Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/571-580

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Fascicules du tome 1
pages 561 à 570

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 571 à 580

pages 581 à 590



Assises qui appartenoient aux Comtes, Vicomtes, Barons & Châtelains, à cause de leur Haute-Justice ; qui se tenoient quatre tois l’an pour recevoir les appellations de leurs Baillis. Les petites Assises se tenoient par les, Prévôts, & Juges pédanées tous les quinzièmes du mois. Il y avoit aussi des Assises pour la Police, & pour la vente des biens & des denrées. La grande Assisse s’appeloit Assise jurée ; &. la seconde Assise ordinaire. Les Assises se devoient tenir dans un champ, dans un cimetière, aux portes des villes, ou des Eglises, dans une rue, sur un rempart, toujours en un lieu public, où les parties pussent avoir un accès libre & facile. Le Gendre. Elles devoient être publiées & assignées à certain jour, afin que toutes sortes de personnes y pussent venir faire leurs plaintes & remontrances.

On a donné aussi le nom d’Assise aux Jugemens qui étoient rendus en ces lieux-là ; & on disoit, il a obtenu assise à son profit ; c’est-à-dire, jugement. On appeloit aussi, grande Assise, l’action pétitoire ; & petite Assise, la possessoire. Assise signifioit aussi anciennement une loi, une constitution. Voyez Du Cange. Pour savoir la forme de tenir les Assises, voyez la déclaration du Roi de 1685.

Assises de Jérusalem. Peu après la prise de Jérusalem, Godefroi de Bouillon, pour donner quelque forme à un gouvernement encore tumultueux & purement militaire, convoqua une assemblée des Etats de ce Royaume, où il établit de nouvelles lois, dont le recueil appelé communément les Assises de Jérusalem, fut signé par ce Prince & scellé du sceau de ses armes ; & parce que ce recueil avoit été déposé dans l’Eglise du S. Sépulcre, on l’appeloit communément les lettres du Saint Sépulcre. Vertot. Hist. de Malt. L.I, p.51.

Assise. Assisium. Ville de l’Etat Ecclésiastique en Italie. Elle est dans l’Ombrie, sur la montagne d’Asi, d’où probablement elle a pris son nom. Assise a un évêché suffragant du Pape. S. François d’assise, Fondateur des Conventuels, Observantins, Récolets & Capucins, est ainsi nommé, parce qu’Assise étoit sa patrie.

ASSISTANCE. s. f. Secours que l’on accorde par un mouvement de compassion. Auxilium, adjumentum. Cet homme ne sauroit subsister sans l’assistance de ses amis. Seigneur, j’implore votre assistance. Arn. Je ne veux pas me rendre indigne des assissances que je reçois de vous. Scar.

Assistance, signifie encore, présence. ☞ Soit en parlant de la présence d’un Juge ou d’un autre Officier de Justice dans quelque affaire du Palais ; soit en parlant de la présence d’un Curé, ou d’un autre Prêtre dans quelque fonction ecclésiastique. Præsentia. Les Chanoines ont tel droit pour leur assistance à Matines. Le Curé se fait payer l’assistance à un enterrement, quoiqu’il n’y soit pas ; car il est réputé présent. Un Procureur se fait payer son assistance à un scellé, à un procès-verbal. Dans les taxes de dépens, on paye un droit d’assistance au Procureur défendeur.

Assistance, signifie aussi, assemblée. Cœtus. Ce Prédicateur a satisfait toute l’assistance. Ce pauvre homme qu’on a maltraité, a pris à témoin l’assistance, & ceux qui se sont trouvés là. Cela étonna toute l’assistance. Ablanc. L’assistance étoit plus nombreuse qu’auparavant. Il n’est pas du style noble.

Assistance, signifie aussi dans ☞ quelques ordres religieux le corps des assistans qui composent le conseil de l’ordre. Assistentio. Chacun des assistans a soin de préparer les affaires de son assistance. Bouh. L’assistance d’Italie, l’assistance d’Allemagne, &c. La Flandre est de l’assistance d’Allemagne. Il y a tant de provinces sous l’assistance d’Italie.

☞ Cela sert à marquer les différens états ou les maisons de certains ordres religieux sont situés, relativement à la première & principale division qui a été faite de l’ordre entier.

ASSISTANT, ANTE. adj. Qui assiste, qui est présent. Præsens. ☞ L’évêque assistant. Prêtre assistant. Il est souvent employé comme substantif. Il avoit un grand nombre d’assistans. Il prit les assistans à témoin.

Assistans, se dit aussi des aides nécessaires dans une cérémonie, ou un sacre. Ce Prélat avoit tels & tels Evêques pour assistans. Les Abbesses ont aussi des assistantes en pareilles cérémonies. L’Officiant avoit sept ou huit assistans à l’autel.

Dans le rit parisien on donne le nom d’assistant à un Prêtre, qui dans les grand Messes solennelles, est toujours à côté du célébrant. L’assistant est revêtu d’une chappe.

Assistant, se dit d’un Prêtre qui est à côté d’un nouveau Prêtre qui dit sa première Messe, pour le diriger & l’avertir de ce qu’il doit faire, en cas qu’il se méprenne, ou qu’il soit embarrassé. A une grand Messe il a une chappe & une étole, aux Messes basses il est en surplis avec une étole.

Assistant, est aussi un terme usité dans les Séminaires, pour signifier l’Ecclésiastique qui fait les fonctions du Supérieur, quand celui-ci est absent.

Assistans, sont aussi les Contrôleurs ou Conseillers qu’on donne à des Généraux, Supérieurs de Monastéres, pour prendre garde aux affaires de la Communauté, & les soulager en leur ministère. Assistens. Le Général des Prêtres de l’Oratoire a trois assistans, qui ont voix décisive avec lui dans les délibérations, en sorte qu’il n’est pas le Maître absolu.

On nomme aussi assistans, ceux qui sont condamnés à assister au supplice d’un criminel. En cette exécution il y eut deux pendus & deux assistans.

Assistans, s’est dit aussi au Palais de deux anciens Avocats, qui étoient obligés de se trouver à l’Audience pour assister un Avocat demandeur en requête : ce qui a été abrogé par l’Ordonnance de 1667, & converti en une simple consultation.

Assistant, est aussi un terme de Comédien. Il signifie un domestique de Comédien, que l’on emploie quelquefois dans les représentations de pièces de théâtre, & à qui on donne ce que l’on juge à propos.

Assistant, est encore un terme usité dans la pêche des perles. Chaque plongeur a deux aides, qu’on nomme pour cela les pêcheurs assistans. P. le Comte. De huit en huit jours on pêche un jour entier au profit du patron de la barque, & tous les jours encore le premier coup de retz est pour lui : on donne le tiers de ce qui reste aux assistans, le surplus appartient aux plongeurs. Id.

Assistante. s. f. C’est parmi les Religieuses, celle qui fait les fonctions au défaut de l’Abbesse, ou de la Mère Supérieure. C’est aussi la Religieuse qui assiste au parloir pour voir ce qui s’y passe, & qu’on appelle ordinairement Sœur-écoute.

Assistante. Nom d’une Supérieure dans quelques Communautés de filles. Assistens. Chez les Bernardines Réformées de France & de Savoye on appelle assistante celle que l’on nomme Souprieure dans d’autres communautés, c’est-à dire, la seconde Supérieure d’une maison. P. Hélyot, Tom. V, p. 442.

ASSISTER. v. n. Être présent à quelque chose, soit par devoir, soit par bienséance, adesse, interesse. Ce Doyen assiste à l’office à toutes les heures. J’ai assisté à cette cérémonie. Assister à un enterrement.

Assister, se dit en matière criminelle, pour marquer la présence d’un complice au châtiment d’un autre coupable. Assister à la potence. Ce criminel a été condamné à être pendu, & sa femme à assister au supplice. On dit aussi, qu’un homme a assisté à un vol, à un assassinat ; pour dire, qu’il a été présent, qu’il en est complice.

Assister, signifie aussi, juger conjointement avec un autre Juge. Il faut que le Juge royal assiste aux procès que font les Officiaux aux Clercs, quand il y a un cas privilégié. Un Clerc qui assiste à un jugement de mort, devient irrégulier.

Assister, v. a. Prêter secours à quelqu’un, l’aider de sa présence, de sa faveur, de son argent, de son conseil. Juvare, ad juvare. Ce Prince a assisté ses alliés de toutes ses troupes. Vaug. Il assiste ses amis au besoin. Il assiste les pauvres de ses aumônes.

Assister, suivant M. l’Abbé Girard, dans sa vraie signification, c’est secourir quelqu’un par un mouvement de compassion. On assiste dans le besoin. On

assiste les pauvres. Voyez aux mots Aider & Secourir, les différences de ces trois mots synonymes.

Assister, se dit encore activement pour accompagner ou conseiller quelqu’un pour quelque action. Dans cette acception on ne le dit guère qu’à l’infinitif, avec le verbe faire, au participe passif. Un Prélat qui sacre un nouvel Evêque doit être assisté de deux autres. Il se fit assister par des archers. Il étoit assisté de son Procureur, de son Avocat quand il passa cet acte. Ce tuteur n’a rien fait que de l’avis du conseil, & assisté des parens du mineur.

On dit aussi, qu’un prêtre assiste un malade, ou un criminel à la mort ; pour dire, qu’il l’exhorte à bien mourir, & à se repentir de ses fautes. Adhortari.

On dit familièrement, Dieu vous assiste, à ceux qui éternuent, ou à un pauvre qu’on refuse.

ASSISTÉ, ÉE. part.

ASSITRA. f. m. Arbre des Indes, le même que le Mandaru. Voyez ce mot.

ASSO. Terme de Lithologie. Pierre d’Asso, assieme, ou assie. Assius lapis. Cette pierre tire son nom d’Ἄσσος, ville de la Troade, dans l’Asie mineure, où on la trouve. Elle est d’une substance spongieuse, légère & friable, couverte d’une fleur ou poudre farineuse pareille à celle qui s’attache aux parois des meules de moulins, à qui on donne le nom de fleur de pierre d’asso. Les parties de cette fleur sont fort pénétrantes, & consument les chairs qui sont molles & spongieuses sans mordacité. La pierre sur laquelle on la trouve possède les mêmes propriétés, mais dans un moindre degré ; cette fleur est non seulement dissolvante, digestive & préservative, comme le sel, mais elle n’a aucune qualité corrosive. Elle est un peu salée ; ce qui fait croire qu’elle se forme des vapeurs qui s’élèvent de la mer, qui se condensent dans les rochers, & se desséchent par l’ardeur du soleil. Galien cité par James.

Asso. Nom propre d’une ville de Mingrélie, en Asie, assum. On la prend pour l’ancien Suriuum, ou Surum, ou Archæopolis, ville de Colchide. Elle est au sud-est de Savucopoli.

