Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/371-380

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Fascicules du tome 1
pages 361 à 370

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 371 à 380

pages 381 à 390



déclarer les événemens futurs. Prædicere, Prænunciare. Les Prophètes ont annoncé Jésus-Christ pendant plusieurs siècles. L’Ange vint annoncer à la sainte Vierge, qu’elle concevroit un fils.

Annoncer se dit encore de l’avis que vient donner un domestique, qu’il y a quelqu’un à la porte, ou dans l’anti-chambre, qui demande à entrer, à voir le maître ou la maîtresse, à leur parler. Nuntiare, monere, significare. Les domestiques annoncent à leurs maîtres les gens qui viennent les voir. Il faut être bien familier pour entrer sans se faire annoncer.

ANNONCÉ, ÉE. part.

ANNONCEUR. s. m. Qui annonce quelque chose. Ce mot ne se dit guère que du Comédien qui fait les annonces des pièces. Hola hô, M. l’Annonceur, un petit mot, s’il vous plaît. Regnard.

Cotgrave, qui a mis ce mot dans son Dictionnaire, lui donne une signification plus étendue, & l’entend généralement de toute personne qui annonce quelque chose. ☞ Si on peut l’entendre ainsi, au moins il n’est pas en usage.

ANNONCHALIR, S’ANNONCHALIR. Vieux mot. Perdre courage, tomber dans une manière d’indolence, de langueur. ☞ Il est absolument hors d’usage.

ANNONCIADE. s. f. Ordre Religieux institué en 1232, par sept marchands Florentins, auxquels se joignit peu après Saint Philippe Béniti ou Bénizi, qui passe pour le Fondateur. Ordo virorum religiosus, ab annunciata Virgini Incarnatione dictus. On le nomme aussi l’Ordre des Servites, Servitarum Ordo, ou des Serviteurs de la Sainte Vierge, Servorum B. Virginis.

Annonciade, est aussi un Ordre de Chevalerie, institué en 1355. Miræus, Orig. Ord. Equest. L. II, ch. 4, dit en 1350, & Bernardo Justiniani, Hist. di tutti gl. Ord. Milit. ch. 58, dit en 1360, par Amédée VI, Comte de Savoie. Militaris Ordo salutatæ ab Angelo Virginis nomen consecutus. Il fut d’abord appelé l’Ordre du Lacs d’amour, à cause d’un bracelet de cheveux, tressé en lacs d’amour, qu’une femme présenta au Comte de Savoie. Le collier étoit composé de roses d’or, émaillées de rouge & de blanc, & jointes par des lacs d’amour, & portoit un S. Maurice, patron de la Savoie. Amédée VIII, Duc de Savoie, lequel fut élû Pape par le concile de Bâle, sous le nom de Félix V, changea, en 1494, l’Ordre du Lacs d’Amour en celui de l’Annonciade, & fit mettre l’image de la Sainte Vierge, en place de S. Maurice ; & au lieu de Lacs d’Amour, il fit mettre des cordelières. On y ajouta les paroles de la salutation Angélique. Voyez Joseph de Michiéli, Thesoro Militar. Andrea Mendo, De Ordin. Militarib. Soranzo, l’Idea del Cavaliere : Catamuel, Theol. Regolar. p. 9. Bernardo Justiniani, Hist. dell’ origine de Cavaleri, ch. 58. Foranzo, Menenio, Sansovino, &c.

Annonciade. Ordre de Religieuses, fondé à Bourges en 1448, par la bienheureuse Jeanne, Reine de France, fille de Louis XI, & femme de Louis XII, après qu’elle eut été répudiée de son consentement par ce Prince, avec la dispense d’Aléxandre VI. Le premier Couvent de l’Annonciade est à Bourges, & s’appelle aussi l’Annonciade, du nom de l’Ordre. Il fut achevé d’être bâti en 1503. Par contrat du 15 Novembre de la même année, la bienheureuse Jeanne donna des biens pour l’entretien des Mere Ancele et Religieuses ; & Louis XII confirma cette donation par Lettres du mois de Décembre suivant. Par Lettres du jour de la Présentation de N. Dame 1504, la fondatrice ratifia la première donation, & en fit d’autres ; & par son testament du 10 Janvier 1504, elle choisit sa sépulture dans le chœur des Religieuses de l’Annonciade de Bourges. Ce sacré dépôt y fut jusqu’en 1562, que trois soldats huguenots l’en tirèrent, & la brûlerent publiquement. Annonciades de Lombardie. Voyez Ambrosienne. Les Religieuses de l’Annonciade s’appellent aussi des dix Vertus, & non pas des douze Vertus, comme a écrit depuis peu un de nos Auteurs ; il semble par le testament de la bienheureuse fondatrice, que ce soit à cause des dix Vertus, qui éclatent principalement dans les dix mystères de la sainte Vierge, que l’Eglise célèbre dans ses dix fêtes. Voyez la Thaumasière, Hist. de Berri, Liv. II. ch. 39. Voyez aussi le P. Hélyot, T. VII. p. 339 & suiv. Le Pape Aléxandre VI confirma la règle de ces Annonciades l’an 1501. Leur habillement consiste en une robe grise, un scapulaire d’écarlate, une simarre bleue, & un manteau blanc. Id. Les Religieuses de l’Annonciade sont habillées de gris, ont un scapulaire rouge, & portent une croix d’or ou d’argent doré pendue au cou, & un anneau d’or au doigt. Leur règle, fondée sur l’imitation des vertus de la Sainte Vierge, a été approuvée par Jules II & Léon X.

Annonciade. Autre Ordre Religieux de filles, appelées aussi les Célestes, Cœlestes, Cœlestinæ, fondé à Gènes en 1600 ou 1604, selon Spond, par une Dame Génoise, veuve, nommée Marie-Victoire Fornari, qui mourut en 1617. Le P. Bernardin Zénon, Jésuite, son confesseur, fit les constitutions de cet Ordre en 1602. Clément VIII l’approuva sous la règle de S. Augustin, & avec le titre d’Annonciade. Clément VIII approuva aussi les constitutions ; Grégoire XV, Clément VIII, en 1631, & Paul V, les confirmerent. Leur habillement consiste en une robe blanche, un scapulaire, une ceinture & un manteau bleu, qui leur a fait donner le surnom de Célestes. Voyez sur ces deux Ordres la vie de la B. Jeanne, édition d’Attichius, & Henschenius, Act. Sanct. Féb. T. I. p. 575, 576 & Mirœus, Lib. de Ordine Annunciatarum.

Il y a encore une Confrérie de l’Annonciade fondée à Rome en 1468, par le Cardinal de Turrecremata, pour marier de pauvres filles. Elle a été érigée depuis en Archiconfrérie, & est devenue si riche, que tous les ans le jour de l’Annonciation elle donne des dots de 60 ecus romains chacune à plus de 400 filles, avec un habit de serge blanche, & un florin pour des pantoufles.

On ne dit jamais Annonciade sans article, mais toujours l’Annonciade avec l’article, & l’on prononce comme si l’on écrivoit la Nonciade.

ANNONCIATEUR. s. m. Annunciator. C’est le nom d’un Officier de l’Eglise de Constantinople. C’étoit à l’Annonciateur à avertir le peuple des fêtes qu’il falloit observer. Voyez l’Eucologe sur les Officiers de l’Eglise de Constantinople.

ANNONCIATION. s. f. Nouvelle que l’Ange Gabriel apporta à la sainte Vierge du Mystère de l’Incarnation. Annunciatio futuræ Incarnationis Verbi, ou divino satu prægnationis. On le dit aussi de la fête où on célébre ce mystère, qui est le vingt cinquième de Mars. Salutatæ ab Angelo Virginis anniversarius dies. Marguerite d’Autriche, Reine d’Espagne, femme de Philippe III, servoit à table neuf pauvres femmes tous les ans le jour de l’Annonciation. La fête de l’Annonciation est très-ancienne dans l’Eglise Romaine. Le Sacramentaire du Pape Gélase I, montre qu’elle étoit établie à Rome au temps de ce souverain Pontife, qui succéda au Pape Félix en 492, & mourut en 496. Parmi les Sermons de S. Augustin, qui mourut en 430, il y en a deux sur l’Annonciation, le 17 & le 18, de Sanctis. Dans l’Eglise grecque nous en trouvons des preuves encore plutôt. Non-seulement S. Basile de Séleucie, mort en 455. Proclus P. C. mort en 446, mais encore S. Jean Chrysostôme, mort en 407, S. Grégoire Thaumaturge, Evêque de Néocésarée, mort en 295, à qui Vossius, outre deux Homélies sur la fête de l’Annonciation, qui sont dans ses ouvrages, en attribue encore une, que d’autres donnent à S. Jean Crysostôme : tous ces Peres, dis-je, ont des discours sur l’Annonciation. Les Grecs appellent cette fête Εὐαγγελισμὸς, bonne Annonciation, & χαιρετισμὸς, Salutation. Personne ne doute que dans l’Eglise grecque, depuis le concile de Constantinople, in Trullo, l’Annonciation ne fût une fête. Voyez le Canon 52 de ce Concile, Zonaras, sur ce Canon ; & dans l’Eglise latine depuis le milieu du septième siècle, puisque le dixième Concile de Tolède tenu en 659 en parle. Mais un Auteur moderne prétend qu’avant le Concile in Trullo, tenu selon lui en l’an 692, on ne trouve point dans l’Eglise grecque de mention de la fête de l’Annonciation. Cependant S. Grégoire Thaumaturge, qui vivoit à la fin du troisième siècle, parle dans ces deux premières Homélies de l’Annonciation, comme d’une fête solennelle. Dans la première, il dit, que Dieu voulant couronner ce jour-là, les têtes de ceux qui célébrent les fêtes avec soin, rassemble les vrais fidèles, &c. & il commence la seconde par ces paroles : Nous devons célébrer toutes les fêtes, & faire tous nos chants de la même manière que les sacrifices que nous offrons à Dieu ; mais la première de toutes les fêtes, c’est celle de l’Annonciation de la sainte Mère de Dieu. Je sais que Perkins & Rivet prétendent qu’il est douteux si ces Homélies sont de saint Grégoire Thaumaturge, & que le P. Alexandre, & quelques autres nouveaux Ecrivains, ont copié ces Protestans ; mais Vossius, non-seulement a reconnu ces deux Homélies pour de véritables ouvrages de ce Pere, mais il lui en attribue même encore une troisième, qui dans Lipoman & Surius, porte le nom de S. Chrysostôme. Bellarmin dit qu’il n’a aucune raison de rejeter ces trois Homélies. Vincent Richard, Théatin, doute à la vérité si la seconde n’est point de Proclus P. C. Mais il ne doute nullement des deux autres, & le P. Labbe, dit que la raison de Perkins & de Rivet est impertinente, ineptissimâ ratione persuasi. Cette raison est, que la coutume de chanter des hymnes, & de lire les vies des Saints, n’a été mise en usage que sous Charlemagne, au commencement du neuvième siècle, & ils citent pour garant de ce fait, Paul-Emile, L. II. De Gestis Francor. Sans faire attention que cet Auteur vivoit il n’y a que deux siècles, & que c’est un mauvais garant. Le P. Alexandre dit encore, qu’aucun Ancien n’a parlé de ces ouvrages de saint Grégoire ; mais il devoit faire attention que Bellarmin, dans qui il a pris cela, remarque fort bien que ce n’est point là une raison de les rejeter. Où en serions-nous, s’il nous falloit condamner tous les opuscules des Peres dont les Anciens n’ont point parlé ? Ne suffit-il pas que de bons manuscrits nous les donnent pour des ouvrages d’un tel, ou d’un tel Auteur, & avec leur nom ? Avons-nous d’autres preuves pour le plus grand nombre des anciens ouvrages ? Pour l’Eglise latine, le même Auteur dit qu’on ne voit pas qu’au temps de S. Augustin, il y eût encore de fête instituée pour honorer séparément l’Incarnation de Jésus-Christ. Mais les Homélies sur ce mystère ne marquent-elles pas une fête ? S. Augustin, dans le second Sermon sur ce mystère, qui est le 18 de Sanctis, qu’on ne révoque point en doute, en parle comme d’une fête, & la nomme un Jour solennel.

