Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/961-970

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 2
pages 951 à 960

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 961 à 970

pages 971 à 980


jaune ; pour dire, qu’il y entre un peu de ces couleurs. Les couleurs rompues servent à l’union & à l’accord des couleurs, soit dans les tournans des corps, soit dans leurs ombres. On appelle couleurs noyées, celles qui s’affoiblissent insensiblement, comme font celles qui forment les nuances : & on appelle un ton de couleurs, un degré de couleurs, par rapport au clair obscur. Languescens, evanidus. Le Géorgion s’est rendu admirable par le maniement & la beauté des couleurs. Quand en dit en Peinture que les couleurs sont bonnes, cela ne signifie pas que les couleurs soient d’une meilleure matière que d’autres, mais que le choix de la distribution en est meilleur, & que la rencontre des unes auprès des autres en est plus excellente.

Les couleurs changeantes sont celles qui dépendent de la situation des objets à l’égard de la lumière, comme celles des taffetas changeans, de la gorge des pigeons, &c. Color varians. Néanmoins quand on regarde attentivement avec un bon microscope les plumes de la gorge du pigeon, on voit que chaque fil de ses plumes est composé de plusieurs petits carrés alternativement rouges & verts, & ainsi ce sont des couleurs fixes. Le Père Kirket dit que les couleurs changeantes qu’on voit sur ces plumes de pigeons & de paons, viennent de ce que les plumes sont diaphanes, & d’une figure semblable à celle des triangles de crystal, ou prismes de verre, qui étant opposés à la lumière, font voir des iris. Les couleurs fixes & permanentes, ne se font point par des réfractions, comme les changeantes, mais par le passage direct de la lumière à travers certains corps, soit en les traversant entièrement, soit en réfléchissant sur quelques-unes de leurs parties internes, ou après avoir un peu pénétré les superficielles. Il y a deux ordres différens dans les couleurs pour passer du blanc au noir. L’un est le blanc, le jaune, le rouge & le noir. L’autre est le blanc, le bleu, le violet & le noir. C’est la doctrine de Mariotte dans l’excellent livre que nous avons cité ci-dessus.

Couleur est quelquefois opposée au noir, parce qu’en effet le noir n’est pas une couleur, à cause qu’il absorbe toute la lumière, & qu’il n’en réfléchit aucune partie. ☞ Coloratus. En ce sens on dit que les gens de guerre & les Courtisans portent des habits de couleur, & que les gens de Robe & d’Eglise en portent de noirs.

En approchant de ce sens, on appelle couleur haute, couleur rude, couleur forte, grave, color floridus, couleur éclatante, splendidus, couleur claire, acutus, celle qui réfléchit à nos yeux plus de rayons de lumière, comme la couleur de cerise, la couleur de feu, l’incarnat. Et au contraire, on appelle couleur douce, sombre, morne, triste, modeste, celle qui en réfléchit le moins, comme le gris de lin, feuille-morte, couleur d’olive, couleur de pensée, &c.

Couleur d’eau. C’est certain brillant violet qu’acquiert le fer bien poli, quand il a passé au feu dans un certain degré de chaleur. Cæruleum ferrum, Cærulei ferri color.

Couleurs amies, terme de Peinture. De même qu’il y a dans la Musique des sons accordans & des sons discordans, il y a dans l’Optique des couleurs amies & des couleurs ennemies. Des couleurs amies qui semblent se rechercher pour s’embellir mutuellement ; des couleurs ennemies, jalouses, pour ainsi dire, de la beauté les unes des autres, & qui semblent se fuir. C’est ce qu’on suppose naturellement, quand on approche la doublure de l’étoffe, pour voir si elles tout bien assorties.

☞ Mais il faut observer qu’il n’y a point de couleurs si amies, qui étant assemblées sur le même fonds, n’ayent besoin de quelque autre couleur moyenne, qui les sépare un peu, pour empêcher que leur union ne paroisse trop brusque ; ni de couleurs si ennemies, que l’on ne puisse les réconcilier ensemble par la médiation de quelque autre, comme par une amie commune. C’est dans ces deux point que consiste la perfection de la Peinture.

Nuance de couleurs, est une certaine disposition de la même couleur mélangée, & montant par degrés depuis le plus clair jusqu’au plus obscur. Colorum nexus. Leurs noms seront expliqués à leur ordre.

Couleur passante, celle qui change promptement & se flétrit à l’air.

Couleurs rompues, mêlange de deux ou plusieurs couleurs, qui tempère le ton de celle qui paroît principalement. On dit qu’un tableau est de bonne couleur, non, parce que les couleurs en sont plus exquises, mais parce que le choix dans la distribution en est meilleur.

☞ Belle couleur, synonime à bien colorié.

☞ Il y a une grande différence entre couleur & coloris. Les couleurs sont des matières molles & liquides qu’on employe pour peindre. Le coloris est l’effet qui résulte des couleurs, lorsqu’elles sont employées. Couleurs tendres, amies, fières, fondues. Le ton, l’harmonie, l’union & l’amitié des couleurs. Dict. de Peint. Voyez encore Coloris.

Couleur se dit aussi de la disposition du teint, du visage & des chairs. Color. Les gens qui se portent bien ont la couleur vermeille. Cette femme a de belles couleurs. Bonne, mauvaise couleur. Couleur pâle, blême, plombée. Les Espagnols ont la couleur olivâtre. Quand la gangrène paroît, elle rend la chair de couleur livide.

On le dit aussi des altérations qui surviennent au visage par les mouvemens intérieurs de l’ame, par quelque cause naturelle ou accidentelle. Un reproche fondé fait à un homme, le fait changer de couleur ; il rougit de honte, ou pâlit de colère. La couleur lui a monté au visage ; pour dire, il a rougi. La couleur que la colère imprime sur le visage, est si naturelle, & si attachée aux émotions intérieures de l’ame, qu’il est difficile d’empêcher les diverses altérations qu’elle cause. Félib.

Quelle étrange pâleur,
De son teint tout à coup efface la couleur !

Et son visage sans couleur,
Faisoit connoître que ses plaintes
Etoient moindres que sa douleur. Malh.

☞ On appelle pâles couleurs, une maladie de jeunes filles qui leur rend le teint pâle & jaune, c’est ordinairement le signe de la suppression des règles, & de la cacochymie même dans les deux sexes. Chlorosis. Voyez ce mot.

Couleur se dit encore des changemers qui arrivent à différentes choses par la différente cuisson & application du feu & sur-tout en Chymie pour marquer la couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites à propos. Ce pain, ce rôt est cuit, mais il n’a pas encore assez de couleur. Les Chymistes admirent les changemens de couleurs qui se font dans les métaux, & cherchent sur-tout le beau rouge, le beau citrin, qui sont les couleurs de la Benoîte.

Couleur, en termes de Fleuriste, se dit d’une tulipe qui n’est que d’une couleur, dont la plus fantasque est la plus estimée. Unicolor. On a mis les panachées dans ces carreaux ; multicolor ; & les couleurs sont dans les costières.

Couleur de feu, terme de Fleuriste. Nom qui se donne à une espèce d’anémone, à cause de sa couleur.

☞ On appelle couleur, aux jeux de cartes, le pique, le trèfle, le cœur & le carreau. Ainsi l’on demande de quelle couleur est la triomphe. J’ai dans mon jeu des quatre couleurs. J’ai écarté une couleur entière, je renonce à telle couleur.

☞ Au médiateur, on appelle couleur favorite, celle qui est la première tirée au hazard, & qui donne certains privilèges à celui qui joue en cette couleur, comme d’avoir la préférence sur celui qui demande à jouer dans une autre couleur.

☞ Au Lansquenet, prendre couleur, c’est entrer au jeu & couper. Quand quelqu’un arrive, & que le coup est achevé, on demande, voulez-vous prendre couleur ?

☞ Dans un sens figuré prendre couleur, c’est se décider, se déclarer. Reprendre couleur, rentrer en faveur, rétablir sa fortune.

☞ On dit aussi d’un homme qui, après une longue retraite, reparoît dans le monde, ou revient à la Cour, qu’il a repris couleur. Ces expressions figurées ne sont que du style familier.

Couleur se dit figurément des ornemens, des apparences ou des prétextes dont on couvre, ou dont on déguise les choses. Color, figura. Sénèque a tant de peur qu’une belle pensée n’échappe à ses Lecteurs, qu’il la pare de toutes les couleurs qui la peuvent rendre brillante & agréable. Bouh. Ce sont nos passions qui donnent la couleur & la teinture à tous les objets : ce sont elles qui président à toutes les consultations du cœur. Claud. Ceux qui ont de l’esprit, peuvent donner des couleurs & des apparences à tous les partis qu’ils entreprennent de soûtenir. Mont. Démosthène avoit de grandes expressions, des couleurs vives & éclatantes, & des traits pénétrans. P. Rap. Les passions obscurcissent presque toujours la vérité, & ne la laissent paroître que lorsqu’elle est teinte de ses fausses couleurs. Maleb. Il ne faut point farder la vérité par des couleurs sensibles, qui, en la rendant plus délicate, lui ôtent sa force. Idem. Le peuple ne tient pour l’erreur que sous l’image & sous les couleurs de la vérité. {{|Bail}}. La vraie éloquence ne se pare jamais de couleurs empruntées : c’est par les traits de sa beauté naturelle qu’elle charme, & qu’elle persuade. S. Evr. Représentez avec toutes les couleurs de l’éloquence les supplices que doivent souffrir éternellement les damnés. Bouh. Xav. I, IV.