ASSOAGER, ou ASSOHAIGER. v. a. Vieux mot. Soulager, diminuer. Poës. du Roi de Nav.

☞ ASSOCIATION. s. f. C’est en général l’action d’associer, de former une société ou compagnie.

☞ C’est proprement un contrat ou traité de société par lequel deux ou plusieurs personnes se joignent ensemble, ou pour se secourir mutuellement, ou pour agir en commun, ou pour vivre plus commodément. Societas. La plus étroite des associations est celle qui se fait par le lien du mariage. Il y a une association entre ces deux compagnies, entre ces deux marchands. L’association se contracte par un consentement tout pur. Patr.

Association, en droit commun, est l’aggrégation de plusieurs personnes en une même société, sous la condition expresse d’en partager les charges & les avantages. Chaque membre de la société s’appele associé. Encyc.

ASSOCIÉ, ÉE. s. m. & f. Qui est membre d’une société. Un associé peut engager son associé. Le corps peut souffrir des associés en amour ; mais non pas le cœur. B. Rab.

Associé. On donne cette qualité dans l’Académie des Sciences & dans celle des Belles-Lettres à quelques Académiciens. Les associés sont de deux sortes, les uns François & les autres étrangers.

Ce mot vient du Latin associare, qui se trouve dans Stace & dans Claudien.

Associée. s. f. Nom de quelques Religieuses dans l’ordre de la Visitation de N. D. Associata. Il y a dans l’ordre de la Visitation des Religieuses de trois sortes, des Choristes, des Associées, & des Domestiques. Les Associées, non plus que les Domestiques, ne sont point obligées à l’office divin, mais seulement à dire un certain nombre de Pater & d’Ave Maria. Les Choristes & les Associées sont seules capables de remplir toutes les charges du monastère, excepté que les Associées ne peuvent être élues Assistantes, parce qu’un des principaux emplois des Assistantes, est d’avoir la direction de l’office au chœur ; de sorte que quand les Associées sont supérieures, elles ne se mêlent point du chœur ; & pour ce qui regarde l’office divin, elles laissent tout faire à l’Assistante. P. Hélyot. T. IV. pag. 322.

Associée. Ce nom se donne aussi chez les Miramiones, ou filles de Sainte Geneviève, à quelques-unes de celles qui les composent. Associata. Chez les Miramiones, il y a les Sœurs & les Associées. S’il y a quelque fille ou veuve, qui ne pouvant pas s’assujétir à tous les règlemens de la communauté, souhaitent néanmoins demeurer dans la maison, & s’unir à la communauté pour servir Dieu plus parfaitement, & aider à plusieurs bonnes œuvres, que les Sœurs pratiquent à l’égard du prochain, elles les peuvent recevoir en qualité d’Associées. Ces Associées ne sont obligées qu’à une année d’épreuve : elles n’ont point de voix active & passive, & ne peuvent être mises dans les charges qui sont électives. P. Hélyot, T. VIII. p. 232.

ASSOCIER. v. a. Admettre quelqu’un dans une compagnie, dans un traité de société. Ces deux amis ont associé un tel avec eux, l’ont associé à leur traité dans telle affaire. Societatem facere, constare ; socium sibi aliquem adjungere.

Associer, se dit aussi pour donner part de quelque chose à quelqu’un, le prendre pour compagnon, pour collègue dans un emploi. Il associa Tibère à cet honneur. Ablanc. Il leur est permis d’associer d’autres personnes aux sacrifices. Pasc. Un testateur associe plusieurs personnes dans un même usufruit. Peliss.

Malgré tout son orgueil, ce Monarque si fier,
A son trône, à son lit, daigna l’associer. Racin.

s’Associer avec quelqu’un, c’est faire une société avec lui pour quelqu’intérêt commun. Ils se sont associés pour le commerce des Indes.

☞ Il se dit aussi pour fréquenter, avoir liaison, commerce. Un homme prudent ne s’associe pas avec toutes sortes de gens.

ASSOCIÉ, ÉE. part. Socius, societate conjunctus.

ASSOGUE. s. f. On appelle depuis peu Assogues, ce que l’on a appelé jusqu’ici galions. Gaulus, gauleo. Ce sont les vaisseaux Espagnols, qui portent les marchandises d’Europe dans l’Amérique méridionale, & qui rapportent l’or & l’argent de l’Amérique en Espagne. Voyez Galion.

☞ Le Dict. de l’Acad. Fr. dit qu’on donne ce nom à certains galions d’Espagne, parce qu’ils portent du vif-argent aux Indes occidentales, dont on se sert pour épurer l’or quand il sort de la mine. Assogue en Espagnol signifie vif-argent. Ces mêmes galions rapportent l’or & l’argent.

ASSOITE DE MARIE. Espèce de baume vert, tantôt liquide, & tantôt sec, dont les Espagnols se servent utilement en beaucoup de rencontres, sur-tout pour la cure extérieure des plaies.

☞ ASSOLER. v. a. Terme d’Agriculture. C’est partager les terres-labourables d’une ferme ou métairie peur les semer diversement, ou les laisser reposer. On partage ordinairement les terres en trois soles, l’une se seme en froment, l’autre en menus grains, la troisième reste en jachère. Voyez Sole, en Agriculture.

☞ Les grands Vocabulistes font le mot sole, masculin. On a coutume, disent ils, de diviser les terres en trois sols. L’un se seme en froment, &c. Le troisième reste en jachère. Ils auroient dû consulter le Dict. de l’Ac. Fr.

ASSOMMÉ, ÉE. adj. Vieux mot. Endormi : de somme, qui veut dire, sommeil.

Il est un petit applomé,
Hélas ! il est si assommé.

ASSOMMER. v. a. Tuer avec une massue, un maillet, ou autre chose pesante & accablante. Valide impacto malleo trucidare. Il a reçu des coups de bâton capables d’assommer un bœuf. Les Hébreux assommoient les criminels en les lapidant. Ménage dérive ce mot du françois somme, ou du latin somnus, parce qu’autrefois assommer signifioit, dormir d’un profond sommeil.

Assommer, se dit aussi de toute mort violente. Mactare, Trucidare. Il est allé à la guerre pour se faire assommer. Il signifie aussi, tuer d’une manière cruelle. Ils assommoient les ennemis dans les rues. Vaug. Ils se voyoient assommer comme des bêtes. Id.

Assommer, se dit encore des coups violens, ou souvent réitérés. Percutere graviter. Ce maître assomme de coups ses valets. Cette marâtre assomme les enfans de son mari.

Assommer, se dit hyperboliquement des choses qui incommodent ou qui pesent trop. Opprimere, Obruere. En été les habits de drap assomment. Vous chargez trop ce cheval, cela est capable de l’assommer.

Assommer, se dit figurément des choses qui affligent ou incommodent beaucoup. Affligere. Cette affliction, la perte de ce procès l’a assommé.

Pour moi qu’un froid Ecrit assomme. Mol.

Je n’en puis revenir, & tout ceci m’assomme. Id.

On dit proverbialement, il faudra vous assommer ; pour dire, vous avez tant de santé, qu’à moins que quelqu’un ne vous tue, vous ne pourrez mourir.

ASSOMMÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe en françois comme en latin.

ASSOMMOIR. s. m. Petit ais chargé d’une pierre, qu’on tend avec un appas & une languette, pour prendre des rats ou autres bêtes.

ASSOMPTION. s. f. Fête que l’Eglise célèbre en l’honneur de l’enlèvement miraculeux au ciel de la sainte Vierge en corps & en ame. Sanctissimæ Dei matris in cœlum assumptio. Cette fête n’est pas moins solennelle dans l’Eglise orientale que dans les Eglises d’occident. Il n’est point cependant de foi, que la sainte Vierge ait été enlevée au ciel en corps & en ame. Nos anciens Martyrologes, & entr’autres celui d’Usuard, parlent de’Assomption de la bienheureuse Vierge avec beaucoup de modération, comme si de leur temps l’Eglise n’avoit rien défini là-dessus. Voyez les Notes de Baronius sur le Martyrologe Romain au 15e d’Août. Mais ce seroit aujourd’hui une témérité de s’opposer à l’opinion commune ; & un Prédicateur qui avanceroit en chaire des propositions contraires à l’Assomption de la sainte Vierge en corps & en ame, choqueroit ; il seroit obligé de se rétracter, ou de s’expliquer publiquement, comme il arriva il y a quelques années à Paris. Et en 1696 la Sorbonne, dans la condamnation de Marie d’Agreda, protesta d’abord entr’autres choses, qu’elle croyoit l’Assomption de la sainte Vierge au ciel en corps & en ame. Entre les églises que le Pape Paschal orna, ou répara, il est fait mention de deux où étoit représentée l’Assomption de la sainte Vierge en son corps. Ce qui montre qu’on la croyoit dès-lors à Rome. Fleury, sur l’an 824. Cette fête s’appelle aussi la Mi-Août, à cause qu’elle arrive le quinzième d’Août. L’estampe qui représente le mystère de l’Assomption, s’appelle aussi Assomption. On a avancé, mal-à-propos, dans les précédentes éditions de ce Dictionnaire, que le plafond de la chapelle du Séminaire de S. Sulpice à Paris, est une Assomption de M. le Brun : c’est un sujet symbolique. On y voit le concile d’Ephèse & le triomphe de la sainte Vierge, qui fut déclarée dans ce concile Mere de Dieu ; c’est pourquoi Nestorius y paroît dans un fond, & dans une posture où il marque de l’horreur pour le Théotocos. On a aussi appelé autrefois Assomption, le jour de la mort de quelques Saints, comme l’Assomption de Saint Jean-Baptiste, ainsi que prouve du Cange.

En termes de Logique, Assomption, c’est la mineure ou la seconde proposition d’un syllogisme. Cette Assomption sera niée. Voyez Mineur & Syllogisme.

La fête de l’Assomption de Notre-Dame a donné le nom à quelques lieux, ou pays du nouveau Monde, ou parce qu’ils ont été découverts ce jour-là, ou parce qu’ils ont été dédiés à la sainte Vierge sous ce nom.

l’Assomption. Ville de l’Amérique méridionale, ainsi nommée à l’honneur de l’Assomption de la sainte Vierge. Assumptionis urbs. Elle est dans la partie du Paraguay que l’on nomme Rio de la Plata, c’est-à-dire, Rivière de la Plata, ou Rivière d’Argent. Elle est sur le Paraguay, quelques lieues au-dessus du lieu où il reçoit le Rio Piscomayo. Voyez la carte du Paraguay par Danville, Lett. édif. & cur. Rec. XXI. La ville de l’Assomption est métropole du Paraguay. P. Del Techo, Hist. Parag. L. I. C.16. Elle est à 300 lieues de Cordoue, à 150 de la Guairanie, à 700 de Lima, à 450 de Lauréte dans la Guairanie, à 100 de l’Urvaïque, à 20 lieues d’Itapua, & à 80 de Villarica. La ville de l’Assomption commença par une forteresse de même nom, que Gonsalve Mendoza bâtit en 1535 ; P. Del Techo, Hist. Parag. L. I. C. 8. La ville de l’Assomption fut ensuite bâtie par Irala en 1538. Elle est sous le 25e degré de latitude sud, à deux cens quarante lieues de la mer sur le bord du Paraguay, & à 40 milles (15 lieues) de son confluent avec le Parana. P. Del Techo, Hist. Parag. L. I. C. 11.