Dès les commencemens cette fête s’est célébrée au printemps ; & Théophane marque dans son Homélie 53, que c’étoit vers l’équinoxe ; & depuis, toutes les Eglises l’ont célébrée le 25 de Mars. Cependant, parce que cette fête tombe souvent vers le temps de la passion de N. S. plusieurs Eglises l’ont placée en une autre saison. Les Syriens l’appellent Bascarach ; c’est-à-dire, la recherche, & la marquent dans leur calendrier au premier jour du mois appelé Canum, le premier, qui répond à notre mois de Décembre, quoiqu’il prenne aussi quelque chose du mois de Novembre. Les Arméniens la célébrent le 5 de Janvier ; ils anticipent ainsi le temps, afin qu’elle ne tombe point en carême. Les Grecs ne font point difficulté de la célébrer le carême, aussi-bien que la fête des 40 Martyrs ; & le concile in Trullo suppose qu’elle tomboit au moins quelquefois dans ce temps de jeune. Au dixième concile de Tolède en 656, can. i, il fut ordonné que cette fête seroit solennisée le 18 de Décembre. Le bréviaire ambrosien marque cette fête au dernier Dimanche de l’Avent. Quelques Eglises de France suivirent le règlement du concile de Tolède ; & l’on prétend que la messe du mercredi des quatre-temps de Décembre, qui est toute de l’Incarnation, est un reste de cette ancienne pratique ; & que dans les Eglises d’Espagne on célébre encore la fête de l’Annonciation sous le nom d’Expectatio, ou d’Attente, le Dimanche avant Noël. Cette pratique ne dura pas, & depuis plusieurs siècles on célébre l’Annonciation en Occident, comme en Orient, le vingt-cinq de Mars. Il y a même des Eglises qui ne la remettent pas quand elle vient dans la semaine-Sainte ; & l’église cathédrale du Puy en Vélai, ne la remet pas même, à ce que l’on dit, lorsqu’elle vient le Vendredi-Saint.

Quelques Auteurs Protestans soutiennent que cette fête se célébroit d’abord en l’honneur de N. S. & que ce n’est que depuis, qu’on la solennise sous le nom, & en l’honneur de la sainte Vierge ; mais il n’y a qu’à lire les Homélies de S. Augustin & de S. Grégoire de Néocésarée, c’est-à-dire, les plus anciennes qui nous restent sur cette solennité, pour être convaincu du contraire.

Les Juifs appellent aussi Annonciation, une partie de la cérémonie de leur fête de Pâque. C’est celle où ils expliquent l’origine, l’institution, la cause de cette fête. Ils appellent cette explication הגדה, Haggada, qui veut dire, Annonciation. Ceux qui croient avec Scaliger, de Emend. temp. 534, que c’est la nuit de Pâque qu’ils appellent ainsi, se trompent. Voyez Maiem. Tract. de sermentato, c. 7, sect. 5 & 10, & à la fin de ce Traité, il y a une formule de cette Haggada, ou Annonciation. Buxtorf n’en parle point dans sa Synagogue.

Annonciation, se dit encore de l’image qui représente le mystère de l’Annonciation. Voilà une belle Annonciation.

M. Pelisson, en parlant de l’Eucharistie, a dit : c’est, nous l’avouons, la Commémoration, ou l’Annonciation du Seigneur.

ANNONE. s. f. En latin annona, signifie, les vivres, les provisions nécessaires à la vie. Nous retenons ce mot dans cette phrase. Préfet de l’annone. Juventius, Préfet de Rome, & Julien, Préfet de l’annone, c’est-à-dire, des vivres, envoyerent en exil Ursin avec les Diacres Amamius & Loup, ses principaux fauteurs. Fleury. Le Préfet de l’annone, Præfectus annonæ, étoit un Magistrat Romain, chargé de pourvoir la ville de vivres & de provisions, & d’avoir soin que le peuple n’en manquât point, que le pain fut de poids, & qu’on le vendît à un prix raisonnable ; & il connoissoit de tout ce qui regardoit ces matières. Cette charge rendoit celui qui la possédoit fort agréable au peuple, & les plus grands hommes de la république ne dédaignerent pas de l’exercer. Pompée dans le plus haut point de sa fortune, fut Préfet de l’annone. Nous voyons souvent sur les médailles des Empereurs, Annona Avgvsti, au revers, avec un boisseau, duquel sortent des épis de blé & un pavot, ou avec une femme qui tient à la main des épis. Le Préfet de l’annone avoit le soin de faire venir du blé de Sicile, d’Afrique & d’Egypte : on le mettoit dans les greniers publics, & tous les mois le jour des Noues, on le distribuoit au peuple.

Ce mot vient d’annus, année, & signifie la provision d’une année.

Annone, ou la Roque de Non. Bourg du Milanez, en Italie. Annona. Il est dans l’Alexandrin sur le Tanaro, au-dessous d’Asti.

ANNOT. s. m. Petite ville de Provence, en France. Annotia. Elle est dans les montagnes, sur la petite rivière de Vaire, à quelques lieues de Glaudevel ou d’Entrevaux.

ANNOTATEUR. s. m. Ce mot a été fait du latin adnotator, ou annotator. Il n’est pas encore établi, & même il a l’air de ne l’être jamais que parmi certains savans. Annotateur est celui qui fait des annotations ou notes sur quelques ouvrages d’esprit. Nicolas Richelet, Muret & Ménage, sont les annotateurs de Ronsard & de Malherbe, & leurs remarques sont agréables & savantes.

ANNOTATION. s. f. Commentaire succinct, ou remarque qu’on fait sur un livre, sur un écrit, pour en éclaircir quelques passages, ou pour en tirer quelques inductions & conséquences. Annotatio, Observatio. Les Critiques du dernier siècle ont fait de belles annotations sur tous les Auteurs classiques. Leurs bibles étoient falsifiées par des versions hérétiques, & des annotations impies. Mauc. ☞ Les notes disent quelque chose de plus court & de plus précis qu’annotations. Les remarques annoncent un choix & une distinction. Les observations désignent quelque chose de critique & de recherché. Les réflexions expriment seulement quelque chose d’ajouté aux pensées de l’auteur.

Annotation de biens. Terme de Palais. C’est un exploit pour la saisie provisoire des biens d’un criminel qu’on recherche, & qui ne se représente pas, à l’effet de les confisquer au profit du Roi, en cas qu’il persiste jusqu’au bout dans la contumace, L’annotation comprend la saisie & l’inventaire des biens. C’est comme si l’on disoit que ses biens sont notés ou marqués pour être confisqués. Voyez l’Ordonnance de 1670, titre 16.

Annotation, se dit aussi en Médecine du commencement d’un paroxysme fièvreux, lorsque le malade baille, s’étend, frissonne, &c.

☞ ANNOTER, v. a. Terme de Pratique. Marquer l’état des biens saisis, par autorité de justice, sur un criminel, ou sur un accusé. Designare addicta principi bona. Ses biens ont été saisis & annotés. Dès qu’on fait le procès à quelqu’un par contumace, on fait saisir & annoter tous ses biens ; c’est-à-dire, on met des affiches & panonceaux sur ses héritages, pour marquer qu’ils sont saisis & en la main du Roi.

ANNOTÉ, ÉE. part.

ANNOTINE. adj. f. Qui en françois ne se dit qu’avec le mot Pâque. La Pâque annotine, selon Durandus, in Rationali divinor. Offic. étoit l’anniversaire du baptême, ou le jour auquel on célébroit tous les ans la mémoire de son baptême. Selon d’autres, c’étoit seulement le jour du bout de l’an du baptême. Tous ceux qui avoient reçu le baptême, s’assembloient l’année suivante, le même jour, disent-ils, & célébroient solennellement le bout de l’an, ou l’anniversaire de leur régénération spirituelle ; & ce jour s’appeloit la Pâque annotine. Ils ajoutent qu’on le célébroit comme l’Octave du Dimanche in Albis, que nous appelons Quasimodo, & par conséquent quinze jours après Pâque, & que dans quelques Sacramentaires manuscrits, on trouve après ce Dimanche une messe particulière pour la Pâque annotine. Il y a de la difficulté dans ce sentiment ; car en premier lieu, on ne baptisoit pas seulement à Pâque, on baptisoit aussi à la Pentecôte : 2.o à Paque le baptême se donnoit le Samedi-Saint ; le bout de l’an, ou l’anniversaire étoit donc le Samedi-Saint aussi, & non pas quinze jours après Pâque. Dans la vie de saint Pierre Martyr, composée par Ambrosius Taëgius, & imprimée par les Jésuites d’Anvers sur le manuscrit de Taëgius, il est dit, ch. 5. que ce Saint sortoit de son couvent pour aller à Milan, le samedi qui est la fin de la Septuagésime, & que l’on appelle Samedi in Albis, & Pâque annotine. Sabbato, qui est Septuagesimæ finis, quodque Sabbatum in Albis, annotinum Pascha vocatur. C’est-à-dire, le samedi devant Quasimodo, ou le samedi de la semaine de Pâque. Sur quoi les PP. Henschenius & Papebroch disent, qu’il leur semble qu’annotin signifie, consommé achevé ; que d’autres appellent ce jour, Pascha conclusum, au lieu d’annotinum ; & que Bède le prend en ce sens, quand il appelle le cours de la lune complet & achevé, le cours annotin. Et en effet, c’est ce samedi-là que finit l’office de Pâque. Voyez Acta Sanct. April. T. III, p. 700. B. Ce mot vient d’annus. Annotinus, d’un an, qui a un an.

ANNUALES. s. f. pl. Espèce de Myrabolans, qu’on nomme autrement Emblis.

