Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/221-230

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Fascicules du tome 2
pages 211 à 220

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 221 à 230

pages 231 à 240


piston qu’ils font entrer dans la Canonière. Ils l’appellent aussi quelquefois canon. Tubulus sambuceus mittendis globulis innoxiis, ou tubulus sambuceus.

CANONIERES. En termes de Maçonnerie, sont les ouvertures qu’on laisse dans les gros murs & terrasses, pour évacuer les eaux. Fenestellæ aquis emittendis comparatæ.

CANONIQUE. adj. m. & f. Livre sacré & authentique, qui a autorité dans l’Eglise, comme faisant une partie de la Bible. Legitimus, canonicus. On les appelle ainsi, parce qu’ils sont dans le Canon, ou dans le Catalogue des Livres sacrés. Quelques Peres distinguent les Livres de la Bible en trois classes : les Protocanoniques, les Deuterocanoniques, & les Apocryphes. Du Pin. Le Livre de Judith est un Livre canonique dans l’Eglise Catholique ; les Calvinistes le rejettent mal-à-propos. Les Epîtres de saint Pierre sont reçues par l’Eglise pour canoniques, quoique saint Jérôme dise que plusieurs de son temps tenoient la seconde pour apocryphe, à cause de la différence du style. Il n’appartient qu’à l’Eglise de déclarer un Auteur, ou un Livre Canonique.

☞ Le Canon des Livres du nouveau Testament n’a point été dressé par aucune assemblée de Chrétiens, ni par aucun particulier. Il s’est formé sur un consentement unanime de toutes les Eglises, qui avoient reçu par tradition, & reconnu de tout temps certains livres comme écrits par certains auteurs inspirés du Saint Esprit, Prophètes, Apôtres, &c. Quoique quelques Livres du nouveau testament n’aient pas été reçus au commencement dans toutes les Eglises, ils se trouvent tous dans les catalogues anciens des Livres sacrés, si on en excepte l’Apocalypse, qui n’est point dans le Canon du Concile de Laodicée, mais que le consentement unanime des Eglises a depuis autorisé.

Canonique, se dit aussi de ce qui est fait selon les Canons & les Règles de l’Eglise. Mariage canonique. Doctrine canonique. Ce Prélat a toujours mené une vie canonique ; ses écrits ne contiennent rien que de canonique. La Commende d’une Abbaye est un titre canonique en France. On appelle Peines canoniques, les peines que l’Eglise peut imposer : telle est la déposition, l’excommunication, des aumônes, des jeûnes, ou quelque autre pénitence corporelle. Le Juge d’Église peut même condamner à l’amende honorable, pourvu qu’elle se fasse dans son Prétoire seulement.

On appelle aussi la Jurisprudence Canonique, le corps & la science du Droit Canon. Un cours canonique. Voyez Droit canon.

Canonique. s. m. Droit des prémices qui se payoit autrefois à l’Evêque dans l’Eglise Grecque, estimation des prémices que les Laïques devoient à l’Evêque chaque année. Primitiæ, jus primitiarum Episcopo solvendum. L’empereur Issac Comnene fit une Constitution pour régler le Canonique des Evêques. Alexis Comnene son neveu la confirma par une autre Constitution du mois de Septembre 1086, indiction 9e. Un village de trente feux payoit pour le Canonique une pièce d’or, deux d’argent, un mouton, six boisseaux d’orge, six de farine, six mesures de vin, & trente poules. Les autres payoient de même à proportion du nombre de leurs habitans.

CANONIQUEMENT. adv. D’une manière canonique, selon les Canons. Legitimè, canonicè. Ce mariage a été célébré canoniquement. Il a été pourvu canoniquement de ce Bénéfice.

CANONISATION. s. f. Déclaration du Pape, par laquelle après plusieurs enquêtes & solennités, il met au Catalogue des Saints un homme qui a mené une vie sainte & exemplaire, & qui a fait quelques miracles. Alicujus in numerum Sanctorum relatio, abscriptio, canonisatio. Du Cange dit que d’abord la canonisation n’étoit autre chose qu’un ordre du Pape par lequel il commandoit que le nom de ceux qui s’étoient fait remarquer par leur sainteté fussent insérés dans le Canon de la Mésse. Pour honorer quelqu’un d’un culte public comme Saint, les miracles qu’il fait ne suffisent pas, il faut un décret de canonisation.

Pour être pleinement instruit de la manière dont on procède à Rome à la béatification & à la canonisation des Saints, de la sagesse avec laquelle on s’y conduit, & des précautions infinies, que l’on y prend, il faut lire sur cette matière l’excellent ouvrage du Cardinal Lambertini, mort souverain Pontife, sous le nom de Benoît XIV. Il est en quatre volumes in-fol. intitulé De Beatificatione Servorum Dei, & Canonizatione Beatorum.

Le P. Mabillon, dans la Préface du Ve sièclee des Acta SS. Bened. n. 88, remarque très-bien que le terme de canonisation n’est pas si ancien que la chose même, puisque ce mot ne se trouve point avant le XIIe siècle. Le premier qui s’en soit servi est Udalric, ou Oudry, Evêque de Constance, dans sa Lettre à Calixte II, pour la canonisation de l’Evêque Conrad. Ensuite Alexandre III, dans la Bulle de canonisation de S. Edouard, Roi d’Angleterre en 1161, & 11 ans après, dans celle de la canonisation de S. Thomas de Cantorberi ; puis Pierre de Celles & plusieurs autres s’en sont aussi servis.

Le P. Mabillon distingue une canonisation générale, & Une particulière. La première est celle qui se faisoit par un Concile général, ou par le Pape ; la seconde celle qui se faisoit par un Evêque, par une Eglise particulière, ou par un Concile particulier. Il y a quelques exemples de canonisations, ou d’une espèce de canonisation, qui semblent faites par un Abbé. Ainsi Ste Viborade tuée par les Barbares le 2e jour de Mai 925, ayant fait beaucoup de miracles à son tombeau, le jour de l’anniversaire étant venu, l’Abbé Engilbert, après en avoir délibéré avec ses Moines, ordonna d’en faire l’Office, & d’en dire la Messe comme d’une Vierge. Voyez le P. Mabillon præf. 5 sæc. 1, n. 91. M. l’Abbé Fleury ajoute que c’étoit avec l’autorité de l’Evêque.

Les premiers Saints que l’Eglise a canonisés sont les Martyrs : elle a commencé plus tard à canoniser les Confesseurs.

Le premier exemple d’un Acte de canonisation faite par le Pape, & qui soit sur, est, non pas celui de canonisation de S. Hugues faite par Innocent II, dans le XIIe siècle ; mais celui de la canonisation de S. Uldric, ou Udalric Evêque d’Ausbourg, faite par le Pape Jean XV le 11 Juin, l’an 983 de J. C. & le 8e de son pontificat. Cette canonisation fut faite vingt ans après la mort du saint : elle est signée du Pape, de cinq Evêques des environs de Rome, & de neuf Prêtres & trois Diacres Cardinaux. Le terme de canonisation n’étoit pas cependant encore en usage. Cet Acte est dans Baronius, dans la Collection des Conciles du P. Labbe, Tome IX, p. 741, & dans le Propylœum ad Acta SS. Maii. Voyez aussi Acta SS. Ben. sæc. V, Prœf n. XCIX, & p. 471.

La canonisation consistoit autrefois à mettre le nom du Saint dans les sacrés Diptyques, ou dans le Canon, c’est-à-dire, le Catalogue des Saints ; à ériger sous leur invocation des Eglises, ou des Oratoires, avec des Autels pour y offrir le saint sacrifice ; à tirer leur corps de leur premier sépulcre, & autres choses semblables : & ces manières de canoniser sont très-anciennes. Le Pape n’étoit pas le seul qui eût le droit de faire des canonisations ; les Ordinaires, sur-tout les Métropolitains, & les Primats l’avoient aussi en faisant leurs visites, ou bien dans un Concile de leur Province. On ne sait point quand le droit de canoniser a commencé à être réservé au Pape. Quelques-uns croient qu’Alexandre III est l’Auteur de cette réserve. Ils se fondent sur ce que dans le IIIe Liv. des Décrétales, ramassé par Boniface VIII. Tit. 45 de Reliquiis & Venerat. Sanct. Cap. Audivimus, on lit ces paroles, Ne liceat aliquem pro Sancto absque auctoritate Romanæ Ecclesiæ venerari. Mais ces paroles ne sont pas exactement citées, & Alexandre ne fait point mention de ce réglement ; il le suppose fait, car il y condamne un abus énorme de quelques gens qui honoroient comme un Saint, un homme qui avoit été tué dans l’ivresse, & il leur défend de lui rendre aucun culte ; vû que quand même, ajoute-t-il, il feroit des miracles, il ne seroit pas permis, de l’honorer comme Saint sans l’autorité de l’Eglise Romaine. Cùm etiamsi per eum miracula fierent, non licet ipsum pro Sancto, absque auctoritate Romanæ Ecclesiæ, venerari. Paroles qui montrent évidemment que la réserve dont nous parlons étoit déjà en usage, & qu’Alexandre la suppose & ne la fait point. Les Jésuites d’Anvers, dans leur savant Propylœum ad Acta Sanctorum Maii p. 173. B, C, conjecturent qu’elle s’étoit établie depuis deux ou trois siècles, par une coutume qui avoit passé en loi, mais qui dans les Xe & XIe siècles n’étoit point encore généralement reçue. Le P. Mabillon, Acta Sanctorum Ben. sœc. V. Præf. § VI, la rapporte aussi au Xe siècle. Il est confiant qu’elle étoit reçue absolument & généralement avant Alexandre III ; car l’Archevêque de Vienne en France, & ses suffragans, le reconnoissent authentiquement l’an 1231 dans la lettre qu’ils écrivent à Grégoire IX, pour lui demander la canonisation d’Etienne Evêque de Die, mort en 1208, Quia nemo, disent-ils quantalibet meritorum prærogativâ polleat, ab Ecclesiâ Dei pro Sancto habendus aut venerandus est, nisi prius per Sectem Apostolicam ejus sanctitas fuerit approbata.

