Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/991-1000

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Fascicules du tome 2
pages 981 à 990

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 991 à 1000

pages 1001 à 1010


chose, personne ne peut en vendre, si ce n’est pour le Roi. Thevenot, Voyage du Lev. cité dans le Moreri.

COUROU-MŒLLI. s. m. Arbrisseau qui s’élève à la hauteur de quatre ou cinq piés, & qui croît aux environs de Baypin, & dans d’autres contrées sabloneuses, voisines de Cochin, dans les Indes Orientales. Son écorce & sa racine bouillies ensemble dans du lait de vache, passe pour un antidote contre la morsure des serpens. On fait avec l’écorce broyée dans de l’huile un liniment qu’on dit être bon pour la goutte. Son fruit est une baie noire, luisante, & succulente, acide, & très-délicieuse au goût. Ray, Hist. Plant.

COURRATIER. s. f. Ce mot se trouve dans plusieurs Coutumes, il veut dire médiateur, entremetteur. Sequester.

COURRE. Voyez Courir.

COURREAU. s. m. vieux mot qui a signifié une barre, une coulisse. Marot a dit dans ses Pseaumes :

D’avoir jusqu’aux courreaux rompu d’airain les portes.

COURRIER. Voyez Courier.

COURROI. s. m. se dit de l’apprêt ou façon que l’on donne au sable, dont les Fondeurs se servent pour jeter ou couler leurs légers ouvrages.

Courroi ou Corroi. En Picardie, particulièrement à Amiens, on appelle courroi, un certain rouleau ou espèce de métier, sur lequel on roule des étoffes de laine, lorsqu’elles viennent de la teinture, & qu’elles sont sèches. On nomme aussi Courroi, l’Ouvrier qui donne cette façon.

COURROIE. s. f. lanière de cuir, morceau qui est coupé en longueur, & avec peu de largeur. Corrigia. Les courroies d’un carrosse, d’une selle.

Ce mot vient de cuirroie, parce que la courroie étoit faite d’une role ou longue pièce de cuir. D’autres le dérivent du latin corrigia.

On dit en ce sens, faire du cuir d’autrui large courroie ; pour dire, être libéral de ce qui ne nous coûte rien. Ce proverbe vient d’une fable, où l’on feint que le renard étant Médecin du lion malade, lui ordonna de se ceindre les reins d’une ceinture tirée de la peau du loup ; après quoi il coupa au loup une longue & large courroie de sa peau, lequel en hurlant s’en plaignit en ces termes : que vous faites du cuir d’autrui large courroie. Le latin dit, de alieno corio ludere. On dit aussi, alonger ou étendre la courroie pour dire, étendre ses droits, ses fonctions, un peu plus que de raison, ajouter quelque chose de son crû à un conte, à une histoire, à une réponse qu’on rapporte.

COURROUCA. s. m. arbre de nos îles de l’Amérique. Les habitans de la Guadeloupe disent qu’un Gascon l’ayant trouvé si dur, qu’il émoussoit toute sa hache, la jeta au pié, en disant qu’il étoit courrouça, nom qui lui est demeuré depuis. C’est un arbre, gros, droit & fort haut, son écorce est noire : l’aubier en est rouge, & le cœur de l’arbre d’un violet si brun, qu’il semble quasi noir comme de l’ébène. Il y a au bout de ses branches comme des grappes composées de certaines gousses rondes, dans chacune desquelles est emboîté un fruit presque rond, moitié rouge & moitié noir, gros comme une balle de mousquet. Les Aras & les Perroquets sont forts friands de ce fruit quand il est vert. Quand il est sec il devient trop dur. P. Du Tert.

COURROUCER, v. a. mettre en courroux. Ad iracundiam aliquem provocare, aliquem irâ afficere, exasperare aliquem, stomachum alicui movere. Au temps du déluge les crimes des hommes avoient courroucé Dieu. Ce mot vieillit ; cependant, selon Vaugelas, l’on s’en peut encore servir quelquefois, & de bons Auteurs approuvent courroucer quelqu’un. Il est bien placé dans le style soûtenu. Il se dit aussi avec le pronom personnel, se courroucer contre quelqu’un. Alicui irasci, succensere. Dieu se courrouce contre les méchans. Voyez Courroux.

C’est contre le péché que son cœur se courrouce.
Et l’intérêt du Ciel est tout ce qui le pousse. Mol.

Mais courroucer est parfaitement beau dans le figuré. Il y a même quelque chose de grand & de noble, & signifie, être agité. La mer se courrouce. La mer étoit terriblement courroucée.

Courroucé, ée. Part.

COURROUX, ou COUROUX. s. m. Iracundia. C’est une agitation impatiente contre quelqu’un qui nous obstine, qui nous offense, ou qui nous manque dans l’occasion. Ce mot dit une passion qui dure moins que la colère, mais plus longtemps que l’emportement. Le courroux enferme dans son idée quelque chose qui tient de la supériorité & qui respire hautement la vengeance ou la punition. Il est aussi du style plus empoulé. M. L’Abbé Girard.

On n’emploie point courroux au pluriel. En le prononçant, on ne fait point sentir de double r. Souvent le courroux n’a d’autre mobile que la vanité qui exige simplement une satisfaction, & parce qu’il agit alors plus par jugement que par sentiment, il en est plus difficile à appaiser. M. L’Abbé Girard.

☞ Mr. Dacier condamne l’expression des deux vers suivans comme étant trop enflée & trop peu naturelle.

Ce sang qui tout versé fume encore de courroux
De se voir répandu pour d’autres que pour vous. Corn.

Scuderi, dit M. de Voltaire, ne reprit point ces hyperboles poëtiques, qui n’étant point dans la nature, affoiblissent le pathétique de ce discours. C’est le poëte qui dit que ce sang fume de courroux ; ce n’est pas assûrement Chimène ; on ne parle pas ainsi d’un père mourant. Scuderi beaucoup plus accoutumé que Corneille à ces figures outrées & puériles, ne remarqua pas même en autrui, tout éclairé qu’il étoit par l’envie, une faute qu’il ne sentoit pas dans lui-même.

☞ Le mot courroux se dit aussi de quelques animaux nobles & féroces. Le courroux du Lion, du Taureau, &c.

Courroux se dit figurément des choses inanimées : comme le courroux de la mer, des vents, de l’orage. Iratum mare, ira maris. ☞ On dit poëtiquement le courroux de Neptune, le courroux du ciel. Ce monstre que l’enfer en courroux a vomi.

César qui se répond & des Dieux, & du sort,
De la vague en courroux rédoute peu l’effort. Breb.

COURROY. Voyez Corroi.

COURROYER ou CORROYER, v. ad. se dît dans les Manufactures de lainage de Picardie ; particulièrement à Amiens, d’une façon que l’ouvrier, nommé Courroi, donne aux étoffes au retour de la teinture, & lorsqu’elles sont sèches. Voyez Corroyer.

COURROYEUR. Voyez Corroyeur.

☞ COURS. s. m. Cursus. Terme relatif au mouvement. Espace que parcourt un corps par un mouvement progressif. On le dit premièrement des mouvemens réels ou apparens des corps célestes.

Le cours du Soleil & des Astres est certain & périodique. Le Soleil fait son cours dans l’Ecliptique en 365 Jours, six heures, quelques minutes moins. L’Astronomie est la science qui enseigne à connoître le cours des corps célestes.

Ces voûtes claires & solides,
Ces beaux Cieux au front azuré,
Qui sont dans leur cours mesuré,
Et si légers & si rapides,
D’une puissante voix annoncent le pouvoir
Du Seigneur qui les fait mouvoir. Godeau.

Cours se dit aussi d’un long voyage sur mer, en des pays éloignés. Ainsi les voyages des Indes sont appelés des voyages de long cours. Longa navigatio, longa navigationis cursus. Ces vaisseaux sont armés en cours, pour courir sur les ennemis. Excursio.

Cours signifie aussi le sillage, la route du vaisseau. Iter, via, cursus. Ces deux bâtimens ont fait le même cours, ont suivi la même route ; il ne leur est rien arrivé qui ait arrêté leur cours, qui ait empêché leur navigation. Faire le cours, c’est aller en mer avec des vaisseaux armés en guerre pour courir sur les ennemis, ou sur les corsaires. Les Malouins s’entendent bien à faire le cours, ont toujours des vaisseaux en cours. Faire le cours, c’est mettre en mer des vaisseaux armés en guerre, pour combattre les Corsaires.

Cours est aussi un lieu agréable où est le rendez-vous du beau monde pour se promener à certaines heures ; & se dit tant du lieu, que de l’assemblée qui s’y trouve. Ambulatio, ambulacrum. Le cours de la Reine à Paris est un lieu planté de plusieurs rangs d’arbres sur le bord de la Seine, sous la régence de la Reine Marie de Médicis. Le cours du Mardi-gras se tient aux Fauxbourg Saint Antoine. Le cours de Venise est sur l’eau, & en gondoles.

Cours se dit particulièrement, de la pente ou du mouvement naturel des corps fluides. Profluens cursus, fluxus, lapsus. On a changé le cours de cette rivière, on a détourne son cours, on a fait abattre toutes les constructions qui arrêtoient le cours de l’eau. Le cours de la Saone est si lent, qu’on a peine à s’en appercevoir. Ceux que le cours d’une rivière desennuie, ne s’ennuyoient guère apparemment. Mr. Esp.

