnet, Evêque de Salisburi, est un tissu de faussetés grossières. Pour l’Histoire Ecclésiastique, il y a un fort gros recueil des constitutions qui la concernent, faites sous les Rois Jean, Henri III, & Edouard I, tirées des archives de la Tour de Londres, par Ed. Prynne, garde de ces archives ; le Monasticon Anglicanum en trois vol. in-folio, mais où il y a bien des pièces fausses ; l’Anglia Sacra, deux volumes in-folio, à Londres 1691. Enfin la Reine fit imprimer tous les actes & les titres, ou chartes qui regardent l’Histoire d’Angleterre, tirées des archives de la Tour de Londres, par M. Rymer, garde de ces archives ; mais à peine ce recueil avoit-il paru, que M. Anderson, Jurisconsulte habile, a prétendu y montrer bien des pièces fausses. Les Bénédictins Anglois appellent leur Congrégation, la Congrégation Anglicane. Ils l’appellent aussi, la Mission, ou la Congrégation d’Angleterre.

ANGLICISME. s. m. Façon de parler Angloise. Cet homme parle assez bien françois, mais il est sujet à faire des anglicismes. Anglicismus. ☞ C’est-à-dire que ces phrases sont exprimées suivant le tour, le génie & l’usage de la langue Angloise. On le dit de même de toute autre langue. Gallicisme, Latinisme.

☞ ANGLOIR. s. m. Outil dont les facteurs de clavecin & autres se servent pour prendre toutes sortes d’angles, & les rapporter sur les pièces de bois qu’ils travaillent. Encyc.

ANGLOIS, OISE. s. m. & f. Nom du peuple qui habite l’Angleterre. Les habitans de cette île s’appeloient autrefois Bretons, Britanni, comme on le voit dans César, Liv. III, de Bello Gall. dans Tacite, vie d’Agricola ; dans Suétone, dans l’Epitome de Tite-Live, Liv. V ; dans Pline, Liv. IV, ch. 16 & ailleurs ; dans Méla, Liv. III, ch. 6 ; Tertullien. adv. Jud. ch. 7 ; S. Athanase, les Géographes Denys, v. 562 & suiv. & Etienne, & généralement toute l’antiquité.

On ne convient pas sur l’origine de ce nom, sur le temps que les Anglois le prirent, ni sur la raison qui le leur fit prendre. J’ai dit sur le mot Angleterre, que quelques Auteurs prétendent que le petit canton de terre qu’occuperent d’abord les Saxons entre le Holstein & le Jutland, s’appeloit Engleland, Angleterre, & que ces peuples porterent ce nom dans l’île Britannique, & donnerent à leur nouvelle conquête le nom de leur ancienne habitation. C’est le sentiment de Béde & de Krantzius, & ce sont ces Anglois-là que Béde appelle Anglois du milieu des terres, Middelengli ; Angli mediterranei. Goropius Bécanus prétend que le nom Anglois vient d’Angeln, qui signifie pêcher à la ligne, ou avec un hameçon, & qu’il leur fut donné, parce qu’ils étoient sur le bord de la mer, comme qui diroit pêcheurs. Il prétend néanmoins que ce ne fut pas seulement à cause de leur pêche, mais plus encore à cause de leurs rapines, qu’il leur fut donné.

Quelques-uns disent que vers le milieu du Ve siècle, six petits Souverains vinrent à divers temps de l’ancienne Saxe, menant avec soi chacun les peuples de sa province, ou de sa Seigneurie, dont l’un étoit l’Anglois qui donna son nom à tous les autres, & qui abolit le nom général de Saxon. D’autres disent que sur la fin du Ve siècle, Hengiste, Prince Saxon, Roi de Kent, ayant fait la conquête de Londres, voulut que toute la Bretagne changeât de nom pour prendre le sien, & s’appelât Hengesteland, c’est à-dire, Terre d’Hengiste, d’où par corruption s’est formé England, Angleterre. D’autres soutiennent que ce ne fut qu’au commencement du IXe siècle qu’Ebert, Roi des Saxons orientaux, ayant réuni les sept petits Royaumes que les Saxons avoient formés dans le midi de l’île Britannique, lui donna le nom d’Angleterre, comme nous avons dit à ce mot. Saxon le Grammairien prétend qu’il est dérivé du nom d’un Roi qu’avoient eu ces peuples, nommé Angul ; mais cet Auteur seul n’est pas un bon garant. Ce qu’il y a de certain dans tout ceci, c’est qu’il y a eu un peuple dans la Germanie qui s’appeloit Anglois, Anglus. Nous le voyons dans Tacite, de morib. Germ. ch.40. Ce peuple fut un de ceux de la partie méridionale de la Bretagne, & il y porta son nom. Tout le reste est conjecture ; mais il est très-vraisemblable qu’Egbert étoit Anglois, & Roi de ce peuple Anglois, & que par sa conquête ce peuple étant devenu le peuple dominant dans ce pays, son nom fut donné à tous les autres ; qu’ainsi ce n’est qu’au commencement du IXe siècle, que tous ces peuples, tant anciens Bretons que Saxons, porterent le nom d’Anglois.

Berte, fille de Cherebert Roi de Paris, qui avoit épousé Ethelbert Roi de Kent, fut cause de la conversion des Anglois, par la protection qu’elle donna à saint Augustin. Cordem. S. Grégoire écrit à Brunehaut Reine de France : « Vous savez combien de choses miraculeuses Dieu a faites pour la conversion des Anglois, & vous devez en avoir bien de la joie, puisque vous avez la meilleure part à cet ouvrage. » Id. Pierre Matthieu, dans la vie de Louis XI, Liv. 5, dit que le Comte d’Armagnac regardoit la rencontre d’un Anglois comme un mauvais augure. De Roch.