☞ Dans cette acception, il se prend quelquefois plus étroitement pour une raison apparente dont on se sert pour couvrir & pallier quelque mensonge, ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu’on desire. On donne à cela une fort mauvaise couleur. Il fait donner une couleur spécieuse à ce qu’il fait de mal. Le mensonge se revêt des couleurs de la vérité.

J’inventai des couleurs, j’aidai la calomnie. Racine.

Couleur, en termes de Blason, est une des principales désignations des pièces de l’écu. Color. On n’en admet que cinq : gueules, c’est le rouge. Miniatus, coccineus, ruber. Azur, le bleu. Cæruleus. Sinople, le vert. Prasinus, viridis. Le sable, le noir. Ater, niger. Le pourpre est mélangé de gueules & d’azur. Purpureus, violaceus. Leurs significations seront expliquées à leur ordre. C’est une maxime, qu’il ne faut point mettre couleur sur couleur, ni métal sur métal. On tient que ce fut un certain Œnomaüs qui inventa la distinction des couleurs pour les diverses Quadrilles des combattans aux Jeux Circenses : le vert pour ceux qui représentoient la terre, & le bleu pour ceux qui représentoient la mer.

Les différentes couleurs, en termes de Rubrique, servent à distinguer les mystères & les fêtes que l’Eglise célèbre : elle ne se sert régulièrement que de cinq couleurs, qui sont le blanc, le rouge, le vert, le violet & le noir : il n’y a pas long-temps que la couleur violette est en usage en France, comme on en peut juger par les ouvrages de Durand. La couleur blanche est employée pour les mystères de Notre-Seigneur, excepté le Vendredi-Saint, pour les Fêtes de la Sainte Vierge, celles des Anges, celles des Confesseurs, celles des Vierges, & des autres Saints & Saintes qui n’ont pas souffert le martyre. La couleur rouge est pour les mystères & les solennités propres du S. Esprit, pour les fêtes des Apôtres, excepté S. Jean, & pour celles des martyrs. La couleur verte est la couleur propre du temps depuis la Pentecôte jusqu’à l’Avent, & depuis l’Epiphanie jusqu’à la Septuagésime. La couleur violette est en usage l’Avent, le Carême, aux Quatre-temps, aux Vigiles, aux Rogations & aux Messes votives qui se disent à l’occasion de la guerre. La couleur noire est pour les Morts & pour les cérémonies qui les regardent. Dans le Diocèse de Paris, la couleur rouge est employée pour la fête du Saint Sacrement, & la couleur verte pour les Confesseurs Pontifes. Dans le Diocèse du Mans, on prend des ornemens de couleur rouge le Vendredi-Saint. Les étoffes d’or & d’argent, & les broderies d’or ou d’argent, quand elles couvrent entièrement le fonds, s’emploient pour toutes les couleurs, dans quelque solennité que ce soit. Saint Louis avoit toujours en Palestine des ornemens précieux de diverses couleurs, selon les fêtes & les solennités, & en prenoit un soin particulier. C’étoit donc alors un usage reçu que le changement des couleurs selon les Fêtes. L’Eglise Grecque a eu aussi l’usage des couleurs différentes pour différens temps & différentes Fêtes. Le rouge étoit dans ce rit la couleur du Carême, & pour les Offices des Morts. Voyez le P. Goar sur Godin, p. 84, Not. 9 & 10.

Couleurs, au plur. se dit aussi des livrées que quelqu’un affecte & choisit pour se distinguer d’un autre, & pour signifier quelque passion. Insignia. En ce sens il vient du Blason & de la coutume des anciens Chevaliers, qui dans les tournois, armés de toutes pièces, n’étoient distingués que par leurs habits, plumes & rubans de diverses couleurs, qui étoient ordinairement celles de leurs Maîtresses, & qui étoient le symbole de quelque qualité de leurs passions. Delà est venu le blason des couleurs, auquel on a attribué diverses significations qu’on trouve dans les livres de la Science Héraldique. Et comme les Chefs de ces tournois faisoient habiller toutes leurs Quadrilles de même parure, cela a fait qu’on a appelé couleurs les habits que les personnes de condition donnoient à leurs gens de livrée. Ainsi on dit que le bleu, c’est la couleur du Roi, le vert, la couleur de la Maison de Lorraine, &c. On appelle proprement Gens de couleurs les Pages, Laquais, Cochers & Suisses. Et quand on dit absolument, qu’un homme a porté les couleurs, on entend qu’il a été Laquais. On dit mieux, & plus ordinairement, porter la livrée.

Tel aujourd’hui triomphe au plus haut de la roue,
Qu’on verroit de couleurs bizarrement orné,
Conduire le carrosse, où l’on le voit traîné. Boil.

Le mot de couleur vient du latin color, qui vient du verbe grec χρόω, coloro, je donne la couleur.

Coulevrée. Voyez Couleuvre.

COULEVRENIER ou COULEVRINIER, s. m. ancien nom d’une milice en usage au XVe siècle en France. Les Coulevreniers hauront le haubergeon à manches, gourgerin, salade & placart devant (se havoir le peuvent) dagues & espées tranchans, à une main. Gollut, Mém. de Bourg. L. X, c. 96. Les gaiges de l’Archier, de Coulevrinier, & du Picquenaire à pié, seront de quatre francs par mois. Id.

COULEVRINE. s. f. pièce d’artillerie fort longue, & qui porte bien loin. Tormentum à culubro dictum. Son calibre est de quatre pouces dix lignes de diamètre. Son boulet est de 16 lignes & demie. Selon Diego Usano, la coulevrine légitime a 32 calibres de long, tire 20 livres de fer avec 12 livres de poudre. La bâtarde, qu’on nomme autrement serpentin, a 17 calibres, tire 24 livres de fer avec 14 livres de poudre. Et l’extraordinaire, qu’on appelle aussi passemur, a 40 calibres, & tire 16 livres de fer avec 12 livres de poudre. La double coulevrine légitime a 31 calibres de long, tire 48 livres de fer avec 24 livres de poudre. La bâtarde, qu’on appelle autrement basilic, a 26 calibres, tire 18 livres de fer avec 14 livres de poudre. L’extraordinaire, qu’on appelle autrement dragon volant, a 39 calibres, tire 32 livres de fer avec 19 livres de poudre. La demi-coulevrine légitime a 33 calibres, tire 10 livres de fer avec 8 livres de poudre. Hanzelet, en sa Pyrotechnie. On l’appeloit autrefois un demi-canon.

Ménage dérive ce mot du latin colubrina. D’autres le sont venir de coluber, couleuvre, serpent, à cause de la longueur de ces pièces d’artillerie, ou des ravages qu’elles font.

On dit figurément, qu’un homme, qu’une terre est sous la coulevrine d’un autre, quand il est tellement dépendant d’un plus puissant, ou que sa terre est si proche des lieux où il a autorité, qu’il est obligé d’avoir toute déférence pour lui, de se tenir sous sa protection. Alicujus potestati, imperio obnoxius.

☞ COULEUVRE. s. f. espèce de reptile du genre des serpens. Nous appelons couleuvre, la plus grande espèce de nos serpens. Voyez Serpent. Coluber, colubra.

En termes de Blason, on l’appelle guivre ou gyvre. La gyvre de Milan. La gyvre dans les armoiries est une grosse couleuvre qui vomit un enfant nud, la tête de l’enfant paroît. On l’appelle aussi bisse, colubra infantivoma, boa. Les armes de Milan sont d’argent à une guivre d’azur, à l’enfant issant de gueules, couronnée d’or.

Il y a aux Molucques des couleuvres de trente-deux piés de long, qui se pendent aux branches des arbres qui sont sur le chemin, & de là se lancent sur les hommes & sur les bêtes fauves, & après leur avoir fait trois ou quatre tours autour du corps, leur cassent les os, & les dévorent.

Il y a dans la Caroline de couleuvres sonnantes ; voici la description d’une de ces couleuvres, qui a été apportée de ces pays-là en Angleterre, & qui est entre les raretés qui se voient dans la galerie du Collège de la Société Royale. Cette couleuvre est longue de quatre piés ; il y en a de beaucoup plus grandes. Le corps par le milieu est de la grosseur du poignet, d’une couleur mêlée de gris-vert & jaunâtre, rayé & agréablement marqueté de taches rondes & en lozanges. Depuis plus de neuf mois que cette couleuvre est partie de la Caroline son pays natal, on ne s’est pas apperçu qu’elle ait ni bu ni mangé. C’est le plus venimeux de tous les serpens. Elle a deux dents longues, aiguës, & recourbées en dedans, à la mâchoire d’en haut ; mais elle n’en a point à la mâchoire d’en bas. Le bout de sa queue est à peu près de la longueur & de la largeur du pouce, mais moins épais ; & pour peu qu’on y touche, cela fait le même bruit que feroient cinq ou six grains de menu plomb dans un petit sac de vélin sec & dur. Et c’est ce bruit qui l’a fait appeler couleuvre sonnante.

Ce reptile étoit consacré à Esculape. Et comme ce Dieu s’étoit caché plusieurs fois sous sa figure, on éleva des temples à la Couleuvre à Rome & à Epidaure.

Couleuvre. C’est une espèce de sac dont les Américains se servent pour presser leur Manioc. La couleuvre est faire de roseaux refendus, ou de branches de latanier natées & tressées ensemble comme seroient des bas de coton. La couleuvre a six à sept piés de long, & quatre à cinq pouces de diamètre quand elle est vide ; mais le manioc qu’on y met, & qu’on foule à mesure, augmente le diamètre, & racourcit sa longueur. On pend ensuite la couleuvre, & l’on y attache un poids au bas.