Il y a encore une ville de l’Assomption dans l’Urvaïque, à un jour de chemin par eau de la ville de S. Xavier. Voyez le P. Del Techo, dans son Hist. latine du Paraguay, L. I. C. 16 & 32. L. II. C. 2 & 24. L. IV. C. 26. L. V. C. 17. L. X. C. 28. L. XI. C. 3. L. XIII. C. 29. L. IX. C. 26.

La rivière de l’Assomption est une rivière du Canada qui tombe dans le fleuve de S. Laurent, près de l’ile de Montréal. Assumptionis fluvius.

L’île de l’Assomption, autrement Anticosti & Antiscoti. Assumptionis insula. Elle est dans l’Amérique septentrionale, entre l’ile de Terre-Neuve, & la côte du Canada propre, près du pays des Esquimaux, à l’embouchure du fleuve de S. Laurent.

ASSONDRER. v. a. Vieux mot. Borel dit qu’il semble dénoter, assurer on absoudre.

ASSONNANCE. s. f. Quelques-uns se servent de ce mot en Musique, pour signifier Consonance. Consonum.

Assonnance, en termes de Rhétorique & de Poësie, se dit d’une figure de mots qui ont même son ou terminaison, & qui ne riment pas, c’est-à-dire, qui n’ont qu’une ressemblance imparfaite de son dans leur terminaison ; richesse & commerce, soleil & immortel sont des assonnances. Les assonnances sont vicieuses en françois : les latins les ont quelquefois employées avec grâce. On l’appelle en latin, Similiter definens, & en grec ὁμοιοτέλευτον : comme, Militem comparavit, exercitum ordinavit, aciem lustravit, &c. On dit assonnance, en parlant de certaines rimes des vers Espagnols.

ASSONNANT, ANTE. adj. Terme de Poësie & de Rhétorique. On le dit plus particulièrement de certaines rimes des vers Espagnols. La rime assonnante est plutôt une ressemblance de son, qu’une véritable rime, par exemple, ligera, cubierta, tierra, mesa, peuvent rimer ensemble d’une rime assonnante, à cause que ces mots ont dans la pénultième syllabe un e, & dans la dernière un a. Les vers suivans sur la descente d’Orphée aux Enfers, ont des rimes assonnantes.

Dizen que baxò cantado
Y yo por cierto lo tongo
Que como baxava buido
Cantaria de contento. Quevedo.

Le second & le quatrième de ces vers ont des rimes assonnantes, les deux aunes ne riment point du tout.

ASSORATH. Terme de Relation. Nom d’un livre qui contient les Traditions des Mahométans, & les principes des Sages de leur loi. Traditio. Il tient le second rang, immédiatement après l’Alcoran. A. D. S. M.

ASSORÉE-BUND. s. f. C’est une des six sortes de soies qui se font dans les états du Mogol.

☞ ASSORTIMENT. s. m. Convenance, proportion entre les Parties. Convenientia. L’assortiment de ces couleurs est bien entendu. C’est un étrange assortiment qu’une fille de quinze ans avec un vieillard de quatre-vingt.

☞ On dit encore assortiment de couleur pour peindre. L’assortiment est composé de toutes les couleurs employées en peinture.

Assortiment, se dit aussi chez les Marchands, de plusieurs marchandises qu’il faut acheter, ou amasser, pour faire le fonds d’une boutique, & pour avoir de quoi contenter ceux qui viendront acheter. Rerum multarum congeries. Ce marchand a mandé à son facteur de lui envoyer un assortiment de brocards, de dentelles, & autres marchandises. Les Libraires disent aussi, un assortiment de livres, ou livres d’assortiment. Ces livres d’assortiment sont ceux que les Libraires tirent, soit des Libraires tant de Paris que des Provinces, soit des Pays étrangers, par échange, achat, ou autrement. Les livres de sortes sont tout ce qu’ils impriment eux-mêmes en vertu de privilèges ou permissions.

Assortiment, se dit aussi parmi les Imprimeurs, de tout ce qui convient à chaque corps de caractères ; comme les grosses & petites capitales, la courante, &c.

☞ On le dit dans le même sens d’un certain nombre de caractères, suffisant pour le travail ordinaire de l’Imprimerie.

ASSORTIR. v. a. On conjuge : J’assortis, tu assortis, il assortit, nous assortissons, vous assortissez, ils assortissent. A l’imparfait, j’assortissois. Au prétérit, j’assortis, tu assortis, il assortit, nous assortîmes, vous assortîtes, ils assortirent, & j’ai assorti, tu as assorti, &c. Au futur, j’assortirai, Au subjonctif, que j’assortisse, &c. A l’impératif, assortis, assortissez. Mettre ensemble plusieurs choses, de manière qu’elles se conviennent. Adjicere quæ rei conveniant. On m’a pris une partie de mon ameublement, je voudrois bien trouver de quoi l’assortir. Cette étoffe est fort belle, il faut l’assortir de quelque doublure qui lui convienne. Assortir diverses couleurs.

☞ Nous ne ferons que joindre ici les deux exemples que donnent les Vocabulistes pour l’explication du verbe assortir, sans nous permettre aucune de ces railleries amères qui sont si familières à ces Compilateurs. Voici ces deux exemples. La doublure n’assortit pas l’étoffe de cet habit. Ce lit assortit bien cette tapisserie. Jusqu’à présent on avoit dit, assortir une étoffe avec une autre : assortir un lit avec une tapisserie. Assortir des couleurs, &c. Mais voici un langage tout nouveau. C’est une couleur qui assortit une autre couleur ; une doublure qui assortit l’étoffe d’un habit ; un lit qui assortit une tapisserie. L’Académie enrichira-t-elle son Dictionnaire de ces nouvelles façons de parler.

Assortir, se dit figurément des personnes. Componere. Ce mariage est mal assorti ; c’est à-dire, le mari & la femme sont de condition inégale, ou d’humeur toute différente. Cet homme n’est point heureux à assortir les gens. Il est aussi nécessaire de bien assortir les gens dans un repas, que les couleurs en habillement. M. Scud. Un vieillard qui épouse une jeune fille, s’expose à tous les malheurs du mariage : cet assemblage est trop mal assorti.

Assortir, se dit aussi pour fournir de toutes les choses qui conviennent, & principalement de toutes celles qui regardent le trafic, la marchandise. Instruere. Ce marchand a le soin d’assortir sa boutique, son magasin de toutes sortes d’étoffes. Vous pouvez aller chez un tel, il a de quoi vous assortir.

Assortir, est aussi un terme de Chapelier. C’est mettre la forme dans un chapeau en blanc. Assortir un chapeau.

Assortir, terme de Plumassier. C’est choisir les plumes de même grandeur, & les assembler avec des couleurs convenables.

Assortir, terme de Haras. C’est donner à un Etalon la jument qui lui convient le mieux.

Assortir, est aussi quelquefois neutre, & signifie convenir, avoir du rapport. Convenire. Cette garniture assortit bien, elles vous convient fort bien. Ces couleurs n’assortissent pas bien ensemble. Vous ne trouverez rien qui assortisse à cela, ou avec cela. Il cherche un cheval de carrosse qui puisse assortir à ceux qu’il a.

ASSORTI, IE. part. ☞ il a les significations du verbe. Meubles assortis. Couleurs assorties. Marchand bien assorti.

Tous ces mots viennent du latin, sors, sort, condition, fortune.

ASSORTISSANT, ANTE. adj. Qui convient, qui assortit bien. Une couleur assortissante à une autre.

ASSOTER. v. a. Rendre sot, gouverner quelqu’un avec empire. Infatuare. Cet homme est fort assoté de sa femme. Un amour trop violent assote les plus habiles. Ce mot est du plus bas style, & n’est même en usage qu’au participe dans le discours familier.

ASSOTÉ, ÉE. part. Rendu Sot, entêté, infatué. Infatuatus. Jamais on ne vit père plus assoté de ses enfans.

ASSOTO. Lieu situé près du village d’Offea, dans le royaume de Grenade, aux confins de celui de Murcie. On croit qu’Assoto est l’ancienne Asso, ville de l’Espagne Tarragonoise.

☞ ASSOUPIR. v. a. Causer une disposition prochaine au sommeil. Procurer un état dans lequel les actions volontaires du corps & de l’ame paroissent éteintes, & ne sont que suspendues. Sopire. Soporare. L’opium, le pavot assoupissent. Il y a des livres qui ont la propriété de l’opium, qui assoupissent.

Assoupir, signifie par extension, diminuer la violence pour un temps. Un remède capable d’assoupir les grandes douleurs.

☞ On dit du feu qui n’est pas tout-à fait éteint, qu’il n’est qu’assoupi.

Assoupir, se dit figurément pour empêcher l’éclat, le progrès, les suites des procès, des querelles, des passions. Sedare, comprimere. Cette sédition paroissoit assoupie. La guerre n’étoit pas éteinte, elle n’étoit qu’assoupie. Il avoit un procès criminel, qu’il a eu l’adresse d’assoupir. Son amour a été quelque temps assoupi, mais il s’est réveillé. On eut dit qu’ils avoient l’art d’assoupir l’ardeur naturelle des Athéniens pour la liberté. Tourreil. Assoupir une querelle.

Assoupir, est aussi réciproque. Il signifie la même chose que s’endormir. S’assoupir après le repas.

ASSOUPI, IE. part. pass. Sopitus.

ASSOUPISSANT, ANTE. adj. Qui assoupit. Soporifer. Les fumées de la bière sont encore plus assoupissantes que celles du vin.

ASSOUPISSEMENT. s. m. Terme de Médecine. Sopor. Diminution de sentiment & de mouvement dans l’animaL État de l’animal dans lequel les actions volontaires de son corps & de son ame paroissent éteintes, & ne sont que suspendues. Il est dans un grand assoupissement. L’assoupissement des nerfs est leur engourdissement.

Assoupissement, dans le sens figuré, désigne une négligence excessive, qui tient de la nonchalance & de l’indolence, pour ses devoirs, pour ses intérêts. Indolentia, stupor. Ce jeune homme ne s’occupe ni de ses devoirs, ni de ses intérêts ; il est la-dessus dans un assoupissement étrange. Sortir, revenir de son assoupissement. Il faut épouvanter le pécheur pour le réveiller de son assoupissement. P. Rap.

