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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/971-980

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Fascicules du tome 2
pages 961 à 970

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 971 à 980

pages 981 à 990


battre en duel avec lui. Je veux me couper la gorge avec vous.

En ce sens on dit figurément, qu’on coupe la gorge à quelqu’un, quand on lui cause quelque dommage considérable. Grave detrimentum afferre : on peut se servir du mot jugulare, en ajoutant la particule quasi. On coupe la gorge aux enfans, quand on ne les instruit pas bien, quand on les laisse vivre dans un plein libertinage. Vous lui ôtez cet emploi, vous lui coupez la gorge. Le Juge a coupé la gorge à cette partie, en lui faisant perdre son procès. On coupe la gorge dans cette hôtellerie, on y rançonne les passans. On dit aussi d’une raison peremptoire & décisive, qu’elle coupe la gorge à un adversaire, lorsqu’il n’a rien à y répondre.

Couper signifie aussi diviser un pays. Dissociare, dividere. L’Appennin est une chaîne de montagnes qui coupe toute l’Italie. La France est coupée & arrosée de plusieurs rivières. La Flandre est coupée d’un nombre infini de fossés & de canaux. Voyez ci-dessus comme il se dit des personnes & des rangs, ou suites interrompues, à peu près en ce même sens.

Couper se dit figurément en choses spirituelles & morales. Abrumpere. Vous avez coupé le nœud que vous ne pouviez délier. S. Réal. On dit qu’un criminel se coupe en ses réponses, quand il se contredit, ou quand il varie. Pugnantia loqui ; qu’un Orateur coupe son style ; qu’un Poëte coupe ses stances ; pour dire, qu’il y fait plusieurs divisions. Concidere, concisus stylus, concisa oratio. On dit en ce sens, couper court ; pour dire, abréger, s’expliquer en peu de paroles. Rescindere orationem, finem, modum orationi imponere. On dit, couper la parole à quelqu’un ; pour dire, l’interrompre. Aliquem interpellare. La douleur, les soupirs, les sanglots lui coupoient la voix ; pour dire, l’empêchoient de parler, interrompoient son discours. Intercludere.

On dit aussi figurément & familièrement, couper l’herbe sous les piés de quelqu’un ; pour dire, lui faire perdre quelque avantage, le supplanter. Spem alicujus, expectationem infringere, præcidere, detrimentum afferre. On dit aussi, qu’on s’est coupé de son couteau, ou qu’on s’est coupé la gorge, quand on a lâché quelques paroles, qui ensuite portent un grand préjudice. Suo se gladio confodere.

On dit qu’on coupe la racine d’un procès, quand on en ôte la source, ou ce qui le cause, ou qui le peut fomenter. Couper pié à un mal, à un abus ; en ôter la cause.

Couper le cable, couper les mâts, termes de Marine, c’est couper le cable sur les bittes ou sur l’escubier, & le laisser aller à la mer ; ce qui se fait par commandement à l’égard du cable, lorsqu’il faut appareiller promptement ou par nécessité ; & à l’égard des mâts, aussi bien que des cables, lorsque la tempête presse, & qu’on craint de choquer contre d’autres vaisseaux.

Couper la lame, se dit, en termes de Marine, quand la pointe du vaisseau fend le milieu de la lame, c’est-à-dire, les flots ou la vague, & passe au travers. Fluctum dividere. On dit dans le même sens d’un nageur, qu’il coupe l’eau.

Couper, c’est aussi un terme de Mesureur, qui signifie racler avec la racloire une mesure, lorsqu’elle est pleine. Præcidere. Il y a des lieux où l’on entasse les mesures, & d’autres où on les coupe. Quand on vend à couper la mesure, il ne peut plus y avoir de dispute.

Couper le poil, terme qui est en usage chez les Cardeurs & parmi les Chapeliers.

Couper le grain, terme de Corroyeur, c’est former sur la superficie du cuir qu’on corroie, du côté de la fleur, ces petittes figures entrecoupées de tous sens, à angles inégaux, que l’on voit sur les veaux & vaches retournées ; ce qui fait une espèce de grains.

Couper du vin, c’est mettre, mêler plusieurs sortes de vins ensemble. Vina miscere.

Couper se dit, dans le même sens, de différens fluides. Couper un fluide avec un autre, les mêler, tempérer l’un par l’autre. Couper son vin. Vinum aqua temperare. Y mettre de l’eau.

Couper se dit, en termes de Jeu, d’un paquet de cartes qu’on sépare en deux, après que celui qui les tient les a bien mêlées. Dividere. On dit encore couper, pour voir à qui fera, lorsque chacun prend un paquet de ces cartes, & qu’il montre celle qui est à découvert, dont la plus haute commande. J’ai coupé un as, & vous n’avez qu’un dix. On le dit aussi, quand sur des cartes qu’on jette, on en met une plus haute pour gagner la main, ou même lorsqu’on en met une plus basse, pourvû que selon les règles du jeu elle doive l’emporter ; ainsi couper en ce sens, peut être expliqué ainsi, mettre une triomphe sur les cartes qui ont été jouées. Il a coupé d’un roi, d’une triomphe, d’un matador, d’une carte qui est hoc. Au Lansquenet, couper se dit de ceux qui tiennent la carte. Je n’ai pas le temps de couper aujourd’hui, je vais seulement carroter quelques pistoles.

Couper cu, terme de Joueurs, signifie se retirer après qu’on a gagné, & sans donner la revanche à son adversaire qui a perdu ; n’attendre point qu’il soit raquitté. Ne plus tenir jeu, le quitter, abandonner prise, se retirer tout-à-coup, planter là celui avec qui l’on joue. Dict. Comm. Il n’y a point de perdant qui ne trouve mauvais qu’on lui coupe cu. Aliquem redintegrandi lusus expectatione frustrari ; alicui repetendi lusus facultatem adimere ; partam ludo pecuniam auferre, nec velle iterum ludo committere. Cum victor sis, nolle ludum repetere, continuare ; ludum abrumpere.

Qu’ils se gouvernent comme au jeu ;
Quand on leur coupe cu, qu’ils modèrent leur feu ;
Et sans examiner si la chose est permise,
Que celui que l’on quitte, au lieu de s’offenser,
Ne songe qu’à recommencer
Avec un autre une reprise.

En termes de Paume, on appelle couper un coup, quand on pousse la balle avec la raquette inclinée, en sorte qu’elle roule au lieu de rebondir. Obliquo reticulo pilam impellere.

En termes de dés, couper les dés, c’est les jeter sur la table en retirant le cornet, de manière qu’ils ne partent point de la place.

En termes de danse, on appelle couper un pas ; quand on fait un petit saut en pliant un pié, tandis qu’on passe légèrement l’autre par dessus. Sic alterum crus inflectere, ut extenso altero procedas, progrediare ; inflexo altero crure, molliter incedere, gressum frangere.

En termes de Blason, on appelle couper un écu, quand on le divise en deux parties égales, diamétralement par une ligne parallèle à l’horison, & en même sens ou disposition que la fasce. Scutum bifariam transverse secare. Cet écu étoit coupé de gueules & de sable. De-là vient qu’on dit que deux couleurs se coupent, lorsqu’elles sont fort différentes & fort vives, & qu’elles n’ont aucune nuance ou couleur douce qui les joigne.

En termes d’Architecture, couper une pierre, c’est ôter de son lit, ou de son parement plus qu’il ne faut, en sorte qu’elle ne peut plus être posée à l’endroit où elle étoit destinée.

Couper du trait, en termes d’Architecture, c’est faire un modèle en petit avec de la craie ou du plâtre, du bois, ou autre chose facile à couper, pour voir la figure des voussoirs, & s’instruire dans l’application du trait de l’épure sur la pierre par le moyen des instrumens, comme cherches, pameaux, biveaux & équerres dont on se sert en grand. Frézier.

En termes de Maçonnerie, couper le plâtre, c’est faire les moulures de plâtre à la main & à l’outil.

En termes de Sculpture, couper le bois, c’est tailler des ornemens avec propreté, couper le bois se dit plûtôt des ornemens que des figures.

En termes de Gravure, on dit, bien couper le cuivre, c’est-à-dire, bien graver, faire des traits hardis, & gravés également selon le fort & le foible.

On dit encore, en matières d’étoffes, qu’elles se coupent, quand elles se tendent ou le cassent dans les plis pour n’être pas assez moëlleuses. Incidi.

On dit faire couper son carrosse lorsqu’un carrosse a deux fonds & qu’on en fait retrancher un. Currum anteriore, parte decurtare.

Couper, en peinture, trancher, se dit d’une couleur forte mise près d’une autre sans adoucissement, sans aucun partage d’une couleur à l’autre.

COUPÉ, ÉE. part. pass. & adj. On appelle un style coupé, un langage bref & laconique, dont les périodes sont courtes & peu liées. Concisus. Lorsque le sujet qu’on traite demande du feu & du mouvement ; les périodes coupées sont à propos, parce qu’elles ont je ne sai quoi de vif & de mâle, qui est un des plus grands ornemens du langage. Vous voyez des choses coupées dans Séneque qui ont l’air de sentences, & qui n’en ont pas la solidité. S. Evr. On dit des vers coupés, des séances coupées, quand il y a certaines divisions au milieu des vers & du couplet, quand les repos y sont observés. On appelle, point coupé, une espèce de dentelle faite avec des feuilles pointues. Un carrosse coupé, qui n’a qu’un fond sur le derrière. Anteriore parte imminutus, decurtatus. Un cheval coupé, un hongre. Castratus.

Coupé, (Pays) traversé de canaux, de rivières, de montagnes, &c.

