Dictionnaire de théologie catholique/ANGE. IX. dans les conciles. Doctrine de l’Église sur les anges.

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 650-654).

p. clxxxvii, 96 sq. C’est ainsi qu’il y a une âme qui meut éternellement les corps célestes, leur donne leur nature, prop. 74, 83, 95, 213, et s’en sert comme d’organes, prop. 102. Dieu donne aux intelligences inférieures l’être, prop. 81, ainsi que la connaissance, prop. 82, 83, 112, non par lui-même, mais par des intelligences intermédiaires, prop. 81. Il ne le peut faire sans celles-ci, prop. 53, 63. Les intelligences supérieures produisent les âmes raisonnables (sans doute en les rendant les moteurs des corps) ; les intelligences inférieures produisent l’âme végétative et sensitive par le moyen du mouvement du ciel, prop. 30, 73. C’est à l’aide des corps que l’ange produit des effets corporels, prop. 75. L’intelligence qui meut le ciel influe sur l’âme raisonnable, prop. 74. Les intelligences séparées ne sont nulle part par leur substance, prop. 218, 219 ; elles sont dans le lieu et se meuvent d’un lieu à l’autre par leur opération, prop. 204.

Mandonnet, Siger de Brabant et l’averroïsme latin au xiw siècle, in-4° Fribourg (Suisse), 1899.

NI. Angélologie DES AVERROÏSTES LATINS AU {{rom-maj|XIV)e SIÈCLE.

— L’averroïsme continua à être défendu à Paris et à Oxford pendant le {{rom-maj|XIV)e siècle. Il garda même des partisans en Italie jusqu’au {{rom|xvii)e siècle. Mais la plupart se bornèrent à répéter les doctrines de leurs devanciers et à suivre servilement les enseignements d’Averroès, sans y rien ajouter de personnel. De Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, n. 345-347, Louvain, 1900, p. 371.

i. Jean de Baconthorpe. — Indiquons ici les vues d’un des averroïstes les plus célèbres de cette époque, le carme anglais Jean de Baconthorpe, surnommé le docteur résolu († 1346). Tout en suivant Averroès, il ne manque pas d’originalité. Voici quelques-unes de ses opinions. Dieu produit une première intelligence ; celleci à son tour en produit plusieurs autres d’où en émanent d’autres toujours moins parfaites. IV Sent., 1. II, dist. I, q.i, a. 3, §2. Par rapport à toutes les intelligences ainsi produites, Dieu et les intelligences supérieures ne sont pas causes efficientes mais causes finales, et c’est à ce tilre qu’ils leur donnent l’être. I V Sent., LU, dist. I, q.i a. 3, a. 4, §.2. Les intelligences séparées sont des actes purs, non en ce sens qu’il n’y a pas de différence entre leur substance et leurs actes, ce qui a été condamné à Paris en 1277, mais en ce sens qu’elles sont constamment en acte second et jamais en puissance. IV Sent., 1.11, dist. V, q. i, a. 3. Les intelligences supérieures ne connaissent qu’elles-mêmes ; car elles s’abaisseraient en prenant connaissance de ce qui est au-dessous d’elles. Les intelligences inférieures connaissent les intelligences supérieures et se connaissent elles-mêmes. L’ange ne connaît ce qui lui est inférieur que dans sa propre essence et d’une façon consécutive à cette essence, comme on pourrait connaître les conséquences contenues dans un principe, en se bornant à considérer ce principe. I V Sent., 1. II, dist. V, a. 5 ; dist. VI, a. 2.

Les intelligences meuvent les sphères célestes selon les diverses manières dont elles considèrent et comprennent l’intelligence première et son action qui est la plus noble desactions. 1 V Sent., 1. II, dist. V, a.2. Jean de Baconthrope n’admet pas comme les averroïstes condamnés en 1277 que la matière et la quantité sont le principe d’individuation, prop. 96, 81 ; il prétend même qu’on prête à tort ce principe à saint Thomas d’Aquin qui, selon lui, aurait fait de la quantité le principe non de l’individuation mais de la division et de la multiplication des individus. Pour lui, il place le principe de l’individuation dans la (orme. IV Sent., 1. III, dist. XI, q. ii, a. 2, § 2.

Ainsi Jean de Baconthorpe ne suit pas toutes les opinions de Siger de Brabant et de Boèce de Dacie. Il fait même profession de rejeter les propositions de ces auteurs qui ont été coudamm es par l’autorité ecclésiastique.

2. Jean de Jandun. — Un non moins célèbre averroïste qui enseignait à la même époque à Paris, Jean de Jandun, affiche une soumission plus complète encore à l’autorité de l’Église. Il proclame qu’il adopte et soutient la doctrine catholique, mais se déclare incapable de la prouver et en laisse le soin à de plus habiles. Il expose en même temps, avec complaisance et de la façon la plus servile, la doctrine d’Averroès avec toutes les réponses que ce philosophe a faites ou pouvait faire aux théologiens. Il ajoute que les enseignements du commentateur arabe offrent beaucoup moins de difficultés que les enseignements de la foi. Quœstiones in 1res libros de anima, Venise, 1507, passim, et spécialement, 1. III, c. vii, fol. 58-61 (cf. de Wulf, op. cit., p. 373) ; Metaphysica, Venise, 1525, passim. C’était une manière détournée d’enseigner l’averroïsme, que Jean de Jandun n’osait professer directement.