☞ ASSOUPLIR. v, a. Rendre souple. Flexilem reddere. Assouplir un cuir, une étoffe.

Assouplir. Terme de Manège. Flectere, inflectere, flexilem reddere. Rendre souple un cheval, lui faire plier le cou, les épaules, les côtés, & autres parties du corps à force de le manier, de le faire trotter & galoper. La rêne de dedans du cavesson attachée courte au pommeau est très-utile pour assouplir les épaules au cheval. Newc. Il faut aider de la rêne de dehors pour assouplir les épaules. Id. Ce pli lui assouplit extrêmement le cou. Id. Assouplir & rendre léger est le fondement de toutes choses au manège.

Assouplir, se dit aussi au figuré. Assouplir le caractère de quelqu’un. Acad. Fr. Je ne crois pas ce mot fort en usage, au moins dans le style noble.

ASSOUPLI, IE. part.

ASSOURDIR. v. a. Rendre sourd. Exsurdare. On dit que le bruit des cataractes du Nil assourdit les peuples des environs. Le bruit du canon assourdit.

Assourdir. Terme de Peinture. C’est diminuer la lumière & les détails dans les demi teintes. Acad. Fr.

☞ Chez les Graveurs, assourdir les reflets, se dit dans le même sens, leur ôter le transparent qui le feroit confondre avec les parties qui sont dans les lumières. Assourdir une taille, un trait, les adoucir les rendre moins durs.

ASSOURDI, IE. part. Exsurdatus.

ASSOUROU. s. m. Nom que les Indiens donnent au bois qui est connu en Europe, tous le nom de bois d’Inde.

ASSOUVAGER. v. a. Vieux mot. Soulager, appaiser. On a du aussi assoager.

ASSOUVER. v. n. Terme de Coutume. On dit qu’un étang assouve, lorsqu’il s’empoissonne de lui-même, lorsqu’il produit de lui-même du poisson, ce qui arrive quand une rivière y passe.

☞ ASSOUVIR. v. a. Rassasier pleinement, appaiser une faim vorace. Explere, satiare, exsatiare. Il est si affamé, qu’on ne sauroit l’assouvir. Rien ne peut assouvir sa voracité. Assouvir de pain, de viandes. Une bête féroce s’assouvit de carnage.

Ce mot vient d’adsopire, selon M. Huet.

Assouvir, se dit figurément, pour dire, satisfaire une passion violente. Assouvir sa colère, sa vengeance. L’ambition croît toujours, & n’est jamais assouvie. L’ambition insatiable qui dévore Philippe, ne peut s’assouvir. Tour. L’inquisition va tirer les cadavres de leur tombeau pour assouvir sur ces tristes restes les fureurs de son zèle. Hist. de l’Inq. ☞ Il a un desir de la gloire qu’il ne peut assouvir.

ASSOUVI, IE. part. Expletus, satiatus, exsatiatus.

☞ ASSOUVISSEMENT. s. m. Expletio, explementum. On ne dit point au propre l’assouvissement de la faim. Au figuré, il désigne l’état de ce qui est assouvi, & l’action d’assouvir sa passion. L’assouvissement de ses désirs. Il ne songe qu’à l’assouvissement de sa passion.

☞ ASSUJETTIR. v. a. Soumettre, ranger sous sa domination, obliger à certains devoirs. Subjicere, sub potestatem redigere. Les Romains ont assujetti la plus grande partie du monde.

☞ On dit au figuré, assujettir ses passions, les soumettre à la raison.

Assujettir, signifie aussi, astreindre à quelque chose. Les règles de l’art assujettissent l’ouvrier. J’ai trouvé dans ce bâtiment un pavillon de fait, qui m’assujetit à en faire un pareil. Acad. Fr.

Assujettir, se dit aussi au figuré pour vaincre par la force de ses charmes. Ses yeux ont assujetti mille cœurs. Voit.

Assujettir en méchanique. C’est arrêter une chose de façon qu’elle soit stable & sans mouvement.

☞ On dit dans ce sens en marine, assujettir un mât.

Assujettir, se dit aussi en Morale, des lois, des conditions, des conjonctures, qui obligent à faire quelque chose par quelque espèce de contrainte, Il est souvent employé avec le pronom personnel. Subjicere se. Il faut s’assujettir aux lois, aux coutumes & aux modes. Il faut s’assujettir aux règles, & aux principes des arts & des sciences. Quand on veut bâtir ou fortifier une place, il ta ut s’assujettir au terrain. En s’assujettissant au jugement incertain des hommes, on devient l’esclave de ceux-mêmes au-dessus de qui on veut s’élever. Fléch. Dieu a tellement assujetti l’esprit au corps, que l’esprit n’est occupé que des besoins & des infirmités du corps. Malb. Il faut s’assujettir à certaines bienséances, il l’on veut être au goût du monde. La religion contraint, & ne nous assujettit pas assez ; nous sommes plus inquiets que persuadés. S. Evr.

Assujettir. Terme de Manége. Assujettir la croupe du cheval, & lui élargir le devant. Avec la rêne de dedans & la jambe de dehors, on assujettit la troupe, & la jambe intérieure de derrière à l’extérieure de derrière, étrécit le cheval, l’élargit par-devant. Newc.

ASSUJETTI, IE. part. Subjectus.

ASSUJETTISSANT, ANTE. adj. v. Qui astreint, qui rend extrêmement sujet. C’est un métier bien assujettissant. Acad. Fr.

ASSUJETTISSEMENT. s. m. Contrainte, obligation de faire certaines choses, sujétion. Servitus. C’est une discipline qui a ses assujettissemens. Ablanc. Cette charge est belle, mais elle demande un trop grand assujettissement. En Hollande les maris payent la fidélité de leurs femmes par un grand assujettissement. B. Rab. Une chose qui découvre bien la petitesse de notre esprit, c’est l’assujetissement aux modes. Bell.

Assujettissement. Au figuré. Comme il n’est rien de plus héroïque, ni de plus grand devant Dieu, qu’un entier assujettissement de la volonté, aussi n’est il rien communément de plus rare. Bourdal. Exh. T, 1, p. 285.

ASSUR. Assur. Ce mot, qui est hébreu, & signifie heureux, se prend en trois significations différentes dans l’Ecriture. 1°. C’est le nom propre d’un des fils de Sem. Les enfans de Sem sont Ælam & Assur, & Arphaxad, & Lud, & Aram, Genes. X, 22. Cet Assur fut le fondateur de la Monarchie des Assyriens, Gen, X, 11. Cependant, selon bien des Auteurs, il y a deux Assurs ; l’un fils de Sem, comme nous venons de le dire, & l’autre fils de Nembrod, & le même que le Ninus des Historiens profanes. C’est celui-ci, selon ces mêmes auteurs, qui fut le fondateur de la Monarchie Assyrienne. L’écriture ne distingue point ainsi deux Assurs, & je ne crois pas qu’il soit à propos de le faire. 2°. Assur se prend pour les Assyriens, qui sont la postérité d’Assur, suivant cet hébraïsme si commun d’appeler les descendans du nom de leur père. Malheur à Assur. Celui qui est la verge & le bâton de ma fureur… Mais Assur n’aura pas ce sentiment. Saci. Isaïe X, 5, 7. 3°. Assur signifia le pays qu’habitoient les Assyriens, l’Assyrie. Leur Dieu a été porté en Assur. Osée X, 6, c’est-à-dire, en Assyrie, comme ont traduit les Genevois, Chateillon, Deodati, Saci, &c. Car l’Assyrie vous doit prendre un jour. Saci. Nomb. XXIV, 22. Les Assyriens eut été aussi-bien en cet endroit. Voyez Assyrie & Assyrien.

ASSURANCE. s. f. Sûreté qu’on donne, nantissement. Cautio, pignus. Quand on prête son argent on veut avoir ses assurances, des cautions, des hypothèques, des gages. Je lui ai prêté sur sa bonne foi, je n’en ai point la moindre assurance. Il me faut de votre cœur une pleine assurance, Mol. Pour dire, il me faut des gages, des suretés de votre amour, de votre fidélité.

Assurance, ou Police d’assurance. Terme de Commerce. Est un contrat par lequel un particulier s’oblige de réparer les pertes & dommages qui arriveront pendant un voyage, soit par naufrage, ou tempête ; soit par pillage, ou par guerre, ou par le feu ; soit par cas fortuit, à un vaisseau, ou à son chargement, moyennant certaine somme qui lui est payée par le propriétaire par avance, laquelle somme on appelle Prime. Ce contrat doit être passé par devant le Greffier de la communauté des marchands. Il peut aussi être fait sous signature privée. Il se fait aussi des assurances pour des marchandises transportées par terre. Quand les assurances sont frustratoires, l’assuré doit payer demi pour cent à ses assureurs ; & au contraire quand elles ont lieu, l’assuré doit toujours courir le risque du dixième de la cargaison, pour lequel il doit contribuer à toutes les avaries. Il y a des assurances qui se font sur la marchandise ; d’autres sur le corps & quille du vaisseau, ses agrès, apparaux, victuailles, &c. Les unes ne se font que pour l’envoi, & les autres que pour le retour. On peut faire assurer la liberté, non pas la vie des personnes : on peut pourtant assurer contre tout accident, excepté la mort naturelle. Par l’ordonnance de la Marine de l’année 1681, il est défendu de faire assurer le profit espéré sur les marchandises chargées dans le vaisseau, & de faire assurer au-delà de la valeur des marchandises. L’assurance n’a point de temps limité, & celle qui se fait par mois est usuraire : aussi est-ce une invention des Juifs inconnue aux Anciens. Ils s’en servirent lorsqu’ils furent chassés de France sous Philippe Auguste & Philippe le Long, comme témoigne Jean Villani en son Histoire Universelle. La chambre d’assurance est une chambre, ou assemblée de ces marchands qui se rendent garants des fortunes de mer. Il y en a une établie à Paris.

Coup d’Assurance en marine. Pavillon d’assurance. ☞ Coup d’assurance est un coup de canon que l’on tire lorsqu’on a arboré son pavillon, pour assurer le vaisseau ou le port devant lequel on se présente, que l’on est véritablement de la nation dont on porte le pavillon.

Assurance, se dit aussi des choses qu’on donne pour certaines, & dont on répond. Explorata rei cognitio, notatio. Vous pouvez dire cette nouvelle en assurance, je la tiens de bon lieu. Croyez cela en assurance, & sur ma parole. Mangez cela en assurance, je vous dis qu’il est bon.

Assurance, se dit aussi pour sureté, lieu où l’on est hors de danger. Securitas. Si les légions d’Afrique viennent nous vous mettrons en assurance de ce côté-là. Il les obligea de se retirer dans un lieu d’assurance. Les mieux montés allèrent assez vite pour atteindre la basterne, qu’ils invertirent, mais il n’y trouvèrent plus Clotilde, & ils apprirent qu’elle étoit déjà en lieu d’assurance. P. Dan.