Les cérémonies de la canonisation n’ont point été instituées toutes ensemble, & en même temps : elles ont été ajoutées peu-à-peu, & les unes après les autres à l’acte juridique que faisoit l’Eglise. La première & la plus ancienne est la sentence par laquelle le Pape déclaroit qu’il vouloit qu’on mît un tel au nombre des Saints, & qu’on célébrât sa fête le jour de sa mort. Cette sentence se prononçoit ordinairement dans un Concile. Quelquefois cependant le Pape la prononçoit seul, comme celle de la canonisation de S. Edouard, Roi d’Angleterre, faite en 1161, par Alexandre III. Quelquefois dans une grande assemblée de peuple, comme celle de S. François d’Assise. D’abord cette sentence se lisoit dans la salle du Concile ; ensuite on établit qu’elle seroit lue dans une Eglise, ou dans la place qui seroit devant l’Eglise. Pour rendre encore la cérémonie plus célèbre, Honorius III, y ajouta quelques jours d’indulgences en 1225, Grégoire IX, & d’autres ensuite en augmentèrent le nombre, & enfin Adrien VI, accorda une indulgence plénière l’an 1523, à la canonisation de S. Bennon. Un ancien cérémonial, qui avoit succédé à l’Ordre Romain, & qui a été en usage jusqu’à Léon X, sous le Pontificat duquel Marcel, élu à l’Archevêché de Corcyre, imprima le Nouveau Cérémonial, est le premier livre où l’on trouve les cérémonies de la canonisation. Ce Cérémonial est du Pontificat de Clément VI. vers l’an 1348. Elles n’avoient point été mises dans l’Ordre Romain, parce qu’elles ne se faisoient pas alors dans l’Eglise pendant la célébration des saints mystères, mais dans la salle du Concile. C’est, à ce que l’on croit, Alexandre III, qui fit le premier la canonisation de S. Thomas de Cantorberi en célébrant la Messe. Baronius dans ses Notes sur le Martyrologe, &c après lui Phœbæus, remarque qu’à la canonisation de S. Roch, faite au Concile de Constance en 1414, on porta pour la première fois l’image du Saint en procession par toute la ville ; & Phœbæus croit que c’est là l’origine des Bannières du Saint canonisé, & de la procession qui se fait à la canonisation. Voyez les Bollandistes, Propyl. ad Act. SS. Maii Dissert. XX, p. 171 & seq. & la Préface des Acta Sanct. Bened. sæc, V, § VI.

Une manière de canoniser les Saints en usage dans les Xe & XIe siècles étoit d’élever, avec la permission du S. Siège, un autel sur leurs corps. Ainsi S. Romuald, mort en 1027 le 19 Juin, faisant beaucoup de miracles à son tombeau, cinq ans après les Camaldules obtinrent du S. Siége la permission d’élever un autel sur son corps, comme il est remarqué dans la Préface des Acta SS. Ben. Sæc. V, n. XCVIII.

Canonisation, se dit aussi de la Fête qui se fait en plusieurs Eglises, ou le nouveau Saint est honoré, en témoignage de réjouissance de cette déclaration. Festivitas ob relatum recens aliquem Sanctorum in numerum, canonisationis festivitas.

CANONISER, v. act. Mettre au nombre des Saints un homme qui a vécu exemplairement, & qui a fait des miracles ; assigner certain jour pour en faire la fête, & ordonner un Office convenable pour l’invoquer. Aliquem Sanctorum in album, in numerum referre, adscribere. Ce mot vient de ce qu’autrefois on inséroit le nom des Saints dans le Canon de la Messe, avant qu’on eût fait des Martyrologes ; & l’on en faisoit commémoration, afin qu’ils priassent pour le peuple.

Canoniser, signifie inscrire une loi dans les Registres publics, lui donner force de loi, la mettre au nombre des loix. Dans l’ancien Code Romain on a canonisé plusieurs Loix Impériales. Histoire du Droit Canon.

Canoniser. Marot s’est servi de ce mot pour, faire Chanoine, ou Chanoinesse. Canonicum, ou Canonicam facere. Inter Canonicos, ou Canonicas adlegere.

Avant la mort les six canonisées,
Ou pour le moins les six chanoinisées.

Canoniser se dit figurément, pour louer comme une chose sainte & digne d’un Saint. Laudare, celebrare. Ne seroit-ce pas une contradiction insoutenable de louer, par exemple, & de canoniser dans Thérese ce renoncement parfait où elle a vécu à tout ce qui peut flater les sens, tandis qu’on cherche à les satisfaire ? Bourdal. Entr. T. I, p. 324.

Canonisé, ée. part.

CANONISTE. s. m. Docteur en Droit Canon, ou Auteur qui a beaucoup écrit sur le Droit Canon, ou qui est versé dans le droit Canon. Juris Canonici, Pontificii peritus, Canonista. Panorme, Hostiensis, Durand, &c. ont été de grands Canonistes. Les opinions des Canonistes Ultramontains sont bien différentes de celles des Canonistes François.

☞ CANOPE. Ville. Voyez plus bas Canopus.

CANOPIEN. adj. masc. Surnom d’Hercule l’Egyptien, près de la ville de Canope, dans la basse Egypte, où il étoit honoré.

CANOPITE. s. m. C’est le nom d’un collyre, dont on trouve la description dans Celse, Lib. VI, cap. 6.

CANOPUS. s. m. Faux Dieu des Egyptiens. Canopus. Canopus étoit le pilote d’Osiris, si l’on en croit Plutarque : selon d’autres, le pilote de Ménélas, qui ayant fait naufrage sur la côte d’Egypte, y fut honoré comme Dieu. On lui bâtit un temple : il passa pour être un Dieu des eaux, & fut même appelé Neptune Canope. Aristide néanmoins dit avoir appris d’un Prêtre considérable de la ville de Canope, que long-tems avant Ménélas, ce lieu portoit ce nom, ou du moins un mot fort approchant en égyptien, & qui signifioit Terre d’or. Voyez sur ce Dieu Vossius De Idolol, L. I, cap. 31, & L. II, cap. 74. Cet auteur prétend qu’on n’entendoit par-là autre chose que l’eau. Ruffin rapporte, Hist. Eccl., liv. II, ch. 26, comment un Prêtre Egyptien lui fit remporter la victoire sur le Feu, qui étoit le Dieu des Chaldéens. Les Egyptiens le mirent au nombre des Dieux. Suidas rapporte la même chose. Les Chaldéens se vantoient que le Dieu qu’ils adoroient, c’est-à-dire, le Feu, étoit le plus puissant & le vainqueur de tous les Dieux. Un Prêtre de Canopus, pour leur montrer que son Dieu l’emportoit sur le Feu, prit une grosse cruche telle qu’on en faisoit en Egypte pour purifier l’eau, c’est-à-dire, toute percée de petits trous comme un crible ; il la peignit de différentes couleurs ; mit sur le cou la tête d’une statue qu’on disoit être de Ménélas, boucha tous les petits trous avec de la cire, & dit aux Chaldéens que c’étoient là le Dieu Canopus, & qu’il auroit la victoire sur le Feu. Ils acceptèrent le défi. Il mit ce prétendu Dieu sur le Feu, qui venant à fondre la cire qui bouchoit les trous, toute l’eau tomba & éteignit le feu. Ainsi Canopus remporta la victoire, & de-là vint la mode de le représenter avec de forts petits pieds, & le corps tout semblable au ventre d’une cruche avec une tête d’homme. Voilà ce que dit Suidas, & qui se confirme par les figures de Canopus, qui se voient dans les cabinets des curieux. Le P. Kirker en a fait graver une dans son Œdip. Ægypt., Tom. I, p. 209. Le même auteur remarque qu’on le représentoit aussi quelquefois sous la forme d’un enfant avec une robe de réseau, & quelquefois sous celle d’Hermès ou de Mercure ; mais toujours le corps arrondi comme le ventre d’une cruche. On le représentoit aussi quelquefois par un vase comme une urne, sur laquelle étoit empreinte sa figure. Voyez Kirker, cité p. 110 ; quelquefois avec plusieurs mammelles au-lieu de trous, comme une Isis. Id. p. 211. Canopus étoit chez les Egyptiens, ce qu’étoit Neptune chez les Grecs & les Romains, c’est-à-dire, qu’il présidoit aux fleuves & à tout l’élément humide. Voyez le même auteur, p. 211. On croit que la figure qui se voit au revers d’une médaille de Néron, & qui n’est autre chose qu’une bouteille qui à la place du cou à une tête humaine voilée, & sur cette tête une fleur de lotus ; on croit, dis-je, que c’est la figure de Canopus.

Canopus ou Canope. Ville d’Egypte à 120 stades d’Alexandrie. Canopus. Il y avoit dans Canope un fameux temple de Sérapis. Canope passoit dans l’antiquité pour une ville très-débauchée. C’est le sentiment qu’en avoient Strabon, livre dernier, Juvénal, Sat.vi, v. 82 & xv, v. 44. Stace, Lib.III, Sylv. 2, v. 111, &c. On dit que le Poëte Claudien étoit de Canope. On prétend que cette ville fut bâtie par les Lacédémoniens ou par Ménélas, qui revenant de Troye avec Hélène, fut accueilli d’une furieuse tempête, & jeté sur les côtes d’Egypte. Tacite, Annal. L.I, c. 60, dit que son pilote, nommé Canope y mourut. Il bâtit une ville en sa mémoire, & à laquelle il donna son nom, y laissant tout ce qu’il avoit de gens inutiles pour la navigation. Les Grecs l’appellent Κάνωβος, Canobus, Canobe. On peut voir ce qu’en disent Mêla, L. II, c. 7, Solin, c. 34. Ammien Marc. L. XXII, & Strabon, Liv. XVII. Théophile d’Alexandrie s’opposa fortement aux débordemens des habitans de cette ville, & détruisit les lieux qu’ils regardoient comme les plus sacrés. Zozime s’en plaint dans le Liv. III de son Hist. Il y avoit à Canopus une école célèbre, où étoit la source de toute la Théologie Egyptienne, & où l’on enseignoit les lettres sacrées, ou les hiéroglyphes. Voyez Kirker, Œd. Æg. tom. I, p. 208 & p. 16, où il dit, après Abulfeda, que Canopus est Rosette. Voyez aussi Strabon. Canope avoit donné son nom au bras du Nil le plus occidental. Souvent aussi Canope en Poësie signifie l’Egypte. On croit que Canope étoit la ville qui fut depuis appelée Bochir, Bouquir ou Bicchieri, entre Rosette & Alexandrie. M. Tillemont prétend, dans sa note 42e de son premier tome de l’Hist. des Empereurs, que Canope ou Canobe étoit sous l’Evêché de Squedie. Voyez Vigenere dans son César.

