Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/771-780

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 1
pages 761 à 770

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 771 à 7800

pages 781 à 790



gouvernement de notre barque avec assurance. Abb. de la Tr. Conduire la barque, conduire une entreprise, une affaire.

On dit proverbialement, qu’un homme conduit bien sa barque, quand il sait ménager sagement sa fortune.

Une barque qui range la terre, avec ce mot de Virgile, Altum alii teneant, marque la modération dans une fortune médiocre ; & l’inconstance, la légéreté, avec ce mot Italien, Ad ognivento.

Barque de Brasseurs. Espèce de bassin de bois, de figure carrée, servant aux brasseurs à mettre leurs métiers, lorsqu’ils les retirent des chaudières ou des cuves.

BARQUEROLE. s. f. Diminutif de Barque. Cymbula.

BARQUEROLE, est aussi un s. m. Celui qui conduit une barque. Il vient de l’Italien Barcaruolo, qui signifie la même chose.

☞ BARQUETTE. s. f. La même chose que Barquerole.

Barquette. Sorte de pâtisserie venue de Languedoc. Elle s’appelle barquette, parce qu’elle est faite en forme de petite barque. Elle est faite de fine fleur de farine, de sucre, &c. On en vend chez les Limonadiers de Paris.

Barquette, petite armoire portative & légère, où il y a plusieurs étages. Elle sert à porter les mets chez les Officiers de la Maison du Roi, dont la cuisine est éloignée du Château.

BARRA, que l’on appelle quelquefois Barro. s. m. Mesure de longueur dont on se sert en Portugal & en Espagne, pour mesurer les corps étendus, comme draps, serges, toiles, &c.

☞ BARRA. Royaume d’Afrique, dans la Nigritie, à l’embouchure de la rivière de Gambie. Quelques uns la nomment Bar. Bara. Les habitans s’appellent Mandnigues.

BARRACAN. Voyez Bouracan.

BARRAGE. s. m. Droit établi sur les bêtes de somme & sur les charriots pour la réfection des ponts & passages, & principalement du pavé. Jus exigendi vectigalis pro transitu. Il a été originairement de cinq deniers pour charrette, huit deniers pour charriot, & pour chaque charge de mulet à proportion. C’étoit une ferme particulière qui est maintenant comprise dans le Bail général des Aides. On a nommé ce droit barrage, à cause de la barre qui traverse le chemin pour empêcher le passage jusqu’à ce qu’on l’ait payé. On entend encore par ce mot un droit seigneurial, par lequel il est permis à quelques Seigneurs de lever certaine somme de deniers sur les marchandises qui passent dans leurs seigneuries. Portorium.

☞ Ce droit reçoit différens noms, selon les différens endroits où il se perçoit. On le nomme barrage aux entrées des bourgs & des villes. Voyez Péage, Pontenage, &c.

Barrage. s. m. Sorte de linge ouvré qui se manufacture à Caen, & aux environs de cette capitale de la basse Normandie. Il y a du grand barrage fin, du grand barrage commun, & du petit barrage.

☞ BARRAGER. s. m. Fermier, ou Commis établi pour recevoir le droit de barrage. Portitor, portorii conductor. Les barragers ont arrêté toutes les voitures qui refusoient de payer le droit.

BARRAGOUIN. Vieux mot. Barbare, étranger.

BARRAQUE. Voyez Baraque.

BARRAS. s. m. Chrysocolla. On l’appelle aussi borax. C’est un minéral qui se trouve dans les mines d’or & d’argent, de cuivre ou de plomb. Il est ordinairement blanchâtre, jaune, vert, noirâtre. Il est appelé chrysocolle, à cause qu’il sert à souder l’or, & même l’argent & le cuivre. On en fait d’artificiel avec de l’alun & du salpêtre. Perr.

Barras, est aussi une espèce d’encens ; on en distingue de deux sortes, l’un qu’on appelle galipot, ou encens blanc, & l’autre qu’on appelle encens marbré. Pomet.

BARRADE. s. f. Terme d’Architecture en Anjou. On appelle ainsi une pierre de tuf double. Olivier Barraut, Trésorier de Bretagne, est le premier qui en ait employé dans le bel hôtel qu’il fit bâtir à Angers en 1497, aujourd’hui occupé par le Séminaire de cette ville.

BARRAULT. s. m. Nom d’une mesure de choses liquides. Cadus. Le barrault est de divers calibres, mais communément de 36 pintes, autant qu’il y a de septiers au muid. Vigen.

BARRAUT, ou BARRAUX. Forteresse de Dauphiné en France. Elle est sur l’Iser, dans le Graisivaudan dont elle défend l’entrée du côté de la Savoie. Il y a gouvernement, Lieutenant de Roi & Major.

BARRE. Dans la prononciation de ce nom faites l’a long, & ne prononcez qu’un r. s. f. Menue & longue pièce de bois, ou de métal, qui sert à assembler, ou à fermer quelque chose. Vectis. Cette porte est composée de trois ais cloués sur deux ou trois barres. Ces fenêtres ferment bien, il y a des barres de fer par-tout.

Ce mot vient du latin vara, qui signifie un pieu, une perche, d’où l’on a fait aussi barreau. Ménag. Nicot & Guichard le dérivent de בריה, beria, mot hébreu, qui signifie levior, ou barre. Le P. Pezron prétend qu’il vient de baar, mot celtique, qui signifie la même chose.

Barre de trémie, est une barre de fer plate, & qui sert à soutenir un âtre, ou la hutte d’une cheminée de cuisine. Barre d’appui, est dans une rampe d’escalier, ou dans un balcon de fer, la barre de fer aplatie sur laquelle on s’appuie, & dont les arrêtes doivent être abattues. Barre de croisée, se dit de toutes les barres de fer, ou de bois, qu’on met aux volets, ou contrevent de croisées.

Barre, en termes de Marine, est un port où on n’entre que quand la mer est haute, parce que les bancs ou les rochers en défendent l’entrée. Portus nisi alto mari invius. Goa est un port de barre où l’on n’entre pas en tout temps. On appelle une des portes de Dieppe la porte de la barre, parce que ce lieu là étoit autrefois l’entrèe du port qui a changé de situation.

Barre, est aussi une longue pièce de bois, qui par un des bouts entre dans la tête du gouvernail, pour le faire mouvoir ; & tout le reste entre dans le navire au-dessous du deuxième pont. Clavus. Ce timonier tient la barre à la main devant l’habitacle. Elle est supportée par un traversin qui traverse le vaisseau. On l’appelle aussi timon du gouvernail. Pousser la barre du gouvernail à bord, c’est la pousser aussi loin qu’elle peut aller vers l’un des côtés du vaisseau.

Barre d’arcasse, autrement, lisse de hourdi, est la pièce que l’on place de travers sur l’étambot, & qui fait la largeur de la poupe à la hauteur du premier pont, ou franc tillac, qui est environ des deux tiers du même bau. Il y a d’autres barres qui sont parallèles, & posées au-dessous, nommées sous barres d’arcasse ; mais qui sont moindres en longueur, à cause de la diminution de la largeur du vaisseau.

Barres de cabestan, sont les barres qui servent à faire tourner & virer le cabestan. Il y a des demi-barres à l’angloise, qui n’entrent qu’à moitié dans le cabestan.

Barres d’écoutilles, sont les barres avec lesquelles on ferme les écoutilles du vaisseau.

Barre de pont, est une autre barre d’arcasse, presque pareille à la lisse de hourdi, & qui lui est parallèle, sur laquelle on pose le bout du pont du vaisseau.

Barres de hune. Ce sont des pièces de bois mises en saillie, & enclavées au haut des mâts, qui supportent les hunes. On les appelle aussi barreaux & tasseaux. On les appelle sur la méditerranée ganterias.

Barres ou traversins de cuisine, sont les barres de fer mises de travers ou de long dans les cuisines, pour soutenir les chaudières sur le feu.

Barre, se dit aussi des lingots ou pièces de métal étendues en longueur. On a apporté à la Monnoie 2000 barres d’argent. Le fer se met en barres à la fonderie. On purifie l’argent tiré des mines & on l’affine, puis on le jette en barres. Il y a ordinairement quatre marques sur chaque barre, celle du poids, celle du titre, celle du millésime, & celle de la douane où les droits ont été acquittés. Boizard. On dit d’une chose précieuse & de bon débit, que c’est de l’or en barre.

On appelle aussi barre une traverse à fermer un passage d’un pont, d’une avenue, &c. d’où sont venus les mots de barrière, barrage, & autres. Prothyrum.

D’autres croient que barre signifioit autrefois toute sorte de tributs, principalement ceux qui se payoient aux barres & portes des villes & bourgs. Vectigal ad portas urbis pendi solitum.

Barre-fort, s. m. On nomme ainsi à Bourdeaux les grosses pièces de bois qui se tirent du pin, comme les poutres, les sablières, les solives, &c.

Barre, dans l’écriture, est une ligne qu’on tire avec la plume. Linea. On s’en sert pour marquer la fin d’un article, d’un chapitre, d’un traité, & pour les distinguer les uns des autres. On s’en sert aussi pour rayer quelques parties d’un acte, en passant la barre ou la plume par-dessus ou de travers. Quand en écrivant on fait une barre sous quelques lignes, ou quelques mots, cela signifie ordinairement que ce qui est ainsi marqué d’une barre est cité ; & cela avertit les Imprimeurs qu’il faut imprimer ces choses-là d’un caractère différent de celui qu’on emploie pour le reste.

Barre. En termes de Ceinturier, la barre est une bande de cuir, ou autre étoffe, qui va diagonalement du bout du ceinturon d’épée jusqu’aux pendans, auxquels il est attaché, afin de les tenir de manière qu’ils ne puissent aller ni à droite, ni à gauche.

Barre dans le commerce. Mesure étendue dont on se sert en Espagne pour mesurer les étoffes, ainsi que l’on fait de l’aune en France. Il y a trois sortes de barres : celle de Valence, celle de Castille & d’Arragon.

Barre, se dit aussi des choses mesurées avec la barre. Une barre de serges, deux barres de taffetas.

On appelle barres, en termes de Couverturier, ces deux raies de laine bleue, qui sont aux deux bouts de la couverture, & qui n’y servent que d’ornement.

Barre de panier. Terme de Vanier. Bâton ou cerceau sous le fond du panier.

Barre, se dit aussi en termes d’Agriculture. Planter une vigne à la barre, ou à la fiche ; c’est la planter en fichant le sarment dans un trou. Pali in morem.