Cours se dit encore de la route que prennent les humeurs renfermées dans le corps des animaux. Fluxus. Les humeurs détournées de leurs cours ordinaires causent les rhumatismes. Il faut que le mal ait son cours, il faut lui laisser prendre son cours par-là ; pour dire, qu’il faut laisser décharger la nature. La moindre sérosité peut empêcher les esprits animaux de couler ; la moindre altération en peut retarder ou précipiter le cours. Val.

Cours de ventre, flux de ventre, devoiement, termes synonimes.

Cours se dit encore de la durée ou du progrès des choses. Vitæ spatium, cursus. Le cours de la vie des Patriarches fut limité à 120 ans après le Déluge. Le cours des années fait périr les plus beaux ouvrages. La mort interrompit le cours des victoires d’Alexandre. Auguste fut fort paisible durant le cours de son règne. Par un enchaînement de causes inconnues, mais déterminées de tout temps, chaque chose marche en son rang, & acheve le cours de sa destinée. Vaug.

Que le cours de ses ans dure autant que le cours
de la Seine & de la Loire. S. Evr.

Cours se dit aussi quelquefois de l’étendue des choses, en longueur seulement sans avoir égard à la hauteur. Longitudo. Cette tapisserie a 25 aunes de cours. La rivière de Saint Laurent a 800 lieues de cours depuis sa source jusqu’à son embouchure.

Cours se dit figurément, de la suite & du train que prennent les affaires ; & du progrès des opinions. Cursus. Il faut voir quel cours prendra ce procès. Ce dessein doit réussir suivant le cours ordinaire du monde. Le Prince, quand il s’agit de multiplier, ou de hâter ses bienfaits, veut que rien n’en trouble & n’en interrompe le cours. Tour.

De combien de soupirs interrompant le cours,
Ai-je évité vos yeux que je cherchois toujours ? Rac.

De nos desirs errans rien n’arrête le cours,
Ce qui plaît aujourd’hui, déplaît en peu de jours. S. Evr.

Pleurons & gémissons, mes fidèles compagnes,
A nos sanglots donnons un libre cours. Rac.

Sa flamme à tout moment peut prendre un autre cours. Corn.

Le même a dit de la Justice :

Son cours lent & douteux fait trop perdre de larmes.

Il faut arrêter le cours de cette hérésie, de cette sédition ; pour dire, empêcher que le mal ne croisse davantage. Ire obviam, occurrere malo, hæresi, seditioni. On dit, couper cours à quelque chose ; pour dire, y mettre fin ou la trancher, l’expédier.

On appelle le cours du marché, le prix commun que valent les choses en un certain jour du marché. Commune mercis alicujus pretium.

Cours se dit aussi du débit, quod habet, invenit, emtorem, quod facile venditur, ou du cas que l’on fait des choses qui sont en vogue. Pretium. De ce qui est à la mode & dans l’usage commun. Quod in usu est. Les Ballades, les Rondeaux n’ont plus de cours comme autrefois. Les chansonnettes, les historiettes, est ce qui a le plus de cours. Ces monnoies décriées n’ont plus de cours. On a beau décrier les dentelles d’or & d’argent, le luxe des femmes leur donnera toujours du cours. Ce livre a un grand cours.

On le dit à peu-près dans le même sens du crédit ou discrédit que les billets d’un marchand, d’un banquier, &c. ont dans le commerce, & de la faveur que prennent ou perdent les différens effets introduits dans le commerce.

Cours se dit aussi du recueil, de la compilation des Loix & des Canons. Collectio. Le Cours Civil est le recueil des Loix Romaines, compilé par l’ordre de Justinien. Corpus Civile. Le Cours Canonique est le recueil du Droit Canon qui a été compilé par Gratien, &c. Corpus Canonicum.

Cours se dit aussi du temps qu’on emploie à apprendre les principes d’une science. Cursus, curriculum. On dit qu’un écolier a fait son cours en Humanités, en Philosophie, dans les Ecoles. Un cours de Philosophie consiste en Logique, Physique, Métaphysique & Morale. Un cours de Théologie, de Médecine. On étudie un cours de Théologie, de même qu’un système de philosophie, pour s’exercer à la dispute. S. Evr.

On appelle aussi cours, les livres imprimés qu’on fait sur principes généraux des sciences, & ce qui est le plus nécessaire d’en savoir. Cursus. Ainsi on appelle le cours de Chimie, le cours de Mathématique du P. Deschales, d’Hérigone, &c.

☞ On le dit non seulement des élémens & des principes d’une science rédigés par écrit, mais encore de ces mêmes principes démontrés en public par des expériences. Faire un cours de Chimie chez M. Rouelle ; sans doute parce qu’on y parcourt tout ce qui appartient à l’objet qu’on y traite.

COURS ECCLÉSIASTIQUE. C’est le nom qu’on donnoit autrefois à l’Office Divin que l’on nomme aujourd’hui Heures Canoniales, ou Bréviaire. Cursus Ecclesiasticus. Voyez les Conférences Ecclésiastiques de Luçon, Tom. XII.

Cours en Architecture. On appelle cours d’assise, un rang continu de pierres de niveau, & de même hauteur dans toute la longueur d’une façade, sans être interrompu par aucune ouverture. Continuata lapidum ad libellam structura. Cours de plinthe, la continuité d’une plinthe de pierre ou de plâtre, dans les murs de face, pour marquer la séparation des étages. Continuata plinthi structura. Cours de pannes, une suite de plusieurs pannes bout-à-bout dans le long pan d’un comble. Tympanorum ordo continuatus.

Cours, terme de Coutume. Le cours en Bresse est une rente d’œufs, de poulets, de chapons, de beurre, de fromage, &c. qui est dûe au maître par le granger à proportion de ce qu’il nourrit de poules, de vaches, &c. Cette rente s’appelle cours, parce qu’elle est assignée sur les choses qui viennent de la basse-cour.

Cours de chardon, terme en usage dans les Manufactures de lainage. Il signifie la même chose que Voie de chardon.

COURSE. s. f. mouvement d’un homme ou d’un animal, par lequel il précipite ses pas : espace de chemin qu’on parcourt en se transportant avec vîtesse en quelque lieu. Cursus. Les daims sont fort légers à la course. On fait par exercice & par divertissement des courses de bague, de faquin, de la quintaine. Equestris decursio ac trajicendum annulum, ad, &c. Les joûtes & les tournois sont des espèces de courses. Les courses de tête sont nouvelles en ce Royaume, mais elles sont d’un usage plus ancien en Allemagne, pour s’exercer à courre des têtes de Turcs & de Maures, & recourre les têtes de leurs soldats que les Turcs ont coutume d’enlever.

Sous les yeux d’un Centaure habile,
De sa valeur le jeune Achille,
Fit éclater les premiers traits.
Il prenoit les Cerfs à la course !
Il domptoit la Lionne & l’Ourse
Avant qu’il secourût les Grecs.

Nouv. ch. de vers.

Course publique, c’étoit chez les Romains ce que nous appelons voiture publique. Cursus publicus, vectura publica. Constantin fournit libéralement aux Evêques les voitures, soit de chevaux, soit pour la commodité de ceux qui voyageoient par ordre du Prince. Fleury, L. II.

Course se dit aussi du mouvement des fleuves & des rivières, & du chemin qu’ils parcourent pour transporter leurs eaux d’un lieu à un autre. Cursus, lapsus.

Comme d’une course fidelle
Les fleuves par divers canaux,
Apportent à la mer le tribut de leurs eaux,
Et sans y rien changer se confondent en elle ;
Ainsi ...... L’ab. Tetu.

Course se dit aussi du mouvement réel ou apparent du Soleil & des Astres. Cursus. Quand le Soleil est sur les bords de l’horison, on dit qu’il va finir sa course ; pour dire, que le jour va finir. La course si régulière des Astres prouve qu’il y a un premier moteur. Le Vassor.

Depuis que du Soleil la course mesurée,
Se finit tous les ans, sans finir sa durée. Breb.

Les Poëtes disent aussi la course vagabonde d’un ruisseau.

Le Tibre écumeux & bruyant,
De sa course fougueuse étonne son rivage.

On le dit figurément du cours de la vie, & de plusieurs autres choses ; & alors il signifie, durée, progrès, route. Cursus, spatium. Il a heureusement terminé sa course par une mort glorieuse. Rien ne peut arrêter le temps dans sa course précipitée. Quelle apparence que Dieu ait voulu se cacher à cette suite d’excellens hommes, qu’on nomme Saints, dont la course s’est passée à méditer sa parole jour & nuit ? Peliss.

La course de vos jours est plus qu’à demi-faite. Racine.

Je prévois trois ou quatre inconvéniens & puissantes barrières qui s’opposeront à votre course. Pasc.

Mais qui peut dans sa course arrêter ce torrent ?
Achille va combattre, & triomphe en courant. Racine.

Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux,
Trop resserré par l’art sort des règles prescrites. Boil.

Course se dit aussi des voyages, & de ce qu’on donne pour récompense, pour les frais de voyage. Ce navire qui a été au Levant a été deux ans à faire sa course. Navigatio. Ce Marchand a fait plusieurs courses en toutes sortes de pays, il a été mal payé de toutes ses courses. Peregrinatio. On taxe 500 écus pour la course d’un Courier extraordinaire de Paris à Rome.

