Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/661-670

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Fascicules du tome 2
pages 651 à 660

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 661 à 670

pages 671 à 680


monte tous les ans à la somme de 23845000 cockiens de 4 florins chacun. Voyez la relation du Japon par M. Caron, imprimée dans le Recueil des voyages au Nord. Tom. III.

COCO, s. m. arbre des Indes qui est une espèce de palmier. Voyez Palmier. On l’appelle aussi cocotier, & ce nom est plus propre à désigner l’arbre.

Coco se dit aussi & du fruit, & du bois de cet arbre. Un chapelet de coco. Voyez tout cela sous le mot Palmier.

COCOMBE, s. m. arbre de l’Île de Madagascar, dont le bois est noir, & pour l’ordinaire tortu ; il croît dans les lieux pierreux ; il est fort épineux, & a peu de feuilles, qui sont toutes très petites. Ses fleurs sentent très-bon, & le bois même étant brûlé, rend une assez bonne odeur. Il y a des arbres qui sont assez gros, mais ils sont courts.

COCON, s. m. coque de ver à soie, dans laquelle il s’enferme sous une grosse enveloppe de fils doux & délies dont se fait la soie. Bombycis folliculus. Le ver à soie n’en sort qu’après s’être transformé en papillon. Le ver à soie ne fait ses œufs que lorsqu’il est sorti de son cocon, & transformé en papillon.

COCOS. s. m. Mesure. Le fruit du cocos séché, & vidé de sa moëlle, sert à Siam de mesure pour les liquides & pour les grains.

☞ COCRÉANCIER ou CONCRÉANCIER, terme de Jurisprudence. Celui qui est créancier conjointement avec un autre, ou avec plusieurs autres créanciers à l’égard de la même personne.

☞ COCS, s. m. terme de Commerce. C’est ainsi qu’on appelle les petits pains de pâte de pastel.

Coction. s. f. Ce mot signifie proprement l’action de faire cuire dans l’eau ou dans quelqu’autre liqueur bouillante. Coctio, concoctio : ou l’effet qui résulte de cette action. Coctura. Sa coction épaissit certains sucs, dépouille certaines substances de leurs qualités nuisibles.

Coction, en Médecine, signifie digestion, ou l’altération utile à l’économie animale qu’éprouvent les matières nourrissantes & les humeurs dans les différentes parties du corps. Concoctio.

Quand l’estomac fait une suffisante coction des alimens, des humeurs, c’est un signe de santé. On réduit à cinq les coctions qui se font dans notre corps, tant pour la propagation de l’espèce, que pour la conservation de l’individu. Ces cinq espèces de coctions sont la Chylose, la Chymose, l’Hœmatose, la Pneumatose, la Spermatose. On peut en ajouter une sixième, qui est propre aux femelles, c’est la Galactose.

Coction, en Pharmacie, exprime l’altération opérée sur un corps solide par l’action d’un liquide, augmentée par le feu. On fait la coction des différentes matières pour les ramollir, & les rendre propres à être réduites en pulpe.

☞ Les oignons qu’on ramollit sous la cendre portent avec eux le liquide qu’on est obligé d’appliquer aux corps qui sont plus durs.

☞ En Pharmacie, cuite & coction sont deux choses différentes.

Coction des métaux. Terme de Métallurgie. Manière dont les métaux se perfectionnent dans le sein de la terre.

Coction, en Alchimie, est la longue digestion à laquelle est exposée la matière du grand-œuvre, pour être conduite par des degrés insensibles à la maturation.

COCU. s. m. Terme injurieux & un peu libre, qui se dit de celui dont la femme est infidelle, & viole la foi conjugale. Les jaloux sont plus souvent cocus que les autres. Le jaloux souffre plus que le cocu. Mont.

Être cocu en herbe, c’est-à-dire, être un petit commencement de cocu, être taillé pour être un maître cocu. Richelet. Jean Névizan, Auteur italien du commencement du seizième siècle, a parlé des cocus en herbe (cornuti in herbis) dans la Foret Nuptiale. Ce qui fait conjecturer qu’il y a long temps que cette expression est en usage, même en d’autres pays qu’en France. Charron, en sa Sagesse (ô le beau livre ! il vaut mieux que des perles & des diamans) a dit quelque part ; qu’un avare est plus malheureux qu’un pauvre, & un jaloux qu’un cocu. Il me semble que ce grand homme a dit vrai-là, aussi-bien qu’ailleurs. Gui Patin. Lucullus, César, Pompeius, Antonius, Caton, & d’autres braves hommes furent cocus, & le furent, sans en exciter tumulte. Il n’y aut en ce temps-là qu’un sot de Lepidus (pere du Triumvir) qui en mourut d’angoisse. Montagne. Il mourut, dit Plutarque, de maladie qui lui vint, non tant du regret de la ruine de ses affaires, comme de la douleur qu’il reçut d’une lettre qui tomba entre ses mains, par laquelle il connut que sa femme avoit forfait à son honneur : Vie de Pompée de la version d’Amyot.

Auguste faisoit des cocus ; plutôt par raison d’Etat, que par volupté. Rochefort. Dictionnaire.

Ménage croit que ce mot vient de cuculus, à cause que le coucou va pondre dans le nid des autres oiseaux. Pasquier, en approuvant l’étymologie, ajoûte : nous faisons faute d’appeler cocu, celui dont la femme va en dommage ; il y auroit plus de raison de l’adapter à celui qui agit, qu’à celui qui pâtit. C’est pourquoi les Latins appeloient curruca dans le même sens, celui dont la femme étoit infidelle ; car c’est dans le nid de la fauvette que va pondre le coucou. Ménage. Spelmannus le dérive de cucurbita & cucurbitare, qui signifie débaucher la femme d’autrui. Mais Du Cange dit plus vraisemblablement, que c’est le mot de cous redoublé, qu’on disoit aussi pour cornard : d’où vient qu’on a appelé aussi ces gens-là coupeaux. Car on appeloit anciennement cos, ou cous, les maris malheureux. Cette injure étoit un outrage si sanglant, qu’on pouvoit tuer impunément l’offenseur. Beaumanoir rapporte, que Cil, à qui telle vilainie fut dite, sacca un coutel, & occit cel qui le fait ; & fut délivré par jugement par le bon Roi Philippe & son Conseil.

COCUAGE, s. m. malheur, disgrace, état de celui dont la femme est infidelle. Conjugis infidelitas. Il faut de l’insensibilité, ou de la constance, pour supporter patiemment le cocuage.

COCUFIER, v. a. faire quelqu’un cocu. Currucare.

COCYTE. Cocytus. ☞ Fleuve d’Epire, un des quatre que les Poëtes font couler aux enfers. Son nom qui signifie plainte, marque les cris de ceux qui sont dans les tourmens. Ce fleuve a donné son nom aux fêtes Cocytiennes, qu’on célébroit aux enfers à l’honneur de Proserpine. Il est différent d’une autre rivière de même nom, en Italie, près du lac d’Averne, & qui se déchargeoit dans le lac Lucrin, qui fut presque tout comblé par la chûte d’une montagne dans un tremblement de terre, en 1538.

☞ COCYTIENNES. (Fêtes) Voyez Cocyte.

COD.

CODAGA-PALA. s. m. C’est un arbre qui croît dans le Malabar. ☞ Sa racine courte & fibreuse est couverte d’une écorce jaunâtre, d’un goût amer & piquant. Ses tiges fermes & ligneuses se subdivisent en rameaux, dont le bois est blanchâtre, & l’écorce tirant sur le noir. Ses feuilles fournissent un sucre laiteux. L’écorce du tronc & de la racine pulvérisée & prise dans du lait aigre, arrête le cours de ventre & le flux hémorrhoïdal. Sa racine, réduite en poudre, & cuite dans de l’eau où l’on a lavé du riz, est propre pour fomenter les parties enflées dans l’esquinancie, les tumeurs de quelque espèce qu’elles soient, aussi bien que les parties affectées de la goutte. Elle guérit le mal de dents, quand on la garde dans la bouche, & tue les vers. Ray. Hist. Plant.

CODE, s. m. ancien mot, qui signifie ce qu’on nomme présentement chez les Couteliers, pierre à aiguiser.

CODE, s. m. compilation, ou recueil des loix & constitutions des Empereurs, fait par ordre de Justinien. Codes. Justinianœus codex. Il est compris en douze livres, qui sont la seconde partie du droit romain, ou du droit écrit.

Quoique le code ne soit que la seconde partie du droit romain, il fut cependant publié avant le digeste : car celui-ci ne le fut qu’en 533, & le code en 529. Aussi, selon l’ordre chronologique, le code est la première partie du droit romain, & le digeste la seconde. Dans nos éditions, on trouve d’abord les instituts, puis le digeste, & ensuite le code.

