Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/561-570

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Fascicules du tome 1
pages 551 à 560

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 561 à 570

pages 571 à 580



assaillir de mille terreurs paniques. Les Saints dans le désert ont été assaillis de plusieurs violentes tentations. Les douleurs & les infirmités viennent de tous côtés assaillir les vieillards. Tous les créanciers de ce pauvre homme le sont venus assaillir en même-temps, & l’ont ruiné.

☞ Il est à propos d’éviter de se servir de ce verbe, dont la conjugaison n’est peut-être pas bien décidée dans tous ses temps, & dont l’oreille est presque toujours choquée excepté à l’infinitif, & au participe.

ASSAILLI, IE. part. Oppugnatus, appetitus. Au figuré, mais si Dieu dans l’orage dont nous sommes assaillis, s’éloigne de nous, tout rebute, &c. Bourdaloue, Exh. I, p. 394.

ASSAISONNEMENT. s. m. Manière de préparer les viandes pour les rendre agréables au goût. Conditio, condimentum, conditura. La bonté d’un jambon, d’une fricassée, dépend de l’assaisonnement.

Assaisonnement, se dit aussi des ingrédiens qui servent à assaisonner les mets pour les rendre plus agréables au goût. Le sel, le poivre, les champignons, sont les assaisonnemens ordinaires. Il faut de l’art pour bien ménager les assaisonnemens.

Assaisonnement, se dit figurément de la manière agréable qui accompagne ce qu’on dit, ou ce qu’on fait. L’assaisonnement du discours. Ablanc. La louange demande un certain assaisonnement qui empêche qu’elle ne passe pour une pure flatterie. L’affection d’un ami est un assaisonnement de la prospérité, qui la rend plus piquante, & plus sensible. On est si avide de louanges, qu’on les reçoit sans tous les assaisonnemens qu’elles devroient avoir. Fonten. Le mystère est l’assaisonnement des plaisirs de l’amour. Vill. La médisance a été de tout temps, & encore plus que jamais l’assaisonnement des conversations ; tout languit sans elle, & rien ne pique. Bourdal. Exh. II, p.31.

Dans ses mœurs quelle politesse ?
Quels tours, quelle délicatesse,
N’éclatoient point dans ses discours ?
Ce sel tant vanté de la Grèce
En faisoit l’assaisonnement ;
Et malgré la froide vieillesse,
Son esprit léger & charmant
Eut de la brillante jeunesse
Tout l’éclat & tout l’enjouement.


ASSAISONNER, v. a. ☞ Donner aux viandes, aux mets une certaine préparation par le mélange des ingrédiens, pour les rendre plus agréables au goût. Condire. Ce Cuisinier sait fort bien assaisonner les viandes. L’appétit assaisonne mieux les mets, que le plus habile cuisinier. S. Evr.

Assaisonner, se dit figurément des manières agréables, honnêtes, douces, &c. dont on accompagne ce qu’on dit ou ce qu’onfait. Ce Prince sait assaisonner ses discours, ses dons, ses bienfaits d’une telle grâce, qu’il gagne les cœurs de tout le monde. Savoir assaisonner les refus de tant de modestie, que, &c. La plupart de ceux qui donnent des louanges, les assaisonnent si mal qu’elles devroient rebuter les personnes tant soit peu raisonnables. Bell. Les Anciens se piquoient d’assaisonner leurs ouvrages de ce sel attique, qui étoit d’un goût exquis. S. Evr. Aristophane savoit rendre les leçons agréables, en les assaisonnant de plaisanteries. Le Févre. Un bon conseil donné à un ami, doit être assaisonné de toute la circonspection qui le peut faire recevoir sans dégoût. M. Scud. Les bienfaits mêmes veulent être assaisonnés par des manières obligeantes. Il faut assaisonner un refus, & le faire goûter peu à peu. Amel. Il assaisonnoit les réprimandes de termes doux & honnêtes. Bouh.

La satyre, en leçons, en nouveautés, fertile,

Sait seule assaisonner le plaisant & l’utile.
Boil.

L’esprit fait grand plaisir, je n’en disconviens pas,
Et si dans nos discours nous cherchons des appas,
Il faut que l’esprit en ordonne ;
Mais j’en fais toujours peu de cas,
Si le bon sens ne l’assaisonne. Des Houl.

Molière dit en style de précieuse, je veux que l’esprit assaisonne la bravoure.

ASSAISONNÉ, ÉE. part. & adj. Conditus. Il a les significations de son verbe dans le propre & dans le figuré.

ASSAKI. s. f. Terme de Relation. C’est le titre que prend la Sultane favorite, ou première maêtresse du Sultan.

☞ ASSANCALÉE. Ville d’Arménie, sur le bord de l’Araxe, à une petite journée d’Erzeron, où sont des bains chauds fort fréquentés.

☞ ASSANCHIUF. Vovez Assenchiuf.

ASSAPANICK. s. m. Petit animal de la Virginie. On dit qu’il vole en étendant ses jambes & sa peau, comme pour en former des ailes. Les Anglois l’appellent Ecureuil volant.

ASSARA BACCARA, ou ASSAROUN. Nom d’une plante que Pline & Dioscoride appellent Nard sauvage. Nous la connoissons sous le nom d’Asarum. Avicenne, au second livre de son canon, dit qu’on apporte cette plante de la Chine ; que sa racine ressemble à celle du gramen, ou chiendent ; mais qu’elle a de l’odeur, & pique la langue quand on la goûte ; que les fleurs qu’elle porte au pied de sa tige, sont de couleur de pourpre, & semblables à celles du bunge, ou jusquiame. On appelle communément cette plante dans les boutiques, Assara Baccara, à cause de quelque ressemblance qu’elle a avec celle qui porte le nom de Baccharis. D’Herb.

ASSARDRE. v.a. Vieux mot. Assaillir. On trouve assarroient, pour assailliroient, & assals, pour assauts.

ASSARON. s. m. Mesure creuse des Hébreux, dans la, quelle ils cueilloient la manne. On l’appelle autrement Gemor, & c’est la dixième partie de l’Epha ; c’est ce qui est même exprimé par le mot Assaron, qui signifie dixième. Dieu avoit fixé à chacun des Israélites un assaron de manne par tête. Exod. XVI, 16.

ASSAS-BASSI. s. m. Terme de Relation. C’est l’un des Capitaines des Baillis des Janissaires, qui marchent à côté du cheval du Grand-Seigneur, lorsqu’il va à quelque cérémonie publique. A. D. S. M.

ASSASINIEN, ENNE. s. m. & f. Assasinius. C’est ainsi qu’on appelle souvent ce peuple dont nous allons parler au mot Assassin. Les Assassiniens possédoient dix ou douze villes autour de Tyr. Ils élisoient leur Roi, qu’ils appeloient le Vieux, ou l’Ancien de la Montagne. L’an 1213 ils assassinèrent Louis de Bavière. Ils étoient Mahométans, & ils payoient quelque tribut aux Templiers. Les fauteurs des Assassiniens furent condamnés au concile de Lyon ; & sous Innocent IV, en 1274, les Tartares les vainquirent, & firent mourir le Vieux de la Montagne en 1257, & depuis, cette faction s’est si fort dissipée, qu’il n’en reste plus de trace. Maty, Hoffman. Voyez Guillaume de Tyr, Liv. XX, Hist. Orient. chap. 31 & 32. Spond à l’an de Jésus-Christ, 1231 & 1257. Quelques-uns croient que ce mot est une corruption de celui d’Arsacides, d’autres que c’est un mot originairement Arabe, comme nous le disons au mot Assassin.

ASSASSIN. s. m. Homme qui tue un autre avec avantage, soit par le nombre de gens qui l’accompagnent, soit par l’inégalité des armes, soit par la situation du lieu, ou en trahison. Meurtrier de guet-à-pens, de dessein formé, & en trahison. Sicarius, percussor. Les assassins sont indignes de jouir de l’asile des églises. Pasc.

Vengeons-nous, j’y consens, mais par d’autres chemins ;
Soyons ses ennemis, & non ses assassins. Rac.

Le nom seul d’assassin m’épouvante & m’arrête. Id.

☞ M. Corneille a employé ce mot au féminin dans la Tragédie de Nicomède. Je ne sais si le mot assassin pris comme substantif féminin, se peut dire ; il est certain du moins, dit M. de Voltaire, qu’il n’est pas d’usage.

On appelle aussi assassins, les gens qui se louent pour aller tuer quelqu’un qu’ils ne connoissent pas, & pour venger la querelle d’autrui. Sicarius, ære, pecuniâ conductus. Il fit tuer son compétiteur par des assassins. ☞ L’Abbé Velly, Hist. de Fr. T. IV. pag. 194.

Ce mot d’assassin vient du Levant, d’un Prince des Arsacides, ou Assassins, qu’on appeloie le Vieux de la Montagne ; il demeuroit entre Antioche & Damas, dans un château où il élevoit de jeunes gens dans toutes sortes de plaisirs & de délices, leur promettant qu’ils iroient après leur mort dans un lieu semblable, s’ils obéissoient aveuglément à ses commandemens ; après quoi ils alloient hardiment tuer & assassiner les Rois & Princes, les ennemis, sitôt qu’il le leur avoit ordonné. Ces gens s’étendirent depuis partout le Levant. Le Sire de Joinville les appelle Beduins ; mais Volaterran & Paule Emile les appellent Assassins, & Nicole Gilles, Arsacides. Ils étoient tellement dévoués à leur Prince, qu’ils ne manquoient guère d’exécuter les arrêts de mort qu’il avoit prononcés.