COURSE. Vaisseau armé en course ; c’est un vaisseau armé par des particuliers pour courir sur les ennemis de l’Etat, pour interrompre leur commerce & leur navigation.

☞ COURSE se dit aussi du temps qu’un vaisseau met à aller d’un lieu à un autre, sur-tout dans les voyages de long cours.

Course signifie aussi, incursion, invasion subite, acte d’hostilité. Les Tartares ont fait quelquefois des courses jusqu’en Moravie. Les galères de Malte sont en course, vont faire des courses jusqu’aux Dardanelles.

En termes de Serrurerie, on dit, donner course à un pêne ; pour dire, le faire sortir & avancer.

Course, faire une course, terme en usage chez les brodeurs. C’est aller travailler chez les maîtres, pour faire voir qu’on est capable d’être reçu à la maîtrise.

Course, tirer à la course, terme d’Emailleur. C’est tirer l’émail en longs filets après qu’on l’a puisé liquide dans la cuiller, où il est en fusion avec le crystallin.

Course ambitieuse. En matière bénéficiale, on appelle ainsi la rétention des dates faite en Cour de Rome, avant la mort du titulaire du bénéfice. Ces sortes de courses sont défendues par les Canons ; & celui qui retient des dates prématurément, devient indigne du bénéfice.

COURSIE ou Coursier. s. m. terme de Marine. Forus. Partage qui est entre les bans des forçats sur une galère depuis la poupe, où se met le Comite pour les faire ramer. Toute la Chiourme se rangea sur la coursie de la galère. Du Loir, p. 290.

COURSIER. s. m. terme de Marine, est un gros canon d’une galère qui tire par-dessus l’éperon, il est ordinairement de fonte verte. Tormentum majus. C’est aussi une place à l’avant, & à l’arrière du vaisseau où l’on met le canon en baterie. Le coursier est encore une espèce de rue dans la galère, large d’un pié & demi, sur laquelle on va d’un bout à l’autre. La même chose que coursie.

Coursier, terme de manège, grand cheval propre pour la course & les combats. Equus bellator. Les bons coursiers viennent de Naples. On ne se sert guère de ce mot que dans le style élevé, ou dans la Poësie. Ce jeune Héros ne prenoit plaisir qu’à dompter un coursier, & à le couvrir de sang & de poussière dans les combats. S. Evr.

Son coursier écumant sous un maître intrépide,
Marche tout orgueilleux de la main qui le guide. Boil.

Instruit dans l’art par Neptune inventé,
Rendre docile au frein un coursier indompté. Racine.

Aussitôt Phaéton prend les rènes en main ;
Les coursiers du Soleil à sa voix sont dociles. Boil.

COURSIÈRE. s. f. terme de Marine, qui se dit d’un pont-levis, & couvert depuis le gaillard jusqu’au château de proue, servant pendant le combat pour la prompte communication d’une partie du vaisseau à l’autre. Forus. On l’appelle le pont de coursière.

COURSON. s. m. terme d’Agriculture, c’est la branche de vigne taillée & racourcie à trois ou quatre yeux. Pollex, custos, resex, palmes præsidiarius. Ainsi on dit : il est sorti trois ou quatre belles branches du courson de l’année. Le courson de l’année a donné de fort belles branches. Les règles de la taille des vignes demandent qu’on laisse toujours un courson pour renouveller le sep, au cas qu’il vienne à manquer ; & ce courson se laisse toujours au pié du sept. Liger.

Courson se dit aussi des arbres, quand la branche de l’année précédente en ayant poussé trois ou quatre fort belles, on est obligé de n’en conserver qu’une d’une grandeur raisonnable, c’est-à-dire, de cinq ou six pouces. La Quint. Il se fait immanquablement aux moignons & aux coursons, une décharge de sève, qui produit des branches favorables, &c. Idem. ☞ C’est pourquoi on conserve quelquefois des coursons pour remplir un vide, ou pour faire sortir quelques branches bien placées.

☞ COURT, COURTE. adj. Brevis. Terme relatif à la quantité de l’espace & du temps. Il signifie qui a peu d’étendue ou peu de durée. Il est opposé à long. On alonge ce qui est court. M. l’Abbé Girard. Habit court. Cheveux courts. La perdrix a la chair très-courte. Cerises à courte queue. Il a le cou très-court.

☞ Ce mot vient du grec κύρτος Nicod. Ménage le dérive du latin Curtus.

☞ On dit d’une personne qu’elle est courte, lorsqu’elle a la taille petite & entassée. Il est gros & court, &c. Acad. Fr.

☞ On dit qu’un homme a la vue courte ; pour dire, qu’il ne voit pas de loin.

☞ En termes de chasse, on dit longue levrette, & court levrier.

☞ On dit aussi dans le sens figuré, vous avez les bras trop courts pour atteindre là. On dit aussi, c’est là le plus court pour vous, c’est là votre plus court. Le chemin le plus court, ou simplement le plus court, pour signifier le moyen de terminer plus promptement quelque chose.

☞ On dit aussi être court, se trouver court d’argent ou de quelque chose que ce soit ; pour dire, n’avoir pas assez d’argent, ou de quelque chose que ce soit. Il vouloit acheter cette terre, mais il s’est trouvé court d’argent.

Court se dit encore figurément en parlant des choses spirituelles. Parum perspicax, hebetior, obtusus. Cet homme a l’intelligence courte, des vues courtes. Il a eu la mémoire courte, il est demeuré au milieu de son sermon. Fallax, hebes. La prévoyance, la prudence humaine est trop courte. Minus sagax, minus perspicax.

Court signifie aussi qui a peu de durée : cette fausse nouvelle a donné une courte joie. Cet homme a la courte haleine. On appelle les jours d’hiver, les jours courts. Harangue courte & bonne. Vie courte & bonne, &c. Acad. Fr.

☞ On dit proverbialement courte prière pénètre les Cieux.

Court est un nom que les Anatomistes donnent à cinq ou six muscles du corps humain. Le 4e muscle du bras est appelé le court, parce qu’il est plus court que le 3e. Il prend son origine de la partie postérieure & supérieure de l’humérus, & va s’insérer à l’olécrane comme le précédent. Dionis. Le 3e des extenseurs du carpe s’appelle aussi le court, parce qu’il est plus court que le second, qu’on nomme le long. Il prend son origine de la partie la plus basse de l’humérus, & étant couché le long du rayon, va passer sous le ligament annulaire, & se terminer à l’os du carpe qui soûtient le doigt du milieu. Quelques-uns ne le distinguent pas du second, & les appellent bicornis, ou radiale externe. Ceux qui les distinguent, se fondent sur ce qu’ils ont deux origines & deux insertions, & que leurs corps se peuvent séparer. Le court est encore le troisième des muscles extenseurs du pouce, ainsi appelé par opposition au second, qui est & que l’on nomme le long. Ils ont tous deux la même origine, qui est la partie supérieure & externe de l’os du coude. De-là celui-ci passant sous le ligament annulaire, va s’insérer au troisième os du pouce, qu’il sert à étendre. Le second des muscles supinateurs du rayon est un autre muscle appelé court, pour le distinguer du premier, nommé le long. Il a son origine à la partie inférieure du condyle inférieur & externe de l’humérus, & tournant autour du rayon, va de derrière en devant s’insérer en sa partie supérieure & antérieure. Ce muscle avec le long fait tourner la main, en sorte que la paume regarde en haut. Le 6e & le 7e des muscles péroniers de la jambe s’appellent aussi le long & le court. Celui-ci prend son origine à la partie inférieure du péroné, & va s’insérer à l’os du métatarse, qui soûtient le petit doigt. Ces muscles tirent le pié en arrière.

Court. adv. d’une manière abrégée & courte. Breviter. Cet Avocat a coupé trop court en cet endroit de son plaidoyer.

☞ Pour faire court, pour couper court, expression familière ; pour dire, la chose en peu de mots, en passant sous silence bien des choses qu’on pourroit dire ; ut multa præteream, ut paucis absolvam.

Il soupe, il crève, on y court.
On lui donne maints clysteres.
On lui dit, pour faire court :
Qu’il mette ordre à ses affaires.

La Fontaine.

Pour faire court, la grenouille trop fière,
Voulant s’enfler, éclate comme un verre.

Chev. de s. Gilles.

Quand on lui a fait cette objection, il est demeuré court, il n’a sçu que répondre. Celui qui ne va au bien que pour la réputation, s’arrête tout court dès qu’il n’a plus de témoins. S. Evr. Prendre un Marchand de court, c’est lui demander le paiement d’une lettre de change, d’une obligation, d’une dette, lorsqu’il a peu ou point de fonds dans sa caisse. Ce Marchand a fait banqueroute, parce qu’on l’a pris de court, que ses créanciers l’ont trop pressé. Repentè, subitò. Il faut tenir les femmes de court, veiller sur leurs actions, leur donner peu de liberté. Il avoit été tenu de court par son père. On dit dans le même sens, tenir la bride courte à quelqu’un. Arctiùs atque severiùs aliquem habere, coercere. Les chevaux neufs se doivent tenir de court. Un cocher qui tourne court, est en danger de verser. In vestigio ipso, in loco angustiore. Les Orientaux chevauchent court ; pour dire, n’alongent pas leurs étriers tant que nous. On dit aussi, couper court à quelqu’un ; pour dire, l’interrompre & ne le vouloir pas écouter long-temps. Loquentem aliquem occupare, interpellare. On dit aussi : je reviens tout court ; pour dire, je ne m’arrêterai point au lieu où je vais. Il tourna court sur l’Infanterie. Ablanc. Statim, repente. Quand nous disons en France, le Roi, tout court, nous entendons parler du Roi qui regne. Vaug. Nouv. Rem. On dit aussi, Monsieur, tout court, sans ajoûter de nom ni de qualité, comme quand on parle du Frère du Roi, ou du Maître de la maison. Nullo adjecto vocabulo.

