Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Abandonner

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Éditions Édouard Champion (Ip. 7).

Abandonner. (Futur sans e) : Je n’abandonray ja ma prise. Baïf, le Brave, II, 4.

Abandonné. Libéral, prodigue. — Un prince doit aimer la jouxte, Estre large et habandonné, Gringore, Sainct Loys, I (II, 6). — J’estoys joyeux, prest à menger et boire, Habandonné, voulant à tous complaire. Anc. Poés. franç., XIII, 5, — Qui veult bien aymer il ne faut point estre chiche de son bien, mais doit on estre large et abandonné. Nicolas de Troyes, Grand Parangon, 51. — Et n’espargne aucun tresor ne richesse, dont il est hahandonné Plus qu’autre prince. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. VI (127, vº).

Femme abandonnée. Femme de mauvaise vie. — Tu ne doibs aller aux convives ne autres lieux de delices ; car c’est affaire a femme abandonnee. P. de Changy, Instit. de la femme chrestienne, II, 3. — O maudite ennemie de toute sapience, ô Femme abandonnee, ô à tort nornmee Deesse. L. Labé, Debat de Folie et d’Amour, Disc. 2. — Adieu vile et habandonnée dame. Comptes du Monde adoentureux, 45. — Les autres ont escrit que ceste Phea estoit une brigande, meurtriere, et ahandonnee de son corps. Amyot, Thésée, 9. — Peu te donneras de peine de ce que j’en escriray, ayant ja fait si grand’bresche à ton honneur, que la plus abandonnée femme du monde est plus soigneuse de son fait et renommée, que toi. E. Pasquier, Lettres amoureuses, 21.