Il y avoit auparavant plusieurs autres codes, qui étoient des compilations, ou des abrégés des loix romaines. Deux Jurisconsultes, Grégoire & Hermogène, firent un recueil de droit qu’on appela de leurs noms, code Grégorien, & code Hermogénien. C’étoit une collection des constitutions des Empereurs, depuis Adrien jusqu’à Dioclétien & Maximien, en 306. Il n’en reste plus que des fragmens très-imparfaits. Ce travail fut inutile, faute d’autorité pour le faire observer. L’Empereur Théodose le jeune fut le premier qui fit un code compris en seize livres, composé des constitutions des Empereurs, depuis Constantin le Grand, jusqu’à lui : il abrogea toutes les autres loix qui n’y étoient pas comprises. C’est ce qu’on appelle le code Théodosien, Theodosianus codex, publié en 438, qui fut reçu & observé jusqu’à ce qu’il fût abrogé par le code Justinien. Il a été long temps perdu en Occident ; M. Cujas contribua beaucoup à le rétablir, & le donna au public en meilleur état qu’il n’avoit encore paru. Il y a eu un commentaire de Godefroy sur ce code Théodosien, qui lui a coûté un travail de trente ans. M. de Marville, Professeur à Valence, l’a fait imprimer en six tomes en 1665. En 506, Alaric, Roi des Goths, fit faire une nouvelle compilation du droit romain, tirée de ces codes Grégorien, Hermogénien & Théodosien, qu’il publia sous le nom de code Théodosien. Ce code d’Alaric fut long temps en usage, & fit tout le droit romain qui s’observoit en France. Enfin, l’Empereur Justinien, voyant que l’autorité du droit romain étoit fort affoiblie en Occident depuis la décadence de l’empire, résolut de faire travailler à une compilation générale de toute la Jurisprudence romaine. Il en donna la commission à Tribonien, qui choisit les plus belles constitutions des Empereurs, depuis Andrien jusqu’à son temps : il acheva son ouvrage, & publia son nouveau code en 528. Mais parce que Justinien avoit fait diverses décisions qui changèrent un peu l’ancienne Jurisprudence, il retrancha quelques-unes des constitutions du code composé par Tribonien, & y en ajouta de nouvelles ; c’est pourquoi il en fit faire une nouvelle révision qui parut en 534, & abrogea la première. Le code Justinien, aussi-bien que le reste du droit romain, a été long temps perdu en Occident ; & jusqu’à Lothaire II, qui le retrouva à la prise de Melphe, & le donna à la ville de Pise. Irnier est le premier qui l’ait professé publiquement en 1128. L’Empereur Frédéric ordonna, à la requête des Universités, qu’on enseignât ce droit dans les écoles, & enjoignit à tous ses peuples de l’observer : ce qui a été suivi en Italie & en Allemagne, & l’est encore dans une partie de la France : sur-tout dans les Provinces méridionales.

Euric donna des loix aux Goths qui s’étoient établis dans la Gaule Narbonnoise: le code qu’il composa de ces loix, parut en 466. Leuvigilde corrigea ce code ; il en supprima quelques loix, & en ajouta d’autres ; les Rois qui leur succédèrent, en firent de même, particulièrement Chindosuinde, qui ordonna qu’on ne se serviroit que des loix gothiques. Exgica commit l’examen & la correction des loix gothiques aux Evêques d’Espagne, à condition qu’ils ne dérogeroient point aux loix établies par Chindosuinde. Le code d’Euric étoit encore observé dans la Gaule narbonnoise, au temps du Pape Jean VIII, environ l’an 880.

Code d’Alaric ou d’Anian, compilation tirée des autres codes qu’Alaric II, Roi des Visigots, fit rédiger par Anian, son chancelier, l’an 508.

Ce mot vient du latin codex, qui sigifie cahier, ainsi appelé à codicibus arborum, ex quibus cortices depromebantur.

Codes des loix antiques. Codex legum antiquarum. C’est un recueil qui comprend les loix des Visigots, un édit de Théodoric, Roi d’Italie, les loix des Bourguignons, la loi salique & celle des Ripuariens.

Codes se dit aussi de plusieurs recueils des ordonnances des Rois de France, comme le code Henri, le code Neron.

☞ Le code Henri est une compilation des ordonnances de nos Rois faite sous Henri III, par le président Brisson.

☞ Le code Neron est un recueil d’édits, ordonnances & déclarations fait par Pierre Néron & Girard, Avocats.

Le code de Louis XIII est un recueil des principales ordonnances de ce Monarque, fait par Jacques Corbin, Maître des requêtes de la Reine Anne d’Autriche, imprimé en 1618.

On a appelé le code Michault, une ordonnance du Roi Louis XIII, parce qu’elle avoit été faite par Michel de Marillac, laquelle n’a point eu d’exécution, quoiqu’elle fut très-sage.

On appelle aussi par excellence, code Louis, codex Ludovicœus, les ordonnances faites par Louis XIV, sur la réformation de la justice civile & criminelle, de la marchandise, &c. Le code civil, codex civilis, vérifié en 1667. Le code criminel, codex criminalis, ou rerum capitalium, vérifié en 1670, c’est ce qu’on appelle encore la nouvelle ordonnance. Il y a encore le code marchand, qui règle la marchandise, vérifié en 1673. Le code ou les ordonnances de la Marine. Le code des Eaux & Forêts, codex rerum quæ ad mercaturam, ad aquas & sylvas pertinent, &c.

Code canonique. Voyez Canon.

Code noir. On a donné ce nom à un édit de 1685, concernant le gouvernement & la police dans les Îles Françoises de l’Amérique, & le commerce des Nègres pour ce pays. La vente des Nègres & leur achat sont autorisés par des loix publiques appelées le code noir. Tribart. Ces loix sont des lettres patentes en forme d’édit du mois de Mars 1685, dites communément le code noir. Le Clerc du Brillet.

Code de Louis XIV. C’est un recueil des principaux édits, déclarations ordonnances, arrêts, réglemens concernant la justice, police & finance. Ce recueil sera volumineux.

Code Frédéric. C’est un corps de droit, composé par ordre de Charles Frédéric, Roi de Prusse, Electeur de Brandebourg, pour servir de loi principale dans tous ses états. Il s’en est fait une traduction françoise assez littérale. Il est sur tout admirable par la réformation de l’ordre judiciaire. La procédure y est extrêmement simplifiée. Tout procès doit être terminé en trois instances, en trois Tribunaux ; le premier Juge, le médiat & le supérieur ; le tout dans l’espace d’une année. Le ministère des Procureurs est supprimé, comme ne servant qu’à grossir & embrouiller la procédure.

☞ Il y a plusieurs autres recueils qui portent le nom de code, comme le code de la marine, le code militaire, le code des Curés.

☞ CODÉBITEUR, s. m. terme de Palais. Celui qui doit, conjointement avec un autre débiteur, à un ou plusieurs créanciers.

☞ On dit au féminin Codébitrice.

CODÉCIMATEUR, s. m. terme de Jurisprudence. ☞ Celui qui a part dans les dixmes d’un endroit auxquelles un ou plusieurs Décimateurs ont aussi droit, chacun pour sa part & portion. Les Codécimateurs sont tenus de fournir la portion congrue au Curé qui n’a point de grosses dixmes, ou un supplément, si le gros ne monte pas à 300 liv. & 150 liv. pour un Vicaire, si l’Evêque juge nécessaire, qu’il y en ait un. Chaque Codécimateur est tenu solidairement de payer ces sommes, sauf à lui à poursuivre le régalement contre les autres.

☞ CODEMANDEUR, terme de Jurisprudence. Celui qui, conjointement avec un autre, forme une demande.

CODÉTENTEUR, s. m. terme de Jurisprudence. Qui est détenteur de quelque chose, avec un ou plusieurs autres, par indivis ou divisément.

CODI-AVANAM, s. m. arbrisseau qui croît dans les lieux sablonneux des Indes Orientales. Son suc pris dans du vin, est un remède excellent pour le cours de ventre ; on le fait cuire avec de l’huile, & on le donne en qualité de corroborant à ceux dont les forces sont épuisées. L’huile que l’on tire de toute la plante, fournit une embrocation excellente pour dissiper le vertige. Dict. de James.

CODICILLAIRE. adj. m. & f. Qui est contenu dans un codicille. Codicillaris. Legs codicillaire. Legatum codicillare. Clause codicillaire est une clause que l’on insère d’ordinaire dans les testamens : c’est que si le testament ne peut valoir comme testament, il vaudra comme codicille, & comme un acte de dernière volonté : en sorte que le testateur prie ses héritiers ab intestat de restituer l’hérédité à celui qui est institué par le testament, lequel manque des formalités & des solemnités requises. Clausula codicillaris. Cette clause codicillaire fait valoir le testament, comme fideicommis, & répare tous les défauts de solemnité qui emportoit la nullité du testament ; en sorte que l’héritier ab intestat est obligé de restituer l’héritier institué : la loi ayant plus d’égard à la dernière volonté du testateur, qu’à des formalités superstitieuses.

☞ CODICILLANT, adj. pris substantivement en pays de droit écrit ; on désigne par ce mot, celui qui fait un codicille.

CODICILLE, s. m. est une dernière volonté moins solemnelle qu’un testament, ou un écrit par lequel on ajoute ou l’on change quelque chose à un testament, soit sous seing privé, soit devant des personnes publiques. Codicillus. Il y a cette différence entre un testament & un codicille ; c’est que le codicille ne peut contenir d’institution d’héritier, & qu’on n’est pas obligé d’y observer rigoureusement toutes les formalités que le droit romain prescrit pour les testamens solemnels. Dans les pays coutumiers, les testamens ne sont, à proprement parler, que des codicilles, parce que c’est la coutume elle-même qui nomme les héritiers, & qu’elle ne permet point d’institution d’héritiers testamentaires. Les codicilles furent mis en usage au temps d’Auguste par Lucius Lentulus. Les codicilles dans le commencement devoient suivre les testamens qui leur servoient de base. Dans la suite, les codicilles ne laissèrent pas d’avoir leur effet, quoiqu’ils eussent été faits avant le testament, pourvu qu’ils s’y trouvassent confirmés ; il fut même permis de faire des codicilles sans testament, & de les adresser aux légitimes héritiers. La présence de cinq témoins suffit pour un codicille, soit qu’ils aient été appelés, soit qu’ils se soient rencontrés fortuitement. Un codicille postérieur ne détruit pas le premier, à moins qu’on ne connoisse que la volonté du défunt a été de détruire le premier codicille par un autre postérieur. Inst. du droit, &c.

Il y a un livre de Raymond Lulle, qu’on appelle codicille, où l’on prétend qu’il a laissé le secret de la pierre philosophale à ses disciples qui le pourront entendre.

CODIGNAC. Voyez COTIGNAC. C’est ainsi qu’il faut écrire.

CODILLE, s. m. terme de jeux d’hombre & de médiateur. On appelle perdre codille, lorsqu’il ne fait pas le nombre de mains prescrites pour gagner ni pour la remise ; alors ceux qui ne font pas jouer, gagnent codille.