Barre. Terme de facteur de Clavecins. C’est un morceau de bois de la longueur du registre de l’épinette ou du clavecin, raboté, drapé, & enjolivé d’ordinaire de petites fleurs, posé au-dessus des sautereaux, & attaché à l’assemblage de l’épinette ou du clavecin, pour empêcher que les sautereaux ne sortent de leurs mortoises. Asserculus. Poser la barre, lever ou ôter la barre de l’épinette.

Barre, se dit aussi parmi les Cochers & les Postillons, pour signifier la perche qu’on attache d’espace en espace aux piliers des écuries, pour empêcher que les chevaux ne s’approchent & ne se battent.

Barre, en termes de Tonnelier. Se dit de la pièce d’un tonneau qui traverse le fond par le milieu. Asserculus transversum dolii fundum dividens.

Barre, en termes de Blason, est une des pièces honorables de l’Ecu, qui divise l’Ecu en deux parties d’angle en angle, à commencer par le côté gauche d’en-haut, en tirant du côté droit. Tænia diagonalis à sinistra ad dextram ducta & tertiam scuti partem occupans. Elle sert communément pour les bâtards, aussi bien que le bâton ou filet mis en contrebande. Quand le bâton ne touche pas les bords de l’Ecu, on l’appelle péri-en-barre. De-là vient qu’on dit en proverbe, quand on veut taxer quelqu’un de bâtardise, qu’il est du côté gauche ou de contrebande. On dit aussi barré d’or ou de gueules à cinq, ou huit pièces, &c. quand l’Ecu, ou les pièces sont couvertes de barres qui traversent l’Ecu diagonalement de gauche à droite. Les bandes, les barres, les fasces représentent les écharpes que les Dames donnoient aux Chevaliers dans les Tournois.

On appelle la barre de la Cour, le lieu où se placent quelques Conseillers commis pour faire quelques instructions de procès, & les adjudications par décret. Curiæ repagula. Il y avoit autrefois une grande barre de fer à la porte de la Grand’Chambre, sur laquelle se venoient appuyer les Conseillers pour recevoir les requêtes des parties : ce qu’on a appelé depuis instructions & instances à la barre. Voyez Imbert en sa Pratique. On appeloit autrefois barres, les exceptions & fins de non-recevoir, que les défendeurs proposoient dès le commencement de l’instance ; ce que Du Cange prouve par de vieux titres ; & il dit qu’on les appeloit ainsi, parce qu’elles étoient comme des barres pour empêcher les plaideurs d’aller plus avant. L’Ordonnance de 1667 a abrogé les procèdures qui se faisoient à la barre, qui s’appeloient défauts aux Ordonnances.

On distingue trois sortes de barres. 1.o Les fins déclinatoires, qui sont proposées par le défendeur à l’effet de décliner la Justice, & d’être renvoyé devant son Juge naturel. 2.o Les fins dilatoires, qui sont les fins de non recevoir résultantes de la prescription, ou autre cause. 3.o Les fins péremptoires, qui sont mises en avant par le défendeur, à l’effet de montrer au fond que le demandeur est mal fondé en son action. Chaline. Qui de barres se veut aider, doit commencer aux déclinatoires, pour venir aux dilatoires, & finalement aux péremptoires : & si la dernière met devant, ne s’aidera des premières. Loisel. Ces Auteurs ont écrit avant l’Ordonnance de 1667, & peuvent servir à entendre l’ancienne jurisprudence.

On fait l’adjudication des Offices à la barre de la Cour. Elle se tient à Paris à la porte de la Grand’Chambre. Autrefois c’étoit au bareau ou barrière qui ferme le parquet, d’où elle a pris son nom. La Barre des Requêtes du Palais s’appelle encore aujourd’hui Parquet, & c’est là où se font les instructions des affaires.

Barre, se dit encore de quelques Juridictions subalternes. Jurisdictio civilis. La Barre du Chapitre Notre-Dame, c’est la Juridiction temporelle du Chapitre de Paris.

Barre, terme d’Escrime. On appelle dans les salles d’armes un fleuret qui a été rompu par le bout, & auquel on a fait remettre un bouton, une barre, parce qu’elle est plus roide qu’un fleuret qui a toute sa longueur, Gladius præpilatus decurtatus.

On appelle sur la Seine la barre, un certain flot particulier à cette rivière, qui est environ de deux pieds de haut, qui vient impétueusement avec le flux de la mer, & qui est fort dangereux pour les bateaux. Fluctus decumanus. On peut l’appeler de cette manière par analogie à ce dixième flot de la mer si formidable chez les Poëtes, & qui n’étoit à craindre que par sa grandeur. Il y en a un pareil sur la Garonne & sur la Dordogne, qu’on appelle le masquaret. C’est le même flux de la mer, que ceux du pays nomment la barre, parce qu’il s’éleve sur la surface de la Seine en forme de barre, qu’on voit bien sensiblement passer à Quilbeuf, à Vilquier, à Caudebec, à la Mailleraye, & à Jumiège, & qui en remontant fait aussi remonter les eaux de la Seine environ quarante lieues, deux fois le jour, depuis le Havre de Grace jusqu’au pont de l’Arche, quoiqu’il n’y ait guère plus de vingt lieues de trajet par terre. Corn.

Barre, ou barre sacrée. Terme de Mythologie. C’étoit chez les Egyptiens un instrument de bois en forme de cassette partagée par deux sceptres posés en sautoir. Ils s’en servoient pour leurs sacrifices, & pour leurs divinations. Kirker Obelic. Pamph. & Ædip. Ægypt. T. III, p. 358.

Barre, s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe qui est rouge, colombin clair & blanc.

Barres, au pl. se dit d’un jeu ou course dans de certaines limites, où les deux partis se placent toujours en des lieux opposés ☞ pour courir les uns contre les autres. Celui qui est pris par son adversaire, demeure prisonnier, jusqu’à ce qu’il soit délivré par quelqu’un de son parti. Les enfans jouent aux barres pour s’échauffer. Decursio palæstrica.

☞ Jouer aux barres. Expression figurée, mais familière, qui s’applique à deux personnages qui se cherchent sans se trouver, ou qui remportent tour à tour quelque avantage l’un sur l’autre. Avoir barres sur quelqu’un, c’est avoir quelque avantage sur lui, avoir plus de pouvoir, être en état de lui rendre de mauvais offices. Partir de barres, partir sur le champ.

Barre, s’est dit autrefois d’une sorte de jeu où l’on s’exerçoit autrefois dans un espace fermé de barrières. C’etoit un exercice militaire, où celui qui lançoit ou jetoit la barre plus loin, montroit plus de force ou d’adresse.

Barres, en termes de Manège, sont les parties de la gencive du cheval, où il n’y a point de dents, situées entre les dents mâchelières & les crochets : c’est où se fait l’appui du mors. Gingivæ pars genuinos inter & caninos dentes media. C’est un défaut à un cheval que d’avoir les barres rondes & peu sensibles.

On appelle en termes de Chasse, armes de la barre, les défenses d’un sanglier. Dentes falcarii.

On appelle en Fauconnerie, barres de la queue de l’épervier, certaines bandes noires qui traversent sa queue. Pulæ tæniæ caudam intersecantes.

Barres, en Musique. Ce sont des traits tirés sur les lignes de la portée, pour séparer les mesures les unes des autres.

On dit qu’on donnera cent coups de barres à quelqu’un, quand on le veut menacer de le bien battre. On dit encore proverbialement & bassement, roide comme la barre d’un huis, pour dire, sans pitié, sans rémission. On dit aussi des personnes peu sociables, qui se querellent souvent, qu’il faut mettre une barre entre deux, comme on fait aux chevaux dans les écuries. On dit aussi que des rats jouent aux barres ; pour, dire qu’ils font un grand bruit.

Barre, en Géographie. Nom d’une île de France, dans le Gévaudan, près des sources du Tarn, à six lieues, ou environ de Mende.

BARREAU. s. m. En prononçant ce mot, faites comme dans barre l’a long, & ne prononcez qu’un r. Barre de bois, ou de fer, qui ferme à jour quelque passage, quelque porte, quelque fenêtre, comme une espèce de grille ou de balustrade. Les fenêtres des prisons sont fermées avec de gros barreaux de fer. Clathri. Le chœur de cette Eglise est fermé de barreaux de bois.

Barreau, en termes d’Imprimerie, est la pièce de fer en forme de manche qui sert à faire tourner la vis de la presse pour imprimer. Manubrium.

Barreau au Palais, se dit des bancs où se mettent les Avocats dans les Chambres d’Audience, & qui entourent le parquet, lequel se ferme avec un barreau de fer, d’où il a tiré son nom. Curiæ claustra. Tous les barreaux étoient pleins pour voir cette cérémonie. On obligeoit autrefois les Avocats Généraux à passer le barreau, quand ils plaidoient seulement pour l’intérêt du Roi.

Barreau, signifie aussi le lieu où l’on plaide. Forum. Cicéron, après avoir hautement blâmé la conduite de ceux qui attaquent les personnes, au lieu de n’attaquer que les raisons, souilla pourtant lui-même le barreau par des injures. Bail. Le P. Rapin a fait un traité de l’éloquence de la Chaire & du Barreau.

Barreau, se dit figurément des Avocats. Cet Avocat est l’honneur du barreau. On a consulté tout le barreau sur cette question. Ce jeune homme fait le barreau ; pour dire, fait la profession d’Avocat.

Barreau, le dit aussi de la discipline du Palais, & des règlemens que doivent observer les Avocats. Toute la forme du barreau est changée depuis quelque temps. C’est la règle, c’est l’usage du barreau.

☞ Quelquefois ce mot est pris dans une plus grande étendue, comme synonyme au forum des Latins ; & alors on l’entend de tout ce qu’on appelle gens de robe Magistrats & Praticiens.

☞ BARRELIERE. s. f. Plante ainsi nommée du P. Barrelier Jacobin. Voyez Barleria.

☞ BARREME. Gros bourg, ou petite ville de France, dans la haute province, entre les villages de Senez & de Digue, chef-lieu d’une vallée qui en prend le nom.

BARREMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Mézeray pour cassation des gages. Abrogatio. Dans ce mot, comme dans les précédens, & dans le suivant, l’a est long, & l’on ne prononce qu’un r.

BARRER, v. a. mettre une ou plusieurs barres. Barrer des fenêtres, des portes. Obductis Obicibus fores, fenestras occludere.

Barrer, chez les Tonneliers, c’est mettre des barres en travers sur les douves des fonds, & les assujettir avec des chevilles. On le dit aussi des trous que l’on fait dans les peignes du jable avec le barroir.