Canopus, est aussi le nom d’une étoile de l’hémisphère méridional. Canopus. Vitruve, Liv. IX, c. 7. dit que le Canopus est l’étoile qui est au bout du gouvernail dans la constellation du navire Argo. Le Canopus ne se voit ni en Grèce ni en Italie. Ceux qui de Grèce font route au sud, commencent à l’appercevoir à l’île de Rhodes, dit encore Vitruve au même endroit ; c’est-à-dire, qu’on ne le voit que vers le 36e degré de latitude nord. Pline, Liv. VI, ch. 22, l’appelle un astre grand & brillant. Sidus ingens & clarum ; & Proclus, λαμπpός άστήρ . C’est en effet une étoile de la première grandeur, qui dans les tables de Boyer, est à l’endroit où le gouvernail entre dans l’eau. Hygin l’appelle τήν ἔσχατην τοῦ ποταμοῦ, la dernière étoile du fleuve. On l’appelle aussi Ptolemæus, Ptolemæon, Terrestris, Ponderosa, Suhel & Sihel. Boyer. Uranomet. Tab..

☞ CANOSA ou CANOSE. Ville du Royaume de Naples, dans la province de Bari. Elle fut renversée par un tremblement de terre en 1694.

CANOT. s. m. Petit bateau dont se servent les Indiens, fait tout d’une pièce d’un tronc d’arbre creusé. Cymbula. En l’Île de Cuba ils les font de cèdre, & il y en a de si longs, qu’ils tiennent 50 ou 60 personnes. Ils sont faits comme des navettes de tisserand. Il y en avoit plus de cent mille sur le lac de Mexique, à ce que dit Herrera. Il y a aussi des canots de Sauvages & des canots d’écorce. Ce sont de petits bateaux faits seulement d’écorce d’arbre, dont se servent les Sauvages de l’Amérique septentrionale. Ceux de Canada les font d’écorce de bouleau, & assez grands quelquefois pour contenir quatre eu cinq personnes. On dit canot jaloux ; pour dire un canot qui a le côté foible.

Canot, est aussi un petit bateau pour le service d’un grand bâtiment ; on s’en sert pour aller d’un vaisseau à l’autre, ou d’un vaisseau à terre. Il va à rames & à voiles.

On se sert de canots dans les sucreries & rafineries, pour achever de faire refroidir le sucre avant que de le mettre dans les bariques. Ils sont de bois & tout d’une pièce : on les appelle aussi des auges.

Canot. Oiseau. Voyez Chat-huant.

☞ CANOVIA. Petit pays de la Haute-Albanie, entre le golfe de Drin & la ville de Scutari.

☞ CANOURGUE. Petite ville de France, dans le Gevaudan, aux confins du Rouergue.

CANQUE. s. f. Espèce de toile de coton, qui se fabrique à la Chine. C’est de cette toile dont les Chinois font leur premier habillement, qui est proprement la chemise chinoise.

CANQUETER. v. n. C’est le terme dont on se sert pour exprimer la manière de crier des canes qui sont les femelles des canards. Rien n’est plus désagréable que d’entendre canqueter les canes, principalement quand elles sont en troupes. Leur ton nazard est assommant. Les Latins exprimoient notre canqueter par letrinire.

☞ CANSCHY. s. m. Nom d’un arbre fort gros, dont l’écorce sert au Japon à faire une espèce de papier. Acad. Fr.

☞ CANSTAT, Petite ville d’Allemagne, dans le Cercle de Suabe, sur le Necker, au Duché de Vurtemberg.

CANSTRISE ou CANSTRINSE. s. m. Canstrisius, ou Canstrensius. Nom d’office dans l’Eglise de Constantinople. C’étoit le Canstrise, qui avoit soin des habits pontificaux du Patriarche, qui l’aidoit quand il s’habilloit, & qui pendant la messe tenoit la boîte à l’encens. Il tenoit aussi le voile du calice, & aspergeoit le peuple d’eau bénite pendant qu’on chantoit l’hymne de la Sainte Trinité. Il avoit aussi place dans les jugemens.

Ce nom vient de Canistrum, nom que l’on donnoit ou à la boîte à l’encens, que nous nommons aujourd’hui navette ; où à la corbeille où étoient les habits du Patriarche. Voyez Codin, pag. 1, 6, p. 5, 6, p. 13 & 164, les Notes de Grester 6, & du P. Goar 6. Les Macri en parlent aussi.

CANTABRE. Ancien peuple d’Espagne. Cantaber. Les Cantabres occupoient la plus grande partie de ce que nous appelons aujourd’hui Biscaye, & une partie des Asturies. Ils avoient au levant les Autrigons, & au couchant les Astures. Leur capitale étoit Cantabria ou Cantabriga, dont les ruines qui portent encore le nom de Cantabria, se voient sur une montagne de même nom, sur l’Ebre, vers les frontières de la Navarre. M. de Marca dit que l’espace de pays qu’occupoient les Cantabres doit être pris depuis Fuentibro qui est la source de l’Ebre, tirant une ligne vers l’océan, jusqu’au port de Laredo ; & ensuite vers celui de la victoire des Juliobrigiens, qui est Sautander, & de-là continuant le long de la mer jusqu’à la rivière de Sella sur les confins des Asturies d’Oviedo, en montant jusqu’à l’origine du mont Idubeda. De sorte que les Asturies de Santillane sont comprises dans l’ancienne Cantabrie. Les Cantabres étoient fort belliqueux. Quelques-uns, comme M. de Marca, disent aussi Cantabrien. Cantabre est mieux. Voyez M. de Marca, Liv. I, de l’Hist. de Béarn, où il traite fort au long des Cantabres ou Cantabriens.

Selon ce savant Auteur, Cantabre étoit aussi le nom d’une ligue de confédération des peuples voisins, fortifiés, dans l’âpreté des rochers, dont les Cantabres étoient les chefs, suivis des Asturiens & des peuples Callaïques ou de Galice ; comme ils l’avoient été autrefois des Varduliens & des Gascons. C’est en ce sens que César dit que les Aquitains furent assistés par les Cantabres contre Crassus, c’est-à-dire, par les Varduliens & les Gascons, surnommés Cantabres, à cause de la ligue avec les Cantabres, qui donnoient leur nom à tous les alliés.

CANTABRIE, Pays des Cantabres, habité, occupé par les Cantabres. Cantabria. La Cantabrie étoit une partie de l’Espagne Tarragonoise, qui comprenoit la partie occidentale de la Biscaye, & l’Asturie Santillane. M. de Marca se sert souvent de ce mot. Voyez l’Hist. de Béarn, L. I, ch. 19.

Le Royaume de Navarre étoit composé de la Cantabrie, de la Rioja & de la Bureva, que le Roi D. Sanche avoir détaché de la Castille, pour améliorer le partage de son fils, & de quelques places dans l’Arragon. P. d’Orléans. Le régiment de Cantabrie. On appelle encore la côte des quatre villes de Byscaye, côte de Cantabrie.

Cantabrie, est aussi le nom d’une ville épiscopale d’Espagne, située sur l’Ebre, mais dont il ne reste plus que des ruines sur une montagne, entre la ville de Logrone & celle de Viana. Le nom de cette ville fait juger à quelques Auteurs que les Cantabres, resserrés d’abord dans des limites assez étroites, avoient poussé dans la suite leurs conquêtes jusques-là. Cette ville étoit la capitale des Cantabres.

CANTABRIEN. Voyez Cantabre.

CANTAL. Montagne d’Auvergne. Le Cantal est élevé de 984 toises sur la surface de la Méditerranée. Maraldi. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 237.

Cantal. C’est une espèce de gros fromage qui prend son nom d’une montagne de la haute Auvergne, où il s’en fait beaucoup. On l’appelle quelquefois tête de Moine.

CANTALARRE. s. m. Les Ouvriers appellent ainsi le chambranle ou bordure simple d’une porte ou d’une croisée. Antepagmentum. Ce mot peut être formé de κοτά, autour, & labrum, lèvre ou bord.

CANTANETTES. s. f. pl. Terme de Marine. Petites ouvertures rondes, entre lesquelles est le gouvernail, & qui donnent la lumière au gavon. Fenestellæ.

CANTAR. Espèce de mesure. Voyez Alquier.

CANTABELLI. s. m. Espèce de vers qu’on appelle aussi vers de Mai, qui étant macérés dans l’huile, passent pour avoir les mêmes propriétés que l’huile de scorpion. Voyez le Dict. de James.

CANTARO. s. m. Poids dont on se sert en Italie, particulièrement à Livourne. Il y a trois sortes de Cantaros : l’un pèse 150 livres, l’autre 151, & l’autre 160.

Cantaro, est aussi une mesure de continence, dont on se sert à Cochin.

☞ CANTATE. s. f. Terme de Musique. Petit poëme fait pour être mis en musique, contenant le récit d’une action galante ou héroïque. Il est composé d’un récit qui expose le sujet, d’un air en rondeau, d’un second récit & d’un dernier air, contenant le point moral de l’ouvrage. Voyez les Cantates de Rousseau.

☞ On appelle aussi Cantate, la pièce de musique vocale accompagnée d’instrumens, composée sur le petit poëme de même nom, & variée de deux ou trois récitatifs, & d’autant d’ariettes. Il y a des cantates spirituelles ou de piété ; il y en a de galantes ; il y a des cantates françoises, des cantates italiennes. Les cantates françoises de M. Bernier, sont gravées. La cantate a passë depuis peu d’Italie en France. C’est une étrangère fantasque & capricieuse qui aura de la peine à se faire naturaliser, à obtenir un long séjour parmi nous, & qui n’y plaira qu’autant de temps qu’une nouveauté bizarre peut y plaire.