Coupé. (Lait) Les Médecins appellent ainsi toute espèce de lait, de la dose duquel on a retranché une partie que l’on remplace en y substituant quelque liqueur appropriée aux circonstances de la maladie. Quand l’usage du lait pur donne des maux d’estomac, il faut le couper avec la moitié d’eau de café. Le lait coupé avec de l’eau d’orge est plus léger, il passe mieux.

Coupé, en termes de Blason, se dit d’un écu divisé par le milieu, & en deux parties égales de droite à gauche par une ligne parallèle à l’horison, ou dans les sens de la fasce. Scutum transectum bifariam. On le dit aussi des pièces honorables, & même des animaux & des meubles qui chargent l’écu, quand ils sont divisés également dans le même sens, en sorte toutefois qu’une partie soit de couleur, l’autre de métal. On dit aussi coupé des têtes de loups, de sangliers, & autres animaux ou oiseaux, même de leurs piés & autres membres, quand ils paroissent séparés du corps nettement, sans y laisser ni poils ni plumes, comme il en paroît à ceux qu’on appelle arrachés. Et on appelle coupé de l’un dans l’autre, quand sur un écu ainsi coupé il y a un animal ou autre pièce, ou meuble brochant sur le tout, qui est pareillement coupé, en sorte que l’émail du chef se trouve en la pointe, & réciproquement celui d’en bas, se trouve en haut. Coupé, se dit encore des pièces honorables de l’écu qui ne touchent point les extrémités de l’écu. Elles s’appellent coupées, quand il s’en faut beaucoup qu’elles n’en approchent, comme on les appelle alésées, ou alaizées, lorsqu’il s’en faut peu.

Coupé, terme de Botanique, déchiré, concisus. Ce terme convient aux feuilles & aux pétales. Voyez ces mots.

COUPÉ, ÉE, en termes de filou, se dit des cartes rognées, coupées par les bords, en sorte que dans le même jeu il y en ait de plus larges & de plus étroites. Les filous en tirent avantage, soit pour les connoître, soit pour se faire tomber celles qu’ils veulent.

On dit proverbialement, pain coupé n’a point de maître.

Coupé. s. m. pas de danse, mouvement par lequel on se jette sur un pié, en passant l’autre devant ou derrière. Inflexio cruris alterius, dum alterum extensum molliter incedit. Le Maître à danser dit à son disciple, coupez, ou faites un coupé. Ce nom participe & adjectif de lui-même est devenu substantif, en retranchant le mot de pas. Le coupé ordinaire est composé de deux pas ; savoir, un demi-coupé & un pas glissé. Rameau. Le glissé doit être plié à propos, élevé en cadence, & soûtenu gracieusement. Id. On le fait de différentes manières, le changement ne consiste que dans le second pas. Le premier est toujours un demi-coupé. Id. Il se fait une espèce de coupé que l’on nomme glissade. Voyez ce mot.

Coupé, en Musique, se dit, quand au lieu de faire durer une note toute sa valeur, on la frappe par un son sec & bref, au moment qu’elle commence, passant en silence le reste de sa durée.

☞ COUPER, ville de l’Ecosse méridionale, dans la province de Fite, sur la rivière d’Eden.

COUPERET. s. m. instrument tranchant, large & pesant, propre à couper des choses dures. Culter grandior. Il sert particulièrement à la cuisine & à la boucherie pour couper les viandes, pour faire des hachis. Il sert aussi aux Menuisiers pour fendre du menu bois, pour faire des chevilles, des coins & autres choses.

Couperet, terme d’Emailleurs. Les Emailleurs appellent aussi de la sorte, un outil d’acier qui leur sert à couper les canons ou filets d’émail,

COUPEROSE, s. f. vitriol, minéral qui se trouve dans les mines de cuivre. La couperose verte est le vitriol romain. La couperose bleue est le vitriol de Chypre. Il y a aussi de la couperose blanche. La couperose sert à faire l’eau-forte commune, de l’encre. Scutorium atramentum, &c. Chalchantum. L’opinion commune est que la couperose ne diffère pas du chalchantum, & que c’est une espèce de vitriol. Quelques-uns disent que ce minéral est le chalcitis des Anciens. La terre du Valentinois en Dauphiné, dans la Paroisse de Larnage, en produit abondamment. Chorier, Hist. de Dauph. L. I, p. 71. Elle sert aux Teinturiers. Gaudin l’appelle en latin, chalchantum & sutorium atramentum.

Ménage dérive ce mot de l’allemand kupfer vasser, suivant l’avis de Saumaise, D’autres de cuprirosa, car en effet on le tire des mines de cuivre rouge, qu’on appelle aussi rosette. La couperose est proprement le sel de la pierre pyrite.

COUPEROSÉ, ÉE, se dit particulièrement d’un visage rempli de boutons, de rougeurs, & autres choses qui le rendent désagréable. Os pustulis liventibus aspersum.

Il se dit aussi des personnes. Cet homme est tout couperosé.

COUPE-TÊTE, jeu d’enfans, où les uns se tiennent courbés, & les autres sautent par dessus.

On dit figurément & bassement, qu’on a joué à coupe-tête, quand après quelque sédition ou révolte, on fait trancher la tête à plusieurs des criminels qu’on a pris.

COUPEUR, EUSE, f. qui coupe. Sector, sectrix. On le dit dans les phrases suivantes.

Coupeur, euse, Vendangeur qu’on loue pour couper & détacher les raisins des seps de la vigne. Vindemiator. Il me faut tant de hotteurs & tant de coupeurs.

Coupeur de bourses, ☞ synonime à filou, celui qui coupe la bourse, qui vole adroitement l’argent, les bijoux & autres choses qu’on peut avoir sur soi. Zonarius sector, sectrix. Crumenarum sector.

Coupeur de poil, chez les Chapeliers, ouvrier qui coupe le poil des peaux, afin de pouvoir l’arçonner & l’employer à faire des capades.

Coupeur, terme de Lansquenet. On appelle coupeurs ceux qui tiennent les cartes. Nous étions dix coupeurs.

Coupeuses de feuilles. s. f. pl. sortes d’abeilles qui font leurs nids dans la crête des sillons, dans les jardins & dans les terres unies. Elles couvrent leurs étuis de rouleaux de feuilles d’arbre ou de plante, qu’elles coupent avec les dents. Abrégé de l’hist. des Insectes.

COUPIS, toile de coton à carreaux, que l’on apporte des Indes Orientales, particulièrement de Bengale.

COUPLE. s. f. lien avec lequel on attache les chiens de chasse deux à deux. Canum copula. La couple est rompue.

Couple se dit aussi de deux chiens attachés ensemble. Une couple de lévriers. On le dit par extension de deux autres choses de même espèce qu’on joint ensemble. Il lui faut donner une couple d’écus pour son salaire. Duo nummi. Il a apporté pour sa part une couple de bouteilles de vin. Geminæ amphoræ. Il lui a fait présent d’une couple de pigeons. Columbarum par. Ménage a décidé que le mot de couple en ce sens étoit masculin : mais quelles que puissent être ses raisons, l’usage étant contraire à sa décision, il faut le faire féminin ; & c’est aussi le sentiment de l’Académie Françoise, qui dit une couple d’œufs, bina ova ; une couple de chapons, bini capones ; une couple de boîtes de confitures. Il faut cependant convenir que quelques gens disent quelquefois un couple.

Ce mot vient de copula. Nicod. Du Cange témoigne qu’on a dit cupla dans la basse latinité dans le même sens.

Quand les choses qui sont de même espèce vont nécessairement deux ensemble, comme les souliers, les bas, les gans, on se sert du mot de paire, & non pas du mot de couple. On parleroit très-mal si on disoit une couple de souliers, &c. Il faut dire une paire de souliers, &c.

Couple. se dit de deux personnes unies ensemble, ou par amour, ou par mariage ; mais alors il est masculin. Par. Heureux couple d’amans : Par amantum. Malherbe. Couple ingrat & perfide. Corn. Voiture a néanmoins fait couple féminin en ce sens, quand il a dit, on mit dans la couche nuptiale, la belle couple sans égale. Mais il ne doit point être imité. ☞ Ainsi pour établir une règle générale fondée sur l’usage, on peut dire que le mot couple est du genre masculin quand on parle de l’espèce humaine, & du genre féminin dans tous les autres cas, même en parlant des animaux. Heureux couple d’amans. Une couple de pigeons ; une couple d’œufs.

Et ce couple charmant ;
S’unit long temps, dit-on, avant le Sacrement. Boil.

Je vais d’un coup de pinceau
Peindre ce couple si beau. Pélisson.

En Vénerie, on appelle couple ☞ le lien avec lequel on attache deux chiens de chasse ensemble. Canum copula. Ces chiens ont rompu leur couple.

☞ En termes de Blason, couple est un bâton d’un demi-pié, auquel pendent deux attaches dont on se sert pour coupler les chiens.

Couple, en termes de Marine, signifie les côtes d’un navire. Latera ; parce qu’elles sont toujours appariées & jointes ensemble, & sont d’égale grandeur quand elles sont également éloignées de la principale côte.

COUPLER, v. a. attacher des chiens deux à deux avec une couple. Venaticos canes copulare, copula constringere.

Coupler se dit aussi des personnes, lorsqu’on en loge deux ensemble dans les maisons où les logemens sont marqués par les Maréchaux des logis. Il n’y avoit pas où loger tout le monde séparément, on coupla les Officiers de la Maison du Roi. Acad. Fr.

Ceux qui cherchent l’origine de tous les mots dans la langue hébraïque, disent que coupler, copulare, vient de caphal, coupler, doubler, joindre ensemble : c’est le sentiment d’Adrien Schieck.