☞ CO-DIRECTEUR, s. m. qui est directeur avec un autre. L’Evêque de Bamberg & le Marquis de Brandebourg sont Co-directeurs du Cercle de Franconie, c’est-à-dire, sont directeurs en commun.

☞ CODOGNO, ville d’Italie, dans le Milanez, entre Plaisance & Lodi.

CODONATAIRE, adj. m. & f. terme de Jurisprudence. Associé conjoint avec un autre dans une même donation. Donationis socius, particeps, in partem donationis vocatus. La condition des codonataires est égale. G. G.

☞ Il est aussi substantif. Les co-donataires sont en procès.

☞ CODONOPHORE, s. m. terme grec & d’antiquité, qui signifie celui qui porte une clochette, une sonnette à un enterrement. Dans un enterrement il y avoit un Codonophore qui accompagnoit le cadavre. Codonophorus. Codones, sonnettes.

CODRUS, s. m. fils de Melanthus, dernier Roi d’Athènes. Les Athéniens, pour honorer la mémoire de Codrus, qui s’étoit dévoué pour eux à la mort, voulurent qu’il fût le dernier Toi d’Athènes, & changèrent après lui la forme de leur gouvernement.

COE.

COÉCALE, adj. f. épithète qu’on donne à la veine qui porte le sang de l’intestin cœcum, au rameau mésentérique. Vena coccalis. On dit de même artère coécale.

CŒCUM, s. m. le premier des gros boyaux, ainsi appelé, parce qu’il est fait comme un sac, n’ayant qu’une ouverture qui lui sert d’entrée & de sortie. Il est situé au côté droit, plus bas que le rein. LEs Anatomistes sont fort partagés sur son usage qui n’est pas fort connu. Cœcum.

COEFFE. s. f. On écrit aussi COIFFE, c’est l’orthographe de l’Académie. Couverture légère de la tête, tant pour les hommes que pour les femmes. A l’égard des hommes, on ne le dit que de la doublure, de la forme du chapeau qui est de satin, de taffetas, de treillis ; & d’une garniture de bonnet de nuit qui est de linge, & qu’on change quand elle est sale, ou de celle qu’on met sous une perruque. Capitis tegmen, tegumentum.

Coeffe. La coëffe d’une perruque est un léger réseau de soie, dont les mailles sont très-petites, & qui sert pour attacher & étager les tresses de cheveux, dont la perruque est composée.

Coeffe se dit du linge ou de l’étoffe qu’un guerrier portoit autrefois sous son casque, de peur qu’il n’offensât la tête.

Coeffe s’est dit autrefois d’un habillement de tête d’un Chevalier. L’ordonnance pour créer & faire les Chevaliers du Bain en Angleterre, dit : le Chevalier, trouvera à ses dépens, la coëffe, les gans, la ceinture & le laz.

Coeffe se dit aussi, en termes d’Anatomie, d’une petite membrane qu’on trouve à quelques enfans, qui enveloppe leur tête quand ils naissent. Drelincourt croît que ce n’est qu’un lambeau des tuniques du fœtus, qui se crève pour l’ordinaire à la naissance d’un enfant. Pellicula. Lampridius dit que les Sage-femmes vendoient bien cher cette coëffe à des Avocats, qui croyoient qu’en la portant sur eux ils auroient une force de persuader, à laquelle les Juges ne pourroient résister. Les Canons d’en défendent de s’en servir, parce que les Sorciers s’en servoient dans leurs maléfices.

Coeffe se dit encore, en termes d’Anatomie, d’une membrane graisseuse qui nage sur les boyaux. On l’appelle autrement épiploon. Voyez Épiploon.

Coeffe, en termes de Pharmacie, est une sorte de médicament fait en forme de bonnet, dont on se couvre la tête, comme d’un bonnet ordinaire. Il est composé de plusieurs remèdes cephaliques qu’on mêle avec du cotton, & qu’on pique entre deux taffetas, ou entre deux toiles fine, comme un matelas. On s’en sert dans quelques maladies du cerveau. Cucupha.

Coeffe, en termes de Botanique, se dit de l’enveloppe déliée & légère de quelques fleurs, & de quelques semences. Calyptra. ☞ C’est une enveloppe mince, membraneuse, souvent conique, qui embrasse la partie de la fructification, comme dans le blé de Turquie. Voyez les différentes espèces de Calice au mot Calice.

Ce mot, selon Ménage, vient de cufa, ou de gufa, qui signifie un vêtement velu ; & les Grecs ont dit aussi κουφία, en la même signification de coëffe. Ou bien il vient de l’Hébreu cupha, qui signifie un vêtement qu’une femme met sur sa tête. Du Cange dit qu’on a dit dans la basse Latinité cuphia, cofea, coëffa, & cucupha, en la même signification. A l’égard des femmes, ce sont des couvertures de taffetas, de gaze, de crêpe, qu’elles mettent quand elles sortent, ou quand elles n’ont pas ajusté leurs cheveux. Calentica, Reticulum. On appelle aussi des coëffes à dentelle, des coëffes de cornette, celles qu’elles portent dans le lit, ou quand elles sont en déshabillé.

Coëffe signifie quelquefois femme, comme chapeau signifie homme. Nous étions dix coëffes & autant de chapeaux. Expression populaire.

On dit bassement, cela est triste comme un bonnet de nuit sans coëffe. Les femmes disent aussi d’une marchandise dont elles n’ont point d’envie, je n’y porterois pas mes coëffes.

☞ COËFFER, ou avec l’Académie, coiffer, v. a. couvrir la tête. Operire caput, tegere. Les François se coëffent d’un chapeau, les Turcs d’un turban, les Moines d’un froc, quelques nations avec un simple bonnet.

Coëffer signifie, par extension, parer sa tête de ce qui sert à la couvrir, ou de ses propres cheveux. Se coëffer en cheveux, avec ses cheveux, avec un bonnet. L’art de coëffer ; ouvrage intéressant, divisé en quatre parties. Tout y est traité avec l’étendue & la méthode que demande l’importance de la matière. L’auteur traite de toutes les manières de se coëffer, afin que les femmes puissent choisir celles qui vont mieux à l’air du visage. Tèrence dit des femmes qu’elles sont des années entières à se coëffer, à s’attifer. Dùm pectuntur, dùm comantur, annus est.

☞ On dit d’une femme qu’elle se coëffe bien ; pour dire, qu’elle entend bien l’art d’orner sa tête, de l’ajuster : & d’une coëffeuse qu’elle coëffe bien, qu’elle coëffe à merveille ; pour dire, qu’elle donne un bon air, de la grace à toutes les coëffures des femmes dont elle se mêle.

☞ On dit qu’un Perruquier coëffe bien ; pour dire, que les perruques qu’il fait, sont de bon air : & qu’une perruque, un chapeau coëffe bien ; pour dire, qu’ils vont bien à l’air du visage.

On disoit autrefois à Paris de N. qu’il se chaussoit comme les autres se coëffent, & qu’il se coëffoit comme les autres se chaussent ; parce qu’il portoit des souliers de Castor, & des calottes de satin étant les seules qui fussent d’usage, celles de cuir n’étant devenues à la mode que depuis. Vign. Marv.

Coëffer, en termes de Marine, on dit que des voiles se coëffent, lorsqu’elles sont détachées & qu’elles s’aplatissent les unes contre les autres, ou contre les vergues ou les mats, de manière qu’elles ne servent plus à la conduite du vaisseau. Il me lâcha sa bordée qui me hacha toutes mes voiles d’avant, qui se trouvant dénuées de bras, de boulines, & d’escoutes, se coëfferent sur les mats, & firent prendre à mon vaisseau vent d’avant malgré son gouvernail. Du Gué Trouin.

Coëffer un Livre, terme de Relieur, c’est en arranger les tranchefile, & la couvrir à demi de la peau de la reliure.

Coëffer une liqueur, c’est la mêler avec une autre. Coëffer du vin, de la bière. Miscere. Coëffer une bouteille, c’est la boucher d’un bouchon de liége, couvert d’un enduit de cire ou de mastic, le tout recouvert d’un parchemin ou autre chose, de peur que la liqueur ne s’évente. Obturare.

Coëffer le sanglier, terme de chasse, se dit de deux chiens qui ont pris le sanglier par les oreilles. Ces deux chiens ont coëffé le sanglier.

Se coëffer, se dit figurément, & signifie, s’entêter, se préoccuper en faveur d’une opinion, d’une personne. Imbibere opinionem aliquam, imbuere. Les jeunes gens se coëffent volontiers des nouvelles opinions. Je ne puis souffrir que vous soyez coëffée d’un petit Chevalier joueur, qui va mettre à la réjouissance les dépouilles du Traitant. Le Sage, dans la comédie de Turcaret.

Chaque mortel coëffé de sa chimère,
Croit à part soi que mieux on ne peut faire :
Opinion chez les hommes fait tout. Des-H.

Fille se coëffe volontiers
D’amoureux à la longue crinière. La Font.

Mais quoi ! si votre pere est un bourru fieffé,
Qui s’est de son Tartuffe entierement coëffé,
La faute à votre Amant doit-elle être imputée ? Mol

☞ On dit aussi activement coëffer quelqu’un d’une opinion, d’un sentiment. Je ne sai qui l’a coëffé d’une opinion si extravagante. Dans cette acception il n’est que du style familier.

☞ On dit aussi figurément & familièrement coëffer quelqu’un, le faire trop boire. Cet homme n’est pas accoutumé à boire, il ne faut qu’un verre de vin pour le coëffer. Gardez-vous de ces vins d’Orléans, ils sont fumeux, & sujets à coëffer. Cet homme est sujet à se coëffer.

☞ COËFFÉ, ou COIFFÉ, ÉE. Part. & adj. Il a les significations du verbe. Femme coëffée en paysanne, en demoiselle.