ANNUEL, ELLE. adj. Ce qui revient tous les ans, ou qui finit au bout de l’an. Annuus, Anniversarius. Une telle charge, une telle commission est annuelle. Une rente foncière annuelle & perpétuelle.

On appelle, plantes annuelles, certaines plantes qui ne viennent que de graine, & qu’il faut semer tous les ans : &, fleurs annuelles, les fleurs de ces plantes. On dit aussi caulis annuus, d’une tige qui périt tous les ans.

En termes d’Astronomie, la révolution du soleil, d’un point du zodiaque, au même point, s’appelle, le mouvement annuel du soleil. Il se dit par opposition au mouvement diurne qui n’est que de 24 heures

On appelle aussi, le droit annuel, certain droit qu’on nomme autrement la Paulette, du nom de Paulet son inventeur en 1604, & qui en fut aussi le premier partisan. On le paye tous les ans aux Parties-casuelles, pour faire passer & conserver à ses héritiers la charge qu’on possède ; faute du payement du droit annuel, si celui qui est revêtu de la charge mouroit, elle est vacante au profit du Roi.

Annuel, est aussi un terme de Rubrique dans le diocèse de Paris, & quelques autres, où l’on donne ce nom aux principales fêtes de l’année, dont l’office se fait avec plus de pompe & de solemnité ; Noël, Pâque, la Pentecôte, &c. sont des fêtes annuelles.

Annuel. s. m. Est une messe qu’on dit tous les jours pendant une année, pour le repos de l’âme d’une personne morte, à compter du jour de sa mort. Annuum pro mortuo sacrificium.

Annuel. Terme usité dans les Aides. Droit qui se paye annuellement par tous les Marchands de vin en gros & en détail. Ce droit fut créé sous le règne de Louis XIII en 1632, & se paye au lieu d’un droit qu’on nommoit héréditaire. Dict. des Finances.

☞ Ce mot est aussi substantif en parlant du droit que celui qui est pourvu d’une charge, paye tous les ans aux Parties-casuelles, afin de la conserver & de la faire passer à ses héritiers, en cas de mort. Il a payé l’annuel.

ANNUELLEMENT. adv. Toutes les années. Annis singulis, quotannis. Cette rente se paye annuellement à tel jour.

ANNUITÉ. s. f. Terme de Commerce. Se dit d’un emprunt par lequel le débiteur s’engage à faire annuellement, pendant un certain nombre d’années limitées, un payement qui comprend la rente du capital, & un remboursement d’une partie de ce capital ; de sorte qu’au bout du terme indiqué, le débiteur est entièrement libéré. L’état fait souvent des emprunts par la voie d’annuités. Il y a des fonds établis pour payer les annuités. Annuus proventus, reditus.

ANNULAIRE. adj. m. Epithète qu’on donne au quatrième doigt de la main, parce qu’on y met ordinairement un anneau. Annularis. On l’appelle autrement le Médecin, parce que c’est de ce doigt-là qu’on se sert quand on veut délayer quelque drogue pour faire un remède.

Les Anatomistes se servent aussi de ce mot. Il y a les Apophyses annulaires, ainsi appelées, parce qu’étant placées à côté de la moëlle alongée, elles l’embrassent comme une anneau. Le second des cartilages du larynx, s’appelle le cricoïde, ou le cartilage annulaire, parce qu’il est rond comme un anneau, & qu’il environne tout le larynx. Le ligament annulaire entoure le poignet comme un bracelet. Ce ligament est très-fort, car outre qu’il sert à joindre les deux os de l’avant-bras proche du poignet, il tient ensemble tous les tendons des muscles, & les empêche de sortir de leur place dans leurs actions. Le ligament du tarse est aussi nommé ligament annulaire. Le sphincter, muscle de l’anus, est aussi nommé annulaire ; parce que sa figure est semblable à celle d’un anneau. La veine annulaire est une veine située entre le doigt annulaire, & le petit doigt, qu’Aétius veut qu’on ouvre dans les maladies de la rate. Annularis.

Annulaire. T. d’Astronomie. On dit qu’une éclipse est annulaire lorsque l’ombre de la terre ne couvre pas tout le disque du soleil, & qu’il reste tout autour un anneau de lumière. Il faut pour cela que l’éclipse soit centrale, & que la lune soit dans son apogée ; c’est-à dire, dans son plus grand éloignement de la terre, & le soleil dans son périgée. ☞ Les éclipses centrales qui arrivent alors ne manquent jamais d’être annulaires ; parce que le diamètre apparent de la lune apogée est plus petit que le diamètre apparent du soleil périgée. Les éclipses annulaires sont rares. Voyez Éclipse.

Annulaire, en termes d’Architecture, se dit des voûtes, dont la figure imite en tout ou en partie les anneaux, telles sont les voûtes sur le noyau. Frézier.

ANNULLATION. s. f. L’action d’annuller. Le P. de Laubrussel s’est servi de ce mot pour signifier l’action d’anéantir, de réduire à rien. ☞ Personne ne l’a dit après lui. Ce seroit tout au plus un terme barbare de pratique.

ANNULLER. v. a. Terme de Palais. Casser un acte, un jugement, une procédure. Abrogare, Rescindere, Refigere. Les Requêtes du Palais cassent & annullent comme attentat, toutes les procédures qui ont été faites au préjudice du renvoi. Le Conseil annulle tout ce qui a été fait au préjudice de l’instance de réglement de Juges ou de l’évocation. On annulle les mariages, les contrats, les testamens qui ne sont pas valables par les Loix. Ménage dérive ce mot de annulare, qui vient de nullus, nul. Rendre nul.

☞ Dans le commerce, annuler un billet, une lettre de change, une obligation, irritum facere, c’est rendre nul, de nul effet, de nulle valeur.

Annullé, ée. part. Abrogatus, Refixus, Rescissus.

ANNUS. s. f. Racine du Pérou, longue & grosse comme le pouce. Elle est d’un goût amer, & les Indiens la mangent cuite. Ils croient qu’elle ôte la puissance d’engendrer.

ANO.

ANOBLIR. v. a. Rendre noble. ☞ Tirer quelqu’un de l’état de Roturier, pour le faire jouir, lui & sa postérité, des droits & prérogatives accordés aux Nobles. In Nobilium ordinem aliquem cooptare, adscribere. Il n’y a que le Roi qui puisse anoblir. Il a donné des priviléges d’anoblir à certaines charges, comme à celles de Secrétaires du Roi. Les Conseillers du Parlement de Paris, de Grenoble, de Besançon & de Douai, jouissent du privilége de la Noblesse au premier degré, qui a été aussi accordé au Parlement de Dombes. Dans les autres Parlemens, il faut que le pere & l’aïeul aient été Conseillers, pour transmettre la Noblesse à leur postérité. Il y a des Echevinages en France qui anoblissent, comme à Paris, à Lyon. En Allemagne, l’Empereur seul peut anoblir, à l’exclusion des Electeurs & des autres Princes.

☞ En parlant des pays où la Noblesse se prend du côté de la femme, & où il suffit d’être né d’une mere Noble pour être réputé Noble ; on dit qu’en ce pays là le ventre anoblit.

☞ En parlant du style, d’une langue, &c. On ne dit point anoblir, mais ennoblir. Voyez ce mot.

Anobli, ie. part. In Nobilium ordinem cooptatus, adscriptus. ☞ Il est aussi substantif, & signifie qui a été fait noble depuis peu de temps. De temps en temps on fait des recherches des nouveaux anoblis.

ANOBLISSEMENT. s. m. Changement qui se fait de la condition de roturier en celle de noble. ☞ Grâce & concession du Prince, par laquelle on est anobli, on jouit du titre de noble. Hominis ignobilis in Nobiles cooptatio. Les anoblissemens se font en plusieurs manières, par lettres, par priviléges, en donnant un Ordre de Chevalerie, &c. Avoir des lettres d’anoblissement pour soi, & pour ses enfans nés & à naître. Voyez Tiraqueau sur la Noblesse, ch. 6. Baquet, du droit d’anoblissement.

☞ ANOCHE. s. f. Plante potagère, qu’on appelle aussi Bonne-dame. Sa feuille donne au bouillon une couleur dorée. C’est un article du grand Vocabulaire, copié du Dict. de l’Acad. Fr. La plante dont on parle ici, s’appelle Arroche, Bonne-dame. Atriplex, & non pas atriplea : mais jamais cette plante, ni aucune autre n’a porté le nom d’anoche. Nous aurons souvent occasion de relever de pareilles méprises. Au reste nous n’y perdons rien ; & la même plante reparoît sous son vrai nom au mot Arroche.

ANODIN, ou ANODYN, YNE. adj. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes, qui par leur chaleur douce, & par leur humidité tempérée, calment & appaisent les douleurs. On les appelle aussi Parégoriques. Anodynus, Leniens. Il y en a d’autres à qui on donne ce nom, mais improprement : ce sont ceux qui assoupissent & qui font dormir. Les vrais anodyns s’appliquent extérieurement sur la partie qui souffre. Tels sont l’oignon, les lys, la racine de guimauve, les feuilles de mauve, de violette, de sureau, &c. Les anodyns renferment donc trois classes, les Parégoriques, les Hypnotiques, & les Narcotiques. Ce mot est composé de la particule privative α & ὀδύνη, douleur ; c’est pourquoi il faudroit écrire Anodyns. Cependant Anodin est plus usité.

ANOIAU. s. m. Vieux mot, qui vouloit dire Anneau, Annulus. Borel.

ANOLET. Voyez Tnnolel.

ANOLIS. s. m. Espèce de lézard. Il a la tête plus longue & le ventre plus jaunâtre que le lézard. Il a le dos vert, avec des raies grises & bleues, depuis la tête jusqu’à la queue. Il est long d’un pied & demi, & assez gros. Il jette la nuit des cris aigus. Voyez l’Histoire naturelle des Antilles, par Lonvillers de Poincy, chap. 13, article 3 & celle du P. du Tertre, Tr. IV, chap. 2, §. 2. Ces animaux se trouvent dans toutes les Antilles ; à la Guadeloupe on n’en voit que dans le Grand Cul-de-sac. Ils sont toujours dans la terre, & n’en sortent que pendant la plus grande chaleur, qu’ils viennent ronger les os & les aretes des poissons que l’on jette. Ils paissent quelquefois l’herbe, principalement dans les potagers ; si on en tue quelques uns, les autres les mettent en pièces & les mangent. P. du Tertre.

ANOMAL, ALE. adj. Terme de Grammaire. Il se dit des verbes, qui dans leur conjugaison ne suivent pas la règle des autres. Verbum anomale, inæquale. Il y a dans toutes les langues des verbes anomaux, des inflexions de mots anomales & irrégulières. Ce mot est formé de l’α privatif, & de ὁμαλής, planus, æqualis ; uni, égal ; ainsi anomal veut dire, qui n’est pas égal, qui ne suit pas la règle des autres. ☞ Les verbes aller, voir, être, &c. sont des verbes anomaux, dont les inflexions sont anomales.