Karl Werner, Die nachscotistiche Scholastik, Vienne, 1883, p. 144 sq., 190 sq. ; Id._, Der Averroismus in d. christlich-peripatetischen Psychologie, dans Sitzungsber. dervkad. Wien., Phil. hist. KL, 1881, p. 175 sq.

A. Vacant.

IX. ANGÉLOLOGIE dans les conciles et DOCTRINE DE L’ÉGLISE SUR LES ANGES. — I. Conciles du {{rom|iv)e siècle : création et culte des anges. II. Anathème contre Origène (vi « siècle). III. Sixième concile œcuménique, troisième de Constantinople (680, 681) : nature de l’immortalité des anges. IV. Septième concile œcuménique, second de Nicée (787) : en quel sens certains auteurs entendaient l’incorporéité des anges. V. Synode romain de 745 et concile d’Aix-la-Chapelle de 789 : noms des anges. VI. Douzième concile œcuménique, quatrième de Latran (1215) et concile du Vatican (1870). VII. Conciles particuliers du xvine et du {{rom|xix)e siècle. VIII. Doctrine de l’Église sur les anges.

Les textes des conciles relativement aux anges sont peu nombreux. La plupart formulent la doctrine de l’Église ; quelques-uns donnent lieu au contraire à des objections contre cette doctrine. Nous allons étudier ces divers textes ; puis nous essayerons de déterminer quels sont les enseignements que l’Église nous impose au sujet des anges. Nous n’avons pas à nous occuper des décrets des papes relativement à la matière ; car ils n’en n’ont guère porté sur ce sujet que dans les conciles dont il va être parlé.

I. Conciles du {{rom|iv)e siècle : création et culte des anges. — Le symbole de foi promulgué au concile de Nicée (325), et renouvelé au second concile œcuménique, premier de Constantinople (381), affirme contre les doctrines dualistes la création de toutes les choses, soit visibles soit invisibles, par un même Dieu. Le Père y est appelé en effet l’auteur de toutes les choses soit visibles soit invisibles, 7tâvTiv ôpatwv te xat àopaTiov 7101T)Tïiv. Denzinger, Enchiridion symbolorum, 6e édit., Wurzbourg, 1888, n. 17, 47, p. 9, 14 ; Hahn, Bibliothek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, 3e édit., Brestau, 1897, § 142, 144, p. 161, 162. Cette dénomination se retrouve dans presque tous les symboles de l’Orient, Hahn, ibid., passim, et dans plusieurs formes occidentales du symbole soit avant le concile de Nicée, Hahn, ibid., § 31, p. 34 (interrogation sur la foi en usage dans l’Église romaine au commencement du ine siècle), soit après, Hahn, ibid., § 158, p. 209 (symbole du premier concile de Tolède vers 400). Le symbole du concile de Nicée affirme encore que par le Christ ont été faites toutes les choses, et celles qui sont dans le ciel, et celles qui sont sur la terre, rà te èv tû oùpavéo xa rà èv trj yr. Denzinger, ibid., n. 17 ; Hahn, ibid., p. 161. Ces derniers mots ne sont pas reproduits dans le symbole de Constantinople ; mais, dans un grand nombre de formes orientales du symbole de foi, il est dit expressément du Fils que par lui ont été faites les choses visibles et invisibles. Hahn, ibid., p. 136, 138, 140, 149, 152, 187, 207, 208, 259, 263. La profession de foi de l’Église d’Ancyre, vers 372, développe même cette affirmation en disant : « Les choses visibles et les invisibles, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances, tout a été créé par lui et pour lui. » Hahn, ibid., § 193, p. 263. Il n’est pas douteux du reste que les anges ne soient rangés parmi les choses invisibles. Toutes ces formules établissent donc clairement la foi de l’Église en la création des anges et en leur infériorité vis-à-vis du Fils.

Nous ne parlerons pas ici du canon 35 du concile de Laodicée sur le culte des anges, puisque le sens de ce canon a été expliqué plus haut (voir à l’article Angélologie d’après les Pères, col. 1222).