On dit qu’un homme a bien avalé des couleuvres, lorsqu’on a dit ou fait devant lui plusieurs choses fâcheuses, qu’il se peut appliquer ; qu’il a eu bien des chagrins & des dégoûts sans oser s’en plaindre.

COULEUVREAU. s. m. diminutif de couleuvre. Petit de couleuvre. Minor coluber.

COULEUVRÉE. s. f. mieux que COULEVRÉE, plante rampante qui s’étend fort loin par des branches menues & feuillues, qui sert à couvrir des berceaux de jardin. La couleuvrée est semblable à la vigne par les feuilles, les bourgeons & les vrilles avec lesquelles elle s’attache à tout ce qu’elle rencontre. Ses fleurs, disposées en grappe, sont blafardes, & faites en forme d’étoile. Son fruit est vineux, & composé de grains semblables à ceux de la morelle, qui en mûrissant se changent de verts en rouges, & quelquefois en noir. Sa racine est grande & grosse plus que la cuisse d’un homme, longue d’une coudée, séparée vers sa queue, & pleine de plusieurs verrues vers sa tête, au reste cendrée par dehors, & blanche par dedans, pulpeuse, vineuse, d’un goût amer, âcre & astringent, avec un jus gluant & une odeur forte. Il y a aussi une couleuvrée noire, que quelques-uns appellent tan, & en latin vitis nigra ou uva taminia, dont on mange les premiers bourgeons en salade comme des asperges. On appelle autrement la couleuvrée, colubrine ou feu ardent, & en latin bryonia, vitis alba, viticella, psilothrum.

Il y a une espèce de serpentaire qu’on appelle couleuvrée, qui a ses feuilles attachées à une longue queue, qui produit plusieurs tiges feuillues, à la cime desquelles sortent des fleurs herbeuses & une graine en forme de grappe. Toute la plante est blanche, comme si on l’avoit saupoudrée de folle farine ; d’ailleurs fort polie & lisse. Sa racine est forte & grosse, de couleur safranée & éparpillée çà & là. Matthiole. Des Charlatans s’en sont servis pour contrefaire les mandragores, & les exposer au public. Voyez Mandragore.

COULEUVRINIER. s. m. dans les Preuves de l’Hist. de Bretagne, T. II, p. 1350, il est fait mention de Couleuvriniers à main. Voyez Coulevrenier.

☞ COULIÈRES, terme de rivière, pièces de bois placées sur un train & servant à tenir sa branche en état. Encyc.

☞ COULIS. s. m. jus d’une chose consommée à force de cuire, & tiré par expression à travers un linge, une étamine, un couloir, &c. Coulis gras, coulis maigre, coulis de perdrix, de pigeons, de gelée, d’écrevisses. Succus colatus, percolatus.

Coulis, (Vent) est un air qui passe à travers les fentes des portes, & des fenêtres & des cloisons dans quelque lieu fermé. Ventus per rimam inspiratus. Il est ordinairement froid, perçant & dangereux. En ce sens il est adjectif.

Coulis, en Maçonnerie, est du plâtre gâché clair, pour remplir les joints des pierres, & pour les ficher. Gypsum dilutius.

☞ COULISSE. s. f. longue raînure dans laquelle est enfermé un corps mobile, un châssis, une fenêtre, &c. Et dans laquelle on le fait couler, aller & venir, monter & descendre. Canaliculus. La coulisse d’un châssis, d’une jalousie : la coulisse d’une herse. Les perspectives de machines se meuvent par des coulisses. Les instrumens de Mathématique ont la plupart des coulisses où se meuvent des boutons, des pinnules, & autres choses qu’il faut approcher, ou éloigner en plusieurs opérations. Il y a dans les Arts mille choses qu’on appelle coulisses, parce qu’étant appliquées, l’une contre l’autre, on peut leur donner du mouvement en les tirant, alongeant, &c.

☞ On le dit aussi du corps mobile, du volet qui va & vient dans ces raînures, & dont on se sert pour fermer. Fermez cette coulisse. Foricula per canaliculos ductilis.

Coulisse, terme d’Horlogerie. C’est un demi-cercle sous lequel le râteau du ressort spiral se peut mouvoir.

En termes de Théâtre, on appelle coulisse l’espace qui est entre les pilastres qui sont aux deux côtes du Théâtre, & qui servent a la décoration. C’est par les coulisses que les Acteurs s’introduisent sur le Théâtre, & qu’ils en sortent. On donne encore par extension le nom de coulisse à l’espace qui est derrière les pilastres, & aux pilastres mêmes. Cet Acteur est entré par une des coulisses du devant du Théâtre, & est ressorti par une du fond. Cette Actrice étoit appuyée contre une des coulisses. L’Auteur, le Poëme à la main, s’assit dans les coulisses à portée de souffler. Ce mot vient de ce que dans les changemens de décoration on en fait couler une nouvelle sur celle que l’on veut cacher, ou en faisant couler celle de dessus, afin d’en découvrir une autre qui est dessous. Les petits maîtres vont dans les coulisses courtiser les Héroïnes de Théâtre, ou pour lorgner à leur aise les belles qui sont dans les loges. La ville est bonne, & l’on y rencontre souvent des sujets qui valent bien les Princesses de coulisses. Le Sage.

Et méprisans de vains lauriers,
Bornent tous leurs exploits guerriers
A lorgner dans une coulisse
Quelque belle au tendre regard ;
Laquelle aussi n’est pas novice
A contre-lorgner de sa part. Regnard.

Coulisse, terme de Blason, qui se dit d’un château & d’une tour qui ont la herse ou la coulisse à la porte. Castellum cataractâ, portâ instructum.

Les Imprimeurs appellent coulisse de galée, la pièce de bois sur laquelle le Compositeur arrange ses lignes. Tabella hinc & illinc per canalem ductilis.

☞ COULISSOIRE. s. f. petite écouenne dont les facteurs de musette se servent pour creuser les coulisses des Bourdons. Encyc.

☞ COULOGNE, petite ville de France, dans la Gascogne Toulousaine, à sept lieues de Toulouse, en allant vers Leytoure.

☞ COULOIR. s. m. C’est ainsi qu’on appelle un petit vaisseau dont on se sert pour couler le lait à mesure qu’on le tire. Colum. C’est une espèce d’ecuelle, ordinairement de bois, qui au lieu de fond, a un morceau de linge à travers duquel le lait passe.

Couloir se dit, en architecture, d’un passage de dégagement d’un appartement à un autre. On le dit particulièrement en marine, pour exprimer le passage qui conduit dans les chambres du vaisseau. Iter ab une loco in alium pervium. On dit aussi en marine, courier & couroir.

☞ En anatomie, on donne ce nom aux vaisseaux qui contiennent les liqueurs du corps humain. Les couloirs de la bile. VOyez Vaisseaux, terme d’Anatomie.

COULOIRE. s. f. Passoire, vaisseau troué pour faire passer une liqueur, pour faire égouter ce qui est trop humide, ☞ ou le suc de quelque substance acide que l’on reçoit dans un autre vaisseau pour en faire un coulis, une sauce, &c. Une couloire d’Apothicaire. Une couloire de pressoir. Colum.

COULOMB. s. m. pigeon. Columbus. C’est un vieux mot.

☞ COULOM-CHA, nom que l’on donne en Perse aux Gentilshommes que le Roi envoie aux Gouverneurs des Provinces, aux Vice-Rois, & autres personnes considérables. Ce mot signifie esclave du Roi, non qu’ils soient esclaves, mais pour marquer seulement qu’ils sont entièrement dévoues au service du Souverain. Ce sont la plûpart des enfans de qualité, élevés dès leur jeunesse à la Cour, pour s’y rendre capables des plus grands emplois. Le Roi les envoie porter ses présens ou ses ordres aux Gouvernemens. Celui vers lequel ils sont envoyés doit leur donner un riche habit à leur arrivée, & un présent convenable à leur qualité, quand ils s’en retournent. Souvent même le Roi taxe le présent qu’on doit faire à son Coulom-cha : dans ce cas on est obligé de le payer d’abord, comme une dette, & de faire encore des libéralités selon le mérite de l’envoyé, & le crédit qu’il a à la Cour. Chardin. Voyage de Perse.

COULOMMIERS, petite ville de commerce, agréablement située à treize lieues de Paris, & à quatre de Meaux entre l’Orient & le Midi. Elle est assise sur un bras du Grand-Morin, qui forme en cet endroit une île assez étendue, où Catherine de Gonzagues, Duchesse de Longueville, fit bâtir au siècle passé un magnifique château. Il y avoit là un Prieure considérable sous le nom de Ste Foi, & de la dépendance de l’Abbaye de Conques. Il est maintenant sécularisé. Hist de l’Eglise de Maux, tom. 1, p. 126.

COULON. s. m. vieux mot qui signifioit pigeon. Columbus. Le Roman de la Rose dit, simple étoit comme sont coulons. On se sert encore de ce mot en quelques endroits, comme en Artois.

COULPE. s. f. terme de dévotion. Tache du péché qui prive le pénitent de la grâce de Dieu. Culpa. Les Théologiens distinguent deux choses dans le péché ; la coulpe, qui est remise au Sacrement de Pénitence ; & la peine qui demande satisfaction. La charité parfaite emporte la coulpe & la peine.