Le nom de cantate vient de l’Italien cantata.

CANTATÉ. Terme de Bréviaire. Il est latin. Le quatrième Dimanche d’après Pâques, est marqué du mot cantate dans les almanachs & éphémérides, à cause que l’introït de la Messe de ce jour, commence par ce mot. M. Bayle dit qu’il est certain que Luther fait ordonné Prêtre le Dimanche Cantâté de l’année 1507.

CANTATILLE. s. f. Petite cantate, dont la musique est ordinairement dans le goût Italien.

☞ CANTAZARO. Ville épiscopale d’Italie, au Royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure.

☞ CANTCHEOU, CANCHEU & CHANG-CHEU. Ville de la Chine, dans la Province de Kianfi, sur la rivière de Can.

☞ CANTECROIX. Petite Contrée des Pays-Bas, au Brabant, ou quartier d’Anvers, avec titre de Principauté. La petite ville de Lire en est le principal lieu.

CANTERME. s. m. Sorte de maléfice ancien. Maximien, Evêque de Syracuse, ayant trouvé chez lui des gens infectés d’un maléfice, nommé Canterme, les fit emprisonner. Fleury.

CANTHARE. s. m. Sorte de tasse dont on dit que Bacchus se servit dans son triomphe de l’Asie. Cantharus.

CANTHARIDE. s. f. Sorte d’insecte venimeux qui a des pieds & des aîles comme les mouches, & dont il y a diverses espèces. Cantharis. On l’appelle aussi mouche d’Espagne. Les cantharides se forment d’une espèce de vermisseaux qui naissent sur les blés & sur les feuilles du frêne & du peuplier. Les meilleures sont celles qui sont de différentes couleurs, qui ont sur les aîles des lignes jaunes transversales, & qui sont épaisses & récentes. On les fait mourir en les mettant au-dessus d’un vinaigre très-fort que l’on fait bouillir exprès, après quoi on les fait sécher. Elles peuvent se garder environ deux ans. Les cantharides sont très-âcres, & très-corrosives, de sorte qu’on ne s’en doit jamais servir intérieurement : elles sont ennemies de la vessie, qui en est même ulcérée, si on les applique par dehors, & qu’on les laisse un peu trop long-temps. On s’en sert fort souvent dans les vésicatoires, pour exciter des vessies sur la peau, & pour détourner par ce moyen quelque fluxion. Les cantharides ont pris le nom de cantharus, qui signifie cet animal qu’on appelle en françois fouille-merde, & en latin scarabæus venenosus. On applique des cantharides à la temple de ceux qui ont mal aux dents. Vossius a ramassé tout ce que l’on a dit des cantharides dans les chapitres 85, 86, 87, 88, 89, 96 & 98 de son IVe liv. de Idololatria.

CANTHEROU. s. m. Voyez Scarabée. C’est la même chose.

CANTHUS. s. m. Terme d’Anatomie. Le coin de l’œil, ou sangle de l’œil. Celui d’auprès du nez s’appelle le grand canthus, l’interne & le domestique, & par quelques-uns, arrosoir ou fontaine. L’autre qui est vers les temples, s’appelle le petit canthus, l’externe, ou le sauvage. Ce mot est grec, & est dérivé par du Laurens du verbe κνήθισθαι, qui signifie démanger, parce qu’on sent d’ordinaire de la demangeaison en ces endroits-là.

Canthus, en termes de Chimie, est cette partie de l’ouverture d’une cruche, d’une aiguière, ou d’un autre vaisseau, qui a un peu de creux ou de pente, par où se verse doucement sa liqueur : d’où vient qu’on dit, verser par décantation, quand on verse doucement par cet endroit-là.

CANTIBAY. s. m. Nom que les Charpentiers & Menuisiers donnent aux pièces de bois qui sont pleines de fentes & de peu de valeur. Materies rimosa.

CANTIEN. s. m. Nom & surnom d’homme. S. fant, S. Cantien, son frere, Sainte Cantienne ou Cantianille leur sœur, & S. Prot leur Gouverneur, Saints que l’on nomme vulgairement d’un nom commun les Martyrs Cantiens, furent martyrisés à Aquilée, selon l’opinion de quelques Auteurs, vers l’an 290 ; mais il est plus vraisemblable qu’ils ne moururent qu’en 304, auquel on sait que la grande persécution commença à Aquilée. Baillet, 30 Mai. M. Tillemont écrit Cantien, parce que l’on prononce ainsi.

CANTIMARONS ou CATIMARONS. s. m. Terme de relation. Ce sont deux ou trois canots liés ensemble avec des cordes de coco. Ils ont des voiles de natte en forme de triangle. Les Nègres de la côte de Coromandel se servent de cantimarons pour aller pêcher. Les cantimarons vont fort vite, pour peu qu’il y ait du vent.

CANTINE. s. f. Petit coffre divisé en plusieurs compartimens, pour y mettre des bouteilles qu’on a dessein de transporter. Arcula divisa in cellulas capiendis lagenis comparata, arcula vinaria. On l’appelle autrement cave. Les cantines sont d’un grand secours à l’armée.

On appelle aussi cantine, dans les places de guerre, le lieu où l’on vend du vin & de la bière aux Soldats, sans payer aucun droit. La cantine vaut tant au Gouverneur de cette place tous les ans.

Cantine du Tabac. Par une Ordonnance du 30 Juillet 1720, le Roi a fait établir un nombre suffisant de cantines, pour y fournir à ses troupes le tabac nécessaire pour leur consommation.

Ce mot est dérivé de cantina, qui en italien & en espagnol veut dire la même chose.

☞ CANTINIER. s. m. Celui qui tient une cantine. Acad. Fr.

CANTIQUE. s. m. Chant spirituel qui témoigne quelque joie, ou allégresse, & qui est à l’honneur de Dieu, particulièrement pour lui rendre grâces de quelque bienfait, de quelque victoire solennelle. Canticum. Il y a dans l’Ancien Testament plusieurs cantiques, celui de Moise, celui d’Ezéchias, celui des trois Enfans dans la fournaise, le cantique d’Anne, d’Habacuc, &c. Dans le Nouveau Testament, il y a celui de la Vierge, celui de Siméon & celui de Zacharie, qui sont le Magnificat, le Nunc dimittis & le Benedictus. On chante ou on récite aux Matines de l’Office divin, les sept cantiques qui sont tirés du Vieux Testament un chaque jour : ainsi on ne les récite qu’une fois par semaine ; mais on récite tous les jours les trois cantiques qui sont pris du Nouveau Testament ; savoir, à Laudes le cantique de Zacharie, Benedictus ; à Vêpres, le cantique de la sainte Vierge Magnificat ; à Complies le cantique de Siméon, Nunc dimittis. On a appelé aussi cantiques, les quinze pseaumes Graduels, depuis le 119e jusqu’au 133, parce qu’on les chantoit en montant les 15 degrés par où l’on montoit au Temple.

Les Auteurs Ecclésiastiques, S. Hilaire, S. Basile, S. Jean Chrysostôme, Euthymius, distinguent les cantiques des pseaumes par rapport au chant ; ils disent que pour les cantiques on n’emploie que les voix, & qu’on emploie les voix & les instrumens (organa) pour les pseaumes : ils ajoutent que quand les voix & les instrumens se répondent alternativement, si les instrumens commencent, cela s’appelle cantique de pseaume, canticum psalmi, & si les voix commencent, cela s’appelle pseaume de cantique. Voyez, outre les Auteurs cités, Gavantus, le Cardinal Bona, Amalarius, Fortunatus, Richard de S. Victor, Rupert.

☞ Les anciens appeloient aussi cantiques, certains monologues passionnés & touchans de leurs Tragédies, qu’on chantoit.

Le Cantique des Cantiques est un des livres canoniques de Salomon. Cantica Canticorum. C’est un épithalame en forme d’idylle ou de bucolique, dans lequel on fait parler un époux & une épouse, les amis de l’époux & les compagnes de l’épouse.

Grotius soupçonne que ce livre étoit un transport amoureux de Salomon pour la fille du Roi d’Egypte. C’est pourquoi les Juifs ne permettoient la lecture du Cantique des Cantiques qu’à l’âge de 30 ans, de peur que les sens d’une jeunesse bouillante ne fussent trop émus par les images & les allégories si touchantes dont il est rempli. Les Théologiens conviennent que si le sens littéral peut être appliqué aux amours de Salomon, le sens mystique & spirituel doit être appliqué à l’union de Jésus-Christ avec son Eglise : il est ainsi nommé, parce que c’est un cantique par excellence.

Cantique, se dit aussi de tout chant qui traite de matière pieuse. La France affligée & triomphante tout ensemble, mêla aux chants de douleur & de funérailles, des cantiques de louanges & d’actions de grâces. Flechier. Dans les Couvens on chante des cantiques spirituels.

☞ On appelle cantiques spirituels, des chansons faites sur des matières de dévotion.

☞ CANTON. s. m. Quartier, certaine partie d’un pays ou d’une ville, considérée comme séparée & détachée des autres. Pars, regio. Dans certaines villes, il y a des cantons destinés pour les Juifs. On recueille d’excellent vin dans tel canton de la Bourgogne.

On connaît moins dans leur canton
Le latin que le bas-breton. Boisrob.

Peut-être canton vient-il de l’italien cantone, qui, comme l’ont remarqué les Bollandistes, Act. SS. April. T. I, p. 188. D, signifie un grand quartier de pierre angulaire, & toute sorte de grosse pierre carrée.

Canton, se dit aussi d’un petit pays qui a un gouvernement particulier. Il y a treize Cantons des Suisses qui forment chacun une République, & qui sont ligués ensemble. Pagi Helvetiorum. Ces Cantons sont Zurich, Berne, Lucerne, Uri, Schwitz, Underwald, Zug, Glaris, Bâle, Fribourg, Soleure, Schafouse & Appenzel. Il y a les Cantons Catholiques & les Cantons Protestans, & les Cantons partie Catholiques & partie Protestans. Il y a sept Cantons Catholiques : Lucerne, Uri, Schwitz, Underwald, Zug, Fribourg & Soleure. Les Protestans sont Zurich, Berne, Bâle & Schafouse. Les mipartis sont Glaris & Appenzel. Tous ces Cantons sont confédérés, & composent ce qu’on appelle le Corps Helvétique, ou la République des Suisses.