Barrer, chez les Layetiers. Mettre des barres de bois le long des couvercles pour mieux tenir les planches dont ils sont composés.

Barrer les chevaux. Voyez Barre.

Barrer, signifie aussi, fermer, & se dit des ports & des passages. Un port est barré, quand on en empêche l’entrée, soit par des défenses publiques, soit en le bouchant avec des pieux, des navires ou du canon, soit enfin quand on l’assiége avec une armée navale. On barre les passages lorsqu’on les garde, & qu’on s’y retranche.

Barrer le chemin à quelqu’un, dans le sens figuré, c’est l’empêcher d’avancer sa fortune, de réussir dans ses desseins.

Barrer, se dit encore des lignes & ratures qu’on fait sur un acte pour en annuler les clauses, ou même toute la substance, quand on barre les signatures. Scripturam expungere.

Barrer les veines d’un cheval, en maréchallerie, est une opération qu’on fait sur ses veines pour arrêter le cours des mauvaises humeurs qui s’y jettent. Venam intercidere. On coupe la peau longitudinalement, on dégage la veine, on la lie dessus & dessous, & on la coupe entre les deux ligatures.

Barrer, terme de chasse. Il se dit d’un chien qui balance sur les voies. Hærere.

BARRÉ, ÉE, part. Il a les significations de son verbe.

BARRÉ. En termes de Palais on dit que les Juges sont barrés, ou que les avis sont barrés, lorsqu’il y a deux sentimens, & qu’il se trouve autant de Juges d’un parti que de l’autre. Lorsque les Juges sont barrés dans une Chambre, on porte le procès dans une autre, & le Rapporteur & le Compartiteur vont pour y soutenir chacun leur avis. Voyez Compartiteur.

On appelle en Anatomie l’os barré, l’os pubis. Voyez ce mot.

Barré, terme de blason, se dit lorsque l’écu est divisé en forme de barres, en un nombre pair de partitions par des lignes transversales & des lignes diagonales, en variant mutuellement les couleurs. Voyez Barre.

On appeloit autrefois les Carmes, les Frères barrés, & dans les vieux titres birrati, radiati & stragulati, à cause qu’ils portoient des habits barrés de diverses couleurs, en ce que ces habits étoient diversés par quartiers blancs & noirs, selon que s’en exprime le Père Louis Beurrier dans les Antiquités des Célestins de Paris, & le P. Papebrok, Act. SS. April. T. I. p. 795. & suiv. Ils portoient d’abord des habits blancs ; mais les Sarrasins, chez qui le blanc est la marque de la Noblesse, & une distinction, quand ils eurent conquis la Terre Sainte, les obligèrent à quitter le blanc. Ainsi ils furent contraints de s’habiller à la mode des Orientaux, d’habits rayés. Ils les avoient quand ils passerent en Occident, & c’est ce qui les fit appeler les Frères Barrés. En l’an 1279, le Pape Martin changea leur nom & leur habit, les appela Carmes, & leur donna des manteaux blancs, Voyez Trithème, De Laud. Carmelitar. Lib. VI. Le Concile de Vienne a défendu aux Eclésiastiques les habits barrés, virgatas vestes.

BARRETONE. s. m. C’est le nom qu’on donne au bonnet magistral du Grand-Maître de Malte. Le barretone est de velours noir.

☞ BARRETTE. s. f. (on ne prononce qu’un r.) sorte de petit bonnet qu’on porte en Italie. Pileolum, ou Pileolus, vulgò biretum. A Venise les nobles portent la barette dans les rues.

Barrette, se dit aussi du bonnet carré rouge que le Pape donne ou envoie aux Cardinaux après leurs nomination. Le Roi a coutume de donner lui-même la barrete à ceux qui sont faits à sa nomination, ainsi qu’à ceux qui se trouvent à la Cour quand ils la reçoivent.

Sur le déclin de l’Empire, la vanité des Romains croissant à mesure que leur pouvoir diminuoit, ils ordonnèrent que les seuls Patrices portassent les cheveux longs, & eussent la tête découverte, bien qu’autrement la barrette, chez eux appelée pileum, fût la marque de la liberté. Mezer. En effet, sur les médailles la liberté tient de la main gauche une pique, & de la droite une barrette, ou bonnet qui a la figure d’un cône.

Ménage dit que tous ces mots viennent de birreta, diminutif de birrus, dont les latins ont usé pour une espèce de chapeau. D’autres disent qu’il signifie simplement un bonnet d’enfant, ainsi nommé, à cause qu’il est barré de passemens. C’étoit autrefois une coiffure fort serrée sur la tête, faite de toile fort fine, qui n’étoit d’abord portée que par les Papes. Depuis on donna ce nom au bonnet des Docteurs, & ensuite à diverses autres coiffures qui ont été en usage en Italie, qui étoient différentes du chapeau, comme témoigne la Crusca. C’est un diminutif de birrus, qui signifioit autrefois un habillement qui couvroit tout le corps, & non pas simplement un chapeau, comme dit Ménage. Voyez Birette.

On dit proverbialement, parler à la barrette de quelqu’un ; pour dire, le quereller, lui faire quelque reproche, quelque réprimande. Il signifie même battre, frotter les oreilles. Et moi je pourrois bien parler à ta barrette. Mol.

Barrette. C’est le nom du chapeau ailé de Mercure. La première syllabe de ce mot est brève. Les Antiquaires appellent plus communément ce chapeau Pétase ; mais quelques-uns le nomment Barrette. Le P. Joubert l’appelle de même dans sa Science des Médailles, p. 206.

☞ Les Horlogers appellent barrette, une très petite barre qu’on met dans le barrillet près du crochet du ressort, pour le maintenir joint contre la virole pour empêcher qu’il ne l’abandonne.

☞ Ils donnent aussi ce nom à de petites plaques posées sur l’une ou l’autre platine, & dans lesquelles roule le pivot d’une roue, au lieu de rouler dans le trou de la platine.

BARREUR. s. m. Terme de Vénerie. On dit un chien barreur ; c’est le meilleur pour le Chevreuil. Voyez Barrer, & Chien. Dans ce mot, & dans les suivans, l’a est long, & l’on ne prononce qu’un r.

BARRI. s. m. C’est le nom qu’on donne au cri de l’éléphant & du rhinocéros. Clamor. Quelques Auteurs Latins ont appelé un éléphant Barrus, & entr’autres Festus & Pierre Damien.

Barri. Ce mot en langage toulousain signifie Fauxbourg ; & en langage provençal, muraille d’une ville, que du Bartas appelle Barrailles en ses Poëmes gascons. Les anciens actes latins faits dans ces pays appellent un fauxbourg barrium, & un acte fait en Espagne Varrium. Le bourg est distingué des Barris, ou fauxbourgs, dans un acte de l’an 1210. Catel. Hist. de Langued. L. II. p. 130.

Ce mot vient apparemment de celui de barre, parce que les fauxbourgs sont aux barres ou portes des villes.

BARRICADE. s. f. Défense & fortification, ou retranchement que l’on fait à la hâte avec des chaînes, des barriques, des charrettes, poutres, arbres abattus, pour garder quelque passage, & arrêter l’ennemi. Munitio è doliis in aditu viarum. Faire attaquer, forcer, enfoncer, rompre une barricade. On en fait aussi derrière la porte d’une chambre, en la fermant avec des verrous, des barres, des coffres, &c. Les barricades de la Ligue ; celles de la guerre de la Fronde faites à Paris au mois d’Août en 1648.

Barricades, sont aussi des arbres taillés à six faces, traversés de bâtons longs d’une demi-pique, ferrés au bout, qu’on met dans les passages ou brèches, pour retarder tant la Cavalerie que l’Infanterie.

BARRICADER. v. a. Fermer les avenues, les passages avec des barricades. Viæ alicujus fauces obductis doliis occludere. On sonna l’alarme & on barricada toutes les rues. Barricader une porte, c’est mettre derrière tout ce qu’on peut pour empêcher qu’on ne l’enfonce.

Barricader, se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, & signifie se fortifier dans un lieu, & empêcher les gens d’y entrer, en opposant quelque chose qui retienne ceux qui nous y veulent forcer. Objectis obicibus munire se. En un mot, se barricader se dit de tous les efforts que l’on peut faire, pour n’être point pris dans le lieu où l’on s’est retiré. Ils s’étoient bien barricadés par dedans. Nous nous barricadâmes dans le poste que nous venions de prendre, de crainte que l’ennemi ne nous vînt attaquer. On dit aussi, se barricader dans une maison. Mol. ☞ Opposer au-devant de soi tout ce que l’on peut pour se mettre à couvert, pour se défendre : & figurément quand un homme s’enferme dans sa chambre, pour ne voir personne, on dit qu’il s’y est barricadé.

BARRICADÉ, ÉE. part.

BARRIER. s. m. Prononcez barier, terme de monnoie. C’est l’ouvrier qui tourne la barre d’un balancier, qui sert à monnoyer les flans d’or & d’argent. Il y a plusieurs barriers qui font tourner le balancier. On dit aussi tireur de Barre. Libramenti motor. Boizard.

BARRIERE, s. f. L’a est long. ☞ C’est en général un assemblage de planches servant à fermer un passage, à l’entrée d’une ville, ou ailleurs. Obex, repagulum, portæ cataracta. Elle est faite de plusieurs grosses pièces de bois, fichées en terre à hauteur d’homme, à travers desquelles passent des solives, & au milieu il y a une barre de bois qui est mobile, qui s’ouvre & qui se ferme quand on veut.

Ce mot vient de barreria, ou barrera qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification. On en met aussi dans les cours des grandes maisons, pour empêcher que les carrosses n’approchent trop près des murs, & ne les gâtent, & en tous les lieux où l’on veut empêcher le passage aux chevaux & aux carrosses.

☞ Ce mot s’applique dans plusieurs villes du Royaume, particulièrement à Paris, aux lieux où les Fermiers Généraux ont des bureaux établis pour recevoir les droits qui sont dûs pour les différens objets de consommation qu’on fait entrer dans la ville.

Barrière, en manège, petit parc fermé de semblable façon, où l’on faisoit des joutes, des tournois, des courses de bague. Carceres. Les anciens Chevaliers faisoient autrefois plusieurs combats de barrière. Sitôt qu’un cheval de bague a franchi la barrière, il court de toute sa force. ☞ On le dit de même de l’endroit où l’on donne le combat du taureau.