IL Anathèmes contre Origène (vie siècle). — Quinze anathèmes contre Origène (voir ce mot) furent découverts à la fin du XVIIe siècle dans la bibliothèque de Vienne. On pensa qu’ils avaient été portés au cinquième concile œcuménique tenu en 553, et ils ont été publiés comme des actes de ce concile dans les collections de llardouin, t. iii, p. 283 sq., et de Mansi, t. ix, p. 395 sq., ainsi que dans 1 Enchiridion synibolorum de Denzinger, n. 187-201. Il y a en effet d’excellentes raisons de les attribuer à ce concile. Elles ont été exposées en particulier dans une dissertation que Ballerini a ajoutée à l’édition des œuvres complètes de Noris, Opéra omnia, Vérone, 1729-1732, Dcfensio dissertationis norisianæ de synodo V, c. v, t. iv, p. 104 sq., et nous ne croyons pas que l’on ait démoli jusqu’ici cette démonstration. Cependant Hefelea soutenu que ces quinze anathèmes n’ont pas été promulgués par le cinquième concile œcuménique. Sa principale preuve, c’est que ces anathèmes ne se lisent dans aucun des manuscrits qu’on a retrouvés des actes de ce concile. D’après ces manuscrits, Origène aurait été simplement nommé au milieu d’autres hérétiques dans le onzième anathème qui termina le concile. Mansi, t. îx, col. 385. Dans quel concile auraient donc été portés les quinze anathèmes contre Origène ? Hefele conjecture, sur divers indices, que ce fut au concile de Constanlinople tenu par le patriarche Mennas en 543, ou peut-être en 538. Hefele, Histoire des conciles, § 257, trad. H. Leclercq, Paris, 1908, t. il, p. 1187. Quoi qu’il en soit, Mennas avait reçu précédemment une lettre de l’empereur Justinien qui lui signalait et l’invitait à condamner les principales erreurs d’Origène. Mansi, t. ix, col. 487 sq. La condamnation qui donna satisfaction à cette demande de Justinien se trouve dans les quinze anathèmes dont nous venons de parler. Les erreurs condamnées regardent l’incarnation et la doctrine d’Origène sur la préexistence, la déchéance et la réintégration en leur état originel des âmes qui, selon lui, sont de même nature que les anges. Voir articles Ame, col. 996 sq. ; Angélologie d’après les Pères, col. 1193, 1203 ; Démon ; Origène. L’anathème 1 condamne la théorie de la préexistence et de la réintégration des âmes ; l’anathème 2, la doctrine de l’identité originelle de tous les esprits, et cette théorie que les noms de chérubins, séraphins, archanges, puissances, dominations, trônes et anges auraient éfé donnés à ces esprits en raison de la différence des corps pris par eux dans leur déchéance. L’anathème 3 condamne ceux qui, conformément à cette doctrine, feraient du soleil, de la lune et des étoiles des esprits déchus ; l’anathème 4, ceux qui diraient que les hommes peuvent devenir des anges et des démons, comme les âmes des anges et des archanges étaient devenus des âmes d’hommes et de démons. L’anathème 6 frappe cette erreur qu’un seul esprit serait resté fidèle et qu’il serait devenu le Christ ; l’anathème 7, cette autre erreur que le Christ pour réparer la déchéance universelle aurait pris toutes les natures, qu’il se serait fait ange parmi les anges, puissance parmi les puissances, comme il s’est fait homme parmi les hommes.

Les anathèmes 12-15 sont dirigés contre cette hérésie que toutes les puissances célestes, tous les hommes et le démon doivent s’unir au Logos comme le Christ l’a fait, être placés comme lui à la droite de Dieu, ne faire qu’un, tous ensemble, et reprendre la même vie spirituelle qu’ils avaient avant leur déchéance.

Si ce n’est point le cinquième concile œcuménique qui a porté ces anathèmes, il y a néanmoins tout lieu d’admettre qu’il les avait en vue en mentionnant Origène parmi les hérétiques énumérés dans son onzième canon.

III. Sixième concile œcuménique, troisième de Constantinople (680-681) : Nature de l’immortalité des anges. — Dans la onzième session de ce concile, on lut, comme l’expression de la doctrine orthodoxe, une longue profession de foi de saint Sophrone de Jérusalem, qui était mort depuis 638. Cet écrit portait que le cinquième concile avait condamné en détail les erreurs origénistes, Mansi, t. xi, col. 496 ; il résumait ces erreurs telles que nous les avons trouvées un peu plus haut dans les quinze anathèmes dirigés contre Origène. Mansi, t. xi, col. 492, 494. Un peu auparavant saint Sophrone avait fait cette observation : « Un seul Dieu a produit tous les êtres, non seulement les êtres visibles, mais aussi les êtres invisibles… ; il les a tirés du néant pour qu’ils existent… les êtres sensibles pour une fin temporelle ; quant aux êtres intellectuels et invisibles, il a daigné leur accorder une dignité plus haute ; ils ne meurent pas, ils ne se corrompent pas comme les êtres sensibles s’évanouissent et passent ; cependant ils ne sont pas immortels par nature, ils ne se transforment pas non plus en une essence incorruptible ; mais il leur a accordé une grâce qui les préserve de la corruption et de la mort. Ainsi les âmes des hommes demeurent sans corruption, ainsi les anges restent immortels, non comme je l’ai dit qu’ils aient une matière incorruptible ou une essence proprement immortelle, mais parce qu’ils ont reçu de Dieu une grâce qui leur donne l’immortalité et leur assure l’incorruption. » Mansi, t. ix, col. 492. Ces paroles, on le voit, semblent nier que les anges, aussi bien que les âmes humaines, soient naturellement immortels. Aussi sont-elles invoquées par les scotistes qui soutiennent la même opinion. Voir par exemple Boyvin, Philosophia Scoti, Venise, 1734, Metapltysica, part. III, c. iii, q. i, t. ii, p. 165.

