Dictionnaire de la Bible/Euthalius

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Letouzey et Ané (Volume IIp. 2055-2056).

EUTHALIUS (Εὐθαλίος), diacre d’Alexandrie, puis évêque de Sulca (ville dont le site est inconnu, mais qui se trouvait probablement en Égypte), vivait au ve siècle (M. Robinson, Euthaliana, p. 30, 101, le fait vivre vers 350). Il s’occupa spécialement de l’étude du Nouveau Testament, et il est connu par les divisions qu’il y introduisit et qui ont tiré de lui leur nom de sections « euthaliennes ». Les auteurs des livres que renferme le Nouveau Testament n’avaient mis eux-mêmes dans leurs écrits aucune division par chapitres ou par versets. Ammonius (t. i, col. 493 et 499) fut le premier qui, au iiie siècle, divisa les quatre Évangiles en sections. Euthalius étendit cette division à tous les autres livres du Nouveau Testament, l’Apocalypse exceptée, c’est-à-dire aux Épîtres de saint Paul en 458, aux Actes des Apôtres et aux Épîtres catholiques en 490. Cette division était si utile, qu’elle fut promptement et généralement acceptée. Euthalius en avait emprunté l’idée à un auteur plus ancien, qu’il ne nomme pas. Il partage chaque livre en lectures ou leçons (ἀναγνώσεις), correspondant sans doute aux sections qu’on lisait dans les Églises, conformément à l’usage des synagogues pour la lecture de l’Ancien Testament ; en chapitres (κεφάλαια) et en versets ou plutôt lignes (στίχοι). Il énumère de plus les citations qui sont tirées d’autres livres de l’Écriture. Ainsi « dans les Actes des Apôtres, il y a seize leçons, quarante chapitres, trente témoignages (des autres livres sacrés), deux mille cinq cent soixante-six versets ». Edit. Act. Apost., t. lxxxv, col. 636. Sur tous ces points, il entre dans les détails les plus précis. Les divisions d’Euthalius ne sont plus conservées telles quelles dans l’usage actuel, mais elles ont rendu de grands services. Elles sont accompagnées d’arguments (ὑπόθεσις) qui ne sont pas de cet écrivain : ils sont tirés de la Synopsis Scripturæ sacræ du Pseudo-Athanase. Les œuvres d’Euthalius ont été publiées pour la première fois à Rome, en 1698, par L. A. Zacagni, préfet de la Bibliothèque Vaticane, dans le tome Ier (seul paru) de ses Collectanea Monumentorum Veterum Ecclesiæ Græcæ et Latinæ. Migne les a réimprimés dans sa Patrologie grecque, t. lxxxv, Editio libri Actuum, col. 627-664 ; Editio septem Epistolarum catholicarum, col. 665-692 ; Editio Epistolarum Pauli, col. 693-790. Il n’existe pas encore d’édition critique d’Euthalius. Il s’est glissé dans ses écrits bien des choses qui ne sont pas de sa main. — Voir W. Milligan, dans Dictionary of Christian Biography, t. ii, 1880, p. 395 ; Scrivener, A plain Introduction to the Criticism of the New Testament, 4e édit. par Ed. Müller, 2 in-8o, Londres, 1894, p. 53, 63-64, etc. J.-A. Robinson, Euthaliana, dans les Texts and Studies, t. iii, no 3, in-8o, Cambridge, 1895 ; E. von Dobschütz, Euthaliusstudien, dans la Zeitschrift für Kirchengeschichte, t. xix, 1898, p. 107-154.
F. Vigouroux.