Barrière des Sergens, est un pavillon, ou une espèce de boutique où se tiennent les Sergens pour attendre la pratique. Apparitorum officina. Autrefois ils se tenoient sur la barrière qui étoit à la porte de l’Hôtel Seigneurial où l’on rendoit la justice, & ils en étoient comme les gardes. Depuis on leur a permis de bâtir un petit logement un peu plus loin, pour écrire plus commodément leurs exploits : ce logement a retenu le nom de barrière.

Les Romains établissoient en certains lieux de leurs villes des corps-de-garde d’Huissiers, ou Sergens, qu’ils nommoient Stationarii, parce qu’ils étoient obligés de demeurer continuellement un certain nombre dans ces postes, pour être toujours prêts d’apaiser les querelles, ou émotions populaires, d’arrêter les coupables, & de se rendre aux mandemens des Magistrats & des Officiers de police. Nos Ancêtres prirent cet usage des Romains. Ce sont aujourd’hui nos barrières des Sergens, dont le nombre a été augmenté à Paris en différens temps, jusqu’à quatorze, à proportion de l’accroissement de la Ville. Il n’y a aucune de ces Barrières dont l’établissement ne soit connu, ou par des lettres patentes, ou par des Arrêts du Parlement, excepté trois établies aux deux portes de la Cité, aujourd’hui le grand & le petit Châtelet, & à la porte Baudets. D’où l’on conclut que ces trois corps-de-garde avoient été établis dès le temps des Romains, aux trois principales portes de la ville, & que la garde leur en étoit commise. Nous les avons nommés Barrière, du mot Barra de la basse latinité, par ce que ces premières furent établies proche des portes de la Ville, où il y avoit des barrières pour arrêter ceux qui auroient entrepris de troubler la tranquillité publique. Du Cange au mot Barra. Barra dicuntur præsertim repagula accepta, quæ ad munimenta Oppidorum & Castrorum, vel ad eorum introitus ac portas, ponuntur, ne inconsultis custodibus in eas aditus quibusvis pateat. Guilel. Brito. III. Philip. Et une Charte de Philippe-Auguste de l’an 1195, nous apprend que c’étoit l’usage d’y établir un certain nombre de Sergens pour y veiller. Du Cange au même endroit. Servientes villæ, & ii qui Barras & portas villæ servant, &c. De la Mare. Tr. de Pol. L. I. T. VI. C. 3. & T. XI C. 7.

☞ BARRIERE, chez les Metteurs-en-œuvre, c’est une bande en manière d’ansette, dans laquelle on arrête le ruban d’un bracelet.

Barrière Virginale. Virginale claustrum. Voyez Hymen. Terme d’anatomie. Membrane placée à l’orifice du vagin.

Barrière, se dit encore de ce qui sert de borne & de défense à un état. Les Alpes servent de barrière à l’Italie. L’Espagne a de grandes barrières qui la séparent de ses voisins, la mer & les monts Pyrénées.

Barrière, dans le sens figuré signifie obstacle qui arrête, & barre nos démarches. Obex obstaculum. Je prévois trois ou quatre inconvéniens & de puissantes barrières qui s’opposeront à votre course. Pasc. L’étude de la Philosophie est une bonne barrière pour opposer à l’ambition, à l’avarice, &c. La rigueur des supplices n’est pas une assez forte barrière pour arrêter la méchanceté des hommes. Les Favoris veulent que les grâces se distribuent par leurs mains, & ils s’offensent quand on force la barrière pour s’adresser directement au Prince. Cal. Les préjugés sont autant de barrières qui arrêtent d’abord les esprits paresseux & superficiels. Nicol.

La Barrière, tout court, ou les villes de la barrière. C’est ainsi qu’on nomme depuis la paix d’Utrecht, plusieurs villes des Pays-bas Autrichiens, où les Hollandois tenoient garnison, pour leur servir de boulevard & de digue contre les entreprises des François. Ces villes comme tout le monde sait, sont Tournai, Ypres, &c.

BARRIL. Voyez Baril.

BARRILAR. s. m. Voyez Barilar.

BARRIQUE. Voyez Barique.

BARROIEMENT. s. m. Vieux terme de pratique, qui veut dire un délai de procédures.

BARROIR. s. m. Terme de Tonnelier. Instrument en forme de longue tarière dont la mèche est fort étroite & amorcée par le bout. Il sert à percer au-dessous du jable les trous où entrent les chevilles qui tiennent la barre.

BARROIS. En ce mot l’a est bref, & l’on ne prononce qu’un r. Pays de France, situé entre la Champagne & la Lorraine, & divisé en deux parties, dont celle qui est au nord s’appelle Barrois François, & celle qui est au midi, Duché de Bar. Voyez ce mot. Le Barrois a titre de Duché, & est un fief dépendant de la couronne de France, à laquelle il est réuni aujourd’hui. Dans l’ordinaire on dit plus souvent le Duché de Bar que le Barrois. Bariensis Ducatus.

BARROIS, OISE, s. m. & f. Qui est du pays de Bar, du Barrois. Bariensis, e.

BARROT. Voyez Barot.

BARROTIN. Voyez Barotin.

☞ BARROW-BRIDGE. Ville d’Angleterre. Voyez Borungh-bridge.

BARROYER. v. n. L’a est long comme dans Barreau. Fréquenter le Barreau. Forum frequentare. Ce terme est vieux & inusité. Mais dans l’ancienne Pratique ce mot signifioit, faire des procédures, & instruire des procès dans certains délais ; ce qui se faisoit à la Barre de la Cour : & alors on appeloit Barres les défenses & exceptions qu’on y proposoit les unes après les autres. Voyez Ragueau.

BARRURE. s. f. L’a est long. Terme de Luthier. Barre du corps du Luth.

☞ BARRUT ou BARHUT. Petite ville des Etats de l’Electeur de Saxe, dans la Basse Lusace.

☞ BARS. Petite ville de la haute Hongrie, sur la rivière de Gran, Chef-lieu du Comté de ce nom.

BARSANIENS. Barsaniani. Nom de certains hérétiques qui soutenoient toutes les erreurs des Gaïanites & des Théodosiens. Ils faisoient leur sacrifice & leur communion en mettant une certaine pâte sur le bout de leur doigt ; puis ils en mangeoient une petite partie, & ils en ajoutoient ensuite autant qu’ils en avoient consumé. Voyez S. Jean Damascène. La division se mit parmi les hérétiques, qui rejetoient le Concile de Chalcédoine, & étoient Eutychiens. Sévère donna à ses disciples le nom de Sévériens ; Gajan aux siens celui des Gaïanites ; Théodose & Themistius celui de Théodosiens, & de Thémistiens à leurs sectateurs ; & d’eux naquirent quelque temps après les Jacobites & les Barsaniens. God.

BARSANUPHIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de Secte hérétique. Barsanuphianus. C’est la même chose que Barsanien. Du temps de Marc Patriarche Jacobite d’Alexandrie, qui fut ordonné l’an 195 de l’hégire, c’est-à-dire, 815 de J. C. & qui tint le siége 10 ans & 70 jours selon Elmacin, 20 ans selon l’histoire des Patriarches Cophtes, imprimée par Echellensis, & au vrai 20 ans 81 jours, comme le P. Du Solier Jésuite l’a montré dans son Hist. Chronol. des Patriarches d’Alexandrie, p. 81. De son temps, dis-je, les Barsanuphiens, séparés des Jacobites dès le temps de l’Empereur Zenon, se réunirent à eux. Fleur. Au reste, on ne voit pas pourquoi M. l’Abbé Fleury dit Barsanuphiens. Je trouve par-tout Barsaniens, & jamais Barsanuphiens. Cela pourroit même causer une erreur, & faire croire que Barsanuphius, ce Moine d’Egypte si saint, dont l’histoire Ecclésiastique parle au quatrième siècle, seroit Auteur de quelque Secte hérétique, ce qui n’est pas. Il faut donc dire Barsanien, & non pas Barsanuphien.

BARSE. s. f. Grande boîte d’étain, dans laquelle on apporte le thé de la Chine.

Barse. Rivière de France, dans la Champagne méridionale, qui a sa source près de Vandeuvre, & se jette dans la Seine un peu au-delà de Troyes.

BARSES. s. m. Nom d’homme. Barsen. On honore la mémoire de saint Barses le 30 Janvier dans l’Eglise Romaine, & le 5e d’Octobre dans l’Eglise Grecque. Saint Barses étoit Evêque d’Edesse ; il fut relégué par l’Empereur Valens, Arien. On trouve Barsas, Barsen, Barses, & Barsus. Voyez Bollandus, au 3e de Janvier.

☞ BARSIKET. Ville d’Asie, dans la Transoxane, sur le Sihon.

☞ BARSIR. Ville d’Asie, dans la province de Kerman.

BAR-SUR-AUBE. s. f. Espèce de raisin appelé autrement chasselas. Voyez Chasselas.

BARTAVELLE. s. f. Espèce de perdrix rouge, plus grosse que les perdrix ordinaires. Les bartavelles viennent de Dauphiné. Voyez Perdrix.

BARTHELEMI. s. m. Bartholomæus. Nom d’homme. C’est le nom d’un des Apôtres de Jésus Christ. Quelques-uns croient que ce mot vient de bar, & de tholmaï ; & qu’ainsi il veut dire fils de Tholmaï ; ils ajoutent que Tholmaï est le même mot en hébreu & en syriac, que Πτολεμαῖος en grec, Ptolomée. Voyez Drusius & Vossius, dont Ravanelle ne croit pas qu’on doive suivre le sentiment. Hésychius l’interprète Υιὸς κρεμάσαντος ὔδατα, ce qui signifie non pas fils de celui qui tire de l’eau, filius haurientis aquas, comme a dit Hoffman, mais filius suspendentis aquas. Car outre que c’est le sens de κρεμάσαντος, c’est qu’Hésychius n’a pu tirer cette étymologie & ce sens que de בר, bar, fils, תולח, thole, suspendant, qui suspend, & מים main, les eaux. Or תלח ne signifie point Puiser, tirer de l’eau, c’est דלת ou שאב : pour דלת, il ne signifie que suspendre. Cette étymologie d’Hésychius est fausse. On pourroit peut-être absolument la tirer de דאב, en changeant le ד ou d, en ת ou t ; mais c’est à celle de Drusius, de Vossius & de Lightfoot, rapportée ci-dessus, qu’il s’en faut tenir. Depuis la conquête des Grecs, les noms grecs ou demi-grecs étoient très communs dans la Syrie & la Palestine, même parmi les Juifs, comme on le voit dans Josephe ; Tholemæus en particulier est un nom de Juif qui se trouve dans cet Auteur, Antiq. L. XX, c. I. Les uns prononcent Barthelémi, les autres Barthélemi, ou Barthelmi. Le premier est le meilleur ; l’autre est du peuple.