Assurance, signifie aussi, hardiesse, fermeté. Fidentia, fiducia. Un orateur doit parler avec assurance. L’intrépidité d’un chef donne de l’assurance à ses troupes. Personne n’avoit l’assurance de l’approcher. Vaug.

Assurance, signifie encore, confiance. Il faut mettre toute son assurance en Dieu, Toutes les sectes du christianisme vivent avec une assurance si parfaite, qu’il est nécessaire d’en examiner les fondemens, afin de distinguer l’assurance solide que la vérité produit, de la confiance téméraire qui naît de l’erreur. Nicol. Bien des gens s’inscrivent eux-mêmes sur le livre de vie, & se reposent tranquillement sur cette fausse assurance.

Assurance, est aussi un terme de Vannier, qui veut dire l’osier qui est sous l’osier tort qui fait l’anse du panier. Firmamentum.

Assurance, se dit aussi en termes de Chasse, dans cette phrase, aller d’assurance ; pour dire, que la bête va au pas & sans crainte. Fidenter.

Assurance, se dit en Fauconnerie d’un oiseau bien assuré qui est hors de filière, c’est-à-dire, qui n’est plus attaché par le pied. Il y a deux sortes d’assurance ; savoir, à la chambre & au jardin ; le jardin est dit pour les champs.

Assurance, est aussi un terme d’Astronomie. On appelle l’alhidade de l’astrolabe, la ligne d’assurance.

Assurance, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu’un homme a l’assurance d’un meurtrier, quand il soutient impudemment une chose fausse. On dit aussi, qu’on a mis quelqu’un en lieu d’assurance, quand on l’a mis en prison.

ASSURE. s. f. Terme de fabrique de tapisserie de haute-lisse. C’est le fil d’or, d’argent, de soie, ou de laine, dont on couvre la chaîne de la tapisserie. C’est ce qu’on appelle Trame dans les manufactures d’étoffes & de toiles. Les Flamands les nomment Instuch.

ASSURÉ. s. m. C’est le propriétaire du vaisseau, ou du chargement qui est assuré par l’assureur. Vadatus. Si l’assuré, sans le consentement des assureurs fait changer de route au vaisseau, les assureurs sont déchargés des risques. Ordonnance de 1681.

ASSURÉMENT. adv. Sans doute, d’une manière sure & certaine. Certò. Cela est assurément comme je vous le dis. Oui assurément.

ASSUREMENT, ou ASSEUREMENT. s. m. Assurance. Fides. Donner assûrement, fidem dare. Voyez Asseurement. C’est un vieux mot qui se disoit pour assurance. S’il y arrivoit quelque démêlé entre le gentil’homme & le roturier, celui-ci requéroit assurement, qu’on ne pouvoit lui refuser, & alors la chose se vidoit par les voies ordinaires de la justice. P. Dan. dans Louis IX, T. II, p. 160. Il y avoit une troisième manière de finir la guerre, qui étoit par l’assurement, ce qui se faisoit de la sorte:une des parties qui se sentoit, par exemple, trop foible pour soutenir la guerre, s’adressoit à son Seigneur, ou à sa Justice, & requéroit que celui avec qui il étoit en guerre, eût à lui donner assurement, c’est-à-dire, assurance, qu’il ne l’attaqueroit ni en sa personne, ni en ses biens, ni en ses proches, se remettant pour le sujet de la guerre, à ce que la Justice de son Seigneur en décideroit. Le Seigneur étoit obligé de déférer à sa requête, & d’ordonner à la partie de donner assurement. L’assurement se demandoit au plus proche parent du mort, s’il y avoit eu meurtre. S’il n’y avoit que quelque blessure, ou des coups donnés, on le demandoit à celui-même qui avoit été blessé ou frappé. Que s’il s’absentoit exprès pour ne le pas donner, le Seigneur le faisoit citer à quinzaine, & cependant donnoit des gardes pour empêcher qu’on ne fit du mal au requérant. Que si après quelques citations & quelques délais de quinzaine, celui à qui on demandoit l’assurement ne vouloit pas comparoître à la cour de son Seigneur, il étoit condamné au bannissement, & alors on s’adressoit au plus proche parent ; que si celui-ci refusoit encore, le Seigneur faisoit défense aux uns & aux autres de se faire injure, à peine de confiscation de corps & de biens. L’assurement étoit une dépendance de la haute-Justice, & le bas-Justicier n’avoit pas le droit de l’exiger. Après l’assurement donné, s’il arrivoit quelque nouveau sujet de querelle entre les parties, il ne leur étoit pas permis d’entrer en guerre pour cela même; mais ils étoient obligés de se pourvoir par voie de justice. Id. au même endroit, p. 162 & 163.

ASSURER. v. a. Rendre ferme, appuyer, étayer. Firmare, stabilire. On assure cette voûte par de bons arc-boutans. Il faut bien assurer ce vase, le poser de manière qu’il ne puisse tomber.

Assurer, se dit aussi en Morale. Faire qu’une chose ne périclite point. Securum facere, securitatem præstare. On demande des contrats, des hypothèques, des cautions, des gages, pour assurer une dette ; des places de sureté pour assurer une paix. Un bon capitaine fait bien assurer sa marche, sa retraite. S’assurer la couronne. Vaug. C’est un débiteur ruiné qui ne cherche qu’à s’assurer du pain. L’Amiral s’assura les vaisseaux, ayant gagné un port, une sûre rade. On dit aussi, qu’un capitaine a assuré un pays au Roi, quand il en a chassé les ennemis ; une ville rebelle, quand il en a chassé les mutins. On dit, qu’on a assuré les chemins ; pour dire, qu’on les a rendus sûrs en écartant les voleurs, & tout ce qui empêchoit de voyager en assurance.

Assurer, signifie aussi se servir d’un ton de voix ou d’une certaine manière de dire les choses, propre à les faire croire. Affirmare. Asserere. Asseverare.

☞ On emploie le serment pour affirmer, & on a recours à une nouvelle preuve ou au témoignage d’autrui pour confirmer ce qu’on dit.

☞ Les demi-Savans, les pédans & les petits-maîtres assurent tout ; ils ne parlent que par décision ; les menteurs se font une habitude de tout affirmer, les sermens ne leur coûtent rien ; les gens impolis veulent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce que des personnes fort au dessus d’eux disent en leur présence. M. l’Abbé Girard. Syn.

☞ On dit s’assurer d’une chose, pour s’en rendre sûr, en être certain. Tutum feac securum præstare. La nature a tant d’adresse pour se dérober à nous, qu’il ne faut pas s’assûrer avec trop de précipitation d’avoir bien deviné sa manière d’agir. Font. Quelquefois le mot de s’assurer n’emporte pas une pleine certitude, mais seulement une forte conjecture que la chose est comme on l’a dit, & cela dépend de la place où on le met. Suspicari. C’est, je m’assure, un tel qui vient à nous, je le soupçonne. Cette façon de parler est tout-au-plus du style familier.

On dit aussi, s’assurer de quelqu’un, pour s’en rendre aussi sûr que si l’on en étoit le maître. Securum se præstare. Assurez-vous d’un homme pour vous conduire. Je suis assuré de lui comme je le puis être de moi même. On dit encore s’assurer d’une maison, d’un cheval, d’une voiture, d’un habit ; pour dire, l’arrêter, le retenir, le louer, & donner des gages ou le denier-à-Dieu. Conducere. Assurons-nous en premier lieu de cet avantage, d’avoir pour nous les paroles de l’Ecriture à la lettre, que les Calvinistes n’ont pas. Pelisson. S’assurer des passages ; pour dire, s’en rendre le maître. Occupare actitus. ☞ On dit aussi s’assurer de la personne de quelqu’un. C’est-à-dire la mettre en lieu de sureté, la mettre en prison. Comprehendere aliquem. Dare aliquem in custodiam.

Assurer, est aussi, en termes de Marine, un contrat qui se fait entre Marchands, qui moyennant certaine somme répondent des vaisseaux, des marchandises que les autres exposent sur la mer. Voy. Assurance.

Assurer la hauteur. Cela se dit par quelques pilotes, qui donnent beaucoup d’horizon à l’arbalétrille, afin d’attendre monter le soleil, & de mieux l’observer dans le temps qu’il commence à baisser.

Assurer son pavillon, c’est tirer un coup de canon en arborant le pavillon de sa nation.

Assurer le grain. Terme de Corroyeur. C’est donner au cuir la dernière façon qui forme entièrement ce grain, qu’on voit du côté de la fleur dans les vaches & veaux à chair grasse, ou blanche, & dans les cuirs de couleur. Quand le grain est assûré, il ne reste plus qu’à donner le dernier lustre au cuir.

Assurer une couleur. Terme de Teinture. C’est la rendre plus fine, moins capable de s’évaporer, & de changer.

On dit en termes de Vénerie, assurer un faucon, ou un autre oiseau ; pour dire, l’apprivoiser, & empêcher qu’il ne s’effraie par la vue des gens. Cicurare. Ce qu’on fait en l’éveillant, en le baignant, & par toutes les manières qui lui donnent de l’assurance & du courage.

Assurer la bouche d’un cheval ; c’est en termes de Manége, accoutumer un cheval à souffrir le mors. Equi os fingere.

☞ ASSURÉ, ÉE. part. pass. & adj. Qui est stable, qui ne chancelle pas. Firmus. Cette table est mal assurée.

Assuré, se dit en morale & signifie solide. Certus Ce mot dans ce sens à un rapport particulier à la durée des choses. Dans tous les bons gouvernemens les fortunes sont assurées, lorsqu’elles sont légitimes. La faveur des Princes ne fut jamais un bien assuré. M. l’Abbé Girard. Syn.

Assuré, signifie aussi vrai, dont on ne peut pas douter. Dans cette signification il a du rapport au témoignage des hommes. Les événemens ne peuvent être mieux assurés que par l’attestation des témoins oculaires, ou par l’uniformité des relations. M. l’Abbé Girard. Syn.

☞ M. Corneille dans Pompée a dit nouvelle assurée. On apprend des nouvelles sûres. On dit bien cette nouvelle m’a été assurée par tels & tels : mais on ne dit point une nouvelle assurée.

Assuré, signifie encore qui a des raisons pour être persuadé d’une chose. On est assuré d’un fait ou d’un trait d’Histoire. M. l’Abbé Girard. Syn. Assuré dans cette signification a encore du rapport au témoignage des hommes.

Assuré, signifie encore hardi, qui n’a point de crainte. Audax. Contenance assurée, mine assurée, regards assurés. Il se prend quelquefois en mauvaise part, & alors il se met ordinairement devant le substantif. Un assuré menteur. Un assuré voleur. Ac. Fr.

