Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Apprentif

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Éditions Édouard Champion (Ip. 268).
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Apprentif. Apprenti. — Car d’amourettes les services Sont faictz en termes si tresclairs, Que les apprentifz et novices En sçaivent plus que les grans clercs. Marot, Temple de Cupido. — Un procureur en Chastellet tenoit deux ou trois clercs soubz luy, entre lesquelz y avoit un apprentif, filz d’un homme assez riche… lequel l’avoit baillé à ce procureur pour apprendre le stile. Des Périers, Nouv. Récr., 10. — On ne se travaille point Ayant un disciple époint A vertu dés sa naissance : En peu de jours il est fait D’apprentif maistre parfait. J’en donne assez cognoissance. Ronsard, Pièces retranchées, Ode à Jean Daurat (VI, 97). — Vous ressemblez à ceux qui font les Tragedies, Lesquels sans les jouer demeurent tous craintifs, Et en donnent la charge aux nouveaux apprentifs. id., Contin. du Disc. des Miseres de ce temps (V, 342). — Le moyne est Cardinal, l’apprentif est ouvrier, L’asne se fait docteur, l’advocat Chancelier. Jodelle, Epithalame (II, 117). — Je connoy tes ruses, Maistresse, Ce n’est plus à moy qu’on les dresse. Or’ que l’Amour soit inventif, Si ne suis-je plus apprentif. Belleau, Bergerie, 2e Journ. (II, 118). — C’est luy [Amour] qui rend les hommes inventifs : Grans Maistres fait de nouveaux aprentifs. Baïf, Poemes, L. IV (II, 188). — Soubz ung mauvais maistre on demeure long-temps aprentif, et encore après ne sçait-on pas beaucoup. Monluc, Commentaires, L. I (I, 39). — Vous qui voguez en cette fiere mer, Exercitez aux tourmentes d’aimer, Oyez comment une aprentive sage A doucement evité le naufrage. Am. Jamyn, Œuv. Poét., L. V, 246 vo. — Las ! nous vous suivrons, chetives, Vos plaintes accompagnant : Aux pleurs qui nous vont baignant Nous ne sommes apprentives. R. Garnier, la Troade, 156. — Dites-le hardiment : je ne suis apprentive A porter des ennuis, sans fin il m’en arrive. id., Antigone, 2496. — C’est aux apprentifs à enquerir et à debatre, et au cathedrant de resoudre. Montaigne, II, 3 (II, 24). — Quant à la mort, nous ne la pouvons essayer qu’une fois : nous y sommes tous apprentifs, quand nous y venons. id., II, 6 (II, 54). — Un homme qui besongne de l’art de terre est tousjours apprentif à cause des natures inconnues és diversitez des terres. Palissy, Disc. admir., des Terres d’argile, p. 304. — Il [le Roy] n’est aprentif de guerre, et ne s’en trouvera aujourd’hui nul qui ait esté victorieux l’espee en main en deux batailles, ainsi que lui. La Noue, Disc. pol. et mil., XX, p. 432. — Les autres aux Barreaux s’emploiront aprentifs, Aux seules actions profitables actifs. Vauquelin de la Fresnaye, Art poet., 3. — Elles n’estoient que novices et apprentifves auprès d’elle. Brantôme, des Dames, part. I, Marg., reine de France et de Nav. (VIII, 42). — Nos sçavants apprentifs du faux Machiavel Ont parmy nous semé la peste du duel. Aubigné, Tragiques, I (IV, 60). — Ronsard en son mestier n’estoit qu’un aprentif, Il avoit le cerveau fantastique et rétif. Regnier, Sat. 9. — Mais mon pere m’aprist que des enseignements Les humains apprentifs formoient leurs jugemens. id., Sat. 12. — Mais il faut en aymant s’aider de la finesse, Et sçavoir rechercher une simple maistresse… Qui soit douce et nicette, et qui ne sçache pas, Apprentive au mestier, que vallent les appas. id., Sat. 16.