S. Barthelémi travailla dans l’Arménie majeure, & convertit les peuples de Lycaonie. Il prêcha aussi en Albanie, & dans l’Inde citérieure. Le frere d’un Prince, qu’il avoit converti, le fit écorcher tout vif. God. Eusébe, Hist. Liv. III, ch. X dit que S. Barthelémi prêcha dans les Indes. On tient qu’il fut écorché vif dans la ville d’Albe en Arménie par l’ordre du Roi, nommé Astyage. Quelques-uns croient que S. Barthelémi est le Nathanaël que S. Philippe amena à J. C. Grégoire de Tours & Anastase le Bibliothécaire, disent que son tombeau étoit à Lipari, petite ile voisine de Sicile, soit qu’il y soit effectivement mort, soit, comme il est plus vraisemblable, qu’on y ait apporté son corps.

St. BARTHELÉMI. s. m. Montagne de Pyrénées, au pays de Foix. Mons sancti Bartholomæi. La montagne de S. Barthelémi a 1185 toises de hauteur, au-dessus de la surface de la Méditerranée. Maraldi. Acad. des Sc. 1703, p. 237. Ce lieu est sur la méridienne de l’Observatoire de Paris, à 19°, 27’, 28" de longitude, & à 42°, 48’, 36" de latitude. Cassini.

☞ On appelle aussi S. Barthélemi, cette funeste journée où la Reine Catherine de Médicis & les Guises, sous prétexte de venger la Religion, armèrent la moitié des François pour assassiner l’autre moitié. Voyez La Henriade.

Herbe de S. Barthelémi. Voyez Thé du Paraguay.

BARTHELÉENIE. s. m. Nom de femme, qui se trouve dans Marot.

BARTHELÉMITE. s. m. Nom de Religieux. Bartholomita. Ce sont des Religieux Arméniens établis à Gènes. Ils étoient originairement Basiliens, & avoient la Règle de saint Basile, & l’ont suivie long-temps. Ils sont venus d’Orient, & Urbain VIII dans une Bulle de 1640 les qualifie Moines Arméniens de l’Ordre de saint Basile. Quelques-uns, comme Galano dans sa Conciliation de l’Eglise Arménienne avec la Latine, les ont confondus avec les Frères Unis de saint Grégoire l’Illuminateur ; mais il est certain que c’étoient deux Ordres différens. Les Barthelémites avoient un Monastère à Caffa dans la Chersonèse. Persécutés à Monte Negro par le Soudan d’Egypte, l’an 1296 & suiv. plusieurs souffrirent le martyre. Quelques-uns se retirèrent en Europe, & abordèrent à Gènes l’an 1307. Ils y furent bien reçus, & on leur y donna un établissement. En 1308 on leur bâtit une Eglise sous l’invocation de la Sainte Vierge & de S. Barthelémi. C’est de-là qu’ils ont pris leur nom de Barthelémites. Clément V leur accorda par une Bulle la permission de faire l’Office selon leur rit. Ils s’établirent ensuite à Parme, à Sienne, à Pise, à Florence, à Civitavecchia, à Rome, à Forli, à Fuentza & à Ancône. Leur habillement consistoit en une robe tannée, & un scapulaire noir ; ils le changèrent ensuite en celui des Frères Convers de l’Ordre de saint Dominique ; c’est-à-dire, en une tunique blanche, avec un scapulaire noir, aussi-bien que la chappe & le capuce. Ils prirent le rit romain, & célèbrent la messe à la façon des Dominicains, dont ils prirent les constitutions, & quittèrent la règle de S. Basile pour celle de S. Augustin, ce qui fut confirmé l’an 1356 par Innocent VI qui leur accorda la permission de s’élire un Général, Voyez le P. Hélyot. T. I. C. 30.

Barthelémite, s. m. Nom que l’on donne à certains Clercs séculiers, vivans en Communauté. Bartholomita. Les Barthelémites sont une association de Prêtres Séculiers qui s’est faite en Allemagne, & qui a commencé vers 1644 par Barthelémi Holzauzer. La fin de cet institut est de former de bons Pasteurs & de bons Ministres, non-seulement pour les villes, mais aussi pour la campagne. Pour cet effet, ils ont la direction des Séminaires, ils s’exercent aux fonctions pastorales & aux œuvres de charité spirituelles & corporelles. Les Barthelémites prêtent un serment qu’ils appellent Conventionnel, par lequel ils s’obligent à ne point sortir du Corps de leur propre mouvement. Ils peuvent avoir trois sortes de Maisons dans chaque Diocèse. La première est le Séminaire commun pour les jeunes Clercs. La seconde renferme diverses habitations particulières, pour les Curés, les Bénéficiers & les autres Prêtres. La troisième est pour les Vieillards, les Vétérans qui ont besoin de repos, les infirmes ou invalides. Suivant la distinction de ces trois sortes de maisons, ils ont des Constitutions divisées en trois parties, l’un pour les Séminaristes, l’autre pour les Curés, Bénéficiers, &c. &la troisième pour les vieillards & infirmes. Les Supérieurs de cette Congrégation de Barthelémites se nomment Présidens.

☞ BARTH. Voyez Bardt.

☞ BARTHEN, ou BARTEN. Barthonica, ou Bartonia. Petite ville du royaume de Prusse, dans le Barthenland, dont elle est le chef-lieu.

☞ BARTHENLAND, ou BARTENLAND, petit pays du royaume de Prusse, dans le cercle de Natangen.

☞ BARTHENSTEIN, ou BARTENSTEIN. Petite ville, dans le Bartenland, sur la rivière d’Alle. Elle s’appela d’abord Rosen-thal.

BARTOLE. s. m. Nom d’homme. Bartolus. Bartole est un grand Jurisconsulte moderne, qui naquit en 1309, & eut pour Précepteur Pierre des Assises, ou Pierre de la Piété. Bartole est, ou a passé pour être fort décisif, comme le dit Alciat dans une épigramme.

In jure primas, comparatus cæteris,
Partes habebit Bartolus,
Decisiones ob frequentes.

De là, c’est-à-dire, de ses fréquentes décisions ou résolutions, est venu le proverbe, résolu comme Bartole, plus résolu que Bartole, qui consiste en une équivoque du mot résolu. Voyez Pasquier, Recherches, Liv. VIII, chap. XIV.

BARUCH. s. m. Nom d’un Prophète qui étoit fils de Néri, & disciple de Jérémie. Il écrivit la prophétie par ordre de son Maître. Les Juifs ne la reconnoissent pas pour canonique ; mais le Concile de Trente, après celui de Laodicée, l’a mise au nombre des livres sacrés, & l’a jointe à celle de Jérémie.

BARULE. s. m. Nom de secte. Barulus. Les Barules renouveloient les erreurs d’Origène touchant la création & le péché des ames, disant qu’elles avoient été créées toutes ensemble avant la création du monde, & qu’elles avoient péché dès-lors. Ils attribuoient aussi un corps fantastique à J. C. comme font les Anabaptistes. C’est ce qu’en rapporte Sanderus. de hær. 149.

BARUTH. s. m. Mesure des Indes, qui contient dix-sept gantans, c’est-à-dire, 50 à 56 livres de poivre, poids de Paris.

Baruth. Ville de Syrie, appelée autrefois Bérite Bérithus. Cette ville est située sur le bord de la mer, à vingt milles de Seyde. Les Romains y avoient une colonie. Ses habitans droit de Bourgeoisie. Le vieil Hérode l’avoit embellie, & le Roi Agrippa l’avoit enrichie de portiques, de théâtres, d’amphithéâtres, de bains, & de plusieurs bâtimens superbes. Il y a un Crucifix que la tradition du pays dit avoit été fait par Nicodème, possédé ensuite par Gamaliel, & envoyé enfin à Baruth, deux ans avant la prise de Jérusalem par Tite & Vespasien. L’Auteur qui porte le nom de saint Athanase, fait l’éloge de ce Crucifix dans son Sermon rapporté au Concile de Nicée. Le sang qui sortit de cette image percée par la main impie d’un Juif, conserve encore aujourd’hui la couleur, que le temps, dit-on, n’a pu effacer. Ce précieux monument est placé dans un lieu souterrain de l’Eglise de saint Sauveur, dont les Turcs ont fait une mosquée. Nos Chrétiens & les Turcs même ont recours dans leurs maladies & dans leurs autres besoins, à cette miraculeuse image de Jésus-Christ crucifié. La même tradition dit que le Messie alla prêcher à Baruth sans y entrer. Mém. des Miss. du Lev. T. IV, p. 144 & suiv.

BARWICK. (on prononce BERVIC.) Ville du comté de Northumberland, dans l’Angleterre septentrionale, à l’embouchure de Twede, & aux confins de l’Ecosse. Bervicum, Borcovicum. Barwick a titre de Duché. C’est l’ancienne Tuesis des Ottadiens.

BARZISTAN. s. m. Terme turc. C’est dans une armée turque qui est campée, le marché où l’on vend aux soldats les sabres, les flèches & tout l’appareil de la guerre.

☞ BARZOD. Borsania. Petite ville de la haute Hongrie, principale du comté de ce nom, entre Cassovie & Agria.

Barzod. (Comté de) Borsaniensis comitatus. Province ou canton de la haute Hongrie, dans le gouvernement de Cassovie.

BAS.

☞ BAS. s. m. Vêtement qui sert à couvrir le pied & la jambe. Tibialia. Bas de fil, de laine, de soie, à l’aiguille ou au métier. Voyez Tricoter. Bas d’estame. Ce sont ceux qui se font avec du fil de laine très-tors, qu’on appelle fil d’estame. Voyez Estame. Bas drapés. Ce sont ceux qui, fabriqués avec de la laine un peu lâchement filée, qu’on appelle fil de trame, ont passé à la foule, & ont été ensuite tirés au chardon. Voyez ces mots. Bas à étrier, bas sans pied qui ne servent qu’à couvrir la jambe. Henri II commença le premier de son royaume à porter des bas de soie. Mascur.

☞ Donner des bas de soie à quelqu’un, en termes de mer, c’est en punition de quelque faute, le mettre dans des ceps ou menottes qui sont attachés à une barre de fer destinée à cet usage.

☞ Les Charcutiers & Cuisiniers appellent aussi bas de soie, des pieds de cochon cuits ou apprêtés d’une certaine façon.