Anomal, en Botanique. Anomalus. Fleur anomale, celle qui est d’une forme bizarre. Il y en a de monopétales & de polipétales.

ANOMALIE. s. f. Se dit en Grammaire de l’irrégularité dans la conjugaison des verbes, ou dans la déclinaison des cas. Anomalia.

Anomalie, en termes d’Astronomie, signifie, une irrégularité apparente dans le mouvement des planètes. C’est proprement la distance du lieu vrai ou moyen d’une planète à l’aphélie ou à l’apogée. Kepler parle de trois sortes d’anomalies. La première, qu’il appelle de l’excentique, est celle qui regarde l’espace que la planète a à parcourir : la seconde, l’anomalie moyenne, qui est le temps qu’elle emploie à cette course : la troisième, l’anomalie égalée, qui regarde la grandeur apparente de l’arc qu’elle parcourt. Sur quoi il faut voir la Théorie des planètes. L’Anomalie moyenne aussi-bien que l’anomalie vraie de la planète, se comptent l’une & l’autre depuis l’aphélie : mais si l’on veut compter depuis le commencement du signe du bélier, alors ce nom d’anomalie se change en celui de mouvement de la planète en longitude, Voyez ce mot.

Ces mots ne viennent point de l’α privatif, & de νόμος, loi, comme quelques-uns l’ont dit, trompés par quelque ressemblance du mot. Car d’où viendroit la dernière syllabe al, suivant cette étymologie ? Mais ils viennent du grec ἀνόμαλος, qui signifie, ce qui n’est pas plan, raboteux, inégal, irrégulier, & qui est formé de l’α privatif, & de ὁμαλής, planus, æqualis, c’est-à-dire, plan, égal.

☞ ANOMALISTIQUE (année.) ou périodique, est l’intervalle de temps que la terre emploie à parcourir son orbite, à revenir d’un point de son orbite, au même point : on l’appelle aussi année sidéreale.

ANOMÉEN, ou ANOMŒEN, ÉENNE. s. m. & f. Anomœus. Ce mot est grec, composé de l’α privatif & du nom ὁμοῖος semblable ; & signifie, différent, dissemblable. Ce nom fut donné dans le quatrième siècle aux Purs-Ariens, parce qu’ils nioient non-seulement la consubstantialité du Verbe ; mais même qu’il fût d’une nature semblable à celle du Pere : & on leur donna par opposition aux Demi-Ariens, qui nioient à la vérité la consubstantialité du Verbe ; mais qui avouoient qu’il étoit semblable au Pere. Les Demi-Ariens condamnerent les Anomœens l’an 359, au conciliabule de Séleucie ; & les Ariens condamnerent les Demi-Ariens dans le concile de Constantinople, & l’année suivante dans celui d’Antioche, ôtant le mot ὁμοῖος, semblable, de la formule de Rimini, & de celle de Constantinople ; & assurant que le Fils de Dieu avoit non-seulement une substance, mais même une volonté différente de celle du Pere, & c’est pour cela qu’ils furent nommés Ἀνομοιοι, Anomœens, Sozom. Liv. IV, ch. 13, & 28. Liv. VI, ch. 26. Socrate, Liv. II, ch. 35 ; Théodoret, Liv. IV. S. Epiphane, Hær. 57, ou 77.

ANOMIEN, ENNE. s. m. & f. Anomianus. Baronius à l’an 357 & 360 de Jésus-Christ, appelle les Anoméens Anomiens, & confond ces deux noms, suivant en cela l’usage établi par les anciennes versions de Sozomène. M. Godeau dit aussi Anomien. D’autres les distinguent en disant qu’Anomien vient de l’α privatif, & de νόμος, loi, & signifie, qui est sans loi. C’est le sentiment des Macri. Il y a du mécompte de part & d’autre : l’ancien interprète de Sozomène a appelé Anomiens, Anominiani, ceux que son Auteur & les anciens Historiens appellent Anomœens, Anomœi, ce qui ne convient point à l’origine de leur nom. Car Anomien vient plutôt de ἄνομος, que de ἀνόμοιος, qui est cependant la véritable étymologie du nom de ces hérétiques. Voyez Anoméen. Les Macri le jugeant ainsi, & avec raison, ont cru que Anomien & Anoméen étoient deux noms & deux sectes différentes, quoique ce ne soit que la même chose. La plus lourde faute est celle des Centuriateurs de Magdebourg. Car ces Protestans, qui ne lisoient Sozomène qu’en latin, comme il paroît par ceci, disent. Cent. IV, ch. 5, p. 390, que S. Epiphane écrit que les Aëtiens furent nommés Anomœens, mais que Sozomène, Liv. VI, ch. 4, les nomme Anomiens. Oüi Sozomène Latin ; ou l’ancien Interprète de cet Auteur, & ils pouvoient encore ajouter, Liv. 4, ch. 13, ch. 28. Liv. VI, ch. 26, & toutes les fois que cet Auteur en parle. Mais Sozomène lui-même met Ἀνομοιων, Anomœorum, Anomœens, sur-tout à l’endroit cité. Il est vrai qu’en quelques autres lieux il y a des éditions qui lisent ἀνομίων, mais 1.o ce n’est point à l’endroit qu’indiquent les Centuriateurs, auquel je ne vois point de variété de leçon. 2.o Dans les autres éditions, cette leçon est toujours corrigée par des manuscrits meilleurs, & M. de Valois, qui a revu cet Auteur sur les manuscrits, a toujours mis Ἀνόμοιοι, comme l’origine de ce nom le demande nécessairement. Il faut donc dire Anoméens, & non pas Anomiens. Il est vrai néanmoins que S. Georges de Nysse dans la vie de S. Ephrem, appelle les Eunomiens Ἀνόμοι, Anomiens ; mais c’est une allusion qu’il fait à leur nom, & non point un nom de secte reçu par l’usage ; & il est très-différent d’Anoméen ; car il signifie, Qui est sans loi, nom qu’on leur donna par opposition à celui d’Eunomien, qu’ils prenoient d’Eunomius leur chef, & qui signifie, Qui a de bonnes loix.

☞ ANOMIES. s. f. pl. Coquilles fossiles, dont on ne connoît point les analogues vivans. Acad. Fr.

ÂNON. s. m. Le petit d’un âne. Asellus, Pusillus asini. L’ânesse ne conserve pas son lait quand elle a perdu son ânon. Les Italiens mangeoient autrefois beaucoup d’ânon, selon Galien ; ils en trouvoient la chair fort agréable. Mécénas s’en faisoit servir dans ses repas les plus magnifiques. Il l’a mit en réputation ; on la préféroit à celle d’ânon sauvage : l’usage s’en perdit bientôt après sa mort. De la Mar. Voyez aussi Pline, Liv. VIII, c. 43.

ANON. s. m. Fruit de l’Amérique, qui a la forme d’une pomme de pin, mais ses écailles ne sont pas si lissées, ni si relevées que celles de la pomme de pin. Sous une peau mince & semblable à celle d’une poire, il a une chair très-blanche & très-délicate. Il est très semblable au fruit qu’on appelle Guanabane, mais il est plus petit & de meilleur goût. Hist. des Ind. Liv. VIII, c. 18, de Gonz. Fern. d’Oviédo.

ANONIS. Voyez Bugrande, & Arrête-lœuf.

ÂNONNER. v. n. Faire un ânon. Asinum edere. Notre ânesse a ânonné.

ÂNONNER. v. n. Lire ou parler avec peine, & en répétant les lettres, ou en cherchant ses paroles. Hæsitare. Il ne savoit pas un mot de sa leçon, ou de son discours, il n’a fait qu’ânonner ; c’est-à-dire, qu’hésiter. Il est familier.

ANONYME. adj. Qui n’a point de nom, ou qui le cache. Anonymus. Auteur anonyme, c’est-à-dire, dont on ne sait pas le nom. Auctor ignotus, ignoti nominis. On dit aussi, un livre anonyme, quand on ignore le nom de celui qui l’a fait. Deckerus, Avocat de la Chambre Impériale de Spire, & Placcius de Hambourg, ont fait un Traité des livres anonymes. Il y a je ne sais quoi d’honnête & de modeste dans la timidité d’un Auteur qui se cache, & qui se produit anonyme dans le monde. Bell. L’humilité de ces Auteurs qui se tiennent derrière leur ouvrage anonyme, & qui laissent tomber à terre les louanges qu’on leur donne, est bien rare en ce siècle. S. Evr. Burcard Gotthelfius Struvius parle des Savans qui ont taché de deviner les Auteurs des écrits Anonymes, c’est dans ses supplémens à la connoissance de la littérature.

Il se met quelquefois substantivement. L’Anonyme qui a traité cette matière, dit que, &c.

Ce mot vient du grec ἀνονυμος, qui signifie, sans nom.

☞ On appelle aussi anonymes ceux qui n’ont point encore reçu de nom au baptême. Mais alors on ajoute à ce mot le nom de famille. Anonyme, de Bourbon.

☞ ANONYMOS. C’est le nom de plusieurs plantes.

Anonymos ribosii foliis. Espèce d’arbrisseau qui nous vient de Virginie & du Canada.

Anonymos frutex Brasilianus, flore Keiri, & une troisième qui croît en Allemagne.

ANORDIE. s. f. Tempête de vent de nord, qui s’élève en certains temps sur les côtes de la nouvelle Espagne, & dans les îles du Mexique. Tempestas à septentrione proveniens.

ANOREXIE. s. f. Terme de Médecine, défaut de faim, dégoût occasionné par dérangement d’estomac, ou par surabondance d’humeurs. Cibi festidium. L’anorexie est proprement un défaut d’appétit. Cependant quelques Médecins la distinguent du dégoût, disant que l’anorexie est une disposition dans laquelle on n’a aucun désir pour les alimens ; au lieu que le dégoût est une aversion pour les mêmes alimens qu’on prenoit autrefois avec plaisir. Ce mot est composé de l’α privatif, & d’ὄρεξις, appétit. Col. de villars.

ANORMAL, ALE. adj. m. & f. Contraire aux règles, déréglé. Vieux mot. Abnormis, e.

Pour ce qu’il est de soi si anormal,
Qu’il faut de soi qu’il commence par mal. Marot.

Ce mot, à la façon des Grecs, est composé d’un α privatif, & de norma, règle. Anormal, sans règle.

Anormal, signifioit autrefois énorme. Gloss. sur Marot.

ANORMÉ, ÉE, & ANORMAL. adj. Ces mots ne sont plus en usage. Borel dit qu’ils signifient, qui est contre la règle commune, & qu’énorme vient de ces mots.

Tu dois savoir que ces fiers animaux
Qui en leur vie ont fait ces anormaux.

Jean le Maire.

☞ ANOSSI. Province de l’île de Madagascar, située à 25 d. 18’ de lat. & s’étend depuis la province de Manatengha jusqu’à la rivière de Mandrerei, qui est au 26e degré. Cette province est habitée par deux sortes de peuples, des blancs & des noirs. Voyez Anacandrians.