☞ On dit qu’en enfant est né coëffé, quand il vient au monde avec cette espèce de membrane qu’on appelle coëffe, que le peuple superstitieux regarde comme un présage de bonheur. C’est pour cela qu’on dit proverbialement d’un homme qui est fort heureux, qu’il est né coëffé. Cette superstition est très-ancienne. Lampridius en parle dans la vie d’Antonin. Cet Empereur étoit né avec une espèce de bandeau sur le front, en forme de diadème ; c’est pour cela qu’il se fit appeler Diadumène. Comme il jouit d’une constante prospérité pendant tout le cours de son règne, son bonheur confirma l’opinion de ceux qui s’imaginent que les gens nés coëffés sont heureux. Depuis on se servoit de cette coëffe pour des sortiléges, & pour des maléfices ; en sorte que les Conciles furent obligés de condamner ce ridicule abus. Voyez les notes de Balsamon sur les Conciles, & Casaubon sur l’Histoire d’Auguste. Les Italiens disent Nascer vestito. ☞ Un homme bien coëffé est un homme qui a une belle tête, des cheveux bien arrangés, un chapeau, une perruque qui lui vont bien.

☞ En termes de vénerie, un chien est bien coëffé, quand il a des oreilles longues & pendantes. bene auritus canis.

☞ En termes de manège, un cheval bien coëffé, qui a les oreilles petites, bien placées au haut de la tête.

Drap bien coëffé, terme de Manufacture de lainage. Il se dit des draps dont les lisieres sont bien faites, & bien unies, d’une largeur proportionnée à l’étoffe, & d’une couleur agréable à la vue.

COËFFEUR, EUSE. Celui ou celle qui ☞ fait métier de coëffer les dames. Coëffeur n’est plus guère en usage depuis que les coëffeuses sont devenues à la mode. Qui vel quæ feminas comit, pectit.

COËFFICIENT, s. m. ☞ ou plutôt adj. pris substantivement. On sousentend terme. Terme d’algèbre, par lequel on désigne le nombre ou la quantité qui est devant une quantité algébrique, & qui le multiplie. Ainsi la grandeur 2b a le nombre 2 pour coefficient. Dans les équations d’Algèbre, on ne compte pour différens termes que ceux où l’inconnue a différens degrés. Elles est seule dans le premier terme, qui est celui où elle a le degré le plus élevé ; mais dans les autres termes où elle est à un degré moins élevé, elle se mêle avec des grandeurs connues, & alors ces grandeurs connues s’appellent Coëfficients ; Coëfficients du second terme, si elles entrent dans le second terme de l’équation, qui est celui où l’inconnue ne baisse encore que d’un degré : Coëfficients du troisième terme, si elles entrent dans le terme où l’inconnue baisse de deux degrés, &c.

☞ Il ne faut pas confondre coëfficient & exposant. Le premier qui se met devant la grandeur, est le signe de l’addition, & sert à marquer combien de fois elle est ajoutée à elle-même. 3b marque que la quantité b est prise trois fois. Ainsi en supposant b=9, 3b=27, c’est-à-dire vaudront 27. Au lieu que l’exposant qui se met après la quantité, est le signe de la multiplication, & sert à marquer combien de fois la quantité est multipliée par elle-même. Dans b3, l’exposant 3 fait connoître que la quantité b est multipliée deux fois par elle-même. Ainsi en supposant toujours b=9, b3 sera 9 multiplié par 9 c’est-à-dire 81x9=729.

COËFFURE, s. f. ☞ tout ce qui sert à couvrir ou orner la tête. Le Turban est la coëffure des Turcs. Capitis tegmen, tegumentum. Il se prend plus particulièrement pour ce qui sert à couvrir la tête des femmes. Les paysannes, les bourgeoises & les demoiselles étoient autrefois distinguées par leur coëffure.

☞ La coëffure des femmes est un édifice à plusieurs étages dont l’ordre & la structure changent selon leurs caprices. La Bruy. Quelquefois les coëffures montent insensiblement, & une révolution les fait descendre tout-à-coup. Il a été un temps que leur hauteur immense mettoit le visage d’une femme au milieu d’elle-même. Montesq.

Corporeque in medio dixeris esse caput.

☞ Aujourd’hui les femmes ont trouvé le secret de se coëffer sans coëffure. Elles ne sont plus coëffées qu’en cheveux.

Le P. Est. Chamillart a donné, dans ses dissertations, la description de la coëffure de plusieurs Impératrices, telle qu’elle est représentée sur les médailles. Plusieurs écrivent coiffure avec l’Académie.

COÉGAL, ALE, ad. terme de Théologie, qui ne se dit que du mystère de la Sainte Trinité. Coæqualis, coæquus. Le fils est coégal au Pere.

☞ COÉGALITÉ. s. f. Qualité de choses égales ; rapport qui se trouve entre plusieurs choses égales. Les Ariens, les Macédoniens nioient la Coégalité des trois personnes de la Trinité.

☞ COÉLECTEUR, s. m. qui élit conjointement avec un ou plusieurs autres. Il eut l’adresse de faire nommer pour la plûpart des Coélecteurs, ceux de ses amis dont il étoit le plus assûré. Vertot.

CŒLESYRIE, contrée de Syrie, à laquelle divers Auteurs donnent une étendue différente. Cœlesyria. Proprement la Cœlesyrie étoit la grande vallée qui s’étend entre le Liban & l’Antiliban. Quelques-uns y comprennent le pays de Damas, & tout ce qui est entre la Syrie propre, la Phénicie, & la Palestine. D’autres la poussent jusqu’à l’Arabie & l’Egypte. Pline & Mela l’appellent simplement Cœle. Aujourd’hui on la nomme Bocalbalbec.

Ce nom est composé de Κοίλη, & de Συρία, Syrie. Κοῖλος, κοίλη, en Grec signifie creux ; ainsi la Cœlesyrie n’est autre chose que la Syrie creuse ; c’est-à-dire, la partie de Syrie la plus basse, & la plus creuse.

CŒLIA, nom propre d’une famille de l’ancienne Rome. Cœlia gens. La famie Cœlia étoit plébéïenne, mais illustre, & il en est peu dont il soit plus parlé dans les Auteurs Romains. Les médailles de cette famille écrivent Coel ou Coil. Cœlius ou Coilus. On trouve aux Cœlius sur les médailles les prénoms Cacius, & P. Publius, & le surnom Cald ou tout au long Caldus.

CŒLIAQUE, adj. m. & f. terme de Médecine. On appelle passion cœliaque, flux cœliaque, passio cœliaca ; fluxus cœliacus, un flux de ventre chyleux, dans lequel le chyle sort par les selles confondu avec les excrémens, ce qui les rend cendrées, grisâtres, ou blanchâtres. Cœliaque vient du mot Grec κοιλία, ventre, parce que c’est le siége de la maladie. Col de Villars. Quelques-uns écrivent Céliaque, mais sans avoir égard à l’étimologie. Voyez ce mot.

☞ CŒLISPEX, surnom d’Appollon ainsi appelé d’une statue tournée du côté du Mont Cœlius, ou qui avoit le regard vers le ciel.

☞ CŒLOMA, s. m. terme de Chirurgie ; par lequel on désigne une espèce d’ulcère de la cornée, cause ordinairement par des humeurs âcres qui se jettent sur les yeux.

☞ CŒLUS, terme de Mythologie. Voyez Ciel, Divinité.

CŒLIUS. s. m. Ce nom est purement latin ; outre qu’il est souvent nom propre d’homme, c’est encore celui d’une des sept montagnes de Rome ; mais en ce cas il ne se dit jamais seul ; il faut y joindre en françois le mot mont, comme en latin mons, Mons Cœlius. Le mont Cœlius fut ainsi nommé, dit-on, d’un Chef des Etruriens, qui secourut Romulus, ou Tarquin, & qui se nommoit Cœlius, ou selon Tacite Cœles Vibenna. Les Tursques l’appeloient Mastarna. Les Romains le nommèrent d’abord Querquelulanum, parce qu’il y avoit beaucoup de chênes, ensuite tuscus Vicus, & Suétone dit que Tibere le fit appeler Mons Augustus. In Tib. Cap. 48. Il s’appelle aujourd’hui le Mont de S. Jean, parce que l’Eglise de S. Jean de Latran est dessus.

COËMENT. Vieux adv. Tranquillement, sans bruit. Tranquille, sine strepitu, tacite. Dans l’ordonnance & manière de faire les Chevaliers du Bain, il est dit : Les gentils saiges Chevaliers entreront en la chambre tout coëment sans noise faire.

COËNE. Voyez Couene.

CŒNOBIARQUE. Voyez CÉNOBIARQUE.
CŒNOBITE. CÉNOBITE.
CŒNOBITIQUE. CÉNOBITIQUE.

CŒPHORES. s. m. pl. C’est le titre d’une Tragédie d’Eschyle dont le sujet est la mort d’Egiste, & de Clytemnestre, & qui a pour le chœur des filles étrangères qui portent des présens au tombeau d’Agamemnon. Cœphores signifie des personnes qui portent des libations. De χέω fundo, je verse.

COËQUE ou COEHQUE, s. m. terme de la Relation. C’est le nom du Roi des Cafres nommés Cochocas, qui sont vers le Cap de Bonne Espérance. Le Coëque prétend être Roi de tous les Cafres qui demeurent aux environs du Cap à quatre-vingt lieues à la ronde ; mais quelques Voyageurs disent que ce Royaume consiste en quatre ou cinq cens familles qui habitent quinze ou seize villages, & dont les plus grandes richesses consistent en bestiaux, puisque l’on y compte plus de cent mille bêtes à corne, sans compter les bêtes à crins, &c.

COERCITIF, IVE. adj. Qui renferme le droit de coercition. Qui jus coercendi habet. Ce Magistrat a une puissance coercitive sur les habitans de sa Juridiction.

COERCITION, s. f. terme de Palais. ☞ C’est proprement le droit qu’on a de contraindre quelqu’un à faire son devoir. Coercitio. C’est un des attributs de la justice. Les Abbés commendataires n’ont pas le droit de coercition sur les Religieux. Ce mot vient du latin coercere, réprimer. Il ne faut pas confondre le droit de coercition avec celui de correction. Les supérieurs Réguliers ont droit de correction modérée sur les Religieux, mais ils n’ont pas le droit de coercition, lequel s’étend à toutes sortes de peines afflictives. Boucher d’Argis.