Voici ce qu’Elmacin rapporte de leur origine : il la fait remonter jusqu’à l’an 278 de l’hégire, 891 de Jésus-Christ. Un prétendu prophète nommé Carmar, s’éleva en Arabie vers Coufa, & attira un grand nombre de sectateurs, jeûnant, travaillant de ses mains, & faisant la prière cinquante fois par jour. Il promettoit d’établir un Iman, ou Pontife de la famille d’Ali, prêchant la dévotion à ce prétendu Saint. Il déchargea ses sectateurs des plus pénibles observances de la loi, leur permettant de boire du vin, de manger toutes sortes de viandes ; & par cette licence, jointe à l’espérance du butin, il forma une armée immense, & fit de grands ravages sur les terres du Calife. Il mourut en laissant douze disciples, en mémoire des douze Imans descendus d’Ali. Dans la suite, les Carmariens devenus plus foibles se mêlèrent avec les autres Musulmans, & dissimulerent leur religion ; ce qui les fit nommer Batenis, c’est-à-dire, Inconnus. C’est peut-être de ce nom Batenis, que se forma celui de Beduins, que Joinville leur a donné. Quoiqu’il en suit, ils commencèrent à être désignés par ce nom, & à se fortifier en Perse, l’an 483 de l’hégire, 1090 deJésus-Christ. Hacen, leur chef, avant été menacé par le Sultan Gelaloddoulet, commanda à un de ses sujets, en présence de l’Envoyé du Sultan, de se précipiter du haut d’une tour, & à un autre de se tuer, ce qu’ils firent à l’instant. Alors Hacen dit à l’Envoyé : dites à votre Maître que j’ai 70000 hommes prêts à en faire autant. Les Batenis, ainsi cachés & déterminés à tout, commencèrent à attenter sur la vie des Princes, & en tuerent plusieurs sans qu’on pût se garantir de leur trahison. Le Juif Benjamin, dans son Itinéraire, p.32 de l’édition in-12, d’Amsterdam, les place près du mont Liban. Cet Auteur écrivoit vers l’an 1173. Il les appelle en hébreu du nom arabe אל אשי שין, El Asisin. Ce qui montre que ce nom ne vient point d’Arsacide, comme on l’a dit ci-dessus, mais du mot arabe השיש, Asis, qui signifie Insidiator, un homme qui tend des embuches, & qui vient du verbe arabe השש, Asasa, tendre des embuches. Car quoique la première lettre soit un giim, qui répond au g françois, on a pu aisément le changer dans l’usage en hha, dont il a la forme, & dont il approche pour le son. Car le hha n’est qu’un g ou giim, prononcé du gosier & avec une aspiration.

Assassin, se dit aussi au figuré, & dans le style comique, & satyrique, de celui qui tue, qui fait mourir impunément, comme font les Médecins.

Que dit-il, quand il voit avec la mort en trousse,
Courir chez un mabde un assassin en housse ? Boil.

Dans Florence vivait jadis un Médecin,
Savant hâbleur, dit-on, & célèbre assassin. Id.

Croyez-moi, charmante Dorise,

Bannissez tous vos Médecins
Ce ne font que des assassins

Que la crédulité du malade autorise.

ASSASSIN, INE. adj. Se dit encore au figuré, & dans le style comique, de tout ce qui a assez de charmes pour causer de la langueur, & pour faire mourir d’amour. Visage assassin. Voit. Beaux yeux assassins. Scar. Que dit-elle de moi, cette gente assassine ? Mol. Et c’est pour cela qu’en galanterie on appelle aussi assassins, certaines mouches taillées en long, que les femmes coquettes mettent sur leur visage pour paroître plus belles. Assassin, se dit aussi dans le grand style, & en parlant sérieusement ; pour dire, meurtrier.

Ai-je donc oublié que sa barbare main

Fit tomber tous les miens sous un fer assassin ?
Crébill.

ASSASSINANT, ANTE. adj. Ce mot ne peut avoir d’usage que dans le comique, & dans le satyrique. Molestus, gravis, importunus. Il signifie, qui ennuie, qui fatigue. Ce font des complimens assassinans, Des redites assassinantes. SCAR.

ASSASSINAT. s. m. Meurtre qui se fait violemment de guet-à-pens, ou en trahison. Cædes ex improviso, ex insidiis. On ne donne point de rémission pour les assassinats. Les Espagnols ne se vengent que par l’assassinat ; ils ne veulent point courir la moitié du péril. S. Evr.

Assassinat, se dit au Palais par extension, des mauvais traitemens & insultes qui ont été faits à quelqu’un à main armée, & avec avantage, quoique la mort ne s’en soit pas ensuivie. Un homme qui a reçu des coups de bâton, demande vengeance de l’assassinat commis en la personne.

On le dit aussi hyperboliquement des importunités. Quand vous venez tant de gens ensemble pour dîner chez moi, c’est un pur assassinat. Conjuratio, conspiratio.

On dit aussi en amour, qu’une belle a commis un assassinat, quand elle a rendu quelqu’un passionnément amoureux. Je crains quelque assassinat de ma liberté. Mol. Bon pour les précieuses ridicules.

Et le cruel en cet état
S’était caché toute sa vie
Pour faire cet assassinat. Volt.

ASSASSINATEUR. Voyez Assassin. C’est la même chose. Le mot d’assassinateur n’est pas reçu ; mais comme d’habiles gens l’ont employé, on peut bien le mettre ici. Caïn fut le premier des assassinateurs. Le Maît.

Le P. Bouheurs, après avoir observé pag. 13 de ses doutes, que des Ecrivains illustres (Messieurs de Port-Royal) ont fait, murmurateur, coronateur, af assassinateur, ne se contentant pas d’assassin, ajoute p. 14, qu’il sait le meilleur gré du monde à ces grands hommes, du dessein qu’ils ont d’enrichir la langue, & qu’il loue leur zèle, bien loin de blâmer leur hardiesse. Il ne laisse pas de demander ensuite à Messieurs de l’Académie Françoise, si ces mots entreront dans leur Dictionnaire. Dieu a voulu que la peine fût inséparable du péché. Il nous l’apprend par cette parole qu’il dit à Caïn, le père des assassinateurs & des fratricides ; qu’aussi-tôt qu’il auroit fait la mauvaise action qu’il méditoit, la peine de son crime le viendroit saisir. Le Maître.

ASSASSINEMENT. s. m. Vieux mot qui s’est dit pour assassinat. Cædes ex insidiis. Piteux assassinement. Paradin.

ASSASSINER. v. a. Tuer quelqu’un en trahison ; de guet-apens. Interimere, trucidare ex improviso, ex insidiis. Ce gentilhomme a été cruellement assassiné par six coquins. Le Duc François de Guise sâchant qu’il y avoit dans son camp un Huguenot qui étoit venu à dessein de l’assassiner le fit venir, & lui dit : si votre religion vous pousse à m’assassiner, la mienne veut que je vous pardonne.

Assassiner, se dit aussi par extension des excès & outrages qui sont faits avec violence, & port d’armes, quoique la mort ne s’en soit pas ensuivie. Impetere, Oppugnare. Il a été assassiné de cinquante coups de bâton.

Assassiner, se dit aussi en raillant, des animaux qu’on tue à la chasse. Il portoit un grand fusil dont il avoit assassiné plusieurs pics. Scar.

On dit aussi en amour, que de beaux yeux assassinent ; pour dire, qu’ils blessent les cœurs. Votre beauté divine assassine. Voit. Ses regards assassinent tout le monde. Scar. ☞ Mais en ce sens, le mot d’assassiner est comique, & absolument banni du discours noble.

Assassiner, se dit hyperboliquement ; pour dire, importuner beaucoup : Gravem ac molestum esse. On trouve dans les rue mille gueux qui vous assassinent. Il m’écrit trop souvent, il m’assassine de ses lettres. Les Plaideurs & les Poëtes assassinent les gens du récit de leurs procès, & de leurs vers.

Sous quel astre, bon Dieu ! faut-il que je sois né,
Pour être de Fâcheux toujours assassiné ! Mol.

Assassiner, se dit aussi pour faire souffrir cruellement, pour accabler de douleur & d’ennui. Quelquefois il se dit en raillant. Il est de ces maris que la jalousie assassine. Mai. Et quelquefois aussi sérieusement : ne m’assassinez point de vos cruels adieux. Corn.

Assassiner, se prend aussi pour médire, pour déchirer la réputation des gens. Maledicere de aliquo. C’est là qu’on assassine les absens à coups de langue. Scar.

ASSASSINÉ, ÉE. part. Trucidatus ex improviso, ex insidiis.

ASSATION. s. f. Ustio. Terme de Pharmacie, qui se dit de la coction des médicamens & alimens dans leurs propres sucs, & sans addition d’aucune humidité, ou onctuosité étrangère, comme celle des viandes à la broche, sur le gril, au four, sous la braise, &c. Le caffé se prépare par assation ; c’est-à-dire, qu’on le fait rôtir.

Assation. Terme d’Hermétique. Les Philosophes hermétiques appellent assation, la couleur noire, ou la putréfaction de la matière de la pierre. Assatio.

☞ Je n’entends pas les Vocabulistes qui disent que c’est l’action de sublimer, de volatiliser, de fixer la matière du grand œuvre.

Ce mot vient du latin assare, rôtir.

ASSAUT. s. m. Attaque à force d’armes, d’un camp, d’une place, ou d’un place, pour tâcher de s’en rendre maître. Oppugnatio, aggressio. ☞ C’est proprement une attaque générale & vive dans laquelle les Assaillans, sans être couverts d’aucun ouvrage, cherchent à s’emparer d’une ville, d’une citadelle, d’un fort, d’un poste quelconque. Donner un assaut. Aller, monter à l’assaut. Soutenir, repousser un assaut. Prendre d’assaut. On a donné l’assaut en trois endroits du camp pour forcer les lignes. On a de la peine à empêcher le pillage des villes qu’on emporte d’assaut. Les enfans perdus montent les premiers à l’assaut.

Assaut, se dit aussi dans les salles d’Escrime, ☞ de l’exercice qui s’exécute avec des fleurets, & qui représente un véritable combat. Impetus, impressio. Cet écolier a fait assaut contre le Maître. Un Prévôt de salle doit faire assaut contre tous venans.

Assaut, se dit aussi en Morale, de toutes les attaques & surprises qu’on fait à quelqu’un, des sollicitations vives & pressantes. Il m’est venu prendre d’assaut pour me mener a la campagne. La chasteté a bien de la peine à soutenir les assauts des aiguillons de la chair. Sa vertu a soutenu un terrible assaut par une si forte tentation. La goutte donne de violens assauts à la confiance. On m’a donné plusieurs assauts pour m’obligera cela. |

☞ Dans un sens figuré, faire assaut d’esprit, de grec, d’histoire, de géographie, &c. C’est disputer à qui fera paroître plus d’esprit, à qui montrera de la supériorité dans quelqu’une de ces choses, à qui réussira le mieux. Contendere.

☞ On dit encore figurément des femmes qui vont dans une assemblée pour y étaler leurs charmes & faire parade de leur beauté, qu’elles y vont pour faire assaut de beauté.