Couplé, ée. part. Voyez le verbe.

COUPLÉ, ÉE. adj. qui s’est dit autrefois pour accouplé, joint, associé. Junctus, sociatus, consociatus, a, um.

Toutes choses
Qui, lors étoient ensemble mal couplées,
Et l’une & l’autre en grand discord troubliez. Mar.

COUPLET, s. m. division de Vers qui se fait dans une Hymne, dans une Ode. ☞ C’est la même chose que strophe. Stance dans une Chanson. Dans une Chanson, c’est un certain nombre de Vers, qui font le tout ou partie de la Chanson. Strophe. Cette Chanson, cette Hymne est composée de tant de couplets. On le dit aussi des Pseaumes, & des Proses qu’on chante à l’Eglise. Le premier couplet de Magnificat, Versiculus. Le dernier couplet du Victimæ Paschali laudes. A l’égard des Odes & des Stances, ces divisions sont plus ordinairement appelées Strophes. Le mot couplet vient du latin copula.

Couplet se dit aussi en Musique des différentes variations d’un même air, auquel on fait quelque changement sans défigurer le fond de l’air.

Couplet signifie aussi un fusil brisé, dont le canon est de deux pièces, qui se rassemblent par le moyen d’une vis. Les couplets sont défendus, à cause qu’ils servent aux paysans pour aller de nuit à la chasse.

Couplets se dit aussi des fiches à doubles nœuds, ou charnières qui servent de pentures pour les portes & pour les fenêtres, parce que ce sont deux pattes de fer à queue d’aronde, unies par deux charnières. Insertæ mutuo fibulæ.

COUPLETER, v. a. maltraiter quelqu’un dans des couplets de Chanson, faire des Chansons contre lui. On fit ce mot dans le temps des fameux couplets, attribués à Rousseau.

Un certain guerrier coupleté,
Pour rabattre sa vanité,
Se vengea de son Vaudeville
Canne en main. Anti-R**.

Plusieurs coupletés parlèrent à R** sur un ton si vif, & si prêt d’en venir au châtiment, qu’il désavoua ses couplets. Quelques coupletés perdant patience, le chansonnèrent à leur tour. Id.

☞ COUPLIERES. s. f. pl. terme de Rivière, est un assemblage de huit rouettes bouclées par un bout, où elles forment une espèce de nœud coulant. On s’en sert dans la construction des trains, pour retenir la branche d’un train sur l’attelier.

COUPOIR, s. m. est un outil de fer tranchant & bien acéré, dont on se sert dans les monnoies pour couper les flans avant que de les marquer. Ferrum incidens aurum. C’est une espèce d’emporte-pièce qui coupe les lames en rond de la grandeur des espèces. Il est composé de deux morceaux d’acier fort tranchans posés l’un sur l’autre, dont celui de dessous est un peu creux, & représente un mortier, & celui de dessus un pilon. Ils coupent en rondeur le lingot de métal qu’on met entre deux.

Coupoir, en termes de Chandelier, signifie l’instrument avec lequel on rogné le cul des chandelles communes ; c’est-à-dire, de celles qui sont faites à la broche. On se sert du coupoir dans plusieurs Arts & Métiers.

COUPOLE, s. f. terme d’Architecture, venu d’Italie ; c’est une voûte sphérique, ou le haut du dôme d’une Eglise ronde, faite en forme d’une coupe renversée. Tholus. La coupole du Val-de-Grace, de l’Assomption.

C’est aussi l’intérieur, la partie concave d’un dôme. Cette coupole est bien peinte.

Ce mot vient de la basse latinité, où l’on a dit cuppula, autrement tholus, ou fornix, d’où les Italiens ont fait leur cupola, dans le même sens.

COUPON. s. m. petite pièce de toile de deux ou trois aunes, qui semble retranchée d’une plus grande, & qui l’est quelquefois en effet. Relictum panni frustum. Il y a aussi des coupons d’étoffe. ☞ On appelle particulièrement coupon un petit reste d’une pièce d’étoffe ou de toile.

Coupon, chez les Marchands de bois flotté, est une certaine quantité de buches liées ensemble, avec des perches & des rouettes. Il faut dix-huit coupons pour former un train de bois flotté.

Coupon d’action, est une portion de la dividende d’une action. Ce terme, en ce sens, a été inconnu est France jusqu’au règne de Louis XV, dans l’établissement des actions de la Compagnie des Indes, qui succédèrent aux actions des Fermes du Roi, presqu’aussitôt supprimées qu’elles furent créées. Ces actions remirent les coupons en vogue & en crédit ; & ce fut alors que l’usage en fut entièrement affermi dans le commerce des actions. Il faut donc supposer ou savoir que chaque dividende ou répartition d’action donne à un actionnaire & lui rapporte un profit par an, & cette action est divisée en deux coupons. Ces coupons ont été inventés pour faciliter le payement des dividendes, & épargner à l’actionnaire le soin de faire dresser des quittances à chaque demi-année. Chaque coupon d’action a une empreinte du sceau de la Compagnie ; en sorte qu’une police d’action pour trois années a sept sceaux. On peut négocier les coupons d’actions, comme les actions mêmes.

Du Cange le dérive de colpo, qu’on a dit dans la basse latinité dans la même signification, tiré du grec κόπεων, qui signifie morceau, ou fragment de quelque chose.

☞ COUPURE. s. f. Solution de continuité, division qui se fait dans un corps continu par un instrument tranchant. Cæsio, incisio, cæsura. Votre Barbier vous a fait une coupure à la gorge. La coupure de cette étoffe n’est pas de droit fil. Je me suis fait une coupure qui va jusqu’à l’os.

Coupure, en termes de Guerre, se dit des retranchemens, fossés, palissades, &c. qui se font dans un ouvrage derrière une brèche, pour s’y défendre. Fossa.

Ce mot est d’un grand usage dans l’art militaire. On fait des coupures aux retranchemens d’un camp, aux lignes de circonvallation & de contrevallation. Elles servent pour aller & venir, pour faire des sorties sur l’ennemi. On a soin de les fermer d’une barrière. On fait aussi des coupures pour arrêter la cavalerie en rase campagne. On fait des coupures pour saigner une rivière, un marais.

COUQUEFAT & COQUENFAT. Voyez Cucufat.

☞ COUR. s. f. espace, portion de terrein découvert, enfermé de murs ou entouré de bâtimens, placé ordinairement à l’entrée d’une maison, d’un hôtel, d’un palais, dont il fait partie. Area. Cour de devant, ou avant-cour : cour de derrière, ou intérieure, entourée de corps de logis. Cavædium, ou cavum ædium. Cour des Cuisines du Louvre. Petite cour à fumier. Cette chambre a vûe d’un côté sur la cour, de l’autre sur le jardin. On appelle bassecour à la campagne, celle où l’on nourrit la volaille & les bestiaux. A la ville, c’est le lieu où sont les écuries, les remises, les équipages, & le logement des bas domestiques. Cohors, chors. On appelle nouvelles de la bassecour, des nouvelles qui se débitent par des gens mal instruits, & peu éclairés. Dans les belles maisons de campagne, il y a aussi une avant-cour, qui est un lieu fermé de murailles couvert de gazon, qui est au devant de la principale cour du château.

Nicod dérive ce mot du latin cohors, qui se trouve dans plusieurs Auteurs en la même signification. Et Ménage dit qu’il vient de cortis, & non pas de curia. Ce mot cohors ou chors, signifioit ordinairement ce que nous appelons cour de maison. Elle étoit ronde, & a donné le nom à la troupe des soldats qu’on a depuis appelée cohorte, qui faisoit partie, d’une Légion. En Picardie & en Bassigni on appeloit court, le château du Seigneur ; & on disoit, je m’en vais à la court d’un tel ; pour dire, en sa maison, en son château ; & de-là vient que la plupart des noms des villages se terminent en court. Voyez Court.

Cour de Collège. C’est une grande place qui est dans le Collège, & où les Ecoliers jouent & se divertissent. Area.

Cour, se dit aussi du lieu où est un Souverain, & de sa suite. Dans cette acception la Cour est composée des Princes & Princesses, des Ministres, des Seigneurs & des Officiers attachés par leurs places auprès du Souverain. Aula. Un Courtisan doit être toujours à la Cour, ou aller souvent à la Cour. Les Cours seroient désertes, & les Rois presque seuls, si l’on étoit guéri de la vanité de l’intérêt. La Bruy. C’est à la Cour que les passions s’excitent, & conspirent contre l’innocence. Fléch. La fourberie passe pour une vertu à la Cour. Arn. La Cour est un extrait de tout le Royaume : tout ce qu’il y a de plus fin & de plus pur s’y rencontre. S. Evr. Remarquez qu’il y a bien de la différence entre un homme, ou une femme de Cour, & un homme ou une femme de la Cour. Une femme de Cour est d’ordinaire une femme d’intrigue. Mais une femme de la Cour, est une femme que sa naissance, ou ses emplois attachent à la Cour. Bouh. L’esprit d’une femme de la Cour est plus actif que celui d’une Paysanne. Port\-R. Il a écrit en Cour, il est bien en Cour : ces expressions ont vieilli, & Vaugelas les condamne dans ses remarques. Il faut dire, il a écrit à la Cour, il est bien à la Cour.

Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugemens de cour vous rendront blanc ou noir. La Font.

Ne voise au bal qui n’aimera la danse,
Ny au banquet qui ne voudra manger,
Ny sur la mer qui craindra le danger,
Ny à la Cour qui dira ce qu’il pense. Pybrac.

Ne soyez à la Cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincere. La Font.