ANOTH, ou ANETH. Une des Sorlingues, îles de la mer Britannique, à l’entrée de celle d’Irlande. Anothia.

ANOUT, ou ANHOLT. île de Dannemarck. Alholta. Elle est dans le Catégat, au nord de celle de Zélande. Cette île est petite, & toute environnée de bancs de sable.

ANQUILLEUSE. s. f. qui se dit d’une femme qui filoute, qui vole chez les Marchands. Fur fæmina, mercatoribus surripiens quæ sub præcinctoris servant. On a pendu aujourd’hui un anquilleuse. Les arrêts de la Tournelle emploient ce mot.

ANRAMATICO. s. m. Plante de l’île de Madagascar. Ses feuilles sont fort longues. Il porte un fruit qui a la forme d’un vase couvert. Ses fleurs se remplissent d’eau pendant la pluie ; ensorte que chacune d’elles en peut contenir un septier.

ANS.

ANSA. Rivière d’Italie Alsa. La source de l’Ansa est dans le Frioul. Aquilée est sur l’Ansa, qui de-là va se jetter dans le golfe de Venise.

ANSCAIRE. s. m. Nom d’homme. Anscarius. S. Anscaire, en allemand S. Schaires fut le premier Evêque d’Hambourg. Voyez sur S. Anscaire M. l’Abbé Fleury dans son dixième tome de l’Histoire Ecclésiastique.

ANSE. s. f. ☞ On appelle ainsi la partie de certains vases ou ustensiles par laquelle on les prend, pour s’en servir ou pour les manier. Ansa. C’est de ce mot Latin que le françois s’est formé. Quelques-uns écrivent ance, c’est une faute ; l’origine de ce nom demande une S, & l’usage l’approuve. L’anse d’un panier, d’un aiguière. L’anse d’une marmite, d’un chaudron. On a vu des Orfévres au Mexique faire un chaudron avec son anse mobile tout d’un coup, & d’une seule fonte, comme le rapporte Lopez de Gomara.

On appelle aussi l’anse d’une cloche, la partie par où elle est suspendue dans une grosse piéce de buis qu’on appelle Mouton.

Anse. ☞ En terme de Géographie & de Marine, est une espèce de golfe qui n’a pas beaucoup de profondeur.

☞ Il y a une autre sorte d’anse, qui est un enfoncement de mer, entre deux promontoires.

l’Anse, est une petite partie de la mer qui forme un enfoncement ou une échancrure peu considérable dans les terres, de sorte que le rivage soit courbé en forme d’arc. Sinus angustior. M. Baudrand la définit une espèce de petit golfe, dont l’entrée est égale, ou même plus petite que l’enfoncement ; en quoi elle est, dit-il, différente de la baye dont l’entrée est plus large que l’enfoncement. On confond, dit il, souvent l’anse la baye & le golfe ; l’anse est plus petite que la baye & le golfe ; mais plus grande que le port. Les Latins n’y ont pas cherché tant de mistère, & ont employé le mot sinus pour toutes ces sortes d’enfoncemens, & se sont contentés de les distinguer par les épitètes, latus, large, angustus, étroit.

En Architecture on appelle une voûte en anse de panier, quand elle est surbaissée, & quand elle n’a pas son plein cintre. Fornix in calathi ansam arcuatus. Il y en a de rampantes & de biaises. C’est aussi un ornement de serrurerie, composé de deux enroullemens opposés.

Anses, en Astronomie. On appelle anses les parties sensiblement éminentes de l’anneau de Saturne, qu’on apperçoit lorsque cet anneau commence à s’ouvrir ; c’est-à-dire, lorsque sa partie antérieure & sa partie postérieure commencent à se distinguer à la vue. Elles ont la forme de deux anses attachées à cette planète. Encyc.

On dit proverbialement de ceux qui mettent les mains sur les hanches pour quereller quelqu’un, ou par fierté, qu’ils font le pot à deux anses. Diotam effingere. Plaute dit, ansatus homo. Les servantes appellent l’anse du panier, le profit qu’elles font à ferrer la mule. On dit, On prend le peuple par les oreilles comme un pot par les anses ; pour dire, qu’on fait accroire au peuple tout ce qu’on veut, qu’il croit tout ce qu’il entend, tout ce qu’on lui dit. Rochefort a dit, toutes nos actions se prennent à deux anses, les uns louent ce que les autres blâment.

☞ ANSE. Ville du Lyonnois. Voyez Ance.

ANSÉATIQUE. Voyez Hance.

ANSÉDONIA. Bourg de Toscane, en Italie. Ansidonia, Ansedonia. Il est dans le Siennois, entre l’état de Gli Presidii, & le duché de Castro, sur un petit golfe formé par l’embouchure de la Pescia, dans la mer de Toscane. On voit à Ansedonia les ruines de l’ancienne Cosa.

ANSELME. s. m. Anselmus. Nom d’homme. L’église de Tournai eut pour premier Evêque Anselme, qui étoit Abbé de S. Vincent de Laon. S. Anselme, Abbé du Monastère du Bec, fut Archevêque de Cantorbéri.

ANSÈNE. Ville d’Egypte, en Afrique. Ansena. Angira. Elle est sur une montagne près du Nil, à vingt lieues au-dessus du Caire.

☞ ANSER. v. a. Chez les Boisseliers, c’est garnir une pièce d’une verge de fer courbée en cintre, dont les extrémités s’attachent aux bords de l’ouvrage.

ANSETTE. s. f. Petite anse. Ansula. Les Orfévres appellent ansettes, les anses d’une tasse.

Ansettes. Terme de Marine, Voyez Ancettes.

ANSIANACTE. s. m. & f. Nom de peuples. Ansianactus, a. Les Ansianactes habitent la côte occidentale de l’île de Madagascar, vis-à-vis l’île de Sainte Marie & le cap de Saint André. ☞ Flacour, de qui cet article est tiré, écrit Ancianactes, c. 9, p. 25.

☞ ANSICO. Royaume d’Afrique, borné au levant, selon Pigaset, par la rivière d’Umbre & le Royaume de Wangue ; au couchant, par le pays des Amboes, voisins de Lovango ; au septentrion par quelques déserts de la Nubie ; & au midi, par les provinces de Songo & de Sonde, qui font partie du royaume de Congo.

ANSIDIANO. s. m. Bourg de Portugal. Ansidianum. Il est entre Conimbre & Tomar, sur la montagne Ansidiano, anciennement Tapiæus mons.

ANSIQUAIN, ou ANSICAIN, AINE. s. m. & f. Nom propre de peuple. Ansicanus, a. Les Ansicains sont un peuple de la basse Ethiopie, qui habitent le pays dont on vient de parler. ☞ Ces peuples se nourrissent, dit-on, de chair humaine, & ont des boucheries publiques, où au lieu de bœuf & de mouton, sont exposés en vente des membres d’hommes. Le soleil qu’ils représentent sous la figure d’un homme, & la lune sous celle d’une femme, sont leurs divinités souveraines. Ils adorent outre ces deux astres une infinité d’idoles. Chacun à la sienne. Le Roi d’Ansico commande à treize royaumes, & passe pour le plus puissant Prince de l’Afrique. On le nomme le Grand Macoco.

ANSLO. s. m. ANSLOYE. Capitale de la Norvège, que l’on nomme encore Opslo & Christianstad. Ansloga, Christiana, Christianopolis. Elle est dans la province d’Aggerhus, au fond du golfe d’Anslo, & n’est séparée du château d’Aggerhus que par une petite rivière. Christien IV, Roi de Dannemarck, l’ayant fait rétablir après un incendie, elle prit le nom de Christianstad.

ANSPACH, ou ONSPACH. Pays appelé autrement Onoltzbach. Onoldinus, Onspachensis pagus. Il est dans la Franconie, en Allemagne, & a titre de Margraviat. Il est borné au nord par l’évêché de Wurterbourg, par celui de Bamberg au couchant, au sud par les comtés d’Holacg & de Œting, & l’Evêché d’Aischtet, & au levant par le palatinat de Bavière & le territoire de Nuremberg.

☞ La capitale de cette Souveraineté, en latin Onoldina ou Anspachium, porte le même nom. Elle est à cinq milles d’Allemagne de Nuremberg. Le château qui est assez beau, est la résidence ordinaire des Margraves de Brandebourg, de la maison d’Anspach.

ANSPECT. s. m. Terme de Marine. C’est un levier. Vectis.

ANSPESSADE. s. m. Bas Officier d’Infanterie qui est au-dessous du Caporal, qui est pourtant au nombre des hautes payes. Il y a quatre ou cinq Anspessades par compagnie. Les Anspessades sont exempts de faction. Ce mot vient de l’italien lança spezzada, ou lance rompue. C’étoit autrefois un gendarme ou cavalier démonté, qui n’ayant plus moyen de servir dans la gendarmerie, demandoit une place honorable dans l’infanterie, où on le faisoit servir avec quelque distinction de paye, ou de service, au dessus des simples fantassins ; mais au dessous des Officiers.

ANSTAISE. s. m. Nom d’homme. Anastasius. S. Anstaise fut Evêque de Sens au dixième siécle. M. Châtelain met Anastase dans sa traduction du Martyrologe, & Anastaise dans ses notes, 7 Janvier, p. 121.

ANT.

ANTA. s. m. Animal du Paraguay. Il est semblable à un âne, à cela près, qu’il a les oreilles fort petites ; il a une trompe d’une palme de long, qu’il alonge & qu’il retire comme l’éléphant, & dont il semble qu’il se sert à respirer. Il a à chaque pied de devant & de derrière trois ongles. Les gens de guerre font de sa peau des espèces de casques qui sont à l’épreuve des flèches, & quelquefois même des coups de feu ; leur chair est fort bonne, & semblable à celle de la vache. Le jour ils broutent l’herbe, & la nuit ils mangent du limon salé ; & dans certains parages on en voit une très-grande quantité. Les chasseurs se rendent la nuit dans les endroits où il y a du limon ; & quand il les sentent en approcher, ils découvrent tout d’un coup un flambeau allumé qui les éblouit, & donne par-là lieu de les tuer. Ce jeu continue toute la nuit ; le lendemain matin ils suivent les pistes, & trouvent ces animaux morts à quelques pas de l’endroit. La corne ou les ongles de cet animal, principalement celle du pied gauche de devant, sont souveraines contre le venin ; & l’expérience a fait observer souvent, que quand il se sent atteint de la mort, il se jette sur ce pied gauche, & en applique l’ongle sur son cœur. C’est ce qu’en rapporte le P. Antonio Ruiz, Jésuite, dans sa Conquista espiritual de Paraguay. Il y a aussi des Anta dans le Bresil.

☞ ANTAGONISME. s. m. Action d’un muscle dans un sens opposé à celle d’un autre muscle qui est appelé son Antagoniste.