Anglois, oise. adj. Anglus, Anglicus. Ercoubert fut le premier des Rois Anglois, qui ordonna par édit dans tout son royaume, d’abattre les idoles, & d’observer le jeûne du carême. Fleur. Dreyden est le meilleur Poëte Anglois qui ait paru jusqu’ici. La Critique du théâtre anglois par M. Coullier est un bon livre. Un livre anglois. Caton est une Tragédie angloise. Un vaisseau anglois, la flotte angloise, un cheval anglois ; mais on ne dit point un dogue anglois, il faut dire un dogue d’Angleterre.

Anglois. s. m. Créancier fâcheux. Molestus creditor. La puissance redoutable des Anglois en France, & les ravages qu’ils y firent pendant les longues guerres entre Philippe de Valois, & Edouard III, pour la succession à la couronne, après la mort de Charles le Bel, donnerent lieu à cette expression. Le peuple appela Anglois, tout créancier trop dur, & trop pressant. Marot s’en est servi dans ce sens. Pasquier atteste qu’on le disoit encore de son temps, & il apporte ces vers adressés au Roi François I, par Guillaume Cretin.


Et aujourd’hui je fais solliciter
Tous mes Anglois, pour les restes parfaire,
Et le payement entier leur satisfaire.


Marot s’en est servi dans le même sens.

On donne encore le nom d’Anglois à une espèce de pâtisserie qu’on fait avec des prunes simplement, sans les couper, ni peler.

L’ANGLOIS. s. m. La langue que l’on parle en Angleterre. L’anglois est composé d’ancien breton, de latin, de saxon, ou allemand, & de françois. Wallis a fait une savante & judicieuse Dissertation sur la langue angloise ; elle sert de préface à son traité deloquela, & à la Grammaire angloise : la Grammaire de Miége est plus utile à ceux qui veulent apprendre la langue, celle de Wallis à ceux qui la savent.

l’Anglois. Terme de Fleuriste. Narcisse qui jette une petite fleur, un peu plus grande néanmoins que le narcisse de Narbonne. Il a le godet jaune, & par-tout égal.

Angloise, s. f. Autre terme de Fleuriste. Tulipe d’un colombin rouge & blanc.

ANGLONA. Ville autrefois épiscopale. Anglona. Il n’en reste qu’une église & un château dans la Basilicate, au royaume de Naples. Elle est à quelques lieues de Turfi, où son évêché a été transféré.

ANGLOSAXON, ONE. s. m. Anglasaxo. On se sert quelquefois de ce nom, pour signifier les peuples d’Allemagne, qui vinrent s’établir dans l’ile Britannique, & les distinguer des naturels de l’île, ou Bretons, qui depuis la conquête des Anglois & Saxons, furent aussi appelés Anglois. Ce mot est composé d’Anglus, Anglois, & de Saxo, Saxon ; parce que ces conquérans de la Bretagne étoient partie Anglois ou Angles, en latin Angli, partie Saxons.

ANGLURE. Petite ville de France. Anglura. Elle est en Champagne, sur la rivière d’Aube, au nord de la ville de Troyes.

ANGOBERT. s. m. Sorte de poirier & de poire. L’Angobert est une poire à cuire, grosse, & qui fait une compote de belle couleur. Elle a la chair douce & un peu ferme, & se garde assez avant dans l’hiver. La Quint.

☞ ANGOISSE. s. f. Angor, agritudo. Ce mot exprime la douleur pressante, & la crainte à la fois. Il n’est guère d’usage aujourd’hui. Quel mot lui a-t-on substitué ? Douleur, horreur, peine, affliction ne sont pas des équivalens. Voltaire sur Corn.

Ce mot vient du latin angustia. Icquez fait venir le mot François angoisse, & l’italien angoscia, des langues septentrionales. Il remarque qu’en vieux saxon, anglumian veut dire, faire de la peine, angere ; angsum, triste, inquiet, tristis, sollicitus ; qu’en allemand angst veut dire, anxiété, angoisse d’esprit, anxietas, animi angustia ; que dans la langue des Cimbres, c’est-à-dire, dans la langue qu’on parloit dans une partie de la basse Allemagne, angor veut dire, douleur, chagrin, dolor, mœror ; angissi, angoisse, angustia ; angra, faire de la peine, angere ; angrast, avoir du chagrin, tristari.

Poire d’Angoisse, sont des poires de mauvais goût, qui prennent à la gorge, que Ménage dit avoir ainsi été nommées dans un village qui est en Limousin du même nom, où elles furent trouvées en l’an 1094. Pirum anginam premens, pirum angossiacum.

Poire d’Angoisse, est aussi une espèce de cadenas qui s’ouvre par un ressort, & que les voleurs mettent dans la bouche d’une personne pour l’empêcher de crier.

On dit aussi au figuré, on lui a bien fait avaler des poires d’Angoisse ; pour dire, qu’on lui a dit des choses fâcheuses, qu’on lui a donné de grands déplaisirs, causé de grands chagrins.

Angoisse, en Médecine. Sentiment de suffocation, de palpitation & de tristesse. Accident d’un très-mauvais présage, lorsqu’il arrive au commencement des fièvres aiguës. Encyc.

ANGOISSELS. adj. Ce mot ne se dit plus ; il signifioit angoisseux. On disoit aussi angoisser, causer du chagrin.

ANGOISSEUX, EUSE. adj. m. & f. Dur, fâcheux, affligeant, qui cause de l’inquiétude & du chagrin. Nicot, Monet, Cotgrave. Ce mot est vieux & hors d’usage.

Pierre Pithou s’en est servi dans la harangue de M. d’Aubray, à qui il fait dire, en parlant au Duc de Mayenne : « Je tiendrai à partie de grâce si me faites promptement mourir, plutôt que me laisser languir plus long-temps en ces angoisseuses misères… » Sat. Mén. t. i, p. 190.

ANGOLA. Pays & royaume de la basse Ethiopie, en Afrique. Angola. Le royaume d’Angola est borné au nord par celui de Congo, auquel il étoit autrefois soumis : il a au couchant le royaume de Malemba, au midi celui de Mataman, & au couchant la mer.