Ce nom, en ce sens, vient selon le Jésuite Gretser, Obser. L. II, C. 6, in Codini, C. 5, de cortis ou curtis, κόρτη, qui a signifié une Tente, qui s’est pris aussi pour toute la cour d’un Prince, d’où s’est fait courtoisie, & en Allemand cortesich, qui veut dire courtoisement, poliment. Il y a dans les Loix des Allemands un titre De eo qui in curte Regis furtum commiserit ; un autre, De eo qui in curte Ducis hominem occiderit. Cour s’est dit en France pour le Château d’un Seigneur. Voyez ci-dessus les étymologies. Curtis est un nom Romanesque, ou fait du latin cohors ou chors, par les Gaulois ; & cohors ou chors, viennent du grec κόρτος. Voyez aussi Chiflet, Gloss. Salicum.

Cour céleste, en style de dévotion & de Poësie, synonime de paradis. Aula cælestis.

☞ Le mot de cour se prend particulièrement pour le Roi & son Conseil. C’est dans ce sens qu’on dit, attendre, recevoir des ordres de la Cour. La Cour a dépêché des couriers, &c. un tel est bien à la Cour.

Cour se prend encore pour l’air, la manière de vivre de la Cour. Aulicorum mores.

Cet homme fait bien la Cour ; il a bien pris l’air de la Cour. Il fait toutes les intrigues de la Cour. Cet homme n’est plus à la mode, il est de la vieille Cour. Un homme qui fait la Cour est maître de son geste, de ses yeux, de son visage, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, parle & agit contre ses sentimens. La Bruy. Je ne suis point la dupe de ces hypocrites de Cour, qui prêchent les autres sur la retraite. S. Evr. Un homme de Cour, est un homme souple, adroit : mais faux & artificieux, & qui met tout en usage pour parvenir à ses fins. Bouh. Aulicus. Balzac appelle les gens de Cour, des Renards de Cour. N’espérez plus de franchise, ni de candeur d’un homme qui s’est livré à la Cour, & qui secrettement veut faire fortune. La Bruy. Les jurisconsultes de Cour, toujours bien assortis de maximes flatteuses, ne manquèrent pas d’étaler leur éloquence mercenaire. Tour.

On appelle Evêque de Cour, un Evêque attaché à la Cour, qui ne réside point, qui brigue la faveur. L’Auteur de trois volumes intitulés l’Evêque de Cour, oppose un Evêque de Cour, à un Evêque Apostolique.

On appelle, eau bénite de Cour, les vaines promesses, les caresses trompeuses, & les complimens tels qu’en font les gens de Cour. Amis de Cour, des amis sur qui on ne peut guère compter. ☞ Esprit de Cour, expression employée par Corneille dans Rodogune, pour un esprit de Cour, & nourri chez les Grands ; c’est Cléopatre qui parle ainsi. Ce n’est pas là, dit Voltaire, le langage d’une Reine. Esprit de Cour est une expression bourgeoise.

☞ On dit proverbialement d’une maison où chacun veut commander, que c’est la Cour du Roi Pétaut.

☞ Avoir bouche à cour chez le Roi, chez un Prince, c’est avoir droit de manger aux tables entretenues par le Roi, par le Prince. Tel Officier a des appointemens considérables, & bouche à cour.

Cour se prend encore pour la suite d’un Prince, quoiqu’il ne soit pas souverain d’un grand Seigneur : il est de la cour d’un tel Prince. Les petites cours ont leurs intrigues aussi bien que les grandes.

Cour se prend encore souvent pour les respects, les assiduités qu’on rend à quelqu’un, à un Supérieur, à un Seigneur. Obsequium, officiosa sodalitas. Faire sa cour au Roi, aux Ministres, aux Grands.

☞ On dit de même, faire la cour à une femme, pour marquer les soins qu’on prend pour lui plaire. Affectari, blandiri, palpari mulieri. Il y a long temps qu’il fait la cour à cette veuve.

☞ Dans cette acception, faire la cour à une femme, est une expression bannie du style tragique ; Voltaire, dans ses remarques sur Nicomede.

☞ Faire la cour de quelqu’un, lui rendre de bons offices auprès de quelqu’un. Vous avez besoin d’un tel, je lui ai bien fait votre cour.

Cour. (Hist. ancienne.) Curia. Selon Festus, c’étoit le lieu où s’assembloient ceux qui avoient soin des affaires publiques. Mais Curia, chez les Romains, signifioit plutôt les personnes qui composoient le Conseil, que le lieu où se faisoit l’assemblée, parce que ce lieu n’étoit point certain : le Sénat s’assemblant, tantôt dans un Temple, tantôt dans un autre. Il y avoit néanmoins de certains lieux appelés Curia, comme Curia Hostiliia, Curia Calabra, Curia Saliorum, Curia Pompei, Curia Augusti : mais on ne iait pas trop ce que c’étoit. Ces cours étoient de deux sortes ; les unes où les Pontifes s’assembloient pour régler les affaires de la Religion : on les appeloit d’un nom général Curiæ veteres. On en comptoit quatre, Foriensis, Ravia, Vellensis & Velitia, qui étoient dans le dixième quartier de la ville ; les autres où le Sénat s’assembloit pour les affaires de l’Etat. Curiæ ubi sacerdotes res divinas curarent, ut curiæ veteres : & ubi Senatus humanas, ut curia hostilia, dit Varron.

Cour signifie aussi le lieu où les Juges exercent leur Juridiction. Curia, Senatus. Ce procès a été jugé en la Cour de Parlement, en la Cour des Pairs en pleine audience. On prononce dans les Arrêts, hors de Cour.

☞ On donnoit autrefois le nom de Cour à tous les Tribunaux, & l’on disoit Cour du Seigneur, Cour d’Eglise, (nom présentement réservé aux Juridictions Souveraines). C’est dans ce sens qu’un Juge, même inférieur, met les Parties hors de Cour, les renvoie, & les met hors de procès. (Voyez hors de Cour.)

☞ Dans les Coutumes, il est parlé de la Cour féodale, où les vassaux des Seigneurs sont Jugés. Cour foncière, la Basse-Justice pour les droits fonciers. Cour personnelle, celle où les Parties doivent comparoître & procéder en personne.

☞ Ravoir la Cour, c’est obtenir le renvoi d’une cause. Rendre la Cour à ses hommes, c’est renvoyer les Parties en la Justice de ses vassaux.

Cour se dit aussi du pouvoir de juger. Dans les Arrêts de renvoi du Conseil, le Roi dit qu’il attribue aux Juges par lui délégués toute Cour & Juridiction, pour connoître d’une affaire.

Cour, siège de Justice, assemblée de Juges. Curia. Les Cours se distinguent en Cours Souveraines & en Cours Subalternes. Cour Souveraine, est une Cour supérieure, qui, sous l’autorité du Roi, connoît des différens des particuliers souverainement & sans appel, & dont les jugemens ne peuvent être cassés que par le Roi en son Conseil. Superiores Curiæ. Comme sont les Parlemens, le Grand Conseil, les Chambres des Comptes, les Cours des Aides & la Cour des Monnoies de Paris, & Messieurs des Requêtes de l’Hôtel, quand ils jugent au Souverain. Voyez tous ces articles, chacun à sa place.

Les Cours se distinguent en Souveraines : ces Cours Souveraines sont indépendantes les unes des autres, & elles sont également puissantes dans l’étendue de leur ressort. Les autres sont subalternes, ou inférieures, comme celles des Présidiaux & Sièges Royaux, qui ne jugent point souverainement & sans appel. Elles se distinguent aussi en Cours Laïques & en Cours Ecclésiastiques ou d’Eglise. Inferiores Curiæ. On dit aussi, la Cour de Rome, en parlant des lettres qui s’expédient en Chancellerie & en la Pénitencerie de Rome. Romana Curia.

Il y a quatre principales Cours en Angleterre, qui subsistent encore aujourd’hui, & qui ont été établies par l’ancienne coutume du Royaume ; plutôt que par aucun statut ; seulement de temps en temps elles ont tenu leur constitution par les actes de Parlemens. Ces Cours sont celles du Banc du Roi, celle des Plaidoiers communs, celle des Finances ou de l’Echiquier, & celle de la Chancellerie.

Cour de Chrétienté. C’est ainsi qu’on appeloit autrefois la Juridiction des Evêques. Episcopalis Curia. Cette Juridiction embrassoit toutes sortes d’affaires. L’Evêque, par son Official ou par lui-même, quand il vouloit, connoissoit de toutes les choses où l’Eglise avoit intérêt ; il connoissoir de plus, des marchés avec serment, des mariages, des testamens, des sacrilèges, du parjure, de l’adultère, & généralement de toutes les actions où il peut y avoir du péché. Le Gendre. Bien des choses avoient contribué à établir & à étendre la Juridiction des Prélats ; le crédit que donne leur place, le respect qu’on avoit pour eux, leurs vertus extraordinaires, & leur capacité beaucoup plus grande en ce temps-là que n’étoit celle des séculiers, qui ne sçavoient la plûpart ni lire ni écrire. Id. Le crédit des Papes qui soûtenoient cette Juridiction, étant venu à diminuer, les Evêques qui les exerçoient, n’ayant plus la réputation où étoient leurs prédécesseurs ; d’un autre côté, la noblesse s’étant ennuyée d’être soumise, comme le peuple, à la correction des Prêtres ; enfin, les laïques s’étant appliqués à l’étude des loix, pour participer au profit que rapportent ordinairement les affaires litigieuses, la Juridiction séculière a tellement pris le dessus, qu’elle a presque absorbé la Juridiction des Evêques. Ce changement arriva tard. Pendant plus de mille ans, ni Duc, ni Comte, ni Centenier, n’eut osé entreprendre sur la Justice de l’Eglise. Id.