Bas. s. m. Ce qui est au-dessous d’une autre chose à laquelle il a relation, la partie inférieure d’une chose. Pars inferior, ima, infera, inferna. Cette femme a le bas du visage fort beau. Le bas d’une maison est mal-sain. Cette maison est bâtie dans le bas de la montagne. Le bas du pavé, c’est le côté du ruisseau. Dans ce pays il y a du haut & du bas. Il y avoit au bas de votre lettre trois écritures différentes. Voit. Il y a un écriteau au bas de la statue. Il l’accompagna jusqu’au bas de l’escalier.

☞ On dit que du vin est au bas, pour dire, qu’il en reste peu dans le tonneau, que le tonneau est presque vide.

☞ En termes de Marine, les bas d’un vaisseau sont les parties qui sont au-dessous des hautes. Les hautes sont les parties qui sont sur le pont d’en-haut.

☞ En Astrologie, le bas du ciel, imum cœli ; pour dire, la troisième ou la quatrième maison d’un horoscope où est le nadir, ou la partie du ciel la plus basse à notre égard.

☞ En Botanique, le bas d’une plante est la partie qui est plus près de la terre. Les feuilles du bas d’une plante sont les premières feuilles.

☞ On dit dans le même sens le bas d’une robe, la partie inférieure, qui est plus près du bord. Fimbria. On baise le bas de la robe des Princesses.

Bas, se prend quelquefois dans un sens figuré, & on l’oppose au sublime : vouloir unir les extrêmes, le comique au sérieux, le bas au sublime. Ne confondez point le bas avec le comique. Amusemens sérieux et comiques. Voyez Bas adjectif. On dit figurément d’un ouvrage de poësie & d’éloquence, où l’on trouve de grandes inégalités, qu’il y a bien du haut & du bas. On dit aussi qu’il y a du haut & du bas dans ces gens qui veulent affecter de certaines hauteurs avec lesquelles ils ne sont point nés, & qui retombent de temps en temps dans les bassesses d’une mauvaise éducation, ou dans de trop grandes humiliations.

On dit proverbialement d’un discours ou d’une langue qu’on n’entend point, c’est du bas-breton pour moi.

Ce mot vient de bassus, qui selon Isidore & Papias a signifié un homme gros & gras, court & de petite taille. Nicot dérive ce mot du grec βάσις, qui signifie base.

BAS, BASSE, adj. Terme relatif. Humilis, infirmus, imus. Qui a moins de hauteur qu’un autre corps auquel on le compare. Le centre de la terre est le lieu le plus bas du monde à notre égard. Ce plancher est trop bas, n’est pas assez élevé. Les bas côtés d’une Eglise. Des souliers bas, qui n’ont pas le talon fort haut.

En Botanique, une plante qui est basse, est une plante qui ne s’élève guère haut.

Bas, se dit aussi de ce qui est au rez de chaussée, ou au dessous. Une salle basse. Un appartement bas. La Chapelle basse d’une Eglise. La basse fosse d’une prison.

Bas, se prend aussi quelquefois pour profond. Altus, profundus. Un fossé bas, un puits bas, une cave basse.

Bas, se dit aussi des pays qui approchent près de la mer : en comparaison de ceux qui sont vers les montagnes, ou vers la source des rivières. Inferior. Le bas-Languedoc. La basse-Bretagne. La basse-Normandie. La basse-Saxe. Le bas-Palatinat. On nomme la Flandre absolument le Pays-Bas. Il est vrai que dans les pays qui sont près de la mer, on appelle souvent bas ce qui est plus près de la mer, & haut ce qui en est plus éloigné, comme la haute & la basse-Bretagne, la haute & la basse-Normandie, la haute & la basse-Provence, le haut & le bas-Languedoc, le haut & le bas-Poitou, la haute & la basse-Picardie, &c. Il est vrai aussi que dans les pays éloignés de la mer, on se règle souvent sur le cours des rivières qui les traversent, & qu’on appelle haut, ce qui approche le plus de la source de la rivière, & bas ce qui est le plus près de l’embouchure : c’est ainsi qu’on a distingué le haut & le bas-Maine, la haute & la basse-Alsace, la haute & la basse-Autriche. Enfin, il est vrai qu’on se règle aussi souvent sur la situation du pays par rapport aux montagnes, & qu’on appelle pays haut celui qui est dans les montagnes, & pays bas celui qui est dans les plaines. Ainsi on a dit la haute & la basse-Auvergne, &c. Mais avec tout cela il est aussi certain que sans aucune autre raison apparente, le seul usage a fait donner ces noms à différens pays pour les distinguer, & c’est ainsi qu’on appelle haute-Champagne le pays qui est vers Reims, & basse-Champagne le pays qui est vers Troyes & Langres. Bien plus, on appelle haute-Gascogne, la partie de la Gascogne qui approche le plus de la mer, & basse-Gascogne, la partie qui est la plus éloignée de la mer, ce qui est contre toutes les règles ordinaires.

On dit, la basse région de l’air pour dire, la partie de l’air où sont les nuées, & où se forment les foudres & les tempêtes. On appelle aussi un temps bas, lorsque l’air est obscur, chargé de nuées, & lorsqu’elles semblent plus près de la terre. On dit aussi la basse région de l’ame, pour dire, celle où se forment les violentes passions & les désirs déréglés.

Bas, se dit aussi de ce qui est au-dessous des autres dans les emplois, dans les conditions des hommes. Les bas-Officiers sont les subalternes, qui en ont d’autres qui les commandent. Le bas chœur du Chapitre, ce sont les Chantres & les Chapelains. Les basses classes sont celles qui sont au-dessous de la rhétorique & de la philosophie.

Bas, se dit aussi de ce qui est moins estimé en quelque chose. On l’a mis au bas bout de la table c’est-à-dire, au lieu le plus éloigné des personnes de condition. Les basses cartes, ce sont les moindres du jeu.

En termes de Jurisprudence, on appelle basse-Justice, celle qui connoît des droits dûs au Seigneur, cens & rentes, exhibitions de contrats, de la Police, d’un dégât des bêtes, d’injures légères dont l’amende ne peut excéder sept sous six deniers ; & cela par opposition à la moyenne, & à la haute Justice.

Bas, se dit encore de la mer, des lacs, des étangs, des rivières, & signifie qui a peu d’eau. Depressus. Ces étangs sont bien bas. Les rivières sont bien basses.

Bas, se dit du temps aussi-bien que du lieu. Les médailles du bas Empire, ce sont celles des Empereurs qui ont vécu depuis la décadence de l’Empire, depuis Constantin le Grand jusqu’au dernier Empereur du même nom. Recentior. La basse latinité, c’est la corruption de la langue latine. Corruptus. Le carême est bas, c’est-à-dire, il commence de bonne heure, dès le mois de Février. Proximus.

Bas, se dit figurément pour vil, méprisable. Abjectus, humilis, demissus. Une ame basse, un esprit bas, qui n’ont rien d’élevé. Un cœur bas, qui est lâche. Une mine basse, qui ne témoigne aucune grandeur d’ame. Il y a des esprits élevés qui ont l’ame basse. Le P. Bourd. Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, fuit ce ton radouci. Boil. On dit encore un style bas, qui est rampant, qui n’a rien de noble, qui est sans figures. Un mot bas, qui ne se dit que par le peuple.

On dit proverbialement, qu’un homme a le cœur haut & la fortune basse ; pour dire, qu’il n’a pas le moyen de faire voir sa générosité. On dit aussi d’un homme qui n’a guère d’argent, que les eaux sont basses chez lui. On dit aussi, parler d’un ton bas, quand on s’adoucit après avoir bien menacé & querellé.

Bas, On dit qu’un homme a l’oreille basse, pour dire, qu’il est humilié. Acad. Fr.

C’est ici le lieu d’expliquer ce que c’est : qu’un terme bas, une expression basse, & avec quel loin on doit éviter ces sortes de fautes dans le discours, sur-tout s’il est grave & sérieux. Nous avons là-dessus d’excellentes remarques dans les Œuvres de M. Despréaux. Voyez la neuvième de ses réflexions critiques sur quelques passages de Longin ; il n’y a rien de mieux écrit ni de plus sensé. En voici le précis. Longin dit, chap. 34, que les mots bas sont comme autant de marques honteuses qui flétrissent l’expression. Là-dessus M. Despréaux remarque que cela est vrai dans toutes les langues, qu’on souffrira plutôt, généralement parlant, une pensée basse exprimée en termes nobles, que la pensée la plus noble exprimée en termes bas. La raison qu’il en apporte, est que tout le monde ne peut pas juger de la justesse & de la force d’une pensée, mais qu’il n’y a presque personne, sur-tout dans les langues vivantes, qui ne sente la bassesse des mots. Il ajoute que les mots des langues ne répondent pas toujours juste les uns aux autres, & qu’un terme grec très-noble ne peut souvent être exprimé en françois que par un terme très-bas. Cela se voit par les mots d’asinus en latin, & d’âne en français, qui sont de la dernière bassesse dans l’une & dans l’autre de ces langues, quoique le mot qui signifie cet animal, n’ait rien de bas en grec ni en hébreu ; on le voit employé dans les endroits même les plus magnifiques. Il en est de même du mot de mulet & de plusieurs autres. Enfin, il remarque fort judicieusement que les langues ont chacune leur bisarrerie, mais que la françoise est principalement capricieuse sur les mots, & que bien qu’elle soit riche en beaux termes sur de certains sujets, il y en a beaucoup où elle est fort pauvre, & qu’il y a un très-grand nombre de petites choses qu’elle ne sauroit dire noblement. Ainsi, par exemple, quoique dans les endroits les plus sublimes, elle nomme sans s’avilir, un mouton, une chèvre, une brebis, elle ne sauroit sans se diffamer, dans un style un peu élevé, nommer un veau, une truie, un cochon. Le mot genisse en françois est fort beau, sur-tout dans une Eglogue : vache ne s’y peut pas souffrir : pasteur & berger y sont du plus bel usage, gardeurs de pourceaux, ou gardeurs de bœufs y seroient horribles. Cependant il n’y a peut-être pas dans le grec deux plus beaux mots que συϐώτης & βουϰόλος, qui répondent à ces deux mots françois ; & c’est pourquoi Virgile a intitulé ses Eglogues de ce doux nom de bucoliques, qui veut pourtant dire en notre langue à la lettre, les entretiens des bouviers, ou des gardeurs de bœufs.

