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Dictionnaire de la Bible/Caméléon

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Letouzey et Ané (Volume IIp. 89-90-91-92).
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CAMÉLÉON

CAMÉLÉON (hébreu : ṭinšeméṭ ; Septante : χαμαιλέων ; Vulgate : chamæleon). La Bible ne mentionne qu’une fois le caméléon, et c’est pour le ranger parmi les animaux impurs. Lev., xi, 30. Le caméléon est encore très commun en Égypte, en Palestine et particulièrement dans la vallée du Jourdain ; les anciens Hébreux ont dû très bien le connaître. Bochart, Hierozoicon, t. i, p. 1083, et presque tous les auteurs s’accordent à voir le caméléon dans le ṭinšeméṭ, bien que les versions y aient vu la taupe, et aient donné dans le même verset le nom de caméléon au koaḥ, qui est un lézard. Voir Lézard.
33. — Caméléon.

Le caméléon (fig. 33) est un saurien qui a l’aspect d’un lézard à grosse tête, mais qui diffère de ce dernier par des caractères très tranchés. Il a le dos dentelé, les yeux saillants, recouverts d’une paupière qui ne laisse passer la lumière que par un trou central assez étroit, et capables de se mouvoir indépendamment l’un de l’autre, ce qui permet à l’animal de guetter sa proie de plusieurs côtés à la fois. Les pattes ont cinq doigts, qu’une peau extérieure réunit en deux paquets de deux et de trois doigts. La queue est préhensible, comme celle des singes, ce qui fait du caméléon un grimpeur. Il vit sur les branches d’arbres, et il y cherche les insectes dont il se nourrit. Sa langue très agile et terminée par un tube gluant les saisit facilement, bien que les mouvements de l’animal soient très lents et très compassés. Le caméléon peut, en effet, darder cette langue à une distance qui dépasse la longueur de son corps. Milne-Edwards, Zoologie, Paris, 10e édit., 1867, p. 455. Du reste, le caméléon est timide, et il s’agite d’autant moins qu’il peut rester des mois sans manger. Sa longueur est de quarante à cinquante centimètres. Sa propriété la plus curieuse consiste en ce que la majeure partie de sa peau n’adhère pas aux muscles. Le caméléon, grâce à ses poumons très larges, peut aspirer beaucoup d’air, l’introduire entre la chair et la peau, et ainsi se gonfler extraordinairement. De là sans doute son nom de ṭinšéméṭ, du verbe nâšam, « respirer. » Les anciens croyaient même que le caméléon ne vit que d’air. Pline, H. N., viii, 33. Ainsi distendue, la peau de l’animal devient demi-transparente, et selon les impressions ressenties, le pigment passe en plus ou moins grande quantité du derme dans l’épiderme et réciproquement, ce qui produit des colorations variées allant du jaune verdâtre au rouge brun et au noir. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 263.

Il ne faut pas confondre le ṭinšéméṭ de Lev., xi, 30 avec celui de Lev., xi, 18 : ce dernier est certainement un oiseau (Vulgate : « cygne »).