Assuré, ée. On dit en termes de Teinturier, une couleur assurée ; c’est celle qui n’est point sujett à devenir changeante, & dans laquelle on n’a rien omis de ce qui peut contribuer à la rendre parfaite.

Assuré, se dit en termes de Manége, pour accoutumé. Fictus, eruditus, exercitus. Mon cheval a la bouche assurée. Les mulets sont si assurés des pieds, qu’ils sont la meilleure monture qu’on puisse avoir dans des chemins pierreux & raboteux. Newc.

Assuré. Ce mot, en termes de Marine, signifie, garanti, rendu sûr contre toutes sortes d’accidens. Vadatus. Mon vaisseau est assuré. Toutes nos marchandises sont assurées.

ASSURETTE. s. f. Terme de commerce de mer usité dans le Levant. C’est la même chose qu’assurance.

ASSUREUR. s. m. Ne se dit que des Marchands qui assûrent les vaisseaux sur mer, ou leur chargement, & qui en répondent. Sponsor. Les assureurs ne portent point les dommages arrivés par la faute du maître, ou des matelots, ni les pertes qui viennent du vice propre de la chose. Voyez l’Ordonnance de la Marine de 1681.

Dans presque tous ces mots françois écrits par deux SS, on n’en prononce qu’un ; l’autre ne sert qu’à montrer l’origine des mots, & empêcher qu’on ne prononce comme s’il y avoit un Z ; ce qu’il faudroit faire s’il n’y avoit qu’un S, parce qu’il seroit entre deux voyelles.

ASSUS, ASSO. Ville maritime de l’Asie mineure. Assus. Elle étoit sur les confins de la Troade & de la Mysie vis-à-vis de l’île de Lesbos. S. Jérôme dit qu’elle fut aussi nommée Apollonie. Elle fut le siége d’un Evêque suffragant d’Ephèse. Elle se nomme encore aujourd’hui Asso. Les Traducteurs de Mons & le P. Bouhours, Act. XX, 13, 14, disent Asson. Pour nous, nous montâmes sur un vaisseau, & nous allâmes jusqu’à Asson, où nous devions reprendre Paul… Lors donc qu’il nous eut rejoint à Asson, nous allâmes tous ensemble à Mitylène. Mons. Nous autres, nous étant embarqués nous fîmes voile vers Asson, où nous devions prendre Paul… Or, quand il nous eut joint à Asson, nous le prîmes, & nous allâmes à Mitylène. Bouhours. C’est qu’ils ont lu dans la Vulgate navigavimus in Asson : cùm autem convenisset nos in Asson, & qu’ils ont cru que c’étoit un neutre. Cependant la construction devoit les faire douter ; & ils devoient voir que l’accusatif Asson pouvoit aussi-bien venir d’Assos, ou Assus, que de Asson. Etienne de Bysance eût levé leur doute : ils y eussent vu Ἄσσις. Le même Auteur, & sans aller si loin, le texte grec des Actes des Apôtres leur eût appris, qu’Asson étoit féminin, εἰς τὴν Ἄσσον, & qu’ainsi le nominatif étoit Ἄσσος, Assus. Il est vrai néanmoins que Ptolomée l’appelle Ἄσσον ; mais il est le seul, & ce pourroit être une faute de copiste.

ASSUTINAT. s. m. Sorte de graine d’une qualité très-chaude, dont on fait un assez grand usage en plusieurs endroits des Indes Orientales, soit dans l’apprêt de certains ragoûts du pays, soit dans la Médecine. Elle se tire de Surate.

ASSYRIE. Assyria Ancienne contrée d’Asie. L’Assyrie étoit bornée au nord par la grande Arménie, qui la bordoit aussi au couchant ; elle avoit la Suziane & une partie de la Babylonie au midi, & au couchant la Mésopotamie, dont le Tygre la séparoit. Maty. Voyez Ptolomée. Pline, Liv. V. chap. 12. dit qu’elle faisoit partie de la Syrie, & que dans la suite elle fut appelée Adiabène. Strabon comprend dans l’Assyrie la Babylonie, & tous les pays d’alentour ; c’est-à-dire, qu’il a pris l’empire d’Assyrie pour l’Assyrie propre. Denys le Géographe, v. 769 & suiv. & 971. appelle Assyrie les environs du Thermodoon, ou la Cappadoce, aussi bien qu’Apollonius, Liv. III des Argonautes ; & Justin ou Trogue Pompée dit, après Hérodote, que les Assyriens sont ceux qui dans la suite ont été appelés Syriens. Tout cela dans le même sens ; c’est-à-dire, qu’ils ont pris tout l’empire des Assyriens pour l’Assyrie. La capitale de l’Assyrie étoit Ninive. L’Assyrie est maintenant partagée entre les Turcs & les Perses. La partie qui obéit au Grand-Seigneur, & qui est la moindre, retient encore aujourd’hui le nom d’Assyrie, ou d’Arzerum, qui en a été fait par corruption.

ASSYRIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. Qui est d’Assyrie. Qui appartient à l’Assyrie. L’empire des Assyriens est le premier empire du monde, ou du moins un des premiers. Il dura 1300 ans jusqu’à Sardanapale, qui en fut le dernier Empereur. Assur fut le premier, ou selon d’autres Nemrod fils de Chus. Dans les Auteurs anciens, les Phéniciens & les Syriens sont très-souvent appelés Assyriens, & cela, ou par erreur, & parce qu’ils ont confondu, comme j’ai déjà dit, l’empire d’Assyrie avec l’Assyrie, ou parce que la Syrie ayant pris ce nom du nom phénicien de la ville de Tyr, qui est צור, Tsur, ou Sur, d’où elle a été nommée Syria, & Suria ; les Syriens ont été appelés צוריים, Syrim, d’où s’est fait Syrii, & avec l’article הצוריים Hyssurim, ou Hyssuriim, d’où s’est pu faire Assyrii, qui est le même nom, quant au son, que celui des Assyriens, quoique fort différent d’origine & de sens, comme on le verra tout-à-l’heure. Ainsi la pourpre Assyrienne, la couleur, la laine Assyrienne dans les Poëtes, est la même chose que la pourpre, la couleur, ou la laine tyriennenne, ou syrienne.

Ces noms Assyrie & Assyrien, pris dans leur signification propre & particulière, sont hébreux, & viennent de אשור, Assur, nom de celui qui fut le fondateur de l’empire d’Assyrie, qui donna son nom à ses descendans les Assyriens, & au pays qu’ils habitèrent, & qui l’un & l’autre ; c’est-à-dire, tant le peuple que le pays, sont appelés dans l’Ecriture אצור, Assur, du nom de ce Patriarche, qui signifie en hébreu, ou, Incessus, gressus, ou felix, beatus ; c’est-à-dire, marche, démarche, ou heureux. Les Grecs même appelèrent d’abord & dans les premiers temps les Assyriens, Ἄσσυρες, & non pas Ἀσσύριοι. Eratosthène en fait foi, au rapport d’Eustathius sur Denys le Géographe, p. 116 de l’édition d’Étienne, & il ajoute que ce mot Ἄσσυρες, venait d’Ἄσσυρ, Assur.

AST.

AST, ou ASTE, ou ASTI. Asta, Aste, Asta Pompeïa. Petite ville d’Italie, dans la Ligurie, sur le Thénaro, à cinq lieues de Turin au Levant. Elle a un évêché suffragant de Milan. De Valentine de Milan & de Louis d’Orléans naquit Charles Duc d’Orléans & Seigneur d’Ast, lequel fit battre monnoie dans cette dernière ville, & qui après la mort de Philippe Marie, dernier Duc de Milan de la maison de Visconti, arrivée l’an 1448, prit le titre & les armes de Duc de Milan, ainsi que le font voir des écus blancs, & des blancs fabriqués à Ast, dont saint Second étoit le patron, comme le prouve la légende qui est du côté de la croix, Aste nitet mundo, sancto custode Secundo. Il y a aussi des monnoies de Louis son fils happées à Ast. Le Blanc.

Ast. Asta. Rivière des Asturies, en Espagne, que quelques Géographes prennent pour la Stura des Anciens, que d’autres croient être le Tuerto. Maty.

C’est aussi le nom d’une ancienne ville des Turdétans dans la Bétique, dont on ne voit plus que de vastes ruines dans l’Andalousie sur la rivière de Guadalette, entre Arcos & Xérez.

Bochart, Chanaan, Liv. I, c. 34, prétend que ce mot est phénicien, & qu’il vient de אשדה, Asda, qui signifie effusio. Et en effet, Strabon & Ptolomée disent que proche d’Aste, erat effusio & æstuarium.

☞ ASTA. Ville des Indes, au royaume de Visapour, sur la grande route de Visapour à Daboul, entre les villes de Balouva & de Graen.

ASTABAT. Ville de Turcomanie, en Asie. Astabatum. Elle est à une lieue de l’Araxe, aux confins des états de Perse. C’est dans le territoire d’Astabat que croit le Ronas, qui donne la belle couleur rouge que l’on voit aux toiles des Indes.

☞ ASTACHAR. Ville d’Asie, dans la Perse, proche de Persepolis, quelques-uns la nomment Istachar.

☞ ASTAGOA. Ville d’Afrique, au Mono-Emugi, vers les confins du Zanguebar, sur la rivière des bons Signes.

ASTALARAGA. s. m. Terme de Relation. C’est le titre d’un des quatre eunuques blancs qui sont dans l’appartement du sérail où est le Grand-Seigneur, avec les Ichoglons. Il a le soin de ceux qui tombent malades, & commande à tous les Officiers qui sont destinés pour les secourir & pour les assister. Il est après le Serajagaci : il porte le turban, & se promène dans le Sérail à toute heure, de même que les autres principaux eunuques blancs. A. D. S. M.

☞ ASTARAC ou ASTERAC, petit pays de France, dans le bas Armagnac, avec titre de comté, au nord du pays de Comminge.