☞ Ce sont les Européens qui donnent à ce royaume le nom d’Angola. Dans la langue du pays il le nomme Dongo, autrefois Ambonde. Angola est le nom du premier fondateur de ce royaume, qui porta les peuples à se soulever contre le Roi de Congo.

☞ ANGOLA. s. m. Feles Angola. On appelle ainsi une espèce de chats qui vient originairement d’Angola. Ils sont plus grands que les nôtres, couverts d’un long poil, la queue longue & grosse.

ANGOLAM. s. m. Arbre fort beau, qui a cent pieds de haut, & douze pieds de grosseur, & qui croît parmi les rochers, les sables & les montagnes de Mangatti, & autres provinces du Malabar ; il est toujours vert ; son fruit est semblable à celui du cerisier, & il dure très-long-temps. Les habitans du Malabar regardent cet arbre comme le symbole de la royauté, à cause que ses fleurs sont attachées à ses branches en forme de diadème. Le suc qu’on tire de sa racine par expression, tue les vers, purge les humeurs flegmatiques & bilieuses, & évacue l’eau des personnes qui sont attaquées de l’hydropisie. On prétend que sa racine réduite en poudre, est bonne contre la morsure des serpens & autres bêtes venimeuses.

ANGON. s. m. Jaculum, Spiculum. Espèce de javelot dont se servoient les anciens François. L’angon se dardoit de loin : le fer de ce javelot ressembloit à une fleur de lis. Le Gendre. Une opinion sur les armes de nos Rois, est que ce ne sont véritablement ni les lis de marais, ni de jardin, mais le fer de l’angon, ou javelot des anciens François. La pièce du milieu étoit droite, pointue & tranchante ; les deux autres qui l’accompagnoient étoient renversées en croissant : une clavette lioit ces pièces, ce qui faisoit ce qu’on dit, le pied de la fleur de lis. Id.

☞ ANGON. Ville allez considérable des Indes, dans le royaume de Camboye, assez près du pays de Laos.

☞ ANGOO, ou ANGOCHE, Royaume d’Afrique, situé près d’un bras du Cuama. Le Roi est Mahométan. Ses sujets font un grand commerce en or, en ivoire, en étoffes de soie & de coton, & en grains d’ambre.

ANGOTE. Province d’Abyssinie, qui a titre de royaume. Angota, Regnum Angotanum. Elle est entre les royaumes de Tigre, de Bagamédri, de Balaguenze, de Xoa, de Fatigar & de Dobas.

ANGOULÊME. Inculisma, Engolisma, Ecolesina, Æquolesina, Aquilimensis, Ratiastum. Ville épiscopale de France, capitale de l’Angoumois, avec le titre de duché. Les deux Historiens d’Angoulême, Corlieu & Maichin, l’écrivent toujours par un A. La ville d’Angoulême n’a pas toujours été appelée d’un même nom ; car il paroît par les monumens & titres anciens, & par les légendes des pièces de monnoie que faisoient battre les Comtes d’Angoulême, qu’elle a été quelquefois nommée Icolisma, Engolima, Angolia, Equalisma, & Engolessima ; d’autres fois Engolma, & Egolesma, et enfin Engolesma, Angoulême. Maichin, Corlieu. Ausone l’appelle Icnusa, Ep. 15. Mais Hélie Vinet, en son discours de la ville d’Angouleme, assure qu’il doit y avoir Icolisma, & qu’il l’a ainsi trouvé dans les vieux exemplaires d’Ausone écrits à la main. Id. S. Ausone est le premier Evêque d’Angoulème. Maichin prétend que ce Saint fut disciple de S. Martial, qui l’avoir été de Jésus-Christ, & qui ayant été envoyé par S. Pierre dans les Gaules, fut Evêque de Limoges. Corlieu, dans son Histoire d’Angoulême, ne place l’un & l’autre que sous l’Empereur Déce, suivant en cela le sentiment de Grégoire de Tours. Voyez Martial. Angoulême est une ville très-ancienne, située sur une montagne, dont la Charente baigne le pied, & qui forme une espèce de longue plaine entre cette rivière, & celle d’Anguienne. L’Evêque d’Angoulême est suffragant de l’archevêché de Bordeaux. L’Histoire d’Angoulême a été écrite par François de Corlieu : elle est intitulée, Recueil en forme d’Histoire de ce qui se trouve par écrit de la ville & des Comtes d’Angoulême. La seconde édition est augmentée par Gabriel de la Charlonie, in-4°, à Angoulême, 1629.

ANGOUMOIS. s. m. Engolismensis ager. Province de France : Angoulême en est la capitale, & lui a donné la dénomination. Maichin. Corlieu écrit Engoumois. La Charente a sa source dans l’Angoumois, & en baigne une partie. Armand Maichin a écrit l’Histoire de Saintonge, Poitou, Aunis, & Angoumois, imprimée in-fol. à saint Jean d’Angeli, 1671. Le pays royal d’Angoumois, contient, au rapport de Corlieu, 20 lieues de long, & environ 15 à 16 de large. Il est borné à l’orient par le Limousin, par la Saintonge à l’occident, au midi par le Périgord, & le Poitou au septentrion. Maichin. Durant le règne de Charlemagne, l’Angoumois fut uni à la maison de Poitou, par le délaissement qu’en fit ce Monarque en faveur d’Abbon ou Albon, premier Prince du sang, en 778. Id. Bien que l’Angoumois fût originairement une portion & une dépendance de l’Aquitaine, néanmoins il n’a jamais reconnu d’autre juridiction souveraine que celle du Parlement de Paris.

ANGOUMOISIN, INE. s. m. & f. & adj. Inculismensis. Qui est de l’Angoumois : Pline, au Liv. IV. de son Hist. nat. ch. 19, parle de certains peuples d’Aquitaine, nommés Agesinates, qui étoient proches voisins de ceux de Poitou. Ces peuples-là sont indubitablement les Angoumoisins, & non pas ceux du pays d’Agénois, qui sont fort éloignés de la province de Poitou. Maichin. Corlieu, dans son Histoire d’Angoulême, écrit Engoumoisin.