On peut ajouter que la langue françoise est celle qui souffre moins les termes bas, non seulement dans le style élevé, mais dans les conversations ordinaires des honnêtes-gens, où les termes bas ne s’emploient point, à moins qu’on ne parle de certaines choses qui sont tout le sujet du discours, comme d’agriculture, d’anatomie, car ailleurs le bel usage veut qu’on substitue d’autres termes à la place de ceux qui sont communs, quoique françois d’ailleurs. On a des exemples de cela au Palais ; il y a même quelques personnes qui croient qu’en parlant de guerre on dit tranchée & fascine, au lieu de fossé & de fagot, pour éviter des expressions communes & basses : en effet, on seroit surpris de lire dans une gazette, qu’un Lieutenant général portoit des fagots. Quoiqu’il en soit de cette remarque, qui n’est peut-être ni tout-à-fait vraie, ni tout-à-fait fausse, il est sûr que la langue françoise est aussi réservée dans l’usage des expressions basses, que d’autres langues sont libres, & hardies : on en peut juger par la manière dont on s’exprime en parlant de certaines actions naturelles.

Bas, en termes de Médecine, se dit du bas ventre : ce qui fait la troisième partie de la division du corps humain en trois ventres, dont le premier est la tête, le second la poitrine, avec ce qui est au dessus du diaphragme, & le troisième ce qui est au-dessus jusqu’aux cuisses, que le peuple appelle absolument le ventre. Alvus. Et à l’égard des autres organes des sens, on dit qu’un homme a la vue basse, Myops ; pour dire, qu’il a la vue courte ; & la voix basse, Submissus, depressus, debilis ; pour dire, qu’il l’a foible.

En termes d’Orfèvre, on appelle de l’or bas, de l’argent bas, ou de bas aloi, celui qui est foible, où il y a de l’alliage, qui n’est pas au titre du poinçon de Paris, ou de celui auquel on bat les monnoies. Vilis. L’argent d’Allemagne est fort bas. On appelle bas billon d’argent, celui qui est au dessous de cinq deniers ; & haut billon, celui qui est au-dessus jusqu’à dix.

En termes de Sculpture, on appelle bas relief, ou basse-taille, ce qui est opposé à plein-relief ou ronde bosse, une sculpture relevée en demi-bosse, qui est attachée à un fond ; d’où elle ne sort qu’en partie. Minora sigilla. M. Félibien distingue trois sortes de bas-reliefs ; dans les uns les figures qui sont sur le devant paroissent presque de relief ; dans les autres elles ne sont qu’en demi bosse, & d’un relief beaucoup moindre, & dans la dernière espèces elles sont encore moins élevées, & ont peu de relief, à la manière des vases, des camaieux, des médailles & des monnoies. Voyez Relief.

Basse-Lisse, ou basse marche. Voyez ci-après en son rang.

En termes de guerre, on appelle basse enceinte, la fausse braie ; & place basse la casemate, & le flanc retiré, qui sert à défendre le fossé. Depressus. On dit, faire main-basse, quand on ne donne point de quartier.

En termes de Marine, on appelle aussi Bas-bord le côté gauche du navire, opposé à stribord, qui est le côté droit, eu égard à celui qui étant à la poupe, regarde la proue. Latus sinistrum. Les Levantins disent orge ; faire feu de bas-bord. On appelle aussi un vaisseau de bas-bord, une galère, ou autre bâtiment qui n’a qu’un pont, par opposition aux grands vaisseaux qu’on appelle de haut-bord. Les brigantins qui ne portent point de couverte, sont des vaisseaux de bas-bord. Bas-bord tout, est le commandement que l’on fait au timonier de pousser la barre du gouvernail tout-à-fait à gauche. On appelle bas-bord, la partie de l’équipage qui doit servir à bas-bord.

Bas-fond & Bas-justicier, Voyez plus bas en leur rang.

Basses-voiles, sont les grandes voiles d’en bas ; ce qui se dit sur-tout de celles du grand mât, & du mat de misaine, par opposition à celles de hune & de perroquet, Velum summi mali maximum, infirmum.

En termes de Fauconnerie, on appelle un oiseau bas, quand il est maigre & décharné. Macer, macilentus.

En l’Eglise on appelle une Messe basse, missa sine cantu, celle qui est dite sans être chantée par le Chœur, & sans assistance de Diacre & de Soudiacre.

En Musique, bas signifie la même chose que grave, & est opposé à haut & aigu. En ce sens on dit le ton est trop bas. Il faut renforcer les sons dans le bas. Quelquefois aussi il signifie doucement, à demi-voix ; en ce sens il est opposé à fort. Il parloit, il chantoit si bas qu’on ne l’entendoit pas. Submissé. On le dit des cordes d’un instrument qui ne s’accordent pas avec les autres cordes, & d’un instrument qui ne s’accorde pas avec les autres, & qu’il faut monter plus haut, demissus, suppressus.

BAS, adv. qui a différentes significations. Il a acheté cette charge dix milles écus argent bas, pour dire, argent comptant. Præsente, numeratâ pecuniâ. Quand on demande la vie, il faut mettre bas les armes ; pour dire, il les faut quitter. Arma ponere, deponere.

On dit mettre chapeau bas ; pour dire, ôter son chapeau. Etre chapeau bas ; pour dire, avoir la tête découverte par respect. Acad. Fr.

On dit aussi, cet homme malade est bien bas ; pour dire, que sa maladie, ou sa pauvreté sont extrêmes. Inclinata salus, fortuna.

Bas, signifie encore, dans un état bas & obscur, dans une condition basse & méprisable. Humiliter, abjectè. La fortune est accoutumée à prendre bien bas ceux qu’elle veut mettre bien haut, & elle se plaît à former ses créatures de rien. Voit.

On dit figurément, traiter un homme du haut en bas ; pour dire, lui parler avec orgueil, le traiter avec mépris. Superbè, arroganter. On croit se donner un air de distinction & d’autorité en traitant les autres de haut en bas. Beil. On dit aussi absolument, le tenir bas ; pour dire, le tenir sujet & dans la soumission.

Mettre bas, signifie encore se dépouiller de quelque chose, la quitter, s’en défaire. Mettez bas votre manteau, c’est-à-dire, quittez votre manteau. Mettez bas ce pesant fardeau, c’est-à-dire, déchargez-vous de ce fardeau. Et figurément on le dit en choses spirituelles & morales ; mettez bas tous ces soins, toutes ces inquiétudes sur l’avenir, Dieu y pourvoira. Il a mis bas toutes ses défiances, tous ses soupçons.

Et si de nos Savans la troupe chicaneuse
Eût mis bas, comme lui, toute humeur querelleuse
Nous aurions la paix aujourd’hui.

Mettre bas sa haine, ne se dit plus suivant la remarque de Voltaire sur le Pompée de Corneille, & n’a jamais été un terme noble.

On dit en termes de Marine, qu’on met bas le pavillon, quand on l’abaisse pour saluer un vaisseau plus fort, ou pour le rendre. Vexillum demittere. Et figurément on dit, mettre pavillon bas ; pour dire, céder, se rendre.

On dit qu’on a mis bas dans un Imprimerie, dans un atelier ; pour dire, qu’on n’y travaille plus, & qu’on a été contraint de cesser le travail pour le trop grand froid, ou pour quelque autre obstacle. Les Imprimeurs appellent aussi le bas, la partie de leur presse où est enclavé le marbre.

On dit en termes de chasse, que les cerfs ont mis bas ; pour dire, que leur bois est tombé : ce qui arrive plus ordinairement en Avril. Deponere. Les vieux cerfs mettent bas avant les jeunes.

On dit en termes de Manège, qu’une cavale a mis bas ; pour dire, qu’elle a pouliné. Fœtum edere.

On dit aussi d’une chienne, qu’elle a mis bas ; pour dire, qu’elle a fait ses petits.

Bas, se joint aussi adverbialement avec plusieurs particules, comme mettre à bas, c’est jeter à terre un cavalier, démolir un bâtiment, éteindre une maison, une famille. Dejicere, deturbare. Il y avoit déjà deux tours en bas. Mol.

Vain fantôme d’honneur, c’est pour toi que l’épée,
sans cesse au massacre occupée,
A mis tant de guerriers à bas. Mau.

Tout à bas. Terme de Trictrac. C’est abattre deux dames. Prendre deux dames du talon, suivant les nombres des dez. L. S.

En bas, & là bas, se disent d’un lieu bas à l’égard du lieu où nous sommes. Infrà, deorsùm. Allez là bas ; descendez en bas. On le dit aussi de l’enfer, que S. Augustin croit être au centre de la terre.

Et si l’ai fait encor, posez le cas ;
Gardez-vous bien que rancune vous tienne,
Les rancuniers sont mal menés là bas.

On dit encore dans les Tribunaux de Justice, qu’on enverra une partie là bas ; pour dire, en prison, qu’on la fera descendre en bas.

On dit encore proverbialement à la table, je ne payerai rien, je suis des bas assis. Il faut prendre votre chemin par en bas. Plusieurs veulent loger en bas.

Ici bas, signifie non-seulement le lieu où nous sommes, en comparaison d’un lieu plus haut, mais aussi tout ce bas monde opposé à la gloire éternelle. C’est se tromper que de compter sur les choses d’ici bas, quelque éclat qu’elles puissent avoir. Abb. de la Tr.

Ecoutez ma juste prière,
Elle n’aspire point aux grandeurs d’ici bas.

L’Ab. Tétu.

Pour moi sur cette mer qu’ici-bas nous courons,
Je songe à me pourvoir d’esquifs & d’avirons.

Boil.

Par bas, ad. On dit, danser par haut & par bas ; pour dire, s’élever quelquefois beaucoup en dansant, & quelquefois danser terre à terre. Acad. Fr.

☞ On dit que l’émétique fait aller par haut & par bas ; pour dire, qu’il fait vomir & aller à la garderobe.

En termes de Fauconnerie, on dit bas voler, ou bavoler à tire d’aile, en parlant de la perdrix, & d’autres oiseaux qui n’ont pas le vol hautain. Terram radere.

On dit proverbialement, qu’un homme est bas percé, quand il n’a pas de quoi vivre. On dit aussi, à bas couvreur, la tuile est cassée, quand on veut faire descendre quelqu’un d’un lieu élevé où il est.

BASAAL. s. m. Arbre des Indes qui croît dans les lieux sabloneux, particulièrement auprès de Cochin. Il porte des fleurs & des fruits une fois l’an, depuis la première fois qu’il a commencé à produire, jusqu’à sa quinzième année. La décoction de ses feuilles dans l’eau avec un peu de gingembre, sert de gargarisme dans les maux de gorge.