Court se dit proverbialement en ces phrases. Les plus courtes folies sont les meilleures ; pour dire, que c’est une sagesse de se retirer d’une mauvaise affaire où l’on s’est engagé. On dit aussi : savoir le court & le long d’une affaire ; pour dire, en avoir découvert toutes les particularités. On dit aussi d’un homme qui est peu dévot, qu’il fait courte Messe & long dîner. On dit aussi d’un homme qui n’a pas assez de force pour achever une affaire, une entreprise, que son épée est courte pour y atteindre ; qu’il a les bras trop courts, qu’il s’est trouvé trop court d’un point. On dit aussi d’un homme a donné à ses plaisirs, qu’il veut mener bonne vie & courte. On dit aussi, tirer au court-bâton, tirer à la courte-paille. Voyez plus bas ce que c’est. On dit d’un homme qui n’a pas réussi en quelque négociation, qu’il s’en est retourné avec sa courte honte. On dit aussi qu’un homme a été pendu haut & court ; pour dire, que son procès lui a été bientôt fait, qu’on l’a pendu au premier arbre, ainsi qu’on fait à l’armée. On dit encore, à vaillant homme courte épée. On dit d’un homme adroit & industrieux, que l’herbe sera bien courte, s’il ne trouve à brouter ; pour dire, qu’il trouvera à vivre partout.

COURTAGE. s. m. profession de celui qui s’entremet de faire vendre, acheter, échanger des marchandises, ou de faire prêter de l’argent. Ars proxenetica. Voyez Courtier.

Ce mot vient de courre ou courir, parce que le courtage se fait par plusieurs allées & venues.

Courtage signifie aussi le droit, le salaire qu’on donne à ceux qui exercent le courtage. Jus proxenetorum, ou proxeneticum. Les Marchands donnent un quart pour cent à ceux qui leur négotient leurs lettres sur la place.

Courtage, droit d’aides qui se paye aux Officiers Jaujeurs & Courtiers à chaque fois que le vin est vendu, ou qu’il change de main.

COURTAGE de Bourdeaux, droit qui se perçoit par mer sur toutes sortes de marchandises. La recette du droit de courtage appartenoit originairement à la ville de Bourdeaux, qui vendit ce droit à quarante particuliers qui élisoient entr’eux un Receveur pour en faire la perception. Mais en 1680, Louis XIV fit la réunion de ce droit au Bureau de Convoi & Comptablie de Bourdeaux ; & pour dédommager les particuliers qui en jouissoient, il leur accorda des provisions de Courtiers Royaux, & en rendit les offices héréditaires. C’est pour cette raison qu’en supprimant les charges des Agens de change & Courtiers dans tout le Royaume, on en excepta celles de la ville de Bourdeaux. Edit de 1705.

COURTAUD, AUDE. adj. & s. m. ce qui est court & racourci. Celui ou celle qui est d’une taille courte, grosse & entassée : il est du style familier. Gros courtaud, grosse courtaude.

En termes de Manège, on appelle courtaud un cheval de moyenne taille à qui on a coupé la queue & les oreilles. Equus caudâ auribusque mutilus. Il étoit monté sur un courtaud. On appelle aussi chien courtaud, celui à qui on a coupé la queue.

On appelle proverbialement courtaud de boutique, un garçon marchand, un artisan, un homme du peuple qui travaille en boutique : ce qui vient de ce qu’autrefois tous les gens considérables de la ville portoient des habits longs ; il n’y avoit que le peuple & les artisans qui fussent habillés d’une robe qui ne descendoit point plus bas que le genou : & on les appeloit ainsi, à cause que leurs habits étoient courtauds. Tabernarius administer.

O Paris ! ô ville superbe !
O qu’il m’est doux de te quitter !
J’aime bien mieux marcher sur l’herbe,
Que sur ton pavé me crotter.
Lorsqu’un vilain courtaud me pousse
Et me jette vers le ruisseau ;
Ou qu’un carrosse m’éclabousse,
Chargeant de mouches mon manteau. P. du Cerc.

On dit aussi qu’on a étrillé quelqu’un en chien courtaud, qu’on l’a frotté en chien courtaud, pour dire qu’il a été battu outrageusement.

Coquillard dans le monologue des perruques dit :

Paveurs & revendeurs de pommes,
Ont longues robes de cinq aunes,
Aussi-bien que les Gentilshommes.

Ce qui confirme l’étimologie du mot courtaud rapporté ci-dessus. Quelques-uns écrivent courtaut, mais on ne dit point courtaute au féminin.

Courtaud est aussi un instrument de Musique, & une espèce de fagot ou basson racourci, qui sert de basse aux musettes. C’est un gros morceau de bois cylindrique, dont quelques-uns sont de grands bourdons de Pèlerins. Il est percé de tout son long par deux trous qui se communiquent, par lesquels le vent descend d’abord, & puis remonte, à cause qu’il est bouché par en bas.

COURTAUDER, v. a. couper la queue. Il n’est en usage qu’en parlant des chevaux, & on dit, faire courtauder son cheval.

Courtaudé ée, part.

COURT-BÂTON. Ce mot ne se dit qu’en cette phrase, tirer au court-bâton, qui veut dire, disputer avec chaleur quelque chose à quelqu’un. Litigare, contendere cum aliquo, on peut ajouter acriter, ou quelque mot semblable.

COURT-BOUILLON. s. m. manière de faire cuire certains poissons, comme les carpes, les saumons, les brochets : ce qui se fait avec du vin, du laurier, du romarin, du sel & des épices ; après quoi on les sert à sec dans une serviette, ou on les mange à la sauce à l’huile, au vinaigre & au sel. Modus coquendi piscos in vino cum aromatis.

On appelle demi-court-bouillon la même manière de les apprêter, mais on les sert avec un peu de la sauce où ils ont été cuits.

Ces bonnes filles si vantées,
Qui d’un pareil espoir flattées,
Mirent leur père au court-bouillon,
Pour lui rendre son vermillon,
Se trouvèrent bien attrapées. P. du Cerc.

COURT-BOUTON. s. m. cheville de bois à demi-équerre, qui sert à lier les bœufs avec un omblet ou anneau de bois tortillé au bout du timon.

☞ COURTE-BOTTE. s. m. terme populaire & de mépris ; pour dire, petit homme. Brevioris staturæ homo, homunculus. On se moque du courte-botte, la queue lui pend au petit courte-botte, Caudam trahit homuncio. On attachoit une queue par-derrière à ceux dont on vouloit se moquer.

COURTE-BOULE. s. f. C’est ainsi qu’on appelle un jeu de boule, dans lequel il faut pousser la boule avec un peu de force & beaucoup d’adresse, parce que l’espace en est fort court & fort limité. Globulorum ludus angusto spatio circumscriptus. Jouer à la courte-boule.

COURTE-HALEINE, s. m. maladie qu’on nomme autrement l’asthme. Avoir la courte-haleine, c’est à-dire, être asthmatique. Voyez Asthme.

☞ COURTELIN, ville de France dans la Beauce, à trois lieues de Châteaudun.

COURTEMENT. adv. brièvement, en peu de mots. Termosiris racontoit si bien les choses passées, qu’on croyoit les voir mais il les racontoit courtement, & jamais ses histoires ne m’ont lassé. Télémaque. Ce mot n’est point ailleurs.

COURTENAY, petite ville de France dans le Gâtinois, qui a donné son nom à l’illustre Maison de Courtenay, de laquelle sont issus trois Empereurs de Constantinople, & qui descendoit de Pierre I. du nom, fils de Louis le gros Roi de France, & d’Adélaïde de Savoie. Curtiniacum, Corteniacum, Curtinacum, Curtinetum.

COURTE-PAILLE. s. f. jeu qui consiste à choisir autant de brins de paille que l’on est de joueurs. Ces brins de paille qu’on tient cachés dans la main, en sorte que l’on n’en laisse voir que l’un des bouts, sont de différentes longueurs. Ludus quo paleæ aliæ aliis longiores ac breviores sorte ducuntur. Celui qui tire la plus courte gagne ou perd, selon que l’on est convenu. Tirons à la courte-paille à qui payera le souper.

COURTE-PAUME. s. f. C’est un jeu de paume dans lequel il ne faut pas employer beaucoup de force pour pousser la balle jusqu’au bout de l’espace où l’on joue. Ludus pilæ angusto in spatio conclusus. Tout consiste en adresse, soit pour relever la balle, soit pour la renvoyer. Il y a pourtant de certaines occasions où l’on pousse la balle de toutes ses forces, mais c’est ou pour lui faire faire plusieurs bricoles contre les murailles, ou pour la faire revenir par réflexion jusques vers la corde. On l’appelle courte-paume, pour la distinguer de la longue paume où l’on joue dans un espace plus étendu & découvert. Voyez Paume.