Nous étudierons le fond de cette question au mot Immortalité. Contentons-nous de faire observer que dans le passage qu’on vient de lire, saint Sophrone exprime simplement sa manière de voir ; car il ne condamne pas la doctrine contraire, comme il condamne aussitôt après les doctrines origénistes. A cette époque, le problème de la nature de l’immortalité ne se posait pas d’ailleurs avec la même netteté qu’au xviiie siècle. Saint Sophrone et ses contemporains sachant que la béatitude éternelle est un don de la grâce pour les âmes bienheureuses et pour les bons anges, ont voulu surtout affirmer que cette béatitude est surnaturelle, qu’elle n’est pas due à la nature. Ils n’examinaient pas si une immortalité naturelle et toute différente n’aurait pas été donnée à tous les esprits, au cas où ceux-ci n’auraient pas reçu la vision éternelle de Dieu.

IV. Septième concile œcuménique, second de Nicée (787) : En quel sens certains auteurs entendaient l’incorporéité des anges. — A la cinquième session du second concile de Nicée, on lut, en témoignage de la foi de l’Église, un écrit d’un auteur du vue siècle, Jean, évéque de Thessalonique. A cette objection qu’on ne devrait point faire, ni honorer d’images des anges, altendu qu’ils ne sont pas des hommes, mais des êtres intelligibles et incorporels, cet écrit répondait : « Au sujet des anges, des archanges et des vertus supérieures ainsi que de nos âmes humaines, l’Église catholique et apostolique sait qu’ils sont des êtres spirituels, mais non cependant qu’ils sont absolument incorporels et invisibles ; car ils ont des corps subtils, aériens, ignés, selon ce qui est écrit, Ps. ciii, 3 : Celui qui fait ses anges esprits et ses minisires un feu bridant. Et nous trouvons ce sentiment dans plusieurs saints Pères, parmi lesquels Basile le Grand, saint Athanase, Méthode le Grand et d’autres. Et en vérité, il n’y a que la divinité seule qui soit incorporelle et sans limite ; pour les créatures intelligibles, elles ne sont pas tout à fait incorporelles et invisibles ; c’est pourquoi elles sont dans le lieu et circonscrites. Si on lit que les anges, les démons ou les âmes sont appelés incorporels, c’est parce qu’ils ne sont ni composés des quatre éléments matériels, ni des corps épais et semblables à ceux qui nous environnent. Bien qu’en réalité ils soient invisibles pour nous, cependant ils ont été vus par plusieurs dans la forme de leurs propres corps ; ils ont été vus en effet par ceux à qui Dieu a ouvert les yeux, et puisqu’ils sont circonscrits dans un lieu, cela montre qu’ils ne sont pas tout à fait incorporels, comme la nature divine. Nous ne péchons donc point en les représentant et les honorant non comme des dieux, mais comme des créatures spirituelles et des serviteurs de Dieu qui ne sont pas à proprement parler incorporels. Si nous les représentons sous une forme humaine, c’est parce que fréquemment ils ont été vus sous cette forme par ceux à qui ils ont été envoyés par le Dieu unique. » Après cette lecture le très saint patriarche Taraise dit : « Entendez ce que dit ce Père… Le Père montre qu’il faut représenter les anges parce qu’ils sont circonscrits, ou to’j ; àyYi).0’j ; Set ypcïçeaOai, ètciSï) TteptypocTiTO ! ei’Tt, et comme ils ont apparu à plusieurs hommes. » Et le saint concile dit : « Oui, Seigneur. » Mansi, t. xiii, col. 164, 165. L’édition de Mansi que nous venons de traduire et les autres éditions qu’elle reproduit portent en marge que Jean, patriarche de Thessalonique, exprimait son sentiment particulier. Il est vrai que la doctrine qu’il attribue à l’Église, c’est que les anges sont des êtres spirituels. Qu’ils aient des corps éthérés, ce n’est donc pas, selon lui, un dogme de l’Église, mais son opinion à lui Jean. Cependant, à la suite du patriarche Taraise, le concile semble se ranger à cette opinion. Il ne l’a point définie ; mais elle a été pour lui une preuve en faveur du culte des images des anges. Le concile ne prêtait pas non plus aux anges un corps charnel comme celui de l’homme ; car dans un décret promulgué à la quatrième session et signé de tous les Pères, il avait appelé les anges incorporels. Mansi, t. xiii, col. 132. Cette dénomination ne se concilierait guère avec l’accueil fait à l’écrit de Jean de Thessalonique, si les Pères du sixième concile avaient eu une notion aussi nette que la nôtre sur la spiritualité des anges. Mais nous avons déjà remarqué, col. 1199, que tout en affirmant I’incorporéité de ces esprits supérieurs, divers Pères grecs leur attribuaient un corps aérien. C’est la même opinion qu’exprimait Jean de Thessalonique, en invoquant l’autorité de ces mêmes Pères. Bien n’empêche de penser que plusieurs des évéques qui siégeaient au sixième concile étaient aussi dans ce sentiment. Toutefois ils ne l’ont exprimé dans aucun de leurs décrets sur la légitimité du culte des images. Comme nous l’avons dit, ils ont au contraire affirmé I’incorporéité des anges dans un décret de la quatrième session.