☞ COESFELD. Ville d’Allemagne, dans le Diocèse de Minster, en Westphalie.

☞ COESNON, (le) Rivière de France en Normandie, qui prend sa source à l’entrée du Diocèse du Mans, traverse le Diocèse de Dol en Bretagne, passe à Fougeres & Pontorson, & se jette dans la mer entre Pontorson & le Mont S. Michel.

☞ CO-ÉTAT. s. m. Qui se dit d’un État, d’un Prince qui partage la Souveraineté avec un autre. Acad. Fr.

COÉTERNEL, Elle. adj. Qui existe de toute éternité avec un autre. Coœternus, a, um. Le Fils de Dieu, ou le Verbe & le S. Esprit, sont coéternels avec le Pere. Les Manichéens admettoient deux natures coéternelles.

COÉTERNITÉ, s. m. terme dogmatique. Éternité commune à plusieurs choses ensemble. Cœternitas. La coéternité ne convient qu’aux personnes de la sainte Trinité.

COÉVÊQUE. s. m. Evêque avec un autre confrere dans l’épiscopat. Coepiscopus. Il y a eu autrefois des Evêques qui avoient des Coévêques. Walafridus Strabo, de Reb. Eccl. c. ult. en fait mention. C’étoient, dit-il, des Evêques dont ils se servoient pour faire les choses convenables qu’ils leur enjoignoient ; & il les compare aux Envoyé des Comtes. Les Prélats d’Allemagne ont encore des Evêques qui font pour eux les fonctions de l’Episcopat ; ils les appellent suffragans ; & ce son de vrais Coévêques.

☞ COEVORDEN. Ville des pays bas, dans la Province d’Overissel, capitale du pays de Drente.

CŒUR. s. m. Cor. Partie noble de l’animal, qui est le principe de la vie, & qui est renfermée dans une forte membrane, qu’on appelle le péricarde. Sa figure est pyramidale, & ressemble à une pomme de pin, qui est large par sa partie supérieure qu’on appelle sa base, & qui se termine en pointe. Il y a une veine & une artère qui environnent toute la base du cœur, comme une couronne, qui s’appellent coronales, avec quelques nerfs fort menus qui sont de la huitième paire. Il est revêtu d’une tunique particulière pour le tenir plus ferme. Il est situé au milieu du thorax, quoique sa pointe s’avance un peu vers son côté gauche. On a trouvé le cœur d’un enfant placé au côté droit contre l’ordinaire, comme il est rapporté dans le Journal des Savans de l’année 1668. Sa chair est dure, épaisse & solide, composée de fibres musculeuses, disposées en ligne spirale : elles ne sont point différentes des fibres des autres muscles, de sorte que ce n’est point sans raison que tous les modernes conviennent, après Hippocrate, que le cœur est un véritable muscle. Le cœur a deux ventricules, ou cavités. Le droit semble être fait pour les poumons seulement ; car les animaux qui n’ont point de poumons, n’ont point aussi de ventricule. Le gauche est plus fort & plus épais que le droit, parce qu’il est destiné pour envoyer le sang dans toutes les parties du corps, dont quelques-unes sont bien éloignées, au lieu que le droit ne droit l’envoyer que dans les poumons, ce qui ne demande pas, à beaucoup près, autant de force. Ces deux ventricules sont séparés par une cloison qu’on appelle septum medium. Aux deux côtés il y a des bourses membraneuses qu’on appelle oreillettes, parce qu’elles en ont la figure. La droite est au devant de l’entrée de la veine cave, & la gauche est située à l’orifice de la veine pulmonaire. Il y a quatre gros vaisseaux à la base du cœur, dont deux ont l’orifice au ventricule droit, savoir, la veine cave, & l’artère pulmonaire. Les deux autres sont au ventricule gauche, savoir, la veine pulmonaire & l’aorte, ou la grande artère. Dans ces vaisseaux il y a des valvules ou petites portes faites en formes de soupapes, qui d’un côté permettent l’entrée au sang, & de l’autre en empêchent le retour. Il y a six de ces petites membranes ou valvules au ventricule droit, savoir, trois à l’orifice de la veine cave ouverte par dehors, & fermées par dedans, & trois à l’orifice de l’artère pulmonaire, ouvertes & fermées en un sens contraire. Il y en a cinq au ventricule gauche, trois à l’orifice de la grande artère, ouvertes par dedans, & fermées par dehors ; & deux à la veine pulmonaire, qui s’ouvrent & se ferment aussi dans un sens contraire. C’est par ces canaux que se fait la circulation du sang, qui a été inconnue aux Anciens, & découverte par Hervey, Médecin Anglois. Le cœur a deux mouvemens ; celui de diastole, ou de dilatation, par lequel il reçoit le sang des veines ; & celui de systole, ou de contraction, par lequel il pousse le même sang dans toutes les parties du corps par le moyen des artères. Dans la dilatation le cœur s’alonge & s’élargit, & dans la contraction il devient plus court & plus étroit.

☞ Les oreillettes ont aussi leurs mouvemens de dilatation & de contraction, mais dans un temps différent ; c’est-à-dire, elles sont en diastole, lorsque le cœur est en systole, & elles sont en systole, lorsque le cœur est en diastole. Quelques Physiciens regardent l’introduction & la sortie des esprits vitaux comme la cause Physique dans tous ces mouvemens. Ils distinguent trois parties dans chaque muscle, les deux extrémités & le milieu. Ils donnent aux deux extrémités tendineuses les noms de tête & de queue, & au milieu que l’on trouve toujours couvert de chair, celui de ventre. Tous les muscles ont un mouvement de contraction & un mouvement de production. Ils sont dans un mouvement de contraction, lorsque leur queue s’approche de leur tête, lorsque leur ventre se gonfle ; & leur ventre se gonfle par l’introduction des esprits vitaux. C’est à la sortie de ces mêmes esprits vitaux que l’on doit attribuer la production des muscles.

☞ D’autres Physiciens sont persuadés que l’on doit attribuer ces sortes de mouvemens au ressort de l’air renfermé entre les fibres du cœur. Le sang, disent-ils, entrant avec impétuosité dans le ventricule droit du cœur, comprime l’air qui s’y trouve renfermé, & met ce muscle dans l’état de diastole. Cet air doué d’une ressort prodigieux, se dilate, reprend son premier état, chasse le sang dans l’artère pulmonaire, & remet le cœur dans l’état de systole. Le même jeu recommence l’instant d’après, & par là le cœur passe alternativement de l’état de diastole à celui de systole. Ce que l’on dit du ventricule droit par rapport au sang qui vient de la veine cave, doit se dire du ventricule gauche par rapport à celui qui vient de la veine pulmonaire.

☞ Il paroît assez conforme aux loix de la saine Physique de penser que l’action des esprits vitaux se joint au ressort de l’air pour conserver au cœur son mouvement continuel de diastole & de systole.

Dans l’Histoire de l’académie des Sciences 1711, M. Winslou trouve que le cœur, qu’on regardoit comme un gros muscle composé de fibres différemment contournées, est formé de deux muscles au moins, attachés l’un à l’autre ; c’est-à-dire, que les deux ventricules, chacun avec son oreillette, sont deux vases qui peuvent être séparés en demeurant vases ; ensorte que leur cloison commune, qu’on croyoit n’appartenir qu’au ventricule gauche, appartient également aux deux, & se partage en deux cloisons.

Le docteur Lower, que les Anglois disent avoir été le premier qui ait donné la vraie structure du cœur, prétend que le cœur est un muscle simple sans antagoniste, & qui est une espéce de sphincter : Borel, dans son Œconomia animalis, dit que la puissance motrice du cœur a plus de force qu’un poids de 3000 livres. L’obstacle que fait le sang à se mouvoir dans les artères, selon lui, est égal à 18000 livres, c’est-à-dire, qu’il est six fois plus grand que la force du cœur. Il estime que le pouvoir de la tunique élastique des artères est de 45000 livres, d’où retranchant les secours étrangers qui servent au mouvement du sang, il reste au cœur 3000 livres pour vaincre une résistance de 135000 livres, c’est-à-dire, un contre quarante-cinq, & la plus grande force qu’il donne au cœur est la force de la percussion. Voyez encore comment le D. Drake Anglois explique le mouvement de systole & de Diastole dans les Transactions philosophiques, n. 180.

☞ Schenchius parle d’un homme qui n’avoit pas de cœur, ce que Molinetti traite de fable ; il nie même qu’il puisse y avoir deux cœurs dans un même homme, quoiqu’on ait des preuves incontestables qu’on en a trouvé deux dans un même corps. Il y a divers insectes qui en ont naturellement plusieurs. Les vers-à-voie ont une chaîne de cœurs qui s’étend depuis une extrémité de leur corps jusqu’à l’autre. On a trouvé des cœurs que des vers avoient rongé & dévoré.

☞ Muret a trouvé le cœur de quelques bandits revêtus d’une espèce de duvet. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, est qu’on a vu des personnes dont le cœur étoit renversé ou tourné de haut en bas. Témoin une femme qu’on pendit il a quelque temps en Saxe, & un homme qui souffrit le même supplice à Paris. Journ. des Sav.

Ce mot vient du latin cor, du grec κέαρ, dont on fait par contraction κῆρ. On dit le mouvement du cœur, le battement du cœur, palpitation du cœur, épanouissement du cœur. Ac. Fr.

On appelle cœur chez les Botanistes, le fond ou le milieu de la fleur. Il y en a de deux sortes, les uns sont grenés, & les autres fleuris. Les grenés sont composés de plusieurs filets qui ont au bout de petits grains attachés, comme dans les tulipes & les lis, qui ne sont pas une graine, car ils se résolvent en poudre. Les cœurs fleuris, comme ceux des soucis, des fleurs de tanaisie, & autres, sont ordinairement appelés étamines, parce qu’on les croit composés de filets simples que l’on considère quasi stamina. Mais Monsieur Grew soûtient qu’ils sont mal nommés, & que ceux qu’on croit n’être que des filets simples, sont eux-mêmes composés de plusieurs parties qui ont toutes des figures différentes, fort régulières & fort agréables ; c’est pourquoi il les appelle fleurons. Les Fleuristes ordinaires ne font point ces distinctions.