ANGOURE DE LIN, en latin Angina lini. C’est une espèce d’épithym, qui croît sur la plante dont on fait le lin. Les Epiciers-Droguistes l’appellent ordinairement Cuscute. Voyez ce mot.

ANGOURI Voyez Ancyre.

ANGOURIA. s. m. Espèce de melon d’eau, que les Grecs nomment ainsi. Les Turcs l’appellent Schamcaouni, le melon de Damas ; & les Arabes fegg’a Rhatihkh al hindi, le melon des Indes. D’Herb.

☞ ANGOY. Petit royaume d’Afrique, sur la côte de Congo, au nord de l’embouchure de Zayre qui le borne au midi & à l’orient. Il a l’Océan au couchant, & le royaume de Cacondo l’enferme au nord.

ANGRA. Ville de l’île Tercère, l’une des Açores. Angra. Elle est sur la côte méridionale de l’île, où elle a un bon port, une citadelle, & un évêché. Angra est la capitale de toutes les Açores.

☞ Le mot Angra, dans la langue Portugaise, signifie une espèce de petit golfe, dont l’entrée est plus étroite que le fond. Comme ce sont les Portugais qui ont découvert les côtes occidentales & méridionales de l’Afrique, ils ont donné les noms à quantité de lieux, que nous avons conservé sur nos cartes. Celui d’Angra est commun à plusieurs petits golfes dont nous ne parlerons pas ici.

☞ ANGROIS. s. m. Nom qu’on donne aux petits coins qui servent à serrer & à affermir le manche d’un marteau avec le marteau même, en les insérant dans le bout du manche, ou entre le manche & les parois de l’œil du marteau. Encyc.

ANGSANA. s. m. Arbre qui croît dans les Indes Orientales, La partie qu’on emploie dans la Médecine, est une liqueur qui en découle par une incision qu’on y fait, & qui forme, lorsqu’elle est condensée, une larme de couleur rouge, enveloppée dans une écorce déliée ; c’est dans cet état qu’on la vend dans les boutiques. On prétend que cette gomme est astringente, & qu’elle est un excellent remède pour les aphthes.

ANGUICHURE. s. f. Espèce de baudrier qui sert aux veneurs à porter un cor de chasse.

ANGUIEN, ou ENGUIEN. Angia, Anghia. Petite ville des Pays-Bas, entre Mons & Bruxelles. Les gens du pays écrivent Enguien. Anguien est la première baronnie du comté de Hainaut. La baronnie d’Anguien tomba dans la maison de Bourbon, par le mariage de Marie de Luxembourg, Comtesse de S. Paul, Dame d’Anguien, avec François de Bourbon, qui sous le nom de Comte d’Anguien, remporta la bataille de Cerisolle en 1544. La baronnie d’Anguien étant échue en partage à Antoine de Bourbon, Roi de Navarre, Louis de Bourbon, premier Prince de Condé, son frere, en fit transporter le nom à Nogent le Rotrou au Perche, qu’il fit nommer Anguien le François. Henri IV vendit à Charles de Ligne, Comte d’Aremberg, la ville d’Anguien en Hainaut. Henri de Bourbon, IIe du nom, Prince de Condé, ayant échangé Nogent Anguien avec le Duc de Sully, il fit donner le titre de duché d’Anguien à la baronnie d’Issoudun en Berri, & ensuite il a été transféré au duché de Montmorenci. Les fils aînés des Princes de Condé portent le nom de Duc d’Anguien. Le Grand Condé n’étoit encore que Duc d’Anguien, quand il gagna les batailles de Rocroi & de Nortlingue.

ANGUILLADE. s. f. Coup de fouet, & se dit particulièrement de ceux qu’on donne avec une peau d’anguille. Regnier dit dans ses Satyres : m’eût donné l’anguillade, & puis m’eût laissé là.

Anguillade, a signifié autrefois, Tromperie, & ce mot étoit venu en ce sens de la farce de Pathelin, parce qu’il promit au marchand de lui faire manger d’une belle anguille, pour avoir son drap.

ANGUILLARA. Petite ville de l’Etat de l’Eglise, en Italie. Anguillara. Elle est dans le patrimoine de Saint Pierre, sur le lac Bracciano, à l’endroit où l’Arone en sort.

Anguillara, est aussi un bourg de l’Etat de Venise. Il est dans le Padouan, sur l’Adige, au nord de Rovigo.

ANGUILLE. s. f. Poisson de rivière, long & menu, de la figure d’un serpent, dont la peau est si glissante, qu’on ne la peut tenir dans les mains. Elle a la bouche assez grande, & garnie de petites dents, avec deux nageoires auprès des ouies. La chair en est gluante, & visqueuse. Anguilla. Rond. Les anguilles demeurent dans le fond de l’eau, & ne s’élevent pas au-dessus comme les autres poissons. Elles ne se pêchent en abondance que dans les inondations, & quand les eaux sont troubles. On a découvert avec le microscope, que les anguilles ont la peau écaillée comme les autres poissons.

☞ C’est une ancienne erreur d’attribuer la naissance des anguilles à la corruption. Elles frayent comme les autres poissons. Si vous voulez apprendre les différentes manières de manger & d’apprêter ce poisson, lisez le Grand Vocabulaire. Au reste l’huile & le flegme visqueux & grossier dont la chair de l’anguille est chargée, en font un aliment peu convenable aux estomacs délicats.