COURTE-POINTE ou CONTRE-POINTE, s. m. C’est une couverture de lit faite d’une étoffe double, qui est piquée point contre point : on garnit l’entre-deux des étoffes de cotton, de ouatte, ou d’autre chose semblable pour l’hiver. Celles d’été sont plus légères. Stragulum acu punctum.

Ce mot vient de contrepointe ; du latin contrà & punctum, parce qu’autrefois ces couvertures étoient piquées. On appelle encore ceux qui les font Contrepointiers. Du Cange. D’autres disent qu’il vient de culcitra puncta, qui signifie une couverture piquée ; en changeant l en r, comme il arrive souvent. C’est le sentiment des Bollandistes. Acta SS. Maii, T. VII, p. 817, où ils n’approuvent point l’étymologie de du Cange.

M. de Valois étoit du sentiment des Bollandistes ; mais il raisonne un peu différemment. Culcita, dit-il, signifioit proprement un lit de plume, & non pas une couverture ; néanmoins il n’a pas laissé de se prendre pour couverture piquée, à cause qu’on les remplit de laine ou de coton, à peu près comme les matelas. Voyez le Valesiana, p. 98 ; mais quoi qu’il en soit de l’origine de ce mot, l’usage est de dire courtepointe.

☞ COURTEZON, petite ville de France, en Provence, dans la principauté d’Orange, à deux lieues d’Orange.

COURTI. s. m. terme de Blason. Ce terme est vieux. Il signifioit autrefois la tête d’un More lorsqu’elle avoit un collier d’argent.

COURTIBAULT. s. m. est un vieux mot qui signifioit autrefois une tunique ou chasuble courte que portent les Diacres & les Sous-Diacres en officiant : on l’appelle encore de ce nom en Berri ; & il se trouve dans Rabelais & autres Auteurs. Dalmatica.

Ce mot, selon Nicod, vient de curta tibena, parce que ce fut un Tebenus d’Arcadie qui en fut l’inventeur. Ménage le dérive de curtum tibiale ; & M. Huer de curtus balteus.

COURTIBAUT. s. m. terme bas & populaire. Le peuple donne ce nom aux gens qui sont trapus & de petite taille.

COURTIER, IÈRE. s. m. & f. On disoit autrefois Couratier, qui s’entremet pour faire faire des ventes, des prêts d’argent. Proxeneta, proxenetrix. Il y a des Courtiers établis en titre d’office, pour négocier les prêts qui se font sur la place du Change, qu’on nomme Agens, procuratores. Voyez Agents.

Les Courtiers de chevaux de la marchandise par eau, sont des Officiers de ville établis pour la navigation, qui ont soin de visiter les chevaux pour le montage des coches & des bateaux, de biller les cordes, & d’obliger les Voituriers à réparer ou dépecer les bateaux qui ne seront pas en état de faire voyage. Il y a d’autres Courtiers de chevaux qui se mêlent de faire vendre des chevaux.

Les Courtiers de sel sont des Officiers des Gabelles qui assistent au grenier, & fournissent les minots aux Mesureurs, & les toiles & bannes pour mettre sous les minots.

Les Courtiers de lards & de graisses, sont des Officiers de ville établis pour décharger, empiler, & visiter les marchandises dans les places où elles se vendent, & qui sont responsables envers l’acheteur de la bonté de la marchandise, & envers le vendeur du paiement du prix. On les appelle dans le nouveau Traité de Police Courtiers ou Visiteurs des chairs, lards & graisses de porcs.

Les Jurés Courtiers de vins sur les ports, sont des Officiers de ville, dont la charge est de goûter les vins, pour connoître s’ils ne sont point chargés d’eau ou d’autres mauvais remplages. Ils doivent avertir l’acheteur si le vaisseau ne contient pas la juste moison suivant la marque apposée par le Jaugeur.

Chaque Corps de Marchands a ses Courtiers, qui sont nommés par ses Maîtres & Gardes. Il y en a aussi chez les Manufacturiers.

Ce mot vient de Corraterius, qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification. On les a appelés aussi Curritores & Cursores.

On appelle par raillerie, Courtier ou Courtière de mariage, ceux qui se mêlent de faire des mariages.

COURTIES ou COURTIL, terme de Cordier, champ propre à mettre du chanvre.

COURTIGE. s. m. terme en usage à Marseille & dans le Levant, pour signifier ce qui manque sur la longueur que doivent avoir les étoffes.

COURTIL. s. m. petit cour ou jardin de campagne qui n’est point fermé de murs ; mais seulement de haies, de fagotage, ou de fossés. Chors, cohors. On le dit aussi des basses cours où l’on fait le ménage de la campagne. On le dit aussi en quelques lieux des jardins.

☞ Ce mot est vieux, & n’est plus en usage que dans quelques Provinces parmi les gens de la campagne.

Ce mot vient de cortile, latin diminutif de cortis. Ménage.

COURTILLE. s. f. la même chose que courtil, un jardin, un enclos. Chors, hortus. C’est un vieux mot qui se trouve dans les anciens titres, & que quelques lieux, qui ont depuis été bâtis, retiennent encore. Il y avoit autrefois proche Paris les Courtilles de S. Martin, les Courtilles du Temple. Ces Courtilles étoient des jardins champêtres, comme sont nos marais d’aujourd’hui. Le village qui a été bâti sur une partie de la Courtille du Temple en a retenu le nom. On se sert encore en Picardie de ce mot de courtilles dans ce même sens. De la Mare, Tr. de la Pol. Liv. I, T. VI, c. 4.

On dit proverbialement, du vin de la Courtille, ou du vin de Courtille ; pour dire, de mauvais vin ; parce que les treilles des jardins ou courtilles n’en produisent jamais de bon. Id.

COURTILLIERE. s. f. espèce d’insecte qui se forme dans le fumier de cheval. Il est d’ordinaire long de deux pouces, jaunâtre. Il ronge le pié des melons, des laitues, &c. Il a plusieurs piés, & marche assez vîte. Il n’y a rien que les Jardiniers ne tentent pour attraper les courtilières, parce qu’elles font beaucoup de dégât. Grillo-talpa. On a donné ce nom à cet insecte, parce qu’il fait un grand bruit comme celui du grillon, & qu’il reste sous terre comme la taupe.

☞ On prétend que pour faire périr les courtillières, il n’y a qu’à suivre avec le doigt la trace qu’elles font, trace qui est presqu’à fleur de terre, jusqu’à ce qu’on trouve un trou qui descend perpendiculairement, c’est la retraite de l’insecte. On presse le plus qu’on peut du doigt la terre contre les parois de ce trou, afin qu’elle ne s’écroule point ; ensuite on verse dans ce trou, deux ou trois goûtes d’huile quelconque ; puis on remplit le trou d’eau. Bientôt on voit sortir l’animal qui vient mourir sur le bord du trou, à moins qu’il ne soit étouffé sur le champ sous terre. Extrait des Annon. de 1759.

COURTINE. s. f. terme de Fortifications. C’est la partie de la muraille ou du rempart qui est entre deux bastions, & qui en joint les flancs. Aggeris inter duo propugnacula frons, facies, vulgo cortina. Quand l’ennemi attaque les dehors, il faut faire un grand feu sur la courtine ; c’est-à-dire, tirer par toute l’étendue de la courtine.

Du Cange dérive ce mot du latin cortina ; quasi minor cortis, ou petite cour de paysan entourée de murs : & il dit que par imitation on a ainsi appelé les murs & parapets des villes qui les renferment comme des cours. Il dit aussi que les courtines ou rideaux de lit & les voiles qui renferment les autels, ont pris leur nom de la même origine : il assure qu’on a appelé cortis, la tente du Prince ou du Général d’armée ; & que les gens qui la gardoient ont été appelés Cortinarii, Cortilini & Curtisani, d’où l’on a fait le mot de Courtisans. Voyez aussi Meursius dans son Glossaire, au mot Κορτίνα, & le Père Poussine, Jésuite, dans son Glossaire sur l’Alexiade d’Anne Comnene qui se sert de ce mot que les Grecs ont pris des Latins,

On appelle aussi le feu de la courtine, la ligne de défense qui commence à une partie de la courtine, lorsque cette partie, qui va jusqu’au flanc, sert aussi de flanc pour défendre la place du bastion opposé.

Courtine, dans l’Architecture civile, se prend pour une des façades d’un bâtiment, comprise entre deux pavillons. Muri duas inter turres frons, facies.

Courtine signifie aussi des rideaux de lit. Lecti velum. Mais en ce sens il est vieux. On le dit seulement à l’Eglise, des rideaux qui sont des deux côtés de l’autel.

Courtine, en termes de Marine, est un filet qui se tend sur les sables que la mer couvre & découvre par son flux & reflux. Retis genus. Il est fort en usage sur les côtes de Normandie.

COURT-JOINTÉ. s. m. terme de Manège, c’est le nom qu’on donne au cheval qui a le paturon court, qui a les jambes droites depuis le genou jusqu’à la couronne. Equus brevioribus suffraginibus. Les chevaux court-jointés fatiguent mieux que les longs-jointés, mais ils ne manient pas si bien.

En Fauconnerie, on appelle un oiseau court-jointé, quand les jambes sont de médiocre longueur.