V. Synode humain de 745 et concile d’Aix-la-Chapelle de 789 : Noms des anges. — En 745, à la demande de saint Boniface, le pape Zacharie condamna dans un synode romain un certain Adelbert ou Adalbert (voir ce mot). D’après les actes de cette assemblée, il avait composé une prière aux anges Uriel, Baguel, Tubuel, Michel, Inéas, Tubuas, Sabaoc, Simiel. Le synode considérant que nous ne connaissons par l’Ecriture que trois noms d’anges, Michel, Gabriel et Raphaël, pensa que c’étaient des démons qu’Adalbert invoquait dans sa

prière, Mansi. t. xii, col. 379, 380. — L T n siècle plus tard, en 789, un capitulaire de Charlemagne, adressé au concile d’Aix-la-Chapelle, défendait encore de fabriquer des noms d’anges en dehors des noms de Michel, Gabriel, Raphaël. Il s’appuyait sur le canon 35 du concile de Laodicée. Le canon défendait en effet d’honorer les anges en ces termes : ôvo^âÇeiv àyréXo-jç, que le capitulaire de Charlemagne traduisait par angelos nominare. Labbe et Cossart, Concilia, Paris, 1671, t. vii, col. 973, 974. Cf. Hefele, Histoire des conciles, § 93, traduction Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 1017.

VI. Douzième concile œcuménique, quatrième de Latran (1215) et concile du Vatican (1870). — 1. Ce qu’ils disent sur les anges. — Les manichéens admettaient deux principes : l’un bon qui avait créé les anges, l’autre mauvais qui avait créé le monde matériel. Contrairement à cette erreur, le symbole de Nicée appelait Dieu l’auteur de toutes les choses visibles et invisibles. Il déclarait ainsi expressément que les anges ont Dieu pour auteur. Les albigeois (voir ce mot, col. 678) adoptèrent au moyen âge le dualisme des manichéens, avec la théorie des transmigrations des âmes d’Origène. Ils furent condamnés par le quatrième concile de Latran dans le célèbre décret Firntiler, dont nous avons déjà donné le texte et la traduction, col. 683 sq. Ce décret affirmait que tous les êtres spirituels et corporels ont le même Dieu pour créateur, et qu’ils ont été faits de rien, de nihilo condidit ; il déclarait en outre que Dieu a fait les créatures spirituelles et corporelles au commencement du temps, et qu’ensuite il a fait la créature humaine, ce qui suppose qu’aucune des créatures n’a été produite de toute éternité.

Plus tard dans sa constitution Dei Filins, c. I, le concile du Vatican renouvela ce décret, en le complétant sur divers points relatifs à la manière dont s’est faite la création (voir ce mot). Il définit même dans un canon correspondant (can. 3) que « le monde et toutes les choses qui y sont contenues, les spirituelles et les matérielles, ont été produites de rien par Dieu dans la totalité de leur substance ».

2. Création des anges. — Il résulte de ce canon que la création des anges est un dogme de foi catholique. Il est également de foi, que toutes les créatures ont été produites par Dieu.

Voyons maintenant ce que nous pouvons conclure du décret Firtniter du quatrième concile de Latran, et de la constitution Dei Filius du concile du Vatican, relativement à la spiritualité des anges et à l’époque de leur création. Ce qui regarde ces deux points est exprimé par ce texte qui se trouve dans les deux conciles : simul ab initio temporis utramque de nihilo condidit creaturam, spirilualem et eorporalem, angelicam videlicet et munda 71am, ac deinde humanani quasi communcm ex spiritu et corpore constitutam.

3. Spiritualité des anges. — Il y est clairement marqué que les anges sont des esprits sans corps. En effet, non seulement ils sont appelés esprits ; mais ils sont encore présentés comme des créatures différentes soit des corps matériels, soit aussi des êtres composés d’esprit et de corps, à la manière de l’homme. C’est donc que les anges ne sont ni des corps, ni des esprits unis à des corps, mais des esprits sans corps. Aussi avons-nous remarqué (art. Angélologie depuis le temps des Pères jusqu’à saint Thomas d’Aquin, col. 1227) qu’à partir de l’époque du quatrième concile de Latran l’opinion qui attribuait un corps éthéré aux anges resta à peu près sans partisans. Elle diffère en effet absolument du sentiment adopté dans l’école franciscaine que les anges sont composés de matière et de forme ; car cette composition de matière et de forme constitue, suivant ce sentiment, des esprits sans corps.

Après le quatrième concile de Latran et celui du Vatican, on ne pourrait donc plus soutenir sans erreur ou au moins sans témérité que les anges sont des êtres corporels, ou même que ce sont des esprits unis à des corps éthérés. Cependant la spiritualité absolue des anges n’est point un dogme de foi catholique. Ce n’était point en effet cette vérité que le quatrième concile de Latran avait l’intention de définir, dans son chapitre Firmitcr, puisqu’il était dirigé contre la doctrine dualiste des albigeois. Au chapitre I de la constitution Dei Filins et dans les canons qui l’accompagnent, le concile du Vatican n’avait pas non plus l’intention de définir la nature des anges, mais seulement leur création. Voir Mazzella, De Deo créante, n. 278, 279, 2e édit. ; Rome, 1880, p. 193.

