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Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Compain

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Éditions Honoré Champion (IIp. 378-379).
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Compain. Compagnon, camarade. — O compaing, si je montasse aussi bien comme je avalle, je feusse desja au dessus la sphere de la lune. Rabelais, II, 14. — O quantesfoys aux arbres grimpé j’ay, Pour desnicher ou la pye ou le geay, Ou pour jetter des fruictz ja meurs et beaulx A mes compaings qui tendoient leurs chappeaux. Marot, Eglogue au Roy. — Pastres je voy lesquels grand dueil en font, Voy mes compaings, lesquels ont de coustume Faire grans plaints de pareille amertume. id., Complainte d’un pastoureau chrestien. — Ains mes compaings de ce j’avertiray Et ce grand bien par tout je publieray. id., ib. — Sus à ce vin, compaings. Rabelais, III, Prologue. — O compains, troupe gaillarde, Qu’il me tarde De nous voir ensemblement. O. de Magny, les Gayetez, p. 69. — Et Mopse et toi vous fustes assaillis De gros leviers : on t’ôta ton beau vouge, A ton compain sa grand’houlete rouge. Vauquelin de la Fresnaye, les Foresteries, I, 6. — Comment, compaing J aiiot, est ce l’occasion Qui croist ta passion… ? O. de Magny, les Odes, II, 186. — Et toy, compain, n’aimes-tu pas encore ? Baïf, Eglogue 10 (III, 58). — La femme vous serez d’un puissant Empereur, De Charles le compaing. R. Garnier, Bradamante, 532. — Parle, compains, et me respons liement. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 19 (I, 266). — (En parlant à un inférieur). Compaing, la dame qui t’a icy envoyé t’a elle poinct baillé de baston pour apporter ? Rabelais, II, 24.

(Fém.). Compaine. Compagne. — Au plus haut et plus éminent lieu se monstroit madame Marguerite de Prouvence, royne de France, compaine au roy saint Loys. Lemaire de Belges, le Temple d’Honneur et de Vertus (IV, 230).

On trouve bonne compagne, dans le sens de joyeuse gaillarde, femme de plaisir. C’est en quelque sorte le féminin de bon compagnon. — La fille d’une qui en sa jeunesse a esté bonne compaigne moins apprend les ruses et finesses d’amour, pour estre tenue de court, serree et contrerollee par sa mere, qui a passé par l’estamine. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 30 (II, 118). — Charlemagne fut, sur sa vieillesse, fort adonné aux femmes ; mesmes… ses filles furent bonnes compagnes. Brantôme, des Dames, part. 1, Catherine de Medicis (VII, 378). — [Une dame] ayant esté bonne compaigne en son premier temps, et se jettant fort sur l’aage, se mit à servir Dieu en jusnes et oraisons. id., ib., part. II (IX, 708).