On dit proverbialement, écorcher l’anguille par la queue ; pour dire, commencer une affaire par où il la faut finir. C’est une anguille de Melun, il crie avant qu’on l’écorche ; pour dire, il a peur sans sujet. Ce proverbe vient de ce qu’un nommé l’Anguille, Bourgeois de Melun, qui représentoit à une Comédie le personnage de S. Barthélemi, voyant l’exécuteur le couteau à la main qui faisoit semblant de l’écorcher, se mit à faire un grand cri avant qu’il le touchât : ce qu’on trouva si plaisant, que cela a donné cours au proverbe. On dit aussi, il y a anguille sous roche  ; pour dire, il y a quelque mystère caché sous ce qu’il dit, ou sous ce qu’il fait. Il s’échappe comme une anguille ; pour dire, il disparoît sans qu’on le puisse retenir, sans qu’on s’en apperçoive. On dit encore, rompre l’anguille au genou, pour se moquer des gens qui prennent une manière de faire quelque affaire qui n’est pas propre pour y réussir. On disoit autrefois, rompre l’andouille au genou, dans le même sens.

Anguille de sable. s. f. Petit poisson de mer, long comme la main, gros comme le pouce, de couleur bleue sur le dos, & argentine au ventre : sa tête est menue & ronde, son museau est oblong & pointu, sa bouche est petite. Il se trouve dans le sable, sur les rivages de la mer, en Angleterre. Il est bon à manger. On le nomme anguille de sable, parce que sa figure approche de celle de l’anguille, & qu’il se cache dans le sable. Les Anglois le nomment Sandilz, qui signifie la même chose.

Anguille. Terme de Manufacture d’étoffes de laine. Il signifie les bourlets ou faux plis qui se forment aux draps en les foulant, lorsque les foulons ne sont pas assez attentifs à visiter leurs piles. Voyez Lizer.

Anguille. Une des Antilles. Anguis. Cette île est à l’est de celle de Porto- Rico, & au nord de celle de Saint Martin.

ANGUILLERS, ou ANGUILLÉES. s. f. pl. Terme de Marine. Canaux qui regnent à fond de cale à côté de la carlingue, pour conduire les eaux à la pompe.

ANGUILLIÈRE. s. f. Anguillarum vivarium. Ce mot se trouve dans le Théâtre d’Agriculture de De Serres, pour signifier le lieu où l’on nourrit, ou bien où l’on conserve des anguilles. On dressera l’anguillière en un lieu ombreux, ou bourbeux, & l’on y nourrira les anguilles des entrailles de toutes sortes de poissons frais & salés, de volailles, levrauts, lapins, & autres bêtes, des pelures de fruits, de figues à demi gâtées, de cornes, de glands concassés, de marc de raisin, &c. De Serres.

ANGUILLOMEUX. adj. Borel dit que ce mot veut dire, cauteleux, & qu’il vient d’anguis, serpent, comme qui diroit ἀγϰυλομήτης. Ce mot n’est plus en usage.

☞ ANGUINA. Voyez Pomme de merveille.

ANGULAIRE. adj. m. & f. Angularis, ou Angularius, & Anculatilis. Qui a un ou plusieurs angles. Un corps angulaire. Figure angulaire.

☞ On appelle pierre angulaire, la première pierre fondamentale qui fait l’angle d’un bâtiment. C’est dans ce sens que Jésus-Christ est appelé figurément dans l’Ecriture, la pierre angulaire. Ce qui est fondé sur la prophétie. Lapidem quem reprobaverunt ædificantes, hic factus est in caput anguli.

Angulaire. adj. Terme d’Astrologie judiciaire. On appelle maison angulaire, la première, la quatrième, la septième, & la dixième. Les maisons angulaires sont les plus fortes & les plus puissantes des douze qui composent le thème généthliaque, aussi régissent-elles la vie & les affections du corps, les emplois & les dignités, les mariages & les haines publiques, & les biens patrimoniaux.

Angulaire, en termes d’Anatomie, se dit d’un muscle de l’épaule, qu’on appelle communément Releveur propre, Releveur de l’omoplate. Voyez Releveur.

Angulaire, pris substantivement, se dit encore d’une artère qui passe au grand angle de l’œil, & d’une veine qui, de l’angle interne de l’œil, vient aboutir à la jugulaire externe.

☞ ANGULEUX, EUSE. adj. Fait à angles, dont la surface a plusieurs angles. Angulosus. Un corps anguleux. Un fruit anguleux.

ANGURIA. Nom que l’on donne dans le levant aux melons d’eau, tels que ceux de Provence. On les appelle aussi Carpoutch. Du Loir, p. 216. Voyez Angouria.

ANGUS. Province d’Ecosse. Angusia. Elle a au levant la mer d’Allemagne, au nord les provinces de Mernis et de Mart, au couchant le pays de Perth & de Gourée, & la rivière du Tay la sépare au midi de la province de Fife.

ANGUSTICLAVE. s. m. Angustusclavus. Habillement de dignité chez les Romains, différent du Laticlave ; mais sur quoi les Savans sont peu d’accord, tant pour la forme, que pour l’état. Madame Dacier dit que le Laticlave étoit une longue tunique bordée par-devant d’une ou de deux bandes de pourpre appliquées tout le long du devant de cette tunique, & que les bandes larges faisoient le laticlave & les étroites l’angusticlave.

ANGUSTIÉ. adj. Resserré, gêné. Arctus, angustus. Jets d’eau dont le diamètre est angustié. ☞ Il n’est pas fort usité. L’Acad. & les Grands Vocabulistes prétendent qu’on ne le dit que d’un chemin. Ne vaudroit-il pas mieux encore lui substituer une autre épithète ?

ANGYSCOPE. Il faut écrire ENGYSCOPE. Voyez ce mot.

ANH.

ANHALT. Anhaltivus Principatus. Principauté d’Allemagne dans la haute Saxe. Elle est entre le duché de Saxe, le comté de Mansfeld, le landgraviat de Thuringe, & les terres d’Alberstat & de Magdebourg. La maison d’Anhalt passe pour une des plus anciennes de l’Europe.