Ce mot vient d’assultus.

ASSAZOË. s. f. Herbe qui croît dans l’Abyssinie. On s’en sert contre le venin des serpens, & elle a une vertu merveilleuse à cet égard. On prétend même que l’ombre seule de cette herbe assoupit les vipères.

ASSEC. s. m. Terme de Coutume. C’est en Bresse un étang qui demeure à sec après avoir été péché. Stagnum aridum.

Ce mot vient apparemment de à sec, c’est-à-dire, sans eau.

ASSÉCHER. v. a. que Nicot & Monet écrivent asseicher, se disoit autrefois pour dessécher, & étoit, ce me semble, plus significatif, pour dire, mettre à sec. Le terme de coutume assec, qui signifie en Bresse un étang qui demeure à sec après avoir été péché, en est une bonne preuve. Voyez le dernier exemple d’Estiomené.

Assécher. v. n. Terme de Marine. Être à sec, n’avoir plus d’eau. Siccari, aquis viduari, vacuari. Cette baie asséche de basse mer. Denys. Ce sont tous sables qui de basse mer asséchent. Id. On dit qu’une terre, qu’une roche asséche, lorsqu’on la peut voir après que la mer s’est retirée. ☞ On se sert dans le même sens du mot découvrir. Une roche qui découvre de basse mer.

ASSECTÉUM. s. m. Drogue dont il est fait mention dans le tarif de la Douane de Lyon.

☞ ASSÉCURATION. s. f. Terme de Palais. Signifie une opposition formée à l’adjudication d’un héritage saisi réellement, dans le ressort du Parlement de Grenoble.

ASSÉCUTION. s. f. Terme de Jurisprudence Canonique, qui se dit de l’obtention d’un Bénéfice. Consecutio. Un premier Bénéfice vaque par l’assécution du second, quand il y a incompatibilité entr’eux.

☞ ASSED-ABAD. Petite ville de Perse, vers Amadan. Long. 63 degré 40’, lat. 34 degré 50’.

ASSÉDIM. Ville de la tribu de Nephthali. Assedim. Elle étoit au nord de cette tribu, près de la forêt du Liban, & des limites de la tribu d’Aser.

ASSÉEUR, ou ASSEYEUR, selon quelques-uns. s. m. Mot d’usage seulement à la Cour des Aides, ou à l’Election. C’est un habitant d’un bourg, ou village, élu par la Communauté pour asseoir la taille, & les autres impositions de l’année, pour taxer ce que chaque particulier en doit supporter, & ensuite en faire le recouvrement. Qui tributa in singulorum capita describit. Regii vectigalis discussor, divisor, æquator, diribitor. Ce paysan est nommé pour faire la charge d’Asséeur & de Collecteur.

On trouve dans la barbare Latinité, Assisor, & quelquefois Assessor. Dans ce sens, ce dernier est souvent dans la vie de Saint Sulpice, Archevêque de Bourges, du VIIe siècle, écrite par un Moine à peu-près du même temps. Le premier revient au mot Assises, dont l’Assisor étoit l’Asséeur.

ASSELANI. Voyez Aslani.

ASSEMBLAGE. s. m. Union & jonction de plusieurs choses qu’on assemble. Il se dit principalement en matière de Charpenterie & de Menuiserie, ou d’autres ouvrages qui se font de plusieurs pièces ; ☞ & c’est la réunion de plusieurs pièces auxquelles on a donné des formes ; telles que jointes, attachées, rapprochées, &c. elles puissent former un tout, dont les parties ne se séparent point d’elles mêmes. Coagmentatio, compactio, copulatio, junctura. En Charpenterie on fait des assemblages à mortaises & à tenons, à gueule, à clef, en triangle, à queue d’Aronde, &c. Ceux d’Europe ont admiré la charpente de quelques Indiens, dont l’assemblage se faisoit sans clous & sans chevilles. Voyez Herrera & Pyrard. Les Menuisiers ont trois principales manières d’assembler leur bois. Le carré, l’assemblage à bouement, & l’assemblage à onglet. Ils en ont aussi à clef, en adent, à queue perlée, à queue perdue. Une table d’assemblage, est une table composée de plusieurs pièces jointes & collées ensemble, sans aucun placage.

Assemblage, se prend aussi, pour signifier la réunion de plusieurs choses. ☞ Dans ce sens on le dit des choses morales. Assemblage de bonnes & mauvaises qualités. Dans les Arts ce mot désigne l’action de réunir les parties avec le tout, de sorte qu’il en résulte un effet agréable. Faire un heureux assemblage de sciences & de vertus. Maucroix. C’est par l’assemblage & le mélange des élémens, que le principe éternel a produit tout ce que nous voyons. Ablanc. Il en est du discours, comme des corps, qui doivent leur principale excellence à l’assemblage, & à la juste proportion de leurs membres. Boil. Rien n’est plus admirable que l’enchaînement & l’assemblage des divers ressorts qui font mouvoir la machine du monde. Jur.

Assemblage, en Librairie, est le nom que l’on donne à un nombre plus ou moins grand de formes imprimées que l’on range sur une table longue, suivant l’ordre des lettres de l’alphabet, & que l’on leve ensuite une à une dans l’ordre où elles doivent être pour former les piles. Voyez ce mot.

ASSEMBLÉE. s. f. Jonction qui se fait des personnes en un même lieu, ou plutôt certain nombre de personnes réunies dans un même lieu. Conventus, cœtus, congregatio, concilium. Assemblée du Clergé. Assemblée des Etats. Comitia. Assemblée de créanciers. Assemblée de parens. Les tuteurs font des Assemblées de parens pour régler certaines affaires importantes de leurs mineurs. On fait des Assemblées de Médecins dans des maladies inconnues ou dangereuses. Les Académies ont leurs Assemblées, leurs jours d’Assemblées : il y en a de publiques & de particulières. Tenir l’Assemblée, c’est y présider. Rompre l’Assemblée, c’est la finir, pour empêcher ses résolutions.

☞ En parlant de l’Eglise, on l’appelle l’Assemblée des Fidèles : chrétienne Assemblée, c’est l’Auditoire d’un Prédicateur. Concio.

Assemblée, se dit aussi dans le monde de la réunion de plusieurs personnes de l’un & de l’autre sexe, pour jouir du plaisir de la conversation, du jeu. Il n’y a rien d’agréable dans les grosses Assemblées : on y parle beaucoup sans rien dire, & la conversation est plutôt un bruit confus, qu’une véritable société. M. Scud.

☞ Dans ce sens, Assemblée se dit d’un bal particulier, par opposition à un bal dans les formes, qui est ordinairement public. Il y a eu peu de bals cet hiver, mais il y a eu beaucoup d’Assemblées.

☞ Dans l’Art militaire, place ou quartier d’Assemblée, c’est le lieu que l’on donne aux troupes pour s’assembler. Battre l’Assemblée, c’est battre une seconde fois la caisse, afin que les soldats d’une même Compagnie se rangent sous le drapeau pour se mettre en marche. Le troisième appel du tambour s’appelle la Marche, & le premier s’appelle la Générale.

Assemblée, en termes de Chasse, est le lieu, ou le rendez-vous où se trouvent & déjeûnent les Chasseurs, avant que d’aller au laisser-courre.

Assemblée de Juges. Voyez Cour.

Assemblées du Peuple Romain. Voyez Comices.

Assemblées du Camp de Mars, ou de Mai. Terme usité dans notre Histoire. C’étoient en France des Assemblées générales, ou Etats du Royaume, qu’on appeloit ainsi, parce qu’elles se tenoient en rase campagne le premier de Mars, ou de Mai. Les Prélats, Abbés, Ducs & Comtes, s’y trouvoient. Le Roi y présidoit. Sous la seconde race elles se tinrent deux fois l’année. Voyez M. le Gendre, Mœurs & Coût. des François. Charlemagne partageoit ses soins & son application entre deux sortes d’affaires, selon les divers temps de l’année : l’été & l’automne étoient occupés à ses expéditions militaires, ou à quelques voyages sur les frontières. L’hiver & le printemps étoient destinés aux Assemblées de ses vassaux, où l’on traitoit de la guerre & du gouvernement civil de l’Etat ; ou bien à des Assemblées Ecclésiastiques, où l’on régloit ce qui concernoit la police de l’Eglise, par les avis des Evêques & des Abbés ; si toutefois l’on doit toujours distinguer ces deux sortes d’Assemblées, dont les Membres étoient souvent les mêmes ; car la plupart des Evêques & des Abbés étoient vassaux de la couronne, à cause des biens que les Rois avoient donnés à leurs Eglises, ou à leurs Monastères. Par cette raison-là même, plusieurs étoient obligés de fournir des troupes au Roi ; & ainsi ils assistoient aux conférences où il s’agissoit de la guerre. De même les Seigneurs étoient assez souvent présens aux Assemblées où l’on régloit la police Ecclésiastique, quand ces affaires se traitoient en même temps, & en même lieu que les autres. P. Dan.

Assemblée des États d’une Province. Ce sont des Assemblées qui se tiennent pour délibérer sur les affaires particulières de la province. Telles sont les Assemblées des Etats de Bretagne, de Languedoc, &c. Il y a de même des Assemblées d’Habitans, de Communautés, qui ont le même objet par rapport à leurs affaires particulières.