Canton, se dit aussi des lieux éloignés les uns des autres. Regio. Ce voyageur a voyagé en plusieurs Cantons de la terre, il n’y a aucun Canton des Indes qu’il n’ait vu.

Canton, en termes de Blason, se dit d’une portion carrée de l’écu sans aucune proportion fixée. Quadratum in scuto quarta parte minus. Régulièrement elle doit être moindre que le quartier ; souvent ce n’en est que la neuvième partie qui sert de brisure : il a été souvent pris pour marque de bâtardise. Il se met tantôt à l’angle droit, & tantôt à l’angle gauche, ☞ On le dit aussi des parties dans lesquelles un écu est partagé par les pièces dont il est chargé. Ainsi les espaces que laissent les croix & les sautoirs entre leurs branches, font aussi appelés Cantons. Spatia a crucibus seu decussibus relicta.

Martinius dérive le mot de canton du grec, qui signifie le coin de l’œil.

CANTON ou QUANTON. Province de la Chine. Le P. Gouye sur les observations des Jésuites, mettoit canton à 23° 7′ 46″ de latitude nord, & à 133° 13′ 15″ de longitude, en supposant Paris à 20° 3′ de longitude. On ne lui donne plus que 20° Voyez Quanton.

CANTONADE. s. f. Terme de Théâtre. C’est le nom que l’on donne à l’aîle, au coin du Théâtre. Un Acteur s’adresse quelquefois à la cantonade. Parler à la cantonade, c’est parler à un personnage qui n’est pas vu des spectateurs. Ce terme se trouve très-souvent dans les pièces de Théâtre, principalement les Italiennes.

CANTONNEMENT. s. m. Terme de l’Art Militaire. C’est un repos qu’on procure aux troupes en différens villages contigus, & autant qu’on peut sur une même ligne, faisant face à l’ennemi, où elles l’ont logées & barraquées. Il y a cette différence entre cantonnement & quartier, que le premier ne se fait que pour procurer un rafraichissement passager à une armée fatiguée, & que le service continue de s’y faire comme en campagne ; & que dans le second, le service s’y fait comme dans les places.

CANTONNER. v. n. Terme de Guerre, qui se dit des troupes distribuées dans plusieurs villages pour la commodité de leur subsistance, avant l’ouverture de la campagne, ou l’entrée en quartier d’hiver. Les troupes commencent à cantonner. Faire cantonner des troupes. Les troupes ont cantonné en tel endroit.

CANTONNER (se). v. récip. Se retrancher, se fortifier dans quelque canton, dans un lieu serré & de défense. Aliquem in locum se conjicere, tutari, munire. Pendant les guerres civiles tous les Seigneurs se cantonnoient dans leurs Provinces, dans leurs Gouvernemens.

Cantonner un écu de son véritable blâson. En ce sens il est actif. Singulos scuti angulos suis partibus adornare.

Cantonné, ée. part. Conjectus aliquem in locum, munitus aliquo in loco.

Cantonné. adj. En termes de Blason, se dit lorsque dans les quatre cantons ou vides qui sont autour d’une croix ou d’un sautoir, il y a quelques pièces qui remplissent ces espaces. Angulatus, habens quatuor scuti angulos vel unum aliquem aliquà figura affectum. On le dit aussi, lorsqu’auprès d’une pièce ou figure principale de l’écu, il y a d’autres figures dans les quatre cantons qui l’accompagnent. Le Jay porte d’azur à un aigle d’or, cantonnée au premier canton d’un soleil aussi d’or, & aux trois autres, de trois aiglettes de même.

Cantonné, est aussi un terme d’Architecture. Lorsque l’encoignure d’un bâtiment est ornée d’un pilastre ou d’une colonne angulaire, ou de chaîne en liaison de pierre de refend, ou de bossages, ou enfin de quelqu’autre corps qui excède le nud du mur : on dit que le bâtiment est cantonné. Angulatus.

CANTONNIÈRE. s. f. Pièce de la tenture d’un lit qui couvre les colonnes du pied du lit & qui passe par dessus les rideaux. Conopæum brevius. Elle sert pour défendre l’entrée du vent qui pourroit venir par l’ouverture que laissent les grands rideaux.

CANTOR. s. m. Poids dont on se sert en Sardaigne. Un cantor fait 145 liv. de Venise.

CANTORBERY ou CANTORBIE. Ville d’Angleterre, capitale du Comté de Kent. Cantuaria, autrefois Duvernum, ou Dorobernum, ou Danovernum. Cantorbery est sur la rivière de Stour, à deux lieues de la mer, ville agréablement située, mais qui n’est pas grande. Sous les Rois Saxons, Cantorbery fut le séjour des Rois jusqu’à Ethelbert qui la donna à S. Augustin, qui l’avoit converti, & qui en fut le premier Archevêque. L’Archevêque de Cantorbery est Primat d’Angleterre & premier Pair du Royaume. C’est à lui à couronner les Rois : il a 21 suffragans, auxquels il a droit de donner des Coadjuteurs, quand ils sont hors d’état d’agir : & quand leurs sièges vaquent, il jouit des droits épiscopaux. Maty. Depuis le schisme même on l’a privé du droit de se marier qu’ont tous les autres Evêques, ou Prêtres de l’Eglise Anglicane.

☞ CANTRE. s. f. Dans les Manufactures de soie, c’est une partie de l’ourdissoir dans laquelle on passe les rochers pour ourdir. Encyc.

CANTUAIRE. s. m. Mot usité dans l’Eglise de Meaux, pour signifier le titre de celui qui baptisoit autrefois dans l’Eglise Cathédrale. Ce titre fut annexé à l’Abbaye de Chage dès sa fondation. Hist. de l’Eglise de Meaux, T. I, page 630.

☞ CANTYR. Province d’Ecosse, qui n’est attachée au continent que par un Isthme long de mille pas qui la joint au Comté d’Argill, dont elle faisoit partie.

☞ CANULE ou CANULLE. s. f. Terme de Chirurgie. Petit tuyau qu’on introduit dans les plaies, pour les empêcher de se fermer, pendant la suppuration, & pour donner issue aux matières qui y croupissent. Fistula, Canaliculus. Elle est faite d’or & d’argent, ou de plomb, & est trouée, afin que la sanie puisse entrer & tomber sur une éponge trempés en vin & eau-de-vie qu’on met à l’orifice pour tenir chaudement l’ulcère & empêcher que l’air extérieur n’entre au-dedans. Il y a des canules à anneaux qui servent à les attacher, & les tenir sujettes dans la plaie. Les canules à platine sont celles qui ont à la tête une petite plaque ronde percée de deux trous, où l’on passe un ruban pour les arrêter. Il y a des canules rondes ; il y en a d’ovales, de courbes. Il y en a pour appliquer des cautères actuels ; elles sont pour l’ordinaire fort courtes & fort larges : ce ne sont presque que des anneaux qui ont quelque hauteur, & un manche. On applique le cautère qui est plus menu que l’ouverture de la canule, en le faisant entrer dans la canule, laquelle empêche que les parties voisines ne soient offensées par le cautère. Il y a de ces canules à platine qui sont longues : elles servent lorsqu’il faut introduire un cautère dans le corps pour consumer quelque callosité ; on les appelle fenestrées, ou à fenêtre, à cause d’une ouverture qu’elles ont, non pas au fond, mais à côté sur leur longueur pour appliquer le cautère. On se sert de ces canules fenestrées & fermées par un bout, pour les hémorrhoïdes internes, pour les fistules, &c. Quelques-uns appellent les canules à platine, canules aîlées, parce que la platine est étendue en quelque façon comme les aîles d’un oiseau qui vole.

En plusieurs endroits on appelle canule le petit tuyau que l’on met au bout des seringues pour donner des lavemens. Tubulus.

Canule, se dit aussi de ce qui sert à boucher un muid, & à en tirer le vin en l’ouvrant. Fistula. On l’appelle plus ordinairement canelle.

☞ CANZULA. Ville maritime de Niphon au Japon, au nord du Royaume d’Ava & au midi de celui de Ximola. Quelques-uns la font capitale d’une province ou Royaume de même nom.

CAO.

CAOPOIBA. On dit aussi Coapoiba. s. m. Arbre des Indes, de la hauteur du hêtre, dont il a la figure. Son écorce est cendrée avec des ondes brunes. Ses feuilles sont fermes, de figure oblongue, & il sort de leurs queues, lorsqu’on les rompt, une liqueur laiteuse. Ses fleurs sont chacune portées sur un pédicule. Elles sont de la grosseur d’une rose, composées comme elle de feuilles blanches avec de petits onglets rouges, & ont au lieu d’un nombril, un petit globule rouge, résineux, de la grosseur d’un pois, qui donne une résine aussi claire que la térébenthine, gluante & jaunâtre, mais d’une odeur désagréable. Le fruit est placé dans une capsule, de même que le gland, & renferme plusieurs rangs de semences de la grosseur & figure des pépins de pommes. La pulpe du fruit est jaune & donne un suc jaune. L’écorce du bois, qui est épaisse, se sépare aisément du bois, qui est fragile, & qui contient une moëlle que l’on en tire facilement. Il y en a une autre espèce à écorce grise & à feuilles oblongues.