☞ ANTAGONISTE. s. m. Adversarius. Ce terme signifioit chez les anciens ennemi sous les armes & en bataille. Aujourd’hui il n’est plus en usage que pour exprimer celui qui est opposé à un autre dans quelque sentiment, dans quelque opinion, dans des disputes littéraires. Vous avez dans ce seigneur un dangéreux antagoniste. Cardan avoit un redoutable antagoniste dans la personne de Scaliger. Il le contrarioit en tout.

☞ Il faut remarquer que ce terme est quelquefois absolu & quelquefois relatif. Ainsi un répondant qui tâche de résoudre les objections qu’on lui propose, a des antagonistes, mais on ne peut pas dire qu’il soit l’antagoniste des personnes qui disputent contre lui. Deux partis qui soutiennent des opinions opposées, sont réciproquement antagonistes.

On appelle en Anatomie muscles antagonistes, ceux qui ont des fonctions contraires, comme le releveur & l’abaisseur des yeux ; ils les font mouvoir l’un en haut, & l’autre en bas. ☞ L’abducteur & l’adducteur, le fléchisseur & l’extenseur. Voyez ces mots. On les appelle antagonistes, parce qu’ils semblent se combattre. Ce mot vient du grec ἀνταγωνίζομαι, contrà luctor, Je combats contre quelqu’un.

☞ Ce mot est adj. & s. Les muscles antagonistes tiennent à la même partie, & tirent l’un contre l’autre. Chaque muscle à son antagoniste.

ANTALE. s. m. Antalium, tubulus, marinus. Petit coquillage dont parle Rondel. Il est fait en tuyau, long environ d’un pouce & demi, gros par un bout comme une grosse plume, & par l’autre comme une plume menue, ayant de petites lignes creuses, droites, qui vont d’un bout à l’autre, de couleur blanche, ou blanche verdâtre. Il se trouve sur les rochers & au fond de la mer. Il renferme un petit vermisseau marin ; il contient un peu de sel volatil & fixe, très-peu d’huile, & beaucoup de terre. Il est alkali, résolutif, dessicatif. Dict. de James.

Il y a encore une espèce d’antale composé de plusieurs petits tuyaux joints ensemble. Les tarifs des entrées de France de l’année 1664, nomment l’antale, Lapis entalis.

ANTAMBA. s. m. Bête féroce de l’île de Madagascar. Elle ressemble à un léopard. Elle habite dans les montagnes, d’où elle ne descend que pour déchirer les hommes & les animaux qu’elle rencontre.

ANTAN. s. m. L’année précédente. Annus superior. Il n’est en usage qu’en ces phrases : des neiges d’antan. Une figue d’antan. Ce mot vient de ante annum. Nicod. Il est tout-à fait bas & populaire.

ANTANACLASE. s. f. Antanaclasis. Terme & figure de Rhétorique. C’est la répétition du même mot, mais pris en différens sens. Ce mot est grec, & signifie proprement répercussion, de ἀντὶ, & ἀναϰλαω, repercutio. Quintilien a usé de ce mot.

☞ ANTANAGOGE. s. f. Mot formé du grec ἀντὶ, contre & ἀναγογη, réjaillissement. Antanagoge. C’est une figure de Rhétorique, qui consiste à rétorquer une raison contre celui qui s’en sert. Récrimination. Voyez ce mot.

ANTANAIRE. adj. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit de l’oiseau qui a le pennage de l’année précédente, sans qu’il ait mué, comme qui diroit, pennage d’antan. Prioris anni pennis amictus.

ANTARCTIQUE. adj. Terme d’Astronomie. C’est l’épithète du pôle méridional, qui est opposé au pôle arctique, ou septentrional. Polus antarcticus, polus austrinus. Les étoiles voisines du pôle antarctique ne paroissent jamais sur notre horizon. On a découvert plusieurs constellations nouvelles vers le pôle antarctique. Ce mot vient de ἀντὶ, contre, & ἀρϰτὸς, ourse, parce que c’est le pôle opposé à celui que nous voyons, qui s’appelle arctique à cause que l’ourse, en grec ἀρϰτὸς, en est la constellation la plus proche.

ANTARES. Nom que les Astronomes donnent au cœur du scorpion, l’un des douze signes du zodiaque. Cor scorpionis. C’est une étoile fixe de la première grandeur. Sa longitude est de 245d. 13’, & sa latitude 4d. 27’. Harris. Nous avons déterminé le lieu de la lune, par la conjonction avec antares, ou le cœur du scorpion. P. Le Comte.

ANTATOQUE. m. & f. Peuple qu’on nomme aussi Antastovais. Antatoquus, a. C’est un peuple de la nouvelle Yorck, dans l’Amérique septentrionale.

ANTAVARE. s. m. & f. Peuple d’Afrique. Antavar, is ou Antavarus, a, um. Les Antavares sont vers la côte orientale de l’île de Madagascar, le long de la rivière Mananzaray.

ANTE. Voyez Ente. Autrefois ce mot ante se disoit pour tante, amita. Ce mot vient d’antiqua, selon Borel.

Qui fut frere de sa belle ante. Patelin.
Voir sa belle ante, ce dit-on. Coquillard.

Ante. s. f. Rivière de Normandie. Anta. L’Ante passe à Falaise, & se jette dans la Dive, un peu au dessous du bourg de Saint-Pierre.

Ante, est encore une ville de Guinée, en Afrique, qu’on appelle autrement, Takoray. Anta, Takoraium. Elle est sur la côte d’Or, où elle a un bon port à quelques lieues du cap des Trois Pointes.

Ante-ambulo. Ante-Ambulones servi. On appeloit ainsi chez les Romains, les esclaves qui alloient conduire leurs maîtres, pour leur faire faire place, pour écarter la foule.

ANTECANIS. s. m. Terme d’Astronomie. C’est la même chose que Procyon, ou le petit chien, ou canicule.

ANTÉCÉDEMMENT. adv. Terme dogmatique, qui ne se dit qu’en Théologie, quand on parle de l’ordre des décrets de Dieu. Il y a des Théologiens qui prétendent que Dieu prédestine à la gloire antécédemment aux mérites ; c’est-à-dire, que la prédestination à la gloire précède la prévision des mérites. Il est opposé à conséquemment.

☞ ANTÉCÉDENT. adj. Antecedens. Qui est auparavant, qui précède dans l’ordre des temps. Ainsi l’on dit, les conciles antécédens, des jugemens antécédens ; pour dire, précédens. On s’en sert aussi en Théologie : si la volonté est portée au bien par une nécessité antécédents, la liberté n’est plus qu’une chimère, puisque la volonté ne peut plus choisir. Le P. Dechamps. Un décret antécédent, est un décret de Dieu, qui précède un autre décret, ou une action de la créature, ou la prévision de cette action. La prédestination à la grâce se fait par un décret, ou est un décret antécédent aux mérites, ou à la prévision des mérites ; c’est un article de foi ; mais il n’est pas de foi que la prédestination à la gloire soit un décret antécédent à la prévision des mérites. Bien des Théologiens soutiennent le contraire. De même, volonté antécédente est une volonté qui précède en Dieu une autre volonté, ou quelque connoissance ou prévision. Dieu par volonté sincère, mais antécédente, veut sauver tous les hommes ; c’est-à-dire, que la volonté sincère, que Dieu a de sauver tous les hommes, précède, & ne suppose point encore en lui la connoissance de leurs mérites ou démérites, de leurs vertus ou de leurs crimes. Elle seroit injuste par rapport à tous ceux qu’il prévoiroit devoir mourir dans le crime. Au reste, ces termes ne s’entendent par rapport à Dieu, que d’un ordre de nature, & non point d’un ordre de succession & de temps : l’infinie perfection de la nature de Dieu fait qu’il voit & prévoit tout en même temps, & qu’il veut de même, & non point successivement l’un après l’autre, comme nous ; mais cela n’empêche pas que Dieu ne veuille l’un à cause de l’autre, qu’il n’ait pas une telle volonté à cause d’une telle connoissance, ou prévision ; ou qu’au contraire indépendamment d’une telle connoissance, ou prévision, il veuille telle chose, comme si cette prévision n’étoit point encore en lui. C’est-là l’ordre de nature, ainsi que les Théologiens l’appellent, & le sens dans lequel il faut prendre le terme d’antécédent quand on parle de Dieu.

Antécédent. s. m. En termes de Grammaire, se dit des noms & des pronoms, quand ils précèdent & régissent le relatif qui. Ainsi dans ces deux phrases, Dieu qui peut tout : celui qui vous a dit telle chose, Dieu, & celui, sont les antécédens, &, qui est le relatif. Acad. Fr.

Antécédent, en termes de Logique. C’est la première proposition de cette sorte d’argument qu’on appelle Enthymème, qui consiste dans une proposition dont on tire une conséquence. L’antécédent est la proposition dont l’autre est tirée. Antecedens, ou prior propositio enthymemathis. Nous devons aimer ce qui peut nous rendre heureux. Donc nous devons aimer la vertu. Nous devons aimer ce qui peut nous rendre heureux, est l’antécédent. Voyez ENTHYMÈME.

Antécédent, en termes de Mathématique, se dit du premier des deux termes d’une comparaison de nombre par opposition à conséquent, qui est le second. ☞ Dans cette proposition par exemple, a : b ∷ c : d. a est l’antécédent de la première raison, c l’antécédent, de la seconde. b & d sont les deux conséquens.

ANTÉCESSEUR. s. m. Professeur, ou Lecteur de Droit dans une Université. Antecessor. ☞ On donnoit autrefois ce nom à ceux qui précédoient les autres dans quelque science. Justinien l’appliqua particulièrement à ceux qui enseignoient le Droit. Il est encore usité dans nos Ecoles de Droit, où les Professeurs prennent le titre d’Antecessores. Il vient du latin antecedere.