Cœur se dit aussi, en termes de Botanistes, de la partie intérieure d’un arbre, ou d’une plante, partie qui est molle, moëlleuse & spongieuse, que l’on appelle aussi la moëlle, ou la matrice de l’arbre. Arboris medulla. Harris. Dans l’usage ordinaire, ce que nous nommons le cœur d’un arbre, est le bois le plus dur qui est sous l’aubier. Robur. Les Botanistes se servent aussi de ce mot dans la description de quelques feuilles qui ont la figure d’un cœur. Feuille faite en cœur, cordatum folium. Feuilles faite en cœur renversé. Obverse cordatum. Voyez Cordiforme.

Cœur se prend quelquefois pour l’estomac, ou la partie où se fait la digestion, qui donne des forces au cœur, stomachus, pectus. Cette graisse lui est demeurée sur le cœur, s’est figée sur son cœur, lui a fait bondir le cœur, lui a fait mal au cœur, lui a fait soulever le cœur. Les Grecs ont appelé καρδία, ce que nous appelons l’estomac, comme a remarqué Scaliger.

☞ Le mot de cœur se prend aussi quelquefois comme synonyme à bravoure, courage, intrépidité, valeur. Animus. Le cœur bannit la crainte ou la surmonte ; il ne permet pas de reculer, & tient ferme dans l’occasion. Il entre dans l’idée des mots cœur, courage, valeur, plus de rapport à l’action, que dans les mots bravoure, intrépidité ; mais les deux derniers renferment dans leur idée particulière un certain rapport au danger que les premiers n’expriment pas. Il faut que le cœur ne nous abandonne jamais, le cœur soûtient dans l’action. M. l’Abbé Girard.

☞ On dit, en style familier, mettre, remettre le cœur au ventre à quelqu’un ; pour dire, lui donner, lui rendre courage.

☞ On dit proverbialement faire contre fortune bon cœur ; pour dire, témoigner du courage dans l’adversité.

☞ On dit encore proverbialement, il a le cœur haut, & la fortune basse.

Cœur signifie encore force, vigueur. En parlant d’un malade, on dit qu’il a le cœur bon ; pour dire, que son courage se soûtient, qu’il a encore des forces. Ce cheval, cet oiseau est en cœur, c’est-à-dire est en force, en vigueur. Ac. Fr.

Cœur se dit figurément, & signifie l’ame, & ses principales fonctions, parce que quelques Médecins, & entres autres, Fernel, ont cru que les principales parties de notre ame résidoient dans le cœur, comme l’entendement, la volonté, la mémoire. Cor, animus, voluntas. Dieu est le scrutateur des cœurs ; c’est-à-dire, il connoît, il voit toutes nos pensées. Il faut offrir son cœur à Dieu ; c’est-à-dire, lui sacrifier toutes nos volontés, tous nos desirs.

Par la pénétration de l’esprit, on connoît ce qu’il y a de plus juste à dire, & par le cœur bien fait, ce qu’il y a de plus raisonnable à faire. S. Evr. Sans la droiture du cœur rien ne s’exécute bien ; & sans le secours de l’esprit, le cœur ne sait quel parti il faut prendre. Id. Dieu veut des cœurs purs, & dégagés des intérêts du monde. Pasc. Il est difficile de ramener votre cœur à Dieu, & de le retrouver après l’avoir laissé errer dans le monde d’objet en objet. Flech. Comme Platon n’eut rien à démêler avec la fortune, son cœur fut plus tranquille, & sa conduite plus vertueuse. P. Rap. Un homme, selon le cœur de Dieu, est une expression familière aux Prédicateurs, & dans la spiritualité, pour signifier un homme agréable à Dieu, qui lui obéit, qui le contente, &c. Elle est tirée du I. Liv. des Rois, XIII, XIV, où Samuel dit à Saül que Dieu a cherché un homme selon son cœur, pour le faire régner sur son peuple.

Je veux que l’on soit homme, & qu’en toute rencontre
Le fond de notre cœur dans nos discours se montre ;
Que ce soit lui qui parle. Mol.

Un cœur né sur le trône ignore comme on tremble. Corneille.

On dit que le cœur des Rois est dans la main de Dieu ; pour dire, qu’il dispose de leurs volontés ; qu’il les tourne comme il lui plaît. On dit qu’un homme a le cœur haut, bien placé, qu’il n’a rien de bas dans le cœur ; pour dire, qu’il a l’ame grande & élevée. On dit aussi, le cœur me le disoit bien ; pour dire, je m’en doutois, je l’ai bien prévû. On dit qu’un homme a le cœur sur ses lèvres ; pour dire, qu’il est sincère, qu’il dit vrai. On dit qu’on veut avoir le cœur net de quelque chose ; pour dire, qu’on en veut savoir la vérité. On dit, savoir quelque chose par cœur ; pour dire, l’avoir dans sa mémoire. Aliquid memoriter tenere.

Cœur signifie le siège des passions. On appelle cœur, l’ame, en tant qu’elle a des affections de haine ou de colère, &c. Animus, cor. Il n’y a point de mer plus agitée que le cœur ; les passions, comme les flots, s’y poussent successivement. S. Evr. Pour bien peindre les mœurs, il faut avoir bien étudié le cœur humain & tous les divers mouvemens dont il est capable. Quand l’orateur est entré dans le cœur de ses auditeurs, il les tourne comme il veut. P. Rap. Pour bien connoître l’homme, il faut descendre dans son cœur, afin d’y voir former les passions. S. Evr.

☞ Le cœur a son langage, comme l’esprit a le sien : & une expression du cœur fait bien souvent les plus grands effets. Bouh. L’éloignement du bruit appaisera-t-il les troubles du cœur, si la raison ne s’en mêle ? S. Evr. On ne sauroit bien manier les matières de morale, si l’on ne connoît parfaitement les plis & les replis du cœur. S. Evr. Quand un prédicateur est entré dans l’esprit, il lui est plus aisé de pénétrer jusqu’au cœur ; & au contraire, quand l’esprit est rebuté, il ferme l’entrée du cœur. Ciceron avoit sur tout l’art de toucher ; il connoissoit bien les détours & les ressorts du cœur humain. P. Rap. L’esprit & le cœur se trompent réciproquement. L’esprit éblouit, & déja prévenu par le cœur, prononce en faveur des passion, & le cœur charmé de les voir justifiées, par le jugement de l’esprit, les suit sans scrupule. Il faut plus souvent chercher la cause de nos égaremens dans les affections du cœur', que dans les connoissances de l’esprit. La vertu est naturellement austère par la contrainte qu’elle impose au cœur en réprimant ses desirs. P. Rap. Le feu de l’amitié échauffe le cœur, sans le consumer ; elle le remplit & le remue, sans le troubler & sans l’allarmer. La morale apprend à connoître le cœur humain ; cet abîme est impénétrable. Vaug. Les plaisirs du cœur sont plus touchans, que ceux de l’esprit. S. Evr.

Que dans tous vos discours la passion émue,
Aille chercher le cœur, l’échauffe & le remue.

Boil.

On dit aussi décharger son cœur ; pour dire, déclarer une pensée, un sentiment secret.

Cœur se dit particulièrement de la faculté de l’ame qui ressent de l’affection, de l’amitié, de l’amour, de la tendresse. Animus, voluntas, studium. Chacun dit du bien de son cœur, & n’ose en dire de son esprit. Rorhef. L’esprit ne sauroit jouer long temps le personnage du cœur. Id. Que ne pouvez vous point sur un cœur dont vous connoissez le foible & les retraites ? Il n’y a que l’amour qui de deux cœurs puisse n’en faire qu’un. M. Scud. Ces cœurs ouverts de tous côtés à l’amour n’aiment rien à force de trop aimer. S. Evr. Le cœur d’une femme peut contenir un amour permis, & un amour défendu, sans que l’un embarrasse l’autre. Villefort. Un cœur usé par mille coquéteries n’est pas capable d’une grande passion. B. Rab. Le roi ne se crut bien ferme sur son trône qu’en gagnant le cœur & l’affection de son peuple. S. Evr. Chacun vante son cœur ; c’est une vanité à la mode. S. Evr.

Quand on aime, le cœur parle encore plus que l’esprit. Ch. de Mer. Ingrat, vous n’avez que trop bien su trouver le chemin de mon cœur ! S. Evr. L’empire des cœurs appartient à la beauté. Id. Je sais bien quels ravages fait une passion dans un cœur tout neuf. M. Scud.

Mais quand le cœur se tait, l’amour a beau parler,
Pour engager ce cœur ses amorces sont vaines,
S’il ne court de lui-même au devant de ses chaînes.

Corn.


Mais ne voyois-tu pas dans mes emportemens,
Que mon cœur démentoit ma bouche à tous momens ?

Rac.


Bien souvent le devoir ne donne par le cœur. Corn.

☞ Prendre un cœur abject, expression de Corneille dans Nicomède, condamnée par Voltaire, Cette expression,prendre un cœur, pour prendre des sentimens, n’est guère permise, que quand on dit, prendre un cœur nouveau, ou bien reprendre cœur, reprendre courage. Il condamne de même l’usage qu’a fait Corneille de ce mot dans Pompée, où l’on trouve, mon cœur étonné. Cœur n’est pas le mot propre ; on ne l’emploie que dans le sentiment. Le cœur n’a jamais de réflexions politiques.

Remarquez que les Anciens mettoient le siège des passions dans le foie, au lieu que nous le mettons dans le cœur. Anacréon dit dans une de ses Odes, L’amour tendit son arc, & frappa au milieu du foie : nous dirions, au milieu du cœur.Platon & ses sectateurs étoient dans les mêmes sentimens, & plaçoient l’amour dans le foie.