Coulpe se dit sur tout dans les Monastères où les Moines disent leurs coulpes au Chapitre, c’est-à-dire, qu’ils avouent publiquement devant leurs frères assemblés les fautes qu’ils ont commises. On leur dit quelquefois aussi leur coulpe, c’est-à-dire, que l’Abbé ou le Supérieur les en avertit, les en reprend en public. Dans les Monastères de Filles, on dit aussi sa coulpe. Il est visible que coulpe vient du latin culpa.

Quelques Jurisconsultes françois se servent aussi de ce terme, en expliquant les espèces différentes de fautes que peut commettre le locataire ; par exemple, pour être responsable, ou non, du dommage, ou de la perte de la chose. La première est lata culpa, une ignorance grossière, une extrême négligence. La seconde, culpa levis ; une coulpe légère. La troisième, culpa levissima ; la coulpe très-légère. H, M.

COULT. s. m. espèce de bois qui sert à la Médecine, & à la Marqueterie. Il croît dans la nouvelle Espagne.

COULURE. s. f. action par laquelle une chose coule. Fluxus. Il ne se dit guère qu’en ces phrases. Ce que les Fondeurs craignent le plus, c’est la coulure du métal hors de leurs moules. La coulure est la portion du métal qui s’échappe du moule quand en jette la pièce. La coulure de la vigne est ce qui arrive quand la fleur de la vigne qui doit former le grain de raisin, au lieu de se nouer à la grappe, s’en détache, & coule à terre par quelque mauvais temps. Roratio.

☞ La sève interrompue dans son mouvement par quelque cause que ce soit, cesse de nourrir les fleurs qui tombent sans donner de fruit : ou bien, si pendant la fleur de la vigne il survient une pluie abondante qui emporte les sommets & la poussière qui est nécessaire pour féconder les plantes. (Voyez Étamines & Sommets.) La vigne coule, point de raisin. C’est la même chose pour les blés quand ils sont en fleur.

COULURES. s. f. pl. termes de Pêcheurs : ce sont les deux longues cordes de crin qui bordent le haut & le bas de leur seine, où l’on attache les lièges par en haut, & les pareaux ou cailloux par en bas.

COUODO. s. m. mesure de Portugal, qui contient deux aunes & un quart de Hollande : cette aune faisant cinq septièmes de l’aune de Paris.

☞ COUP. s. m. Choc, mouvement plus ou moins violent d’un corps qui tombe sur un autre. Impression que fait un corps sur un autre, en le frappant, le perçant, le divisant, &c. Ictus. Coup de pié, de poing, d’épée, de pistolet. Donner un grand, un petit coup. Recevoir, détourner, parer, esquiver un coup.

Ménage dérive ce mot du latin colpus, qui se trouve dans cette signification dans la Loi Salique, qu’on prétend dériver du mot grec κόπτω, c’est-à-dire, ferio. En vieux françois on disoit, copter ou cobter ; c’est-à-dire, frapper. Du Cange après Wendendelin, dit que colpus est un diminutif de colaphus. Et colaphus se prend dans la Loi Salique, Tit. 43, pour un coup, & s’y met pour signifier les coups de fouet dont on punit un enclave coupable ; & colpus qui s’y trouve aussi, Tit. 20, s’y prend à peu près dans la même signification. Voyez le Glossaire salique de Chifflet à ces deux mots.

On dit qu’un homme va aux coups tête baissée. In plagas, in vulnera ruere ; pour dire, qu’il va aux occasions, au combat ; qu’il essuie les coups de canon & les autres dangers ; qu’il va faire le coup de pistolet, pour dire, qu’il va défier l’ennemi, qu’il va escarmoucher contre lui. Sclopeto hostem petere.

La victoire, & la nuit plus cruelle que nous,
Nous excitoient au meurtre, & confondoient nos coups. Racine.

On dit ironiquement & populairement de celui qui a été battu, qu’il a été le plus fort, car il a porté les coups ; & d’un homme qui est sur l’âge, que ses plus grands coups sont tués.

En termes de Marine & de Guerre, on dit, une salve de tant de coups de canon, pour dire, faire un salut de mer ou militaire en déchargeant l’artillerie & ses armes. Emissio. Un coup de mer, c’est le choc violent d’une lame d’eau contre le vaisseau dans un gros temps. Commoti maris fluctus major. Un coup de vent, se dit du gros vent, de la tempête. Vehementior venti flatus, tempestas. Donner un coup de gouvernail, c’est pousser avec violence le gouvernail à basbord, ou à stribord. Gubernaculi impulsus, impulsio. Avoir des coups de canon à l’eau, c’est les avoir dans la partie du vaisseau qui entre dans l’eau. Coups de canon en bois, c’est les avoir dans le corps du vaisseau qui est hors de l’eau. Coup de partence, est un coup de canon tiré sans balle, pour avertir qu’on va partir. Coup se dit aussi de la quantité de poudre qu’il faut pour charger une arme à feu. Il a quatre coups à tirer, c’est-à-dire, il a quatre fois la quantité de poudre qu’il faut pour tirer.

☞ On appelle coup de partence, le coup de canon qu’on tire quand une flote ou un vaisseau part. On tira le coup de partence à la pointe du jour.

Coup se dit aussi de la marque des coups qu’on a reçus. Plaga, vulnus. On dit qu’un homme est tout couvert de coups, percé de coups. Vulneribus confossus. Donner des coups de bâton à quelqu’un. Fustem alicui impingere. Il y a à la Chine une infinité de gens, dit le P. Le Comte, qui ne vivent que de coups de bâton, c’est-à-dire, qui, pour de l’argent prennent la place des coupables que les Mandarins condamnent à la bastonade.

On appelle coup de feu, la blessure faite par une arme à feu.

On appelle le coup de grace, celui que l’exécuteur donne aux patiens sur l’estomac pour l’empêcher de languir long-temps ; & figurément, le dernier coup qu’on porte à quelqu’un pour achever de le perdre.

On appelle un coup orbe, un coup fait par un instrument contondant, qui fait une contusion sur la chair, sans ouverture. Contusio. Un coup d’estramaçon, un grand coup qui se fait par le tranchant d’un coutelas. Vulnus, plaga. Un coup fourré, le coup réciproque que deux ennemis se portent en même-temps. Mutua vulnera.

☞ On dit figurément & familièrement, porter un coup fourré à quelqu’un, lui rendre en secret un mauvais office.

☞ On appelle coup de sang, l’épanchement subit qui se fait dans le cerveau par la rupture de quelques vaisseaux sanguins.

Coup se dit aussi d’un mouvement impétueux, tel que celui du vent. Voyez Coup, terme de Marine.

Coup de soleil. Impression violente, souvent mortelle, que fait un soleil ardent sur ceux qui y sont exposés. Un tel a eu un coup de soleil, a été frappé d’un coup de soleil. Cet accident arrive ordinairement lorsqu’il vient à sortir de dessous un nuage, & darde ses rayons sur quelque partie du corps découverte.

Coup de tonnerre, bruit qui accompagne ou qui suit une éclair. Tonitru, tonitrui fragor. On le dit aussi de l’action du tonnerre. Ictus fulminum. Il a été tué d’un coup de tonnerre. Voyez Tonnerre.

☞ On dit ironiquement & familièrement d’une personne qui divulgue tout ce qu’elle sait, qu’elle est secrette comme un coup de tonnerre, ou comme un coup de canon.

En termes de Fauconnerie, on dit que l’oiseau a pris coup, lorsqu’il s’est heurté rudement contre sa proie, ou contre quelqu’autre chose. Prædam adverso pectore impetere. Quand l’oiseau a pris coup, faites bouillir dans du vin de la sauge, de la mente, du pouliot & de la guimauve, & étuvez de ce vin avec une éponge le lieu malade, jusqu’à ce que l’oiseau sue ; puis mettez sur ce même endroit de l’encens en poudre, de la guimauve, mêlés dans du blanc d’œuf, après essuyez l’oiseau au feu, & le tenez chaudement, & faites cela deux fois le jour, jusqu’à ce que l’oiseau soit amendé.

Coup se dit aussi des opérations légères, qui se font sur un corps pour le guérir, pour le soulager de quelque incommodité. Il lui faut donner un coup de lancette ; pour dire, il le faut saigner. Un coup de bistouri, pour dire, il lui faut percer quelque apostème, couper quelques chairs. Venam, apostema, carnem incidere. Un coup de rasoir ; pour dire, il le faut raser. Radere. Un coup de peigne ; pour dire, il le faut peigner. Pectere. On dit aussi, donner un coup de corne à un cheval. Voyez Corne.

Coup se dit aussi des actions qui se réitèrent, & signifie fois. Un homme sobre ne boit que deux ou trois coups à son repas. Semel, bis, ter, &c. Ce tour est difficile à faire, à deviner, je vous le donne en dix coups. Un canon en batterie tire douze à quinze coups par heure. Passe pour le coup ; pour dire, je pardonne pour cette fois-ci. Hâc vice. ☞ On dit donner un coup d’œil sur quelque ouvrage, y jeter les yeux. Intuitus. Cette maison plaît au premier coup d’œil ; son premier aspect fait plaisir. Cet homme à le coup d’œil excellent, il connoît d’abord tout ce qu’il lui importe de savoir. On dit aussi, faire d’une pierre deux coups ; pour dire, tirer deux avantages d’une même action. Unâ atque eâdem operâ aliquid facere, ou pour rendre ce proverbe françois par un autre latin. Duos parietes de eâdem fideliâ dealbare. On dit d’une action qui ne fait ni bien ni mal ; c’est un coup dans l’eau, un coup perdu. Ictus vanus, irritus, inanis. On dit encore, donnez un coup de pié, un coup d’éperon jusques-là, pour dire, allez vîte jusqu’à un tel endroit. Propera aliquò.