Assemblée du Clergé. Cleri Comitia. Les Assemblées du Clergé sont grandes, ou petites. Les grandes se tiennent de dix ans en dix ans, pour renouveller avec le Roi le contrat des décimes ordinaires, & pour accorder à Sa Majesté quelque secours extraordinaire. Entre deux grandes Assemblées, il s’en tient une petite pour examiner les comptes du Receveur général du Clergé, & dans laquelle on fait un présent au Roi, comme dans les grandes. Les grandes Assemblées sont composées de quatre Députés de chaque province ecclésiastique, deux desquels sont du premier ordre, c’est-à-dire, Archevêques ou Evêques, & les deux autres du second, c’est-à-dire, Abbés, Prieurs, ou autres Bénéficiers de la province qui les envoie. Les petites Assemblées sont composées de deux Députés seulement de chaque province ecclésiastique, dont l’un est du premier ordre, & l’autre du second. Ces Assemblées grandes ou petites, s’appellent ordinaires, parce qu’elles se tiennent régulièrement de cinq ans en cinq ans, & alternativement, grandes ou petites. Il n’y a que seize provinces ecclésiastiques qui envoient des Députés aux Assemblées ordinaires. Ces provinces sont, Lyon, Rouen, Tours, Sens, Paris, Reims, Bourges, Albi, Bordeaux, Auch, Narbonne, Toulouse, Vienne, Arles, Aix, Ambrun. Les autres provinces du royaume n’étant réunies à la Couronne que depuis le contrat de Poissi, les Eglises qui y ont des biens, n’envoient point de Députés aux Assemblées ordinaires où il s’agit des décimes : mais quand il y a des Assemblées extraordinaires où l’on traite des affaires générales de l’Eglise de France, & de ce qui regarde la foi, les mœurs, & la discipline, les Archevêques & Evêques des nouvelles conquêtes s’y trouvent. Ainsi en 1682 les Provinces de Cambrai & de Besançon envoyèrent des Députés à l’Assemblée, & en 1713 & 1714, le Cardinal de Rohan, Evêque de Strasbourg, & les Evêques de Verdun & de Toul, étoient de l’Assemblée qui a reçu la Bulle Unigenitus. Voyez les Mémoires du Clergé, T. 4.

Assemblée illicite. Cœtus, ou Conventus illicitus. C’est celle qui se fait en contravention des règlemens de police : c’est un cas royal, dont les Baillifs, Sénéchaux, & Juges présidiaux, doivent connoître privativement à tous autres Juges royaux & à ceux des Seigneurs. Assemblées illicites avec port d’armes sont encore plus dangereuses. Voyez l’Ordonnance de 1670, tit. 1 & 2.

Assemblée. Cœtus, circulus. C’est aussi un terme de Religieuse. Ainsi aller à l’Assemblée, c’est parmi elles, se rendre dans un certain lieu où toutes les Sœurs s’assemblent de temps en temps, pour y traiter des choses nécessaires, ou pour s’y accuser des fautes légères qu’elles ont faites. C’est aussi se rendre dans la chambre, où elles vont se récréer à midi.

ASSEMBLER. v. a. Réunir, mettre ensemble. Il se dit premièrement des personnes. Congregare, aggregare, cogere, convocare. Assembler le Sénat, le Clergé, les Etats. Assembler l’Arrière-ban. Assembler des troupes. Assembler les Chambres, se dit au Palais, quand toute la Grand’Chambre est assemblée, c’est-à-dire, lorsque ceux qui sont de service à la Tournelle y sont appelés, comme lorsqu’on juge les procès criminels des Gentils’hommes ou des Officiers royaux. Assembler le Parlement, se dit lorsqu’on assemble tout le corps, que les Enquêtes, & les Requêtes viennent en la Grand’Chambre, comme lorsqu’il faut vérifier les Edits, recevoir un Conseiller, &c.

Ce mot vient de adsimulare, composé de ad & de simul, comme qui diroit, simul ponere. Ménag.

On dit proverbialement, qu’un homme a bientôt assemblé son conseil ; pour dire, qu’il prend vite ses résolutions, qu’il se détermine promptement.

Assembler, se dit aussi des choses, & signifie joindre ensemble, ramasser. Jungere, copulare. Assembler les feuilles d’un livre pour le relier. Assembler le linge, le coudre en paquets pour le mettre à la lessive. Assembler ses lettres, pour lier, ou pour composer une forme d’Imprimerie. Il ne faut pas prendre pour sublime une certaine grandeur bâtie sur de grands mots assemblés au hasard. Boil.

Je vous connois ; je sais tout ce que je m’apprête ;

Et je vois quels malheurs j’assemble sur ma tête.
Racine.


Pour assembler un fonds de deux mille pistoles,

Combien, nouveau Protée, a-t-il joué de rôles ?
Renard.

☞ Dans plusieurs Arts, en Menuiserie, en Charpenterie, assembler, signifie mettre toutes les pièces à leur place, après qu’elles ont été taillées ; les emboîter, les enchâsser, de manière qu’elles ne fassent plus qu’un tout. Compingere, copulare. Il faut assembler les panneaux de cette porte.

Assembler un cheval, terme de Manége. C’est lui tenir la main, en serrant les cuisses, de façon qu’il se raccourcisse, pour ainsi dire, en rapprochant le train de derrière de celui de devant ; ce qui lui releve les épaules & la tête. Encyc.

Assembler, se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, & devient par-là récip. Il signifie se rendre, se trouver dans un même lieu. Convenire, in unum coire. Les Citoyens s’assembloient tous dans un même endroit du palais. Il n’y a point de lieu où ceux qui sont bien intentionnés pour le salut de la République puissent s’assembler. On dit aussi que deux rivières s’assemblent ; pour dire, qu’elles se joignent, qu’elles se mêlent ensemble.

ASSEMBLÉ, ÉE. part. Congregatus, convocatus, copulatus, compactus.

ASSEMBLEUR. s. m. Qui assemble. La Fontaine, dans une de ses Fables, donne à Jupiter tonnant la qualité d’Assembleur des nuages.

Tout l’Olympe s’en plaignit,
Et l’Assembleur des nuages
Jura le Styx, & promit
De former d’autres images.

☞ Ce mot ne peut passer que dans le style badin & familier.

ASSENCHIUF. Ville de Turquie, en Asie. Assanchiufa. C’est l’ancienne Scaphe. Elle est dans le Diarbeck, sur le Tigre, à l’orient de Nisibe, aujourd’hui Nesbin.

ASSENER. v. a. Porter un coup justement où l’on a dessein de frapper. Certo ictu destinatam corporis partem petere. Il a bien assené son coup sur la tête où il visoit. Il ne se dit point des armes à feu, ni de l’artillerie. Ménage dérive ce mot de assignare, c’est-à-dire, ferire signum.

Je voudrois à plaisir sur ce mufle assener

Le plus grand coup de poing qui se puise donner.
Mol.

☞ Joachim Du Bellay parle d’Assener comme d’un mot qui avoit été, & qui n’étoit plus en usage de son temps. Assener, dit-il, pour frapper où on visoit, & proprement d’un coup de main, est un de ces bons mots que nous avons perdus par notre négligence. Cela pouvoit être vrai du temps de Du Bellay ; mais j’ai vû ce terme employé par de bons écrivains, & je ne ferois pas difficulté de m’en servir aujourd’hui. Multa renascentur quæ jam cecidere.

Dans les vieilles Coutumes, on disoit un douaire assené, ou titre d’assenement, lorsqu’un père avoit assigné quelques biens ou héritages à ses filles, ou à ses enfans puînés pour les avantager.

ASSENÉ, ÉE. part.

☞ Dans le grand Vocabulaire, qui a copié le Dict. de l’Acad. Fr. assener, c’est porter un coup violent, frapper rudement. Ce mot paroit renfermer deux idées, porter un coup surement & fortement. Il semble que c’est dans ce sens qu’on le prend ordinairement. C’est d’ailleurs la signification primitive, comme on peut le voir par le témoignage de Du Bellay.

☞ ASSENS. Petite ville de Dannemarck, dans l’ile de Fionie, sur le petit Pelt, avec un bon port.

ASSENSATEUR. s. m. Flatteur, complaisant. Assentator, adulator. Il est vieux, & hors d’usage.

ASSENTEMENT. s. m. Vieux mot. Accord, consentement. Assensus, consensus. Advint que les Barons de France se assemblerent à Courbeil, & machinèrent entre eux d’un commun assentement qu’ils feroient que le Comte de Bretagne se esleveroit contre le Roi. Joinville.

ASSEOIR. v. a. irrégulier. Mettre dans un siège. Asseoir un malade. Asseoir un enfant. Asseyez cette femme à cheval.

☞ Il s’emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Il se conjugue de la manière suivante. Indic. prés. Je m’assieds, tu t’assieds, il s’assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s’asseyent. (Vaugelas voudroit que l’on dit, ils s’assient ; mais il n’est pas suivi en cela.) Imparf. Je m’asseyois, nous nous asseyions, vous vous asseyiez. Prét. Je m’assis. Fut. Je m’asseyerai, ou je m’assierai. Impér. Assieds-toi, qu’il s’asseye, asseyons-nous, asseyez-vous, qu’ils s’asseyent. Sub. prés. Que je m’asseye, que nous nous asseyions, que vous vous asseyiez. Imparf. Que je m’assisse, que tu t’assisses, qu’il s’assit, qu’ils s’assissent. Part. Act. S’asseyant, & non pas s’assoyant. Part. passif. Assis. Les temps composés de ce verbe se forment de l’auxiliaire être : Je me suis assis, je me fus assis, je m’étois assis, &c. Restaut. Il s’assit, il souffle… il s’assit, il se repose… il revient enfin à la solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner. La Bruyère. Dans tous ces exemples l’Auteur confond le prétérit avec le présent de l’indicatif, dont la troisième personne est, il s’assied. Il y en a qui disent assisons-nous, ou sisons-nous ; d’autres assoyons-nous, ou soyons-nous. Il faut dire asseyons-nous, Ce verbe signifie se mettre sur un siège, se reposer. S’asseoir sur des bancs, sur des chaises, sur des gasons. S’asseoir à terre. S’asseoir sur son cul comme un singe. Les Païens faisoient asseoir leurs Héros à la table des Dieux. Nous nous assîmes proche la statue de Platon. On n’oseroit s’asseoir chez le Roi.

Asseoir, se dit aussi de ce qu’on met à demeure dans une situation convenable, poser sur quelque chose de ferme, de solide. Collocare, ponere. Asseoir une colonne sur sa base. Asseoir une figure sur son piédestal. Asseoir des bornes en quelque lieu. Asseoir des machines. Vaug. Asseoir un mur sur un fondement solide. Asseoir un bâtiment dans une situation agréable. On a des poseurs pour asseoir les pierres. On dit aussi à l’armée. Asseoir son camp, pour dire, placer son camp en quelque lieu. On dit aussi qu’un essaim d’abeilles, qu’un ciseau s’est allé asseoir sur un tel buisson, ou un tel arbre, pour dire, qu’il s’y est amassé, qu’il s’y est allé reposer, percher.