Cœur signifie encore, la pensée. Mens, animus, cogitatio. Je l’ai prié de me dire ce qu’il avoit dans le cœur. Dire ce qu’on a dans le cœur, c’est-à-dire, découvrir ses plus secrettes pensées.

On dit, il est tout de cœur ; pour dire, qu’il a beaucoup de bonté, & une humeur bienfaisante. Il a le cœur bon ; pour dire, qu’il a de la droiture & de la générosité. On dit qu’un mari & une femme ne doivent être qu’un cœur & qu’une ame ; c’est-à-dire, dans une parfaite union & une bonne intelligence. On appelle un bon ami, l’ami du cœur. On dit, je vous aime de tout mon cœur ; c’est-à-dire, très-tendrement. On dit, qu’il faute prendre son cœur par autrui ; pour dire, faire ce qu’on feroit si on étoit à sa place. On dit aussi, s’en donner au cœur joie ; pour dire, se remplir, se rassasier d’une chose. On dit encore de ce qu’on voit avec grand regret, que cela fait grand mal au cœur. On dit aussi loin des yeux, loin du cœur ; pour dire, qu’on oublie les absens. L’Evangile dit, là où quelqu’un aura son trésor, c’est-là que sera son cœur. On ne doit point mettre son cœur, son affection aux biens de ce monde. Ce jeune homme a le cœur à l’étude, au jeu, aux armes.

On dit aussi, qu’un homme n’a point le cœur à la besogne, quand il travaille à regret & sans affection. Qu’il est à la joie de son cœur ; pour dire, au comble de ses desirs. On dit d’un homme dur, sans pitié, sans tendresse, que c’est un cœur de roche, de pierre, de tigre. On dit de deux personnes qui se haissent, qu’elles voudroient se ronger, ou s’arracher le cœur. Les riches voient les misères des pauvres qui font saigner le cœur, fendre le cœur, & cependant ils ne les assistent point, cela n’amollit point leur cœur. On dit d’un malhonnête homme, que c’est un homme sans cœur, & sans foi.

Mon Cœur. Expression tendre, ou badine, dont on se sert quand on veut dire quelque douceur à quelqu’un avec qui on vit familièrement, comme entre mari & femme. Animule mi, meum corculum. Les Amans s’appellent mon cœur, mon petit cœur. On appelle aussi un enfant, ou une autre personne, ou sérieusement, ou en badinant, mon cœur ; c’est-à-dire, mon cher.

Cœur (à) se dit adverbialement. Il a pris cette affaire à cœur ; pour dire, chaudement & avec affection. Res illi cordi est, hanc rem cordi habet. Il lui a parlé à cœur ouvert, cœur à cœur, animo sincero ; c’est-à-dire, franchement, sincèrement, & sans déguiser.

On dit, à cœur jeûn ; pour dire, sans avoir mangé ce jour-là. Jejuno stomacho. On dit à contre cœur ; pour signifier, avec peine, avec chagrin. Gravatè, ægrè. De bon cœur ; pour dire, volontiers, avec plaisir. Ex animo studioso. De tout son cœur ; pour signifier l’affection avec laquelle on fait quelque chose. toto animo, toto pectore.

Cœur. (Par) Façon de parler adverbiale ; pour dire, par mémoire, de mémoire. Apprendre par cœur, savoir par cœur, réciter par cœur. Faire dîner quelqu’un par cœur, c’est-à-dire, ne lui pas donner à dîner.

Cœur, par similitude, se dit du milieu de chaque chose. Le Palais est placé au cœur de la ville. Mediâ urbe. Paris en ce sens n’est pas au cœur du Royaume. Medio regno. Noël vient au cœur de l’hiver. Mediâ hieme. La St Jean au cœur de l’été. Les bons échalas sont faits de cœur de chêne. Ce Monarque reste dans le cœur de son royaume, pour faire avorter les factions par sa présence. Mlle. L’Héritier.

Cœur. Terme d’Horlogerie. Pièce de la forme d’un cœur, placée sur l’arbre de la seconde roue d’une grosse horloge, pour faire dégager le pié-de-biche de la détente de sonnerie.

Cœur, en termes de Jeu de cartes, est une peinture rouge qui a la figure d’un cœur. Folium lusorium miniato corde signatum. Il a tous les cœurs dans son jeu.

Cœur, est aussi un terme de Vitrier, qui signifie le milieu de la verge de plomb, qui a deux côtés qu’on appelle aîles. Medium.

Cœur fleuri. C’est ainsi qu’on appelle une espèce de linge ouvré, qui se fait en Picardie.

Cœur de Bœuf. s. m. Fruit de Siam, qui a été ainsi nommé, à cause de sa grosseur & de sa figure. La peau en est mince, & ce fruit est mou, parce que ce n’est au dedans qu’une crême blanche & d’un goût assez agréable. Les Siamois l’appellent mancout.

Cœur de Bœuf, espèce de prune, qui est violette, tirant sur le rouge. La Quint. Elle est fort grosse. Id.

Cœur de Pigeon, espèce de prunes qui a la raie plus enfoncée que la plûpart des autres.

Cœur de Charles, terme d’Astrologie. Cor Caroli. Les Anglois ont donné ce nom à une étoile de l’Hémisphère du Nord à l’honneur de Charles II, Roi d’Angleterre. Cette étoile est située entre la chevelure de Bérénice & la grande ourse, & ne fait partie d’aucune constellation. Harris.

Cœur de l’Hydre. Cor Hydræ. Etoile fixe de la première grandeur, qui est dans la constellation de l’Hydre, & dont la longitude est de 142 deg. 49 minutes, & la latitude 22 deg. 23 min.

Cœur de Lion. Cor Leonis, appelé autrement Basilicus ou Regulus. Etoile fixe de la première grandeur, dans la constellation du lion. Sa longitude est de 145 degrés 21 min. & sa latitude 0 degré 26 minutes. Son ascension droite 147 degrés 46 minutes.

Cœur de Scorpion. Cor Scorpionis ou antares.

Cœur du Soleil, terme d’Astrologie. Cor solis. On dit qu’une planète est dans le cœur du soleil, lorsqu’elle en est éloignée tout au plus de dix-neuf minutes.

Cœur, terme de Conchyliologie. Dans la 4e famille des Bivalves, seconde classe des coquillages, on trouve les cœurs appelés en latin Cordiformes. Leur caractère essentiel est d’être d’une figure ronde & élevée, de n’avoir point d’oreilles, comme les peignes, & de représenter toujours, soit de face, soit de côté, la forme d’un cœur quelquefois alongé & triangulaire. Les stries sont ordinairement de cette famille.

☞ M. Gersaint parle des cœurs de bœuf, espèce de coquillage de mer. Il y a une espèce de cœur de bœuf à pointe, de couleur d’orange, extrêmement rare. Cor bovis.

☞ Il y a aussi des coquillages de mer qu’on appelle cœur de Venus. Cor Veneris.

☞ On appelle, en terme de Manège, Cheval des deux cœurs, celui qui ne se manie que par contrainte, qui n’obéit pas volontiers aux aides du Cavalier.

Cœur, en termes de blason, parti en cœur. Voyez Parti.

On appelle aussi, en Blason, le milieu de l’Écu, le cœur ; ce qu’on exprime quelquefois par abyme. Medium scutum.

☞ COEX. s. m. Dans les marais Salans du pays d’Aunis, on donne ce nom à une sorte de bonde de bois pratiquée dans le bas de la chaussée, pour conduire l’eau de la mer dans le Jas. Encyc.

COEXISTANT, part. du présent. Qui existe en même-temps qu’un autre. Coexistens.

COEXISTENCE, s. f. terme de Théologie. L’existence de deux ou plusieurs choses qui existent en même temps. Coexistentia. Les Ariens nioient la coexistence éternelle du Verbe divin avec son Pere.

COEXISTER, v. n. terme dogmatique. Exister en même-temps qu’un autre. Coexistere. Les personnes de la Très-Sainte Trinité coexistent de toute éternité.

COF.

COFFILA. s. m. C’est un des poids dont on se sert à Mocha pour péser les marchandises. Dix coffila font un tuckea ; 40 tuckea font un mann ; dix manns font un fraffell ; quinze traffels font un bahars, qui pèse 420 livres.

COFFIN, s. m. vieux mot. Corbeille, petite corbeille ou panier qui sert particulièrement à serrer des fruits. Cophinus.

Portez au bras chacun plein coffin
D’herbes & fleurs. Marot.

Il vient du Grec κόφινος, d’où l’on a fait en Latin cophinus, & en Espagnol cophino, qui signifie un cabas de figues, raisins, &c.

COFFINE. adj. f. Ardoise coffine. C’est une sorte d’ardoise un peu voûtée, ou coffinée, qui s’emploie à couvrir les dômes des Eglises, & autres semblables édifices, dont la couverture se tourne en rond.

COFFINER, v. act. terme de Fleuristes. On dit, que les œillets se coffinent, quand les feuilles, au lieu de demeurer bien étendues, demeurent comme frisées, & recoquillées. In spiram, in orbem contorqueri, convolvi. L’œillet, dit la coquette, a un défaut dans sa fleur ; c’est que sur la fin il coffine ses fleurs, c’est-à-dire, qu’il les tourne en forme de petits cornets. Morin.

Coffiner, terme de Menuisier. Il ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se voûter, se courber. Curvari, incurvari, inflecti. Cette planche s’est coffinée.

COFFRE. s. m. Meuble en forme de caisse, qui se ferme avec une couvercle & une ferrure, qui sert à serrer & à enfermer de l’argent, des hardes. Arca. Tant que nous aurons de l’argent dans nos coffres, nous aurons des amis assûrés. S. Evr. Coffre carré. Coffre de bahut, dont le couvercle est rond. Coffre couvert de cuir. Coffre de vernis de la Chine. Un coffre de nuit, est un petit coffre où on serre la toillette. Arcula.