Coup se dit aussi des actions qui se font promptement. Ce Capitaine a dix mille hommes prêts à s’armer au premier coup de tambour. Ad tympani sonum. Les voleurs s’amassent avec un coup de filet. Ad sibilum. Un Financier peut être ruiné d’un coup de plume. Ductu calami : On donne bien des coups de chapeau à celui qui peut faire du bien ou du mal ; c’est-à-dire, on le salue. Salutatio. Expression bourgeoise & familière. On dit d’un homme qui ne prend point de parti, qui n’est-là que pour juger des coups. Medius rerum utrinque spectator otiosus.

Coup signifie quelquefois tour subtil, adresse, promptitude à faire quelque chose. Solertia, industria, fraus, dolus, &c. Voilà un coup de fin matois, d’un chicaneur. Ce coupeur de bourses a eu bientôt fait son coup. Cet homme vous a trompé, ce sont de ses tours, de ses coups ordinaires.

Coup se dit aussi des actions, ou des entreprises hardies, des complots, ou des desseins extraordinaires, soit en bien, soit en mal. Opus, facinus, res maximi ad rerum summam momenti. La prise de la Rochelle fut un coup d’Etat. La paix de Casal fut un coup de tête, & quelques-uns ont ajouté un coup de chapeau, parce que M. Mazarin qui la fit en devint Cardinal.

Coup d’état (Un) est un coup utile au bien public. Un coup de tête, un coup d’un grand jugement. Quelquefois aussi par coup de tête, on entend une action étourdie. C’est dans ce sens qu’on dit, voilà un coup de sa tête.

Coup d’état, coup de partie, dans le sens figuré, signifie une action qui décide du succès d’une affaire.

Coup de Maître, coup d’habile homme.

Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître.

On dit au contraire, l’action de Caton fut blâmée, parce que c’étoit un coup de désespoir. Cet homme est un traître, capable de faire un méchant coup. Malum facinus. On lui a fait manquer un beau coup.

Ha ! si pour un moment vous pouviez voir vous-même,
Pour quels coups on se sert de votre nom suprême. Campistron.

Coup, se dit encore des efforts, & des tentatives qu’on fait pour venir à bout de quelque chose. Conatus.

Ils veulent aujourd’hui qu’un même coup mortel,
Abolisse ton nom, ton temple, ton autel. Racine.

Coup d’essai, premier ouvrage d’un homme en quelque art, première épreuve qu’il fait de ce qu’il fait en cet art. Primum opus, primum artis tentamen, ou tentamentum. Artis ou doctrinæ specimen. Il faut l’excuser, s’il n’a pas si bien réussi, c’est son coup d’essai. Pour votre coup d’essai, vous avez fait un coup de maître.

Lorsque pour coup d’essai de tes nobles exploits,
On te voit entasser victoire sur victoire ;
Que par cent actions tu ternis la mémoire
Des plus grands Conquérans & des plus sages Rois. Regn. des mar.

Coup d’essai, coup de Maître, dit Voltaire dans ses remarques sur le Cid, termes familiers qu’on ne doit jamais employer dans le style tragique.

☞ Corneille a dit dans Heraclius, le bras qui fait ses lâches coups : on ne fait point des coups. On dit dans le style familier, faire un mauvais coup, mais jamais faire des coups.

☞ Corneille a fait encore un mauvais usage du même mot dans Rodogune, en disant rompre le coup. On ne rompt point un coup : on le pare, on le détourne, on l’affoiblit, on le repousse. De plus, on prononce ces mots, comme rompre le cou. Il faut éviter cette équivoque. Si l’expression, rompre un coup, est prise des jeux, comme par exemple, du jeu de dez, où l’on dit rompre le coup, quand on arrête les dez de son adversaire, cette figure alors est indigne du style noble.

Coup de Jarnac, coup mortel & imprévu. Il lui a donné un coup de Jarnac, le coup de Jarnac : ce qui se prend toujours en mauvaise part, pour un tour auquel on ne s’attend pas, qui ruine quelqu’un, ou détruit la fortune, par allusion au Duel où Jarnac tua la Châtaigneraie par un coup imprévu.

On dit figurément & familièrement, cet homme a un coup de hache ; pour dire, qu’il a un grain de folie.

Coup se dit aussi des événemens extraordinaires qui sont des effets de la Providence, de quelque cause inconnue, de la fortune, du hasard. Le succès de la bataille gagnée par Charles Martel fut un coup du ciel. Divinitus, factum est, &c. On le dit, en ce sens, de tous les événemens merveilleux qu’on ne doit pas attendre naturellement. La mort du Roi Henri II fut un grand coup de malheur. Fatali casu contigit. L’élévation & la chute de Séjan furent des coups de la fortune. Ce brave est allé exécuter une entreprise fort dangereuse, c’est un grand coup de hasard s’il en échappe. Casus. Les Grands sont bien plus exposés aux coups de la fortune que les autres. Fortunæ casibus obnoxius. Maleb.

Vous vous troublez beaucoup,
Mon cœur n’est point du tout ébranlé de ce coup. Mol.

Coup de Théâtre, en termes de Poësie dramatique, est un événement surprenant qui frappe tout d’un coup l’esprit, parce qu’on ne s’y attendoit pas. Il y en a de deux sortes, une d’action, l’autre de pensée. La première a plus de force que la seconde. On en trouve deux exemples dans Molière ; la Scène de Valere amené à Isabelle par son tuteur même, dans l’Ecole des Maris ; & dans George Dandin, l’action d’Angélique qui fait semblant de se tuer. Voyez les Observ. sur la Com. & sur le Génie de Molière de M. Riccoboni.

Coup s’emploie aussi en toutes sortes de jeux, tant pour la répétition de l’action, que pour la manière de jouer, & pour certaines rencontres qui se font dans le jeu. Il a fait au Piquet un coup de 80 points. Numerum octogesimum explevit. A la boule, il a mis un coup sur le but. Hæsit in meta. A la Paume, il a fait un coup de grille, de dedans, de tambour. Pilam in fenestram, in tympanum trusit, impulit, d’arrière-main, aversâ manu pilam ludere. Aux dés, coup de dés, tesserarum jactus. On entend par coup de dés les différentes combinaisons que les dés peuvent amener. Il a fait un beau coup de dés, il a fait un coup de râfle. Jactus veneris. Au Trictrac coup & dés, pour signifier que le coup que l’on joue pour voir qui aura le dé sert aussi de coup pour le jeu, en sorte que celui qui a le dé marque. Aux Dames, il a fait coup de deux, de trois. Scrupos, latrunculos duos unâ eâdemque operâ cepit, abstulit. On dit aussi, il a le coup sur lui ; c’est-à-dire, qu’il ne gagne que parce que c’est à lui à jouer, Vicit qui a lusu prior. Il a un coup sûr ; pour dire, il a beau jeu, un moyen de gagner infailliblement. Benè, feliciterque ludere. On dit aussi, voilà un coup de partie ; pour dire, qui donne un grand avantage, d’où dépend le gain de la partie : ce qui se dit au figuré dans toutes les affaires sérieuses, lorsqu’on a quelque préjugé pour soi, ou qu’on a des avantages, des facilités de les faire réussir. Opus, facinus, res egregii ad rem aliquam momenti. On dit aussi un coup de filet ; pour dire, le jet du filet dans l’eau pour prendre du poisson. Retium jactus. Au premier coup de filet ils prirent une infinité de gros poissons. On dit aussi figurément, voilà un bon coup de filet, quand on surprend plusieurs personnes, ou quand on réussit en quelque chose d’avantageux.

Coup carré au jeu de Trictrac, quand les nombres sont tellement placés par rapport au plein qu’on veut faire, qu’il faut amener des nombres pairs pour remplir.

Coup du Roi, terme du jeu de Billard. Il se dit lorsque la bille de l’adversaire est immédiatement au dessus d’une des blouses du milieu, & qu’on pousse la sienne contre la bande du bout, afin qu’en revenant elle la frappe par derrière, & la fasse au milieu. Coup de cul, est aussi un terme de billard : il se dit lorsque la bille du joueur frappe celle de son adversaire par derrière. Postica percussio. Coup de trois, c’est lorsque l’on manque à frapper, & que l’on se perd, ou en sautant ou en coulant dans la blouse. Coup sec, est un coup qui se fait en frappant du billard contre la bille, & le retirant aussitôt, au lieu que dans l’ordinaire on pousse sa bille, & on la conduit avec le billard. On joue à coup sec de crainte de billarder. Lorsque la bille tient du fer on est obligé de jouer à coup sec ou de bricole.

Coup se dit figurément de ces afflictions imprévues qui sont comme des traits qui nous percent le cœur. Funestus, fatalis, infelix casus. La nouvelle de la mort de sa femme fut un coup mortel pour lui. Quand ce favori apprit la nouvelle de sa disgrace, ce fut un coup de foudre qui l’abattit.

☞ On dit, dans le même sens, un coup de massue, événement imprévû, étonnant, accablant, &c. Cette nouvelle a été pour lui un coup de massue. Coup de foudre est plus noble.

Coup se dit aussi des atteintes & des blessures que causent les passions. Ictus, plaga, vulnus.

Non, mortels déplaisirs, je ne crains point vos coups. Voit.