BASALTE. s. m. Basaltes. Nom d’une espèce de pierre, ou de marbre dont parle Pline, Liv. XXXVI, ch. 7. Strabon Liv. XVII, & Ptolomée en parlant de la côte Arabique de l’Egypte. Elle avoit la couleur & la dureté du fer. Le plus gros bloc qu’on en ait jamais vu, selon Pline, fut mis par Vespasien dans le Temple de la Paix : on y avoit représenté seize jeunes enfans jouans sur le bord du Nil. Daléchamp dit que l’on trouve proche de Gaillon en Normandie de petites pierres de cette espèce. Pline rapporte encore que la statue de Memnon, qui résonnoit au lever du soleil, étoit d’une pierre égale à celle du Temple de la Paix, cette statue se voyoit dans le Temple de Sérapis à Thèbes. C’est apparemment de cette pierre que sont les figures égyptiennes qui nous restent de l’antiquité, & qui sont d’une pierre noire ; car le basalte est une pierre noire, ou de touche résistant à la lime, pesante, unie, douce au toucher. Elle vient d’Ethiopie & d’Allemagne. Elle sert aux Orfèvres pour l’épreuve de l’or & de l’argent. Son nom vient de basal, qui signifie du fer, ou de βασανίζω, diligenter examino. On la nomme aussi Pierre de Lydie, & en latin Lapis Lydius. Voyez Pline, Liv. XXXVI, ch. 7, & Saumaise sur Solin, pag. 558. Strabon a donné aussi une description des basaltes, Liv. XVII.

On donne aussi le nom de basalte à un marbre noir, un peu grenu : lorsqu’il est poli, il tire sur le rouge.

BASAN. Région & Royaume situé à l’orient du Jourdain. C’étoit un Royaume d’Amorrhéens, dont le dernier Roi, nommé Og, géant d’une grandeur prodigieuse, fut vaincu par Moïse, & les terres données à la moitié de la Tribu de Manassé. Il avoit à l’orient des montagnes de l’Arabie Pétrée, ou de Galaad ; à l’occident le Jourdain, & s’étendoit depuis le torrent de Jacob au midi, jusque vers l’Antiliban, ou les montagnes appelées Hermon dans l’Ecriture.

BASANE. s. f. Peau de bélier, mouton, brebis, passée par le tan, qui n’est point corroyée, qui sert sans autre préparation à couvrir des livres, des pantoufles, &c. Aluta.

Du Cange dérive ce mot de basan, qu’on a dit dans la même signification.

BASANÉ, ÉE. Hâlé, brûlé, qui a le teint olivâtre, & tirant sur le noir. Fuscus, subniger, aquilus. Les Espagnols sont basanés ; & c’est pour cela qu’on dit burlesquement, les troupes basanées, pour dire, les troupes espagnoles. Les paysans sont ordinairement hâlés & basanés.

Ce mot vient du grec βάσανος, qui signifie proprement lapis Lydius, ou Herculeus, la pierre de touche, qui est noire, ou d’une couleur noirâtre, dont la basane peut aussi avoir pris son nom, parce que les premières basanes étoient des cuirs qu’on préparoit avec peu de soin, & qu’on teignoit d’un mauvais noir. Il est plus vraisemblable que c’est un ancien mot françois ou gaulois, qui reste encore en espagnol, où baça signifie couleur noire ou brune, color fuscus, dit l’Auteur de la Notice de Gascogne.

Chez les Romains le visage basané étoit une marque de vertu ; la paleur étoit une marque de mollesse & de volupté ; & au contraire un visage noir & brûlé étoit regardé comme un signe de courage & de valeur. Le Cl.

BASA-RUCO. s. m. Petite monnoie des Indes, de très bas aloi, n’étant faite que de très mauvais étain.

☞ BAS-BORD. Voyez Bâbord.

☞ BASBORDES. Voyez Bâbordes.

BAS-BRETON. On appelle fils bas-Bretons, des fils blancs, qui viennent de Morlaix, qu’on nomme plus communément, fils de Cologne.

☞ BASCARA. Ville du Bildulgérid, en Afrique. Son territoire produit des grains & des fruits en abondance, sur-tout d’excellentes dattes.

☞ BASCON, ou BASCONS. Petite ville de France, en Gascogne, remarquable pour avoir servi de demeure aux anciens Gascons qui vinrent des Pyrénées y chercher retraite.

BASCONADE. s. f. C’est le nom que l’on donne en quelques endroits à la langue des Biscayens, que les Espagnols appellent Vascaence, ou Viscama, & nous Langue Basque. T. Corn. Cantabrica lingua.

BASCULE. s. f. Contrepoids qui sert à lever le pont-levis d’une ville, d’un château. Cratitia porta que suspensa tollenonis in morem, modò sublevatur, modò deorsùm agitur. Ce sont de grosses pièces de charpente, dont une partie s’avance en dehors de la porte, & soutient des chaînes attachées au pont-levis ; & l’autre en dedans de la porte qui en fait le contrepoids. Elles se meuvent en équilibre sur deux forts pivots attachés aux jambages de la porte, en sorte qu’en appuyant sur l’un des bouts, l’autre hausse. Il se fait encore plusieurs machines à bascule, tant pour élever des eaux, que pour d’autres ouvrages. Tolleno. Une bascule de moulin à vent, est une pièce de bois qui abat le frein du moulin, & qui sert à l’arrêter. Tolleno pisirensis, ou molendinarius. La bascule de frein d’un moulin est d’environ douze pieds de long. Une bascule de comptoir, est une petite plaque de fer qui baisse par un bout, & hausse par l’autre sur les comptoirs des Marchands, & par où l’on jette dans le comptoir l’argent que l’on reçoit. Lamina Tollenonis instar suspensa. On dit une bascule, ou trape d’un piège, d’une ratière. Il y a aussi une sorte de machine à jeter les grenades, qui s’appelle bascule. Nicot dérive ce mot de basculus, ou bien à battuendo culo.

On appelle aussi bascule, une pièce de bois, soit planche ou solive, qu’on met sur une autre en travers, qui est un peu élevée, sur laquelle les enfans mis contre-poids, s’amusent à se faire hausser & baisser alternativement.

Bascule. Terme d’Horlogerie. C’est, dans une grosse horloge, un levier, dont un bout donne sur la roue de cheville d’une sonnerie, & l’autre tire un fil de fer ou de cuivre pour faire lever le marteau du timbre. On emploie les bascules en différens usages. Bascules & leviers sont synonymes. Les bascules sont moitié droites & moitié courbes. La patrie qui porte sur les chevilles doit être recourbée en arc, & prise dans une portion de cercle, dont le diamètre est la moitié du diamètre de la grande roue qui porte les chevilles. L’autre moitié est toute droite, mais pliée de manière qu’elle fait un angle fort obtus & mixtiligne, avec la première moitié, comme de 150 degrés.

Bascule, s. f. Terme de fortification. Porte appuyée sur deux paux, qui s’ouvre & se ferme en manière de trébuchet.

Bascule, se dit encore d’une espèce de serrure ainsi nommée, parce qu’elle se hausse & se baisse.

Les Bascules les plus simples sont celles qui ne consistent qu’en une pièce de bois soutenue d’une autre par le milieu ou autrement, comme d’un essieu, pour être plus ou moins en équilibre. Lorsqu’on pese sur un des bouts l’autre hausse. Ces sortes de bascules sont les plus communes ; on s’en sert pour élever des eaux.

BASE, s. f. ☞ se dit en général de la largeur qu’on donne par le bas aux différens ouvrages que l’on construit. Il faut qu’un bastion de terre ait en sa base le double de la largeur qu’il a en sa plus haute superficie

Base, en Architecture, est la partie qui est au-dessous du fût d’une colonne, & qui pose sur le piédestal, lorsqu’il y en a. Basis. La base a les ornemens, qui sont des astragales, des tores, &c. On nomme aussi spire, la base d’une colonne, du latin spiræ, qui signifie les tours d’un serpent couché, qui fait à-peu près la même figure. La base Toscane est la plus simple de celles des cinq ordres, laquelle n’a qu’un tore. La basse Dorique a une astragale plus que la Toscane. La base Ionique a un gros tore, sur deux foibles scoties séparées, par deux astragales. La base Corinthienne a deux tores, deux scoties & deux astragales. La base Composite a une astragale moins que la Corinthienne. La base Attique a deux tores & une scotie. On appelle base rudentée, celle dont les tores sont taillés en manière de cables. Base mutilée, celle qui n’est profilée que par les côtés d’un pilastre. Base se dit aussi de tout ce qui sert comme de premier fondement hors le rez de chaussée, pour soutenir toutes sortes de corps ou d’édifice.

Base, en termes de Géométrie, est le côté du triangle opposé à l’angle que forment les deux autres côtés ; ainsi en tout triangle chaque côté peut être considéré comme la base. Basis trianguli. Mais dans un triangle rectangle, la base est le côté opposé à l’angle droit. On l’appelle autrement subtendante, & hypothneuse. On dit aussi la base d’un cube, c’est le carré sur lequel il est posé. La base d’un hémisphère, est un plan, ou un cercle dont le diamètre est égal à celui de la sphère, & dont le centre est le même que celui de cette même sphère.

Base, en termes de fortification, est le côté extérieur d’un polygone, ou bien une ligne qu’on imagine tirée d’un angle du flanc d’un bastion à celui qui lui est opposé.

En termes d’Arpentage on appelle base, la ligne sur laquelle on établit des mesures certaines. On prend d’ordinaire pour base, quelque muraille, ou le plus grand côté de la superficie qu’on veut mesurer.

Base des Sabords, en marine, c’est le bordage qui est entre la préceinte & le bas des sabords.

Base, en termes d’Anatomie, se dit de la partie supérieure du cœur qui est la plus large, & opposée à sa pointe. Il se dit encore du fondement de l’os hyoïde ; la base de l’omoplate est la partie postérieure & la plus prochaine des vertèbres du dos.

Base, en termes de Botanique, basis, se dit quelquefois du bas des feuilles & des tiges. Car on dit, les feuilles entourent les tiges par leur base. Mais on emploie plus ordinairement le terme de naissance, & l’on dit les feuilles sont arrondies à leur naissance.

Base, se dit aussi du principal ingrédient qui entre dans quelque corps artificiel, ou composition. Pars præcipua. Le citron est la base du sorbet. Le cacao est la base du chocolat.

Base, en termes de Conchyologie. La base d’une coquille est l’extrémité opposée à la partie la plus élevée, quand il n’y a point de queue ; quand il y en a une, c’est la partie la plus large entre la clavicule & la queue.

Base, en termes d’Horloger, se dit généralement de la partie inférieure d’une pièce telle qu’elle soit comme d’un cône d’un cylindre. Le rocher d’une fusée de montre est fixe à la base de la fusée.

Base, en termes de Musique, c’est la plus basse partie