ASTAROTH, ou ASTHORETH. s. f. Astaroth. C’est le nom d’une idole des Sidoniens, IV. Reg. XXIII. 13. Ramoth, que Salomon Roi d’Israël bâtir à Astaroth, idole des Sidoniens. C’étoit aussi une déesse des Philistins, selon Josephe, Ant. Liv. VI, ch. 14. Il est des Auteurs qui croient que c’étoit la déesse du ciel, Uranie. Ils ajoutent qu’elle fut encore honorée des Païens sous différens noms, comme Ammonia, Ἀστρίαρχα, ou Reine des Planètes. D’autres disent que c’est Junon. עשתר, & עשתרה, Astar, & Astera, signifie en hébreu un troupeau, & il se dit des brebis. C’est de-là, selon Kimhhi, que vient le nom de cette déesse, & il lui fut donné, parce que ses images avoient la figure d’une brebis. D’autres présentent qu’il lui fut donné, parce qu’elle étoit la déesse des pasteurs & des brebis. Scaliger croit, dans les Conjectanea, qu’elle fut ainsi nommée à cause de la multitude de victimes qu’on lui immoloit. Philastrius a inventé un Astar, qu’il fait Roi des Syriens, ou des Egyptiens, & il leur donne pour Reine Astaroth. Jean Selden, dans son livre des Dieux Syriens, Syntagm. II, c. 2, p. 232 & suiv. prétend que le mot Astaroth a été fait de celui de עשרה, qui signifie bois, & que les Septante traduisent ἄλσος, & la Vulgate lucus, & qui sont, selon les interprètes, de petits bois ou des bosquets dans lesquels on mettoit des idoles, & où on les adoroit. Il veut, lui, que dans les endroits où l’on donne ce sens, il faille entreprendre par עשרה, non pas un bosquet, mais une statue de bois. Il tâche de le prouver par quelques endroits de l’Ecriture, & sur tout, IV. Reg. XXI. 7, où il est dit que Manassé mit dans le temple Phesel Haasera, une statue de bois, & Jud. VI, 25, 28 où il est dit que Gédéon abattit l’autel de Baal, & qu’il coupa osera, le bois qui étoit dessus, c’est-à-dire, selon Selden, la statue de bois qui étoit sur cet autel, & que cette déesse fut ainsi appelée de ses statues, qui étoient de bois. Mais ce sentiment n’est pas probable ; & il est trop contraire à nos anciens Traducteurs grecs & latins. Car ἄλση, & luci, nemus, ne sont point assurément des statues de bois, mais des bois, des plants d’arbres, des bosquets. Dans le premier endroit de l’Ecriture, Selden convient lui-même qu’on peut entendre la statue du bois, c’est-à dire, que Manassé mit dans le temple une statue, ou idole, qui étoit auparavant dans un bois, ou une statue des bois, c’est-à-dire, semblable à celle que l’on mettoit dans les bois. Pour l’autre endroit, le mot de succidit, il coupa, montre qu’il s’agit d’un bosquet, & non pas d’une statue, & l’Ecriture ne dit pas qu’il fût sur l’autel, comme traduit Selden, mais qu’il étoit autour de l’autel, comme ont interprété les Septante & la Vulgate. De plus, pourquoi Astaroth eût-elle été appelée de ce nom plutôt qu’une autre Divinité ? Etoit-elle la seule dont les statues fussent de bois ? Baal ou Belus, n’en avoit-il pas aussi de bois ? C’est de lui dont il s’agit, dans le second endroit de l’Ecriture dont je viens de parler, Jud. VI. 25. En hébreu, Astoreth est le singulier, & Astaroth le pluriel, comme Baal & Baalim. Si vous revenez au Seigneur de tout votre cœur, ôtez du milieu de vos Dieux étrangers Baal & Astaroth. Saci. Il y a Baalim dans l’hébreu. Les Septante traduisent Ἀστάρτη, & au pluriel Ἀστάρται ; mais la Vulgate traduit Astarte, & Astaroth. Voyez Astarte, & Godwin dans Moyses and. Aaron, Lib. IV, c. 6. & Selden que j’ai cité.

Astaroth, se prend quelquefois pour le nom d’un Démon.

C’est donc bien vainement que nos Auteurs deçus,
Bannissant de leurs vers ces ornemens reçus,
Pensant faire agir Dieu, ses Saints & ses Prophètes,
Comme ces Dieux éclos du cerveau des Poëtes,
Mettent à chaque pas le lecteur en enfer,

N’offrent rien qu’Astaroth, Belsebuth, Lucifer.
Boil.

Astaroth. Astaroth. C’est encore le nom d’une ville du royaume de Basan, qui s’appela aussi Bosram, & étoit à l’orient du Jourdain, dans la demi-Tribu de Manassé, qui s’établit de ce côté-là. Ce fut une ville de refuge & lévitique.

ASTAROTHITE. s. m. & f. Astarothita, Astarothites. C’est un nom que Pratéole a donné, & que l’on peut donner à son exemple, à ces Juifs impies qui adoroient l’idole Astaroth.

ASTARTE. s. f. Astarte. Ce mot est le même qu’Astaroth, dont Astarte est la forme grecque. Il n’y a pas d’apparence de tirer ce nom, avec Guichard, de סהד, rond, parce qu’elle étoit adorée sous la forme d’un Astre, au rapport de Giraldus. C’étoit aussi la même Déesse, aussi-bien que Atergaris & Desceto, qui, selon Selden, sont tous des corruptions du même mot Astaroth, & des noms de la même Divinité. Cicéron croit que l’Astarte des Phéniciens est une des quatre Vénus. Suidas est dans la même opinion. M. Beger, aussi-bien que Bochart, remarque après Pausanias, que c’étoit Vénus armée, ou Vénus déesse de la guerre ; car Pausanias dit que les Cythéréens qui l’adoroient sous cette figure, & sous ce nom, l’avaient appris des Phéniciens. Lucain croit que c’est la lune. S. Augustin, L. VII. Locut. C. 16, assure que les Carthaginois appeloient Junon, Astarte. Bochart croit que S. Augustin parloit suivant l’opinion des Romains, qui se trouve dans Horace, L. II. Od. 1. Virg. Enéid. L. I. v. 15. Tertull. Apol. C. 25. S. Cyprien, De idol. vanit. Solin, C. 20 ou 27. Il y a sur des médailles de Bérite & de Césarée une figure de femme demi-nue, ou ayant une robe retroussée, la tête couronnée de tours, s’appuyant d’une main sur un bâton croisé par en haut, tenant quelquefois une corne d’abondance, & quelquefois étant dans un temple, & ayant devant elle sur une colonne une victoire qui la couronne. Les Antiquaires la prennent pour une Astarte. Il y a une médaille d’Elagabale frappée à Sidon, au revers de laquelle il y a un char couvert, & dont la couverture ou l’impériale est soutenue de quatre colonnes ; il y a dessus quatre branches de laurier. Dans le char est une figure assise, qui tient devant soi un bouclier qui la couvre toute depuis le menton jusqu’aux genoux. M. Beger, T. II, p. 711, prétend que c’est le char d’Astarte. L’inscriprion est, Col. aur. pia. metro. & dans l’exergue, Sid.

ASTARZOF. s. m. C’est le nom d’un onguent dont on trouve la description dans Paracelse. Voyez le Dict. de James.

ASTATE. m. & f. Astatus. Nom de secte. Les Astates sont des hérétiques du commencement du neuvième siècle, sectateurs d’un certain Sergius, qui renouveloit les erreurs des Manichéens. Ils s’étendirent fort sous l’Empereur Nicéphore : son successeur, Michel Curopalates, les réprima par des lois sévères.

Ce nom astate est grec ἄστατος. Composé de l’α privatif, & du verbe ἵστημι, sto, je suis stable, je suis ferme, & signifie, qui n’est point ferme, qui n’a point de stabilité, inconstant. Au reste, je ne puis deviner sur quoi fondés quelques Dictionnaires les appellent Astathiens, & Astathyi, ni d’où peut venir cet h & cet y ; si ce n’est ignorance de la langue grecque. Baronius à l’an 812, & Sponde à l’an 810, disent très-bien Astati.

ASTCHACHILOS. s. m. Nom que Paracelse donne à un ulcère malin & sphacéleux qui commence à l’articulation du pied, & s’étend jusqu’aux genoux. Dict. de James.

ASTÈLES. s. f. Fragmens de lance : du mot latin hasta, Lance. Perceval. & de-là vient le mot de Languedoc, esteles, c’est-à-dire, coupeaux, & estela, qui signifie les petites pièces de bois dont on garnit une jambe cassée, & qu’on y attache, pour faire que les os se reprennent plus aisément, parce que cela empêche la jambe de remuer en aucune sorte. Borel. Voyez Esteles. Les Chirurgiens disent Atteles.

ASTENANCE, ou ATENANCE. s. f. Vieux mot. Sensibilité, impression, pouvoir. Poësies du Roi de Navarre.

☞ ASTERABAT, ou ASTARABAT, & ESTERABAT. Ville du Ghilan frontière de Corassane & de Tabarestan, à peu de distance de la mer Caspienne.

ASTERATICUS. Fleur appelée autrement Oculus Christi. L’Auteur du traité de la culture des fleurs écrit ailleurs, Aster Atticus en deux Mots, qui signifient, Astre de l’Attique, ou d’Athènes, ἀστὴρ en grec, Astre, & Atticus en latin, Attique, qui est de l’Attique, ou d’Athènes.

☞ Cette plante a plusieurs tiges rougeâtres, garnies de feuilles oblongues d’un vert clair. La fleur est radiée, de couleur bleue ou violette. Les sommets sont oblongs, garnis chacun d’une aigrette. Elle fleurit en automne. Il y en a plusieurs espèces. Le vrai nom est Aster, s. m.

ASTÉRIE. s. m. Sœur de Latone, fut année de Jupiter, qui prit la figure d’un aigle pour la tromper, & la rendit mère d’Hercule le Tyrien. Dans la suite ayant perdu les bonnes grâces du Dieu, & fuyant sa colère, elle fut changée en caille, & se retira dans une île de la mer Egée, à qui elle donna le nom d’Ortygie : d’ὄρτυξ, υγος, caille. C’est l’île de Délos qui fut d’abord appelée Ortygie, parce que c’est dans cette île qu’on trouva les premières cailles.

Astérie. Lapis stellaris. C’est le nom d’une cierre qu’on trouve dans le comté de Tirol & ailleurs, qu’on nomme autrement Pierre étoilée. On la met au nombre des pierres précieuses, parce qu’on en porte dans des bagues. On lui donne le nom d’Astérie, d’aster, qui signifie étoile, parce qu’il y en a où l’on voit des étoiles parfaitement bien représentées. On leur attribue plusieurs propriétés en Médecine ; mais elles n’en ont point d’autre que d’adoucir les acides, parce qu’elles font très alcalines. L’Astérie est une pierre ronde, peu dure, de couleur cendrée, distinguée par des pointes qui imitent les étoiles. On rapporte cette pierre par analogie aux petits os, ou aux vertèbres des étoiles de mer.

Astérie. Terme de Lithologie, Voyez Aventurine.

Astérie. Fausse opale, que l’on nomme autrement Girasol.

Astérie, ou Astrée. s.f. Terme de Fleuriste. Anémone blanche mêlée d’incarnat. Elle fait de grosses fleurs.

ASTÉRION & CHARA, sont des termes d’Astronomie, & signifient les noms des chiens de chasse qu’on voit sous la queue de la grande ourse. Cours de Mathématique de Wolf. T. II, p. 237.

☞ ASTÉRISANTE. (Pierre) Terme d’Histoire naturelle, par lequel on désigne une pierre sur laquelle on voit la figure d’une ou de plusieurs étoiles.