Ah ! de quel coup me percez-vous le cœur ? Racine.

Le chagrin me dévore, & mon ame abattue,
Sans force, sans secours, cède au coup qui la tue. La Suze.

L’amour me fait sentir ses plus funestes coups. Racine.

Vos regards sont mortels, leurs coups sont redoutables. Id.

Coup se dit encore figurément des traits satyriques, ou des attaques qui se font par le discours. Petitio, ictus, maledictum. Cette femme donne toujours quelque coup de bec à sa rivale. Ce Satyrique donné toujours quelque coup de dent, quelque coup de pinceau à son ennemi.

On dit, en Morale, qu’une chose porte coup ; pour dire, qu’elle est importante, qu’elle tire à conséquence. Opus, facinus aliquod magni momenti, &c.

On dit, en Mâçonnerie, qu’un mur prend coup ; pour dire, qu’il fait ventre, qu’il n’est plus à plomb. Casum, ruinam minari.

Coup se prend aussi adverbialement. Une ville en Suisse est fondue tout-à-coup, en un moment. Repentè, subitò. Personne ne devient scélérat tout d’un coup. S. Réal. Nemo repente fuit turpissimus. Il lui vint cette année deux successions tout-d’un-coup ; c’est-à-dire, en même-temps. Eodem tempore. Tout-à-coup marque mieux que tout-d’un-coup, que la chose est arrivée brusquement ; & dans l’instant même, & qu’il y a de la surprise ; c’est pourquoi il ne faut pas les employer toujours indifféremment. Comme on ne va pas tout-d’un-coup à la corruption entière, il y eut un passage de l’honneur à l’intérêt. S. Evr. Le plus grand mal dans le renversement des grandes fortunes, c’est qu’il arrive tout-à-coup. Port-R. Souvent les malheurs sont enchaînés & arrivent coup sur coup ; c’est-à-dire, immédiatement l’un après l’autre. A ce coup il se faut réjouir ; c’est-à-dire, en cette occasion. Nunc autem. Cela ne vient qu’après coup ; pour dire, quand on n’en a plus que faire, quand on fait déjà une chose. Præposterè. Il a tiré, il a joué à coup perdu, nullum in scopum ictum dirigens ; c’est-à-dire, sans viser à aucun but certain. Il arrive à tous coups ; c’est-à-dire, fort souvent, &c. singulis momentis.

Coup. (Encore un) Façon de parler dont Racine fait souvent usage, condamnée par Voltaire comme trop familière & presque basse. La critique n’est-elle pas un peu trop rigoureuse. On s’en sert principalement lorsqu’on répète avec vivacité ce qu’on a déjà dit ; encore un coup, je vous dis que cela n’est pas vrai. Iterùm.

Coup & à Coup s’est dit autrefois adverbialement pour, à présent, en ce moment. Nunc, hoc ipso tempore.

☞ COUPABLE, adj. de t. g. souvent employé substantivement, qui a commis une faute, un crime une mauvaise action. Sons, nocens. Il semble que la justice de Dieu ne peut permettre que l’innocent serve de victime pour expier le crime des coupables. Cl. Celui qui boit & mange indignement ce pain, se rend coupable du sang du Seigneur. Peliss. Celui qui se sent coupable, prend pour lui tout ce qu’on dit. S. Real. Nous diminuons l’idée de nos défauts en les regardant comme communs à bien d’autres, & en nous cachant dans la foule des coupables.Nicol. J’avois trop d’intérêt moi-même à votre innocence pour en douter, & si je vous avois trouvée coupable, j’en eusse été bien puni le premier. Voit. Un coupable puni est un exemple pour la canaille ; un innocent condamné est l’affaire de tous les honnêtes gens. La Bruy. La bonne foi qui accompagne l’ignorance excuse le coupable, & ôte un degré d’atrocité.

L’absence des remords est dans un cœur coupable.
D’un Tyran achevé la marque indubitable. Quin.

Une coupable aimée est bientôt innocente. Moll.

De l’intérêt du Ciel pourquoi vous chargez-vous ?
Pour punir le coupable a-t-il besoin de vous ? Id.

Corneille a dit dans Héraclius.

.......Mon nom seul est coupable
Il conspira lui seul.......

☞ On ne peut pas dire qu’un nom a conspiré, bien moins encore qu’il a conspiré seul : mais, mon nom seul est coupable, est, dit Voltaire, une très-noble hardiesse d’expression.

Coupable se dit, en jurisprudence, d’un accusé convaincu. L’accusé ne peut être qualifié coupable ou criminel, que quand il est convaincu du crime qu’on lui impute ; jusque-là il n’est qu’accusé.

On dit proverbialement que l’innocent pâtit souvent pour le coupable, le bon pour le mauvais.

COUPANT, ANTE. adj. qui coupe, qui tranche. Secans, incidens. Les Chirurgiens rapportent que cette plaie a été faite par des instrumens coupans & tranchans.

Coupant. s. m. pièce d’or ou d’argent du Japon, C’est aussi un petit poids, dont on se sert dans l’île de Bornéo, pour peser les diamans.

COUPANS. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier les bords des deux côtés de l’ongle du sanglier. Aprariæ soleæ cultellata latera.

COUPARA. s. f. Espèce de Laque.

COUPÉ, pas de danse. Voyez Coupé participe.

COUPE. s. f. séparation d’un corps solide, continu en plusieurs parties. Cæsio, cæsura.

Coupe se dit aussi de cette même séparation qu’on fait pour essayer & découvrir la bonne ou mauvaise qualité d’une chose qu’on coupe. Je ne veux acheter les melons qu’à la coupe. On connoît la bonté du drap à la coupe. On n’a pû découvrir la fausseté de cette monnoie qu’à la coupe.

Coupe signifie aussi l’art & la manière de tailler les pierres & plusieurs autres choses. Sectio. Le Père Déran, Jésuite, a fait un beau Traité de la Coupe des pierres. Philibert de Lorme en a aussi écrit moins amplement. ☞ Les pierres se cassent à la coupe, si on n’entend bien la coupe. On le dit aussi de l’endroit par où l’étoffe est coupée, cette étoffe est belle à la coupe. On dit aussi qu’une étoffe est dure à la coupe, qu’elle résiste au ciseau. Les Sculpteurs disent aussi, la coupe du bois ; & les Graveurs, la coupe du cuivre ; & les Cordonniers, la coupe du cuir, en parlant de l’art de les tailler.

☞ La Coupe d’une pierre, en architecture, est la direction d’un lit ou d’un joint perpendiculaire à la surface droite ou courbe de la douelle ou de la tête d’un voussoir, mais oblique au plafond dans les plate-bandes.

Coupe signifie aussi quelquefois l’inclinaison des joints des voussoirs d’un arc & des claveaux d’une plate-bande. On dit dans ce sens donner plus ou moins de coupe.

Coupe des cheveux, terme de Perruquier, manière de les tailler & de les étager.

Coupe d’habits, terme de Tailleur, manière de tailler toutes les pièces qui entrent dans la composition d’un habit. Un tailleur doit avoir la coupe bonne.

Coupe, dans les manufactures de lainage, se dit de chaque tonture que les tondeurs donnent aux draps.

Coupe, dans un sens presque semblable, se dit en termes d’Architecture & de Charpenterie, de la représentation d’un édifice, d’un bâtiment de terre, ou de mer. Coupe perpendiculaire d’une Eglise, d’un corps de logis, d’un vaisseau, d’un moulin à vent, &c. Coupe horizontale.

Coupe signifie aussi la quantité de bois qui est destiné à être coupé, & le temps propre à la faire. Cæsura, sectura, cæsio, sectio. La coupe de bois ne se doit faire qu’en hiver & hors de la sève. Les coupes de taillis se font de neuf en neuf ans : selon la bonté des terres, on les partage en coupes réglées. Voilà des bois qui sont en coupe. Les Maîtres des Eaux & forêts ont jugé une telle coupe de bois

Coupe se dit aussi de cette division des cartes qui se fait en deux parties par celui qui est au côté gauche du joueur qui les a battues. Divisio. On voit des joueurs qui croient que certaines gens ont une coupe malheureuse, qui ne veulent point être sous leur coupe. Ils appellent une coupe foireuse, celle qui n’est pas nette, & dont on laisse échapper quelques cartes en coupant.

☞ Dans ce sens, on dit figurément & familièrement, être, se trouver sous la coupe de quelqu’un, être dans sa dépendance, être exposé aux effets de son ressentiment ; vous tomberez quelque jour sous ma coupe, je vous revaudrai cela.

☞ COUPE. s. f. Tasse, vase ordinairement plus large que profond, servant à boire. Patera, crater, poculum, cuppa, calix. Ce mot est noble, & réservé aux choses sacrées & au style sublime. Un calice doit avoir tout du moins sa coupe d’argent ; le pié peut être d’étain. Les Prêtres anciens prenoient la coupe pour faire leurs sacrifices, leurs libations. Socrate prit hardiment la coupe où étoit le poison qu’on lui avoit préparé. La coupe enchantée de l’Arioste, où l’on éprouvoit la fidélité d’une femme. La coupe des pécheurs répand sur ses bords une liqueur trompeuse. Abad.

Le nectar est versé dans la céleste coupe. Racine.

Ce mot vient du latin cuppa, ou cupa, qui signifie la même chose, & qui vient du verbe capio, propter capacitatem. Ce mot est très-ancien dans la langue. Dans la vie de sainte Geneviève, imprimée par Bollandus, & qui est peut-être celle que Papirius Masson dit avoir été écrite dix-huit ans après la mort de la Sainte, on appelle ce vase cuppa, ou cupa.