COURTISAN. s. m. homme qui fréquente la Cour, qui est à la suite du Roi. Aulicus. Ce Seigneur est un sage Courtisan, un habile, un rusé Courtisan. Les Courtisans ne doivent pas dire tout ce qu’ils pensent. Les Courtisans ont un maître à adorer, & la fortune, cette bisarre, qui se joue d’eux incessamment : ne sont-ils pas plus misérables que nous autres bergers, qui n’avons à craindre que les vilains jours ? B. Rab. Les Courtisans sont les parasites des Rois. Ab. Tout ce qu’il y a de bisarre dans l’amour, ne se peut trouver en aucune autre passion, qu’en celle des Courtisans pour leur Prince. M. Scud. Il y a une grande différence entre les Courtisans de bonne foi, qui aiment le Prince, & les Courtisans intéressés, qui ne cherchent que la fortune. Id. Les Philosophes appellent, les assujettissemens de la Cour, les misères des Courtisans. Bail. Le personnage des Courtisans demande un esprit bien souple & bien rafiné. S. Evr. Les Courtisans regardent les gens de Province & les Savans avec dédain, & avec pitié. Mont. Les Courtisans sont comme les enfans de tribut, qui ne reconnoissent point de parens ; charmés de la Cour, ils ne pensent qu’à satisfaire leur ambition. Ch. de Mer. Il commença dès lors à faire voir qu’il n’est pas possible d’accorder le devoir d’un bon Courtisan, avec les obligations d’un véritable Chrétien. P. Verj.

Les Courtisans ne sont que de simples ressorts :
Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être
Tachent au moins de le paroître ;
Peuple caméléon, peuple singe du maître. La Font.

Courtisan se dit en général de ceux qui sont exact à rendre des soins & des devoirs : ou en particulier de ceux qui rendent des respects, ou des assiduités à de Grands Seigneurs pour en obtenir quelqu’avantage. Alienæ gratiæ captator. Ceux qui ont bien des emplois à donner, à procurer, ne manquent point de Courtisans.

On nomme aussi Courtisans, les Amans des Dames, ceux qui leur comptent des fleurettes. Procus. Cette femme riche a beau être laide, elle ne manque point de Courtisans qui la veulent épouser.

☞ COURTISANE. s. f. nom que l’on donnoit aux femmes publiques chez les anciens Grecs & Romains. On les appelle encore ainsi en Italie. On donne le même nom chez nous aux femmes livrées à la débauche publique, mais qui sont un peu considérables, & qui mettent un air de décence dans un métier qui n’en est guère susceptible. Les Courtisanes sont un peu moins méprisables que les Coureuses. Meretrix. Laïs étoit une fameuse Courtisane, qui demandoit dix mille écus à ceux qui vouloient passer une nuit avec elle. Venise est le lieu du monde où il y a le plus de Courtisanes : on dit même qu’il y a 250 ans que le Sénat qui les avoit chassées, fut obligé de les faire revenir, afin de pourvoir à la sureté des femmes d’honneur, & d’occuper la Noblesse, de peur qu’elle ne méditât des nouveautés contre l’Etat. C’est pourquoi le peuple regarde les Courtisanes avec plus d’envie pour leur fortune, que d’horreur pour leur conduite. S. Didier. Elle répondit fièrement que la toilette & les ajustemens d’une Courtisane n’étoient pas propres à une reine. Fléch.

COURTISER, v. a. flatter quelqu’un, ☞ lui faire la cour pour en obtenir quelque chose. On dit dans le même sens courtiser les Dames. Alicujus benevolentiam, gratiam captare, aucupari. Il y a long temps que ce jeune homme courtise cette veuve. On courtise ce vieillard, pour être mis dans son testament. Ce verbe ne s’emploie ordinairement que dans le style familier ; cependant M. de S. Real s’en est servi avec grâce en parlant des affaires de Marius & de Sylla. Marius commença donc à courtiser le peuple, & à déclamer contre le luxe & l’orgueil insupportable des Sénateurs. De S. Real. Pasquier remarque que le premier qui s’est servi de ce mot est Olivier Maigny.

Les Achilles & les Thésées,
La-bas sous leurs tristes lauriers.
Ne sont ni plus grands, ni plus fiers,
Ni leurs ombres plus courtisées. Voit.

On dit figurément qu’un homme courtise les Muses, les neuf sœurs ; pour dire, qu’il aime à faire des vers, qu’il s’applique à la Poësie. Studiosus Poeseos.

Courtisé, ée. part.

COURT-MANCHER, v. a. terme de Boucherie. C’est rapprocher le manche d’une épaule de mouton du gros de l’épaule, pour la parer. Les bouchers ont des brochettes de bois, qu’ils appellent brochettes à court-mancher.

COURTOIS, OISE. adj. qui a des manières honnêtes & agréables, qui fait un accueil doux & gracieux à tout le monde. Comis, humanus, urbanus. La marque d’un honnête homme, c’est d’être courtois. Un brave Cavalier est courtois aux Dames. Ce mot a vieilli, & n’est plus du bel usage. Bouh. M. Ménage s’en est pourtant servi.

Il est civil, accostable,
Doux, benin, courtois, affable. Mén.

Les Italiens disent cortèse. Il vient de Corte, Cour, parce que les gens ne Cour sont plus civils que les autres. C’est ainsi, & pour la même raison, que dans la basse latinité, on trouve de Curia, Cour, curialiter, curialitas & curialissimus, pour signifier de l’honnêteté, de la politesse, des manières agréables, de la bonté. Bollandus, Acta. SS. Febr. T. III, p. 202, D. & p. 203, A. On dit proverbialement, que

Doux & courtois langage
Vaut mieux que riche héritage


Pour signifier que la politesse, l’honnêteté valent mieux que les richesses.

COURTOISES (ARMES) armes qui ne sauroient blesser. Arma obtusa, retusa, hebetata, innocentia, innoxia. Les armes courtoises sont opposées aux armes à outrance. Dans les tournois, on ne se servit d’abord que d’armes courtoises, il n’y avoit point de fer au bout des lances, ni de pointes aux épées : mais on crut dans la suite qu’on ne marquoit point de valeur dans des combats où il n’y avoit point de péril, c’est pourquoi on se servit bientôt des armes à outrance, qui ont souvent ensanglanté la carrière & coûté la vie aux Rois mêmes. Journ. des Sav. 1721. p. 107.

COURTOISEMENT. adv. d’une manière courtoise & civile. Comiter, urbane, humaniter. Ce Prince l’a reçu fort courtoisement, lui a parlé fort courtoisement. Il est vieux.

COURTOISIE, s. f. civilité, honnête accueil. Comitas, urbanitas, humanitas. Les grands gagnent le cœur de tous leurs sujets par la courtoisie, par la douceur de l’accueil qu’ils font à leurs inférieurs. Mêlons, s’il se peut, la courtoisie avec la guerre. Balz. On ne le dit plus guère.

Courtoisie, signifie aussi un bon office, plaisir qu’on rend volontairement à quelqu’un sans y être obligé. Humanitas, beneficium. Je tiens cette faveur de la courtoisie d’un tel. J’attends ce plaisir de votre courtoisie, de votre humeur obligeante. On le dit peu.

☞ En termes de Fauconnerie, faire la courtoise aux autours, c’est leur laisser plumer le gibier.

COURTON. s. m. C’est la troisième des quatre sortes de filasse que l’on tire du chanvre ; les autres sont le chanvre, la fillasse & l’étoupe ; le courton est ainsi nommé, de ce qu’il est très-court. C’est la plus mauvaise fillasse après l’étoupe.

COURTPENDU, COURPENDU, CAPENDU. s. m. Tous ces mots se disent ; mais les deux premiers sont les plus usités. Malum curtipendium. Espèce de pomme, à qui l’on avoit voulu changer son ancien nom pour lui donner celui de bardin. Il est tout-à-fait de figure de pomme, & d’une grosseur raisonnable ; il est gris-roussâtre d’un côté, & assez chargé de vermillon de l’autre ; la chair en est très-fine, & l’eau très-douce & fort agréable ; on en mange depuis le mois de Décembre jusqu’en Février & Mars ; mais il ne lui faut pas donner le temps de devenir trop ridée, parce qu’alors elle est insipide. Le courtpendu est une très-jolie pomme. La Quint. Cette pomme est ainsi nommée, parce qu’elle a la queue fort courte. Urobrachys. Il y a deux sortes de courtpendu ; l’un gris & l’autre rouge, dit musqué, ou pomme de Belin.

Ce mot se dit aussi de l’arbre ou du pommier qui porte ce fruit. J’ai fait planter quatre courtpendus, deux de chaque espèce.

☞ COURT-PLIS, s. m. terme de Marine. C’est dans l’aunage des toiles à voile ; tout pli qui a moins d’une aune. Encyc.

COURTS-JOURS, terme de Négocians en change. Une lettre de change à courts-jours, c’est une lettre de change qui n’a plus que quelques jours pour être échue. On dit tirer ou remettre à courts-jours, lorsqu’on veut tirer ou remettre une lettre de change qui soit bientôt échue.

COURTRAY. Cortracum, Cortoriacum. Grande ville des Pays-Bas, dans la Flandre Walone, sur la Lys. Par la trève de 1684, les François démantelèrent Courtray en le rendant.