ASTÉRISME. s. m. Terme d’Astronomie. Asterismus. Constellation ; assemblage de plusieurs étoiles du firmament comprises sous une certaine figure que les Astronomes se sont imaginée. Les anciens ne comptoient que 48 Astérismes dépeints sur le globe céleste ; mais les Modernes en admettent 64, savoir, les douze signes du Zodiaque, 23 du côté du septentrion, & 29 du côté du midi, compris ceux qu’on a découverts dans le dernier siècle.

Ce mot vient du grec ἀστὴρ.

ASTÉRISQUE. s. m. Terme d’Imprimerie. Astericus. Petite note faite en forme d’étoile, qu’on met dans les livres pour servir de renvoi à la marge, pour marquer quelque commentaire, ou explication.

ASTÉROÏDE. s. f. Asteroides. Plante qui pousse une fleur radiée, dont le disque est composé d’un grand nombre de fleurons hermaphrodites, & de demi-fleurs femelles, & porté sur des embryons enfermés dans un calice écailleux. Les embryons le changent ensuite en des semences pour la plupart oblongues.

ASTÉSAN. Comitatus Astensis. Comté dont Ast est la capitale. L’Astésan est entouré du Montferrat, à la réserve du couchant où il confine avec le Piémont propre. Maty. L’Astésan étoit une dépendance du duché de Milan, mais Charles-Quint le donna à Charles III, Duc de Savoye l’an 1531.

ASTÉSAN, ANE. s. m. Qui est d’Ast ou de l’Astésan, natif ou habitant d’Ast. Astensis, e. Astésan, religieux de S. François, fut ainsi appelé parce qu’il étoit d’Ast. En latin on l’appelle Astesanus, Astensis, mettant l’un comme nom propre, et l’autre pour marquer son pays. L’Astésane, Astesana, est le nom d’un ouvrage d’Astésan. C’est une somme de cas de conscience qu’il publia en 1317.

☞ ASTÉTLAN. Province de l’Amérique septentrionale, au Méxique, ou plutôt, selon Samson, petit canton à l’orient de Cinaola, sur le golfe de Californie, faisant partie de la nouvelle Biscaye.

ASTHMATIQUE. adj. m. & f. Malade qui a un asthme, qui a la poitrine engagée, & qui respire avec peine. Asthmaticus, Anhelator.

ASTHME. s. m. ☞ Difficulté de respirer, maladie de poitrine accompagnée d’une espèce de sifflement, comme il arrive à ceux qui ont couru trop vite. Anhelatio, Asthma. Le vrai asthme s’engendre d’une abondance de sérosités, & d’humeurs grossières & visqueuses, amassées dans les cavités du poumon, lesquelles bouchent ou rétrécissent les conduits de l’air, & compriment les bronches, ou bronchies. Il y a un asthme convulsif qui vient du mouvement déréglé des esprits animaux. Cela arrive quand les esprits ne coulent pas en assez grande quantité dans les muscles de la poitrine, soit à cause d’une obstruction, soit à cause de quelqu’autre obstacle. Alors la respiration se fait avec violence, & avec difficulté. L’asthme pneumatique regarde le poumon, dont les bronches étant bouchées & comprimées, ne peuvent pas recevoir la quantité d’air nécessaire a subtiliser le sang. L’asthme est quelquefois intermittent, & il revient sur tout lorsqu’on ne garde pas un bon régime. Le peuple appelle cette maladie la courte haleine.

Asthme nocturne. Voyez Incube.

ASTHMÉ. adj. En termes de Fauconnerie, se dit d’un oiseau pantois qui a le poumon enflé, qui respire difficilement. Anxiè anhelans.

Ce mot vient du grec ἄσθμα, qui vient du verbe ἄω, spiro.

☞ ASTI. Voyez Ast.

ASTIC. s. m. Terme de Cordonnier. C’est un gros os creux, dans lequel les Cordonniers mettent du suif ou de la graisse, pour y graisser de temps en temps la pointe de leurs aleines. Os sebo insertum.

ASTINE. s. f. Vieux mot. Querelle.

Agamemnon vit la astine
Qui peut monter à grande haine.

☞ ASTINGES. Peuples inconnus qui vinrent dans la Dace offrir du secours aux Romains, si on vouloit leur donner des terres. Ils furent refusés d’abord mais Marc-Aurele leur accorda ce qu’ils demandoient, à condition qu’ils combattroient les ennemis de l’empire ; ce qu’ils exécutèrent. Dion cité par Mor.

ASTOMES. s. m. pl. Peuples fabuleux qui n’avoient point de bouche. Pline les place aux Indes, & d’autres en Afrique. On dit que ces peuples croyoient qu’il étoit honteux de montrer sa bouche, & la couvroient. De στόμα bouche. Ils étoient vers la source du Gange.

ASTOR. Voyez Autour.

ASTORGA. Ville d’Espagne. Asturica Augusta. Elle est dans le royaume de Léon, sur la rivière de Tuerto.

ASTOUR. s. m. On nomme ainsi aux Indes Orienrales, ce qu’en France on nomme escompte, & en Hollande rabat.

ASTRABAT. Voyez Asterabat.

ASTRACAN. Astracanum. Ville & royaume. La ville d’Astracan est environ à 13 lieues de la mer Caspienne vers le nord, dans une île que forme le Volga. Elle est sous le 47e degré de latitude, & sous le 48e, comme l’assure le P. Avril. Le Czar Jean Basile la conquit l’an 1554. Il en fit sortir tous les Tartares, & la peupla de Moscovites. Astracan est une ville archi-épiscopale, & considérable par le grand commerce qu’elle entretient en Moscovie, en Perse, & avec la Turquie en Asie.

Le royaume d’Astracan est une province de Moscovie depuis 1554. Il prend son nom de sa capitale. Il a au levant les Tartares Kalmukes, au couchant les Rosdori Douski, le duché de Bolgar le confine au nord, & les Tartares Circasses avec la mer Caspienne au midi. Il est presque tout habité par les Tartares Nogais, qui vivent sous des tentes, qu’ils transportent d’un lieu à un autre selon la commodité des fourrages.

ASTRAGALE. s. m. Terme d’Architedure. Astragalus. C’est un petit membre rond, dont on orne le haut & le bas des colonnes, qui est fait en forme d’anneau, ou de bracelet. Quelquefois on le taille en forme de petits grains, qui font qu’on le nomme aussi chapelet.

Ce mot vient du grec, ἀστράγαλος, qui signifie talon, & particulièrement l’os du talon des bêtes à pied fourché. On a donné aussi autrefois le nom d’Astragale à un jeu d’osselets, dans lequel on se servoit de ces os.

Astragale, en termes d’Artillerie, est une espèce d’anneau qui est sur le canon à un demi-pied près de la bouche, & qui lui sert d’ornement, comme celui des colonnes.

Astragale, en termes d’Anatomie, se dit du premier os qui compose le tarse ou la première partie du petit pied. On le nomme autrement, l’os de l’arbalète. Quelques-uns appellent aussi Astragale, les sept vertêbres du cou. Homère dans l’Odyssée s’est servi de ce mot en cette signification.

Astragale. Astragalus. Terme de Botanique. Plante à fleurs légumineuses, & qui croit aux environs de Montpellier. Sa racine est vivace, longue, branchue, douce au goût ; son écorce est épaisse, brune, son cœur ou nerf est ligneux & blanc ; son collet est divisé en plusieurs têtes, d’où naissent plusieurs feuilles composées, c’est-à-dire, formées par plusieurs petites feuilles arrondies, rangées assez près sur une côte qui leur est commune, & qui est terminée par une seule feuille. On compte jusqu’à 21 de ces petites feuilles sur une côte ; ses fleurs sont portées par des pédicules longs de deux à trois pouces. Elles sont légumineuses, le plus souvent purpurines, longues environ d’un pouce. Les gousses qui succédent à chacune de ces fleurs, sont courbées, rougeâtres, grêles, longues d’un peu plus d’un pouce, divisées dans leur longueur en deux loges remplies de semences taillées en rein : elles sont dures, petites & noires. L’os astragale qui se trouve au pied n’a guère de ressemblance avec la semence de cette plante, quoiqu’on croie communément que son nom vienne de cette prétendue ressemblance. Quelques uns croient que c’est la ressemblance de cette plante qui a donné le nom aux astragales d’Architecture.

Il y a un astragale de Canada, qui a une fleur verte tirant sur le jaune à la sommité de ses branches noueuses, d’où elles sortent en forme d’épi, & sont semblables à celles des autres astragales. Il y en a une plus ample description dans les Mémoires de l’Académie des Sciences.

☞ ASTRAGALOÏDE. s. f. Plante à fleurs papilionacées, dont le pistil devient une silique à-peu près de la figure d’un bateau, remplie de semences semblables à de petits reins.

☞ ASTRAGALOMANCIE. s. f. Espèce de sort qui se pratiquoit avec des osselets marqués des lettres de l’alphabet, qu’on jetoit au hasard ; & des lettres qui résultoient du coup, on formoit la réponse à ce qu’on cherchoit. Encyc. ἀστράγαλος, osselet, μαντεία, divination.

☞ Quand on employoit de véritables dés, on la nommoit Cubomantie. κύϐος, dé.

ASTRAL, ALE. adj. Qui appartient aux astres, qui est des astres, qui dépend des astres. Sidereus. L’an astral ou l’année astrale. L’an lunaire est ou astronomique, ou civil. L’astronomique est ou tropique, ou astral. L’an astral, ou l’année astrale, est l’espace que le soleil emploie à retourner au même astre, dont il s’étoit éloigné. Et l’année tropique, le temps que le soleil met à parcourir le Zodiaque. Et parce que les astres avancent toujours, quoique très lentement vers l’orient, par leur mouvement propre, il s’ensuit que le soleil, au bout de l’an tropique ne trouve plus un astre au même endroit où il l’avoit quitté, ainsi il lui faut encore quelque temps pour le joindre ; & l’année astrale est plus longue que l’année tropique. Le mouvement annuel des astres, selon Tychobrahé, est de 51 secondes, & de 50, selon le P. Riccioli. C’est la différence de l’année astrale à l’année tropique, qui, réduite en heures, est de 24 heures, selon le même Pere. Voyez aussi le P. Tacquet, Astron. L. I, C. III, n.10, & n. 22.

Astral. Qui appartient aux astres, qui vient des astres. Sidereus, a, um. Un esprit astral & magnétique, dit M. Chambon dans son Traité des métaux & des minéraux, est répandu dans toute la nature, & l’anime, agit même sur l’âme, quelquefois même d’une manière si imperceptible, qu’elle attribue à sa propre industrie ce qui est un effet de cet esprit astral. De là lui viennent ses inclinations & ses aversions. C’est cet esprit astral qui fait les Poëtes, les Orateurs, les Médecins, &.

ASTRANTIA. Plante dont il y a de deux sortes, la grande & la petite, qui ne différent que par la grandeur. Elle