Aller au contenu

Dictionnaire de la Bible/Buffle

La bibliothèque libre.
Letouzey et Ané (Volume Ip. 1963-1964).
◄  BUDNÉE
BUGÉE  ►
BUFFLE

BUFFLE. C’est le bos bubalus ou bubalus ferus, ruminant du genre bœuf, originaire de l’Inde, acclimaté en Italie et en Grèce au viie siècle de notre ère. Le buffle a la taille plus haute et les proportions plus massives que le bœuf ordinaire (fig. 632). Son front est plus bas et son mufle plus large. Ses cornes, noires et compactes, sont marquées sur leur face antérieure par une arête longitudinale et se recourbent en arrière. Le buffle est un animal à demi sauvage. Il vit dans les pays marécageux, se plaît à demeurer dans l’eau et même à se vautrer dans la fange. Excellent nageur, il plonge parfois jusqu’à deux ou trois mètres de profondeur, pour arracher avec ses cornes des plantes aquatiques, dont ensuite il se nourrit. Son poil est noir et peu fourni. Sa chair a un goût musqué qui la rend désagréable. Son cuir spongieux résiste assez bien au tranchant des armes, et pour cette raison est employé dans la fabrication de la buffleterie. Domestiqué, le buffle conserve une partie de ses habitudes sauvages. Quand on veut l’utiliser pour le labourage, on le conduit au moyen d’un anneau passé dans ses naseaux. Il n’est pas question du buffle dans les Livres Saints.

Quelques interprètes ont cru le reconnaître dans le yaḥmûr. Voir Bubale. Mais la chair du buffle n’a jamais pu constituer un aliment assez commun pour que Moïse en parlât afin de l’autoriser, ni assez agréable pour qu’on le recherchât afin de le servir au roi Salomon. D’ailleurs le buffle vit dans les pays marécageux. Il n’a donc pu se trouver à la portée des Hébreux, ni dans la presqu’île sinaïtique, ni en Palestine.

D’autres auteurs plus nombreux ont soutenu que le buffle était le même animal que le reʾêm. Voir Aurochs, col. 1261. Telle a été l’opinion de Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 1248 ; de Welte, Das Buch Job, Fribourg, 1849, p. 374 ; de Le Hir, Le livre de Job, 1873, p. 396 ; de Knabenbauer, In Job, 1885, p. 437, etc. Ce qui est dit de la force du reʾêm, Num, xxiii, 22, de ses cornes, Deut., xxxiii, 17 ; Ps. xxi, 22 ; xci, 11, de la possibilité de l’offrir en sacrifice, Is., xxxiv, 7, pourrait à la rigueur
632. — Buffle.
convenir au buffle. Mais les autres traits qui caractérisent le reʾêm sont inconciliables avec les mœurs du buffle. Dieu, dans Job, xxxix, 9-12, veut humilier l’homme en le mettant au défi d’assujettir le reʾêm à son service ; le buffle, au contraire, est domesticable. Il est sauvage, mais non féroce, comme le reʾêm. Ps. xxi, 22. Enfin il n’a jamais dû être connu en Palestine. Il n’a pénétré dans l’Asie occidentale qu’à une époque assez tardive, si bien que les Arabes n’avaient pas de nom indigène pour le désigner, et empruntèrent celui qui était en usage chez les Perses. Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch Iob, 1876, 2e édit., p. 510.