COURTRÉSIS, petit pays de la Flandre Walone, qui est de la dépendance de Courtray ; territoire de Courtray. Pagus Cortoriacensis. Valois, Not. Gall.

COURVÉE. Voyez Corvée.

COURVETTE ou CORVETTE qui est plus usité. s. f. terme de Marine, est une espèce de barque longue qui n’a qu’un mât & un petit tranquet, & qui va, à voiles & à rames. Scapha longior malo insita, malo corbita instructa. Il y en a d’ordinaire à la suite d’une armée navale pour aller à la découverte, & pour porter des nouvelles.

☞ COURVILLE, petite ville de France, dans le Perche, sur la rivière d’Eure, à cinq lieues de Chartres.

COUS ou COYER. s. m. pierre à aiguiser (vient de cotis.) On appelle aussi coyer le sabot percé, qui distille de l’eau sur la pierre.

On appelle coyer en basse Normandie, un petit vaisseau de bois ou de cuivre rond, & dont le fond se termine en pointe, dans lequel les Faucheurs mettent leur pierre à aiguiser. Ils le portent à leur ceinture, à laquelle il est attaché par un crochet qui tient à ce vaisseau. Ce mot a été fait de cotiarum, formé de cos, cotis. On le nomme encore autrement buhau ou buhot. Addition à l’Etym. de Ménage.

COUSIN, INE, s. m. & f. terme relatif & de parenté, qui se dit de ceux qui sont issus de deux frères. Patruelis, frater patruelis, soror patruelis. Il se dit aussi des enfans de deux sœurs, ou d’un frere & d’une sœur. Consobrinus, consobrina. Dans la première génération, ils s’appellent cousins germains ; en la seconde, issus de germains ; en la troisième & quatrième, on les appelle cousins au troisième & au quatrième degré. Sobrinus, sobrina. Dans la primitive Eglise, il étoit permis à un cousin germain d’épouser sa cousine germaine, c’est-à-dire, aux enfans de deux freres, pour empêcher qu’on ne s’alliât dans les familles païennes. Mais Théodose le Grand défendit les mariages entre cousins germains, sous peine de mort, sur ce prétexte de bienséance, que les cousines germaines tiennent lieu de sœurs à l’égard de leurs cousins germains.

Ce mot vient de consanguineus. Nicod. Mais Ménage le dérive de congenius ou congeneus, comme qui diroit ex eodem genere.

Cousin, parent. Les Ecossois se font tous cousins du Roi. Apol. pour Hérodote de l’Edit. de 1735, t. 1, c. 3, p. 25. L’orgueil & la fierté de la Nation peuvent avoir donné lieu au proverbe : Un temps fut que la France se trouvoit fort bien du secours d’Ecosse contre les Anglois ; & alors à tout autant de Seigneurs ou de Gentilshommes Ecossois à qui le Roi écrivoit ; ou qui passoient les mers pour le servir, il donnoit libéralement le titre de cousin. Encore aujourd’hui, d’un homme fort vain, on dit qu’à l’en croire, le Roi n’est pas son cousin. Note de M. Le Duchat.

Cousin Paternel se dit des cousins qui sont issus des parens du côté du pere ; Patruelis. Cousin maternel, de ceux qui sont issus du côté de la mere. Amitinus, amitina.

Cousin est aussi un terme d’honneur que les Rois donnent aux Princes de leur sang, aux Cardinaux, à des Princes étrangers, & aux principales personnes de leurs Etats qu’ils veulent honorer. Cognatus. Le Roi traite les Ducs & Pairs, les Maréchaux de France de cousins. Le Roi donne la qualité de cousin aux Archevêques, quand il leur écrit mais il n’en honore pas les Evêques.

Cousin est encore un nom que se donnent les particuliers en témoignage d’amitié. Amicus. Si vous faites cela, nous ne serons pas cousins, c’est à-dire, nous ne serons pas amis. Ces deux hommes ne vont jamais l’un sans l’autre, ils sont grands cousins.

Cousin se dit aussi, en style burlesque, des écornifleurs de campagne, qui, sous prétexte de parenté ou d’amitié, vont manger chez les gentilshommes du voisinage. Parasiti. Plusieurs sont obliges de vendre, de quitter leurs terres, parce qu’ils sont mangés de cousins.

☞ A Bourges, on appelle cousins de la Fête-Dieu, ceux qui vont descendre & loger chez quelqu’un sous prétexte de parenté, le jour de la Fête-Dieu, pour y voir la procession ; & cousins du Sacre, ceux qui viennent à Angers voir la même procession qu’on appelle Sacre,

Cousin signifie un chanteau long qu’on faisoit ci-devant, quand on rendoit le pain bénit, pour en envoyer des parts aux parens & aux amis, parce que le chanteau de l’Eglise ne suffisoit pas, & n’étoit pas si bien étoffé, ni si délicat. Libum placenta. On faisoit honneur à ses amis en leur envoyant du cousin.

Cousin, en termes de grosse forge. Les Maîtres de grosse forge appellent le gouverneur du fourneau, le fendeur, l’affineur, le marteleur & les autres Forgerons, cousins. Ils disent que dans les forges, ils sont tous cousins, le Maître est cousin comme les autres.

Cousin, ☞ petit insecte, sorte de moucheron assez connu par son bourdonnement, & par la piqûre qu’il fait. Culex. Les cousins & les mouches ont six grandes jambes, n’ont point de cou, & ont une trompe qu’ils allongent & retirent, par le moyen de laquelle ils succent le sang des animaux & les autres liqueurs dont ils se nourrissent. ☞ Le meilleur remède contre les piqûres des cousins, c’est de laver la plaie aussitôt qu’on a été piqué, avec de l’eau ou tout autre topique émollient & raffraîchissant, afin de prévenir ou de diminuer au moins l’enflure & la démangeaison.

En Amérique, on est tellement affligé de cousins, qu’on ne sauroit dormir à l’air, ni avoir aucune partie du corps découverte. Pour s’en défendre, il faut se servir d’une cousinière : précaution qu’on prend dans tous les pays chauds. Pour les faire sortir d’une chambre, il faut mettre une lumière au dehors, ils y accourent, & puis on ferme promptement toutes les fenêtres.

Ménage dérive ce mot de culcinus, formé de culex.

Cousin se dit proverbialement en ces phrases. Tous Gentilshommes sont cousins, & tous vilains, compères. On appelle du mauvais vin dans un logis, du chasse-cousin. On dit dans le style familier, si telle fortune m’arrivoit, le Roi ne seroit pas mon cousin ; pour dire, je m’estimerois plus heureux que le Roi. Acad. Fr.

COUSINAGE. s. m. Parenté entre cousin ; on le dit aussi de l’assemblée des parens. Cognatio. Cet homme vous traite de cousin, dites-moi de quel côté vient ce cousinage. Le cousinage est bien souvent un prétexte pour se voir sans scandale. Pour les noces de petites gens on assemble tout le cousinage. Ce mot n’est que du style familier.

COUSINER, v. n. s’aller visiter comme cousins, ou amis. Cognatos se mutuo vocare & invisere. Un tel cousine avec un tel. Ce Hobereau ne vit qu’en cousinant chez l’un, chez l’autre. Il n’y a guère que les Provinciaux qui cousinent : ce terme de familiarité n’est point en usage à la Cour.

☞ Le Dict. de l’Acad. Fr. en fait aussi un verbe actif, un tel vous cousine, de quel côté est-il votre cousin ?

COUSINETTE ou COUSINOTTE, s. f. c’est le nom d’une espèce de pomme qui approche de la calville, & qui se garde jusqu’en Février. Son eau est d’abord fort aigre, la queue est longue & fort menue. On l’appelle autrement petite calville d’été. La Quint.

☞ COUSINIÈRE. s. f. sorte de gase dont on entoure un lit, pour se garantir des cousins, précaution nécessaire dans les pays où il y a beaucoup de ces insectes.

COUSINIÈRE, nombreuse parenté, comme elle est ordinairement dans les petites villes, où presque tous les parens, ne fussent-ils parens qu’au dixième degré, se traitent de cousins.

Je n’ai fait de Paris ici presque qu’un saut
Et n’y croyois jamais arriver assez tôt.
J’arrive, & n’y suis pas une journée entière,
Qu’abymé tout d’un coup dans une cousinière,
Je pense, tant je souffre & d’esprit & de corps,
Que jamais assez tôt je n’en serois dehors. Du Cerceau.

COUSOIR. s. m. terme de Relieur. C’est une manière de petite table, sur laquelle on coud des livres qu’on veut relier.

☞ COUSSE, Rivière d’Auvergne, qui a sa source dans les montagnes, passe à Issoire, & se perd dans l’Allier.

COUSSIN. s. m. espèce d’oreiller, ou de carreau, qu’on emplit de plume, de bourre, ou autre matière molle & élastique, pour être assis ou couché plus doucement. Pulvinus, pulvinar. On ne s’en sert guère que pour dire un carreau qui se met sur un siège, ou une chaise. Cail. Le Pere Bouhours dit pourtant que le Sultan avoit accoutumé de s’asseoir sur des coussins.

Et son corps ramassé dans sa courte grosseur,
Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur. Boil.