Coupe. (Fêtes des) Démophon, Roi d’Athènes, voyant Oreste chargé d’un parricide, ne voulut ni l’admettre à sa table, ni pourtant l’éconduire. Il s’avisa donc de le faire servir séparement, & pour justifier cette espèce d’affront, il voulut qu’on servît à chaque convive une coupe particulière, contre l’usage de ces temps-là, où tout le monde buvoit dans la même coupe. En mémoire de cet événement, les Athéniens établirent une tête, où l’on faisoit la même chose dans les repas.

Coupe se dit d’un Calice où l’on consacre le sang de Jesus-Christ. Le Concile d’Alexandrie, en justifiant S. Athanase sur le calice d’Ichyras dit, puisqu’il n’y avoit point là d’Eglise, ni de Prêtres pour sacrifier, & que le jour ne le demandoit pas, comment y auroit-on brisé une coupe mystique ? Il y a quantité de coupes dans les maisons, & dans le marché ; on les brise sans impiété ; mais c’en est une de briser volontairement la coupe mystique ; elle ne se trouve que chez les Prêtres légitimes : vous avez droit de la présenter aux peuples, &c. Fleury.

Coupe, en termes de Religion, sert quelquefois à exprimer la communion sous l’espèce du vin. L’Eglise a eu de bonnes raisons pour ôter la coupe aux Laïques. On accorde la coupe aux Rois, le jour de leur sacre. On appelle coupe de calice, la partie du calice où l’on verse le vin pour la communion.

Coupe, pris figurément le dans le langage de l’Ecriture, signifie, le commerce, la liaison, la ressemblance de mœurs avec quelqu’un ; parce que ceux qui boivent de la coupe, ou dans la coupe d’un autre, vivent avec lui, ont des liaisons, de la communication avec lui ; ainsi boire dans la coupe de l’impie, c’est être impie.

Il boit dans la coupe infernale ;
Et l’épais venin qu’elle exhale
Dérobe le jour à ses yeux. Nouv. choix de vers.

Coupe, terme d’astronomie. On donne le nom de coupe, ou de vase, ou de tasse, à l’une des Constellations méridionales.

Coupe, en Sculpture, est une espèce de vase moins haut que large, avec un pié, qui sert à couronner quelque décoration. Vasculum, Architectonici operis ornamentum.

Coupe est aussi un petit bassin de fontaine fait d’une pièce de marbre, ou de pierre, qui étant posé sur un pié, ou une tige dans le milieu d’un grand bassin, reçoit le jet ou la gerbe d’eau qui tombe pour former une nape. Crater.

Coupe ou Coupole, terme d’Architecture. C’est le haut du dôme d’une Eglise. Tholus. La coupe de cette Eglise se voit de loin. La coupole de cette Eglise est bien peinte.

COUPE, adj. vieux mot qui signifioit cocu.

Car puisque vous m’avez fait coupe,
Je vous ferai de tel pain soupe.

Gloss. du Rom. de la Rose.

L’Auteur du Supplément au Glossaire du Roman de la Rose, dit que coupe est un adjectif masculin & féminin, par apocope de coupeau, qui signifie cocu. Pasquier prétend que coupeau vient de coupe, c’est-i-dire, infidélité dérivée de coulpe faute : & l’on disoit la femme t’a fait coupe ; pour dire, cocu. Nos anciens disoient au féminin coupe & accoupie dans la même signification.

COUPEAU. s. m. Sommet d’une montagne. Montis cacumen, vertex, jugum. La première chose qu’on apperçoit en mer, ce sont les coupeaux des montagnes. On appelle le Parnasse la montagne au double coupeau. Il vieillit.

Coupeau, pris pour sommet, vient de coppa, qui signifie la même chose en langue de Galles. Huet.

Coupeau signifie encore un éclat de bois, ou même de pierre. Assula. Dans ce sens on dit copeau.

On appeloit aussi autrefois coupeaux, ou coupeaus, ceux qui souffrent l’infidélité de leurs femmes : ce qui vient, selon quelques-uns, quod suæ uxoris copiam faciant. Mais Pasquier dit que ce mot vient de coupe, qui signifioit autrefois infidélité ; & l’on disoit d’abord, la femme t’a fait coupe ; pour dire, coupeau.

COUPE-BOURGEON, s. m. petit animal de la grosseur d’une lentille. On l’appelle Coupe-bourgeon, parce qu’il ronge les jeunes jets des arbres fruitiers. On l’appelle autrement liset.

COUPE-CERCLE. s. m. est un instrument qui sert à couper du carton circulairement pour faire des sphères & autres pièces qui servent à l’Astronomie & à la Géométrie. Les compas à quatre pointes en ont toujours une tranchante qui s’appelle le coupe-cercle.

COUPE-CU, ou COUPE-CUL. s. m. C’est le plus malheureux coup du jeu de Lansquenet, quand celui qui tient les cartes amène la sienne la première, & perd toutes les autres où il avoit couché de l’argent ; & alors on dit que celui qui a coupé, lui a donné un vilain coupe-cu.

On dit aussi adverbialement, jouer une partie à coupe-cu. Ce mot ne se dit presque plus, on dit plus ordinairement coupe-gorge, dans quelque jeu que ce soit, quand on ne veut plus jouer, ni être obligé à donner revanche.

COUPE-GORGE. s. m. Lieu où l’on vole, où l’on assassine les gens, où il est dangereux de passer à cause des voleurs. Cædibus infamis locus. Les vallées des Mores, de Torfou, sur les chemins de Chartres & d’Orléans, ont été appelées des coupe-gorges. Il y a eu des hôtelleries appelées des coupe-gorges, à cause que les maîtres y assassinoient, ou y laissoient assassiner leurs hôtes.

Coupe-gorge se dit aussi des boutiques des Marchands où l’on vend trop cher, des maisons où l’on est rançonné & mal servi, & généralement de tous les endroits où il se commet des injustices. Taberna in quibus merces justo pluris væneunt. N’allez rien acheter chez un tel Marchand, c’est un coupe-gorge. C’est là un méchant cabaret, un vrai coupe-gorge. Le monde est un coupe-gorge, il n’y a que fraude & trahison. S. Evr.

Coupe-gorge, en termes de Marine, se dit des courbes de charpenterie qui forment la gorge du vaisseau, & s’élèvent insensiblement en arc vers l’étrave & sous l’éperon. Les Charpentiers les appellent gorgères, & les Matelots coupe-gorges, au lieu de dire courbes de gorges.

Coupe-gorge. s. m. Terme de jeu de Lansquenet. C’est la même chose que coupe-cu ; mais il est plus usité. Le coupe-gorge est le plus malheureux cour de Lansquenet. L’un s’emporte, l’autre déchire les cartes ; celle-ci les mord, l’autre les écrase ; elle maudit la couleur, se désespère du coupe-gorge. S. Evremontiana.

Il a fait trente fois coupe-gorge aujourd’hui. Regnard.

Vingt fois le coupe-gorge, & toujours premier pris. Id.

COUPE-JARRET. s. m. Bretteur, assassin, qui ne porte l’épée que pour battre, assassiner & faire insulte aux autres. Sicarius, grassator. C’est un scélérat qui se fait accompagner d’une douzaine de coupe-jarrets.

COUPELLE. s. f. terme d’affineur. Manière de cu de lampe ; petit vaisseau plat, & un peu creux, préparé pour essayer & pour purifier l’or & l’argent. Ces coupelles d’affinage sont composées de cendres bien lessivées, dessalées, sèches, battues & tamisées. Ces sortes de coupelles sont aussi appelées casses, ou cendrées. Et ainsi ces trois termes sont synonymes, & signifient la même chose. Boizard. ☞ Cependant la grande coupelle, où l’on fait en grand ce qui se fait en petit dans la petite, porte particulièrement le nom de casse, & différe de la petite, non par les matières dont elle est faite, mais par sa couverture & son fourneau. Pour affiner l’or & l’argent on met une coupelle à un feu de réverbère, & on y met du plomb à proportion de la quantité & de la qualité des matières à affiner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on jette les matières dans la coupelle, ce qui s’appelle charger la coupelle. Ce plomb s’imbibe dans ce creuset, ou s’évapore ; & il emporte avec lui l’impureté du métal. Auro argentoque excoquendo catinus.

☞ Pour l’intelligence de cette opération, il faut remarquer en passant que tous les métaux, excepté l’or & l’argent, se vitrifient aisément avec le plomb.

On appelle or de coupelle, & plus communément, or d’essai, l’or qui approche davantage de 14 carats, qui est le plus haut titre de l’or. L’argent de coupelle est l’argent à 11 deniers 25 grains.

Coupelle est aussi une espèce de poële de cuivre, ou de fer blanc, dont se servent les Canonniers pour emplir les gargousses de poudre.

On dit figurément qu’un homme a passé par la coupelle, quand il a subi un très-sévère examen, quand il a été bien saigné & bien purgé après une grande maladie, comme on examine & on purge les métaux par la coupelle. Faire passer un ouvrage à la coupelle. Vign. Marv.

Coupelle sèche. C’est une coupelle faite de terre de creuset, qu’on appelle de la sorte, parce qu’elle ne s’imbibe pas à cause de la matière. Les Affineurs s’en servent pour adoucir avec le salpêtre & le borax, lorsqu’ils ont affiné avec l’antimoine.

