Aller au contenu

Dictionnaire de la Bible/Grec

La bibliothèque libre.
Letouzey et Ané (Volume IIIp. 311-312).
◄  GRAVURE
GREC

1. GREC (hébreu : Yâvân ; grec : Ἕλλην, ἑλληνικός ; latin : Græcus), nom ethnique. La Bible désigne sous ce nom tous les peuples qui parlent la langue grecque, aussi bien ceux d’Asie et d’Afrique que ceux de l’Hellade proprement dite. La première mention que la sainte Écriture fasse des Grecs est dans la Genèse, x, 2. La table ethnographique nomme, parmi les descendants de Japhet, Yâvân, mot qui sous la forme Iavanu désigne la Grèce et l’Ionie dans les inscriptions de Sargon à Khorsabadet de Darius à Behistoun. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit. in-12, Paris, 1896, t. i, p. 340, n. 1. Voir Javan.

I. Le mot Yâvân est resté en hébreu pour désigner les Grecs dans Isaïe, lxvi, 19 ; Ézéchiel ; xxvii, 13, 19 ; Daniel, viii, 21 ; x, 20 ; xi, 2 ; Zacharie, ix, 13. Dans ces diverses passages, les Septante emploient les mots Ἑλλάς, Ἕλλην, et la Vulgate les mots : Græcia, Græcus. Les hébreux, vers l’époque de la captivité, ont dû connaître les Grecs en Égypte, car Psammétique employait des Ioniens et des Cariens comme mercenaires. Les Grecs étaient installés près de Bubaste, dans une partie de l’Égypte avec laquelle les Juifs avaient de fréquents rapports. Voir Cariens, t. ii, col. 281. — Isaïe, lxvi, 12, prophétise que les Grecs seront convertis par les Apôtres d’origine juive. — Joël, iii, 6 (hébreu 11), dit que les Tyriens vendaient les fils d’Israël comme esclaves aux Grecs. Il est encore question du commerce d’esclaves et de vases d’airain que les Grecs faisaient avec les Tyriens dans Ézéchiel, xxvii, 13. Daniel, viii, 21-25, prédit la puissance du bélier, c’est-à-dire d’Alexandre, roi des Grecs, et des rois qui se partageront son empire. Voir Alexandre, t. i, col. 346. Zacharie, ix, 13, annonce les victoires des Machabées sur les rois grecs de Syrie ; Alexandre est désigné sous le nom de premier roi des Grecs. I Mach., i, 1 ; vi, 2. Voir Alexandre, t. i, col. 245. Alexandre visita Jérusalem, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 3, et quelques Juifs se joignirent à lui dans son expédition contre les Perses. Josèphe, Cont. Apion., ii, 4. Les rois de Syrie qui soumirent la Palestine à leur domination sont également appelés rois des Grecs. Ce titre est donné à Antiochus IV Épiphane. I Mach., i, 11. Lorsque les Juifs sollicitent des Romains leur secours contre ces princes, ils demandent qu’on les soustraie au joug des Grecs. I Mach., viii, 18. Les mœurs grecques séduisirent un grand nombre de Juifs, même parmi les prêtres. Ceux-ci s’adonnèrent aux exercices helléniques, notamment à ceux de la palestre, au jeu du disque, etc. II Mach., iv, 15. Cependant la plupart restèrent fidèles aux coutumes et à la religion juive et Antiochus Eupator se plaint de ce qu’ils ne veulent pas adopter les mœurs grecques. II Mach., xi, 24. Les Grecs avaient établi des garnisons nombreuses en Palestine. Ils occupaient en particulier la citadelle de Jérusalem.

II. La langue et la monnaie grecques se répandirent en Palestine sous la domination syrienne. Voir Grec biblique ; Drachme, t. ii, col. 1502 ; Didrachme, t. ii, col. 1427 ; Monnaie.

III. Les Juifs furent en rapports avec les Grecs de l’Hellade proprement dite sous les Machabées. Le grand-prêtre Onias Ier demanda aux Spartiates leur alliance, et le roi Arius lui répondit par une lettre dans laquelle il affirmait que « les Spartiates et les Juifs étaient frères et de la race d’Abraham ». I Mach., xii, 20-23. Voir Arius, t. i, col. 965, et Spartiates.

IV. Les Juifs, dans les siècles qui précédèrent la venue du Messie, se répandirent en grand nombre dans les pays de langue grecque, en Asie, dans l’Hellade proprement dite, en Égypte et dans l’Italie du sud. Ils furent généralement bien traités et dans beaucoup de cités, ils avaient une sorte d’autonomie et souvent des privilèges, notamment à Alexandrie, à Cyrène, à Antioche et à Smyrne. Voir Cité (Droit de), t. ii, col. 786. C’est pour ces Juifs hellénistes que fut faite la traduction des Septante. Un certain nombre d’entre eux écrivirent en grec des ouvrages remarquables ; tels furent l’historien Josèphe et Philon.

Les Juifs hellénisants étaient nombreux à Jérusalem. Il y en eut parmi les premiers chrétiens et nous voyons qu’ils n’étaient pas toujours d’accord avec les palestiniens. Ils se plaignirent que leurs veuves étaient négligées. Act., vi, 1. C’est à la suite de cette réclamation que furent choisis les premiers diacres qui, leur nom l’indique, furent choisis parmi les hellénisants. Act., vi, 5-6. Les Juifs hellénisants non convertis furent les adversaires les plus acharnés de saint Etienne. Act., ix, 29. Le texte grec emploie pour désigner les Juifs hellénisants le mot Ἑλληνιστής que la Vulgate traduit par Græcus. Voir Hellénistes. Le mot Ἕλλην dans le Nouveau Testament désigne les païens en général, Rom., i, 14, 16 ; ii, 9, 10 ; iii, 9, etc., parce que les premiers d’entre eux auxquels s’adressèrent les apôtres furent, en effet, des Grecs. Act., xi, 20 ; ix, 4. Saint Paul, pour affirmer que l’Évangile est destiné à tous les peuples, répète qu’il n’y a chez les chrétiens aucune distinction entre les Grecs, les Juifs et les Barbares. Rom., x, 12 ; Gal., iii, 28. Les Grecs recherchent la sagesse, mais il leur prêche le Christ crucifié qui est folie pour ceux qui ne veulent pas accepter sa doctrine mais puissance et sagesse pour les élus juifs et grecs. I Cor., i, 22-25. La connaissance qu’avait saint Paul de la langue grecque le rendait particulièrement apte à la mission que Dieu lui avait réservée de prêcher l’évangile aux païens. Act., xxi, 37. Il fait cependant observer à plusieurs reprises qu’il ne s’adresse aux Grecs qu’après avoir d’abord prêché aux Juifs. Rom., i, 16 ; ii, 9, 10 ; cf. Act., xiii, 46, etc.

E. Beurlier.