Ce mot vient de l’Allemand kussen, ou kussin, signifiant la même chose. C’est le sentiment de Bollandus, Act. SS. Febr. T. III, p. 105. Sur le mot Cussinus, ou Cussio, qui se trouve dans le même sens dans un Ecrit de S. Angilbert. On trouve dans quelques Auteurs cussinus & cussinum ; pour dire, coussin.

On le dit proprement de ce qu’on met sur les sièges de carrosse. Ils sont de cuir remplis de plume, & couverts par dessus de la même étoffe dont le carrosse est garni. On appelle plus ordinairement carreaux les coussins qui sont sur les siéges, ou sur lesquels on se met à genoux.

On appelle aussi un coussin pour courre la porte, ou coussinet, une espèce de petit matelas piqué & mollet qu’on met sur une selle ; & pareillement celui qu’on attache derrière la selle du cheval pour porter une valise, ou sur le garrot ou poitrail des chevaux de carrosse, pour empêcher que le harnois ne les blesse.

COUSSIN ou COUSSINET, terme d’Horlogerie ; Pièce taraudée qui fait moitié de la filière double.

Coussin. Les Doreurs sur cuir appellent ainsi un petit ais couvert d’une peau de veau, sous laquelle il y a du poil de cerf, & sur laquelle on coupe les tranches d’or.

Coussin de Canon, terme d’Artillerie, c’est un gros billot de bois posé sur le derrière de l’affût, & qui en soûtient la culasse. On l’appelle aussi chevet de canon.

Coussin d’Amburre, en terme de Marine, se dit d’un tissu de bitort, que l’on met sur le platbord du vaisseau, où porte la ralingue de la voile pour l’empêcher de se couper. Coussin se dit encore d’un pareil tissu que l’on met sur le mât de beaupré, & sur les cercles des hunes pour le même usage.

COUSSINET, s, m. diminutif. Petit coussin. Pulvillus. On met des coussinets pleins de choses odoriférantes sur les lits.

Coussinet à Mousquetaire. C’est un coussinet que le Soldat plaçoit autrefois sous sa bandoulière, à l’endroit où il porte le mousquet. Il y a aussi des coussinets que l’on met sur le garot des chevaux de carrosse, de peur qu’ils ne se blessent en cet endroit-là. Les Doreurs sur bois ont des coussinets pour tailler leur or & les Graveurs pour soûtenir les planches qu’ils gravent.

Coussinet est aussi la première assise qui porte la rampe des piédroits des voûtes rampantes. Pulvinus. On l’appelle sommier dans les croisées, ou portes. Le coussinet, ou premier voussoir d’une voûte en arcade, a un lit de niveau, & celui de dessus en coupe en pente pour recevoir les suivans, auxquels il sert d’appui. Frézier.

En Architecture on appelle coussinet l’ornement du chapiteau Ionique entre l’ove & l’abaque, qui sert à former les moulures. Pulvinus. On l’appelle coussinet, parce qu’il représente comme un oreiller pressé par la charge qui est dessus, & qui est roulé & arraché d’une courroie. C’est aussi un nom qu’on donne à l’imposte.

Coussinet. On appelle ainsi, en termes de Couvreurs, des rouleaux de nattes de paille, que ces ouvriers attachent au dessous des échelles, dont ils se servent sur les couvertures des bâtimens. Echelle à coussinet, est une échelle où sont attachés un, ou deux de ces rouleaux.

Coussinet, terme de bottier, petit sac plein de crin & piqué, qu’on met à la genouillière des bottes, pour empêcher qu’elles ne blessent.

Coussinet de Marais. s. m. pl. Plante qui pousse plusieurs tiges menues comme des fibres, foibles, d’un rouge-brun, se couchant & se répandant au large sur la terre, revêtues de feuilles semblables à celles du serpolet, mais plus petites, dures, vertes en dessus, vert-cendré en dessous, à queue fort courte, rangées alternativement le long des tiges. Ses fleurs naissent aux sommités des branches. Elles sont découpées en quatre parties pointues, purpurines, avec plusieurs étamines qui jointes au pistil, font ensemble comme un corps pointu. Il leur succède des baies presque rondes ou ovales, rougeâtres ou jaunes-verdâtres, marquetées de points rouges, ornées d’un ombilic purpurin, formé en croix, d’un goût âcre : ce qui a fait nommer cette plante en latin Oxycoceum. Elle croît dans les marais & dans les autres lieux humides & ombragés. On prétend que ses feuilles, ses fleurs & ses baies arrêtent le vomissement & résistent au venin.

COUSSINOTTE. s. f. nom de pomme. Voyez Cousinette.

COUSSON. s. m. terme d’Agriculture. Nos Villageois (de Dauphiné) appellent ainsi une vapeur chaude qui brûle les bourgeons les plus tendres des vignes, quand elles commencent à pousser. Chorier, Hist. de Dauph. L. II, p. 101.

Ce mot vient du Grec Καυσος, ou καύσω, qui signifie ardeur. Id.

☞ Rabelais appelle Cousson un morceau de linge quarré qu’on met sous l’aisselle aux enfans.

☞ COUSSON ou COSSON, (LE) petite rivière de France en Sologne qui vient d’auprès de Gien, & se jette dans la Loire au dessous de Blois.

COUSTANGE. s. f. vieux mot. Coût. On a dit, faire coustange à un autre ; pour dire, lui causer de la dépense.

COUSTIERES. s. f. pl. terme de Marine, sont de gros cordages qui soûtiennent les mâts d’une galère, & lui servent de haubans. L’arbre de Mestre a cinq coustières à chaque côté, & le trinquet trois.

COUSTILLARDE. s. f. vieux mot, est une plaie ou balafre par une dague, ou long poignard qu’on appeloit autrefois coustille, parce qu’on les portoit sur le côté ; ou de coustel, qui signifioit autrefois couteau, & on appeloit Coustilliers, ceux qui portoient la coustille d’un homme d’arme, & qui se tenoient près de lui, comme remarque Fauchet. On dit encore des assassins & bretteurs, qu’ils ont donné plusieurs coustillades à quelqu’un, quand ils lui ont fait plusieurs blessures, sur-tout au visage. Plaga luculenta.

☞ COUSTILLIER. s. m. Ecuyer qui porte les armes à côté de son maître. Armiger. Nicod.

COUSU, UE. adj. & participe du verbe coudre. Ce qui est attaché à un autre avec du fil, de la soie, &c. Sutus, consutus. Voilà un habit, des gants, des souliers cousus bien proprement.

☞ En termes de Manège, on dit d’un cheval maigre & efflanqué qu’il a les flancs cousus, parce qu’il y a si peu d’épaisseur, qu’ils paroissent cousus ensemble. Macer, macilentus.

☞ On dit dans le même sens d’un homme exténué, qu’il a les joues cousues.

Cousu signifie encore cicatrisé, rempli de coutures sur la peau, qui marquent des vestiges de plaies du d’ulcères guéris il y a long temps. Cicatricosus. Il n’est que du style familier.

On dit, en termes de Manège, qu’une homme est cousu dans la selle ; pour dire, qu’il n’en branle pas, qu’il semble y être attaché. Insidens equo firmiter.

Cousu ou Chef cousu, se dit en termes de Blason. Voyez Coudre.

Cousu se dit figurément des paroles & des parties d’un discours, joint, uni ensemble, ajusté. Consutus, a, um. Cet Orateur nous a fait un discours pitoyable ; ce ne sont que des paroles mal cousues ensemble. Un fatras de passages mal cousus ensemble. Des pensées même assez belles, pillées çà-&-là, mais mal assorties & mal cousues ensemble, sans suite, sans jugement, sans raison.

Cousu se dit en ces phrases familières. On appelle un homme tout cousu de pistoles, celui qui en a beaucoup, par allusion à la manière des avares, qui cousent leur argent dans leurs ceintures, dans leurs habits, pour le mieux cacher & garder. Oui de pareils discours, & les dépenses que vous faites, seront cause qu’un de ces jours on me viendra couper la gorge, dans la pensée que je suis tout cousu de pistoles. Mol. On appelle des finesses cousues de fil blanc, celles qui sont grossières & aisées à découvrir. On dit aussi bouche cousue en parlant à quelqu’un à qui l’on recommande de garder un secret ; ne parlez point, bouche cousue.

COUT. s. m. prix de la chose qu’on achète, ou ce qu’on est obligé de dépenser pour l’acquérir, pour la construire, ou pour l’entretenir. Sumtus, impensa. Les bâtimens sont de grand coût. L’artillerie, les équipages de mer, sont de grand coût à l’Etat. Ce mot est vieux dans la langue, & y est passé tout pur du Celtique, ou Bas-Breton, où il signifie la même chose. Mazarin fut en compagnie du Cardinal Colonne étudier à Alcade de Hénarès, où il demeura dix-huit mois à ses propres coûts & dépens. Mascur.

On dit, en termes de Palais, rembourser les frais & loyaux coûts ; pour dire, ce qu’il en a légitimement coûté à acheter une chose ; comme en matière d’héritage, c’est outre le prix, les lods & ventes, les frais du contrat, le payement des charges, &c. On dit en ce sens, le coût en fait perdre le goût ; pour dire, qu’il se faut passer d’une chose, quand on n’a pas le moyen de l’acheter.

COUT D’ASSURANCE. s. m. terme de commerce de mer. Voyez Prime d’Assurance.

COUTAGE. s. m. vieux mot, qui veut dire la même chose que coût. Voyez ce mot.