Anhalt. Anhaltinum vetus. Château de la principauté d’Anhalt, à laquelle il a donné son nom. Il est sur la rivière de Seske ; il est presque ruiné. Maty.

☞ ANHELER. v. n. Dans les Verreries, c’est entretenir le feu dans une chaleur convenable. La journée finie, on n’anhèle plus, & les marchandises se refroidissent peu-à-peu. Encyc.

☞ ANHERAGE. s. m. Terme de rivière. Arrhes qu’on donne aux ouvriers pour conduire un train.

ANHIMA. s. m. Jonston. Oiseau de proie aquatique, du Brésil. Il est plus grand que le cigne ; sa tête est grosse comme celle d’un coq, son bec est noir, recourbé vers le bout, ses yeux de couleur d’or entourés de noir. Il porte sur sa tête une corne plus grosse que celle d’un veau, blanche comme un os, entourée de plumes très-courtes, blanches & noires. Son corps est d’un pied & demi ; ses ailes sont grandes, & de différentes couleurs ; ses pieds sont chacun de quatre doigts ; sa voix est forte, & il paroît crier vihu. Il est toujours avec sa femelle ; le mâle est plus gros de moitié. Sa corne résiste au venin & aux suffocations.

☞ ANHING. Ville de la Chine, la même que Ganking. Voyez ce mot.

ANHOLT. Petite ville des Provinces-Unies. Anholtum. Elle est dans le comté de Zurphen, près de l’évêché de Munster & du duché de Clèves, sur l’ancien Issel, à l’orient d’Emerik.

ANI.

☞ ANI. Ville d’Asie, dans l’Arménie, selon Ulugbeg & Nassir-Eddin qui lui donnent 79 d. long. et 41′ de lat. sept. C’est probablement la même que l’Anikagae de Tavernier.

ANIAN. Le détroit d’Anian. Détroit célèbre dans plusieurs relations de l’Asie. Fretum Anianum. On n’en sait point sa situation. Quelques-uns le mettent entre la Terre de Ïesso & la grande Tartarie. Si c’est là le détroit d’Anian, c’est celui que M. Delisle appelle Détroit de Tessoi dans sa carte d’Asie, dans laquelle il ne marque point de détroit d’Anian. D’autres le placent entre la Terre de Ïesso, ou Yéco & l’Amérique septentrionale, sous le 57e & 58e degré de latitude, & le 250e de longitude, au couchant de la baie de Buttons, & du nouveau Dannemarck. D’autres prétendent qu’il est entre la côte septentrionale de la Californie, & l’occidentale de l’Amérique septentrionale, & la Terre de Ïesso. Plusieurs le regardent aujourd’hui comme imaginaire.

☞ ANIANE, ou AGNANE, ou S. BENOÎT D’ANIANE. Petite ville de France, dans le bas Languedoc, au diocèse de Montpellier, au pied des montagnes, quatre lieues de Lodéve.

ANJANVILLE. Bourg près de Pluviers, dans le diocèse d’Orléans. Aniani Villa.

ANJAR. Grand Bourg de Syrie. Anjarum, Anjara. Il est sur le chemin d’Alexandrette à Alep.

ANIAVA, ou ANIWA. Cap du pays d’Yupi, dans la grande Tartarie. Aniava, Aniva. Ce cap s’avance du septentrion au midi, vers l’île des Etats, vis-à-vis le cap de la Croix qui est dans la Terre de Ïesso. On ne trouve point ce cap dans la carte de M. Delisle.

ANICÉTON. Ἀνίϰητον, invincible. Epithète d’un emplâtre qu’on attribue à Criton, & auquel on a donné ce nom, à cause qu’il est un remède infaillible pour les Achores.

☞ ANICHILER. Vieux v. n. qui signifioit anéantir.

ANICROCHE. s. f. Terme populaire, qui signifie embarras, difficulté. Obex, mora, obstaculum. Cet homme trouve toujours quelque anicroche en son chemin. Il y a quelque anicroche dans cette affaire.

ANIEN. Autrefois on écrivoit ANIAN. s. m. Anianus. Nom propre d’homme. Voyez Agnan.

ÂNIER, ÈRE. Celui ou celle qui conduit les ânes. Asinarius. Il se dit à Paris dans le style familier de ceux qui fournissent du lait d’ânesse.

On le dit figurément de celui qui traite rudement ses valets, ou ceux qui ont affaire à lui. C’est un rude ânier. Dans ce sens il est bas.

ÂNIÈRE. Qui a signifié autrefois un lieu où l’on élevoit & nourissoit des ânes. Asinaria. De-là tant de villages en France nommés Anière. C’est à Anières, proche de Bourges, que Calvin commença à dogmatiser, pendant qu’il étudioit en Droit dans l’Université de Bourges.

Naudé a dit proverbialement dans son Mascurat, « C’est un veau de dixme qui n’a jamais étudié qu’à l’école d’Anière ; » pour dire, un ignorant.

ANIGRIDES. s. f. pl. Nymphes qui habitoient près du fleuve Anigrus, au Péloponnèse. Elles avoient un antre où ceux qui y entroient ayant la peau gâtée par des dartres, ou autres maladies cutanées, invoquoient les Nymphes, leur faisoient quelques sacrifices, frottoient l’endroit de la peau malade, & passoient le fleuve Anigrus à la nage ; après quoi ils laissoient dans l’eau toute l’impureté, & sortoient entièrement nets & purifiés.

☞ L’ANIGRUS, étoit un fleuve d’Elide, dans le Péloponnèse, dont les eaux étoient amères & infectes. Pausanias attribue la cause de cette infection à ce que les Centaures blessés par Hercule allerent y laver leurs plaies. Ovide en parle sur ce ton-là. Metam. Liv. 15.


Ante bibebantur nunc quas contingere nolis
Fundit Anigros aquas ; postquam lavare bimembres
Vulnera, clavigeri quæ fecerat Herculis arcus.


