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Dictionnaire de la Bible/Pêche

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Letouzey et Ané (Volume Vp. 3-4-7-8).
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PÊCHE

PÊCHE (hébreu : dûgâh ; Luc, v, 9 : ἄργα ἰχτύων ; Vulgate : captura piscium), emploi de moyens appropriés pour prendre des poissons. Le mot hébreu dûgâh, dérivé de dàg, « poisson, » comme tous les autres mots qui se rapportent à la pêche, ne se lit que dans Amso, iv, 2 : « On enlèvera vos enfants avec des sîrôṭ dûgâh, épines de pêche » ou hameçons. Voir Hameçon, t. iii, col. 408. Les versions ne rendent pas le mot dûgâh.

1° Différents procédés étaient employés pour la pêche.

1. La ligne, terminée par un hameçon qui portait l’appât, était usitée partout, en Egypte, en Assyrie, voir t. iii, fig, 97, 98, col. 407, et en Palestine. C’est avec la ligne à hameçon que saint Pierre prend dans le lac de Tibériade le poisson porteur du statère. Matth., xvii, 26. Isaïe, xix, 8, parle de ceux qui pêchent à la ligne dans le Nil. Habacuc, i, 14, 15, suppose l’emploi de la ligne à la mer. Amos, iv, 2, compare les ennemis d’Israël à des pêcheurs qui prendront les enfants à l’hameçon.

2. La nasse et le harpon sont à l’usage des pêcheurs égyptiens. Les monuments représentent des pêcheurs qui relèvent la nasse, au milieu de nombreuses scènes de pêche (fig. 2). Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 61, 297.

3. Le filet de différentes espèces. Voir Filet, t. ii, col. 2248-2249. L’homme, qui ne connaît pas son heure, est comparé au poisson que le filet saisit à l’improviste. Eccle., IX, 12. Les Chaldéens prennent les Israélites comme des poissons dans leurs filets ; ils sont si enchantés de ces filets qu’ils les traitent comme des divinités, leur sacrifient et leur offrent de l’encens. Hab., i, 14-17. Les Apôtres péchaient au filet dans le lac de Tibériade. Du haut de leurs barques, ils jetaient leurs filets en forme d’éperviers ou enfermaient les poissons dans une seine pour les traîner jusqu’au rivage. Matth., IV, 18 ; xiii, 47 ; Luc, v, 4 ; Joa., xxi, 6. Aujourd’hui, « le filet employé est ordinairement l’épervier ; dans les endroits profonds, il est lancé de la barque ; ou bien, s’il y a peu d’eau, le pêcheur descend sur le rivage, entre dans le lac jusqu’à mi-jambes, et jette alors le filet sur les bandes de poissons qui se trouvent autour de lui. Ce bassin est si peuple que, dans l’espace de quelques minutes, nous avons vu chaque jour notre bateau rempli jusqu’au bord par des milliers de poissons de toute grandeur. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 506.

2° À l’époque évangélique, la pêche n’était pas toujours aussi fructueuse. Il n’était pas rare que des hommes du métier, travaillant pendant la nuit, qui est cependant le moment le plus favorable pour la pêche à l’épervier, ne prissent rien du tout, quand les poissons se tenaient enfoncés dans les profondeurs. Luc., v, 5 ; Joa., xxi, 3. Il est vrai aussi qu"alors le lac était sillonné de barques de pêche, tandis qu’aujourd’hui, à Tibériade, il n’en existe plus que quelques-unes.


2. — La pêche en Égypte. Musée Guimet.

L’Évangile fait plusieurs fois allusion aux pêches des Apôtres, Matth., iv, 18 ; Marc, i, 16 ; Luc, v, 2 ; Joa., xxi, 3 ; de plus, il relate deux pêches miraculeuses.


3. — La pêche sur la côte de Syrie. D’après une photographie de M. L. Heidet.

Une première fois, le Sauveur voit au bord du lac deux barques dont les pêcheurs lavent leurs filets. Il monte dans l’une d’elles, de là, prêche au peuple, puis commande d’aller au large et de pêcher. La pêche est si abondante, après toute une nuit infructueuse, que les poissons remplissent les deux barques. Luc, v, 2-7. Une autre fois, après la résurrection, Jésus, de la rive du lac, ordonne aux Apôtres de jeter le filet. Ceux-ci, qui n’ont rien pris la nuit précédente, obéissent et, d’un coup de filet, prennent cent cinquante-trois grands poissons. Joa., xxi, 6-11. Une parabole évangélique fait allusion, Matth., xiii, 47-48, à un genre de pêche qu’on voit encore fréquemment pratiquer sur la côte de Syrie. Les pêcheurs, reproduits dans la figure 3, tirent le filet (sagena) qu’avec un bateau on a étendu à une assez courte distance dans la mer, et lorsqu’il arrive sur le rivage, les pêcheurs rejettent dans l’eau le mauvais poisson. — La pêche maritime n’était pas pratiquée par les Israélites, qui n’ont jamais été marins. Les Phéniciens au contraire s’y livraient avec activité ; l’une de leurs principales villes porte le nom de Sidon, c’est-à-dire « pêcherie ». Voir Sidon.