On dit au Manège, faire asseoir un cheval sur les hanches, pour dire, les lui faire plier, lorsqu’on le galope, ou qu’on l’arrête ; le faire aller avec la croupe plus basse que les épaules. On le dit aussi de la manière dont le cavalier est à cheval. La bonne manière de s’asseoir fait plus que toutes les autres aides. Newc. Etant dans la selle, il faut s’asseoir sur la fourchure, & non pas sur les fesses. Id. Asseoir une cuve, chez les Teinturiers, c’est la préparer, y mettre les drogues & les ingrédiens nécessaires, pour qu’on puisse y laisser les étoffes, laines, soies & en bain.

Asseoir, se dit aussi en choses spirituelles & morales. Assidere. Dieu a fait asseoir son Fils à sa droite. Il fera asseoir les Apôtres auprès de lui pour juger les douze Tribus d’Israël.

On dit figurément asseoir son jugement, pour dire, juger en connoissance de cause. Judicium, sentenciam ferre. Il ne faut asseoir son jugement sur quelque affaire que ce soit, qu’après une mure délibération. On dit aussi, asseoir sa vue sur quelque objet ; pour dire, s’y arrêter, le contempler. Oculos figere, defigere.

☞ Dans cette acception on ne peut l’employer qu’à l’infinitif ; & ce seroit mal parler que de dire je n’assieds, ou je n’ai assis aucun jugement là-dessus. Il en est de même de tous les autres temps & de tous les autres modes, sans en excepter les participes. Il faut alors se servir d’un autre verbe ou d’un autre tour de phrase.

☞ On dit aussi qu’on ne peut asseoir aucun fondement sur ce que dit quelqu’un, sur ce qu’il promet ; pour dire, qu’on ne peut pas se fier à sa parole, & à ses promesses.

Asseoir en jurisprudence, signifie assigner, hypothéquer une rente, une pension sur des héritages. Designare, assignare. Les Notaires disent dans leurs contrats de constitution, un tel a assis & assigné une telle rente, une telle pension viagère sur un tel héritage, qu’il a affecté & hypothéqué au payement.

Asseoir en matière d’impôts, signifie, départir, régler les tailles & autres droits qui se payent par capitation. Tributa singulorum in capita describere. On a envoyé des commissions aux Elus pour asseoir & départir la taille de leur Election. Ce sont tels & tels paysans qui doivent asseoir la taille en un tel village l’année prochaine. Ils font nommés pour asséeurs. |

Asseoir les ventes, termes des Eaux & Forêts. C’est désigner le canton où est le bois qui doit être vendu. Designare.

ASSIS, ISE. part. Sedens, considens.

ASSIS. Situé, placé, bâti, en parlant d’une ville, d’un château, d’une forteresse, &c. Situs. Cette maison est assise sur le Rhône & la Saône ; pour dire, qu’elle est bâtie & placée sur ces deux rivières.

Assis, se dit en manège du cheval & du cavalier. Celui ci est bien ou mal assis dans la selle, & le cheval est bien assis sur les hanches, lorsque dans ses airs au manège, & même au galop ordinaire, sa croupe est plus basse que les épaules.

En termes de Blason, on dit qu’un animal est assis, quand ils est peint sur son cul, comme tous les animaux domestiques, chiens, chats, &c. Ces mots viennent d’assidere.

ASSÉOUR, ou ASSÉUR, étoit autrefois un Officier de la maison des Ducs & Duchesses de Bretagne. Hist. de Bret. T. II, p. 915. Alain du Cambour Asséour. Jean Sorin Asséour en l’absence dudit Cambour. Pierre de la Mareschée Asséour, & p. 1197. Martin Landelle premier asséeur. Dans ces deux endroits, qui sont des Etats des maisons des Ducs & d’une Duchesse de Bretagne, cet officier est nommé après les Ecuyers.

☞ ASSEPS. Voyez Aseph. C’est la même chose.

ASSEQUI. s. f. Terme de Relation. On donne ce nom aux femmes ordinaires du Grand-Seigneur, qui ont le train d’Impératrice, quoiqu’il ne les ait pas épousées. Elles sont en grande considération. A. D. S. M. C’est la même chose qu’Assaki.

ASSERA. Ville de Turquie, en Europe, dans la Macédoine, sur la rivière de Vera. C’est l’ancienne Assorus de Migdonie.

ASSERAC. s. m. Le même qu’assis, est une espèce de Bangue qui est l’assis des Egyptiens, & différe de l’opium & du maslac des Turcs. Castelli cité par James.

ASSERAL. s. m. Plante dont les Turcs se servent comme d’opium pour chasser la peur & le chagrin, & pour se rendre plus gais & plus hardis. Selon Scaliger, dans son Exercitation 154, les Dervis, qui sont des Religieux Turcs, s’assemblent tous les ans, & après la cérémonie de leur Mosquée, ils vont dans une autre lieu faire un superbe banquet ; ensuite ils mangent d’une herbe qu’ils appellent asseral, qui chasse tous les chagrins, & leur cause une joie extraordinaire ; mais si l’on en prend par excès, il fait perdre le sens pendant quelque temps. Pierre Petit, dans son Traité du Népenthès, cite aussi la plante osséral, & lui attribue les mêmes propriétés.

ASSERBE, ou AZERBE. s. f. C’est le nom qu’on donne à la muscade sauvage, ou muscade mâle.

ASSÉRIM. La Roca d’Assérim, ou d’Ascary. Asserimum, Arx Asserima. Forteresse du Mogolistan, dans la province de Cambaye, au midi de Surate & au levant de Bacaïm, sur un rocher.

ASSÉRER. v. a. Qui se trouve dans Marot, & qu’il a fait du latin asserere. Se rendre maître, s’assurer de quelque chose, la prendre, se l’assurer.

En ta verdeur plaisir donc nous assere. Marot.

ASSERMENTER. v. a. Terme de Palais. Interpeller une partie adverse de faire serment sur la vérité d’un fait qu’elle avance. Il est vieux. Jurejurando, sacramento aliquem, ad sacramentum aliquem adigere.

Ce mot vient de sacramentum, jurement.

☞ ASSERMENTÉ. part. Attaché par serment. Il est vieux. Jurejurando, sacramento astrictus. Les Jésuites sont particulièrement assermentés au Pape & à leur général. Pierre du Moulin. Accomplissement des Prophéties, p. 10 de la préface.

ASSERTEUR. s. m. Ce mot n’est guère en usage que dans ces deux phrases. Asserteur de la vérité, asserteur de la liberté publique ; pour dire, un homme qui soutient la vérité, qui défend la liberté publique en toutes rencontres. Caton étoit un grand asserteur de la liberté publique. Ce mot vient du latin asserere, soutenir, assurer. Dict. des Arts. C’est parier françois en latin.

ASSERTION. s. f. Terme didactique. Proposition qu’on établit, & qu’on soutient vraie. Assertio. La thèse de ce répondant contient une douzaine d’assertions. L’assertion de M. Chevreau est trop précipitée. Misson, Lettre 28. Style d’Ecoles.

Assertion, signifie aussi en style de Pratique, affirmation en Justice. On le renvoya sur son assertion. Il n’est guère en usage. Acad. Fr.

ASSERTIVEMENT. adj. Avec assertion, d’une manière affirmative. Ces paroles étant prises assertivement, iroient à ruiner l’immortalité de l’ame. Log. de P. R. Ce terme est tourné en ridicule dans le Dictionnaire Néologique, où l’on dit que Pantalon-Phœbus parloit toujours assertivement. ☞ Au reste, il ne peut passer tout au plus que dans le genre didaactique.

ASSERVIR. v. a. Domter, mettre en servitude. Subjicere, domare, in servitutem asserere, mittere. Les Romains ont asservi une grande partie de la terre. Il n’a pas tenu à toi que tu n’aies asservi les Macédoniens à ceux qu’ils ont vaincus. Vaug.

Asservir, se dit figurément en Morale, en parlant des passions. Asservir ses passions, c’est les dompter. Et poëtiquement, on dit qu’une belle femme a de quoi asservir tous les cœurs, Si les soumettre à son empire.

Malheureux mille fois celui, dont la manie
Veut aux règles de l’art asservir son génie. Boil.

☞ Il s’emploie aussi avec le pronom personnel. S’asservir au cérémonial, aux règles. Je ne saurois m’asservir à tous vos caprices.

ASSERVI, IE. part. Domitus, in servitutem assertus, missus.

Quoi ! votre ame, à l’amour en esclave asservie.
Se repose sur lui du soin de votre vie ? Rac.

☞ ASSES (les). Peuples d’Afrique, en Guinée, sur la côte d’Or, mais fort avant dans les terres.

ASSESSEUR. s. m. Officier de Justice gradué, créé pour servir de conseil ordinairement à un Juge. Assessor. Il y a un ancien & nouvel Assesseur du Prévôt des Maréchaux, qui assiste aux jugemens des procès. En plusieurs Sièges il y a un assesseur civil, & un assesseur criminel. Quand il n’y a qu’un Conseiller en un Siége, on l’appelle souvent l’Assesseur. Cette charge a été créée en 1586.