ANTECHRIST. s. m. (le s ne se prononce point). Tyran qui doit régner sur la terre, lorsque le monde touchera à sa fin. Antichristus. L’Ecriture nous apprend que l’Antechrist doit établir son trône dominant à Babylone. Boss. Tous les Peres, sans en excepter un seul, ont cru que l’Antechrist seroit un seul homme ; qu’à la vérité, il auroit plusieurs précurseurs ; mais ils conviennent que l’homme de péché, le fils de perdition, ou ce qui est la même chose, l’Antechrist, viendra à la fin du monde, pour faire la dernière épreuve des élus, & l’exemple le plus éclatant de la vengeance de Dieu avant le jugement prochain. Les Protestans appliquent faussement à l’Eglise Romaine, & au Pape, qui en est le Chef, tous les traits & tous les caractères que l’Apocalypse a attachés à l’Antechrist. Ainsi, selon eux, l’Antechrist seroit plutôt un corps d’Eglise corrompue, & une longue suite de Papes persécuteurs, qu’un homme particulier. Id. Ce qui ne peut s’accorder ni avec l’Ecriture, ni avec les Peres. Ce fut dans le Synode de Gap, tenu en 1603, qu’ils remuerent cette question ; il y fut résolu d’insérer un article dans leur confession de foi, par lequel le Pape étoit déclaré l’Antechrist. Le Pape Clément VIII en fut piqué au vif ; & Henri IV se trouva offensé de ce que les réformés l’avoient par-là déclaré un suppôt de l’Antechrist. Benoit. Grotius a soutenu que Caligula étoit l’Antechrist. Malvenda, Dominicain Espagnol, a fait un gros & savant ouvrage de l’Antechrist, de Antichristo, qui comprend 13 livres en deux tomes. Dans le premier livre il rapporte les sentimens des Peres sur l’Antechrist : dans le second il traite du temps qu’il paroîtra, & il montre que tous les Peres ont enseigné que ce ne seroit qu’à la fin du monde, & que ceux qui ont cru qu’il alloit paroître de leur temps croyoient en même temps être à la fin du monde. Dans le 3e, il traite de son origine, & montre qu’il sera Juif, & de la Tribu de Dan, à ce qu’il prétend, fondé 1.o sur le sentiment unanime des Peres, dont il rapporte les autorités ; 2.o sur la Gen. XLIX, 17, où Jacob mourant, dit de Dan : Dan est un serpent dans le chemin, un céraste dans le sentier, &c. 3.o sur Jérémie VIII, 16, où il prédit, que les armées de Dan dévoreront la terre, &c. & 4o. enfin sur ce que Sean Jean, dans le ch. VII de l’Apocalypse, faisant l’énumération des Tribus d’Israël, ne parle point de celle de Dan. Dans le 4e, & le 5e, il parle des signes de l’Antechrist ; dans le 6e, de son règne & de ses guerres ; dans le 7e, de ses vices ; dans le 8e, de sa doctrine & de ses miracles ; & dans le 9e, de ses persécutions ; dans les autres, de la venue d’Elie & d’Enoch, de la conversion des Juifs, du règne de Jésus-Christ ; & enfin de la mort de l’Antechrist après trois ans & demi de regne, & de ce qui la suivra.

On appelle figurément Antechrists, les persécuteurs de l’église & de la saine doctrine. Ecclesiæ vexator. Il viendra des Antechrists, qui tâcheront de séduire les fidèles.

On dit aussi, en badinant, des enfans acariâtres, que ce sont de petits lutins, des antechrists. Expression populaire.

Ce mot vient de d’ἀντὶ, & de χρίστος, ☞ Ainsi dans sa propre signification, il signifie simplement un ennemi du Christ, un homme qui nie que Jesus-Christ soit venu, & qu’il soit le Messie promis.

☞ ANTECIENS. Voyez Antoeciens.

ANTE-EVANGELIUM. s. m. Terme particulier au diocèse d’Angers. C’est une antienne que le Diacre entonne à l’autel, avant que de partir pour aller chanter l’Evangile. C’est ordinairement l’antienne de Benedictus.

ANTENALE. s. m. Espèce d’oiseau de mer, que l’on trouve vers le cap de Bonne-Espérance. Les antenales ont sous les plumes un duvet semblable à une laine très-fine, dont l’on se sert comme d’un remède souverain contre la foiblesse & l’indigestion de l’estomac, pour l’échauffer, & pour le fortifier. Wicqf. Amb. de Figue.

ANTENNE. s. f. VERGUE, ou VERGHE. Terme de Marine. C’est la pièce de bois suspendue à une poulie, qui croise le mat à angles droits, à laquelle la voile est attachée. Antenna. Antenne se dit sur la Méditerranée, & Vergue ou Verghe sur l’Océan. La grande antenne ou vergue. Ce mot vient de la préposition antè. Les antennes ne servent qu’à pousser le navire en avant.

Antennes de beille, sont des antennes qui sont en réserve en cas que celles qui servent, se rompent ou s’usent.

Antennes s. pl. Terme d’Histoire Naturelle. Ce sont des espèces de cornes mobiles, que quelques insectes portent sur la tête. Cornu. Les antennes des papillons sont deux espèces de cornes qu’ils portent sur la tête, mais qui différent cependant des vraies cornes, en ce que celles-là sont mobiles sur leurs bases, qu’elles ont dans toute leur longueur quelquefois jusqu’à quarante-cinq articulations qui leur permettent de se courber, de se contourner, de s’incliner en divers sens. Il y a des antennes à masse ou à boutons, ainsi nommées à cause de la figure de leurs têtes ; celles en massue plus courtes communément que les précédentes, sont appellées, Antennes prismatiques. Antennes à filets coniques & grainés, parce qu’elles ne sont qu’une suite de plusieurs grains rangés les uns au bout des autres, &c. Réaumur. Antennes se dit des cornes des abeilles. Une partie des cornes ou antennes, dont la longueur est séparée en deux également par un article, change, la partie la plus éloignée de la tête étant la première, ensuite la plus prochaine. Maraldi, Mem. de l’Acad. des Sc. 1712, p. 316.

ANTÉPÉNULTIÉME. adj. & s. m. & f. Terme de Grammaire. C’est la troisième syllabe d’un mot en commençant à compter par la dernière ; ce qui précède immédiatement la pénultième. L’antépénultième syllabe d’un mot, ou substantivement, l’antépénultième. Tertius ab extremo, Antepenultimus. Les Grecs mettent des accens aigus sur l’antépénultième. Un dactyle a son antépénultième longue. On le dit aussi en matière de rang. Cet écolier est l’antépénultième de la seconde décurie. C’est l’antépénultième vers du second livre de ce poëme.

ANTEPHIALTIQUE. adj. Terme de Médecine. Epithète qui désigne des remèdes qui sont bons contre l’incube ou cauchemar. Antephialticus. D’ἀντὶ, & ἐφιάλτης, l’incube, ou cauchemar.

☞ ANTÉPRÉDICAMENS. s. m. pl. Anteprœdicamenta. On appelle ainsi en Logique certaines questions préliminaires qu’Aristote a placées avant les prédicamens, pour servir d’éclaircissemens à la matière des prédicamens & des catégories. Questions frivoles & ridicules, dont il seroit bon d’oublier jusqu’au nom.

ANTÉQUERA. Ville du Royaume de Grenade, en Espagne. Anticaria. Elle est sur le penchant d’une colline, près d’une rivière & d’un lac auxquels elle donne son nom. Quelques Géographes prennent antéquera pour l’ancienne Sengilia. Le lac d’Antequera, Anticarius lacus. La rivière d’antéquera. Les salines, les bains ou les eaux d’Antéquera.

La Nouvelle Antéquera est une ville de l’Amérique septentrionale. Anticaria nova. Elle est dans l’Audience du Mexique, & de la province de Guaxaca, mais différente de la ville de Guaxaca.

ANTER. Voyez Enter.

ANTÉRIEUR, eure. adj. Ce qui est devant, eu égard au temps. Prior, antiquior, anterior. Antérieur en hypothèque. On ne peut penser, sans frémir, que Dieu, par un décret antérieur, ait résolu de rendre presque tous les hommes malheureux. S. Evr.

Antérieur. Ce qui est devant, eu égard au lieu ou à la situation. Anterior, antiquus. Ainsi on dit la partie antérieure de la tête.

ANTÉRIEUREMENT. adv. Auparavant. Priùs, antè. Il a été colloqué en ordre antérieurement à vous.

ANTÉRIORITÉ. s. f. Priorité de temps. Temporis antecessio. Il n’est guère d’usage qu’au palais, où l’on dit antériorité de date, antériorité d’hypothèque. Tous ces mots viennent du latin anterior, qui est formé de la préposition antè, devant.

ANTÉROS. s. m. Anteros. Ce nom est grec, & vient de ἀντὶ, contre, & ἔρως, amour, & signifie Contre-amour, non pas dans le sens d’opposition & de contrariété ; mais dans le sens de retour, ou d’amour mutuel & réciproque : Antéros étoit une divinité païenne, fils de Mars & de Venus. Cicéron en parle, Liv. III de nat. Deor. & Pausanias, L. I, p. 29. Les Poëtes, pour marquer que le retour fait croître l’amour, ont feint que Venus voyant que Cupidon ne croissoit point, restoit toujours enfant, consulta Thémis, qui lui répondit qu’il falloit lui donner un frere, dont l’amour réciproque le fît croître ; ce qui arriva après qu’elle eut eu de Mars Antéros. Ainsi cupidon étoit le dieu de l’amour, & Anteros, le dieu du retour. Il paroît pourtant qu’au moins à Athènes, Antéros étoit regardé comme le génie, ou le dieu vengeur d’un amour méprisé.

Antes. s. m. Pilastres que les Anciens mettoient au coin des murs des temples, ou au coin des édifices. Antæ. Les antes, ou pilastres, sortent du mur, & ont une saillie d’une huitième partie de leur front, quand il n’y a point d’ornement sur le mur qui ait plus de saillie. La saillie du pilastre doit égaler celle des ornemens.

ANTESCIEN. s. m. pl. Terme de Géographie. Voyez ci-après Antiscien.

ANTESSA. Ville de l’île de Mételin ou Lesbos, dans l’Archipel. Antissa. Elle est sur la côte septentrionale de l’île. Autrefois elle étoit dans une île séparée de celle de Mételin, mais les sables ont comblé le canal qui étoit entre deux, & les ont jointes.

ANTESTATURE. s. f. Terme de fortification. C’est une traverse, ou petit retranchement fait avec des palissades, ou des sacs à terre, dont on se couvre à la hâte pour conserver, ou disputer le reste d’un terrain ; dont l’ennemi a gagné quelque partie.

Ce mot vient de antè stare, être devant.

ANTEVORTE, ou ANTEVERTE. s. f. Antevorta. Déesse adorée chez les Romains, conjointement avec sa sœur ou compagne Postverte, ou postvorte. Celle-ci présidoit aux choses futures. Antevorte présidoit aux choses passées. Elles étoient les compagnes de la Providence. Antevorte étoit aussi appelée Prorsa, & Porrima ; c’étoient les mêmes que les Carmentes. On les invoquoit toutes deux dans les accouchemens, pour les prier de faire en sorte que l’enfant vînt au monde de manière que la tête se présentât la première, afin que la mere eût moins à souffrir. Varro apud A. Gellium, l. 16. c. 16. Ovid. Fast. l. 1.

ANTHÉDONE. Ville de la Livadie, en Gréce. Anthedon. Elle est sur la côte du golfe de Négrepont, entre les villes de Négrepont & de Tolandi.

☞ ANTHELIENS. Terme de Mythologie. Anthelii. Etoient parmi les Athéniens des Dieux dont les statues étoient placées debout devant leurs portes, continuellement exposées à l’air. D’où leur vint ce nom θεοὶ ἀνθήλιοι.

ANTHÉLIX. Terme d’Anatomie. Le circuit extérieur de l’oreille se nomme Hélix ; l’intérieur qui lui est opposé, Anthélix. Dionis.