Ce mot vient de coffinus. Ménage. On dit encore coffin pour coffre en plusieurs endroits de la France. Du Cange dit qu’il vient du breton ou anglois, coffr, ou de coffretum, qu’on a dit dans la basse Latinité en la même signification. M. Huet dit qu’il vient de l’Hébreu בופה qui signifie la même chose, & qu’il y a apparence qu’on disoit coffe, premièrement, & qu’ensuite on a jouté l’r par corruption.

Coffre)-fort, est un coffre de fer, ou de bois épais, avec de forts assemblages garnis de bandes de fer, & d’une serrure à plusieurs pênes difficiles à ouvrir & à forcer. On y enferme l’argent. Arca ærea, capsa argentaria. La clé du coffre-fort & des cœurs, c’est la même. La Font.

☞ On dit proverbialement, & familièrement, d’une fille à marier laide, mais riche, qu’elle est belle au coffre. Ob dotem opimam formosa. On dit d’un homme qui fait mal une chose, qu’il s’y entend comme à faire un coffre. Raisonner comme un coffre, c’est raisonner tout de travers ; rire comme un coffre, rire à gorge déployée ; piquer le coffre, c’est à la Cour, attendre long temps dans l’antichambre, où l’on ne peut s’asseoir que sur des coffres.

☞ Ce mot s’emploie de différentes manières, tant au simple qu’au figuré, comme on le verra par les articles suivans.

Coffre d’autel, c’est dans un rétable de menuiserie, la table d’un autel, avec l’armoire qui est au dessous. Altaris mensa armario instructa.

On appelle aussi le coffre du carrosse, le lieu fermé qui est sous les coussins du carrosse où un cocher enferme ce dont il a besoin pour le service du carrosse. Capsa rhedaria. Et coffre à l’avoine, un grand coffre de bois qui est dans l’écurie, où on enferme l’avoine. Figurément on appelle les chevaux de carrosse de la plus grosse taille, des coffres à avoine, parce qu’ils en consomment beaucoup.

Coffres du Roi. Ce sont les recettes des domaines & des revenus du Roi, des parties casuelles, & autres droits qui viennent au Trésor Royal. Ærarium regium. On ne rembourse les domaines & les charges, que sur le prix de ce qu’on justifie être entré effectivement dans les coffres du Roi.

Coffre, en termes d’Anatomie, est la cavité du corps la plus grande, l’espace qui est enfermé sous les côtes, où sont contenus le cœur, les poumons, le foie, &c. Il a reçu un coup d’épée dans le coffre. Les plaies qui entrent dans le coffre sont difficiles à guérir. Les Chasseurs le disent aussi du corps de la bête fauve qu’ils ont prise, lorsqu’on en fait la curée. Il faut mettre le coffre du cerf en une place belle & herbue. Saln.

Coffre, en termes de Fortification, est un logement creusé dans un fossé sec, couvert de soliveaux & de terre, & élevé de deux piés au dessus du fossé, où il y a des embrasures d’où l’on tire sur l’assiégeant, quand il vient à la contrescape, & veut passer le fossé. Militaris statio mediâ in fossâ excavata. Il est large de 18 piés, & profond de 6 à 7. C’est presque la même chose que la caponnière, si ce n’est que la caponnière se fait quelquefois au delà de la contrescarpe sur le glacis ; & le coffre toujours dans le fossé, & occupe plus de largeur.

Coffre, terme d’Artillerie, synonyme à chambre ou fourneau de la mine. Voyez ces mots qui sont plus usités.

En termes de marine, on appelle coffre à feu, un coffre rempli de feux d’artifices & de matières combustibles, pour s’en servir contre les ennemis qui ont sauté à bord, ou pour faire sauter le vaisseau. Coffre de bord, est un coffre dont le fond est plus large que le haut, où les gens de Marine mettent ce qu’ils portent à la mer pour leur usage. Coffre à gargousses, est un coffre où l’on met les gargousses après qu’on les a remplies. Les coffres à gargousses sont des retranchemens de planches faits dans les soutes aux poudres, plutôt que de véritables coffres.

Coffre est un terme de Luthier, qui signifie le corps & l’assemblage des parties du clavecin, ou de l’épinette. Organi musici corpus.

Coffre de presse, terme d’Imprimeur. C’est le bois où est enchâssé le marbre. Quadratum tignum excipiendo marmori incisum.

Coffre se dit, en termes de Haras, du ventre de la cavale. On dit qu’elle a un beau coffre un grand coffre, quand elle a les flancs fort larges & propres pour porter les Poulins.

Coffres, en Hydraulique, espèces de boîtes carrées de bois ou de fer, pour renfermer les soupapes.

Coffre est aussi le nom d’un poisson qui se trouve vers les Îles Antilles. On le nomme coffre, parce qu’il est couvert d’une écaille mince, à la vérité, mais sèche & très-dure : en sorte que lorsqu’il est cuit, on le tire de cette écaille comme d’un étui. Le corps du coffre est joint à la tête, sans aucune séparation visible. Il est en forme triangulaire, & sa tête a la même figure. Le P. Labal dit, tom. 2 de ses Voyages, que la chair en est blanche, & qu’il trouve ce poisson, qui n’est pas des plus estimés, très-bon & très-succulent.

☞ COFFRER, v. a. mettre dans un coffre, il ne se dit point au propre, on le dit quelquefois au figuré, mais dans le style familier seulement, pour mettre en prison. Incarcerare, in carcerem trudere. Il y a long temps qu’on le guettoit ; il a été coffré ce matin.

Coffré, ée. part.

COFFRET. s. m. Diminutif de coffre. Arcula, capsula. Un coffret garni d’argent, où l’on ne met que des rubans, des essences, des pommades, &c.

COFFRETIER. s. m. Celui qui fait ou qui vend des coffres. Faber, capsarius. Les Coffretiers-Malletiers, sont ceux qui font des coffres d’armées, des malles, des valises, des fourreaux de pistolets. Les Coffretiers-Bahutiers sont d’un corps différent, & sont ceux qui font des coffres qui servent dans le ménage & dans le ville. Les Coffretiers ne peuvent vendre des étuis de pistolet ni de chapeau, où il entre de la cire & poix-résine, mais seulement de cuir tel qu’il sort de chez les Corroyeurs-Baudroyeurs. Ce corps est nouveau & démembré de celui des Selliers.

☞ COFIDEJUSSEUR, s. m. terme de Jurisprudence. On appelle ainsi ceux qui ont répondu solidairement de la dette du principal obligé, suivant la disposition du droit romain, si l’un de plusieurs fidejusseurs a payé toute la dette au créancier, sans prendre de lui cession de ses droits & actions, il n’a point de recours contre les autres. Mais chez nous l’équité prévaut à la rigueur de la règle, & l’on tient communément que si le Cofidejusseur payoit le tout, sans s’être fait conner cession du créancier, il faut agir contre ses Cofidejusseurs, pour répéter de chacun d’eux leur part & portion de la dette pour laquelle ils ont répondu.

COG.

COGAT. Voyez Cucufat.

☞ COGENDE, ville d’Asie, dans la Tartarie, sur le fleuve Jaxartes, à sept journées de Samarcande.

COGMORIA, s. f. Mousseline très-fine que les Anglois apportent des Indes Orientales.

COGNAC. Ce mot en quelques Provinces veut dire embouchure d’une rivière dans une autre. On appelle Cognac la jonction de plusieurs ruisseaux avec la Charente.

Cognac, ville de France dans l’Angoumois, & sur la Charente, fameuse par ses eaux-de-vie. Cognacum. Quelques-uns prennent Cognac pour Campinacum, ou Capiniacum, où Gérard, Archevêque de Bourdeaux, célébra un Concile en 1238. François I nâquit à Cognac. Du Chesne écrit tantôt Congnac, & tantôt Coignac ; on n’écrit plus ainsi.

COGNASSIER. Voyez Coignassier.

COGNAT. s. m. Cognatus. Dans ce mot & dans les deux suivans, prononcez gna comme en latin, cognatus, avec le son fort du g, terme de Jurisprudence. Ce mot se dit de ceux qui ont entr’eux le lien de parenté qu’on appelle cognation. M. le Cardinal de Furstemberg, &c, jouira avec ses agnats & cognats, qui ont suivi son parti, & ses domestiques, d’une pleine amnistie. Traité de Riswich. Ne pourront aussi ledit sieur Cardinal, ses héritiers, agnats, cognats, & domestiques, être jamais recherché, &c. Ib.

COGNATION, s. f. terme de Jurisprudence. Lien de parenté entre tous les descendans d’une même souche & d’une même tige, tant par les mâles que par les femelles. Cognatio. L’agnation, au contraire, ne comprend que les descendans par le sexe masculin. En France pour la succession à la couronne on suit l’agnation ; & en Espagne, ou en Angleterre, on suit la cognation. Les femmes viennent à la succession selon le degré de proximité aux défauts des mâles, ou de leurs descendans de branche en branche.

Dans le Droit Romain les mots de cognation & de cognat se prennent dans une signification plus étroite, suivant laquelle cognation signifie seulement le lien de parenté qui est entre ceux qui descendent d’une même souche par les femmes : & cognats, ceux qui ont entr’eux ce lien de parenté. Voyez les Instituts, le Jurisconsulte Paul de gradibus & affinibus & nominibus eorum, L. XXXVIII du Digest, tit. X, loi 10. Le Jurisconsulte Gaius, in lege 1 ibid., donne la première signification aux mots cognat & cognation.

COGNATIQUE, adj. terme de Droit. Succession cognatique, est celle où les parens collatéraux par les femmes parviennent au défaut des mâles de branche en branche. De Courtin. Cette manière de succéder n’a pas lieu parmi nous.

COGNÉE. M. Félibien écrit toujours coignée. s. f. Grande hache, instrument de fer plat, acéré & tranchant, ayant un long manche de bois. Securis. Il sert aux Bucherons à abattre du bois dans les forêts,