Dans la Chambre Impériale il y a des assesseurs de deux sortes. Les assesseurs ordinaires, & les assesseurs extraordinaires. Les ordinaires, doivent être seize. Ce nombre néanmoins n’a jamais été rempli jusqu’en 1500, & ils n’étoient que treize, & quelquefois moins. Le nombre des affaires croissant, on augmenta le nombre des assesseurs. D’abord en 1521, on en ajouta deux, & ensuite six, ce qui fit vingt-quatre. En 1530 on en créa encore huit nouveaux auxquels on en joignit encore neuf autres, de sorte qu’ils sont quarante & un. L’Empereur nomme cinq de ces assesseurs, trois Comtes, ou Barons, & deux Jurisconsultes. Les Electeurs n’en présentoient que six, dont la moitié devoient être nobles, & la moitié Docteurs en Droit. Depuis que le nombre a cru, on leur donna en 1566, le droit d’en présenter encore deux, ce qui faisoit huit ; enfin on en a encore ajouté deux, ce qui fait dix depuis 1570. L’Archiduc de Bavière en met deux nobles. Les six Cercles de l’Empire en mettoient chacun deux, ce qui faisoit douze : depuis que le nombre est augmenté, on a permis à chaque Cercle d’en mettre trois, & ensuite quatre. L’Autriche & la Bourgogne n’ont droit d’en présenter que depuis 1570. Quand un Cercle ou un État est plus de six mois sans nommer les assesseurs qu’il a droit de nommer, le droit de nommer est dévolu au Juge de la chambre & aux assesseurs. Quand il vaque une place, le Prince, l’État ou le Cercle qui y doit nommer, en présente deux ou trois, & point davantage. Le Juge de la chambre & les assesseurs choisissent le plus digne. Si aucun des deux, eu des trois ne leur paroît pas digne, & que les six mois ne soient pas écoulés, ils prient le nominateur de vouloir en présenter d’autres qui soient propres. Les qualités qu’on demande en eux sont, qu’ils soient de bonnes mœurs, nés d’un mariage légitime, & en Allemagne ; qu’ils aient une connoissance suffisante du Droit ; qu’ils soient Catholiques, ou Luthériens. Ils sont obligés de n’avoir d’autre emploi que celui d’assesseur, de ne faire aucun commerce, &c. Ils ont des priviléges, & une exemption générale, pour eux & toute leur famille, & pour leurs veuves après leur mort. Ils sont sous la protection particulière de l’Empereur. Ils sont exempts de tutelle, &c. Leurs appointemens étoient d’abord assez modiques ; on les a augmentés dans la suite. En 1500 ils furent réglés pour les Comtes & les Barons à 600 florins par an, & à 400 pour les Docteurs, les Licenciés & les simples Chevaliers. En 1555 on en assigna 700 aux Comtes & aux Barons, & aux autres 500. En 1570, dans le Récessus de Spire, ils furent fixés à 800 pour les premiers, & à 700 pour les autres, Voyez Lymnæus, Liv. IX, ch. 2. Ces assesseurs sont les Conseillers de la Chambre Impériale, & le Juge en est le Président.

ASSESSORIAL, ALE. adj. m. & f. Qui appartient aux assesseurs, qui est composé d’assesseurs. Assessorianus, a. Le tribunal assessorial que le Grand-Chancelier de la Couronne (de Pologne) a fait assembler, continuera de régler les affaires de peu d’importance. Gazette, 1722., pag. 1. Cette affaire a été portée au tribunal assessorial.

ASSETTE, ou HACHETTE, ou AISSETTE. C’est un marteau qui a une tête plate d’un côté, & un large tranchant de l’autre. Dolabella, securicula. Il sert aux Couvreurs, aux Tonneliers, & à d’autres artisans. Les Normands l’appellent Tille, & quelques-uns dérivent ce mot d’assi, qui est un petit ais qu’on nomme autrement bardeau, taillé avec l’aissette.

ASSEUREMENT. s. m. Terme de Coutume. Assurance, promesse faite avec serment devant les Juges, de ne point faire de mal à quelqu’un. Ragueau. Voyez Assurement.

ASSEURER. Terme de Coutume. C’est donner assurement. Ragueau. Ces deux mots viennent d’assecurare, qui vient de ad, & de securus ; comme qui diroir, rendre sûr. Voyez Assurer. On n’écrit plus asseurer.

ASSEYER. v. a. Vieux mot. Assiéger. On trouve assist & assisrent, pour, il assiéga, ils assiégerent. Sennachérib assist à la parfin Jérusalem. On a dit aussi assis, pour assiégés.

☞ ASSEZ. adv. Satis. Autant qu’il faut. Assez a beaucoup de rapport à la quantité qu’on veut avoir ; & suffisamment en a plus à la quantité qu’on veut employer.

☞ L’avare n’en a jamais assez, il accumule & souhaite sans cesse ; le prodigue n’en a jamais suffisamment.

☞ A l’égard des doses & de tout ce qui se consume, assez paroît marquer plus de quantité que suffisamment ; car il semble que quand il y en a assez, ce qui seroit de plus, seroit de trop ; mais que quand il y en suffisamment ce qui seroit de plus n’y seroit que l’abondance sans y être de trop. On dit d’un revenu médiocre qu’on en a suffisamment, mais on ne dit guère qu’on en a assez.

☞ Il y a dans la signification d’assez plus de généralité que dans celle du mot suffisamment. Ce qui donnant au premier de ces deux un service plus étendu, en rend l’usage plus commun. Au lieu que suffisamment renferme dans son idée un rapport à l’emploi des choses, qui lui donnant un caractère plus particulier, en borne l’usage à un plus petit nombre d’occasions. Syn. Fran.

☞ C’est assez d’une heure à table pour prendre suffisamment de nourriture ; mais ce n’est pas assez pour ceux qui en font leurs délices. L’Économe sait en trouver assez où il y en a peu. Le dissipateur n’en peut avoir suffisamment où il y en a même beaucoup.

On dit, cela est assez bien, ou assez mal, pour louer & blâmer sobrement.

On dit aussi en Poësie, assez & trop long-temps.

Assez, & trop long-temps, ma lâche complaisance
De vos yeux criminels a nourri l’insolence. Boil.

On dit aussi, c’est assez ; pour dire, n’en dites pas davantage ; cela suffit.

On dit, assez peu, & assez souvent ; pour dire, simplement, peu & souvent. C’est un homme d’assez peu d’esprit. On se trouve assez souvent embarrassé à choisir. Acad. Fr.

ASSIDÉEN. s. m. Assidæus. Secte des Juifs ainsi nommés du nom hébreu חסידים, hhasidim, miséricordieux, justes. Les Assidéens regardoient les œuvres de surérogation comme nécessaires. Ils furent les pères & les prédécesseurs des Pharisiens, & de ceux-ci sortirent les Esséniens. Il est parlé des Assidéens dans les Livres des Machabées, Liv. I, ch. 11, 4 & VII, 13, Liv. II, ch. 14, vers. 6.

Quelqu’un a dit que les Assidéens étoient ainsi nommés, parce qu’ils étoient assidus au culte divin. C’est une bévue. Assidæus n’est point un mot latin, mais hébreu. Un autre Auteur dérive ce mot du chaldéen אשיד diffudit, c’est-à-dire, il a répandu, & prétend que ce nom signifie des gens répandus çà & là, ou fugitifs pour leur religion, & pour ne point obéir au Prince, qui vouloit la leur faire abandonner. Il paroît bien plus naturel de le faire venir de חסידים, comme nous avons dit.

Serrarius Jésuite, & Drusius, ont écrit l’un contre l’autre sur les assidéens, au sujet d’un endroit de Joseph, fils de Gorion, dans lequel le premier prétend qu’il appelle assidéens, les Esséniens, l’autre prétend que ce sont les Pharisiens. Les assidéens & Tsaadikim, ou Justes, ne firent d’abord qu’une même secte ; après la captivité ils se séparèrent.

ASSIDENT. ad. m. Signe ou symptôme assident ; c’est-à-dire, qui accompagne ordinairement une maladie. Il différe du signe pathognomonique, en ce que celui-ci est inséparable de la maladie à laquelle il est essentiel, au lieu que l’autre ne l’est point. Galien cité par James. Il vaut mieux dire symptôme concomitant, que symptôme assident.

ASSIDU, UE. adj. Qui a une application continuelle à quelque travail, à quelque fonction ou devoir. Assiduus. Un Chantre doit être assidu à l’Office. Assidu à l’étude ; au travail. ☞ ! Il se dit aussi de celui qui rend des soins continuels, suivis à un autre. Il est assidu à lui faire sa cour. Ce jeune homme est assidu auprès de sa maîtresse. Il est assidu auprès de moi. Assiduus mecum est.

☞ On s’en sert encore pour marquer la continuation ou la fréquente répétition de certaines choses. Travail assidu. Peines assidues. Visites assidues.

Mais on s’efforce en vain, par d’assidus combats,
A disposer d’un cœur qui ne se donne pas. Corn.

ASSIDUITÉ. s. f. Application continuelle à une chose. Assiduitas. Cet homme est fort savant, il a toujours eu une grande assiduité à l’étude. Vous avez bien fait de convertir en assiduités amoureuses les fâcheuses assiduités d’un plaideur. Les prudes, chagrines de n’être plus l’objet des vœux & de l’assiduité des soupirans, tâchent de se dédommager de leur beauté usée par leur modestie. S. Evr. Rien ne scandalise plus aujourd’hui que les longues assiduités, & les passions à grand bruit. Je me suis guéri de l’ambition par les inquiétudes qu’elle donne & par l’assiduité qu’elle demande. M. Scud. ☞ Avoir de l’assiduité auprès des grands, c’est être assidu à leur faire la cour ; auprès d’une femme, lui rendre des soins suivis.

ASSIDUMENT. D’une manière assidue. Assiduè. Il travaille assidument à mettre son livre en état de paroître.

ASSIE. s. f. C’est le nom d’une pierre dont se servoient les Anciens pour consumer les chairs. Ils en mettoient dans le tombeau de ceux qu’ils ne vouloient pas brûler, comme nous y mettons aujourd’hui de la chaux, afin de consumer promptement les chairs. On appelle autrement cette pierre Sarcophage, qui signifie, qui mange la chair, à cause de l’effet qu’elle produit, & le nom d’assie lui venoit de la ville d’Assium, dans la Troade, d’où l’on tiroit cette pierre. Voyez Sarcophage.

☞ La poudre qui se trouve sur cette pierre desseche les vieux ulcères & consume les chairs superflues.

ASSIÈGEANT, ANTE. adj. Qui assiége une place pour s’en rendre maître. Une armée assiégeante doit être plus nombreuse que la garnison. ☞ Il est plus souvent employé comme substantif, au pluriel. Les assiégeans avoient déjà gagné la contrescarpe.

ASSIÉGER. v. a. Mettre le siége devant une place. Obsidere urbem. Assiéger une ville, un fort, un château. On prend maintenant toutes les villes qu’on assiége, à moins qu’elles ne soient secourues. Voyez Siége.

☞ On le dit aussi des persones enfermées dans une place assiégée. Ce Prince sur assiégé dans sa capitale.

Assiéger, se dit figurément, en parlant de tout ce qui est autour de nous qui nous importune, qui nous embarasse, qui nous ôte quelque liberté. Obsidere, circumstare, circumsistere. Les pauvres sont en si grand nombre, qu’ils nous assiégent. Ceux qui tiennent table, sont assiégés d’écornifleurs. Ce vieillard se laisse assiéger par ses parens. Il y a longtemps que cette femme est assiégée par un tel. Assiéger l’oreille du Roi. Vaug. Les douleurs de l’enfer m’ont assiégé. Port-R.