Cour Majour, comme on prononce en Gascogne, ou Cour majeure, comme il faut dire en François. Cour Souveraine de Bearn, qui étoit en usage du temps du Comte Centulle IV, pour juger souverainement les procès des habitans de Bearn. On l’appeloit aussi Cour plénière. Curia suprema Bearnensis. Supremus Bearnensis ditionis Senatus.

Les grandes affaires qui regardoient l’intérêt général du pays y étoient résolues ; & la décision des causes particulières s’y faisoit souverainement par le Seigneur, avec les Evêques & ses Vassaux, ou par ceux d’entr’eux que les parties élisoient, & qui sont appelés les Jurats de la Cour, dans le for de Morlas, & dans les anciens titres latins, Conjuratores & legitimi proceres. L’origine de cette Cour doit être prise des loix Romaines du Code Théodosien, suivant lesquelles les Gouverneurs assembloient les principaux de la Province pour faire les réglemens nécessaires, ce que les Romains appellent agere fora & conventus ; & en ces assemblées, ils rendoient justice avec le conseil de leur Assesseur. Mais plus particulièrement on apprend par l’Edit d’Alaric, Roi des Visigoths, qui confirme ce Code, que la publication en fut arrêtée avec l’avis des Evêques, & des principaux députés du Royaume, de même que les loix Visigotiques furent ordonnées depuis pour l’Espagne, par le Roi Rechesvind, de l’avis des Evêques & des Seigneurs de son Palais ; & en la première & seconde race de nos Rois, les grandes causes furent jugées, & les réglemens faits avec l’avis des Evêques & les premiers Vassaux du Royaume. De Marca, Hist. de Bearn, L. IV, C. 17. L. V, c 3. Cet Auteur décrit l’ordre observé en la tenue de cette Cour, L. VI, c. 23. Elle fut suprimée du temps du Roi Jean, & de la Reine Catherine de Navarre environ l’an 1490, le Conseil souverain lui ayant été substitué. Id.

Cour plénière. On appelle ainsi ces magnifiques assemblées que nos anciens Rois faisoient à Noël & à Pâques, ou à l’occasion d’un mariage ou d’un autre sujet de joie extraordinaire, tantôt dans un de leurs Palais, tantôt dans quelque grande ville, quelquefois en pleine campagne ; toujours en un lieu commode pour y loger les Grands Seigneurs. Tous étoient invités à cette assemblée, & obligés de s’y trouver. Le Gendre. Les Rois portoient dans les Cours plénières un sceptre à la main & une couronne sur la tête, Id. Cet Auteur en décrit les cérémonies dans ses Mœurs des François, p. 23, & suiv. Les Cours plénières furent plus fréquentes sous les Rois de la seconde race, qu’elles ne l’avoient encore été. Elles étoient magnifiques sous Charlemagne. Cette magnificence alla toujours en diminuant depuis le règne de Charles le simple. Son fils & son petit fils avoient si peu de revenu, qu’ils eussent été incommodés de tenir de ces Cours plénières. Hugues Capet les rérablit, Robert continua. Tout modeste qu’étoit S. Louis dans ses meubles, table & habits, il outroit la somptuosité en ces jours de cérémonie. Il s’en falloit néanmoins beaucoup que ces nouvelles Cours plénières eussent la majesté & le lustre des anciennes, parce que les Comtes & les Ducs devenus Princes souverains, en convoquoient d’autres chez eux, & dédaignoient de se trouver à celles qu’indiquoient les Rois. Id. Sous Charles VII, plus de Cours plénieres, les grandes sommes qu’il en coûtoit pour les tenir, furent cause qu’on n’en tint plus. Id.

Cour Royale, c’étoit la même chose que Cour plénière, dont nous venons de parler. Les Rois y paroissoient la courone sur la tête, c’est pourquoi on les appeloit aussi Cours couronnées. On les nommoit encore Cours solennelles, fêtes royales.

Cour Royale, terme de Fleuriste. C’est un œillet brun & blanc, régulièrement panaché : sa fleur est grasse & large, sa plante vigoureuse. Morin.

COURABLE. adj. terme de chasse. Il se dit en parlant des bêtes de chasse, & veut dire celle qui peut être courue, qui est bonne à courre. La taille du lièvre, & celle du cerf sont les plus éloignées de la proportion des bêtes courables. Salnoue.

COURADOUX. s. m. terme de Marine, que quelques-uns séparent en trois mots ; Cour à doux. C’est l’espace qui est entre deux ponts. Dans une galère c’est le lieu où couchent les soldats.

☞ COURAGE. s. m. Animus. Ce mot est regardé comme synonime à valeur, intrépidité, cœur, bravoure. Mais on peut dire que le courage est une ardeur de l’ame qui nous rend impatiens d’attaquer, nous fait entreprendre hardiment & sans craindre la difficulté. Cœur, courage & valeur ont plus de rapport à l’action que les mots bravoure, intrépidité, qui en ont davantage au danger. Le courage fait avancer ; mais il ne faut pas que le courage nous détermine toujours à agir. M. l’Abbé Girard. Syn. Le courage n’est louable que quand il est accompagné de prudence. Ben.

☞ Il se dit des animaux hardis, comme sont les lions, les sangliers, les chiens, les chevaux, les aigles. Ce chien a bien du courage. Le lyon est celui de tous les animaux qui a le plus de courage. Ac. Fr. Du Cange croit que ce mot vient de coragium qui est dit de ce que l’on demande de tout son cœur. Joannes à Janua le dérive de cor & ago. Corragio, en Italien, veut dire la même chose que courage en François.

Courage est aussi une force ou une vertu qui éleve l’ame, & qui la porte à mépriser les périls, à soûtenir les malheurs & les revers de la fortune, ou à souffrir les douleurs avec constance & avec fermeté : c’est cette vigueur nécessaire à l’ame pour exécuter des actions vertueuses, qui, par des obstacles qu’il faut braver, seroient impraticables à des cœurs pusillanimes. Magnanimitas, fortitudo, magnitudo animi, constantia. Quand la fortune se met à persécuter quelqu’un, elle vient à bout du plus ferme courage. S. Evr. La misere & la mauvaise fortune abattent le courage. Port-R. Rien n’a jamais égalé ce courage paisible, qui, sans faire effort pour s’élever, s’est trouvé par sa naturelle situation au dessus des accidens les plus redoutables. Boss. On n’admire rien tant qu’un homme qui sçait être malheureux avec courage. Racine. C’est un spectacle indigne de voir le courage d’un Héros, amolli par des larmes & par des soupirs. S. Evr. Le propre des grands courages est de mépriser la mort, & non pas de haïr la vie. Vaug. La philosophie me doit mettre les armes à la main pour combattre la fortune, & me roidir le courage pour fouler aux piés les adversités humaines. Mont. Son courage mal affermi, & déjà ébranlé par tant de disgrâces, succomba à cette dernière attaque. S. Evr.

Un moment a changé ce courage inflexible. Racine.

☞ Les Poëtes emploient quelquefois ce mot pour esprit. Aigrir les courages pour les esprits, dans Cinna. On peut encore, dit Voltaire, se servir du mot courage dans ce sens.

☞ Le mot de courage est quelquefois déterminé en mauvaise part par les épithètes qui l’accompagnent. Ainsi l’on dit un foible courage, un courage mou, un courage brutal. Animus angustus, demissus, ferox, &c.

Courage se prend quelquefois pour affection. Servir quelqu’un de grand, de bon courage. Il n’a pas fait cela de bon courage. Libenter, libenti animo. Mauvais style.

☞ Quelquefois pour sentiment, passion, dureté, cruauté. Il n’a sçu vaincre son courage. Si j’en croyois mon courage, je t’étranglerois. Ingrat, auras-tu le courage de m’abandonner ? Je fus touché de ses pleurs, & je n’eus pas le courage d’insulter à sa misère. Médée eut le courage de déchirer ses enfans. Atrée eut le courage de faire manger à Thyeste ses propres enfans. Toutes phrases bannies du style noble, grave & sérieux.

☞ On dit familièrement tenir son courage, persister dans son ressentiment, dans son dépit, dans sa haine, dans sa colère. Il avoit juré qu’il ne la versoit jamais, il n’a pas tenu son courage. Acad. Fr. Mauvais jargon, même dans le style familier.

Courage se dit absolument ☞ comme particule ou interjection exhortative. Macte au vocatif singulier, & macti pour le plurier, de l’ancien mactus, pour magis actus. Allons, ferme, courage. Macte virtute, macte virtute esto, macte animi ou animo. Allons, courage, point de foiblesse. Macti este pueri, macti virtute este.

COURAGEUSEMENT. adv. d’une manière courageuse. Fortiter, strenuè, animosè, viriliter. Les François se battent toujours fort courageusement. L’Orateur doit se détacher courageusement de tous les intérêts qui le pourroient engager à une flaterie servile. S. Evr. Il faut peut-être plus pour supporter courageusement les accidens & les calamités de la vie, que pour faire de grandes & éclatantes actions. M. Esp. Il a courageusement triomphé de tous ses maux. God.

COURAGEUX, EUSE. adj. qui a du courage. Animosus, magnanimus. Le lion est courageux. Les Gentilshommes sont plus courageux que les autres. Ils sont d’une race d’où il y a peu de gens qui ne soient braves & courageux. Comines Men. En voulant peindre un homme hardi & courageux, il ne faut pas le peindre furieux & insolent. Fel. Il n’y a que la loi qui puisse inspirer un mépris courageux des faux biens. S. Evr.