4. Date de la création des anges.

Dans le même passage, les deux conciles de Latran et du Vatican font des déclarations relatives à l’époque de la création des anges. Ils disent en effet : 1° que cette création a été antérieure à celle de l’homme, ac deinde humanam ; 2° qu’elle a eu lieu au commencement du temps, ab initio temporis ; 3° qu’elle a eu lieu avec la création des corps, simul. Ces déclarations ne sont point de foi catholique ; car la définition qu’avaient en vue l’un et l’autre conciles ne portait pas sur ces points. Cependant les théologiens s’accordent généralement à dire qu’on ne saurait sans témérité contester ce qu’il y a de clair dans ces déclarations de deux conciles œcuméniques.

Seulement le sens de la troisième déclaration, c’est-à-dire le sens du mot simul, offre une véritable difficulté. Il semble bien que le texte affirme la simultanéité de temps des deux créations. C’est ainsi que la plupart des théologiens l’interprètent. Aussi plusieurs d’entre eux comme Suarez, De angelis, l. I, c. iii, n. 13-15, et aussi, à ce qu’il semble, Mazzella, De Deo créante, n. 258, 259, traitent-ils de téméraires ceux qui contesteraient cette simultanéité. Cependant le texte qui nous occupe paraît reproduire ce passage de l’Ecclésiaste, XVIII, 1 : Creavit omnia simul. Or, dans ce passage, le mot simul, qui traduit le grec xoîvvj, est entendu par beaucoup d’interprètes en ce sens que Dieu a créé également (et suivant un plan unique) toutes choses. Jungmann, De Deo creatore, 4e édit., Ratisbonne, 1883, n. 77 ; Hurter, Theolog. dogmat., 9e édition, Inspruck, 1896, t. ii, ii, 401, p. 329 ; Tanquerey, Theolog. dogmat. specialis, De angelis, n. 58, Baltimore, 1894, t. i, p. 282. Aussi quelques auteurs ont-ils cru que le même sens pouvait être donné au mot simul dans le décret Firmiter. Saint Thomas est favorable à cette interprétation dans son commentaire sur cedécret, opusc. XXIII, Expositioprims : decretalis, dans Opéra, Anvers, 1612, t. xvii, fol. 197 ; car il remarque que ce décret condamne l’erreur d’Origène (admise, comme nous l’avons vii, par les albigeois) suivant laquelle la création des corps aurait été la conséquence de la chute des anges et ne serait pas entrée dans le plan primitif de la création. Aussi le saint docteur enseigne-t-il, dans sa Somme théologique, I*, q. lxi, a. 3, qu’il n’est pas probable que les anges ont été créés à part avant les autres créatures, mais que le sentiment contraire n’est pas erroné. Au concile du Vatican, dans une dissertation lue à la députation de la foi au sujet de la rédaction de la constitution Dei Filius, dont cette députation était chargée, le futur cardinal Franzelin lit remarquer que le passage dont nous parlons était emprunté au décret du concile de Latran. Il ajouta qu il n’était pas certain que le mot simul exprimât en ce passage une simultanéité de temps. Voici ses propres paroles, d’après les actes du concile, Acta et décréta concilii Vaticani, Fribourg-en-Brisgau, 1892, col. 1625, not. 2 : Non est apud ommes adeo certum in Lateranensi particida simul exprimere simullancum temporis ; potest enim significare paritatem creationis ut Eccles., xviu, i, dicitur : Deus creavit omnia simul, xoevrj (S. Thomas, In I Décrétaient ; Vasquez, I part., disp. CCXXIV, c. iv). Il résulte de cette observation de Franzelin que

les rédacteurs de la constitution Dei Filius n’ont pas eu l’intention de trancher les doutes indiqués par le savant rapporteur au sujet du sens du mot simtd. Il n’est donc pas certain que par ce terme les conciles de Latran ou du Vatican aient entendu affirmer que la création des anges et celle des corps avaient eu lieu simultanément. Toutefois en disant que cette double création s’est faite au commencement du temps, ab initio temporis, avant celle de l’homme, ces conciles ont déclaré que la création des anges n’a pas eu lieu longtemps avant celle des corps, supposé qu’elle ait eu lieu auparavant. Hurter, loc. cit.,’n. 401, pense qu’il y aurait témérité à le contester et nous partageons son opinion. Mais nous ajouterons que la brièveté de cet intervalle, s’il y en a eu un entre les deux créations, est une brièveté relative à la longueur du temps employé pour la création. En effet, ceux-là mêmes qui entendent simul du concile, d’une simultanéité de date, regardent cette simultanéité comme relative. Ils reconnaissent tous aujourd’hui qu’on est libre de penser que les corps ont été créés en six jours-périodes, correspondant à plusieurs siècles. Or le mot simul du concile s’applique aussi bien à la création des anges qu’à celle des corps. On ne voit donc pas pourquoi la même latitude ne serait pas laissée pour fixer la date de la création qu’il s’agisse des anges ou des créatures corporelles.

VIL Conciles particuliers du xviip et du xixe siècle.

— Les conciles œcuméniques qui se tinrent depuis le quatrième concile de Latran jusqu’au concile du Vatican ne s’occupèrent point des anges. Ils se bornent à répéter dans leurs professions de foi les formules des conciles précédents. Les conciles particuliers de cette période ne portent non plus aucun décret important à leur sujet. Nons ferons connaître cependant les prescriptions ou déclarations des conciles du xviiie et du xixe siècle qui sont relatives aux anges. Ces prescriptions sont d’ordre pratique, mais elles montrent quelle est la doctrine de 1 Église relativement au culte des anges et à l’existence des anges gardiens.