Triste destin des Rois ! esclaves que nous sommes,
Nous nous voyons sans cesse assiégés de témoins,

Et les plus affligés osent pleurer le moins.
Racine.

On dit aussi, qu’on est assiégé par les eaux, quand il y a quelque inondation, par les neiges, par les mauvais temps, lorsqu’il pleut & qu’on n’ose sortir, par les brigands qui courent la campagne, &c.

On dit qu’une flotte est assiégée par les vents dans un port, quand elle n’en peut sortir à cause des vents contraires.

ASSIÉGÉ, ÉE. part. Obsessus. Une place assiégée.

Assiégé, est aussi substantif, & se dit de ceux qui sont dans une ville assiégée. Les assiégés ont fait une sortie vigoureuse. On a capitulé avec les assiégés.

ASSIEME, ou d’ASSO, est une pierre spongieuse, légère comme la pierre ponce, parsemée d’outre en outre de veines jaunes, couverte en sa superficie d’une farine jaunâtre, sale, & un peu piquante. C’est la même chose qu’assie.

ASSIENTE. s. f. ou ASSIENTO, en espagnol, signifie une ferme. C’est un engagement par lequel les François dans le temps passé, & les Anglois, principalement depuis la paix d’Utrecht, s’engagèrent à fournir, sur-tout aux Rois d’Espagne, dans l’Amérique espagnole, une certaine quantité de Nègres, que les François & aujourd’hui les Anglois vont acheter en Afrique, afin de les transporter en Amérique pour le service des Colonies européennes, établies par diverses nations d’Europe, dans plusieurs endroits de ce nouveau continent, & dans les îles Antilles.

ASSIENTISTE. s. m. Celui qui a part, qui a des actions dans la Compagnie de l’Assiente.

ASSIETTE. L f. Manière dont une chose solide est posée sur une autre, pour la rendre ferme & stable. Situs. Il faut que les fondemens aient plus d’assiette que le mur qu’on élevé dessus. Ce piédestal n’a pas assez d’assiette pour cette figure. Ce rempart a assez d’assiette, c’est-à-dire, de pied, de talus pour empêcher qu’il ne s’éboule. Il faut poser les pierres de même sens, & dans la même assiette qu’elles avoient dans la carrière.

Tel que battu des flots un rocher immobile
Garde au sein de la mer une assiette tranquille,
Tel tu dois, méprisant mille fades rimeurs,
Ouir sans t’émouvoir leurs frivoles clameurs.

Assiette, signifioit autrefois séance. Avoir son assiette, être assis. Le grand maître aura son assiette au côté du Corps. Antiq. de Paris.

Assiette, signifie aussi la situation d’un bâtiment, d’une ville. L’assiette de cette place est avantageuse.

Assiette, se dit d’un campement. Locus castris aptus, selectus. La grande science d’un Général, c’est de savoir bien choisir l’assiette de son camp.

Assiette, situation du corps. Dict. de Ch. Et. Bonne, mauvaise assiette. Assiette contrainte, incommode.

On dit au Manége, faire prendre à un cavalier une bonne assiette ; pour dire, le mettre dans une situation convenable sur la selle. On dit, qu’il ne perd point l’assiette ; pour dire, qu’il est ferme sur les étriers. L’assiette est de si grande conséquence, que c’est la seule chose qui fasse bien aller un cheval. Newc.

Assiette, se dit aussi figurément de l’état & de la disposition de l’esprit. Animi status. Quelque fortune ou adversité qui arrive à un Stoïque, son esprit demeure toujours dans la même assiette. Pour s’assurer si l’on agit par un principe de vertu, il faut voir si l’ame est dans une assiette calme & tranquille, & si elle est exempte du trouble des passions. Dac. L’assiette de l’esprit de l’homme est sujette au changement. Rochef.

Mais lui seul immobile
Garde au sein du tumulte un assiette tranquille.
Boil.

Assiette, se dit aussi du département des tailles & autres impositions, pour régler ce que chaque Communauté, ou chaque particulier habitant en doit payer. Tributorum descriptio. C’est en ce temps-ci que le fait l’assiette des tailles. Les commissions sont parties pour faire l’assiette de cette imposition. L’assiette & la collecte des tailles est la fonction des Asséeurs & Collecteurs. On appelle en Languedoc assiette, les assemblées qui se tiennent dans quelque Diocèse pour le réglement & le département des tailles, après la tenue des Etats de la Province. Commissaire de l’assiette, est celui qui est député des Etats pour présider à cette assemblée. Par un Arrpet du Conseil du 27 Janvier 1587, il est défendu aux Maîtres des Requêtes, & Gardes des Sceaux, de permettre qu’il soit scellé ès Chancelleries aucunes lettres de privilèges pour imprimer livres quelconques, ni autres écrits, ni lettres d’assiette, ou impositions de deniers sur le peuple. Tessereau.

Assiette, en termes des Eaux & Forets, ☞ C’est l’étendue des bois désignée pour être vendue par les Officiers des Eaux & forêts. Constitutio. En ce sens on dit, faire l’assiette des ventes.

Assiette du vaisseau. C’est en termes de Marine, la situation où il peut le mieux siller. Situs.

Assiette, s. f. Terme d’Horlogerie. C’est tout ce qui supporte quelque chose, comme l’assiette d’une roue, est la partie sur laquelle elle est rivée.

Assiette. Terme de Paveur. C’est le sens où le pavé doit être mis, quand on le pose sur le sable.

Assiette, en termes de Doreur sur tranche, signifie une composition qu’on met sur la tranche d’un livre avant que de le dorer. Cette composition est faite de bol fin, de sanguine fine, de terre d’ombre, de gomme adragante & arabique, de colle de Flandre, & de savon de Castres.

Assiette, est aussi un terme de Teinturier, qui se dit d’une cuve préparée & remplie des ingrédiens nécessaires pour la teinture.

Assiette de rente. Terme de Jurisprudence. Cession d’un fonds en propriété pour le payement d’une rente promise. Cessio. Cela se pratique dans les contrats de mariage, ou dans les partages. Si l’on promet cent livres de rente en assiette, cela veut dire, qu’on s’engage de céder des héritages jusqu’à la valeur de cent livres de revenu annuel. L’assiette de rente ressemble à l’antichrèse, excepté qu’à l’égard de la première, l’on abandonne le fonds en pleine propriété, & sans le pouvoir retirer, comme dans l’antichrèse. M. de Laurière prétend qu’assiette de rente est la même chose qu’assignat, & qu’asseoir une rente est la même chose qu’assigner ; & que quelques Auteurs mettent mal-à-propos de la différence entre ces mots.

On dit aussi que le Roi donne une terre en assiette, lorsqu’il assigne des rentes sur cette terre. Dans l’Histoire du Conseil du Roi par M. Guillard, il y a des observations curieuses sur les terres que nos Rois ont données en assiette.

Assiette, est aussi un ussensile de table qu’on sert devant chacun des convies pour y poser les morceaux qu’on lui sert, ou qu’il veut manger. Orbis. On fait des assiettes de bois, de faïence, d’étain, d’argent, de vermeil doré ; des assiettes creuses pour manger la soupe, des assiettes volantes pour servir les entrées, les ragoûts, les entremets. On les sert entre les plats. On appelle du même nom les ragoûts qui sont dessus. Ferculum. Une assiette de champignons, de ris de veau, de confitures. On appelle aussi, assiette à mouchettes, la platine sur laquelle on les met. L’assiette à mouchettes est présentement hors de mode, & on ne se sert plus que de porte-mouchettes.

☞ En parlant d’un homme qui est en pension dans une auberge, où l’on paye quoiqu’on ne se trouve pas au repas, on dit figurément & proverbialement, que son assiette dîne pour lui, quand il est absent.

Vendre du vin à l’assiette. C’est vendre du vin en détail, avec permission de donner à manger à ceux à qui on le débite, de couvrir la table d’une nappe, & d’y servir des assiettes ; ce qui est : différent de vendre du vin à pot ; qui est bien aussi une vente en détail, mais où l’on ne peu mettre ni nappe, ni assiette, ni donner à manger. Les Marchands de vin, Cabaretiers, vendent à assiette, les Bourgeois à pot.

ASSIETTÉE. s. f. Plein une assiette. Cet enfant a déja mangé deux assiettées de bouillie. Je ne crois pas ce mot de bel usage. On dit plus souvent une assiette de potage, qu’une assiettée.

ASSIGNAT. s. m. Terme de Jurisprudence, qui se dit particulièrement en pays de Droit écrit. Constitutio. Constitution, & assignation spéciale d’une rente sur un certain héritage, lequel demeure nommément destiné & affecté pour le payement annuel de la rente. Quelquefois pour fortifier l’assignat, le créancier de la rente stipule, qu’il en recevra les arrérages par les mains du Fermier de l’héritage assigné. L’assignat ne rend point la rente foncière. Loys. L’assignat ne donne point plus de privilège au créancier de sa rente qu’une hypothèque générale & spéciale. Id.

Assignat, se dit encore d’une déclaration d’emploi fait par un mari sur ses propres, pour les deniers dotaux de sa femme.

Assignat démonstratif, est une rente constituée à prendre sur tel fonds, ce qui n’empêche pas qu’en déguerpissant ce fonds on ne soit obligé de payer la rente, parce qu’elle est personnelle. Assignat lLimitatif, se dit des fruits d’un fonds qu’on lègue à quelqu’un, & qu’il n’est point obligé de payer quand il abandonne le fonds.

ASSIGNATION. In jus vocatio. ☞ Terme de Palais. Acte qu’on appelle aussi exploit par lequel on somme quelqu’un de comparoître par-devant un Juge compétant, à certain jour, lieu & heure, pour répondre aux fins & conclusions qui sont prises contre lui.

☞ Il faut remarquer que l’assignation & l’ajournement ne sont pas toujours synonymes. Tout ajournement porte assignation ; mais cela n’est pas réciproque. L’assignation, par exemple, à venir déposer en qualité de témoin, n’emporte point ajournement, & n’est qu’une sommation faite par autorité de justice. L’assignation n’est censée ajournement que dans les cas où celui qu’on assigne est obligé de satisfaire aux fins de l’exploit, par une convention expresse ou tacite. L’Ordonnance veut que les exploits d’assignation soient libellés, c’est-à-dire, qu’ils contiennent la demande, afin que le défendeur vienne prêt pour y défendre. Les assignations à trois briefs jours se font à cri public, à son de trompe dans les carrefours, pour instruire une contumace. Les assignations se doivent donner à la personne, ou à domicile. On donne aussi des assignations sur la frontière à ceux qui sont hors le royaume. On leve les défauts sur l’assignation, quand on manque à se présenter. Les assignations données par des innocens à leurs Juges, devant le Tribunal de Dieu, ont souvent été exécutées. De Roch. Il est au figuré dans cette phrase.