COURAMMENT. adv. tout courant, rapidement, avec facilité. Facile, expedite. Lire, écrire couramment.

Ce mot vient du latin currenter, qui n’est point en usage.

COURANT, ANTE. adj. qui court. Currens. Chien courant. Voyez Chien. Eau courante, eau vive qui coule toujours. Aqua fluens, profluens.

☞ On dit figurément intérêt courant, celui qui court actuellement, qui n’est pas encore échu, par opposition aux anciens arrérages. Voyez Intérêt, Arrérages. Année courante, mois courant. Præsens, qui nunc agitur, volvitur. Dans le Commerce on dit simplement le quatre, le cinq du courant. Monnoie courante, qui a cours, qu’on reçoit dans le commerce. Monæta communis, quæ in usu est. Prix courant, prix commun & ordinaire des denrées. Pretium commune. Acheter au prix courant.

☞ Toise, aune courante, mesure d’une chose, d’une tapisserie, par exemple, suivant sa longueur, sans avoir égard à sa hauteur, ce qui est opposé à la toise ou à l’aune carrée, mensio in longum. L’aune courante de cette tapisserie vaut tant.

☞ Écriture courante, qu’on trace vîte. Les Chinois ont aussi une écriture courante, dont les traits plus liés & moins distingués les uns des autres, donnent la facilité d’écrire plus vite. On la nomme pour cela lettre courante. P. Le Comte.

☞ En termes de Marine, manœuvres courantes, la même chose que manœuvres coulantes. Voy. ce mot.

☞ En termes de Blason, courant se dit des animaux qui courrent. Currens. D’azur à deux cerfs courans d’argent.

☞ COURANT. s. m. Le courant de l’eau & le fil de l’eau. Termes synonimes. Aller suivant le courant de l’eau. Secundo amni, fluvio.

☞ Un courant d’eau, dans l’usage ordinaire, est un canal, un ruisseau qui court. Fluentum, profluens. Ce courant d’eau suffit pour faire moudre des moulins.

Un agneau se désaltéroit
Dans le courant d’une onde pure. La Font.

Le grand courant de la rivière se dit du bras de la rivière le plus large & le plus rapide.

☞ En Hydrographie, on entend par ce mot le mouvement d’une certaine quantité d’eau plus ou moins considérable, suivant une certaine direction.

☞ En termes de Marine, on appelle ainsi les mouvemens des eaux de la Mer ; mais particulièrement certains endroits de l’Océan, où la Mer a un cours plus ou moins rapide, soit dans toute sa profondeur, soit à une certaine profondeur seulement, au lieu qu’à quelque distance, elle paroît n’en point avoir du tout, ou même en avoir un tout opposé. Profluens aquarum cursus.

☞ Quelquefois le mot de courant est synonime à Marée ; mais il y a des Mers où, comme on vient de le dire, l’eau court vers un des points de la Boussole, ce qu’on n’éprouve point avant que d’arriver en ces endroits là, ni dès qu’on les a passés.

☞ Il y a des courans naturels & généraux, qui viennent d’une cause constante & uniforme ; d’autres accidentels & particuliers, qui viennent de ce que les eaux étant poussées contre des promontoires, ou dans des golfes & des détroits où elles n’ont pas assez de place pour s’étendre, elles sont forcées de reculer, & troublent par ce moyen le flux ordinaire de la Mer.

Les courans sous l’Equateur sont si violens, que les vaisseaux peuvent aller promptement d’Afrique en Amérique ; mais ils empêchent absolument qu’on revienne par le même chemin, de sorte qu’il faut remonter jusqu’à 150 degrés par les brises, ou des vents d’abas pour revenir en Europe. On attribue aussi à cette cause les violens reflux du détroit de Magellan, parce qu’on croit que les courans de la Mer du Sud & celle du Nord s’y entrechoquent. Il y a des courans qui portent vers le vent, d’autres qui portent contre le vent. {{{2}}} par les courans, être porté par le courant. Nous nous sommes trouvés fort près d’une roche où le courant nous portoit. De Choisi. Au détroit de Gibraltar, les courans portent presque toujours vers l’Est pour entrer dans la Mer Méditerranée. Les courans portent aussi ordinairement à entrer dans la Manche. Il y a encore de fameux courans dans le canal de Mozambique, qui font quelquefois faire aux vaisseaux le double de chemin qu’on avoit estimé, & principalement en allant vers l’Est. Dans toutes sortes d’endroits éloignés des côtes, il est assez ordinaire que les courans portent du même côté que le vent. Bouguer.

Courant, terme de Charpenterie. On dit courant de comble ; pour dire, la longueur du comble, le comble considéré dans sa longueur, lorsqu’elle est beaucoup plus grande que sa largeur.

On dit figurément. Le courant du marché ; pour dire, le prix que se vendent les dentées communes, pretium. On appelle le courant des affaires, les affaires ordinaires, par opposition aux affaires extraordinaires qui surviennent. On dit le courant du monde ; pour dire, la manière ordinaire du monde. Acad. Fr. Se laisser aller au courant du monde.

☞ Le courant, en matière de rentes, signifie le terme qui court, je vous tiens quitte de tous les arrérages échus, pourvu que vous me payez le courant. Dans les quittances on met la clause, sans préjudice du courant.

Courant, (Tout) adv. très-vîte, sans peine, facilement. Allez tout-courant, cursim, en tel endroit. On vend ce livre dix écus tout-courant, pour dire, on en a un grand débit à ce prix-là. Cet écolier lit tout-courant ; pour dire, fort vite & sans hésiter. Il gagne cet homme-là aux échecs tout-courant, c’est-à-dire, il sait mieux jouer que lui. Tout cela n’est pas élégant.

COURANTE. s. f. terme de Musique & de Danse. Car on appelle courante, tant l’air, que les pas qu’on fait dessus pour la danser, & même les paroles sur lesquelles on a mis un air de cette mesure. Par rapport à la Musique c’est une pièce de Musique, d’une mesure triple ou mouvement ternaire. Currens saltatio. L’air de la courante se note ordinairement en triples de blanches, avec deux reprises qu’on recommence chacune deux fois. Elle commence & finit, quand celui qui bat la mesure baisse la main ; au contraire de la sarabande, qui finit ordinairement quand il la lève.

Par rapport à la Danse, la Courante est la plus commune de toutes les danses qu’on pratique en France, qui se fait d’un temps, d’un pas, d’un balancement & d’un coupé. La courante reçoit aussi plusieurs autres pas. Autrefois on en sautoit les pas, & en ce point elle étoit différente des basses danses, & des pavanes. Il y a des courantes simples, & des courantes figurées, qui se dansent toutes à deux personnes.

Ma franchise a dansé la courante. Expression comique & burlesque ; pour dire, j’ai perdu ma franchise. Elle est de Moliere.

Courante se dit aussi bassement du flux de ventre, à cause qu’il faut courir aux nécessités. Alvi profluvium.

COURANTIN, terme d’Artificier. Fusée dont on se sert dans les jours de réjouissance, & dans un feu d’artifice, pour parcourir une corde tendue, & bandée en l’air & porter le feu d’un lieu à un autre. On met d’ordinaire le courantin dans une figure d’ozier qui représente un homme, ou quelque animal, & cela forme quelquefois un combat en l’air, entre ces figures.

COURAP. s. m. Nom que les Indiens donnent à une maladie que Bontius nous apprend être très-commune à Java, & dans d’autres contrées des Indes Orientales. C’est une espèce de herpe ou gale qui paroît ordinairement aux aisselles, à la poitrine, aux aînes & au visage. Dict. de James.

COURATIER. s. m. ancien terme dont on se servoit pour exprimer ce qu’on appelle aujourd’hui Courtier. Voyez ce mot.

COURAU, s. m. petit bateau dont on se sert sur la Garonne à charger les grands bateaux.

COURBARI ou COURBARIL. s. m. arbre d’Amérique qui s’élève fort haut, & dont le bois est dur, rougeâtre, & bon pour la menuiserie. Son tronc & ses branches sont couvertes d’une écorce épaisse, rude, inégale & brune. Ses branches sont longues & fort ramifiées. Elles sont chargées de feuilles glabres, pareilles à celles du laurier, mais d’un vert moins foncé, sans aucun goût aromatique. Elles viennent au nombre de deux à l’extrémité de chaque queue. Ses fleurs naissent par bouquets assez considérables, & disposés en manière de pyramide. Elles sont légumineuses, purpurines, & donnent des gousses fort grosses, dures, aplaties, dont les cosses sont si étroitement unies, qu’on ne sauroit les séparer, & dont l’intérieur est rempli d’une substance qui étant séchée est toute fibreuse, soyeuse & mêlée d’une poudre ou farine douce & jaunâtre. Cette substance enveloppe des semences un peu ovales, grosses, dures, noirâtres au dessus, blanchâtres en dedans. Il découle de cet arbre une gomme résine fort transparente, d’assez bonne odeur lorsqu’on la met au feu. Pison, en parlant de cet arbre sous le nom de Jetaiba, dit que cette résine est nommée Animé chez les Portugais. La résine qu’on vend aujourd’hui pour gomme Copal, & qu’on employe dans les beaux vernis, n’est pas différente de l’Animé des Portugais. Le Courbari est commun dans nos Îles Antilles. Voyez Plum. du Tertre, Rochef. Hernand.

On a trouvé à quelques-uns de ces arbres des morceaux de gomme gros comme le poing, mais dure, transparente, & claire comme de l’ambre, qui ne se dissout ni à l’eau, ni à l’huile. Cette gomme est de bonne odeur, & quand on la brûle, elle exhale une fumée fort agréable. On se sert ordinairement du bois de cet arbre pour faire les rouleaux des moulins à sucre. C’est quand il est vieux qu’il rend de la gomme. Quelques Indiens en forment des boutons de différentes figures, dont ils font des bracelets, des coliers & des pendans d’oreille, qui sont beaux, luisans, & sentent fort bon.