☞ ANIKAGAË. Grande ville d’Arménie, dont on ne voit plus que les ruines. Ce mot signifie, en langue Arménienne, la ville d’Ane. Elle se trouve la seconde journée de caravane, en allant de Cars à Erivan.

ANIL. s. m. C’est une plante du Brésil, haute d’environ deux ou trois pieds, ressemblante au romarin. Ses feuilles sont rondes, assez épaisses. Ses fleurs sont semblables à celles des pois ; elles sont suivies de gousses longues & recourbées, contenant des semences semblables à celles des raves. Toute la plante a un goût amer & piquant. Elle est vulnéraire & détersive : on la met en poudre sur les plaies pour les mondifier ; on en tire l’indigo. Voyez ce mot.

ANILCO. Bourg de la Floride, dans l’Amérique septentrionale. Anilco, onis. Il donne son nom au pays dans lequel il est situé.

ANILLE. s. f. Terme de Blason. C’est une figure en forme de deux crochets adossés & liés ensemble, dont chacun a la figure d’un C, ou d’un sigma grec. Scuriclatum utrinque ferrum. Il portoit d’azur à une anille d’argent entourée d’une couronne de gueules. Quelques uns la confondent mal-à-propos avec celle du fer qui soutient la meule du moulin. Anille est ainsi nommée, parce que c’étoit d’abord un fer qui se mettoit comme un anneau auteur des moyeux pour les fortifier. On appela aussi Anilles, des croix ancrées qui sont faites en forme d’anille. Autrefois on appeloit aussi Anille, une potence d’estropiés des jambes, ou de vieilles : ce qui est dérivé du mot anus. Subalaris scipio. Quelques-uns écrivent ANILLES.

ANIM. Ville de la tribu de Juda. Anim.

ANIMACHA. Rivière de la presqu’ile de l’Inde deçà le Gange. Animacha. Elle sort du royaume de Calecut, & se décharge dans l’Océan Indien, à quelques lieues de Cranganor. Il y a sur cette rivière une ville de même nom.

ANIMADVERSION. s. f. Terme de Palais. Correction en paroles seulement. Animadversio, Castigatio. L’allégation téméraire d’un fait si faux, mérite l’animadversion de la Cour. Une prudence irrégulière mérite animadversion.

Animadversion, se dit aussi dans le dogmatique, pour signifier quelques notes, ou observations que les Critiques font sur quelques Auteurs. Animadversio, Observatio, comme les Animadversions sur Pétrone. Dans ce sens animadversion est purement latin. Il faut dire notes, remarques, observations, réflexions, suivant les cas.

ANIMAL. s. m. Corps animé qui a du sentiment, & du mouvement. ☞ C’est, dit M. de Buffon, la matière vivante & organisée, qui sent, agit, se meut, se nourrit & se reproduit. Animal, Animans. Les Philosophes comprennent l’homme sous le genre d’animal, & le définissent, animal raisonnable. Ils y comprennent aussi les oiseaux, les poissons, & les insectes. Tous les êtres en un mot, composés d’un corps organisé, & d’une ame sensitive. Il y avoit dans l’arche toutes sortes d’animaux. S. Augustin rapporte que beaucoup de personnes scrupuleuses étendoient jusqu’aux animaux la défense de la loi, tu ne tueras point. Ils se fondoient sur quelques passages de l’Ecriture, où Dieu à égard aux animaux, comme s’ils avoient quelque principe de raison. Il dit qu’il redemandera le sang de la main des animaux. Gen. c. 9. Et dans le même endroit, il contracte alliance tant avec Noé, qu’avec tout animal vivant, & toutes les bêtes de la terre. C’est l’orgueil de l’homme qui lui fait croire que tous les animaux ont été créés pour lui, & qu’il a sur eux un empire despotique, Mote Vay. Nous avons un pouvoir royal sur les animaux ; mais il ne doit pas être tyrannique. Id. Descartes a dépouillé les animaux de toute intelligence, & les a mis au rang des machines, qui ne sont mues que par ressorts. Le Pere Daniel a réfuté l’hypothèse de Descartes. Il fait voir que les animaux ne sont point destitués de connoissance, & qu’il est impossible d’expliquer tous leurs mouvemens, & toutes leurs sensations, par les lois de la Mécanique. Les animaux, avec leur seul instinct, sont souvent plus sages que l’homme avec la raison. S. Evr. Aristote, Pline, Solin & Ælian, ont écrit de l’Histoire des animaux, chez les Anciens. Aldrovrandus, Gesner, Jonston, en ont écrit plusieurs volumes entre les modernes.

☞ Les plantes viennent d’une graine qui est elle-même une plantule qui ne fait que se développer en naissant. La première plante de chaque espèce, suivant plusieurs Physiciens, a renfermé dans son sein toutes celles qui sont nées & qui naîtront d’elle. Voyez Plante. Tous les animaux viennent de même de germes ou d’œufs renfermés dans les premiers de chaque espèce qui ne font qu’éclore & se développer.

☞ Le germe des animaux vivipares, dit M. Duhamel, de quelque façon qu’il soit formé, prend son accroissement dans le sein de sa mere, d’où le jeune animal sort pourvû de tous ses organes. Au moment de sa naissance il prend, pour ainsi dire, une nouvelle façon de vivre. Le fœtus qui recevoit continuellement de la nourriture de sa mere par les vaisseaux ombilicaux, qui ne respiroit point, & dont le sang circuloit par des routes qui se ferment après la naissance ; ce fœtus devenu enfant, au sortir du sein de sa mere, respire ; son sang suit une nouvelle route par les poumons, où il reçoit les avantages que l’air peut lui procurer.

☞ Privé du secours des vaisseaux ombilicaux, il prend sa nourriture par la bouche : néanmoins après cette métamorphose, il n’est point encore en état de se passer du secours de sa mere : les dents lui manquent, & son estomac trop délicat ne s’accommoderoit pas d’alimens solides. Il a besoin de sucer les mamelles de sa mere, pour en tirer une espèce de chyle qui n’exige presqu’aucune digestion : peu-à-peu ses parties se fortifient, son estomac devient capable de recevoir & de digérer des alimens plus solides & plus nourrissans : ainsi on peut dire qu’il acheve de se former après sa naissance.