CAORCIN ou CAORSIN & CORSIN. s. m. Caorcinus, corsinus. Les Caorsins ou Corsins furent des Marchands d’Italie fameux au XIIIe siècle par leurs usures, en France & en Angleterre, dans les Pays-Bas, & en Sicile. S. Louis fit un édit contre les Caorsins en 1268. Henri III les chassa d’Angleterre en 1240. Le Pape ayant intercédé pour eux, dix ans après ils revinrent, & furent chassés une seconde fois en 1251, l’année d’après leur rétablissément. En 1260, Henri III, Duc de Brabant, ordonna par son testament qu’on les chassât aussi de ses Etats. Quelques-uns croient qu’ils prirent leur nom de Cahors, capitale du Quercy, où ils faisoient un gros commerce. D’autres croient qu’ils viennent d’une famille de gros Négocians de Florence nommés les Corsins. Quoi qu’il en soit, comme on enlevoit souvent ces Marchands comme des usuriers pour les mettre en prison, quelques-uns croient que c’est de-là qu’est venue cette manière de parler proverbiale : Enlever comme un Corsin, & qu’il faut dire ainsi, & non pas comme un corps Saint, qu’ils croient être une corruption que la ressemblance des mots a produite. Matthieu de Westminster, à l’an 1232. Du Cange. D’autres disent que ce proverbe vient de ce que les Caorsins eux-mêmes étoient si cruels, qu’ils enlevoient leurs débiteurs & les faisoient mettre en prison. La première raison paroît convenir à l’usage du proverbe & au sens qu’on lui donne. Voyez encore au mot Banquier.

☞ CAOTANG. Petite ville de guerre de la Chine, dans la province de Chanton, sous le même méridien que Pékin, à 37° 13′ d″ de lat.

CAOUANNE. s. f. C’est une des trois espèces de tortues, & la plus grande des trois. Son écaille n’est bonne à rien ; car outre qu’elle est très-mince & de vilaine couleur, elle est toujours chargée de galle & d’autres marques qui la gâtent absolument. Sa chair n’est pas meilleure ; elle est toujours maigre, filasseuse, coriace & de mauvaise odeur. On ne laisse pas de la saler pour les Nègres, à qui tout est bon. Le P. Labat.

CAOUP. s. m. Arbre qui croît dans l’Île de Maragnan dans l’Amérique. Ses feuilles ressemblent à celles du pommier, mais elles sont plus larges. Ses fleurs sont rouges & jaunes. Son fruit est semblable à l’orange par sa figure & par son goût, & plein d’amandes. Ray, cité par James.

CAP.

CAP. s. m. La tête de l’homme. Caput. Il n’est en usage qu’en ces phrases. De pied en cap. A capite ad calcem. Armé de pied en cap. Cataphractus. Ce Capitaine à habillé & armé tous ses cavaliers de pied en cap, à ses dépens. Parler cap à cap. Les Gascons disent aussi cap de Dious, quand ils veulent jurer.

Le P. Pezron dit que le mot cap vient de capp, mot celtique, qui signifie la même chose.

Cap, en termes de Marine, est la tête de l’éperon, la pointe, ou l’avant du navire, la proue d’un vaisseau. Nous avons le cap au nord. Il a fallu virer le cap à l’ouest. Nous avions le cap au vent. Ils porterent le cap sur une telle ville, c’est-à-dire, ils y dresserent leur route. Où as-tu le cap ? C’est une question qu’on fait au Timonnier ; pour savoir quel rumb de vent on tient. Avoir le cap à marée, c’est présenter l’avant au courant de la mer. Mettre le cap sur une tour, c’est diriger la proue du vaisseau du côté de la tour, afin qu’il aille vers la tour. P. Hoste Jésuite.

☞ Virer cap pour cap, c’est-à-dire, changer les amures en virant vent arrière & courir sur la route directement opposée à celle que l’on tenoit avant de virer. On dit que deux vaisseaux sont cap à cap, lorsqu’ils courent sur des routes directement opposées

Cap de More, en termes de Marine, ou Tête de More, est un gros billot qui embrasse le tenon des mâts, ou le bâton du pavillon. Voyez Chouquet, c’est la même chose.

Cap de Mouton, est un autre billot de bois taillé en façon de poulie, qui est percé en trois endroits pour y passer des cordes ou rides, servant à différens usages. On met d’ordinaire treize douzaines de caps de mouton pour l’équipement d’un vaisseau. Il sert particulièrement à rider l’étai du mât. Le cap de mouton qu’on appelle martinet, est une espèce de cap de mouton, ou passent les lignes des trelingages des étais des vaisseaux françois. Cap de mouton sur l’étai, est celui qui a la figure ovale, & d’où partent plusieurs lignes qui vont s’élargissant en patte d’oie sur le bord de la hune, pour empêcher les huniers de se couper contre la hune. On l’appelle aussi Motte de trelingage.

Ce qu’on appelle caps de mouton à croc, sont de petits caps de mouton, où il y a un croc de fer pour accrocher au côté d’une chaloupe. C’est-là qu’on a coutume de les faire servir pour retenir les haubans.

Cap de More, en terme de Manège, est un cheval de poil rouan, qui a la tête & les extrémités des pieds noires. Equus capite atrisque pedibus.

On dit chez les Marchands, qu’une étoffe a cap & queue, quand elle n’est point entamée, quand il y a deux chefs aux deux bouts.

Cap Deulh, Terme de Coutumes, qui veut dire l’hôtel noble, le château, la maison principale qui appartient à l’aîné par préciput.

Cap d’Homi. Terme de Coutumes. C’est l’état & la condition des personnes. Cujusque status & conditio. Voyez le For général de Bearn.

Cap, signifie encore un promontoire, une pointe de terre qui avance dans la mer. Promontorium. La Sicile fut appellée Trinacrie dans l’antiquité, à cause de ses trois caps, ou peomontoires, qui sont marqués sur les médailles par trois jambes d’homme jointes ensemble par le haut de la cuisse, & repliées au genou, ce qui fait à peu près la figure triangulaire de cette île. Le cap de Finisterre en Espagne. Les Îles du cap Vert, qui sont vis-à-vis le cap Vert. L’Académie des Sciences met le cap Vert au 14e deg. 43 min. de latitude nord, & un deg. 30 min. de longitude. Le cap Vert fut ainsi nommé par les Portugais, parce qu’ils y trouvèrent de la verdure. Le cap Blanc fut découvert par les Portugais en 1454, & fut ainsi nommé à cause que le territoire est stérile, & sans verdure. Le cap de Bonne-Espérance est la pointe la plus méridionale de l’Afrique. Elle fut découverte par Vasco de Gama Portugais, en 1500, sous Jean II, Roi de Portugal. Les Capitaines des vaisseaux l’avoient d’abort nommé Capo Tormentoso, à cause d’une grande tourmente qu’ils y essuyèrent ; mais le Roi voulut qu’on changeât ce nom en celui de Bonne-Espérance, à cause de l’espoir qu’il conçut dès-lors de découvrir les Indes, dont en effet il a ouvert le chemin. Le cap de Bonne-Espérance est au 34e degré 15 min. de latitude méridionale, & au 58e degré 30 min. de longitude, selon la table de l’Académie des Sciences. Doubler le cap, c’est passer au de-là du cap, de l’autre côté du cap. Promontorium prætergredi. Parer le cap, c’est la même chose.

Cap des deux Bayes. Il est en Acadie.

Cap Blanc. Il est sur la côte de Phénicie, au midi de Tyr, sur le chemin de Tyr à S. Jean d’Acre. II tire son nom de la blancheur du rocher qui forme ce promontoire. Promontorium album, ou candidum. On y voit ce célèbre chemin qu’on appelle le chemin d’Alexandre. Il est taillé sur une montagne toute de pierre, & creusé comme un canal dont les bords forment un parapet du côté de la mer, dont les vagues battent continuellement le pied de la montagne. Ce chemin a plus d’une lieue de longueur, & six à sept pieds de largeur. Alexandre le fit faire pour donner passage à son armée qui alloit assiéger Tyr. Mem, des Mission. du Levant, T.V.p.17, 18.

Cap Doré. Cap à l’entrée du havre de la Haive à droite, sur la côte de l’Acadie. Auratum Promontorium. C’est un gros cap de roche, ainsi nommé, parce que quand le Soleil donne dessus, il paroit tout doré. Denys, Descript. de l’Am, Sept. p. 1 c. 3.

Cap de Bonne-Espérance (le) différe du méridien de Paris de 1 h. 10′ 58″ orient, ou 17d 44′ 30″, c’est-à-dire qu’il est au 37d 35′ 50″ de longitude : il a 34° 15′ d″ de latitude méridionale. Le tout selon M. Cassini.

Cap Fourchu. (le) C’est un cap de la côte de l’Acadie. Le Cap Fourchu se nomme ainsi, parce qu’il est fait comme une fourche. Les vaisseaux s’y peuvent mettre à couvert. La pêche de la morue y est abondante, n’est pas loin de terre, & s’y fait plutôt qu’en aucun lieu de l’Acadie. Le pays est bon & fort beau. Denys.

Cap de sable. Cap sur la côte de l’Acadie.

Cap Vert (le) est plus occidental que Paris de 1 h. 18′ 0″ ou de 19d 30′ 0″, sa longit. est 0d 21′ 30″, sa latitude 14d 43′ 0″ nord. Cassini.

☞ CAPABLE. adj. m. & f. Capax. Ce mot dans un sens général marque une aptitude, une disposition, & les qualités requises pour une chose.

On le dit des choses & des lieux étendus en toutes dimensions. Dans cette acception on le joint avec les verbes tenir & contenir. Ainsi on dit que le cirque étoit capable de contenir tout le peuple, pour dire qu’il avoit assez d’étendue, l’étendue nécessaire pour contenir tout le peuple. On dit de même qu’un vaisseau est capable de tenir tant de pintes de vin. Ce port est capable de contenir tant de galères.

Dans Rabelais, ce mot signifie, qui peut contenir beaucoup. Une écuelle capable & profonde.

Capable se dit figurément des fonctions de l’ame, en tant qu’elle peut contenir ou embrasser plusieurs connoissances. Idoneus, aptus, capax. L’esprit de l’homme n’est pas capable de concevoir l’infini, ni même la vaste étendue de l’Univers. La raison humaine n’est pas capable de comprendre les mystères de la foi. La mémoire n’est pas capable de conserver l’idée de tant de choses différentes. Il n’y a que les grandes âmes qui soient capables de grands desseins. P. Rap.