Courbari se prend quelquefois pour la gousse de l’arbre qu’on vient de décrire.

COURBATON. s. m. terme de Charpenterie. Les courbatons sont des pièces de bois courbées presqu’à angles droits dont l’usage est de joindre les membres des côtes du haut des vaisseaux à ceux de dedans ; comme aussi de lier les alonges aux barots. Tignum incurvum. Courbaton de beaupré, est une pièce de bois qui fait un angle aigu avec la tête du mât, au bout duquel il y a un petit chouquet où l’on passé le perroquet du beaupré. Courbatons de hunes. Voyez Taquets. Courbatons de l’éperon, sont ceux qui font la rondeur de l’éperon depuis la flèche supérieure jusqu’au premier porte-vergue.

Courbatons sont aussi de fortes pièces de bois attachées sur la fourrure d’une galère, pour servir de contre-forts.

COURBATU, UE. adj. C’est ainsi qu’on appelle un cheval qui n’a pas le mouvement des jambes bien libre. Un cheval courbatu est celui qui a été surmené, dont la respiration n’est altérée que par l’excès du travail. Il devient aussi courbatu, lorsqu’il est trop échauffé, ou plein de mauvaises humeurs.

☞ On observe dans le dictionnaire de l’Académie Françoise, que courbatu se dit quelquefois des personnes. Je me sens tout courbatu. Si cela est, il est au moins d’un usage bien rare.

☞ COURBATURE. s. f. terme de Maréchallerie ; maladie du cheval qui n’a pas le mouvement des jambes bien libre. Voyez Courbatu. Soleisel dit que la courbature est une chaleur étrangere causée par les obstructions qui sont dans les intestins & dans le poumon, ce qui donne les mêmes signes que la pousse. Le poux, la morve & la courbature sont trois cas rédhibitoires qui annullent la vente du cheval. On en est garant neuf jours, parce que ce sont des défauts qu’on peut cacher jusques-là.

COURBATURE. s. f. se dit quelquefois en parlant des hommes, pour signifier une lassitude douloureuse. Sa maladie commença par une courbature. Acad. Fr.

COURBE. adj. m. & f. ☞ opposé à droit. La ligne droite, disent les Géomètres, est la plus courte mesure entre deux points donnés. La ligne courbe est celle qui n’est pas le chemin le plus court d’un point à un autre, ce seroit embrouiller des notions aussi simples que de chercher à les expliquer. Curvus. En Géométrie il y a des lignes courbes régulières, comme le cercle, l’ellipse, la parabole & l’hyperbole ; d’autres irrégulières, comme la conchoïde, la cycloïde, l’hélice, quoiqu’elles se puissent tracer avec art ; d’autres tout-à-fait irrégulières, comme celles qu’on fait au hazard avec la plume, ce qui se dit de tout ce qui est tortu.

COURBE se dit substantivement, en termes de Géométrie & génériquement, pour ligne courbe. Curva. Ce qui fait voir que cette courbe est ici une seconde parabole du cinquième degré. Varign. Acad. des Sc. 1699. Mém. pag. 57. Cette courbe doit être ici une parabole ordinaire. Id. Ibid. Cette courbe générative se trouve être telle ou telle section conique.

Il y a deux sortes de courbes, les géométriques & les méchaniques. Les courbes géométriques sont celles dont on peut exprimer & déterminer la nature par le rapport des ordonnées & des abscisses, qui sont les unes & les autres des grandeurs finies. Les méchaniques sont celles dont on peut exprimer ainsi la nature, parce que les ordonnées & les abscisses n’ont point de rapport réglé. Les sections coniques sont géométriques. La cycloïde, la cissoïde, la conchoïde sont méchaniques. Acad. des Sc. 1704, Hist. p. 115.

Courbe logarithmique, terme de Géométrie. Curva logarithmitica. La courbe que l’on appelle logarithmique est telle, que il l’on prend ses abscisses en progression arithmétique, ses ordonnées seront en progression géométrique, & de là vient son nom. Acad. des Sc. 1604. p. 56. Il y a une spirale logarithmique, M. Varignon en a trouvé cinq ou six nouvelles. Voyez les Mémoires des Sciences, 1704. Ce qui fait qu’une spirale est logarithmique, c’est que quelques unes des grandeurs qui la composent suivent l’une des deux progressions, tandis que les autres grandeurs suivent l’autre. Id. Hist. p. 57.

Ce mot vient du latin curvus.

Courbe, en termes de Charpenterie, est une pièce de bois coupée en arc, dont on se sert pour faire les cintres, les toits des dômes ronds, des genoux de navire, les liens & les esseliers. Tignum, tigillum incurvum. Il y a des chevrons cintrés, ou faits de courbes ; des courbes qu’on appelle de cul de four. Courbe rampante, c’est le limon d’un escalier de bois à vis, bien dégauchi selon sa cherche rampante.

Courbe, terme d’Architecture. Ligne courbe. Curva. Il y a en Architecture deux espèces de courbes, les unes planes, les autres à double courbure. Les courbes planes, sont celles qu’on peut exactement tracer sur un plan, lesquelles se réduisent pour l’usage de la coupe des pierres aux sections coniques & aux spirales. Les courbes à double courbure sont celles qu’on ne peut tracer sur une surface plane qu’en raccourci, par le moyen de la projection ; telles sont la plupart des arrêtes des angles des enfoncemens des voûtes, qui se rencontrent. Frézier.

Courbe, terme d’Horlogerie. La courbe d’une pendule d’équation, est une pièce en forme d’ellipse, qui rentre deux fois sur elle-même.

Courbes d’arcasse, en termes de Marine, sont des pièces de liaison assemblées dans chacun des angles de la poupe, d’un bout contre la lisse de hourdi, & en retour contre les membres du vaisseau.

Courbes de contre-arcasse. Ce sont des pièces de bois posées en fond de cale, & attachées du bout d’en bas sur les membres du vaisseau, & par en haut arcboutées contre l’arcasse. En général les courbes prennent le nom des choses ausquelles elles sont employées. Courbes du premier pont, courbes du haut pont, courbes de la clef des érains, courbes de la sainte-barbe, courbes de la dunette, courbes du château d’arrière, courbes de bittes, courbes d’écubier ; on appelle aussi courbes à équerre, courbes à fausse équerre, des courbes qui ont la figure, la situation exprimée par ces mots.

Courbes de gorge, & par corruption coupe-gorge, ci-dessus expliqué au mot coupe.

Courbe, en termes de Manège, est une tumeur dure & calleuse qui vient en longueur au dedans du jarret du cheval. Tumor durus, callosus.

Courbe. s. f. en termes de rivière, se dit de deux chevaux accouplés qui servent à remonter les bateaux sur les rivières. Equorum copula. Il faut dix ou douze courbes de chevaux pour remonter ce bateau foncet.

☞ On appelle encore courbe sur les rivières, une pièce de bois arrondie, placée des deux côtés d’un bateau foncet, tant derrière que devant, sur lesquelles on ferme les cordes du bateau.

COURBEMENT. s. m. L’action de courber. Curvatio, inflexio. Le courbement d’un arc. Tachard. Il n’est pas usité.

COURBER, v. a. mettre hors de la ligne droite, ☞ donner des directions différentes aux parties d’une chose. Courber une pièce de bois, &c. Curvare, inflectere. Il faut courber cette voûte en arc, en plein cintre ; il seroit trop dangereux de la faire toute droite. Courber une règle. Le grand âge l’a courbé.

Il s’emploie quelquefois neutralement. Il courboit sous le faix.

On le dit aussi avec le pronom personnel. Curvari, incurvari. Il faut se courber pour passer par un guichet de prison, il commence à se courber.

L’insolent devant moi ne se courba jamais. Racine.

COURBÉ, ÉE, part. Curvatus, inflexus. Il est devenu bossu pour s’être tenu trop long-temps courbé. Le fardeau des ans & des fatigues a rendu ce vieillard tout courbé.

Tandis que libre encor, malgré les destinées,
Mon corps n’est point courbé sous le faix des années. Boil.

Courbé, en termes de blason, c’est la situation des dauphins, & des bars, qui ne s’exprime pas, parce que c’est leur posture propre & naturelle. On le dit des fasces un peu voûtées en arc.

COURBET. s. m. C’est la partie d’un bât de mulet, qui est élevée en forme d’arcade sur les aubes. Curvatura. Pomey.

COURBETTE. s. f. terme de Manège. C’est un saut médiocre du cheval, ☞ qui lève également les deux piés de devant en l’air, & les rabat aussitôt en élevant ceux de derrière. Surrectis alternatim cruribus numerosus incessus. On dit, manier un cheval à courbettes, le mettre à l’air des courbettes.

On appelle courbettes les révérences qu’on est forcé de faire dans de certaines occasions, comme dans la sollicitation d’un procès. On est obligé de faire mille courbettes à des gens qu’on n’a jamais vus, ou que l’on connoît quelquefois pour n’être pas dans nos intérêts. Expression du style familier.

On dit figurément & bassement, qu’on fait aller un homme à courbettes, lorsqu’on a plein pouvoir sur lui, qu’on le gourmande, qu’on lui fait faire les choses de hauteur. Aliquem cum imperio flectere.

COURBETTER, v. n. faire des courbettes. Mon cheval ne fait que courbetter. Surrectis alternatim cruribus numerosè incedere. Il faut dire, faire des courbettes, aller à courbettes.