1. xviii’siècle.

Le concile de Fermo (1726) veut qu’on empêche les peintres de représenter les anges au service des reliques ou des images des saints, honneur qui doit être réservé à Dieu et à la sainte Vierge ; qu’on les empêche aussi de donner aux images des saints ou des anges une beauté lascive et qu’ils ne laissent jamais paraître à nu les parties du corps qu’une pudeur modeste a coutume de couvrir, tit. xiv. Acta et décréta sacrorum conciliorum recentiorum, collectio lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1869 sq., t. i, col. 60k — Ces dernières prescriptions ont également été faites, pour les saints en général, par le concile maronite du mont Liban (1736), part. I, c. v, n. 7. Collectio lacensis, t. ii, col. 112.

2. xixe siècle. — Le concile de Beims (1853) rappelle, dans un chapitre distinct, les enseignements du catéchisme du concile de Trente au sujet des anges gardiens et recommande leur culte. C. 12, Collectio lacensis, t. iv, col. 173, 174. Cette dernière recommandation se retrouve dans le concile de Vienne (1858), c. 8, Collée ! i > lacensis, t. v, col. 186 ; dans le concile de Prague (1860), c. 5, Collectio lacensis, t. v, col. 473 ; dans le concile de Colocsa (1863), tit. VI, c. 12, Collectio lacensis, t. v, col. 711 ; dans le concile d’Utrecht (1865), tit. v, c. 6, Collectio lacensis, t. v, col. 859 ; dans le concile de Bavenne (1855), part. III, c. v, n. 3, Collectio lacensis, t. vi, col. 179 ; dans le concile d’Urbin (1859), part. III, t. viii, n. 217, Collectio lacensis, t. vi, col. 71 ; dans le concile plénier de Baltimore (1866), tit. x, c. 3, n. 478, Collectio lacensis, t. iii, p. 527.

VIII. Doctrine de l’Église sur les anges. — Parmi les enseignements relatifs aux anges qui ont été exposés dans cet article et dans les articles précédents, un grand nombre sont des sentiments théologiques plus ou moins probables qui n’ont jamais été sanctionnés par l’autorité de l’Église. Ceux que l’autorité de l’Église nous impose d’admettre à des titres divers sont ceux-là mêmes que nous venons d’entendre formuler par les conciles, soit qu’ils aient été exprimés par un concile œcuménique, soit qu’ils soient affirmés par le magistère ordinaire de l’Église dont nous trouvons un écho dans les actes des conciles particuliers.

1. Enseignements des conciles œcuméniques. — Pour connaître les enseignements de la première catégorie, il suffit de nous reporter à ce que nous avons dit au sujet du symbole de Nicée, du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Bornons-nous à rappeler brièvement les conclusions auxquelles nous nous sommes arrêtés : II est de foi que les anges ont été créés par Dieu (symbole de Nicée et concile du Vatican). Leur spiritualité est certaine ; il y aurait aujourd’hui témérité à prétendre qu’ils ont un corps éthéré, bien que leur mcorporéité absolue n’ait été l’objet d’aucune définition directe de l’Église (quatrième concile de Latran et concile du Vatican). Il est certain qu’ils ont été créés avant les hommes. Il est certain aussi qu’ils l’ont été au commencement du temps, avec les êtres corporels. Nous avons cherché plus haut à déterminer d’une façon un peu plus précise le sens de ces déclarations du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican.

2. Enseignements complémentaires du magistère ordinaire de l’Église. — Le ministère de gardiens exercé par les anges auprès des hommes est affirmé par la sainte Écriture et par tous les représentants de la tradition ; l’Église a fait entrer la dévotion envers les anges gardiens dans son culte public en établissant une fête en leur honneur le 2 octobre ; nous avons vu aussi qu’un grand nombre de conciles particuliers récents ont recommandé cette dévotion. Aussi les théologiens regardent-ils la fonction des anges gardiens auprès de nous, comme une doctrine qui appartient à la foi. Maz7clla, De Deo créante, n. 447, 474, 2e édit., Rome, 1880, p. 307, 329. Mais qu’un ange particulier soit assigné à la garde de chaque homme en particulier, c’est un enseignement courant aujourd’hui, qui pendant longtemps n’a pas été admis unanimement, et qui n’est pas nécessaire pour justifier la dévotion aux anges gardiens. Cependant, dit Mazzella, ibid., n. 447, p. 308, s’il est question des fidèles prédestinés, cet enseignement est tiré avec une si grande certitude du consentement unanime des Pères qu’on ne pourrait le nier sans témérité.

Nous avons déjà dit qu’il est de foi, suivant Suarez, que les anges ne sont pas égaux en dignité, mais qu’il y en a parmi eux de supérieurs et d’inférieurs. C’est en effet une vérité clairement exprimée dans la sainte Écriture et qui a toujours été crue dans l’Église, bien qu’elle ait été rarement exprimée dans les conciles. Mazzella, ibid., n. 292, p. 28. Mais l’opinion dyonisienne qui partage les anges en trois hiérarchies et en neuf chœurs n’a point la même certitude, Mazzella, ibid., bien qu’elle soit courante depuis longtemps.