On le dit aussi des dispositions qui se trouvent dans l’esprit, ou dans les choses, pour être propres à recevoir, ou à produire au dehors divers effets, soit par leur nature, soit par une impression étrangère. Un ami en mourant légua à son ami le soin de nourrir sa mère. Il falloit être capable de le faire pour l’ordonner. Mont. L’antiquité a eu des vertus dont notre siècle n’est pas capable. Balz. Une ame ambitieuse n’est pas d’ordinaire capable de modération. S. Evr. Capable d’amitié, de reconnoissance ; c’est-à-dire, susceptible des sentimens d’amitié, reconnoissance. Le prédicateur ne doit rien laisser échaper qui ne soit capable d’imprimer du respect pour les vérités de la Religion. Tout l’or de Philippe ne fut pas capable d’éblouir Démosthène. P. Rap. Thucydide est admirable pour raconter les choses avec dignité, & pour donner à la raison tout le poids dont elle est capable. Idem.

Capable, en Jurisprudence, se dit de celui qui a l’âge compétent & les autres qualités requises par la loi pour posséder une charge, un bénéfice, pour exercer certaines fonctions.

Par le Droit Romain, un eunuque, un impubère, ne sont pas capables de faire testament. Les étrangers non naturalisés ne sont pas capables de posséder des Bénéfices, ni de tester. Il faut avoir 14 ans, pour être capable de posséder un Canonicat dans une Eglise Cathédrale. Un Patron Ecclésiastique qui confère un Bénéfice à celui qui n’en est pas capable, perd son droit pour cette fois-là : il ne peut point varier.

Capable, dans la signification d’habile ; entendu dans ce sens on l’emploie absolument sans régime. Il a confié son affaire à un homme capable, fort capable. Il a mis cette charge entre les mains d’un homme capable.

On dit aussi qu’un homme est capable d’affaires, pour dire qu’il les entend bien.

On dit en bonne part, qu’il est capable de tout, pour dire qu’il peut s’acquitter très-bien de tous les emplois qu’on lui confie, de tout ce qu’il entreprend. Horace avoit un génie capable de tout, mais la pente de son enjouement le tourna du côté de la satyre. P. Rap.

En mauvaise part, on dit d’un téméraire, d’un scélérat, qu’il est capable de tout, pour dire qu’il peut se porter à tous les excès, aux actions les plus noires.

On dit d’un ton un peu ironique que quelqu’un a l’air capable, pour dire qu’il a l’air d’un homme qui présume trop de son habileté, de ses talens. Confidens. Il est bon que les jeunes gens qui entrent dans le monde soient honteux ; un air capable se tourne d’ordinaire en impertinence. La. Rochef.

On dit substantivement qu’un homme fait le capable, pour dire qu’il fait l’habile homme. Il y a beaucoup plus de honte à faire le capable mal-à-propos, qu’à se taire Judicieusement, & à avouer qu’on ne sait rien des choses dont on parle. M. Scud.

Capable se dit aussi en Physique, des choses qui ont de la force pour résister au poids, aux efforts & aux violences des corps étrangers. On se sert en ce sens des verbes Possum & Valeo. Cette colonne n’est pas capable de soutenir de si grands fardeaux. Columna ista non potest, non valet sustinere tam grave pondus. Cet habit est capable de vous défendre du froid.

En approchant de ce sens, il signifie aussi, suffisant, qui peut faire, qui est en état de faire, qui est assez puissant pour faire, & se dit des personnes & des choses. Cet homme n’est point à négliger, il est capable de vous rendre de bons offices. Ce précepte est capable de ruiner l’amitié. Il n’est pas capable d’une haute résolution. Cette médecine étoit capable de vous empoisonner. Une parole dite mal-à-propos est capable de ruiner la fortune d’un Courtisan.

CAPABLEMENT. adv. D’une manière capable. Doctè, eruditè. Cet Officier a parlé fort capablement à sa réception & à son examen. Il parle de tout capablement. Voit. Cet adverbe n’est plus en usage.

☞ CAPACCIO ou CAPACCIO-NUEVO. Caput aqueum. Ville d’Italie dans la Principauté citérieure, au Royaume de Naples, avec un Evêché suffragant de Salerne. Il y en avoit une autre sur une montagne, dont les ruines portent encore le nom de Capaccio-Vecchio.

CAPACITÉ. s. f. Ce mot se prend dans le même sens que capable.

En parlant des choses, capacité signifie leur étendue en toutes dimensions ; la profondeur & la largeur d’une chose, considerée comme contenant ou pouvant contenir. Capacitas, amplitudo. Ce vaisseau n’a pas assez de capacité pour contenir toute votre liqueur. C’est dans ce sens qu’on dit la capacité du cerveau, de l’estomac, de la vessie, des ventricules.

En Géométrie on dit mésurer l’aire ou la capacité intérieure d’un cercle, d’un triangle, d’un carré, d’une figure.

Capacité, en Jurisprudence, se dit des dispositions d’une personne, qui sont réglées par la coutume, ou par les Loix Civiles & Ecclesiastiques, Facultas. Une donation est nulle, faute de capacité dans la personne du donataire ou du donateur. Le vice de la naissance ôte la capacité de tester, à un aubain, par exemple : Les dispositions qui forment la capacité, ne sont pas les mêmes partout : ainsi la majorité qui donne la capacité d’agir, commence en Normandie à 20 ans, & à 25 seulement dans les autres Provinces. Un enfant dans le sein de sa mère a la capacité de succéder à son père, quand sa succession est ouverte.

On appelle titres & capacités d’un Ecclésiastique, l’extrait baptistaire, les lettres de tonsure, la provision du bénéfice, la prise de possession, &c. & quelquefois les grades, indults, ou autres privilèges : ces choses étant ce qui donne la capacité pour les bénéfices.

Capacité, se dit figurément de l’étendue, de la portée de l’esprit. Captus, facultas. L’esprit de cet Auteur est d’une vaste étendue, il est d’une grande capacité. La. capacité de l’esprit s’étend & se reserre par l’accoutumance, & c’est à quoi servent les Mathématiques, & les autres sciences difficiles, qui donnent une certaine étendue à l’esprit, & l’exercent à s’appliquer davantage. Port-R. Il n’y a pas de plus notable folie au monde que de vouloir ramener les autres à la mesure de notre capacité & suffisance. Mont.

Il signifie aussi, habileté. Intelligentia. C’est un Avocat qui a toute la capacité qu’on peut avoir. Démosthène n’avoit pas un génie si heureux, ni une si vaste capacité que Ciceron. P. Rap. Les entreprises d’Alexandre ont quelque chose de plus étonnant que celles de César mais la conduite & la capacité ne paroissent y pas avoir eu la même part. S. Evr. Tant qu’on ne voit pas le fond & les bornes de la capacité d’un Ministre, sa profondeur inconnue le fait respecter. Amel. Il y a bien des gens à qui une mine froide a tenu lieu de prudence & de capacité. Mont.

☞ Le mot de capacité, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport à la connoissance des préceptes ; l’habileté en a davantage à leur application ; l’une s’acquiert par l’étude, & l’autre par la pratique. Qui a de la capacité est propre à entreprendre. Qui a de l’habileté est propre à réussir. Il faut de la capacité pour commander en chef, & de l’habileté pour commander à propos.

CAPADE. s. f. Terme de Chapelier. Est une certaine quantité de laine ou de poil qu’on a formé par le moyen de l’arçon. Faire une capade.

Capade. s. m. Nom qu’on donne chez les Maures & ailleurs aux Eunuques noirs, auxquels l’on confie la garde des femmes.

CAPAGE. s. m. Terme de Coutume. C’est la même chose que capitation ; c’est-à-dire, tribut imposé sur les personnes & par têtes. Tributum viritim exigendum. Capage en Provence est un tribut imposé sur chaque maison, ou sur chaque famille. Voyez les Statuts de Provence. Ce mot est en usage au même sens que Capitation en plusieurs endroits du Dauphiné. Chorier, Hist. du Dauph. L. IV. p. 206.

CAPALANIER. s. m. Voyez Caplanier.

☞ CAPALITA. Ville de l’Amérique septentrionale, dans la Province de Guaxaca.

CAPANÉE. s. m. C’étoit un des sept Chefs de l’armée des Argiens dans la guerre de Thébes. Lorsque Thésée fit faire de magnifiques funérailles à ceux qui étoient morts au siége de cette ville, on ne voulut pas brûler le corps de Capanée avec les autres, parce qu’il avoir été frapé de la foudre, & qu’il étoit regardé comme un impie, qui par ses blasphèmes s’étoit attiré le courroux du ciel ; & on lui fit un bûcher séparé.

CAPARAÇON. s. m. Couverture qu’on met sur les chevaux. Circumfusum equo ac pendens stragulum ou stragulum seul, stratum. Les caparaçons ordinaires sont d’une simple toile, ou treillis. Ceux des chevaux de main sont de drap, ornés & chargés des armes ou des chiffres du Maître. Les caparaçons des anciens Gendarmes étoient de riches housses brodées, dont ils faisoient parade dans les montres, les tournois, & dans les pompes & cérémonies. Les caparaçons étoient autrefois une armure de fer, dont on couvroit le cheval de bataille. ☞ Les caparaçons de l’armée sont quelquefois d’une grande peau d’ours ou de quelqu’autre animal, de même que ceux des chevaux de carosse en hiver.

Ce mot est un mot espagnol augmentatif de cape, comme qui diroit grande cape.

Quelques-uns ont écrit Caparasson.

CAPARAÇONNER. v. a. Couvrir un cheval d’un caparaçon. Equum amplo ac demisso undique stragulo cooperire, equum sternere, stragulo cooperire, instruere.

Caparaçonné, ée. part.

CAPAX. s. m. Mot latin qui signifie capable On le donne dans l’Ordre de Malte, aux Chevaliers qui sont capables d’avoir une Commanderie, c’est-à-dire, qui ont fait cinq années de résidence à Malte, & quatre caravannes.

CAPDALAT. s. m. Terme de Coutumes. Titre sous lequel on possède une terre, un bien. Ceux à qui se Bourg de Buchs appartenoit à titre de capdalat, ou de Sirauté, sont appelés dans les anciens titres Capitales de Bogio, d’où l’on a fait captals, ou captaux de Buchs. De Laur. sur Ragueau.

☞ CAPDENAC. Petite ville de France, dans le Querci, sur un grand rocher escarpé de tous côtés. Quelques-uns la prennent pour l’Uxellodunum de César.