☞ A l’égard des animaux ovipares, voici ce qui se passe. L’œuf est composé d’une coque, du blanc enveloppé de sa membrane, du jaune enveloppé de la sienne, & du germe renfermé dans une petite vessie qui paroît comme une tache obscure.

☞ Les poules peuvent pondre sans le ministère d’un coq : mais ces œufs, très-bien formés d’ailleurs, ne produisent rien, s’ils n’ont été fécondés par le mâle. Après cette fécondation on n’apperçoit aucune différence entre cet œuf & celui qui est infécond. Sans doute qu’il y existe un germe capable de devenir poulet, mais ce poulet n’existe pas, dit M. Duhamel, au moins sensiblement. Pour que son existence devienne sensible, il ne faut qu’un certain degré de chaleur. Que cette chaleur soit produite artificiellement dans les fours de M. de Réaumur, ou qu’elle résulte du corps même de la poule qui couve, cela est indifférent. Cette chaleur qui doit durer tout le temps de l’incubation, agite le blanc & le jaune, divise, atténue cette matière. Atténuée, elle coule par le nombril dans le corps du petit animal. On apperçoit sur le jaune, vers l’endroit qu’on nomme la cicatricule, de petits points qui palpitent, de petits vaisseaux sanguins : peu-à-peu le poulet se forme & se développe par degrés. Pendant tout le temps de l’incubation il se nourrit par les vaisseaux ombilicaux, aux dépens du jaune de l’œuf qui est continuellement réparé par le blanc, dont toute la substance passe dans le jaune par des vaisseaux de communication que le vulgaire prend mal-à-propos pour le germe. Quand la nourriture vient à lui manquer, il se remue, il s’agite, il se dégage des membranes qui le retiennent, il perce la coquille avec son bec, ou la poule la brise elle-même. Voilà le poussin éclos, pourvû d’une suffisante quantité d’alimens pour pouvoir se passer de nourriture pendant 36 ou 48 heures. Mais après ce temps là il périroit, si on ne lui en fournissoit pas. Mais la mere a soin de lui fournir des alimens faciles à digérer. Au reste, au moment qu’il sort de sa coquille, instant qu’on peut regarder comme celui de sa naissance, il commence à respirer, ainsi que les animaux vivipares. Voyez semences, graines, germinations.

☞ Quelques Philosophes ont attribué la naissance des insectes à la corruption. C’est une erreur. Si la corruption les fait éclore, c’est que les œufs y avoient été déposés. Aussi, suivant les Observations de MM. LeClerc & Redi, si un corps vient à se corrompre dans un endroit inaccessible aux mouches, il ne fait naître aucun insecte.

Les animaux se divisent en animaux terrestres, animalia terrestria ; aquatiques, aquatica ; oiseaux, volucres ; amphibies, ancipites bestiæ ; insectes, insecta. Les animaux terrestres, ou sont animaux à quatre pieds, quadrupedia ; ou animaux reptiles, reptilia. Ceux qui sont à quatre pieds, ou bien ils ont le pied fourchu, comme les bœufs ; ou ils l’ont solide, comme les chevaux ; ou ils l’ont divisé en plusieurs doigts, comme les chiens, les loups, les lions. Les autres divisions des animaux se trouveront dans les mots d’oiseau, poisson, reptile, &c.

Diodore de Sicile a donné pour cause du culte des animaux chez les Egyptiens, la doctrine de la Métempsycose. Voici comment il s’explique en parlant du Dieu Apis. Le principe de ce culte, selon quelques-uns, est qu’à la mort d’Osiris son ame passa dans le corps d’un taureau nommé Apis ; & que depuis ce temps elle est entrée successivement, & s’est manifestée dans tous ceux qu’on a substitués à la place de celui-là. Mais cette doctrine ne peut pas être l’origine d’un pareil culte. 1.o Cette opinion a été commune chez tous les peuples, & le culte des animaux a été particulier à l’Egypte. 2.o Les anciens Egyptiens n’ont jamais cru que les âmes héroïques & démoniques fussent assujetties à la loi commune de la métempsycose. Or les anciens Egyptiens n’ont déifié que les âmes héroïques & démoniques. 3.o Suivant la doctrine de la métempsycose, on regardoit comme une punition des crimes commis la demeure des ames dans le corps des animaux. Leur prison ne pouvoit donc jamais devenir un objet d’adoration, mais devoit plutôt être un objet d’aversion & d’horreur, comme tout feu souterrain l’étoit chez les anciens Romains. 4.o Enfin, la doctrine de la métempsycose est bien postérieure au premier culte des animaux. Elle a été observée pour résoudre toute objection contre la Providence. Essai sur les Hiéroglyph. p.270.

Le même animal à qui l’on accordoit les honneurs divins dans un endroit de l’Egypte, étoit chargé d’exécrations dans un autre. A Arsinoé, par exemple, ils adoroient le crocodile, parce qu’ils le regardoient comme le symbole de la divinité, à cause qu’il n’a point de langue, & dans d’autres villes on l’avoit en horreur, parce qu’elles en avoient fait un symbole de Typhon. Essai sur les Hiéroglyph.

On appelle par injure, animal, un homme lourdaut, grossier, stupide. Stupidus, bardus, stolidus. Celui qui vous a dit cela est un animal. Elle aime le plus sot animal qui jamais eut la forme d’homme. Gom. Dans certaines terres nouvellement découvertes, à peine sont-ce des hommes que les habitans, ce sont des animaux à figure humaine. Fonten.

Il n’est point nécessaire d’avertir que ce mot vient d’animal, formé d’anima, ame, & qu’il signifie, ce qui a une ame. Le P. Pezron prétend qu’il est formé