Assignation, se dit aussi des rendez-vous qu’on se donne pour se trouver à un certain lieu, à une certaine heure. Constitutio rei certo tempore & loco faciendæ. Les deux Avocats se sont donné assignation à cinq heures pour consulter. Ces amans se donnent assignation ou rendez-vous aux Tuileries.

Assignation, en termes de Finance, est un Ordre ou Mandement, qui s’expédie au trésor royal, peur faire payer une dette sur un certain fonds. On donne à des Trésoriers des assignations sur divers Fermiers, pour prendre le fonds destiné à leur maniment. On a donné à ce créancier une assignation sur la coupe d’une telle forêt.

Assignation, est aussi une constitution de rente, un établissement de pensions sur certaines terres, ou revenus, qui y demeurent affecfés & hypothéqués. L’assignation du douaire de cette femme a été faite sur une telle maison. Les assignations des rentes se font sur tous les biens présens & à venir.

ASSIGNER. v. a. Donner un exploit, sommer quelqu’un de comparoître devant un Juge, ou un Commissaire, pour défendre à une demande, ou faire quelque acte de justice. Alicui diem dicere. Aliquem in jus vocare. Les Ducs & Pairs font assigner leurs parties d’abord au Parlement. Ceux qui ont droit de Committimus les font assigner aux Requêtes ; les autres les font assigner devant les Juges ordinaires des lieux. Il a été assigné pour déposer, prêter serment, subir l’interrogatoire.

N’imitez point ces fous,
Qui toujours assignans & toujours assignés,

Souvent demeurent gueux de vingt procès gagnés.
Boil.

L’ancienne manière d’assigner les gens de Justice étoit de prendre par l’oreille. Car lorsque les Sergens donnoient anciennement des assignations à quelqu’un, ou qu’ils constituoient des prisonniers, ils touchoient l’oreille de celui qu’ils prenoient pour témoin, ou pour recors, qu’ils appeloient Antestatus ; c’est pourquoi Horace dit, Licet antestari ? Ego vero oppono auriculam. Lib. I. Sat. 9, vers.76, 77. De Roch.

Assigner, signifie aussi, créer une rente, & obliger certains fonds pour la sureté du payement ; donner un mandement, ou une rescription pour charger quelqu’un du payement d’une dette. Constituere. Le style des contrats de constitution porte : Il a été constitué, assis, & assigné une telle rente sur tous ses biens présens & à venir. Les gages des Officiers sont assignés sur la seconde partie de l’Epargne. Les rentes assignées sur le Clergé. On lui a assigné son douaire sur une telle terre ; une pension sur le public.

Assigner, signifie encore, donner, destiner. Il a assigné deux mille arpens de terre à Sextus Clodius le Rhéteur, exempts de toutes charges. Assigner des terres aux nouveaux habitans. Le Roi leur assigna une contrée pour habiter. Vaug. Ce gouvernement vous a été assigné. La société ne peut subsister si chacun ne se contient dans l’ordre, & dans le rang qui lui est assigné. De Launoy.

Assigner, veut dire aussi, faire connoître, indiquer. Indicare. Assigner les véritables causes des événemens. Ablanc.

On dit proverbialement, ou ironiquement, qu’une rente est assignée sur les brouillards de la rivière de Loire ; sur Janvier, Février & Mars ; pour dire, qu’on n’en aura jamais rien.

ASSIGNÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

Ces mots viennent du latin assignare, qui vient de signum.

ASSIMILATION. s. f. Action par laquelle des choses sont rendues semblables, ☞ ou ce qui fait qu’une chose devient semblable à une autre. Assimilatio. Ce mot est composé des mots latins ad & similis, semblable.

Assimilation en Physique, se dit d’un mouvement par lequel des corps transforment d’autres corps qui ont une disposition convenable, en une nature semblable à leur propre nature.

☞ Dans les corps animaux les alimens se transforment en substance animale par la digestion & les autres opérations nécessaires à la nutrition. Voyez Nutrition.

☞ Dans les végétaux, les sucs de la terre préparés, digérés, raffinés dans les vaisseaux d’une plante sont changés en matière végétale. Voyez Végétation.

Assimilation. s. f. Bari dit que c’est une figure de Rhétorique, par laquelle on adoucit un peu les choses. Assimilatio. Exemple : je ne veux pas dire qu’il soit fou ; mais on peut avancer qu’il est quelquefois bourru.

☞ ASSIMILER. v. a. Rendre semblable. Assimilare, similem reddere. La digestion & les autres opérations nécessaires à la nutrition assimilent le chyle au sang. Ce mot n’est pas d’un service fort étendu. Je ne voudrois pas qu’on s’en servît hors du Physique. Personne, à ce que je crois, ne s’avisera de dire avec les Vocabulistes, assimiler ses idées, aux idées d’un autre.

ASSIMILÉ, ÉE. part. Similis factus. Rendu semblable à quelque chose. Traité de Litholog. & de Conchyliologie.

ASSIN, ou ASSINBERG. Assinum, Assinberga, est un bourg de l’Ecosse septentrionale, sur la rivière d’Assin, & dans le comté d’Assin.

Assin. rivière de l’Ecosse septentrionale. Assinus, Itys, Itis. Elle coule dans le comté d’Assin, traverse le lac d’Assin, & se décharge dans l’Océan Calédonien, au bourg d’Assinberg.

Le comté d’Assin, ou Assinshire, est une contrée du comté de Roff, dans le nord de l’Ecosse. Assinus pagus, ou comitatus. Ce comté s’étend le long de l’Océan Calédonien, aux frontières du comté de Southerland & de celui de Stratenaverg.

☞ ASSINÉ, selon Bosman, ASSINI, selon de Lisle, ASSINIE, selon Baudrand. Pays d’Afrique, en Guinée, le premier qu’on trouve en abordant sur la côte d’Or du côté de l’Occident.

☞ ASSINIBOULS, ou ASSINIBOILS. Peuple sauvage du Canada qui habite sur le bord d’un lac du même nom. Ils sont peu connus.

ASSIS, ASSISE. adj. Voyez Asseoir.

Assis. s. m. C’est la même chose que l’opium ou méconium. Composition dont se servent les Egyptiens pour se rendre gais. C’est une poudre de feuilles de chanvre qu’ils pétrissent avec de l’eau, & dont ils font des pilules grosses comme des châtaignes. Lorsqu’ils veulent se mettre de bonne humeur, ils avalent cinq ou six de ces pilules. Petit, dans son Traité du Nepenthès. Ces bols les jettent dans une espèce d’yvresse qui dure une heure, & leur donne des idées extrêmement agréables. Prosper Alpin, de Med. Egypt. Lib. IV. cap. 2. Les Turcs l’appellent aussi assiral. Voyez ce mot.

Assis. s. f. Terme de Coutume. Est un droit que les Seigneurs lèvent en quelques provinces sur les chevaux & autres bêtes qui servent au labourage. Ce droit est aussi appelé en quelques lieux, Droit de tirage Il est différent suivant les différentes coutumes.

ASSISE. Terme de Maçonnerie. Rang de pierres de taille qu’on pose en situation parallèle à l’horizon, pour élever une muraille. Collocatio Lapidum ad libellam & horizontem. Il y a douze assises de pierre aux fondemens de ce dôme.

Assises, au pluriel, terme de Palais. C’est une séance extraordinaire que des Juges supérieurs vont tenir dans des Sièges inférieurs, & dépendans de leur juridiction, pour voir si les Officiers subalternes font leur devoir, & pour recevoir les plaintes qu’on fait contre eux. Judicum ad jus statis diebus dicendum Consessus. Autrefois les Baillis & Sénéchaux, qui jugeoient en dernière instance, alloient tenir leurs assises dans les terres des Seigneurs de leur ressort, peur entendre les plaintes contre leurs Officiers, & juger les causes d’appel. Aujourd’hui les assises ne sont autre chose que des séances marquées & fixées, qui se tiennent d’ordinaire de 40 jours en 40 jours, par les Baillis ou Sénéchaux, & où se passent certains actes solennels ; comme les criées pour les décrets, les adjudications, &c.

On appelle quelquefois les Grands-Jours Assises, comme on a fait toutes sortes de plaids solennels, & extraordinaires.

On dit, qu’un homme tient ses assises dans une maison, pour dire, qu’il y est fort écouté, fort applaudi, qu’il y domine.

☞ On nomme encore assises des séances extraordinaires que tiennent les Officiers des Seigneurs de fief pour faire rendre l’hommage, les aveux & dénombremens auxquels les vassaux sont tenus.

Assise, étoit anciennement une assemblée qui se faisoit dans la cour du Prince, de plusieurs personnes notables, pour juger souverainement des affaires de conséquence, & dont les arrêts doivent être inébranlables. Comitia. Comme les Vicomtes n’étoient dans leur origine que les Lieutenans des Comtes, qui rendoient la Justice en leur place, ils avoient deux sortes de séances : l’une qu’on appeloit plaids, ou jours ordinaires, parce ou elle se tenoit tous les jours ; & l’autre qu’on appeloit assises, ou grands plaids, parce qu’elle étoit tenue par le Comte, & que c’étoit une assemblée solennelle, où se trouvoient les plus considérables vassaux, pour y juger les affaires les plus importantes. Ces assises s’appeloient aussi mallum, on placitum majus. Mais l’autorité de ces assises, qui jugeoient sans appel, a été attribuée aux Parlemens : & de-là vient la coutume qui s’observe encore ; c’est qu’à l’ouverture du rôle de chaque Bailliage, les Juges doivent comparence à la Cour ; non comme autrefois à l’Assise, pour répondre de leurs jugemens : c’est une formalité & un respect, que le Parlement exige des Juges inférieurs, dont l’appel y est porté immédiatement. Il y avoit deux sortes d’assises. La grande étoit composée de douze Nobles, qui jugeoient l’épée au côté. La petite Assise étoit de douze hommes choisis entre les gens de Loi. Il y avoit aussi de grandes