CAPE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un gros manteau de campagne, dont la partie supérieure étoit taillée en sorte qu’on y pouvoir fourrer la tête, Bardocucullus, penula cucullum habens. C’est ce qu’on appelle encore cape de Béarn, dont usent les matelots. La cape se portoit autrefois tant par les Moines, que par les Laïques, tant hommes que femmes indifféremment. On l’appeloit en latin carnealla, vestis cilicina, & elle étoit faite de poil de chèvre. C’étoit aussi une espèce de surtout, ou de manteau long, qu’on portoit sur les autres habits ; & Isidore dit qu’on l’a appelée capa, quod totum capiat hominem.

Cape, se dit aussi d’une couverture de tête que les femmes portent pour se garantir de la pluie ou du mauvais temps. Muliebre capitis tegumentum adversus pluviam ; capitium, capidulum. Cape de taffetas, à dentelles. Cette femme va toujours à la Messe en cape, & ne s’habille que le soir. ☞ En Bretagne on appelle cape, non une couverture de tête simplement, mais une mante, un habillement qui couvre les femmes depuis la tête jusqu’aux pieds : c’est ce qu’on appelle ailleurs capote. Ménage après Vossius dérive ce mot de cape, Allemand, qu’il fait venir ensuite de caput. Il cite aussi le Pere Sirmond, qui le dérive de capis â capiendo, qui étoit une espèce de vase, d’où on a fait ensuite chapeau & capeline. D’autres plus simplement le dérivent du Latin cappa, aussi-bien que chappe. Adrien Schiek le dérive de Capa, חפה, qui veut dire en hébreu couvrir, & qui se dit des habits, aussi-bien que les autres choses.

Cape, en termes de Marine, est la grande voile qu’on met au grand mât, qu’on appelle autrement Pacsi, Velum summi mali maximum, ou velum maximum. On dit, mettre à la cape, pour dire, mettre la voile au lit du vent, en orientant les voiles, & en plaçant le gouvernail de façon que le vaisseau ne fasse que des élans & aille peu de l’avant.

Etre à la cape, c’est ne porter que la grande voile bordée, & amarrée tout arrière. On se tient à la cape par un gros vent contraire. On met aussi la cape avec la misaine & l’artimon.

Cape, se dit proverbialement en ces phrases ; rire sous cape ; pour dire, rire sourdement, & sans que personne s’en apperçoive ; vendre une chose sous cape ; pour dire, sous le manteau, en cachette. On dit aussi, qu’un homme n’a que l’épée & la cape ; pour dire, qu’il n’a point de bien, qu’il n’a aucune fortune établie. On le dit figurément de toutes les choses qui n’ont ni valeur, ni mérite, mais seulement un peu d’apparence. C’est une Noblesse qui n’a que l’épée & la cape. Ce traité n’a que la cape & l’épée.

Cape. Terme en usage dans les sucreries. Il signifie plusieurs morceaux de bois légers, minces, arrêtés ensemble par le bout d’enhaut, dont on couvre les formes cassées pour les mettre en état de pouvoir encore servir.

Cape & queue, ou cap & queue. Terme de Manufactures de lainage. Ce sont les extrémités des étoffes.

Cape, (la) Terme de Fortification. C’est la partie supérieure du bâtardeau.

Cape. s. f. Quelques-uns appellent ainsi le fruit du câprier. Il faut dire câpre.

CAPEER, CAPIER ou CAPEYER. v. n. Terme de Marine. C’est faire servir la grande voile seule après avoir ferlé toutes les autres. Uno uti velo summi mali, contractis reliquis. Ainsi on dit ; aller à cape, mettre le vaisseau à cape, pour aller plus lentement, & demeurer plus longtemps dans un parage, soit de gros temps, soit de nuit, quand on n’est pas éloigné des côtes.

☞ CAPELAGE. terme de Marine. C’est la partie des cordages qui se voit à la tête des mâts. Un capelage est bien fait quand il est bien serré, bien dégagé, & qu’il paroît peu.

CAPELAN. s. m. Pauvre Prêtre qui cherche l’occasion de desservir quelque Chapelle, d’aller dire la Messe pour quelqu’un & pour qui l’on n’a pas le respect qui est dû à son caractère. Sacerdos ex quotidiano altaris ministerio victitans. Cet homme se dit Abbé, & ce n’est qu’un pauvre Capelan. On le dit aussi d’un Prêtre cagot, l’un & l’autre par mépris. Les Espagnols se servent aussi du mot de Capelan, & c’est le nom général des Prêtres & des Ecclésiastiques. Les Languedociens & Provençaux appellent aussi généralement de ce nom tous les Ecclésiastiques séculiers.

Capelan, est aussi le nom d’un petit poisson de Mer, dont la chair est tendre, douce & de bon goût. Le Capelan est connu dans la Méditerranée. Asellus mollis minor.

CAPELER. v. a. Terme de Marine. ☞ C’est mettre quelque chose que ce soit par-dessus la tête des mâts. Ainsi quand on met les haubans, cale-haubans, étais, &c. sur les mâts, on dit capeler tel mât ; capeler les hunes, &c.

CAPELET. s. m. Terme de Manège. Enflure qui vient au train de derrière du cheval à l’extrémité du jarret, qui est grosse comme une balle de paume. Cette maladie est causée par une matière flegmatique & froide qui s’endurcit par sa viscosité, & qui ne fait pas grande douleur. Tumor extremo equi in poplite excrescens. Soleisel.

Capelet. s. m. Nom que l’on donne aux Soldats Albanois. Miles Albanus. Les Capelets sont endurcis à la peine & au travail.

CAPELINE. s. f. Espèce de chapeau que les femmes portent pour se garantir du soleil. Elle est faite d’ordinaire de paille, à grands bords, doublés de taffetats ou de satin, & couverte de plumes, quelquefois ce n’est qu’un bonnet de velours bien garni de plumes. Causia muliebris.

☞ CAPELINES, chez les Plumassiers, sont des panaches ou bouquets de plumes dont se servent quelquefois les Actrices sur le théâtre.

Le mot capeline est un diminutif de capal, d’où il a été formé, & qui est la même chose que chapel, & chapeau, seul en usage depuis long-temps.

On appelle aussi proprement capeline, le petit chapeau qu’on peint sur la tête de Mercure. Petasunculus, galericulum. C’étoit aussi autrefois un chapeau de forme basse & à petit bord, que portoient les bergers, les messagers & laquais. Les Soldats en portoient de fer, & c’étoit une arme défensive. Les armes pour ceux qui savoient tirer de l’arc étoient une trousse, une capeline, une coustille, une hache, ou un mail de plomb, de bons jouques garnis de bandes de fer, & des mailles de fer pour couvrir les bras ; & pour ceux qui ne savoient pas tirer de l’arc, des jouques avec la capeline, la coustille & la hache, & de grands paniers de tremble, ou autre bois convenable, en forme de pavois, pour couvrir le corps tout entier. Lobineau, T. I, p. 565. Il parle du commencement du XVe siècle.

Capeline, en termes de Chirurgie, signifie un bandage, dont on use très-souvent pour contenir l’appareil qu’on applique sur le moignon d’un membre amputé. Il est fait d’une bande roulée à deux chefs égaux.

En terme de Blason, on a appelé capeline, une espèce de lambrequin que les anciens Chevaliers portoient sur leurs têtes. Alata cassis. Ce mot a donné lieu à cette façon de parler militaire. Homme de capeline ; pour dire homme résolu & déterminé au combat. Animi præsentis & manu promptus homo, alacer, audax.

CAPELLE. s. f. Nom d’une forteresse de France, en Picardie. Capella. La Capelle fut bâtie dans le XVIe siècle, pour arrêter les courses de ceux des Pays-Bas, en Picardie. Capelle est la même chose que Chapelle en françois ; mais dans le nom de cette ville, & en quelques autres, nous avons conservé la prononciation picarde.

☞ CAPELLETTI. s. m. pl. Nom qu’on donne à Venise à des Soldats que la République tire d’Esclavonie, de Dalmatie, & d’Albanie. Cette milice est regardée comme l’élite de ses troupes.

CAPELLEN. s. m. Vieux mot. Pauvre Prêtre, ou Prêtresse. Gloss. sur Marot.

CAPELUCHE. s. f. Chaperon. Le Recteur Roze quittant la capeluche rectorale, prit sa robe de Maître-ès-Ars, avec le camail & le roquet, & un haussecol dessus, la barbe & la tête rasée tout de frais, l’épée au côté, & une pertuisane sur l’épaule. Sat. Mém. in-8o. p. 12.

Capeluche, Boureau de Paris, se mit en 1418 à la tête d’une foule de séditieux, & prit parti pour le Duc de Bourgogne, pendant les factions des Armagnacs & des Bourguignons. Cette émotion ayant été appaisée, quelques jours après Capeluche eut la tête tranchée, par ordre du Duc de Bourgogne, parce qu’il s’étoit trop familiarisé avec lui, jusques-là que le Duc ne le connoissant pas, avoit souffert qu’il lui eût touché dans la main.

CAPENDU ou COURT-PENDU. s. m. La Quintinie dit court-pendu. Espèce de pomme dont la pelure est rouge. Elle est à peu près de la même figure que les pommes de rainette ; mais elle est plus douceâtre, & n’a pas le goût si aigrelet. Quelques-uns croient que son nom vient de ce qu’on le pend par le cap ou la tête pour le conserver. D’autres, parce qu’il a la queue fort courte, prétendent qu’il faut dire court-pendu. En latin malum curtipentulum, ou celtianum malum.

☞ CAPENE, (porte) porta Capena. Les anciens ont ainsi nommé une des portes de la ville de Rome, du nom d’une ville voisine, selon Festus. On la nommoit aussi la porte Appienne, parce qu’elle conduisoit au chemin d’Appius ; & Triomphale, parce que c’étoit par cette porte que les Triomphateurs faisoient leur entrée dans la ville. On l’appelle aujourd’hui la porte de S. Sébastien.

CAPER une forme. C’est y mettre une cape. Voyez Cape, dans les sucreries.

CAPEROLAN. s. m. Nom d’un Religieux Franciscain d’une Congrégation particulière. Caperolanus. La guerre qui s’éleva entre les Vénitiens & les