Ajoutons que la doctrine de l’Église sur la création et sur le culte des saints et de leurs images doit être appliquée aux anges, qui sont des créatures et qui forment l’Église triomphante avec les saints.

Hefele, Histoire des conciles, traduction Leclercq, 24 vol. in-8o, Paris, 1908 sq. ; pour les décrets du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Vacant, Études sur les constitutions du concile du Vatican, a. 42, 43, Paris, 1895, t. i, p. 217-228.

A. Vacant.

2. ANGE CARLETTI DE CHIVASSO (Bienheureux) (en latin de Clavasio), franciscain de la stricte observance, né à Chivasso (Piémont) d’une noble et riche famille, théologien et jurisconsulte, fut plusieurs fois élu vicaire général de son ordre en Italie, et reçut des souverains pontifes Sixte IV et Innocent VIII le titre de légat avec mission de recueillir des subsides pour la croisade contre les Turcs. Il mourut au monastère de Sainte-Marie-des-Anges, à Coni, le 12 avril 1495, en grande réputation de science et de sainteté. Il est honoré comme bienheureux dans l’ordre de saint François ; son culte a été approuvé par le pape Benoit XIII (1724-1730), et sa fête est fixée au 12 avril. — Le bienheureux Ange de Chivasso est connu comme théologien par une « Somme des cas de conscience » dans laquelle les matières sont disposées selon l’ordre alphabétique. Cet ouvrage, très estimé et très en vogue autrefois, est généralement désigné dans la bibliographie théologique sous le titre de Summa angelica, du nom de l’auteur. Voici le titre exact et complet, tel qu’on le lit dans la première édition publiée à Venise, en 1486 : Summa casuum conscientiæ compilata per sanctæ theologiæ et juris pontificii doctorem fratrem Angelum de Clavasio ordinis minorum impressa Venetiis per Christophorum Arnoldum, MCCCCLXXXVI. Le succès de cet ouvrage fut très grand, en raison de sa doctrine exacte, de sa clarté, de sa brièveté et de son usage facile, toutes qualités qui en faisaient un manuel très pratique de théologie morale et de droit canonique. Hain, Repertorium bibliographicum, t. ii, p. 157-160, compte jusqu’à 20 éditions de la Summa angelica qui se succédèrent dans le court intervalle de 1486 à 1500, entre autres celles de Venise, 1487, 1490, 1491, 1492, 1495, 1499 ; de Nuremberg, 1488, 1492, 1498 ; de Strasbourg, 1489, 1491, 1495, 1498 ; d’Alost, 1490, 1496. D’autres éditions parurent, nombreuses encore, dans le cours du xvie siècle. On cite parmi les meilleures et les plus connues, celles de Lyon, 1513, de Venise 1569, de Nuremberg, 1588. Luther n’aimait point l’œuvre du moine franciscain : il l’appelait « diabolique » ; et quand cet hérésiarque brûla, en place publique de Wittenberg (10 déc. 1520), la bulle d’excommunication portée contre lui, la collection des décrétales et la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, il jeta dans le même bûcher la Somme des cas de conscience du bienheureux Ange de Chivasso. — Les bibliographes citent encore, comme ouvrages du bienheureux, deux traités intitulés, l’un Arca fidei, l’autre De restitutionibus, qui furent publiés ensemble longtemps après la mort de l’auteur, Alcala, 1562, in-4o.

Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis, Louvain, 1678, p. 302 ; Wharton, Appendix ad historiam litterariam Guilielmi Cave, Genève, 1705, p. 127 ; Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis, Padoue, 1754, t. i, p. 100 ; Hain, Repertorium bibliographicum, Stuttgart, 1827, t. ii, p. 157-160 ; Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, Inspruck, 1899, t. iv, col. 897.

A. Beugnet.

3. ANGE DE LA PASSION. Son nom de famille était Béritaut. Il entra dans l’ordre des carmes, y enseigna la théologie et mourut le 3 juillet 1731, à l’âge de 72 ans. Il a publié : 1° Le disciple pacifique de saint Augustin sur la liberté, la grâce et la prédestination, avec une dissertation de l’autorité de saint Augustin dans lesdites matières, 2 vol. in-4o, Paris, 1715-1729 ; 2° La théologie des pères des premiers siècles de l’Église, 3 vol. in-8o, Rennes, 1728.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1037.

A. Vacant.

4. ANGE DE PÉTRICCA, des mineurs conventuels, fut vicaire du patriarche de Constantinople et mourut le 10 décembre 1673. Il a laissé : 1° Turris David, seu de militante ac triumphante Ecclesia disputationes adversus hujus temporis hæreticos, en 12 livres, in-fol., Rome, 1647 ; 2° De appellationibus omnium Ecclesiarum ad Romanam, Rome, 1649 ; 3° Disputationes adversus hæreses et aliquorum græcorum errores ac etiam contra gentes, in-fol., Rome, 1650 ; 4° De potestate apostolorum dispulationes adversus Gabrielem