COUPELLER, v. a. passer de l’or & de l’argent à la coupelle. Aurum catino excoquere. Ce n’est pas un examen suffisant que la pierre de touche, ni la coupe par le burin ; pour juger sûrement de la bonté d’un or, il faut le coupeller.

Coupellé, ée. part. Excoctum in catino aurum, argentum.

COUPE-PÂTE. s. m. terme de boulanger. C’est un instrument de fer, avec un rouleau au haut, & qui est plus délié & plus large que la paume de la main, duquel on se sert pour couper la pâte.

☞ Les Patissiers se servent aussi de coupe-pâte. Ce sont des moules servant à couper la pâte de la grandeur que l’on veut.

☞ COUPE-QUEUE. s. m. instrument dont se servent les Mégissiers pour couper les queues des peaux qu’ils veulent passer en mégie. Encyc,

COUPER, v. a. séparer avec un instrument tranchant un corps continu & solide, en deux, ou plusieurs parties. Secare, dissecare, resecare, incidere, cædere, scindere. On coupe les blés avec une faucille. On coupe l’herbe avec une faulx. On coupe les arbres avec une coignée & la serpe. Le laboureur coupe la terre avec la charrue & le coutre. Couper du pain, de la viande avec un couteau. Un fanfaron dit en menaçant, qu’il coupera bras & jambes à quelqu’un ; pour dire, qu’il fera toutes sortes de mauvais traitemens : & au figuré, on dit qu’un juge a coupé bras & jambes à une partie ; pour dire, qu’il lui a fait tout le tort qu’il a pu. Malè excipere, malè habere, malè multare aliquem. On dit aussi, couper la bourse à quelqu’un, ☞ dans le sens propre, c’est lui voler adroitement sa bourse, ce qu’il a sur lui, figurément, c’est tirer de l’argent d’une personne qui n’a pas beaucoup d’envie d’en donner. Emungere aliquem argento, diminuere alicui pecuniam. Il s’est laissé couper la bourse pour avoir la paix.

☞ COUPER signifie quelquefois tailler suivant les règles de l’art. Ce tailleur est adroit ; il sait bien couper un habit. Cet ouvrier entend bien à couper les pierres. Ce sculpteur coupe bien le bois. On dit aussi couper des souliers, des pantoufles, des bottes.

Ce mot vient du grec κόπτειν qui signifie la même chose, selon Nicod, après Budée. D’autres le dérivent du latin capulare, qui le trouve dans la basse latinité au même sens de couper. Voyez la Loi salique, Tit. 21 §. 2. la vie de S. Ursmare, c. 2. n. 3. Acta SS. April. T. II. p. 566. D. Vossius L. IV, de Vitiis serm. dérive capulare de capulus ; mais les Bollandistes à l’endroit cité p. 567. B. n’approuvent point cette étymologie, parce que capulus vient de capio, signification qui ne convient nullement à celle de capulare, qu’ils aiment mieux tirer de l’allemand Cappen, qui veut dire fendre en frappant d’une coignée, d’un couteau, d’une épée, &c.

Il signifie aussi, interrompre un ordre, une suite, un rang de personnes, ou de choses, en mettant quelqu’un ou quelque chose entre. Interrumpere, dividere. Les Pairs de France, dans leur Mémoire au feu Roi, disent : L’autre chef dont nous osons nous plaindre à V. M. c’est qu’il y a un Conseiller au bout de chaque banc des Princes du Sang & des Pairs, & qu’ainsi nous nous trouvons coupés par eux, qui ne sauroient opiner à la place où ils sont, & par conséquent ils ne sont pas à leur place. Et dans la Requête présentée à Louis XV ; lorsque les Pairs se sont trouvés en assez grand nombre aux séances des bas sièges, pour remplir les bancs qui forment le premier rang du parquet intérieur, ils (les Présidens) ont affecté de placer à l’extrémité de chaque banc un Conseiller, qui se trouvant au milieu des Pairs, qui sont à sa droite & à sa gauche, interrompt & coupe l’ordre de leur séance. Il arriveroit même que dans la suite, si le Royaume étoit assez heureux pour voir des Princes de votre Sang auguste en assez grand nombre pour occuper plus d’un banc, les Conseillers les couperoient, & par conséquent se placeroient au dessus de quelques-uns d’eux.

☞ COUPER chemin à quelqu’un, se mettre sur son chemin au devant de lui, pour l’empêcher de passer, & figurément, couper chemin à un mal, en arrêter le cours.

Couper quelqu’un, le devancer, prendre les devans. Son carrosse nous coupa. Prævertere, præverti. Couper par le plus court, par le plus court chemin, prendre le chemin le plus court. Coupez par ce sentier, vous arriverez plutôt.

☞ En termes de chasses, on dit qu’un chien coupe, quand il veut gagner la tête de la meute, anteire, ou quand il quitte la voie de la bête pour la devancer ; ce qui est un défaut.

☞ En termes de guerre, couper les ennemis, c’est se porter entre deux parties de leur armée, pour les empêcher de se rejoindre, ou entre leur armée & la place qu’ils couvrent, pour les empêcher d’y entrer. Dans le même sens couper la communication d’une ville, d’un quartier, se poster de manière qu’on ne puisse y envoyer du secours.

Couper les vivres, fermer les avenues pour empêcher qu’on ne porte des vivres, des munitions à une armée, à une ville assiégée. Commeatum hostibus, ou hostes commeatibus intercludere : au figuré couper les vivres à quelqu’un, lui retrancher les moyens de subsister.

Couper les eaux à une ville, couper les canaux qui y portent de l’eau.

Couper les sons, terme de Musique. Sonos abrumpere, c’est ne pas traîner ou alonger certains sons, & ne les continuer qu’autant de temps qu’il faut pour les faire entendre, en sorte qu’il y ait quelque silence entre chaque son. Cette manière de couper les sons fait souvent un bel effet dans les expressions de douleurs, pour exprimer des soupirs & des sanglots, dans les expressions d’étonnement & d’admiration, dans les cérémonies magiques & terribles. De Brossard.

En termes de monnoie on dit couper des lames en flans. Quand les lames, soit d’or, soit d’argent, soit de cuivre, sont à peu près de l’épaisseur des espèces à fabriquer, on en coupe des morceaux avec des instrumens de fer, en manière d’emporte-pièce appelés coupoirs. Ces morceaux sont de la grandeur, de l’epaisseur, de la rondeur, & à peu près du poids des espèces à fabriquer, & sont nommés flans jusqu’à ce que l’effigie du Roi y ait été empreinte. C’est là ce qui s’appelle couper les lames en flans.

En terme de jardinage, on dit couper en pié de biche ; pour dire, couper de biais. Oblique secare, incidere. Couper une branche à l’épaisseur d’un écu, c’est couper certaines branches qui défigurent l’arbre, observant néanmoins de laisser la partie du côté du vide qu’on veut remplir, plus élevée que l’autre ; & la sève par cette taille donne par l’œil qui reste une branche qui se porte où l’on veut qu’elle soit. Amputare ramum ad primum ocellum. Couper en moignon, truncare, c’est couper une branche raisonnablement grosse à trois ou quatre doigts de longueur. Couper en talus, c’est la même chose qu’en pié de biche. Oblique amputare. Couper carrément, c’est couper de sorte que la taille soit bien unie & bien égale, afin qu’il se forme tout autour trois ou quatre branches bien placées & bien disposées pour faire un buisson bien rond, bien ouvert, & également garni ; car cela se pratique à l’égard des buissons. Voyez la Quintinie & Liger au mot Couper.

Couper signifie encore entamer quelque chose, y faire quelque ouverture. Incidere. Cet homme s’est coupé au doigt. Cette pistole est douteuse, elle a été souvent coupée. Voilà un vent de Nord qui coupe commue un rasoir, c’est-à-dire, il entame, il fait fendre la peau. Le froid gerce, fait que la peau se coupe. Urere. Couper dans le vif, se dit d’un Chirurgien qui, en faisant son opération, coupe jusque dans la chair vive.

On le dit au figuré pour dire ; toucher à ce qui est le plus sensible.

Couper, terme d’escrime. On coupe sur la pointe & sous poignet, au lieu de dégager. Il est très-difficile de parer une botte coupée sous le poignet.

Couper sous le poignet, c’est dégager par dessous le poignet de l’ennemi, au lieu de dégager par dessous le talon de sa lame, & couper sur pointe, c’est porter une estocade à l’ennemi en dégageant par dessus la pointe de son épée.

On dit aussi, en termes de Manège, qu’un cheval se coupe, quand par l’un de ses fers il entame la peau d’un de ses boulets. Incidere. On dit aussi, couper le rond, ou couper la volte, quand un cheval change de main en travaillant sur les voltes.

Couper un cheval, c’est le châtrer. Castrare. On a été obligé de couper ce cheval, parce qu’il ruoit & mordoit. On le dit aussi de quelques autres animaux, & ce terme est plus honnête que ses synonimes.

Couper s’emploie aussi, en parlant de divers supplices par lesquels on mutile les corps des criminels. Amputare. En France on coupe la tête aux Gentils’hommes avec un coutelas. Præcidere cervices, resecare. En Angletterre on la leur coupe avec une doloire sur un billot. On coupe le poing aux parricides, aux meurtriers des Princes, de leurs parens, de leurs maîtres, & aux sacrilèges.

Couper la gorge signifie, tuer, massacrer. Jugulare. On coupa la gorge à tous les François au temps des Vêpres Siciliennes. Ce voleur a été roué pour avoir coupé la gorge à plusieurs passans. Se couper la gorge avec quelqu’un, se