ANTHELMINTHIQUE. adj. de t. g. Anthelminthicus. Terme de Médecine par lequel on désigne les remèdes contre les vers, qui les font mourir en les détruisant, en les suffoquant. Tels sont le Semen contrà, la tanésie, la coralline, la racine de fougère & tous les amers ; l’aquila alba, & les autres préparations de mercure. Ceux qui les suffoquent, sont les huiles d’amandes douces, de noix, de noisettes, de semences froides & autres. Ce mot est composé de ἀντὶ, contre ; ἕλμινς, lumbricus, ver. Col de Villars.

☞ Il est aussi substantif. Les anthelmintiques sont des remèdes ou médicamens contre les vers. Anthelmintica, orum.

☞ ANTHEMIS. C’est le nom de la camomille.

ANTHÉRA. s. f. Terme de Pharmacie. Le jaune qui est au milieu de la rose. Elle est astringente.

ANTHÉRAS. s. m. Médicament composé, auquel on a donné ce nom à cause de sa couleur vive & rougeâtre. Ses compositions sont différentes. Ἀνθηρὰ, d’ἄνθος, fleur. Il n’est plus en usage.

ANTHESPHORIES. s. f. pl. Terme de Mythologie. Ce nom est grec, composé de ἄνθος, fleur, & φέρω, je porte. Fête que l’on célébroit en Sicile en l’honneur de Proserpine, & qui s’appeloit ainsi, parce que cette Déesse fut enlevée par Pluton, lorsqu’elle cueilloit des fleurs dans la campagne, c’est ce que rapporte Ovide, Met. Liv. V, v. 391. Claudien, Liv. II, de Rapt. Proserp. v. 122, &c. Il semble que les Anthesphories soient la même chose que le florisertum des Latins. Cependant Festus ne rapporte point cette fête à Proserpine, & il dit qu’on la nomme ainsi, parce qu’on porte ce jour-là des épis au temple.

ANTHESTÉRIES. s. f. pl. Anthesteria. C’est le nom d’une fête que célébroient les Athéniens en l’honneur de Bacchus, Quelques-uns disent qu’elle prenoit son nom du mois Athestérien dans lequel on la célébroit. D’autres prétendent que ce n’étoit point une fête particulière, mais que toutes les fêtes de Bacchus s’appeloient Anthestéries. C’est le sentiment d’Apollodore cité par le Scholiaste d’Aristophane. Quelques-uns prononcent & écrivent Anthistéries : c’est une faute. Il est plus naturel de dériver le mot d’Anthestéries d’ἄνθος, flor, fleur, parce que l’on portoit alors des couronnes de fleurs à Bacchus. Les Anthestéries duroient trois jours, l’onzième, le douzième & le treizième du mois ; chacun de ces jours avoit un nom, qui avoit rapport à ce qu’on faisoit ce jour-là. Le premier jour de la fête, ou l’onzième du mois, s’appeloit πιθοιγία ; c’est-à-dire, ouverture de tonneaux : ce jour-là on ouvroit les tonneaux, & on goûtoit le vin. Le second jour de la fête, & le douzième du mois, s’appeloit χόες, congii, le congius ; c’étoit une mesure qui contenoit le poids de dix livres, nous dirions les bouteilles ; ce jour-là on buvoit le vin qu’on avoit préparé la veille. Le troisième jour de la fête, ou le treizième du mois, s’appeloit χύτροι, les marmites ; ce jour-là on faisoit cuire dans des marmites toutes sortes de légumes, auxquels on ne touchoit point, parce qu’ils étoient offerts à Mercure. Voyez Meursius, dans son Livre intitulé, Græcia feriata.

ANTHESTÉRION. s. m. Mois de l’année grecque, qui revenoit à la fin de Février, & au commencement de Mars, selon Néapolis, commentateur des Fastes d’Ovide, pag. 86. C’étoit un mois creux, ou de 29 jours, le sixième de l’année. Oppien explique Mars par Anthestérion. Il est difficile de décider auquel de nos mois il avoit rapport. Pottérus dit qu’il répondoit à la fin de notre mois de Novembre & au commencement de Décembre.

ANTHIA. s. f. Ἀνθία, Espèce de poisson, suivant Appien, Aristote, Rondelet, & Aldrovandi, qui en donnent tous une description différente. Kiramides recommande le fiel de ce poisson, qu’Aldrovandi prétend être bon contre les exanthèmes & efflorescences de la peau, & sa graisse contre les tumeurs & les abscès. Rondelet en distingue quatre espèces, le barbier, le capelan, & l’anthia ou l’anthias ; la quatrième est celle qu’Oppian appelle εὐωπός, parce qu’il a bonne vûe.

ANTHILL. Bourg du comté de Bedfort, en Angleterre. Antilia. Il est au midi de la ville de Bedfort.

ANTHIOS, ANTINOÉ. Ville ancienne de la Thébaïde. Antinopolis, Antinous, Hadrianopolis. La situation de cette ville est inconnue. Etienne de Bysance, Aurelius Victor, Ammien Marcellin, saint Jérôme, Liv. II, contre Jovinien, Origène contre Celse, & Photius, en parlent : ils disent qu’elle étoit dans la Thébaïde ; mais ils ne nous apprennent point en quelle partie de la Thébaïde elle étoit située. Ptolomée, Liv. IV, ch. 5, la met dans le Nome Antinoïte, Ptolémée dit qu’elle en étoit la métropole, & lui donne 62°, 6’ de longitude, & 28°, 10’ de latitude. Bertius dit que c’est l’Anthios d’aujourd’hui, & la place sur le bord oriental du Nil. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle s’appeloit d’abord Basa, ou Bésa, du nom d’un Dieu des Egyptiens, qui y étoit honoré. Dans la suite, l’Empereur Adrien l’orna, l’embellit, & lui donna le nom d’Antinoüs son favori. Les Egyptiens lui conserverent cependant long-temps encore après son ancien nom de Bésa, & quelques-uns joignant ces deux noms, l’appelerent Bésantinoüs, comme l’écrit Photius ; on la nomma aussi Hadrianopolis, du nom d’Adrien, qui l’avoit fait construire & embellir.

☞ ANTHOCEROS. Plante à fleur monopétale ressemblante à une corne qui s’entrouvre jusqu’au centre en deux parties. Il y a au milieu une étamine chargée de poussière. Cette fleur est stérile. Les fruits sont des capsules qu’on trouve tantôt sur des espèces qui ont des fleurs, tantôt sur d’autres qui n’en ont point. Chacune de ces capsules contient une, deux, trois ou quatre semences. Encyc.

ANTHOLOGE. s. m. C’est le nom d’un livre ecclésiastique qui est en usage chez les Grecs. Ils le nomment en leur langue ἀνθολόγιον, Anthologion ; & c’est ce que nous appelons en latin florilegium, & par un semblable mot nous disons en notre langue Fleurs des Saints. En effet, c’est un recueil des principaux offices qui sont en usage dans l’Eglise grecque. Il contient les offices de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge & des plus célébres Saints. On y trouve de plus certains offices communs des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, des Pontifes, des Confesseurs. Leo Allatius, qui a parlé de ce livre dans sa première dissertation sur les livres ecclésiastiques des Grecs, dit qu’il n’a été composé que par un motif de gain, Liber lucri causâ excogitatus. La raison qu’il en apporte, c’est qu’à la réserve de quelques nouveautés qu’on a ajoutées, il ne contient rien qui ne se trouve dans les Menées & dans les autres livres ecclésiastiques des Grecs. Quoique cet ouvrage fût peu de chose dans les commencemens, c’est aujourd’hui un assez gros livre, qui s’est augmenté peu à peu selon la fantaisie de ceux qui ont pris soin de le publier. Il est présentement intitulé : Anthologe de toute l’année, qui contient quelques autres offices nécessaires, & des explications qui n’étoient point dans les Anthologes précédens.

Outre cet Anthologe, qui est à l’usage des Eglises grecques, Antoine Arcudius en a publié un nouveau sous le titre de Nouvel Anthologe, ou Florilége, qui a été imprimé à Rome in-4° en 1598. Le dessein d’Arcudius étoit de mettre en abrégé l’ancien Anthologe que les prêtres & les moines Grecs qui devoient réciter le bréviaire ne pouvoient porter dans leurs voyages, parce qu’il est trop gros. Il entreprit cet ouvrage par l’ordre du Cardinal Sanctorius, protecteur des Grecs, afin que ceux qui ne peuvent pas réciter l’office dans le chœur, pussent par ce moyen satisfaire à leur devoir. Mais si on excepte quelques moines Grecs d’Italie qui s’en servent, parce qu’ils n’en ont point de meilleur ni de plus commode, il a été rejeté généralement comme un ouvrage inutile. Allatius condamne Arcudius, qu’il accuse d’avoir changé ce qui étoit ancien, & d’avoir ajouté plusieurs choses nouvelles ; d’avoir fait plusieurs mélanges ridicules, & qui ne pouvoient être du goût des Grecs, sur-tout de ceux qui ont quelque littérature.

ANTHOLOGIE. s. f. Anthologia. On a donné ce nom à un Recueil d’épigrammes de divers Poëtes Grecs.

Ce mot vient du Grec ἄνθος, fleur, & λέγω, je recueille.

Le fameux vers grec de l’Anthologie à la louange d’Homère étoit au bas d’une statue d’Apollon. M. Despréaux, épigr. 39, l’a traduit, ou pour mieux dire, paraphrasé dans un dizain. Mais cette traduction, au sentiment des connoisseurs, est négligée & languissante. En voici une Par M. le Président Bouhier, qui est bien noble & bien plus concise. Il suppose, comme il y a beaucoup d’apparence, qu’Apollon, dans sa statue, avoit la main sur l’Iliade & l’Odyssée.

Mortels, apprenez ce mystère :
Ces deux poëmes si vantés,
Sont vraiment de la main d’Homère,
Mais c’est moi qui les ai dictés.

☞ ANTHON. Castrum Anthonis. Petit lieu sur une hauteur, au midi du Rhône, dans le Viennois, en Dauphiné, à cinq lieues de Lyon, sur les frontières de la Bresse. Corneille a tort d’en faire une ville qu’il place dans la principauté de Dombes.

ANTHORA. Terme de Botanique. Aconitum salutiferum, ou Anthora. Espèce d’aconit à fleurs jaunes. Ses feuilles sont finement découpées, & ses racines sont de petits navets bruns, fort âcres & employés dans les orviétans, & les autres compositions aléxipharmaques. On a cru faussement que cette plante étoit le contrepoison de la plante appelée Thora. Anthora quasi anti Thora. Il est faux que ces deux plantes croissent toujours l’une auprès de l’autre. Les Cathaïens l’appellent Maberdin. Les Arabes & les Persans lui ont donné le nom de Geduar & Zeduar, d’où s’est formé celui des boutiques Zedoaria. Mais il faut remarquer que notre zedoaria n’est pas véritable, ni celle dont nous parlons ; mais une plante différente que les Arabes appellent zurumbad. d’Herb.