COURBURE. s. f. inclinaison d’une ligne en arc ; état, qualité de la chose courbée. Curvatura, curvamen, curvatio. La Courbure d’une voûte est ce qui fait sa force.

COURCAILLET. s. m. le cri que font les cailles. Coturnicis sibilus. C’est aussi un petit sifflet qui imite le cri des cailles, & qui sert d’appeau pour les attirer. Aucupis fistula quâ coturnices illicit. Il est fait de cuir qui se plisse en rond, s’étend, & qui se resserre pour former ce bruit. On a porté autrefois des habits, des chausses faites en courcaillet, parce qu’elles étoient plissées de la même manière que cet appeau.

COURCE. s. m. terme de Vigneron. Il se dit du bois qu’on laisse à la taille.

COURCÉ, ÉE, vieux adj. qui s’est dit par abréviation & corruption pour courroucé, fâché. Iratus, indignatus, a, um.

COURCELLE. s. f. petite cour. Les experts des bâtimens se servent de ce terme dans leurs rapports. Les cours & courcelles joignantes ; pour dire, les grandes cours & les petites qui sont auprès.

COURCER, se courcer. Mot du vieux langage, se fâcher, se couroucer.

COURCIER. s. m. place à l’avant, & au milieu d’une chaloupe, où l’on pointe une pièce de canon. Cela ne se dit proprement que des galères. Locus in triremi librando tormento destinatus. Voyez Coursier.

COURCIVE. s. f. terme de Marine. Demi-pont que l’on fait de l’avant à l’arrière des deux côtés de certains petits bâtimens qui ne sont point pontés.

COURÇON. s. m. terme d’artillerie. Pièce de fer longue qui se couche tout du long des moules des pièces, & qui sert à les bander ou à les serrer.

Courçon est aussi le nom qu’on donne à une sorte de fer. Le fer de courçon est par gros morceaux de deux, trois & quatre piés de long, & de deux pouces & demi en quarré.

☞ On appelle encore courçon, le bois qui n’a pas la longueur marquée par l’Ordonnance.

On donne encore le même nom à des pièces qui restent dans les rivières de quelques batardeaux qu’on y a faits, & qui blessent quelquefois les bateaux.

COUREAU. s. m. Vieux mot françois, qui signifioit barres, coulisses & verroux. Vectis, pessulus. On le trouve en plusieurs Coutumes, & il se dit encore dans les Provinces, aussi bien que courou. Ce mot vient de courir.

On appelle aussi coureau un petit bateau de la Garonne qui sert à charger les grands.

COURÉE, COUROT, & COUROI, termes de Marine. Composition de suif, de soufre, de résine & de verre pilé, dont on frotte les vaisseaux pour les mettre en mer, ou pour faire un voyage de long cours, pour conserver le bordage. Pice, sebo, sulphure, resinâ, navem linere. Quand on dit, suiver un bâtiment, c’est lui donner la courée. Picare.

Courée se dit en quelques endroits pour une fressure de mouton. Viscera, intestina. C’est la même chose que corée.

☞ Ces mots courée & corée ne sont d’usage que dans quelques Provinces parmi le peuple, pour désigner une fressure.

☞ COURESE. Curretia. Rivière de France dans le Limosin, qui a sa source près de Tulle, passe à Brive, & se jette dans la Vésère.

COURET. Voyez Courée.

COUREUR. s. m. Léger à la course, qui se pique de bien courir. Cursor, stadiodromus. Aux Jeux Olympiques il y avoit des Lutteurs, des Coureurs & autres gens excellens en toutes sortes d’exercices.

Coureurs, en termes de Guerre, sont des Cavaliers détachés pour battre l’estrade, pour aller aux nouvelles & à la découverte des ennemis. Speculatores, exploratores, antecursores. On le dit aussi de ceux qui font la petite guerre.

Coureur, en termes de Manège, est un cheval de selle propre pour la course, & particulièrement pour la chasse. Equus cursor. Ce Seigneur a une vingtaine de coureurs dans son équipage de chasse.

☞ On appelle coureur de bague, coureur de têtes, celui qui court la bague, les têtes, qui est propre pour cela. Voyez ces mots.

☞ On appelle aussi coureur, un homme qu’on trouve rarement chez lui, qui va, qui vient, qui est souvent en ville ou en voyage. Vagus, erro, errabundus. C’est un coureur perpétuel qu’on ne trouve jamais à la maison.

Coureur signifie aussi un inconstant en amour, qui en va conter à toutes les femmes. Levis, inconstans, varius. Une Dame de mérite veut de l’attachement, & ne sauroit aimer un coureur.

☞ On appelle coureurs d’inventaire, ceux qui sont dans l’habitude d’aller aux inventaires. On dit familièrement dans le même sens, coureur de sermons, d’indulgences, de concerts, &c. Assiduus in mensarum assecla, qui court les bonnes tables. Coureur de Bénéfices, celui qui est âpre à chercher des Bénéfices, qui envoie en Cour de Rome pour obtenir des provisions ou par mort, ou par dévolut. Dom Diego Lucifugue de Quevedo étoit un coureur d’aventures nocturnes, & on l’appeloit le coureur de nuit. Nocturnus, noctambulus, noctivagus, noctuabundus.

Coureur se dit aussi d’un jeune homme qui est aux gages d’une personne de qualité, pour aller à pié dans tous les lieux de la ville où on l’envoie, & pour en rapporter promptement des nouvelles. Cursor. Ce n’est que depuis peu qu’il y a des coureurs en France, & c’est une mode venue d’Italie.

On appelle chez le Roi, coureur de vin, certain Officier qui porte à la suite du Roi, à la chasse & ailleurs, du vin, de l’eau & de quoi faire collation.

COUREUR de bois du Canada. Ce sont les habitans de ce pays, François de nation ou d’origine, qui vont trafiquer de pelleteries avec les Sauvages, amis de la nation françoise.

☞ COUREUSE. s. f. Ce mot ne s’emploie plus dans la signification de coureur. L’idée accessoire que nous y avons attachée, fait qu’il est toujours pris en mauvaise part, pour signifier une femme ou une fille prostituée. C’est une coureuse, une infâme. Vénus n’est plus la mère des tendres amours, c’est aujourd’hui une coureuse & une effrontée, qui se prostitue à tout le monde. G. G. On dit dans le même sens, une coureuse de pont-neuf, de remparts. Les latins les appeloient, Vaga femina, vagabunda, prostibulum.

COURGE. s. f. Cucurbita longa folio molli, flore albo. Plante qui est du même genre que la calebasse ; elle n’en diffère que par la figure de son fruit qui est alongée. Voyez Calebasse. Il y en a de cultivées & de sauvages. Les courges de jardin qu’on mange sont de trois sortes, longues, rondes & plates, mais ne diffèrent que par la figure. Matthiole dit qu’on en peut changer la forme par art, en choisissant les graines : & que celles qui sont le plus près du cou font venir les longues, celles du milieu les rondes, & celles des côtés les courtes & les plates. Que si on veut avoir de grosses courges, il en faut planter la graine sens dessus dessous. ☞ Si Matthiole dit cela, l’expérience prouve le contraire. La semence de courge est une des quatre grandes semences froides.

Il y en a qu’on nomme courges d’Inde, parce qu’elles sont venues des Indes occidentales, qui se conservent toute l’année, qui sont de différente grandeur, forme & couleur, mais de même température que les nôtres. Leur feuille est semblable à celle de la vigne, leur queue & leurs sarmens gros, âpres & velus, leur fleur semblable à celle du lis, & leur graine a une amande plate. La coloquinte est une espèce de courge sauvage. Colocynthis.

Courge se prend le plus souvent pour le fruit. On mange la courge apprêtée comme le concombre.

Courge signifie aussi un bâton qu’on met sur l’épaule, aux deux bouts duquel on attache des seaux pour porter de l’eau dans les ateliers. Baculus sustinendis utrinque situlis.

Nicod croit que ce mot est corrompu de courbe, & est ainsi appelé à curvitate.

Courge, en Architecture, est une espèce de corbeau de pierre ou de fer, qui porte le faux manteau d’une ancienne cheminée, Mutulus.

COURGIE. s. f. Vieux mot qui veut dire fouet, & qui est la même chose que Corgie.

COURIER. s. m. (l’Acad. écrit courrier) Postillon qui fait métier de courir la poste, de porter des dépêches. Cursor, veredarius. Il a été dépêché un courier extraordinaire pour cette affaire, parce que l’ordinaire étoit parti. Il y a des offices de Couriers du Cabinet, le Maître des Couriers.

☞ On appelle Courier du Cabinet ceux qui portent les dépêches du Roi ou de son Conseil.

☞ On appelle aussi courier tout homme qui court la poste, quoiqu’il ne porte aucunes dépêches. Voyez Poste.

L’antiquité a eu aussi ses couriers ; elle en a eu de trois sortes : des couriers à pié, que les Grecs appeloient hemerodromi, c’est-à-dire couriers d’un jour. Diarii cursores. Pline, L. II, c. 71, VII, c. 20. Cornelius Nepos, L. I, c. 4. César, Comment. L. VII, c. 3, parlent de certains de ces couriers qui avoient fait 20, 30 & 36 lieues en un jour, & jusqu’à 40 dans le Cirque pour remporter le prix ; des couriers à cheval qui changeoient de chevaux comme on fait aujourd’hui. L’usage des couriers est même beaucoup plus ancien. Xénophon l’attribue à Cyrus, L. VIII de la Cyropédie. Hérodote, L. VIII, c. 97 & 98, dit qu’il étoit ordinaire chez